Missa brevis et spiritus maxima ft Jamie Rankin

Insupportable de Druid. Elle n’avait pas prévu de passer le début de sa nuit à l’hôpital. Pourquoi avait-il dû fouiner le nez dans les affaires de son père et pourquoi elle avait prit cette affaire. Le Keynes lui avait semblé louche. Mais comme la procédure n’avait pas été respectée, Jamie c’était fait un plaisir de démonter le travail des policiers. Vous voyez les petites filles insupportables qui aiment avoir raison et demandent l’approbation des adultes quand un autre enfant fait une bêtise ? C’était Jamie mais à l’âge adulte. Si elle pouvait faire chier les flics parce qu’ils avaient mal fait leur travail, elle se gênait. Habituellement, elle faisait quand même gaffe aux clients qu’elle prenait. Mais Keynes était arrivé à un moment où Jamie était en colère et avait besoin de passer ses nerfs sur quelqu’un. Bref, en attendant, elle se retrouvait dans ce stupide hôpital à chercher cde stupide homme qui l’avait défendu. Et en plus de ça il la traitait de bécasse. Il ne faisait aucun effort pour qu’on l’apprécie. L’avocate levait les yeux au ciel. Mais Jamie restait celle qu’elle était. Empathique, elle voulait quand même s’assurer qu’il avait des personnes de confiance à l’extérieur qui pourrait le ramener ou au moins veiller sur lui. Peut-être que finalement il n’allait pas si mal. A peine retrouvé, il essayait déjà d’avoir des informations sur son père. « Je ne l’ai pas sur moi et même si les conseils de bécasse vous importe peu, vous devriez essayer de ne pas le voir. » Elle ne craignait pas pour la vie de Keynes mais plutôt pour les années de prison que ferait son fils si jamais il décidait de s’octroyer justice lui-même. « Quelle situation ? » Demandait-elle avec ironie. « Celle où vous êtes venue dans mon bureau pour me mentir ou celle où trois gorilles sont venus pour me menacer ? » Puis elle riait, après tout la situation était assez cocasse. Sourire qui s’éteignait au moment où il la félicitait pour le bébé. Ce n’était pas une bonne nouvelle, deux jours auparavant Carter était parti de chez elle parce qu’elle ne savait pas quoi faire de cette grossesse. Mais merci était peut-être le plus simple à dire. Elle n’eut pas le temps. Un médecin rentrait dans la pièce. Jamie s’attendait à ce qu’il autorise Keynes Junior à sortir. Ce fut tout le contraire, l’homme s’énerva comme s’il connaissait déjà la personne. Elle ne comprit que quelques bribes de mot. « Vous lui avez dit. » Elle se retournait vers le médecin. « Il vous l’a dit ! » Jamie témoin de la scène. Le blessé se levait de son lit et Jamie se mit entre lui et le médecin. « Ce n’est peut-être pas une bonne idée de mettre votre dans l’cul du médecin. Je crois que les flics vous ont assez vu pour la soirée. » Elle souriait pour essayer de le calmer. Mais elle se retournait vers le médecin. « Ce patient ne veut pas vous voir et si jamais vous avez oublié la loi, il est dans ce droit de refuser de voir un médecin ou de vous voir. » Parfois ça aidait bien d’avoir fait du droit.

Manwë espérait pouvoir rentrer chez lui rapidement, il sait que cette histoire de famille finira par couler son magasin ou pire, le tuer. Curieusement ça ne le préoccupe pas beaucoup, ainsi va la vie et en particulier celle des Keynes. Man est un homme seul, sans réelles attaches. Bien sûr il y a quelques personnes qu’il aime particulièrement dans ce monde pourri, mais il sait que ces dernières se débrouille bien sans lui. Il a su se rendre dispensable, il ne s’attend pas à ce que l’on comprenne son choix de vie. Les gens ne peuvent pas comprendre à quel point c’est compliqué d’être le fils de criminel, de ne pas avoir d’argent, d’avoir une pathologie qui vous empêche de vivre bien des choses et de ne pas céder à l’envie de tout envoyer valser ; de se comporter en monstre, parce que c’est ce que les gens ont toujours attendu qu’il soit. Le freak. On a vite fait de baisser les bras, d’être au moins quelqu’un de pas trop mauvais. Sa vie aurait pu être toute tracée dans la pègre, mais il a choisi la voie de la débrouille, des galères et de la solitude.

“ Vous avez raison, ce conseil m’importe peu. “
Au moins, il lui donne raison sur quelque chose, elle devrait être contente ?

