us against the world (aura)

C’était un moment important pour toi. Tu avais invité ta petite soeur à manger au restaurant mais pas pour le simple fait de la voir, même si c’était aussi le cas, mais surtout pour lui poser une question super importante à tes yeux. La jeune femme ne s’y attendrai surement pas, puisqu’elle n’était même pas encore au courant que ta femme était enceinte. Vous n’aviez rien dit, tu avais juste parlé à Perry de ce que tu allais devenir dans les mois à venir. Même ta mère ne le savait pas, sinon elle aurait vendu la mèche à la jeune Luciano et c’était pas le but. Alors tu attendais ta soeur au bateau-resto, un peu nerveux en jouant avec tes doigts. Il y avait un peu de monde mais sans trop, le bruit ambiant n’était pas dérangeant. Ta petite soeur arrivait rapidement après toi, et te rejoignait à la table où tu étais installé. « Principessa » dis-tu en prenant ta soeur dans les bras. Tu affichais un large sourire sur tes lèvres, même si tu étais toujours aussi nerveux mais ça ne se voyait pas tant que ça. « Je suis content de te voir, ça fait longtemps » ajoutas-tu avec un sourire avant d’embrasser sa joue. Vous vous installiez ensuite tous les deux à table pour prendre les cartes en mains et chercher ce que vous alliez commander.

@Aura Manzoni

Avec la vie qui allait parfois à cent à l’heure, on oubliait parfois l’essentiel. Cela faisait quelque semaines que je n’avais pas simplement passé du temps avec mon frère ainé. On s’appelait bien sûr, on s’envoyait des sms aussi parfois, on se croisait en coup de vent, mais on n’avait pas pris le temps depuis un moment. Aussi quand Fede m’avait écrit ce matin pour me proposer de le rejoindre ce midi pour déjeuner, je n’avais pas hésité une seconde. Le voir me ferait du bien. J’avais besoin de la chaleur des bras de mon grand-frère ces temps-ci. Je ferme la boutique sur le coup de midi puis prend, à pied, le chemin du restaurant que m’avait indiqué Fede. Un sourire illumine mon visage lorsque je croise son regard. J’arrive à sa hauteur et le laisse me serrer contre lui. Je lui rends son étreinte, puis m’installe en face de lui.
— Ca me fait trop plaisir aussi ! je lui avoue. Tu as regardé la carte ? Je meuuuurs de faim.

Quand tu avais besoin de t’échapper de ton quotidien, tu appelais ta soeur et tu savais que tu passerai un bon moment avec elle. Mais là n’était pas le but, aujourd’hui, au contraire, tu voulais lui annoncer une grande nouvelle mais aussi, lui demander quelque chose d’important. Elle arrivait rapidement après toi, et tu lui faisais un câlin pour la saluer, en plus d’un bisou sur la joue. Vous preniez place à table tous les deux pour commander, mais tu n’avais pas la moindre idée de ce que tu allais commander. « Non j’ai pas regardé, mais je meurs de faim » dis-tu avec un léger rire. Tu parcourais rapidement la carte avant de relever les yeux vers ta soeur, et tu la posais sur la table. Tu avais choisi mais tu étais surtout nerveux, et ça se voyait surement, Aura le remarquerai bien assez tôt.

En demandant à Fede s’il avait choisi ce qu’il voulait manger, j’espèrais qu’il me donne une idée de ce qu’il y avait sur la carte. Pourtant, bien qu’il soit affamé selon ses dires, il n’avait pas encore fait de choix. Je hausse les épaules en souriant puis me plonge dans le menu en même temps que mon ainé. Je jette mon dévolu sur une salade, décidant d’être un peu raisonnable ce midi, puis, posant la carte devant moi, je relève les yeux vers Fede, avant de légèrement froncer les sourcils.
— Y’a quelque chose qui ne va pas ? T’as l’air bizarre…

