Et la marmotte met le chocolat dans le papier alu + Charlie K

Le museum de Bowen prenait la poussière depuis un moment. Heureusement le Maire avait décidé de le rendre un peu plus sexy en proposant, quelques fois dans l'année, une exposition plus moderne, totalement différente de la partie purement historique. Pour ce mois d'avril c'était le chocolat qu'on mettait à l'honneur. Et ça avait inspiré Léo. En vrai le chocolat il s'en cognait totalement, mais c'était l'excuse parfaite pour s'échapper une soirée en compagnie de Charlie. Les deux amis étaient tous deux très occupés et il leur fallait des prétextes pour se retrouver. Depuis leur escapade parisienne il y avait eu Noël et après plus rien d'autre que des échanges de messages. Evidemment la pâtissière était aux premières loges des péripéties entre le photographe et son ex, mais visiblement elle n'était pas au courant du pire. Et, pour être honnête, il n'en pouvait plus de garder toute sa frustration pour lui, c'était le genre de choses qui ne se disaient pas par sms, mais en étudiant l'histoire du cacao, si. Il avait aussi envie de cuisiner Charlie sur cette histoire avec Woody, parce que, bordel, Rutkowski ! Ce n'était pas rien ! Il sonna chez elle sur les coups de vingt heure, comme convenu. La brunette lui avait ouvert, tout sourire, comme d'habitude. Merci pour l'effort, j't'avais dit de te faire belle ! Il plaisantait, c'était tout sauf un rendez-vous galant et son chignon informe ferait parfaitement l'affaire. T'es prête ? Moi j'ai hâte d'en savoir plus sur le chocolat, j'imagine que tu es incollable sur le sujet. Et ils partirent tous les deux, l'exposition n'était pas loin à pieds. On prendra un truc à manger sur place, il parait qu'il y a même une dégustation. Léo avait tout prévu, la soirée serait bonne.

@Charlie Keynes

Depuis le début de l'année, Charlie parvenait à soigner son petit cœur grâce à toute la douceur de son entourage. Même si sa relation avec Woody n'était pas dite officielle, elle se sentait bien avec lui. Elle aimait son job. La colocation avec sa meilleure amie Billie se passait très bien. Son frère avait reçu sa greffe de poumons et il se portait, pour le moment, bien. Elle sortait avec ses amis, dont Alba avec qui elle était devenue très proche. D'ailleurs Charlie s'entendait si bien avec Alba, qu'elle se sentait incapable de prendre partie entre ses disputes avec elle et Léo. Pourtant avant de connaitre Alba, Charlie connaissait Léo. Léo avec qui elle avait eut une amourette durant son adolescence. Au fur et à mesure que son amitié grandissait avec Alba, ce secret devenait de plus en plus lourd à porter.

Léo et Charlie ne se voyaient pas aussi souvent que Charlie voyait Alba. Il l'avait invité à une exposition sur le chocolat durant la nocturne de jeudi, et elle avait immédiatement accepté. Ce moment seul à seul leur permettraient de se confier plus l'un à l'autre. Cependant quand ils se retrouvèrent, et comme à chaque fois qu'ils se voyaient, ils commencèrent à se taquiner. Coiffée de son messy bun et d'une robe rouge grenade, Léo lança les hostilités. Pourquoi faire? J'ai pas l'intention de te mettre dans mon lit. répliqua t-elle en levant les yeux au ciel. Et ce fut avec le sourire que Charlie emboîta le pas en destination du musée. Évidemment, pourquoi j'suis là à ton avis? dit-elle avec un sourire gourmand.

