Et la marmotte met le chocolat dans le papier alu + Charlie K

Avant de le jeter dans la fondue à chocolat en petits morceaux Charlie lui laissait le bénéfice du doute - même si cela était fait sous le coup de la menace. Il avait fauté, certes, mais il avait donc pris la décision de quitter Blanche? C'était la meilleure perspective aux yeux de Charlie, qui connnaissait les sentiments d'Alba à l'égard de Léo. Seulement non, ce dernier aimait Blanche et de surcroît qualifiait son passage à l'acte d'une folie passagère. À ce terme, Charlie eut la même expression que si Léo l'aurait insulté. Tu plaisantes là j'espère? Une folie passagère? s'indigna Charlie au bord de la crise cardiaque, la main sur le coeur. Léo! Espèce... de... parfait... petit... crétin! articula-t-elle en lui donnant un coup sur le bras à la fin de chacun de ses mots. C'est pour ça que tu m'as emmené ici, je t'aurais tué si il n'y avait pas autant de témoins. lui fit-elle remarquer avec un sourire angélique. Bien entendu elle plaisantait, elle riait jaune, la situation n'avait rien de drôle car ils parlaient tous deux d'Alba, cette jeune femme si attachante que la pâtissière considérait d'ors et déjà comme une de ses meilleures amies. Forcément elle était déchirée entre deux mais cette fois c'était la voie de la raison qui primait. Elle se avait cette impression de déjà vu quand elle reprenait son frère faire des gaffes. Pitié pas de double jeu. Fais un choix. Ne fais pas ça à Alba, ni même à Blanche que je ne connais pas. suppliait-elle presque Charlie, se rappelant combien il avait été douloureux de partager Liam. Aucune autre femme ne méritait ce supplice. Lui non plus, n'aurait aimé subir ce sort-là.

Léo se souvenait que son amie avait été victime d’un homme qui lui avait menti, il avait continué de la voir alors qu’il devait se marier avec une autre. C’était quand même une sacrée histoire ! Il se souvenait que, même s’il ne connaissait pas cet homme, il avait voulu l’étriper quand elle lui en avait parlé, parce qu’il avait pensé que c’était horrible, de faire ça à Charlie alors qu’elle semblait folle amoureuse de lui. Et pourtant… pourtant il faisait exactement la même chose. Non il n’était pas sur le point de se marier, ça ne risquait pas d’arriver, mais il avait envie d’être avec deux femmes en même temps et espérait presque ne pas à avoir à choisir, ce qui était totalement stupide, évidemment. Charlie était hors d’elle, elle le lui signifiait par chaque petit coup qu’elle donnait sur son bras pour bien appuyer son insulte, certes mignonne, mais une insulte quand-même. Et l’une des pires, elle le traitait de crétin, genre, un parfait idiot, un benêt, un simplet. Et elle avait raison, il faisait n’importe quoi. Évidemment que c’est pour ça, si tu me tues, tu finiras en prison ! Alors ne fais pas de connerie Keynes… Léo souriait, mais en vérité il ne faisait pas tellement le malin. Il était évident qu’il se confierait à Charlie, mais il savait très bien qu’il devait s’attendre à son jugement. C’est pas passager, j’ai envie de la revoir, Alba. Mais j’peux pas tout foutre en l’air comme ça avec Blanche. Il n’assumait pas encore son comportement, il lui faudrait un déclic, un électrochoc, pour qu’il comprenne qu’il devrait arrêter de faire l’idiot. Il lisait la colère dans le regard de Keynes, mais il se sentait totalement paumé. C’est pas une bonne idée, alors, de passer à son anniversaire ? Quitte à faire une connerie, autant la faire jusqu’au bout, il attendait la nouvelle salve d'insultes, les yeux qui lançaient des éclairs. Mais bordel, le destin avait remis Alba sur son chemin et il était incapable de résister.

