Un samedi soir sur la terre [Baylee]

La conversation dérivait, pour le plus grand plaisir de Baylee. De telles situations l’avaient toujours amusée, et elle estimait que tant que ça restait le cas, c’était bon signe. Oui, elle avait développé une théorie farfelue comme quoi si un jour, il lui arrivait d’être ennuyée par des conversations de ce genre, c’était signe qu’elle devenait vieille (au vu de son comportement, c’était sans doute vrai, remarquez...) La jeune femme hoche positivement la tête en entendant son interlocuteur souligner le fait qu’il avait sans doute mérité la remarque précédente. Après tout, vu ce qu’il avait dit juste avant, elle ne pouvait pas ne pas réagir, non ? Si, sans doute, mais alors Baylee ne serait pas Baylee ! Tout comme elle ne serait pas elle-même si elle ne réagissait pas à ce que Sebastiàn ajouta par la suite. « Vraiment ? », demanda-t-elle, une moue peu convaincue sur le visage, seule la malice brillant dans ses yeux détruisait l’air sérieux qu’elle tâchait d’emprunter. « Tu sais, moi, je suis comme Saint Thomas ! » Elle afficha un petit sourire en coin, prenant l'air le plus innocent qui soit, parvenant limite à être l'innocence incarnée. Innocence qui était bien vite réduite à néant si on la regardait dans les yeux, et qu'on y voyait son air malicieux. Ne perdant pas son regard joueur, elle attrapa son verre, et tout en buvant une gorgée, elle ne perdit pas le jeune homme du regard, le mettant ouvertement au défi. Oui, il faut savoir une chose avec Baylee, elle a un côté un peu trop joueur, et les défis, quel qu’il soit, elle a à cœur de les relever. Bon, il faut aussi dire qu’elle avait un peu tendance à en voir partout, des défis, cela venant sans doute de son désir de croquer la vie à pleines dents, tant qu’elle le pouvait encore. Et, pour un tel défi, elle devait admettre qu’il y avait bien pire comme compagnon de jeux. Reposant son verre, elle continua alors sa phrase, en se passant une main dans les cheveux pour remettre en place une mèche qui avait élu domicile sur son visage : « Je ne crois que ce que je vois ! » Le tout étant lancé avec un brin d'innocence à faire pâlir d'envie une bonne sœur... Bien que, si la dite bonne soeur farfouillait dans l'esprit de la jolie blonde, elle en viendrait à rougir à rendre verte de jalousie une tomate !

[HJ : Désolée, il est tard, du coup, je me tape des délires toute seule ! XD]

Comme quoi, les choses changent. Avant, une telle conversation, entre les deux jeunes gens, n’aurait jamais eu lieu, Baylee se serait fait un malin plaisir de rembarrer Sebastiàn à peine l’idée d’essayer de la séduire lui aurait effleuré l’esprit. A vrai dire, à l’époque, ça l’amusait grandement, aussi bien les vaines tentatives de l’adolescent pour attirer son attention, que les répliques qu’elle lui balançait aussitôt, histoire de bien lui faire comprendre que, même en rêves, ça n’était pas possible. Mais là, elle n’avait pu s’empêcher de se lancer dans un petit jeu, qui ne semblait visiblement pas prêt de s’arrêter, car Sebastiàn continua sur la lancée. Evidement, remarquez, il n’allait pas s’arrêter en si bon chemin (enfin, si, il aurait pu, ça aurait pu être drôle, Baylee en aurait été super vexée !) Lorsqu’il lui demanda ce qui l’empêchait de faire comme St Thomas, elle haussa les épaules avec un petit sourire en coin. Sourire qui devint amusé lorsqu’il lui chuchota au creux de l’oreille. Ce fut à son tour de lui murmurer à l’oreille, d’une voix suave : « Y’a pas plus sainte que moi voyons ! J’ai intégrer un couvent il y a des années de ça. » Sans doute la plus grosse incohérence que Baylee ait jamais dis ! Comme si elle pouvait sérieusement prétendre à porter un jour le voile, avec tout ce qu’elle avait fait, et comptait encore bien faire, après tout, la vie était trop courte pour se poser gentiment... « L’ignorais-tu ? », demanda-t-elle avant de s’amuser à lui mordiller le lobe de l’oreille, dans une parfaite opposition avec ce qu’elle venait pourtant de lui dire d’une voix assurée. Lentement, elle se recula, s’amusant à frôler la joue du jeune homme de ses lèvres, avant d’ancrer son regard dans le sien, malicieuse. « J’ai prévu d’être sanctifiée un jour. Ste Baylee, ça sonne bien, non ? » Et voilà comment en quelques secondes seulement, Baylee en était venue à presque entièrement oublier ce qui se passait encore autour d’eux, tellement elle prenait plaisir à ce petit jeu. « Et non, rien ne m’empêche de jouer à St Thomas », déclara-t-elle, alors qu’elle s’amusait à effleurer, du bout de ses doigts, l’une des mains du jeune homme, affichant un air totalement innocent du « Moi, je fais rien, là ! »