Cette histoire d'amourette, de flirt adolescent, elle remontait à si longtemps qu'il y avait prescription aujourd'hui, même Devon avait pardonné à Léo et était passé à autre chose. Il ne pensait donc pas que Charlie puisse se sentir mal auprès d'Alba à ce point là. S'il ne s'en était tenu qu'à lui, il le lui aurait dit depuis longtemps, c'aurait été fait, ils y aurait un un moment de gêne, de flottement, puis ils en auraient ri, parce qu'il fallait en rire, ils étaient jeunes, à cette époque toute fille qui ait un tant soi peu de poitrine intéressait Léo et puis Charlie il l'aimait bien, mais ça s'était arrêté là. La preuve, une belle amitié avait découlé de tout ça quelques années plus tard, Emerson considérant la pâtissière comme l'une des personnes les plus importantes de sa vie actuellement, sans aucune ambiguïté. Et puis elle n'aurait aucun droit de juger, Alba, vu toutes les personnes avec qui elle avait des aventures actuellement... petite vengeance personnelle totalement mal placée. De toute façon ils ne se voyaient pas pour parler de ça, ce soir et ils commencèrent gentiment les hostilités, parce qu'ils ne savaient pas se côtoyer sans se chercher des noises, ces deux-là, à croire que dans leurs têtes ils avaient toujours plus ou moins seize ans. Encore heureux, j'veux pas dormir dans le lit d'un épouvantait. Il aurait pu lui tirer la langue pour conclure, mais il se contenta d'un sourire. Bras dessus bras dessous, ils se dirigeaient sans attendre vers le muséum. J'en sais rien, tu peux juste avoir accepté pour passer du temps avec le mec le plus cool de Bowen. Ca se comprendrait, y'en a qui tueraient pour être à ta place. Et un peu de pommade sur son orgueil, même si c'était une plaisanterie. Lui, il était bien content de passer la soirée avec Charlie, l'ambiance serait sûrement plus agréable que chez lui, dans tous les cas. Alors, cette formation macarons avec le dragon, c'était bien ? Le dragon, aka Charlize, il savait que la jeune femme avait horreur qu'il critique sa patronne, alors il en profitait. Néanmoins il s'intéressait vraiment sincèrement à sa formation.

Égales à eux-mêmes, Léo et Charlie commencèrent à échanger les hostilités. Rien de bien méchant, bien entendu. Ils se comportaient comme chien et chat mais derrière tout ça il y avait un profond attachement. Tu sais ce qu'il te dit l'épouvantail? répliqua Charlie en faisant une grimace, roulant ses yeux. Ils avaient l'air de deux adolescents c'est vrai mais était-ce aussi leur façon de montrer qu'ils s'aimaient. L'amour vache, comme on dit. Le mec le plus cool de Bowen? Il est où? se moqua Charlie, faisant semblant de regarder autour d'elle. Elle pouffa de rire, bien contente de sa vanne et se redressa fièrement marchant tout droit devant elle. Jusqu'à ce que Léo surnomme sa patronne de dragon. Il ne l'appréciait pas, pour des raisons qui ne les regardaient qu'eux mais Charlie elle arorait sa boss et elle ne démordrait pas de la défendre.  Dis pas ça! Tu sais que j'adore Charlize! le gronda t-elle en lui donnant un coup ridiculement faible à l'avant-bras.Mais oui ça s'est bien passé. Charlize était d'une patience incroyable et en dehors du lien professionnel, ce fut un moment agréable. Par ailleurs elle espérait participer à d'autres formations à ses côtés. Et toi... Quoi de neuf? Avec Alba, aurait-elle voulu rajouter mais elle s'en retint.