Tu étais stressé et nerveux et ça, ta soeur l’avait vite remarqué. En même temps, Aura était l’une des personnes qui te connaissait le mieux sur cette terre. Alors quand elle avait vu que tu n’avais pas encore choisi ce que tu voulais alors que tu étais affamé, tu posais la carte sur la table. « Si, ça va c’est juste que… j’ai un truc à te dire » dis-tu en passant tes mains sur ton visage. Tu reprenais ton souffle. On dirait que tu vas lui annoncer la pire nouvelle du monde mais non, c’était pourtant quelque chose de joyeux et heureux. Alors tu prenais ton courage à deux mains. « Bon, j’vais pas y aller par quatre chemins mais… Leti est enceinte » dis-tu avec un sourire sur le bord de tes lèvres. Mais ce n’était pas là, le sujet que tu voulais abordé avec elle. Après de nombreuses discussions avec ta femme, vous aviez décidé du parrain et de la marraine de cet enfant sans savoir à l’époque qu’il y en aurai deux. « Aura, je… j’veux que tu sois la marraine de mon bébé » dis-tu en te mordant la lèvre, un peu ému. C’était toi le grand frère, celui qui devait garder son calme, faire attention à tout. Mais là, c’était tellement inattendu, tu ne savais pas comment gérer cette émotion.

Mon frère n’est pas dans son état normal, c’est évident. Il me suffit d’un coup d’oeil sur lui pour le déterminer. Il se passe quelque chose, quelque chose qui le rend nerveux, cela se voit à des kilomètre. Très vite, il me confirme qu’il a quelque chose à me dire. Mes yeux se fixent sur lui et j’attends, suspendue à ses lèvres, j’ose à peine respirer quand il continue sur sa lancée. Il ne prend pas de détour, ce n’est pas franchement son style de toute façon, et me lache tout de go que Léti, son épouse, est enceinte.
— Fede c’est…
Une vague de bonheur m’envahit alors et je sens les larmes de joies monter. Je m’apprête à me lever pour prendre mon frère ainé dans mes bras, quand il m’annonce qu’il aimerait que je sois la marraine de cet enfant.
— C’est une super nouvelle, comment vas Léti ? Et…bien sûr que j’accepte. Je suis tellement heureuse pour toi Fede !
Je me lève aussitôt de mon siège pour venir enlacer mon frère, un bonheur incommensurable envahissant l’espace autour de nous.

T’avais pas réussi à cacher la nouvelle à ta soeur bien longtemps. Tu venais de lui avouer que ta femme était enceinte et que vous alliez avoir un enfant. C’était incroyable pour toi, qui pensait que jamais tu ne réussirai à fonder une famille. C’est finalement du haut de tes 32 ans que tu as réussi. La femme de ta vie + un bébé = la belle vie. Elle se levait, ta petite soeur, pour venir te prendre dans ses bras, trahie par des larmes de joie à ton égard. « Elle est fatiguée mais ça va » dis-tu avec un sourire en prenant la jeune Luciano dans tes bras. Puis elle acceptait de devenir la marraine de cet enfant. Hallelujah ! Tu te doutais bien qu’elle dirait oui, d’autant plus que tu es le parrain de son fils. « Merci, carina » dis-tu à l’oreille de ta petite soeur. « Je crois que j’ai jamais été aussi heureux ! » soufflas-tu en serrant un peu plus fort Aura dans tes bras.

Le bonheur de Fede transparait dans sa voix, dans ce sourire qui ne quitte pas son visage, un bonheur qu’il me communique automatiquement. Je suis si heureuse pour lui. Si mon frère a douté de parvenir à fonder une famille un jour, je n’en ai, pour ma part, jamais douté. Si notre différence d’âge était bien moins flagrante maintenant que nous étions tous deux adultes, à l’époque où Enzo et moi étions petits, Federico était déjà adolescent et avait toujours pris grand soin de nous. Il avait ce petit quelque chose de doux et d’attentionné, en plus de cette fibre protectrice qui faisait qu’on se sentait toujours en sécurité avec lui. Je sais, au plus profond de moi, qu’il serait un père formidable. Mon coeur explose de joie lorsque mon ainé me propose d’être la marraine de son enfant. J’accepte sans hésité, puis, contenant un peu mon euphorie, je demande des nouvelles de ma belle-soeur.
— Oui, on n’imagine pas l’énergie que prennent les premiers mois...enfin…
je fais mine de réfléchir, puis lâche un petit rire.
— Pas que les premiers mois en fait ! je pouffe.

