Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: nothing left to say —mr&mrs kennington #122 Jeu 31 Jan 2013 - 11:58
I was the match and you were the rock ; maybe we started this fire. We sat apart and watched all we had burned on the pyre.
HOLYFUCKCHIENNESARACE Les jurons s'échappant de la porte trop fine de l'appartement 122 avaient beau être fréquents, Casey avait cette fois atteint un volume sonore sans précédent. Grimaçant de douleur, il porta son pouce à ses lèvres et entreprit de sucer la brûlure en refermant la porte du four d'un coup de pied vif. Ce qui n'eut pour d'autre effet que de lui souffler une vague de chaleur dans la face et le fit dégager à reculons en grommelant. Un coup d'oeil à l'horloge lui rappela le retour imminent de sa plus ou moins chère et tendre épouse, et il s'élança vers la chambre, fourrant maladroitement les fringues qu'il avait laissées traîner autour du lit (et sur le canapé) (et près de la douche) dans l'une des étagères de l'armoire avant de claquer celle-ci sans ménagement. Restait le couvert. En deux temps trois mouvements, il apprêta la table, tant bien que mal (surtout mal). Quoi d'autre. Bougies. Les bougies. Un instant : il faisait encore jour, à quoi bon des bougies ? Il s'insulta intérieurement en croisant son reflet dans un miroir. Ne réfléchis pas, pauvre crétin, fais. Pas vraiment doué en romantisme, carrément balourd lorsqu'il s'agissait d'être clair, net et efficace, Casey gaspilla frénétiquement la moitié d'une boîte d'allumettes avant de parvenir à en embraser une seule. La mâchoire contractée dans une application qui lui était peu commune, il se pencha pour allumer une première chandelle. La seconde... Le bruit distinctif de clés que l'on tripote lui parvint du couloir et il suspendit son geste, prêtant une oreille attentive aux pas qui s'approchaient de la porte. C'était très probablement Lee. Non. Si ? AOUCHMAISBORDEL RÂÂââghhhh. L'allumette persistant à se consumer avait fini par atteindre son pouce déjà abîmé de sa minuscule flamme, et il s'empressa de la jeter au loin en précipitant à nouveau son doigt dans sa bouche. Pas que la salive n'arrange quoi que ce soit, mais Alf n'était pas réputé pour ses connaissances en premiers secours. Il put entendre le jeu de clés être inséré dans la serrure et ne sut rien faire d'autre que resté planté là, au milieu du salon, désemparé, à sucer sa blessure. Une odeur plus proche du meurtre au lance-flammes que du rôti réussi commençait à s'échapper du four malmené. Il fallait reconnaître à Casey un talent pour toujours innover dans le pathétique de situation.
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Sujet: Re: nothing left to say —mr&mrs kennington #122 Jeu 31 Jan 2013 - 19:03
nothing left to say.
Certaines personnes allaient au travail à contrecœur et n’avaient qu’une hâte : que la journée se termine. Pour Emily, c’était plutôt le contraire. Elle se levait de bonne humeur tous les matins parce que la perspective de se rendre au Café l'enchantait. Elle avait la chance de travailler avec des gens qu'elle appréciait et l’ambiance sur son lieu de travail était généralement meilleure que celle qui régnait dans l’appartement qu’elle partageait avec son mari. Elle ne savait jamais sur quoi elle allait tomber en rentrant chez elle. Casey serait-il là ? Si tel était le cas, serait-il de bonne ou de mauvaise humeur ? Parviendraient-ils à discuter sans se hurler dessus ? Autant de questions dont elle ignorait les réponses. Elle vivait sa vie de couple au jour le jour, prenait ce qu’il y avait à prendre et évitait de trop y penser. C’est ainsi que lorsqu’elle tourna la clé dans la serrure de leur appartement et pénétra à l'intérieur, elle ne s’attendait à rien en particulier. Surtout pas à tomber nez-à-nez avec Casey qui se tenait debout, le pouce dans la bouche. Surprise, elle fronça les sourcils et déposa rapidement ses affaires dans l’entrée. « Hey », dit-elle d’un air enjoué avant de le rejoindre dans le salon. « Qu’est-ce qu’il se passe ? Tout va bien ? » Finalement, c’était plus fort qu’elle : elle était obligée d’angoisser inutilement et de se poser un milliard de questions. Qu'était-il en train de faire avant qu'elle arrive ? Pourquoi était-il là, planté au beau milieu du salon ? Pourquoi avait-il son pouce à la bouche ? S'était-il blessé ? Si oui, avec quoi ? Quelle était cette odeur bizarre qui se propageait dans tout l’appartement ? Son esprit était en ébullition permanente et son pauvre cerveau malmené finirait un jour par éclater sous cette pression qui ne se relâchait jamais. Elle observa son époux pendant quelques secondes, essayant de deviner s’il était dans un bon ou dans un mauvais jour, puis elle prit finalement la parole. Elle était bien trop préoccupée par toutes ces pensées parasites pour remarquer quoi que ce soit autour d’elle. « Qu’est-ce que tu faisais ? C’est quoi, cette odeur ? » Le tout dit très gentiment pour ne pas risquer de froisser la sensibilité de Monsieur Kennington. Elle était prête à tout pour contrer les disputes inutiles et espérait qu’ils parviendraient à passer une journée entière sans avoir un mot plus haut que l’autre… Comme avant.
