Pride Day → Libre

La nuit venait de se coucher sur Bowen et je m'installais tranquillement derrière le gymnase du complexe scolaire. J'étais seul avec mes bombes de peintures et j'avais également ramené un modèle de ce que je voulais faire sur le mur imposant devant moi. Pour la petite histoire, quelques uns de mes amis artistes avaient fait des œuvres pour le Pride day, et ça m'avait inspiré à en faire de même. Je n'avais encore jamais fait ça, taguer un mur, et pourtant j'en avais fait des conneries dans ma vie... J'avais un peu peur de me faire chopper par la police ou de ne pas avoir le temps de tout finir. A vrai dire, surtout le premier.

Tout était silencieux et j'avais l'impression que mon crayon faisait beaucoup de bruit en glissant sur le mur. J'essayais de faire un croquis rapide des parties les plus complexes avant de me lancer dans la peinture. Il me fallut une bonne heure pour réussir à trouver le bon équilibre entre ma pièce principale et la taille du mur que j'avais sous estimé, mais une fois fait, je me mis à faire la partie la plus fun. Peindre ! Ou plutôt bomber. J'avais toutes les couleurs pour pouvoir faire l'arc en ciel si typique de ce fameux jour et je me mis au travail après avoir enfilé de quoi me protéger. Je m'éclatais et l'image prenait forme. L'arc en ciel était presque fini et je commençais à réfléchir par quelle partie du reste de ma pièce j'allais attaquer par la suite, quand je vis deux yeux en train de me fixer. Ce n'était clairement pas un possum, mais bel et bien le regard d'un autre être humain.

« Ce n'est pas vraiment du vandalisme si c'est pour la bonne cause. » Tentais-je de dire à l'inconnu qui me fixait.

La nuit était doucement entrain de tomber et tu te trimbalais sur ton skateboard dans la ville de Bowen, le silence régnait et la chaleur tombait peu à peu. Certes, on entrait dans une période un peu plus douce mais la chaleur se sentait encore. Perdu dans tes pensées, comme d’habitude, tu ressassais cette histoire avec Charlie et Freja qui s’était passé il y a quelques jours. T’avais trahi la confiance de l’une de tes meilleures amies et tu sentais qu’elle t’en voulait même si elle te disait le contraire. Comme si tu n’avais pas assez de problèmes dans ta vie, tu persistais à t’en rajouter un peu chaque jour. Quelle idée. Tu arrivais rapidement au gymnase de la ville, une cigarette au bec et tes écouteurs dans les oreilles. Le vent te soufflait au visage en roulant de plus en plus vite quand tu passais devant un homme entrain de peindre sur un mur du dit-gymnase. Tu t’arrêtais pour regarder la fresque, avant que le jeune homme te remarque. « Je suis totalement d’accord avec vous » dis-tu avec un maigre sourire. Sa fresque représentait le mois des fiertés, c’est ce que tu en avais déduit du peu qu’il y avait encore sur le mur. Tu pris ton skate en main en t’approchant de l’oeuvre d’art. « En tout cas, bravo, vous avez du talent ! » dis-tu à l’homme toujours avec un sourire. Tu serai incapable de faire ça. Ton truc à toi c’était la photo. En y pensant, tu pourrai faire des belles photos de cette fresque, une fois finie et en plein jour. Tu analysais tous les angles de vue, il devait te prendre un peu pour un dingue mais t’en avais rien à faire.

Je n'avais jamais réalisé une œuvre de cette taille, d'habitude je peignais mes poteries. La différence était monumentale et ma concentration n'en été que décuplée. Je devais parfois prendre du recul, parfois me rapprocher pour vérifier que chaque petit détail était parfait. Ça allait me prendre un temps fou pour la finir, mais j'étais déterminé à mettre ma touche sur le mur du gymnase pour une cause qui me tenait à cœur. Et alors que je me croyais seul, je réalisais qu'un jeune homme était en train de m'observer.

« Merci. » Riley ne semblait pas vouloir me dénoncer aux autorités, au contraire il me félicitait sur ce que j'étais en train de réaliser. « J'espère que j'aurais le temps de la finir entièrement avant le lever du jour. En tout cas, content que ça plaise à son premier observateur. » Dis-je en attrapant une nouvelle bombe de peinture pour remplir une grande zone de blanc. Je mettais plein de couleurs en espérant que ça attire l’œil du plus grand nombre.