Charlie ne revenait pas de cette révélation, qui pour elle ne savait quelle raison, ne parvenait pas à être la fille tolérant qu’elle était habituellement avec ses amis. Elle l’enguirlandait, affectueusement, comme elle le ferait avec son frère. Ah non c’est toi qui fais une connerie ! assura-t-elle. Elle ne parvenait pas à être objective, elle qui appréciait tant Alba et qui ne connaissait pas du tout cette Blanche. De toute évidence elle se rangerait du côté de son amie, espérant qu’elle ne la ramassera pas à la petite cuillère. Tu sais il y a un adage qui dit que si deux personnes te plaisent, choisis la deuxième. Parce que sinon tu n’aurais pas trompé la première. Elle avait dit cela sur un ton de reproche et le grondait comme un enfant qui avait fait une énorme bêtise. Ce qu’il avait fait ! Il lui donnait de faux espoirs en flirtant avec elle. Léo s’aventurait dans un jeu dangereux et Charlie se demandait s’il en avait pleinement conscience. Devant l’entêtement de la pâtissière, il tenta de plaisanter mais il ne réussit qu’à lui arracher une grimace. Elle leva le menton, d’un air digne. C’est une soirée filles, t’es pas invité. Puis je te boude, tu m’énerves ! répliqua-t-elle d’un air courroucé en lui donnant une pichenette, ce qu’elle dût faire en se mettant sur la pointe des pieds.

Elle était drôle, Charlie, même si Léo ne riait pas tant que ça, elle essayait de gronder son ami, de lui faire comprendre qu’il avait fait une connerie, chose qu’il savait déjà, mais à côté de ça, tout dans ses mots montrait qu’elle le poussait vers Alba. Sûrement parce qu’elle était amie avec cette blonde-là, peut-être parce qu’elle espérait que les deux exs se remettent ensemble au fond. Léo n’avait pas vraiment peur d’elle, de toute façon, elle était bien trop gentille pour être menaçante. Il souriait alors un peu. Cet adage il t’arrange bien ! De toute façon à la fin ce n’est pas moi qui vais choisir, quand Blanche l’apprendra elle me quittera et ce sera terminé, c’est aussi simple que ça, elle m’avait déjà prévenu. A cette époque il avait promis et il aurait tout donné pour respecter cette promesse, de ne plus jamais la tromper, de ne pas la quitter, il aurait presque pu promettre une vie entière avec elle… idiot romantique qu’il était, il y croyait, à leur belle histoire, mais c’était avant que Jensen ne revienne dans sa vie, s’imposant, comme une évidence fracassante. Après ça je finirais seul de toute façon alors ne me grondes pas trop, j’aurais, tôt ou tard, ce que je mérite. Il était plutôt lucide sur la question. Mais était-ce une raison de s’obstiner dans sa connerie plutôt que d’essayer de limiter la casse ? Ce serait mal connaître Emerson que de penser qu’il était raisonnable. Il reçu sa pichenette dans un éclat de rire, elle était ridicule, mini Keynes, sur la pointe des pieds à essayer de jouer la maman. T’es pas crédible, attention tu vas tomber, toi et le sens de l’équilibre… il avança avant de se retourne. Tu sais, j’adore ça, moi, les soirées filles ! Il tendait clairement le bâton pour se faire battre !

Dans la façon dont se comportait Léo, Charlie n’avait pas l’impression qu’il éprouvait grand remord. C’était peut-être une façade, ce qui ne l’empêchait pas de le gronder tel un enfant. Aussi, elle tenta de le raisonner et de le pousser inconsciemment (ou pas) dans les bras d’Alba. Chose qu’il ne lui échappa. « C’est faux, regarde, aujourd’hui je suis avec Woody. » dit-elle de mauvaise foi. Car elle n’avait pas vraiment quitté Liam pour Woody, c’était surtout parce que la situation de relation libre ne lui convenait pas. Si Charlie se sentait présentement bien dans cette relation, elle n’en était moins sûre pour Léo & Blanche. «  Finalement, t’as pas l’air si touché ça que Blanche te quitte » répliqua Charlie d’un ton suspicieux. Elle plissa des yeux, ayant l’air de l’étudier et de la passer aux lasers comme si elle allait parvenir à lire dans ses pensées. Il riait, ce qui avait encore plus le don de l’agacer. Léo se retourna et lui lança une énième provocation. Comment ça il sous-entendait quoi, qu’il voulait encore draguer d’autres femmes ? Charlie ne pouvait pas laisser passer de tels propos. Elle lui prit l’oreille et serra les dents. «  Léo, si tu joues avec Alba je te tue. Ne plaisante pas, t’as pas intérêt à lui faire du mal. »  le menaça-t-elle, lui faisant les gros yeux. Elle aurait eu cette même réaction si elle avait un fils. Il était hors de question qu’il fasse souffrir Alba, Charlie appréciait bien trop cette fille et ne méritait clairement pas qu’on la traite ainsi.  