Et dire qu'ils avaient passé des années sans se voir, on ne le dirait pas, à les voir se comporter comme deux gamins, Charlie et Léo passaient pour des amis qui ne s'étaient jamais quitté. Depuis quand ça parle un épouvantail ?! En effet, l'amour vache ça les définissait parfaitement, Léo taquinait toujours les personnes qu'il appréciait le plus, c'était aussi celles avec lesquelles il était le plus franc, le plus exigeant, parfois possessif, toujours protecteur. Quand il aimait il ne savait pas faire à moitié. Et Keynes, il l'adorait, ça se voyait. Il passa alors devant elle, se pavanant comme un paon. Regarde-moi ça, tout Bowen est jaloux de toi ! Puis il revint à sa hauteur. Avoue, t'adore quand je fais mon modeste. Il était incorrigible, même si, en vérité, ce n'était pas son genre de se mettre en avant, il avait même horreur de ça. Se renseignant sur la dernière formation en date de la pâtissière, Léo ne manqua pas d'égratigner sa vieille ennemie de toujours au passage. Faisant grimacer Charlie en même temps. C'est parce que tu l'adores que je le dis, ce ne serait pas drôle sinon. Petit sourire espiègle, un vrai sale gosse. Tant mieux alors. J'espère pouvoir en goûter un jour, pour savoir s'ils égalent les macarons parisiens histoire que je n'ai plus à traverser la planète pour ce petit plaisir ! Il remarqua tout de suite le regard que la jeune femme coulait sur lui, celui qui voulait dire je veux tout savoir alors qu'elle ne disait rien de plus, le laissant venir à elle. Léo sourit avant de faire la moue. Oh, tu sais, la routine. Mais oui, elle savait, elle savait qu'il mentait, qu'il la faisait languir. Il savait qu'elle était amie avec Alba, les mojitos et autres cocktails en soirée déliaient les langues, il n'était pas dupe. Ils tournèrent à un coin de rue et le museum se profilait déjà face à eux. Tiens on arrive ! Léo sortit les billets qu'il avait précommandé sur internet, il n'y avait pas foule, mais l'impatient qu'il était préférait être prévoyant pour s'éviter une file d'attente. Ainsi ils purent entrer rapidement. En arrivant dans le grand hall on sentait déjà les effluves de cacao à plein nez, on était déjà dans l'ambiance. Ils déambulèrent dans les allées, attentifs, mais pas trop. Tu vas à l'anniversaire d'Alba samedi ? Qu'il demandait en toute fausse innocence.

Vue de l’extérieur, ils avaient l’air effectivement de deux gamins à se chercher pour un rien. A croire que les années d’absence sans se voir ne leur avait laissé aucune séquelle à leur relation. Charlie de son tempérament parfois cassant pouvait aussi montrer douce. Ce qui ne fut pas le cas présentement où la pâtissière répondit par les taquineries de Léo par des grimaces. Bla bla bla bla, c’est tout ce que j’entends ! s’exclama-t-elle faussement agacée par l’orgueil exagéré de Léo. Quant au pic adressé à sa boss adorée, Charlie montra les crocs. Léo savait qu’elle l’appréciait énormément et qu’elle, comme tous les proches dont elle appréciait, elle défendait corps et âme. Evidemment, pourquoi te montrer adorable avec moi ? Elle croisa les bras, regardant droit devant elle. Ils arrivaient à destination et n’eurent besoin de subir la file d’attente car Léo avait prévu de précommander leurs billets. L’air de rien (ou presque), Charlie lui demandait de ses nouvelles. Question légitime, car la dernière fois qu’ils se sont vus, cela est partie en dispute. Puis Jon tomba malade, une appendicite aigüe, de quoi inquiéter les parents. Cependant Léo n’en parla pas, à sa grande déception. Son enthousiasme se réveilla quand il la questionna à propos de l’anniversaire d’Alba. Bien sûr. Mais t’es pas invité. C’est une soirée V.I.P. Que pour le gratin tu vois ? Pas pour le bas peuple. Et toi tu fais partie des « petits gens » fanfaronna Charlie avant de pouffer de rire.  Pourquoi, tu voulais y être ? Elle te manque trop? taquina-t-elle avec air intrigué. Non, non, cette question n’avait rien d’innocent.  

