Manwë le croit lorsqu’il lui affirme qu’il ne partira pas, du moins, pas sans le prévenir. C’est une bonne chose s’il veut réellement s’en sortir, prendre la fuite ce serait tout gâcher et perdre également de la crédibilité aux yeux de Da Silva. Être une femme dans le milieu policier n’est pas facile, elle ne perdra pas deux fois son temps au détriment d’autres choses. Le portraitiste la connait depuis assez longtemps pour savoir qu’elle sait s’imposer, mais qu’il lui arrive parfois aussi de ne pas se sentir à la hauteur ou de ressentir une certaine paranoïa quand un homme obtient un nouveau grade avec moins d’ancienneté qu’elle en bagage. Il aimerait beaucoup que le monde soit moins compliqué pour les femmes, s’il l’était, peut-être aurait-il encore sa mère à ce jour. Il aurait pu prendre soin d’elle en grandissant, il aurait payé toutes les désintox nécessaires pour la sauver...
“ Ce sera sans doute difficile, mais s’ils en valent la peine t’aura la patience d’y arriver. “ Il se veut encourageant même si à ses yeux ça semble bien compliqué cette histoire. Manwë à sa place aurait sans doute tenté de rebâtir sa vie, il faut dire que lui aussi en sortant des services sociaux une fois son père en taule ; il ne savait plus vraiment quoi faire de sa vie ni qui il était. Cela lui a prit dix bonnes années avant de trouver sa place. Il est resté malgré tout dans les parages, sans reprendre contact avec ses quelques vieux amis, parce qu’ils ont avancé dans leur vie pendant que lui faisait du surplace et se contentait de survivre. Dix années foutu en l’air, mais ce furent des années nécessaires pour qu’il cicatrise, c’est comme ça, personne ne pourra jamais revenir sur ce qui est perdu.
Il déteste quand les gens sont désolés d’apprendre ce qu’il a vécu, parce que c’est trop tard pour être désolé. Le jeune insiste pour qu’il reste, Man’ ne souhaite juste pas parler davantage de sa vie passée. Il l’observe prendre une pomme mais n’en prit pas, non pas qu’il n’aime pas ça, mais il a l’habitude de ne manger que lorsqu’il a faim, ça évite de gâcher de la nourriture et de l’argent à rien.
“ Il parait… “ Qu’il répondit au sujet de ses yeux, parce qu’il ne perçoit pas les couleur et que tout est fade autour de lui. Il n’a pas l’intention de lui dire qu’il a cette pathologie, ce n’est pas quelque chose dont il aime parler, c’est déjà beaucoup ce qu’il a dit plus tôt au sujet de son père. Il n’aime pas être plaint, il n’est pas une petite chose fragile, plus maintenant. Au-delà du sport qu’il fait pour avoir une certaine force, son mental c’est surtout blindé et cela continue sans cesse de croitre.
Un bon sentiment ? L’enfer est pavé de bonnes attentions à ce que l’on dit. Est-ce qu’il pense réellement ce qu’il dit ? Man’ espère que non, mais là encore il sent que malgré l’exemple de Davis, cela concerne surtout son enfance. Vient cette question étrange qui lui fit, par réflexe, froncer les sourcils. “
Non… “ Il se décrispe un peu le visage avant d’ajouter
“ On n’a jamais été proches, ça ne changera pas. “ Pas de seconde chance pour cet homme, Man’ ne lui accordera jamais son pardon, pas pour ce qu’il a vécu lui, mais pour ce qu’il a fait à sa mère. Par contre, ils vont se revoir, ça il en est persuadé. Les ennuis ne font que commencer et il est hors de questions de mêler Joe à ça.
“ Ce n’est vraiment pas que j’veux pas rester, mais j’ai pas mal à faire de mon côté et t’as pas l’air très à l’aise d’avoir de la compagnie ici. “ Chose qu’il peut comprendre.
“ On se reverra très bientôt c’est certain… T’es en sécurité ici, hein ? “ Il voulut regarder par la fenêtre, mais tout est cloitré, ça ne le dérange pas du tout l’obscurité, bien au contraire, mais il ne vit pas à ce point calfeutré malgré sa pathologie.
“ Si quelqu’un te cherche des problèmes, tu m’appelles. “ (c) AMIANTE