« Vous pensez que c'est assez flashi ? J'ai hésité à faire une énorme licorne arc en ciel, mais finalement c'est le koala aux lunettes de soleil funky que j'ai choisi. » L'arc en ciel en question était quand même partout, en fond, sur les lunettes du koala, et même sur le tee shirt de celui ci. Je marquais le coup en décorant avec des coloris bien flashys qui me plaisait.

Alors que tu étais dans tes pensées sur ton skateboard, tu t’étais arrêté devant le gymnase pour voir quelqu’un entrain de grapher dessus. En pleine nuit, ça ne t’étonnait pas. Et puis, ça avait l’air joli ce qu’il faisait. Ton oeil d’artiste fut curieux et tu t’arrêtais pour jeter un oeil. Tu expliquas au blond que tu n’allais pas le dénoncer aux autorités, c’était pour la bonne cause qu’il faisait ça. « J’espère pour vous, sinon quelqu’un pourra vraiment vous dénoncer pour avoir grapher sur un espace public » dis-tu en riant légèrement. Il continuait alors son dessin et toi, tu restais là. Tu t’asseyais sur ta planche à roulette et tu allumais une cigarette. Il te demandait ton avis pour la suite de son dessin. « Les couleurs vont  bien toutes ensemble, pour moi c’est très coloré et très flash. Ça le sera encore plus à la lumière du jour » dis-tu avant de cracher la fumée de ta cigarette. « C’est un très beau koala en tout cas » dis-tu avec un sourire. Dommage que tu n’es pas pris ton appareil photo pour immortaliser cette oeuvre, t’aurai pu mettre cette photo dans ton book en plus. Mais bon, il fallait bien que ça t’arrives. « Vous êtes artiste ? » demandas-tu plus sérieusement au blond. Il était peut-être peintre, dessinateur ou même maçon ça n’avait rien à voir. Mais tu es persuadé qu’il y a une fibre artistique en chacun de nous.

Mon œuvre prenait forme, les couleurs, les ombrages, je me faisais plaisir pour une cause importante. Je craignais juste de me faire arrêter avant d'avoir terminer, car je me moquais bien de passer une nuit au poste pour ça. J'avais juste très envie de quitter le parking de l'école au petit matin avec une œuvre achevée. Un jeune garçon était venu me rejoindre et m'observer à présent en fumant une cigarette, j'en profitais donc pour lui demander son avis. Son retour était plutôt positif, ce qui m'était rassurant et encourageant. « J'ai eu quelques bons modèles. » Plaisantais-je en lui indiquant les arbres voisins ou quelques animaux étaient cachés.

« Artiste oui, mais graffer une murale comme ça ce n'est pas quelque chose que je fais tous les jours. Jamais en fait, c'est une première. Je fais de la poterie principalement. Parfois quelques menuiseries. »

Mes habits étaient couverts de peintures, je n'avais pas pris en compte les projections qu'une bombe de peinture pouvait faire. Même mon visage devait être une œuvre d'art à lui seul. Mon tee shirt allait surement se retrouver affiché dans mon salon en souvenir de cette nuit unique que je m'offrais.

Je pris une petite pause pour prendre du recul. Prenant quelques pas de recul, je me retrouvais assis à côté du jeune homme. « Je m'appelle Asher. Toi ? » Demandais-je en sortant deux bouteilles de limonade de mon sac. « T'en veux ? »

L’oeuvre qu’était entrain de faire le jeune homme était vraiment parfaite et surtout fait dans une très bonne initiative. Tu admirais le talent qu’il avait entre les mains pour faire un dessin aussi précis avec des bombes de peinture. Toi, t’étais juste doué pour prendre ça en photo, sinon ça serait un désastre. Tu ris à sa petite blague quand il te dit qu’il avait eu quelques bons modèles dans les environs. C’est alors que tu lui demandais s’il était artiste. Peut-être peintre, dessinateur, ça pouvait être tout un tas de chose ! Mais apparemment non, c’était un potier. Toutefois, c’était quand même un art, la poterie. « Oh, d’accord je vois ! Vous avez une boutique en ville ? Je connais surement » dis-tu en fronçant les sourcils. C’était pas tous les jours que tu croisais un shop de potier, même jamais en fait. Il y en avait deux en ville, très séparé l’un de l’autre et tu te demandais si l’un d’eux était au blond. T’avais acheté des pièces pour la chambre d’Ivy quand elle est née. C’était surement à lui que tu avais acheté ces petites décorations. Il se présenta à toi et te donnait son nom. « Enchanté, moi c’est Milo » en posant ta main sur ton torse. Tu finissais ta cigarette quand il s’assit à côté de toi. D’ailleurs, il te proposait même une bouteille de limonade. « C’est super sympa, merci beaucoup » dis-tu en souriant et en prenant la boisson. « En tout cas, j’adore cette oeuvre. J’suis photographe, faut que je repasse avec mon appareil pour immortaliser ça » dis-tu en prenant une gorgée de la boisson.