Léo savait à quel point Charlie était bonne pâtissière, et dire qu'elle s'était fourvoyée dans une direction bien différente au départ, heureusement qu'elle avait eu le courage de changer de voie, elle était tellement épanouie dans ce métier qu'elle adorait. Et puis Léo aimait beaucoup gouter ses créations, il ne gâchait jamais son plaisir, gourmet qu'il était. Je ne me montre adorable que pour pouvoir profiter de tes talents. Culinaires, j'entends. Sourire amusé. Il la fit languir un peu concernant sa vie amoureuse trépidante, évidemment il y avait des choses à dire. Charlie savait, les grandes lignes, elle savait pour la dispute et la main abîmée, elle savait pour l'appendicite de Jonah et le rapprochement de ses parents, elle savait parce qu'il lui avait dit, pas tout, mais assez pour deviner qu'il y avait baleine sous gravillon. Une baleine énorme, qui n'avait fait que grossir depuis. Il ignorait ce qu'elle savait du côté d'Alba, c'était là tout le problème, mais il l'apprendrait bien vite, parce qu'elle ne lâcherait pas. Il réussi pourtant à grappiller quelques minutes, l'air de rien, pour se préparer à répondre aux questions. Le problème étant que lui aussi, avait des questions qui lui brûlaient les lèvres, alors il fut le premier à craquer en s'avançant l'air de rien sur l'anniversaire de la blonde. Charlie, trop heureuse, ne bouda pas son plaisir et le fit gamberger un peu. Des petits gens ? Aucune bonne soirée ne se passe sans que je sois invité... Il était presque piqué, heureusement qu'il devinait son sourire qu'elle essayait de contenir. Pourquoi elle me manquerait ? J'peux la voir quand je veux, on a un fils ensemble. Qu'il dit en haussant les épaules, c'était vrai, Jonah était sûrement la meilleure des excuses pour revoir Alba s'il en avait envie. J'me disais juste que tu pourrais être une vraie amie et m'avoir une entrée, si c'est la fête de l'année j'voudrais pas la louper. Evidemment qu'il s'en moquait totalement de l'anniversaire d'Alba, de faire la fête, il avait bien d'autres occasions. Mais, comme un vrai ado en crise, il avait envie de savoir ce qu'elle pouvait dire de lui à ses copines.

Il cherchait la petite bête, encore. Il s’en délectait Léo, de titiller les nerfs de la pâtissière. Arrête tes sous-entendus ! le gronda Charlie qui lui fit les gros yeux. Elle avait tenu à dissimuler ce qu’ils avaient vécu par respect pour Alba. Cependant, plus le temps traînait plus elle trouvait ce secret lourd à porter. Elle aurait dû être honnête avec elle depuis le début, d’autant plus qu’il n’y avait pas eu une grande histoire d’amour entre elle et Léo. Ils étaient jeunes et immatures. Immatures ils l’étaient toujours mais jeunes, plus maintenant.  En ne voulant pas lui faire de la peine, elle risquait davantage lui en faire à force d’attendre l’ultime moment pour le lui avouer. D’autant plus qu’Alba semblait de plus en plus accrochée à Léo. Malgré leur énième dispute, elle et Léo s’étaient un peu rabibochés suite à l’hospitalisation de Jon. Et encore, Charlie ne savait pas à quel point ils s’étaient rapprochés. Me la fais pas, Léo. Pas à moi ajouta-t-elle un large sourire aux lèvres alors que le chocolat dégageait une délicieuse odeur. Il avait beau prétendre qu’il pouvait voir Alba quand elle voulait, elle n’était pas non plus à sa disposition. En déplaise à Léo, qui s'était parfois montré un tantinet jaloux. Il pouvait lui faire croire ce qu’il voulait, elle le voyait bien qu’il n’était pas indifférent à Alba. Ça, elle l’avait remarqué dès l’instant où elle l’avait vu la dévorer des yeux à la cérémonie des Miss/Mister Bowen. A Noël aussi, lorsqu’ils ont dansé en tête à tête en fin de soirée. Malgré leur  situation respective, c’était attendrissant. Pourquoi tu veux tellement venir ? Elle s’arrêta net et le dévisagea.   Il s’est passé un truc que je ne sais pas ? lui demanda-t-elle le dos tourné à l’allée de dégustation. Prêcher le faux pour savoir le vrai, c'est tout un art.  