Sujet: Re: nothing left to say —mr&mrs kennington #122 Jeu 31 Jan 2013 - 20:53
They were right when they said we were breathing underwater ; out of place all the time in a world that wasn't mine to take.
Il y avait cette lueur inquiète dans les yeux de Lee, une étincelle morne qui semblait la fatiguer plus qu'autre chose. Un brin de stress qu'elle n'aurait jamais affiché quelques années auparavant. Casey n'était pas assez stupide pour attribuer ses fautes à l'âge adulte ou au travail. La pression constante qui s'exerçait entre eux l'étouffait bien assez pour qu'il appréhende sans se leurrer cet air qu'avait son épouse de marcher sur des oeufs à chaque fois qu'elle lui adressait la parole. Logiquement anxieuse, Emily l'assaillit de questions. Qu’est-ce qu’il se passe ? Tout va bien ? Il pressa une dernière fois la brûlure contre son palais, espérant réduire la peine -ça ne fonctionna pas le moins du monde. Qu’est-ce que tu faisais ? C’est quoi, cette odeur ? Libérant finalement ses lèvres, Casey tenta de camoufler son air pataud avec un sourire tordu. C'est rien, je. Erm. Il jeta un coup d'oeil à la table aux couverts qui n'étaient pas posés assez droit, à la seule bougie qu'il était parvenu à allumer, avant de laisser s'échapper un petit soupir. J'essayais de préparer le dîner. Il enfouit sa main dans sa poche, décidé à souffrir en silence pour épargner sa virilité, lorsque l'odeur de mauvaise augure s'échappant du four vint se rappeler à ses narines. Casey se précipita en dérapant à moitié sur un coin de tapis vers la cuisine, lançant en arrière MAIS T'EN FAIS PAS. Hum. Assieds-toi. Repose-toi. Il eut cette fois la sage précaution d'enfiler les gants rembourrés avant d'ouvrir la porte du fourneau, et la fumée grisâtre qui s'en échappa lui piqua aussitôt les yeux. Il étouffa quelques toussotements discrets et extirpa tant bien que mal le plat d'entre les grilles avec une grimace d'effort. Bon sang, ce bordel pesait une tonne, plus encore chargé d'un rôti. Examinant son oeuvre, il tâtonna une pomme de terre du bout d'une fourchette. Une croûte cendrée s'était formée sur celles-ci, rendant l'accompagnement peu appétissant. La viande, au moins, avait le mérite de sembler cuite comme il fallait. Un peu hésitant quant à l'attitude à adopter pour la suite, il jeta un coup d'oeil circulaire à la petite cuisine. Les emballages traînaient ça et là, et le livre de recettes qu'il avait désespérément feuilleté à la recherche de conseils de cuisson gisait encore sur un plan de travail. Il s'empressa de remettre un peu d'ordre dans un boucan qui allait sans le moindre doute ajouter à l'inquiétude de Lee. Aussi lança-t-il rapidement par la porte Ta- il s'interrompit dans son élan pour marmonner arrhfg foutus gants de- avant de parvenir à les retirer, puis continua. Ta journée s'est bien passée ? Apprêter un plat était décidément bien compliqué. Il laissa échapper quelques grognements en bataillant contre la sauce accrochée au fond du récipient, ignorant tant bien que mal la cloque qui se formait peu à peu sur son pouce droit et maudissant intérieurement son foutu optimisme. Qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête... Apprendrait-il jamais à viser ce qui était dans ses cordes ? Quelque chose comme des pâtes au gruyère ?
