When the world is an unhappy place, I just want you to hold me (Thomy)

« Va falloir que j’sois plus sévère… si j’y arrive » dis-tu avec un léger sourire sur tes lèvres. Elle s’asseyait près de toi et tu lui proposais un film et un regard rempli de sous-entendus. Mais c’était pas du tout ce que la blonde avait en tête. Au contraire, elle voulait te mettre la pâté aux jeux vidéos, juste après ton fils. Ta grande fierté acceptait, te mettant en place pour jouer contre ton ex-femme. La partie n’était pas encore lancée que vous vous disputiez déjà la gagne. « Tu sais que j’suis beaucoup trop sensible à ton charme » dis-tu en essayant de focus sur la télévision. C’est vrai, si Romy te faisait les yeux doux, tu pouvais lui donner le monde entier. Tes yeux se perdirent dans les siens quelques secondes avant de reprendre ton attention ailleurs. « Tu triches, toi aussi ! » dis-tu en riant. Tu lançais alors la partie sur la télévision et tu donnais toute ta vie dans ce jeu. Mais bon, ce n’était pas l’avis de ton adversaire. Elle profitait d’un petit moment de faiblesse pour mettre sa main devant tes yeux. « Héééééé ! » dis-tu seulement en essayant de regarder le jeu. Mais non, elle était bien plus forte que toi et au final, c’est bien l’enseignante qui gagnait la partie. Tu lâchais la manette et tu la posais sur la table en croisant les bras comme tout à l’heure. « Moi, vieux ? Je suis pas vieux ! » dis-tu toujours en boudant. Et puis tu te rapprochais de la jeune femme pour la pincer sur les hanches. Ensuite, tu t’amusais à la chatouiller, te rapprochant dangereusement d’elle. « Tu vas voir, tricheuse » dis-tu avec un léger rire, en essayant de faire rire aussi ton ex-femme. Ça te rappelait de bons souvenirs. Des souvenirs aux Etats-Unis, quand vous étiez heureux et insouciants. Et ça te faisait tellement de bien de retrouver Romy de cette façon, c’est ce qui t’avait le plus manqué dans votre relation : la complicité d’antan.

« Oui, si tu y arrives... » confirma-t-elle, le sourire aux lèvres. Thomas et Romy n'avaient jamais été des parents stricts. Ils savaient réprimander Arthur quand il le fallait, mais ils avaient la chance d'avoir un fils adorable. Une relation de confiance s'était instaurée entre le jeune Rankin et ses parents, si bien qu'ils n'avaient pas à être stricts, à le punir ou à être sans cesse derrière lui. Mais pour l'instant, ils laissaient leur statut de parents et redevenaient à leur tour de grands enfants. Manettes en main, l'un et l'autre étaient prêts à se mettre la pâtée. Et tous les moyens étaient bons pour faire tomber l'autre. Romy était prête à user de son charme, mais Thomas dévia son stratagème avec brio. « Je le savais à l'époque. Maintenant.... » Elle laissa sa phrase en suspens. Maintenant, elle ne savait plus s'il était autant sensible à son charme. Il lui répétait qu'il la trouvait toujours aussi bien, lui faisait des compliments, la charmait, mais quand elle lui tendait des perches, il les saisissait maladroitement. Pourtant, quand il plongea ses yeux dans les siens, elle retrouva un bref instant cette électricité qu'il y avait souvent eu entre eux. « Je ne triche pas. » répondit-elle innocemment, tournant la tête vers la télé afin de se concentrer sur la partie. Thomas la menait sur les premiers temps. Et puisque ses yeux doux ne fonctionnaient pas, elle joua réellement la mauvaise joueuse en détournant l'attention de son ex, plaquant sa main devant ses yeux pour le faire perdre. Thomas râla. Puis il bouda, arrachant un éclat de rire à Romy qui affirma : « Si, t'es vieux. » Elle le taquinait avec l'âge mais en réalité, ce n'était qu'un détail. Elle aussi vieillissait et elle les trouvait encore plus beaux que quand ils étaient plus jeunes. En tout cas, s'il y avait une chose qui n'avait pas changé, c'était la soif de vengeance de Thomas. Elle vit très vite son regard changer et elle savait très bien ce qu'il comptait faire. « Non, Thomas ! » tenta-t-elle de lâcher, faussement autoritaire. Mais il fonça vers elle pour la chatouiller. Il savait qu'elle était très chatouilleuse, la vengeance était donc toute trouvée. Elle commença e à se tortiller, en éclatant de rire, tentant d'arrêter de Thomas sans grand succès.Quelques secondes plus tard, à bout de souffle, elle s'exclama, toujours en riant : « Stop.... stop... ok, j'abdique.Je suis une tricheuse ! Tu as gagné ! » Elle leva même les mains, en signe de paix. Ce fut à cet instant qu'elle se rendit compte à quel point elle était proche de lui, sentant sa douce chaleur contre elle. Elle vint poser sa main sur sa joue qu'elle caressa tendrement, retrouvant le plaisir de sentir sa peau sous ses doigts. « ça fait du bien de retrouver tout ça. Toi, nos rires, notre complicité. Je.. Je n'ai pas envie que ça s'arrête. » Elle voulait plus, tellement plus. Et son regard montrait sa détermination. « Tu sais, je crois qu'Arthur ne redescendra pas... » Elle faisait évidemment référence à ce moment raté quelques heures plus tôt, à cette demande qui était encore d'actualité...