C'était vraiment drôle, Charlie ne marchait pas dans ses pièges, elle y courait ! Et surtout, Léo n'avait pas conscience qu'elle était mal à l'aise quant au sujet de leur amourette quelques quinze ans plus tôt, lui, il oubliait presque ce détail, il n'avait jamais pensé à en parler à Alba parce qu'il pensait vraiment que ça n'avait pas d'importance, mais pour Keynes, ça en avait, visiblement, sur ce sujet elle était une véritable amie, elle ne mentait pas, alors que lui il ne trouvait aucun mal à omettre des choses si ça l'arrangeait. Quoi ? D'habitude tu aimes mon humour graveleux. T'es susceptible ce soir, Charlie ! Il lui sourit, acceptant de la laisser tranquille s'il ne voulait pas qu'elle s'agace totalement. Ce fut alors elle qui se délecta de le faire trépigner alors que le sujet d'Alba revint sur la table. A ce moment là, l'exposition n'avait plus aucun intérêt pour eux. Non, il ne pouvait pas prétendre face à Charlie, elle savait, elle était perspicace, elle voyait bien que Léo était aux aboies quand il s'agissait de la blonde, elle le connaissait. Pour rien, j'veux pas tellement venir, j'tais dit. Il roula des yeux, se penchant sur un présentoir qui proposait aux curieux de sentir des arômes de cacao pure. Puis il releva la tête, sourcil en l'air, face à une Charlie soudainement plus curieuse. Quoi ? Quand ? De quoi tu parles ? Il passa devant elle, la fixant, se retenant de rire. Ca se voyait comme le nez au milieu de la figure et il ne savait pas lui mentir. On s'est vu, il y a quelques jours, à la galerie. Mais tu dois le savoir j'imagine. Ne fais pas l'innocente non plus. Léo restait persuadé que Alba lui avait déjà tout dit, elles étaient amies, très proches toutes les deux.

Si Charlie n’avait pas créé un lien aussi fort avec Alba, peut-être qu’elle se serait elle aussi amusée de la situation. Cependant la pâtissière avait une certaine retenue pour son amie, qui, elle savait, éprouvait encore des sentiments pour Léo. Elle ne sortait pas pour autant les griffes pour lui montrer son agacement,  elle se contenta en revanche de grimacer derrière ses moqueries. Tu ne t’arrêtes donc jamais ? souffla-t-elle en le prenant par le bras. Mais elle souriait, elle aussi, de ses taquineries. Son enthousiasme se réveilla davantage quand Léo lui demanda si elle allait à l’anniversaire d’Alba. Une question qui pouvait paraitre anodine, cependant elle n’était pas dupe Charlie, elle avait compris. Elle l’avait vu la dévorer des yeux à Noël. D’après les dires d’Alba, il lui avait même fait une ou deux crisettes de jalousie. Et cette expression sur son visage. Elle releva aussitôt la faille. Quoi, quand, de quoi je parle ? répéta-t-elle d’un air suspicieux. Elle avait donc vu juste. Il s’était passé quelque chose. Il la fixa. Elle le fixa également. Tous deux semblaient se retenir de rire.  Je n’ai pas encore parlé à Alba dit-elle précipitamment. Elle continua de le regarder, reculant d’un pas d’un stand qui vendait des tablettes chocolat. Il s'est passé un truc? devina Charlie en mettant une main sur sa bouche.

Gamin, Léo n'était pas méchant, par contre il adorait agacer les gens jusqu'à ce qu'ils craquent, de façon subtile, mais il savait appuyer là où ça faisait grincer des dents. Et adulte il n'avait rien perdu de cette capacité, même s'il savait que ce n'était pas toujours bon de le faire, alors généralement il s'abstenait, mais avec Charlie c'était plus fort que lui et elle marchait à chaque fois. Non, jamais ! Qu'il affirma fièrement avec un grand sourire. Sale gosse qu'il était. Quand il avait une femme en tête, il n'était pas très mauvais pour le cacher et depuis quelques mois, plus ça allait plus il pensait à Alba, il se détestait, parce qu'il avait tout pour être heureux avec Blanche, mais c'était plus fort que lui, comme une attraction qu'il ne contrôlait pas du tout. Ca se voyait dans les regards qu'il posait sur elle, dans ses attentions et dans sa façon bien à lui de se montrer possessif. Charlie n'avait pas pu le manquer, il le savait bien. Elle rentrait dans son jeu pour le faire parler et cette fois-ci c'était Léo qui marchait totalement, il se savait démasqué, elle ne le lâcherait pas. Il fronça les sourcils. Tu ne sais rien ? Vraiment ? Il n'y croyait pas, pourtant elle semblait vraiment surprise cette fois. Non non, rien de spécial. Il mentait mal, il essayait de se cacher pour ne pas trop le montrer, mais peut-être que si Alba ne lui en avait pas parlé c'était qu'elle ne voulait pas que Charlie le sache. Déjà que Freja était au courant, c'était peut-être bien suffisant. Et avec Woody, ça va ? Comment paraître encore plus coupable ? En changeant précipitamment de sujet !