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Sujet: Re: nothing left to say —mr&mrs kennington #122 Jeu 31 Jan 2013 - 22:28
nothing left to say.
Casey enleva finalement son pouce de sa bouche et la jeune femme tenta en vain de cerner le problème. Quelque chose ne tournait pas rond, c'était certain. Mais quoi ? Une chose était certaine : plus les secondes passaient, plus son stress montait et plus elle appréhendait ses réponses. « C'est rien, je. Erm. » Il s'interrompit soudainement et Lee suivit son regard, remarquant pour la première fois de la soirée la table qu'il avait maladroitement dressée. Comment avait-elle pu passer à côté d'une chose pareille ? « J'essayais de préparer le dîner. » Toute l'appréhension d'Emily s'envola et un sourire illumina son visage. L'attention était adorable et même si ce dîner ne semblait tourner comme il le voulait, elle était touchée par le simple fait qu'il y ait pensé. Elle n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit que Casey se précipita dans la cuisine en ajoutant qu'elle n'avait qu'à s'asseoir et se reposer. Était-elle en train de rêver ou son mari faisait-il vraiment des efforts pour tenter d'apaiser les tensions ? Préférant rester debout malgré tout pour pouvoir lui prêter main forte en cas de souci, Emily resta plantée dans le salon à l'affût du moindre bruit suspect. Ce qui ne tarda pas à arriver : toussotements, bruits de vaisselle qui s'entrechoque, grommellements... Il était visiblement bien moins doué qu'elle en cuisine. « Ta - » Elle l'entendit marmonner sans prendre la peine de terminer sa phrase et son inquiétude reprit le dessus. Elle n'avait pas envie qu'il se fasse mal à cause d'elle, juste parce qu'il avait voulu lui préparer le dîner. Une cuisine, c'était rempli d'ustensiles qui pouvaient s'avérer extrêmement dangereux quand on n'avait pas l'habitude de les utiliser... Et voilà qu'elle imaginait déjà son mari gisant dans une mare de sang après s'être accidentellement blessé avec un couteau aiguisé, ou brûler au troisième degré à cause du four qui faisait parfois des siennes. Elle se rendit sans plus tarder dans la cuisine, ignorant sa question sans même s'en rendre compte. Son principal défaut était certainement cette capacité hors du commun à s'angoisser pour tout ce qui n'en valait pas la peine. « Ça va, tu t'en sors ? », demanda-t-elle en souriant un peu, contente de voir qu'il était toujours en vie. Elle avait toujours un peu de mal à baisser sa garde. Elle restait toujours sur la défensive, prête à encaisser les changements d'humeur de Casey - qui étaient assez fréquents. Elle remarqua bien évidemment le désordre qui régnait dans la cuisine mais ne fit aucun commentaire. Elle n'allait quand même pas lui reprocher d'avoir voulu lui faire une surprise, si ? L'observant faire avec attention, la jeune serveuse remarqua qu'une cloque commençait à se former sur le pouce de son mari. C'était donc ça, tous ces mystères autour de son pouce ? « Casey, ta main ! », s'exclama-t-elle d'un air horrifié. Elle attendit qu'il pose le plat qu'il tenait pour lui attraper délicatement la main et examiner sa blessure de guerre de plus près. Bizarrement, elle se sentait un peu gênée. Elle n'avait plus vraiment l'habitude de lui prendre la main ou de se montrer si proche de lui. Elle croisa le regard de son mari et se pinça légèrement les lèvres. « Comment tu t'es fait ça ? C'est à cause du four, hein ? Tu as mal ? Tu as passé ton doigt sous l'eau froide, au moins ? » Comme à son habitude, elle parlait beaucoup trop pour masquer son embarras. Il fallait vraiment qu'elle fasse quelque chose pour calmer ses angoisses ou elle finirait pas avoir un ulcère. « Fais-moi penser que je te donne des cours de cuisine, pour éviter que ça se reproduise », plaisanta-t-elle finalement pour essayer détendre l'atmosphère.
Sujet: Re: nothing left to say —mr&mrs kennington #122 Ven 1 Fév 2013 - 0:18
My whole world is caving in but I fell you now more than I did then ; how can I come to the end of me and somehow still have all I need ?