Tu t’étais ancré dans la tête que ton fils ne t’écouterait plus comme avant. Certes, tu sera toujours son père mais tu n’avais plus grande autorité sur le garçon ou plutôt sur l’homme qu’il devenait. Et ça, Romy devait le savoir aussi. « J’y arriverai, tu crois pas en moi » dis-tu faussement vexé. Non, tu n’y arrivera pas. Tu as toujours été très laxiste avec ton fils, toujours à lui donner ce qu’il voulait. Toi qui n’a pas grandi avec ton père, tu ne voulais pas qu’il se sente seul comme toi tu l’avais été. Et puis, il avait toujours été facile comme enfant, il n’a que rarement fait un pas de travers. C’était plus facile pour Romy et toi. « Maintenant, c’est toujours le cas » ajoutas-tu en finissant la phrase de ton ex-femme. Tu sentais que sa phrase en suspend était là pour quelque chose. Tu l’avais trahie et tu l’avais fais se sentir moins aimée, moins regardée. Tu faisais tout pour lui montrer que non, tu étais toujours heureux avec elle, toujours sous son charme. Elle était la femme de ta vie, c’était certain. « Genre, tu triches pas… » dis-tu en portant un regard sur Romy. C’était un regard de défi, t’avais envie de la battre mais tu n’y étais pas arrivé. Elle avait usé de ses charmes pour arriver à ses fins. Du coup, tu râlais, comme tu savais si bien le faire. Les bras croisé contre ton torse, tu faisais mine de bouder. « Maaaaaais, j’suis pas vieux » dis-tu en râlant comme un enfant. Bon ok, t’approchais de la quarantaine et ça te faisait peur. Mais tu ne te considérais pas encore comme vieux. Ça te faisait peur de vieillir, tu te sentais mal à l’idée d’avoir une décennie de plus. Mais ce n’était pas encore le cas, tu étais en plein milieu de la trentaine. Pour lui montrer à quel point tu étais vexé d’avoir perdu, tu te jeté sur l’enseignante et tu la chatouillais. Tu savais à quel point elle aimait pas ça, à quel point elle était sensible. Du coup, c’était une petite vengeance. Mais rapidement, la jeune femme abdiquait en te demandant d’arrêter. « J’avais raison » dis-tu avec ton sourire de vainqueur sur les lèvres. Incroyablement proche, ton coeur battait à la chamade. Son visage était près du sien, vous vous retrouviez un peu dans la même situation que tout à l’heure, avant qu’Arthur ne vienne vous interrompre. « Moi non plus je veux pas que ça s’arrête » dis-tu en replaçant une mèche de Romy derrière son oreille. Vous retrouviez cette complicité d’antan, celle qe vous aviez quand vous étiez amoureux, quand vous étiez adolescent. Lorsqu’elle te confirma qu’Arthur ne risquait pas de descendre, tu ris. C’est comme ça que vous aviez été interrompu plus tôt. Doucement, tu avançais ton visage vers celui de Romy pour poser tes lèvres sur les siennes. Et c’est ainsi que ce moment arrivait. Après 5 ans de divorce, tu embrassais à nouveau cette femme que tu aimais tant, cette femme que tu n’avais jamais cessé d’aimer. Ce sentiment était indescriptible, tu n’étais que joie et bonheur.

