the midnight sky is the road i'm taking (romy)

Trois semaines. Il reste pile trois semaines avant la fin des examens et avant la fin de l'année. Malgré ton organisation exceptionnelle et l'avance que tu avais dans tes cours, tu dois bien avouer que, cette année, cette période est vraiment éprouvante. Bien plus que l'année précédente. Le fait que tu sois enceinte complique les choses et pourtant, tu n'es même pas encore dans ton troisième trimestre. Il ne faudra pas demander d'ici quelques semaines. Ce qui pèse le plus c'est le manque de sommeil parce qu'en plus d'aller dormir tard pour étudier tes cours, tu dors vraiment mal la nuit. Bref, ce matin, tu avais justement examen dans les environs de dix heures et à peu près trois heures plus tard, tu es enfin sur le chemin du retour. La fatigue t'atteint clairement et il est temps que tu te poses dans le canapé pour faire une pause. Pour laisser ton corps souffler. Sans que tu ne t'en rendes comptes, tes paupières, bien trop lourdes, se ferment juste l'espace de quelques secondes. Quelques secondes de trop. C'en est assez pour provoquer le pire. Ta voiture dévie sur la bande opposée à la route et au moment ou tu rouvres les yeux, consciente de t'être assoupie, c'est trop tard. Tu percutes avec violence la voiture qui venait en face de toi et qui n'a probablement rien pu faire d'autres que faire face au choc, à l'accident. Le choc est violent, à tel point que l'airbag se déclenche pour retenir ton visage qui manque de frapper violemment contre le volant. Tout ce à quoi tu penses c'est au bébé. Malheureusement, tu ne peux rien faire que subir l'accident et prier pour que vous vous en sortiez tous les deux. Tous les trois plutôt, parce que tu n'es pas la seule impliquée dans l'accident.

Début d'après-midi, musique entraînante à fond dans la voiture, Romy chantonnait avec joie.  Aujourd'hui, c'était son jour off, celui à qui elle laissait sa place à la deuxième enseignante. Pour autant, et parce qu'elle portait actuellement la casquette de directrice, elle avait dû faire l'impasse sur sa matinée de repos. Et pour cause, elle avait eu rendez-vous avec les équipes de la mairie afin de monter un gros projet pour les enfants. Le rendez-vous avait duré, mais Romy en sortait heureuse. Maintenant, il était l'heure pour elle de rentrer afin d'amener rapidement Arthur à son cours de sport. Elle envisageait même d'amener son fils dîner au restaurant qu'il aimait tant. Se demandant s'il fallait inviter Thomas ou non, Romy se laissa distraire quelques secondes. Quelques secondes de trop, qui allaient remettre tout son programme en question. Ses yeux verts déviant un instant vers le bas-côté, elle vit au dernier moment la voiture qui venait droit vers elle. Et quand bien même elle avait eu les yeux rivés vers la route, il n'était pas certain qu'elle aurait eu une autre solution. Elle eut juste le temps de mettre un coup de volant mais cela ne suffit pas pour éviter le choc violent. Malgré l'airbag, elle fut valdinguée d'un côté, puis de l'autre. Elle sentit simplement le choc sur sa tête, une forte douleur, le cri qui s'échappait de sa bouche se mêlant aux bruits de tôles froissées. Puis un voile noir. Elle ne sut combien de temps elle resta inconsciente, mais elle recommença à émerger en entendant une voix d'homme toute proche. Romy ouvrit les yeux, sonnée, redressant la tête vers l'homme qui accourait vers sa voiture, forçant sur la portière pour essayer de l'ouvrir. Il lui répétait que tout allait bien, qu'ils étaient en train d'appeler les secours. "S... sortez-moi de là." supplia Romy, les mains tremblantes alors qu'elle tentait de décrocher sa ceinture et de s'extirper de l'airbag qui s'était déclenché. L'homme lui demanda, avec douceur, de ne pas bouger, posant une main sur elle, mais elle n'en tint pas rigueur, se jetant presque à terre pour sortir du véhicule accidenté. L'homme la soutint, l'aidant à se remettre sur pieds, la tenant avec force parce qu'elle n'arrivait pas à se déplacer. Elle sentit quelque chose de chaud couler sur sa tempe. Elle y porta sa main et vit du sang sur le bout de ses doigts. Mais c'était comme si elle n'était pas là. Comme si elle était à mille lieues d'ici. Alors que l'homme l'amena vers le bas-côté pour l'asseoir, elle regarda la deuxième voiture et la deuxième personne accidentée. Romy eut juste le temps de dire à l'homme : "Elle... elle est enceinte. Aidez-la." Il y avait déjà du monde autour de cette demoiselle, mais pour Romy, il en fallait plus. C'était sûrement la maman en elle qui parlait.