Son écart avec Alba ne datait que de quelques jours, assez pour qu'il se sente mal pour Blanche, pour qu'il sache que plus rien ne serait comme avant, qu'il avait merdé, plus que merdé même. Et en même temps il fallait l'admettre, Léo était encore sur son nuage, à chaque fois qu'il pensait aux lèvres de la galeriste, à sa peau contre la sienne, il en frissonnait de plaisir et il n'avait qu'une envie, la retrouver. Il était tiraillé entre l'envie de plus et la culpabilité qui grandissait en lui. Bientôt il comprendrait totalement et viendrait le moment où il se vautrerait dans le remord, mais il n'était pas encore arrivé. Alors, face à Charlie, il avait cette attitude de sale gosse arrogant, celle qui l'agaçait tant, à raison. Il roula des yeux, l'excuse de la pâtissière était bidon. Ouuuhh Woody. Qu'il minauda en se moquant d'elle. En même temps l'autre était partiellement marié... Information qui ne maquait pas de rendre Léo ivre de colère, ce salaud de Liam avait fait bien du mal autour de lui. Son regard se voilà une seconde alors que Charlie venait de placer Blanche et te quitte dans la même phrase, il ne voulait simplement pas y penser. Ce trouble ne dura pas longtemps, il le chassa rapidement, personne ne devait connaitre le Léo triste, il n'existait pas. Peut-être parce qu'elle ne m'a pas encore quitté. Tant que ça restait secret il pouvait encore se bercer d'illusions et croire qu'elle resterait auprès de lui ... Alors que dans le même temps il cherchait déjà un prétexte pour revoir Alba, il était décidément incorrigible. Et Charlie ne laissa pas passer sa dernière blague, elle planta son regard dans le sien et il sentit qu'elle ne jouait plus, elle était certes son amie, mais Alba comptait aussi beaucoup pour elle, Léo s'en rendit compte. Il esquissa un sourire contrit. Je n'ai pas l'intention de jouer avec elle. Il n'y a pas que nous dans l'histoire, il y a Jon aussi maintenant. Cette réalité-là était probablement la plus effrayante. Et puis c'est elle qui me fera du mal à la fin ! Il sentait bien que cette fois-ci Jensen ne se laissera pas briser comme elle l'avait fait par le passé, cette fois-ci il était à sa merci.

L'ironie du sort, Charlie ne le savait pas encore, mais elle aussi allait fauté. Chose qu'elle n'avait jamais fait, et qu'elle ne cautionnait décidément pas. Elle le lui rappela, n'ayant aucune pitié pour la culpabilité dont pouvait ressentir Léo. Il avait cet air léger, arrogant, qu'elle ne supportait pas. De très mauvaise foi, elle infirma avoir choisi Woody. Elle n'était pas prête à clamer ses sentiments, encore moins quand Léo se moqua d'elle. Elle serra les dents et lui lança un regard noir. Peu importe, j'ai fait un choix, moi! souligna la blonde, en haussant un sourcil. Et comme il semblait prendre la situation à la rigolade, elle voulait lui donner un électrochoc. Et si Blanche le quittait? Cela pouvait très probablement arrivé.  Oui pas encore. Mais imagine. Ça te fait rien? répliqua Charlie d'un air soupçonneux. Il ne pouvait pas jouer sur deux tableaux, tout se sait, surtout à Bowen. Et la pâtissière ne supportait pas l'idée que Léo puisse faire souffrir son amie Alba. Elle ne manqua pas de le menacer, peu crédible de son petit gabari qui n'effraierait personne. Léo, sur la défensive, inversait les rôles, elle leva les yeux au ciel, totalement incrédule.  N'importe quoi, Alba ne te fera jamais du mal. Elle t'aime trop pour... ça, voulut-elle terminer, mais se rappelant que Léo pourrait en être troublé, elle s'arrêta net. Une bien mauvaise idée car il pouvait s'imaginer qu'Alba lui aurait fait cette confidence, ce qui n'était pourtant pas le cas. C'était ce que Charlie était persuadée, qu'elle l'aimait et même que quelque part, Léo aussi. Alors pourquoi diable ne finissaient-ils pas ensemble?