[HJ : On va pouvoir faire un jardin, entre mes tomates et ta pelle ! XD]

Le jeune homme semblait complètement envoûté, ce qui n’étonna guère Baylee, qui n’avait que trop conscience de l’effet qu’elle pouvait produire sur les autres. Par contre, elle n’était pas habituée à ce que Sebastiàn l’intrigue de la sorte. Il ne se la jouait pas ouvertement sûr de lui, même s’il tentait de faire comme si tel était le cas, et c’était sans doute ça qu’elle trouvait le plus attirant chez lui. La jeune femme se mordilla les lèvres en sentant qu’il lui effleurait les doigts à son tour. « J’espère que tu seras plus doué que ce que tes poils laissent à entendre », déclara-t-elle, s’amusant à faire un clin d’œil sur ce qui les avait amené la conversation à faire un suivre un tel cours. Elle quitta son siège pour s’approcher de lui, laissé ses mains errer sur le torse, qu’elle frôlait à travers le vêtement du jeune homme. « Mais tu as de la chance, je suis d’humeur à partager mon savoir avec de jeunes padawans ! », ponctuant sa phrase avec un clin d’œil malicieux, avant de laisser ses lèvres errer sur le cou de l’apprenti acteur, ne cessant son petit jeu qu’une poignée de secondes plus tard, pour lui murmurer à l’oreille : « La question est de savoir si tu es prêt pour ça... » Et oui, elle aimait taquiner les gens, encore et encore. En attendant sa réponse, ses lèvres continuèrent à butiner sur son cou, lentement, alors que ses mains se perdirent sur son dos. Les gens pouvaient bien lui jeter un regard désapprobateur en la voyant agir de la sorte, mais elle s’en moquait complètement.

Baylee avait décidemment bien fait de venir ce soir, car la soirée était loin d’être aussi banale qu’elle l’aurait pensé de prime abord. Même si elle s’apprêtait à passer la nuit avec le petit ami d’une de ses artistes. Car oui, si Baylee savait ça, il y a de fortes chances pour que la soirée se soit passée autrement, la jolie productrice voulait certes s’amuser et profiter de la vie, mais elle avait plus de principes. Pas tant que ça, mais bon, elle en avait tout de même. Mais oublions cela, elle n’en savait rien, et à ce moment, il n’était pas sûr qu’elle ait envie de faire machine arrière. « Brave padawan », fit-elle en souriant, toujours contre le cou du jeune homme. Lentement, elle déposa des baisers le long de son cou, pour se diriger sur la mâchoire de ce dernier, et effleurer ses lèvres des siennes. Avec un sourire en coin, elle s’en éloigna, attrapa sa main et y emmêla ses doigts. « Rendons-nous dans la salle de classe. », déclara-t-elle d’une voix mutine. De son autre main, elle attrapa ses affaires, et attendit que Sebastiàn la suive, lui tenant toujours la main, alors qu'autour d'eux, le public écoutait, attentif, une nouvelle chanson.

Certains utopistes pourraient s'attendre à ce que Maëlle ait une petite pensée, à un moment donné, pour Maëlle, avec qui la situation était encore bien compliquée, même si Baylee préférait jouer l'autruche à ce propos. Mais c'était mal la connaître : elle faisait l'autruche depuis tellement d'années qu'elle n'en avait même plus conscience. Sans oublier qu'elle avait tellement plus l'habitude d'agir avant de réfléchir que l'inverse ! C’est pourquoi elle parût même fière d’elle en déclarant, suite à la question de Sebastiàn : « Ca, c’est au choix ! », tout en l’entraînant vers la sortie. La porte du cabaret franchit, Baylee se dirigea vers sa voiture (et oui, elle n’était clairement pas le genre de filles à entraîner ses conquêtes d’un soir vers les toilettes, tout de même, trop peu "impersonnel" pour elle ! XD). Lâchant la main du jeune homme, elle se tourna vers lui : « Option A », fit-elle alors « ça peut être par ici, mais c’est plutôt étroit disons. Option B, y’a ma chambre d’hôtel. Ou option C : t’as une autre idée ? » Baylee était plutôt cool comme prof, elle laissait le choix de la salle de classe à ses élèves ! (Et oui, trop gentille, n’est-ce pas ?)