« Je crois en toi... C'est juste qu'Arthur a toujours une longueur d'avance sur nous. » dit-elle en riant. Et c'était comme cela que le jeune Rankin parvenait toujours à les mettre dans sa poche. Mais ils n'avaient pas à s'en plaindre, Arthur était un adolescent adorable.Mais pour ce soir, les deux ex n'étaient pas que des parents. Manettes en main, ils redevenaient à leur tour de grands enfants...ou presque, puisque Romy n'oubliait pas d'user de ses charmes sur son ex-mari. A l'époque, cela fonctionnait. Maintenant, elle en était moins certaine. Pourtant, Thomas lui assura le contraire, la poussant à redresser la tête vers lui. Même si le ton était à la plaisanterie, les sous-entendus étaient flagrants. Elle ne put cacher à quel point ses mots lui faisaient du bien. Son sourire en coin la trahit d'ailleurs, bien qu'elle détourna l'attention avec le lancement de la partie. En bonne tricheuse qu'elle était, elle renversa la partie en sa faveur, clamant sa joie sans aucune culpabilité et s'amusant du côté boudeur de Thomas. « Aussi râleur que son fils ! » vint-elle lâcher, taquine. Puis elle ébouriffa ses cheveux, répliquant avec sérieux : « Mais non, t'es pas vieux ! Même si les années passent, ça ne change rien. » A ses yeux, il était toujours l'homme qui lui avait plu. Si ces mots s'apparentaient à un calumet de la paix, Thomas en décida autrement en se jetant sur elle pour la chatouiller. Ce qui la fit réagir de suite, elle qui était si chatouilleuse. Très vite, elle avoua avoir triché, mettant fin à la vengeance personnelle de Thomas, qui affichait son sourire vainqueur. « C'est petit et mesquin, ça. » rétorqua-t-elle en faisant mine de râler. On savait surtout qui avait commencé à être mesquine. Mais très vite, la taquinerie laissa sa place à quelque chose de bien plus sérieux. Extrêmement proches l'un de l'autre, Romy ressentit de nouveau l'attirance éprouvée dans l'après-midi. Son parfum, ses yeux bleus qui la scrutaient, sa chaleur, leur complicité si légère, cela lui faisait tourner la tête. Mais c'était grisant. Elle esquissa un sourire quand il remit doucement une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Puis elle abdiqua. Elle lui lança une perche qu'elle espérait qu'il saisirait. Arthur ne redescendrait pas. Il n'y avait qu'eux. Son regard vacilla entre les yeux de Thomas puis ses lèvres. Ses lèvres qu'elle sentit se poser sur les siennes, quelques secondes plus tard. Une douce chaleur s'empara d'elle, le cœur battant à tout va, alors qu'elle lui rendit ce baiser tant attendu. Elle s'était voilée la face tant de temps, mais à cet instant, elle se sentait complète, comme s'il ramenait cette part d'elle qu'il avait embarqué avec lui quand ils avaient divorcé. Elle savait qu'il n'y avait que lui, rien que lui. Juste lui. Elle aurait aimé que ce baiser dure éternellement mais quand ils s'éloignèrent, un sourire ravi vint s'afficher sur ses lèvres. « Je ne pouvais pas rêver d'une meilleure fin de soirée... » Elle vint frôler ses lèvres de nouveau, sa main posée sur sa joue avant de se relever du canapé. « Bonne nuit, Thomas. » souffla-t-elle, ce sourire toujours sur le bout des lèvres, avant de quitter la pièce pour rejoindre sa chambre. Ils n'avaient pas besoin de mots, pas besoin de débriefer ce qu'il venait de se passer. Ils avaient juste à apprécier ce moment. Parce que c'était le début de quelque chose de nouveau. Un bon début.

Fin