L'art avait le don de réunir et ça se prouvait une nouvelle fois ce soir. Un jeune homme était venu observer ce que je faisais et de là nous nous étions mis à parler. Il ne semblait pas préoccupé par le fait que je vandalisais le mur de l'école, il me posait par ailleurs des questions sur mes occupations. Je lui avouais être potier et son enthousiasme grandit. « Je n'ai pas de boutiques. En fait je vends quelques pièces dans les commerces de la ville, mais je fais surtout de la vente en ligne ou des contrats directs avec des sociétés. » J'aurais pu avoir ma boutique à Bowen, ça avait été dans mes projets à un moment, mais j'avais renoncé en voyant toutes les contraintes que cela impliquait. Puis avec les réseaux sociaux j'avais réussi à m'offrir une vie confortable sans ça.

Après m'être présenté, je m'étais assis à côté de lui, lui proposant une limonade. J'étais claqué après tout ce boulot et j'avais bien besoin d'un petit break avant de reprendre. « J'ai déjà vu vos photos ? » Demandais-je au jeune homme. Est ce qu'il avait déjà exposé en ville ou aux alentours ? J'étais du genre à aller à tous les petits évènements de la ville, alors il était possible que j'ai déjà vu quelques unes de ces images dans ce cas là. J'avais même acheté des tirages de photos d'un artiste local pour décorer mon salon.

« Je ne sais pas si vous connaissez, mais il y a tout un bloc au nord de la ville avec pleins de murales si vous avez envie de les photographier. Ca pourrait être super sympa comme visuel. »

Cette rencontre avec ce gars était tout a fait fortuite mais c’était pas plus mal. T’avais besoin de ça dans ta vie, en ce moment. C’était tellement le bordel qu’une simple rencontre au détour d’un graffiti c’était pas plus mal. Il ne pouvait pas te juger parce qu’il ne te connaissait pas et inversement. Tu demandais ensuite au blond s’il avait une boutique dans la ville et il te disait que non. « Oh d’accord, mais je pense que je vous ai déjà acheté des choses pour la fille d’une amie » dis-tu en souriant. Oui, quand Ivy était né, tu avais inondé Beth d’achat et tu lui avais pris beaucoup de décoration pour la chambre de la petite fille. Et dans le lot, il y avait des petites décorations en poterie que tu avais trouvé beaucoup trop adorable. A ton tour de lui expliquer que tu étais un photographe professionnel et que tu étais assez reconnu pour ton travail, toi aussi. « J’ai fais ma première exposition dans une galerie au printemps, et j’ai des contrats avec des magasines et des journaux alors c’est possible » dis-tu avec un léger sourire. Tu avais aussi un site internet où tu vendais tes photos en poster ou même simplement en format normal. Mais ça faisait le taff, ça te permettait d’en vivre. Encore plus depuis ton exposition où on t’avait proposé plusieurs boulots avec des marques et quelques entreprises. Il t’expliqua aussi que plus loin dans la ville, il y avait un endroit dédié aux graffitis et que tu pourrais surement en tirer quelque chose de pas mal. « Oh non je savais pas ! J’irai faire un tour, ça peut en effet être un très bon support à photographier » dis-tu au jeune homme en portant la bouteille de limonade à tes lèvres.

Une rencontre fortuite entre deux artistes, ce n'était pas tous les jours que j'avais l'occasion d'en faire. C'était plutôt agréable de voir que même la jeune génération se lançait dans des métiers artistiques, après tout ce n'était pas simple d'en vivre au début. Mais apparemment le jeune garçon avait déjà lancé sa carrière et se débrouillait comme un pro pour décrocher les contrats, alors même si je ne le connaissait quasi pas, j'étais enthousiaste pour lui. « Trop bien ! Une galerie à Bowen ? » Si c'était le cas, il y avait de grandes chances pour que j'ai déjà observer son travail, car je manquais que très peu d'expositions. J'étais amateur d'art, surtout lorsque les artistes étaient locaux. J'allais d'ailleurs devoir vérifier en rentrant si les photos que j'avais au mur ne venait pas de lui, la coïncidence pouvait être magique.