Après de nombreuses taquineries, Léo et Charlie rentrèrent à l'exposition de chocolat où une délicieuse odeur de cacao les accueillirent. La conversation avait prit une tournure bien trop intéressante pour que Charlie accorde sa totale attention aux stands. En prêchant le faux pour savoir le vrai, elle comprit qu'il s'était passé quelque chose entre Alba et lui. Charlie aurait pu être entièrement heureuse pour eux, seulement un détail noircissaint ce joli tableau. Léo était en couple avec une demoiselle, qui il semblait, fou d'elle. Charlie connaissait les sentiments d'Alba pour Léo et elle ne voulait pas la voir souffrir davantage de cette situation. Cependant Charlie était la première à dire que tout le monde faisait des écarts, elle-même ayant commis un bon nombre. Face à  son comportement étrange, elle comprit. Léo était un très mauvais menteur.  Léopold Charles Emerson, me la fais pas. Je t'ai grillé! lui fit-elle remarquer, triomphante. Elle jeta un oeil autour d'eux, fit un pas pour se rapprocher de Léo et baissa le ton. Tu ne sais pas mentir. rajouta-t-elle avec un sourire moqueur. Elle avait bien compris son petit manège et changer de sujet ne l'aidera sans doute pas à se dédouaner. Bien évidement elle avait envie de parler de Woody, parce qu'il prenait de plus en plus de place dans son cœur. Mais Léo pouvait se mettre le doigt dans l'oeil si il pensait qu'elle passerait à autre chose. Change pas de sujet, crache le morceau. dit-elle comme si il n'avait pas d'autre issue que de dire la vérité.

Clairement, cette exposition sur le chocolat c’était une excuse, Léo aurait tout autant pu l’inviter à prendre un verre, tout simplement, c’aurait été la même chose. Mais il avait trouvé que l’excuse était parfaite, il avait envie de revoir Charlie, il voulait discuter avec elle, autant que ce soit dans un endroit sympa. Elle comprit bien vite qu’il se tramait quelque chose entre le photographe et son amie et il savait que même si ça allait la rendre euphorique, elle lui ferait sûrement la morale quant à son comportement. Il avait trompé sa copine, copine dont il était sensé être fou amoureux. C’était vrai, il l’aimait, Blanche, profondément, mais Léo restait Léo et, dans un autre monde, s’il avait pu avoir Blanche et Alba, il aurait été le plus heureux des hommes. La blonde monta sur ses grands chevaux et il eut l’impression de se faire engueuler par sa mère quand il avait vraiment fait une bêtise. Léopold ce prénom qu’il n’aimait pas et qu’il détestait que quelqu’un le prononce en entier, elle n’était pas cool sur ce coup ! Non, il ne savait pas mentir, c’était d’ailleurs tout son problème et pourquoi c’était juste impossible pour lui de jouer sur les deux tableaux avec deux femmes. Il tenta de sauver les meubles en sortant la carte Woody, comme si ça pourrait vraiment la déstabiliser, mais elle était tenace, elle ne lâcherait rien. Il soupira en se passant une main dans la nuque. On a couché ensemble, à la galerie. Etrangement ça lui fit du bien de le dire, comme si ça le libérait d’un poids. Pourtant d’autres étaient au courant avant Charlie, à commencer par Freja qui lui avait fait la morale et Romy qui ne manquerait pas de la lui faire, mais Charlie c’était différent, elle était plus ou moins de son côté, elle était l’une de ses plus vieilles amies et elle était conciliante, du moins il l’espérait. Voilà, t’es contente ?! Alors tu penses que je peux lui ramener des fleurs pour son anniversaire ou c’est too much ? Souvenons-nous qu’il était plutôt nul quand il s’agissait de sentiments, il avait toujours l’impression d’en faire trop.