Elle semblait si sûre d'elle Charlie, avec ses airs moralisateurs. Celui qui trompait était forcément mauvais, incapable de choisir. ce serait si simple si la vie était ainsi. Seulement tout n'était pas toujours noir ou blanc, Léo nageait dans cet entre-deux, gris, souvent plus sombre, il était doué pour tout saboter, mais rien n'était jamais facile. Un jour, la blonde le comprendrait à ses dépends et son ami serait là pour la soutenir. Mais il ne s'agissait pas de ça ce soir et elle se moquait de lui, le remettait à sa place, elle tentait de lui ouvrir les yeux là où Léo gardait des œillère. Elle insistait et pour la première fois Léo baissa les yeux, face à lui-même, tristement conscient de la situation. Ca me fout plus bas que terre, Cha. Ca me rend fou de rage, contre moi. Blanche c'est peut-être la femme de ma vie et à chaque fois je la détruis. Ca en dit long sur le personnage, non ? Il était lucide, bien plus qu'il ne l'avait laissé croire un peu plus tôt. Il avait trompé celle qui tenait le plus à lui, celle à qui ça ferait le plus de mal. Mais peut-être que Blanche n'était simplement pas la bonne pour Léo, aussi bien assortis soient-il, aussi patiente et douce elle ait pu être avec lui depuis tant d'années. Blanche avait toujours été la solution de facilité, celle qui ne refuserait jamais les bras de son amant. Elle lui avait paru être une évidence. Mais Alba l'avait si facilement détrôné... Il ne se laissa pas abattre, s'il flanchait maintenant, il se noierait. Alors que l'atmosphère s'était allégée, Charlie en remis une couche, elle sondait Léo, elle voulait savoir s'il ne comptait pas tout foutre en l'air une fois de plus. Mais ça, il était incapable de le dire, surtout qu'il y avait Jonah entre eux, surtout qu'il y avait ce je ne sais quoi qui lui faisait dire que quelque chose d'important se jouait avec Alba. Charlie répondit vite, se laissant emporter par ses mots, elle dû s'arrêter, les paroles déjà prononcées, elle se sentit bête, Léo le vit. Il fronça les sourcils, se demandant bien ce qu'Alba avait pu lui dire. Mais au delà de ça il ne fut pas surpris, que la blonde se soit confiée à son amie ou non, il le savait, qu'elle l'aimait, c'était bien pour ça qu'il s'était enfui de Bangkok. Elle m'aime, tu dis ... il semblait partir loin, à des milliers de kilomètres de là, sur cette terre qui avait vu naître leurs premiers émois. Quelle folie. Qu'il soupira pour lui-même. On avance ? Il la prit par les épaules, sans chercher à lui tirer les vers du nez, ça ne servirait à rien, seulement plus le temps passait plus il prenait conscience qu'il s'était mis dans une merde monumentale.

Il était impossible pour Charlie de garder toute objectivité dans cette histoire. Blanche, elle ne la connaissait pas. Et elle appréciait beaucoup trop Alba pour ne pas prendre sa défense. D'autre part, elle considérait Léo comme un de ses plus vieux et chers amis. Avant tout, ce qu'elle souhaitait, c'était  qu'il  soit heureux.

Après l'avoir sermonné et savonné, Charlie fut soulagée de voir que Léo baissa enfin la garde. Il n'utilisait plus le ton de la plaisanterie pour masquer sa tristesse. Elle soupira, non pas insensible à son désarroi et reprit avec plus de douceur cette fois. Justement peut-être qu'elle n'est pas la femme de ta vie, sinon pourquoi avoir fauté? le raisonna-t-elle en haussant les épaules. Quoiqu'il advienne, Léo devait faire un choix. Il allait forcément en blesser l'une ou l'autre. Au passage, il allait se blesser lui aussi. Cela la frustrait tant, Charlie, elle qui voyait que quelque chose planait entre Alba et Léo depuis le début. Ils étaient faits pour être ensemble, c'est sûr, se disait-elle. Sans lui avoir dit clairement, elle savait qu'Alba avait toujours des sentiments pour le photographe. Chose qui lui échappa presque de la bouche mais qui n'échappa pas à Léo. Bien. Elle t'aime bien quoi! se rattrapa-t-elle, peu convaincante. Fort heureusement, il ne chercha pas à en savoir plus. Il se contenta de prendre la pâtissière par les épaules, l'air rêveur, pour continuer dans leur balade. Oui avançons, je pense que je t'ai assez engueulé pour la journée. Oh regarde! Elle attira l'attention de Léo sur une variété de sucettes au chocolat et y suscita plus d'intérêt qu'elles ne l'auraient mériter. Et dire que dans les semaines à venir, elle allait, elle aussi, commettre l'impardonnable.