Difficile de dire à quelle vitesse se déroule les choses. Tu as l'impression que le temps s'est figé et en même temps, il va si vite que tout échappe à ton contrôle. Tu ne peux juste rien faire. Le temps que tu rouvres les yeux, il est déjà trop tard. L'accident provoque un énorme boum de tôles froissées et d'explosions d'airbags. Même si ceux-ci s'enclenchent d'un côté comme de l'autre, la jeune femme et toi n'êtes pas épargnées. Ton coeur bat à tout rompre, pas pour toi-même mais pour ton fils qui grandit encore à l'intérieur de ton ventre. Tu sais que tout peut arriver à cause de cet accident, à cause de toi. Tu ne te le pardonnerais jamais s'il lui arrivait quelque chose. Jamais. Quand les voitures s'immobilisent enfin, il ne faut pas longtemps pour qu'un homme sorte de sa voiture et vienne à votre rencontre. Il semble paniqué et sans doute que l'accident ne doit pas être beau à voir ni rassurant. Il avance vers la voiture de l'autre conductrice et égoïstement, tu as envie de lui dire de venir d'abord te secourir. Pas pour toi mais pour ton fils. Par chance, d'autres personnes affluent autour de vous dont une jeune femme qui se démarque des autres. Elle a des paroles rassurantes et ne laisse transparaître aucune angoisse dans sa voix. Sans doute travaille-t-elle dans le milieu médical, te dis-tu. Sans doute pourra-t-elle t'aider. En quelques minutes, trois-quatre personnes se sont arrêtées et les secours arrivent enfin sur le lieu de l'accident. Sur ce temps-là, la jeune femme a jugé mieux de ne pas te sortir de la voiture mais elle n'a eu de cesse de discuter avec toi. « Comment va l'autre femme ? » Demandes-tu difficilement, la gorge sèche. « J'ai soif... » Mais tu sais que personne ne peut t'en donner au cas où tu devrais te faire opérer pour une raison ou une autre. Une opération... bordel. Ce serait le pire des scénarios. « Pouvez-vous aller dire à la jeune femme que je suis désolée ? Que je me suis endormie, que je n'ai pas eu le temps de redresser ma voiture... J'en suis désolée... » Tu ne t'en rends pas compte mais en disant cela, des larmes roulent sur tes joues et tu éclates en sanglots. Complètement dépassée par la pression, la peur, l'angoisse et la crainte d'avoir foutu ta vie en l'air.

ça devait être une belle journée, une journée avec son fils, à passer du temps avec lui. Mais il fallait parfois un seul instant pour tout remettre en question. Etre là au mauvais moment au mauvais endroit. Même si elle l'avait vu plus tôt, Romy n'aurait pas pu éviter cette voiture qui avait dévié sur sa voie. C'était terrible de voir l'enfer arriver droit vers soi et être incapable de faire quoique ce soit. Le contrôle que l'on avait sur notre vie était décidément bien minime. Le choc avait été terriblement violent. Leurs voitures n'étaient plus qu'un amas de tôles froissées, déformées au point qu'on ne savait même plus la forme qu'elles avaient d'ordinaire. Mais Romy était là. Sonnée. Hébétée. Effrayée. Mais encore là. Sortant de sa torpeur, l'adrénaline et la peur s'emparant d'elle, elle profita de cet homme qui avait ouvert sa portière pour se sortir de cette prison métallique. Ce n'était sûrement pas une bonne idée. Sans doute était-ce même ce que l'homme lui avait dit, posant la main sur elle pour la retenir, mais il n'avait pas eu d''autres choix que de récupérer la jeune femme qui s'était jetée hors de la carcasse. Ses jambes la portaient à peine, la tête tournait encore et encore, mais elle eut le temps de voir – et d'assimiler – que l'autre conductrice était consciente. Consciente et enceinte. L'instinct maternel étant plus fort que tout, Romy était prête à laisser toute l'attention sur l'autre femme. Mais tous étaient là, aux petits soins. Et quand les secours arrivèrent, Romy abdiqua totalement. Elle posa sa main sur l'homme qui la tenait depuis le début. « Je ne me sens pas bien. » dit-elle d'une voix faible, alors qu'un voile brouilla sa vision, alors qu'une vive douleur s'empara d'elle. Elle ne se sentit même pas tomber. Elle ne se sentit même partir.