Jamais tu n’aurai pensé être père, jamais tu n’aurai pensé fonder une famille. Mais pourtant, on te l’avait déjà dit que tu avais la fibre paternelle. Notamment dans l’enfance, quand tu prenais soin de ta soeur et de ton frère. C’était presque naturel pour toi. Et plus récemment avec ton neveu/filleul. Tu prenais soin de cet enfant comme la prunelle de tes yeux. Maintenant que tu allais être papa à ton tour, tout allait changer. C’était ton sang, ta chair. « Oui, je me doute » soufflas-tu avec un léger rire. Tu savais qu’un enfant ça changeait la vie, et tu ne savais pas encore comment ça allait te changer la tienne quand ta femme allait accoucher. Mais tu étais heureux, heureux de voir que ta vie était boulversé à ce point par un petit être, enfin deux. « Mais bon, j’me dis que mon enfant sera moins turbulent qu’Enzo quand il était bébé, donc ça va j’ai de l’entraînement » ajoutas-tu avec un regard complice à ta petite soeur, riant légèrement.

Je n’avais aucun doute sur la fibre paternelle de mon frère ainé, je savais qu’il donnerait tout à ses enfants, dès la minute où ils pointeraient le bout de leur nez. Même déjà maintenant, alors que sa femme était enceinte de quelques semaines seulement. Fede était un homme entier, et faisait rarement dans la demi-mesure, en particulier lorsqu’il s’agissait de distiller autour de lui l’amour des siens. Les cinq années que nous avions d’écart avait permis à Fede de s’occuper d’Enzo et moi lorsque nous étions enfants et sa remarque sur le caractère turbulent de mon jumeau - qu’il n’avait pas tellement perdu d’ailleurs - me fit sourire. Je hochai la tête. « Avec un peu de chance » je lui accorde en rigolant. « Léti doit accoucher pour quelle date d’ailleurs ? Tu en as parlé aux parents ou pas encore ? Que je ne fasse pas de gaffe ! »

C’était à ton tour de devenir père, à ton tour d’avoir un enfant. Tu avais tellement attendu ça dans ta vie, sans vraiment l’avouer. Mais maintenant que ça arrivait, maintenant que c’était concret, tu pouvais être heureux. Tu étais marié à la femme la plus parfaite de la terre, tu allais avoir un enfant avec elle, et tu avais ta famille près de toi, ici, en Australie. Que demander de plus ? Aura acceptait de devenir la marraine de cet enfant qui était entrain d’être conçue, tu ne pouvais pas être plus content. « J’y crois » dis-tu avec un rire. Tu ne savais pas encore que tu allais être père de jumeaux, mais c’était déjà le bonheur d’avoir un futur bébé. « Elle devrait accouché en décembre, et non je n’ai pas encore appelé les parents parce que je voulais t’en parler d’abord » dis-tu avec un sourire en coin.

En posant la question par rapport aux parents, je sais d’avance qu’ils seront fous de joie. Je vois déjà à quel point ils sont gagas avec Leandro et constate qu’ils prennent plus facilement l’avion pour venir nous voir depuis que mon fils est né. Ils seront aux anges d’apprendre que Fede et Léti vont avoir un enfant. Ce n’est même pas impossible qu’ils saute sur l’occasion pour venir nous voir à Bowen et ainsi féliciter de vive voix mon frère et ma belle-soeur. « Oh, un bébé pour Noël, c’est chouette » Je souris à mon frère, véritablement heureuse pour lui. « Je crois que tu ne pouvais pas m’annoncer meilleur nouvelle pour égailler ma journée. Dire que j’avais prévu de faire de la compta cet aprem, tu rends la choses bien plus douce » je lui raconte en riant. « Oh, d’ailleurs, ça se passe bien pour toi, au salon ? »