Ayant trouvé la faille, Charlie se montra triomphante d'avoir deviné que quelque chose se tramait entre Alba et Léo. Mais elle resta toutefois surprise d'apprendre qu'ils avaient couché ensemble. COUCHÉ ENSEMBLE... À LA GALERIE. QUOI? s'écria Charlie stupéfaite. Elle ne s'attendait pas à ce qu'ils aient passé ce cap. D'une part parce qu'il y a quelques semaines plus tôt ils étaient fous en colère l'un contre l'autre. D'autre part parce que Léo était censée avoir une petite amie, qu'il disait aimer de surplus. Charlie rit jaune. Non. J'ai une meilleure idée de cadeau, le mieux que tu puisses faire c'est de quitter Blanche. Mais je suis bête, tu l'as déjà fait, n'est-ce-pas? Léo mon ange, je t'en prie, dis-moi que tu ne fais pas double jeu avant que je plonge ta tête dans la fondue de chocolat. dit-elle souriante, d'une voix faussement douce et mélodieuse qui contrastait avec ses paroles.  Charlie qui était si tolérante, si ouverte, avec tous ses amis, l'était beaucoup moins avec Léo. Il était bien le seul et l'unique avec qui elle partageait ce genre de relation chien/chat. Ne le savait-il sans doute pas, mais elle le considérait bien plus qu'un ami, se rapprochant d'un amour quasi fraternel. Ils s'étaient retrouvés à Bowen depuis un an, et les années sans se voir ne semblaient avoir eu aucun impact à leur complicité. Là elle lui aurait bien tiré les oreilles et pourtant au fond, c'était aussi de la bienveillance pour lui rappeler qu'il faisait une grosse connerie en fréquentant deux femmes en même temps. Par ailleurs Charlie ne voulait pas que son amie Alba souffre dans ce triangle amoureux.

S'il s'attendait à sa réaction outrée, surprise, hystérique, Léo ne s'attendait pas à ce que Charlie le félicite non plus. Il savait qu'il avait fait une connerie en cédant à la tentation avec Alba. Il y pensait tous les jours, ça le rendait malade quand il réalisait qu'à cause de ça il allait perdre Blanche à la fin. Mais le mal était fait et il ne pouvait pas revenir en arrière, d'autant plus qu'il le savait, si c'était à refaire, il le referait, ça devait finir comme ça, à force qu'ils se tournent autour depuis des mois. Par contre il ne s'attendait pas à ce que Charlie lui fasse la morale de cette façon. Elle savait y faire, la jeune femme, sous ses airs doux et angélique, elle était un vrai dragon et elle était très douée pour le faire culpabiliser. J'ai pas le droit au bénéfice du doute alors ? C'était une fois, une fois de trop mais bordel je l'aime Blanche ! J'vais pas tout ruiner à cause d'une folie passagère. La folie, c'était Alba et il la reléguait au rang ingrat d'erreur de parcours, il s'enfonçait, il se noyait face au regard accusateur de son amie. Il savait, évidemment qu'il le savait, que ce n'était pas qu'une folie, il avait mis un énorme coup de pied dans la fourmilière et à présent il se faisait bouffer par les fourmis. Ne me mets pas la tête dans la fondue, j'vais le faire tout seul, je suis grand. Si je joue double jeu et je m'en mordrais les doigts bien assez tôt. Parce qu'il n'avait qu'une envie, revoir Alba, ça n'était pas pour rien qu'il cherchait l'excuse de l'anniversaire, une idée en carton, comme toutes les autres.