Elle ne s'était réveillée que le lendemain, un énorme bandage sur la tête, le cerveau en compote, reliée à tout plein de machines et perfusée par-ci, par-là. Les jours suivants ne furent pas plus réjouissants, entre tous ces examens qui se profilaient et ses douleurs qui ne s'atténuaient pas. Heureusement, les visites d'Arthur et Thomas étaient de vraies bouffées d'air frais. Malgré les doutes, malgré les interrogations, elle ne pouvait nier qu'elle appréciait la présence de son ex-mari. Toutefois, aujourd'hui, ils devaient raccourcir leur visite. Thomas avait prévu une petite sortie pour Arthur, chose que Romy ne pouvait blâmer. Son fils avait besoin de se changer les idées, alors elle les laissa partir, le sourire aux lèvres mais un pincement au cœur parce qu'elle ne les accompagnait pas. Ne pouvant rester dans son lit, elle ressentit le besoin de se lever, afin de marcher un peu, traînant sa perfusion. Quelques personnes se trouvaient dans le couloir. Une infirmière passa même à côté d'elle, lui jetant un regard réprobateur et lui demandant de ne pas trop forcer. Romy esquissa simplement un sourire et reprit sa route. Mais au bout du couloir, elle se sentit fatiguée. Aussi s'installa-t-elle sur une chaise, en face d'une personne qui attendait son rendez-vous. Mais quand Romy redressa la tête et vit la personne, elle se raidit. Elle la regarda quelques secondes, un flash traversant son esprit douloureusement. « Je... C'... c'est vous ! » dit-elle, confuse. Le ventre rond. Le visage. Et si c'était l'autre conductrice?

Les sanglots ont rapidement laissé place au silence, au vide, à une peur immense. Alors que les secours s'occupaient de toi, tout ce qui occupait ton esprit, c'était ton bébé. Et si, à cause d'un moment de fatigue, d'inattention, d'erreur, tu venais de mettre un terme à la vie de ton fils ? Et si tu venais de tout foutre en l'air, ta vie, ton couple, ta famille ? Il a fallu de longues minutes - bien trop longues - avant que les secouristes confirment un rythme cardiaque. Mais il faudra d'autres examens supplémentaires pour s'assurer que tout va bien pour lui comme pour toi. En ce qui te concerne, tu t'en fiches bien de ton état, n'y accordant que peu d'importance. Tout ce qui compte, c'est ton bébé. Votre bébé. Comment tu vas expliquer ce qu'il s'est passé à Judas ? Comment tu vas lui dire que tu as peut-être ruiné toute votre vie ? Il va t'en vouloir à mort, peu importe si vous allez bien, le bébé et toi. Il va t'en vouloir parce que ça fait des semaines qu'il te demande de lever le pied et que tu refuses, naviguant entre les examens, le travail chez Terrence et votre vie de couple et sociale. Vide. Tu te sens vide et c'est comme ça que tu sombres vers le sommeil, alors que l'ambulance roule en direction de l'hôpital. (...) Les médecins ont été rassurants, affirmant que c'est un miracle que tu t'en sortes si bien et que le bébé n'ait aucune séquelle. Mais toi, tu n'y crois pas, comme si tu attendais, muette, qu'un malheur vous tombe dessus. Tu es restée en observation une nuit mais, à priori, après quelques rendez-vous médicaux supplémentaires, tu devrais pouvoir quitter l'hôpital. Oui, déjà. Tu es terrifiée à l'idée de retourner chez toi et qu'un malheur arrive à ton bébé sans que personne ne le sache. Comme une bombe à retardement liée à l'accident. Mais tu n'as pas le choix alors tu hoches la tête, écoutant distraitement les médecins, perdue dans tes pensées - et dans tes peurs - la plupart du temps. Assise dans la salle d'attente, le regard rivé vers le sol, une voix te tire de tes pensées. En relevant la tête et en découvrant ce visage, ces cheveux blonds et ce regard, ton sang se glace. C'est elle, l'autre conductrice. Elle est en vie, par chance, mais semble en piteux état contrairement à toi. Soudain, la culpabilité te gagne et les larmes montent. « Oui... je... » Tu te racles la gorge, comme incapable de parler. « Je suis tellement désolée... » Souffles-tu, la voix tremblante, à peine audible. Tu n'oses même plus la regarder tellement tu te sens responsable. Cette femme doit t'en vouloir et aurait toutes les raisons de déchainer sa haine sur toi. Pourtant, ce n'est pas vraiment ce que tu lis dans son regard. « Vous êtes en vie... » Finis-tu par dire, sans être rassurée malgré tout. Être en vie ne signifie pas être en bonne santé pour autant.