Il consent cependant à s’excuser, quelle erreur ! Jamais contente celle-ci ! Lorsqu’elle rit, il ne savait pas vraiment si c’était du lard ou du boudin. Alors il opte pour changer de sujet, parler du petit haricot logé dans son utérus en voie de devenir un bébé. Elle ne répondit pas, parut même étrange. Sauvée par l’apparition de l’ophtalmologue de garde, Manwë s’agace rapidement, il est là pour son épaule, certainement pas pour ses yeux. C’est un peu de sa faute aussi, en évoquant sa pathologie dans l’ambulance, mais il préfère menacer et mettre en pratique ses menaces. Il ne compte pas vraiment avoir recours à la violence, il compte bien sur le fait que le médecin va s’enfuir en chiant dans ses pantalons à l’idée de se prendre la fessée devant tout le monde !  

L’avocate se plaça entre les deux hommes, Manwê lève les yeux au ciel mais ne dit rien. “ Voila, t’as entendu la dame ? Dégages de là maintenant ou j’te jure que flics ou pas je m’occupe de ton cas… “ Le binoclard - cliché pour un ophtalmo - déguerpis non pas sans ronchonner. Man fit deux pas en arrière pour s’asseoir à nouveau au bord du brancard. “ Tous des vautours ces toubibs. “ Tant qu’ils ne l’auront pas charcuté en chirurgie ils ne lui foutront probablement jamais la paix. “ Dites la spécialiste… Vous voulez pas m’faire sortir d’ici ? “ On dirait qu’il est en taule, mais c’est presque ça. Les médecins savent s’esquiver et mettre des heures pour apporter un formulaire de sortie contre avis médical. Il s’attend néanmoins à une contrepartie pour ce service et il s’attend à peu près à tout.

Soirée de merde, pensait Jamie. Elle aurait dû rentrer plus tôt, rejoindre Carter et dormir. Il n’y avait rien de bon à ce jour. Manwë était déjà venu le matin l’opportunité, prétextant être un ami du procureur. Puis à cause de sa visite, il y avait eu des menaces, de la part de son ancien client. Et maintenant ils finissaient à l’hôpital et le cadet Druid s’évertuait à rendre folle Jamie. Est-ce qu’il y avait une pathologie dans cette famille d’être des incroyables connards ? Elle avait l’impression que tout le monde la prenait pour une idiote alors qu’elle comprenait quand même essentiellement ce qu’il se passait. Sa gentillesse la tuerait. Au lieu de rentrer chez elle et de laisser cet ingrat seul, l’avocate avait décidé de le rejoindre, s’assurer qu’il allait bien. Mauvaise idée. Il l’insultait de bécasse. Mais quel con quand même ce mec. Finalement, ça ne l’étonnerait pas que cet homme n’est pas d’ami et que son père ne l’aime pas. Comment pouvait-on supporter quelqu’un d’aussi abject. Sans lui, la blonde serait en sécurité dans son appartement. Sans son héroïsme médiocre, ils ne se seraient pas retrouvés à l’hôpital. Certes, heureusement qu’il avait été là pour détourner l’attention. Mais qui avait assommer un des gorilles ? C’était elle et non lui qui avait joué les héros du dimanche. « Grand bien vous fasse ! » Disait-elle en roulant les yeux vers le ciel. Peut-être devrait-elle aller voir le juge et demander une ordonnance contre Manwë. Il semblait dangereux finalement parce que depuis qu’elle le connaissait, c’est-à-dire depuis ce matin, elle avait failli mourir. Et le pire c’était qu’elle finirait par l’étrangler s’il continuait à se rire d’elle et la provoquer sans arrêt. C’était un homme abject, tout ce qu’elle détestait. La misère et la solitude ne pardonnait pas tout. Peut-être que son père était un infâme salaud, mais la personne qu’il était dépendait également de lui. Alors imaginez la surprise qu’elle eut quand il la félicitait pour le bébé. Encore une fois, il aurait mieux fait de se taire, ce n’était pas le genre de chose que Jamie voulait entendre. Il n’y avait encore aucune félicitation à donner pour l’instant. Heureusement pour eux, un médecin rentrait et c’était le moment pour Jamie de s’enfuir. Ou pas. Manwë se levait enrager. Il perdit un peu Jamie, mais son instinct d’avocate revenait. S’il ne voulait pas les soins, les médecins ne pouvaient pas le forcer. C’était ça le libre consentement. Toujours dans la menace celui-là. D’un œil assez sévère elle priait le médecin de partir. « Pas besoin d’être aussi agressif vous savez ! » Il fallait quand même qu’elle fasse une petit leçon de moral. Il la méritait. Surprise. Voilà le mot. L’étonnement se dessinait sur ses traits quand il lui demandait de l’aide. C’était le monde à l’envers. Peut-être pensait-il avoir plus d’intelligence que l’avocate, mais blessé dans son orgueil, ce n’était plus un ange. « Je pense que la bécasse à autre chose à faire ! » Répondait-elle avec un sourire. Jamie se dirigeait vers la sortie de sa chambre. « Je pense que vous vous débrouillerez sans moi. » Concluait-elle en cherchant dans son sac son autorisation de sortie. Elle lui fit une grand sourire avant de quitter la pièce et espérer ne plus jamais revoir cet homme de malheur.