De fil en aiguille, nous en étions revenu à parler des murales et je lui avais indiqué un coin en ville qui en était largement pourvu. C'était un quartier où je passais assez régulièrement, pour me balader au calme ou pour trouver l'inspiration. Je n'aimais pas me contenter de faire des pièces "utiles" en poterie, j'aimais aussi le sculpter et l'associer à d'autres matières, j'étais de plus en plus innovant avec mon travail, et c'était dans ce genre d'endroit que je trouvais l'inspiration. Je m'imprégnais d'une œuvre pour en créer une autre.

« Du coup, vous êtes plus sur de l'inanimé ou vous prenez aussi des photos de personne ? » Demandais-je curieux d'en connaitre un peu plus sur son style. J'étais curieux, peut être un peu trop pour un étranger que je venais de rencontrer, mais c'était moi, j'étais comme ça. J'aimais poser des questions et en apprendre sur les gens que je rencontrais.

C’était surement le destin qui te faisait rencontrer un autre artiste. Tu trouvais ça drôle comme situation. Vous commenciez à parler tous les deux, il te demandait où est-ce qu’il aurai pu voir ton travail. Et c’est alors que tu lui expliquais que ton travail avait été exposé dans une galerie. « Oui, dans une galerie à Bowen. Après la plupart des photos que je fais se retrouvent dans des journaux ou des magasines » avouas-tu à ton interlocuteur. L’exposition avait porté ses fruits et tu avais eu encore plus de contrats après cette dernière. Et maintenant, tu pouvais dire que tu vivais assez confortablement avec ton travail de photographe. Parce qu’au début, ça avait été compliqué de joindre les deux bouts. Notamment pour payer le loyer, mais maintenant c’était beaucoup mieux. C’est ensuite qu’il te demandait dans quoi tu étais spécialisé. « Je fais des photos de gens, j’suis spécialisé dans le portrait et surtout dans le noir et blanc. C’est ma marque de fabrique un peu en fait » dis-tu au jeune homme avec un sourire. Certains trouvent ça triste, toi tu adores. Tu trouves qu’on peut dégager encore plus d’émotions avec le noir et blanc. Et puis tu sortais une énième cigarette de ton paquet pour en fumer une autre, paquet que tu laissais sorti de ta poche en proposant à ton acolyte d’en prendre une. Mais tu ne savais pas s’il fumait. Et puis après avoir allumé ta clope, tu te concentrais de nouveau sur ton interlocuteur. « Et sinon, vous venez de Bowen ? » demandas-tu curieusement.

Le jeune homme avait déjà une carrière prometteuse à l'entendre. J'écoutais tout ce qu'il me disait avec beaucoup d'attention, il m'expliquait qu'il aimait photographier des personnes en noir et blanc, ça devait être vraiment exceptionnel. En fait, avec la description qu'il faisait de son travail, j'avais l'impression d'être capable de l'associer à une expo que j'avais été voir il y a quelques temps dans une galerie huppé de Bowen. Je n'aurais pas imaginé un jeune homme comme lui derrière l'objectif pour apporter autant d'intensité à une image, mais comme quoi il ne fallait jamais se fier à nos préconçus.

« Non merci. » Dis-je lorsqu'il me proposa une cigarette. Je n'avais jamais fumé de ma vie, je ne comptais pas commencer ce jour. Mais continuant sur notre lancée pour nous découvrir, il me demanda si j'étais originaire de la petite ville côtière. « Je ne suis pas né ici, mais j'ai déménagé assez rapidement à Bowen avec ma famille. Depuis je suis resté, je m'y sens bien. » Le reste de ma famille s'était installée à Perth, j'étais le seul à toujours vivre sur la côté Est. « Et vous ? » Demandais-je curieux.

Je pris une gorgée de limonade avant de me relever pour aller corriger les quelques détails qui m'avaient tracassé de loin. J'étais perfectionniste lorsque je travaillais et si un détail me dérangeait, je le retravaillais jusqu'à ce que le résultat me convienne. « Vous pensez qu'elle va rester ou qu'on va la recouvrir ? » Mon acte de vandalisme. J'espérais que les service municipaux la garderait un peu, le message était important, mais mon œuvre restait un graffiti interdit sur le mur d'un lycée.