En errant dans ce couloir, Romy essayait surtout de trouver la force d'avancer, de ne pas rester cloîtrée dans ce lit, à n'être que l'otage de ses douleurs. Il fallait qu'elle se batte pour Arthur, pour Thomas. Alors, oui, chaque pas était difficile, sollicitant ses mucles endoloris, cette migraine perpétuelle ne la quittant jamais vraiment. Mais elle bougeait. Elle était debout. Elle respirait.L'envie de dévorer la vie était l'essence qui lui permettait de se mouvoir aujourd'hui. Mais elle savait aussi qu'elle ne pouvait pas trop forcer, sa carcasse douloureuse la rappelant à l'ordre. Ces sièges tombaient à pic. Elle s'installa sur l'un d'eux en poussant presque un soupir de soulagement, ramenant sa perfusion jusqu'à elle pour ne pas que cela tire trop sur son bras déjà bien ecchymosé. Relevant ses yeux verts vers une infirmière qui la somma de faire attention, ces derniers furent vite attirés vers la jeune femme face à elle. Une fulgurance s'empara d'elle. Elle ne se souvenait pas vraiment de l'accident. Elle ne se rappelait plus la violence du choc, le fait de s'être accrochée à l'homme qui l'avait aidé pour ne pas tomber à terre. Mais elle se rappelait ce visage, ce regard apeuré, ce ventre rond qui avait interpellé son instinct maternel. C'était elle. C'était l'autre conductrice. Romy l'aborda d'une façon peut-être brutale, mais c'était la surprise qui parlait pour elle. Très vite, elle sentit le malaise s'emparer d'elle, le regard fuyant de la conductrice alors qu'elle se confondait en excuses, presque en larmes. Le cœur serré, Romy balbutia, sentant cette boule se former dans la gorge. « Je... c'est... ce n'est rien... » Non, ce n'était pas rien. Mais elle ne voulait pas l'abattre encore plus. Ce fut sa dernière phrase qui la fit réagir. « Oui. » Oui, elle était en vie. A ce moment-là, elle se rendit compte qu'elle aurait très bien pu ne plus être de ce monde. Elle aurait laissé Arthur. Elle aurait pu partir sans dire à Thomas qu'elle l'aimait tellement. Les larmes lui montèrent aux yeux en se rendant compte de tout cela. En se rendant finalement compte de la chance qu'elle avait eu. « Vous aussi. » répliqua-t-elle. « … et justement, tout ça, c'est ce qu'il faut retenir, non ? » Elles étaient vivantes. Un peu amochées, mais vivantes. « Vous allez bien ? Tous... tous les deux ? » demanda-t-elle d'une petite voix.

Ce n'est pas rien et vous le savez toutes les deux. Cet accident aurait pu être dramatique autant pour l'autre conductrice que pour toi et visiblement, l'une d'entre vous s'en sort mieux que l'autre : toi. Egoïstement, tu te sens soulagée de ne pas être dans le même étant que la jeune femme parce que ça aurait pu mettre la vie de ton fils en danger. Mais d'un autre côté, étant à l'origine de l'accident, il aurait été plus juste que tu sois la plus amochée des deux et qu'elle s'en sorte indemne. « Ce n'est pas rien... J'étais tellement fatiguée... mes yeux se sont fermés une fraction de seconde et il était déjà trop tard... » Souffles-tu, le ton de ta voix sans doute trop bas à cause de l'émotion. Tu te retiens de ne pas pleurer mais la boule formée dans ta gorge menace de faire exploser tes larmes. Tu tentes de t'expliquer bien que rien ne justifie ce qu'il s'est passé. Absolument rien. Tu aurais dû être plus attentive, plus éveillée. Tu n'aurais pas dû tirer autant sur la corde et jouer avec ta santé, pas alors que tu portes la vie. Par chance, la blonde est toujours en vie et, compréhensive, souligne que c'est ce qu'il faut retenir : que vous êtes vivantes toutes les deux. C'est le plus important, c'est vrai, mais ça ne t'enlève en rien ta culpabilité. « Peut-être... sans doute, oui. » Finis-tu par dire en baissant la tête l'espace de quelques secondes. Tu la relèves au moment où elle t'interroge sur ton bébé, mettant instinctivement une main sur ton ventre. « Oui, il va bien. Je vais bien... Bien mieux que vous... » Remarques-tu en voyant la perfusion et d'autres hématomes un peu partout sur son corps. Elle est en piteux état et c'est entièrement ta faute. « Qu'ont dit les médecins ? Racontez-moi comment vous vous en sortez, s'il vous plait... » L'implores-tu du regard. Tu as besoin de savoir ce qu'il en est et à quel point la jeune femme est abimée, amochée, par une faute d'inattention. Ta faute d'inattention qui aurait pu tout te coûter.

Même là, avec ses douleurs, ses hématomes, ses perfusions qu'elle traînait derrière elle, Romy faisait preuve d'une grande empathie. Elle ne pouvait mettre la faute sur la jeune femme en face d'elle. La faire culpabiliser ne mènerait à rien, hormis remuer le couteau dans la plaie. Et Romy voulait juste avancer, se soigner et retourner à sa vie auprès de son fils. Elle voulait oublier ce choc. Elle resta silencieuse quand la jeune femme lui avoua qu'elle avait juste fermé les yeux une seconde. Une seconde dramatique. Romy ne savait pas quoi répondre. Sans doute la jeune femme savait qu'elle avait trop tiré sur la corde, qu'elle n'aurait pas dû prendre le volant. Romy ne pouvait l'accabler davantage. Elle, elle était juste là pour dire qu'elles étaient vivantes et que c'était ce qu'il fallait retenir en priorité. La blonde parvint à esquisser un léger sourire quand elle lui affirma que le bébé allait bien. Encore une bonne nouvelle dans cet accident qui aurait pu être terrible. « Je suis rassurée... » C'était son cœur de maman qui parlait à cet instant. Mais cela ne suffisait pas à atténuer la culpabilité de la jeune femme. Elle avait besoin de savoir comment elle allait. Son regard l'implorait. « ça a l'air plus impressionnant que ce qu'il en est. » minimisa-t-elle, d'abord. Oui, en voyant ses bleus, ses pansements et ses perfusions, cela laissait croire que c'était compliqué. Ça l'était, mais Romy préférait  le nier. Mais sans doute lui devait-elle la vérité. « Les médecins ont dit que l'opération s'était bien passée. Le rétablissement risque de durer encore quelques semaines mais ils ont bon espoir. Ils disent que je me remets vite... » Elle ne voulait pas parler de ses trous de mémoire, de ses gros blancs sur des choses qu'elle connaissait pourtant bien. « Et vous ? Vous êtes là pour des examens de contrôle ? »