Tu te vantais pas de ton travail mais tu commençais à être connu quand même, dans le coin. C’était après de longues années de labeur que tu en étais arrivé là. Tu avais sacrifié beaucoup dans ta carrière, mais ça avait payé, au bout du compte. Depuis que tu avais fais cette exposition dans la galerie d’Alba, les ventes de tes photos avaient doublées et tu avais eu des contrats avec des magasines et des journaux. T’avais même photographié des portraits de célébrités qui étaient venus de passage à Bowen. Alors que tu t’allumais une cigarette, tu lui en proposais une mais il n’avait pas l’air de fumer alors il déclina ton offre. « Et vous aimez bien, Bowen ? » demandas-tu alors que la fumée de la cigarette venait d’entrer dans tes poumons. Tu soufflais ce que tu venais d’avaler, une belle fumée grise et épaisse avant de répondre. « Je suis français, je pense que ça s’entends » dis-tu avec un léger rire avant de remettre ta cigarette entre tes lèvres. « J’ai rejoint de la famille, il y a une dizaine d’année. Depuis, je suis tombé amoureux de cette ville et de ses habitants » avouas-tu au blond avec un sourire en coin. Pour rien au monde tu ne voulais quitter Bowen, t’avais simplement pas envie de le faire. Il se relevait du trottoir pour aller fignoler quelques détails sur son oeuvre. « J’espère qu’elle va rester ! Parce qu’elle est superbe et qu’elle a été faite pour une bonne raison » dis-tu avec un sourire en coin, fumant une taffe sur ta cigarette.

La conversation se faisait sans pression. J'échangeais des informations avec Milo tout en mettant les dernières touches à mon mur. Il fumait dans mon dos tout en me disant qu'il était Français, mais qu'il était tombé amoureux de Bowen. Je le comprenais, cette ville avait un petit truc en plus qui donnait envie d'y rester. « Vous avez un accent, mais franchement j'ai déjà entendu bien pire. » Le jeune s'en sortait très bien, son accent avait un certain charme qui s'intégrait parfaitement au personnage.
« J'espère aussi, j'aime bien ce que j'ai fait là. » Avouais-je au jeune homme. J'étais habitué à faire des petites pièces, des choses assez mignonnes, là j'avais passé un cap en créant une œuvre qui avait du sens. J'avais voulu faire passer un message et je pensais m'être assez bien débrouillé. J'aimais me tenter à essayer de nouvelles choses et j'allais bien évidemment me mettre à dessiner plus souvent à partir d'aujourd'hui. Ce soir je m'étais fait plaisir.

« Bon, je crois que je l'ai fini... Elle me plait bien. » Dis-je en retournant m'assoit pour l'observer à distance. Je repris ma limonade avant de sortir mon téléphone pour faire une photo de mon mur. Je l'envoyais ensuite à ma sœur et à mes parents, qui me répondirent presque immédiatement, merci le décalage horaire. « Je vais pas tarder à rentrer avant de me faire pincer avec mes bombes de peinture. » Dis-je en rigolant.

En échangeant des informations sur vous, vous appreniez à vous connaître. Tu lui expliquais alors que tu venais de France, en lui parlant de ton accent un peu encore présent. Mais ça n’avait pas trop l’air, il te le confirmais. « Au top, j’vais devenir un vrai australien » dis-tu avec un léger rire. Tu regardais encore une fois l’oeuvre du blond sur le mur et elle était vraiment sublime, tu lui disais une nouvelle fois d’ailleurs. « Je viendrai la prendre en photo demain… ou dans la journée » dis-tu en regardant le soleil se lever. Tu voulais immortaliser cette oeuvre, parce qu’elle avait été fais pour de bonnes raisons et qu’elle était belle. Le blond ajoutait quelques derniers coups de peinture à son oeuvre pour la terminer et il t’affirmait qu’il était fier de ce qu’il avait fait sur ce mur. « Vous pouvez être fier, c’est vraiment stylé » dis-tu avec un sourire au jeune homme. Tu écrasais ta cigarette contre le goudron du trottoir et tu la rangeais dans ton paquet pour ne pas la jeter par terre. Asher t’avoua qu’il allait rentrer chez lui pour ne pas se faire contrôler par les flics ou qu’on sache que c’est lui qui avait fait ça. « Je comprends, vous faites bien ! Je vais rentrer aussi » dis-tu en te levant de ton trottoir. Tu t’étirais un peu avant de poser ton skate sur le sol et de mettre un pieds dessus. « Je vous souhaite une bonne soirée, et que votre oeuvre reste le plus longtemps possible » dis-tu à l’homme avec un sourire sur les lèvres.

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