Lorsque Lee apparut à ses côtés et put finalement être témoin du désordre qu'il avait inconsciemment semé ça et là, Casey ne put empêcher ses joues de se teinter d'un léger rougissement honteux. Elle semblait toujours au point, ponctuelle, ordonnée, donnait cette impression que toute épreuve -même la préparation d'un rôti- pouvait se traverser avec la facilité d'une partition bien réglée. Tout le contraire des catastrophes qu'il enchaînait. Occupé qu'il était à transférer convenablement le repas dans un plat de service, il ne répondit qu'un oui, oui. distrait à son épouse qui lui demandait s'il parvenait à s'en sortir. Juste avant qu'elle n'aperçoive la brûlure bien formée sur son pouce en une boursouflure rougeâtre. À peine sa main libre, elle s'en empara pour l'inspecter. Un éclair de panique improbable traversa les yeux de Casey à ce contact vif et à ces questions anxieuses, qui lui électrifiaient soudain les neurones. Il retira sa main de celles de Lee dans un réflexe brusque. Puis il y eut un instant de flottement. En était-il déjà arrivé à agir comme un animal sauvage apeuré envers sa propre femme ? La surprise n'expliquait pas tout. L'incompréhension ne tarderait pas à pointer le bout de son nez. Confus, il laissa ses doigts en suspens, n'osant pas vraiment renouer le contact, ne voulant pas plus reculer pour autant. Désolé... Parfois, il aurait voulu lui dire, à Emily. Désolé d'agir en parfait crétin. Désolé d'avoir transformé notre belle histoire en un inextricable purin. Désolé d'être égoïste, et jaloux, et con au point de t'enfermer dans un quotidien aussi dénué d'intérêt. Désolé de ne plus te mériter. Et souvent, il doutait que ç'ait jamais été le cas. Mais tout se condensait en une grosse boule dans son gosier et les mots attendus ne sortaient pas, comme bloqués à la commissure de ses lèvres. Finalement, il se décida à poser une paume sur l'épaule de Lee, cherchant un semblant de pardon au fond de son regard. Quelque chose qui expliquerait son entêtement à bien vouloir le supporter encore un peu. J'ai été un peu imprudent avec le four, ouais. Mais ça va, c'est passé, ça fait presque plus mal.Et ça ne sera jamais aussi douloureux que ce qu'il y a d'éteint dans tes yeux. Il tenta un rictus qui se voulait rassurant. Fais-moi penser que je te donne des cours de cuisine, pour éviter que ça se reproduise. Le sourire de Casey s'élargit franchement. L'épaule de Lee chauffait sous ses doigts dans un frôlement qu'il ne connaissait plus. Un peu gauchement, il laissa glisser sa main jusqu'à celle de son épouse... Et s'empressa bien vite de camoufler l'un des rares gestes d'affection qu'ils avaient pu partager depuis un long moment sous des mots anodins. C'est pas gagné, tu vas avoir du boulot.
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Sujet: Re: nothing left to say —mr&mrs kennington #122 Ven 1 Fév 2013 - 10:23
nothing left to say.
La brutalité avec laquelle il avait enlevé sa main désarçonna un peu Emily. L’espace d’un instant, elle crut lui avoir fait mal. Elle avait pris toutes les précautions du monde pour ne pas effleurer sa blessure mais avec la précipitation, il n'était pas impossible qu'elle ait touché sa brûlure par inadvertance. Elle était prête à s'excuser lorsqu'elle croisa son regard. Elle comprit immédiatement que ce n’était pas ça, qu'elle n'avait pas fait de faux pas et qu'il l'avait repoussée sans raison. Son cœur se compressa malgré elle et elle baissa les yeux, se sentant honteuse. « Désolé... » Elle secoua légèrement la tête, comme pour lui montrer que ce n’était pas grave. « Non, c’est moi… Je n’aurais pas dû, désolée. » Elle observa Casey pendant quelques secondes, cherchant à savoir ce qui lui passait par la tête. Elle se demandait souvent s’il regrettait de l’avoir épousée. S’il avait jamais été heureux avec elle, s’il lui arrivait de vouloir retourner en arrière pour oublier ce mariage chaotique… Elle était certaine que c’était le cas. Sinon, pourquoi aurait-il enlevé sa main aussi rapidement quand elle l’avait touché ? Si ça se trouve, elle le dégoûtait et le simple fait de poser ses yeux sur elle lui donnait la nausée. Ceci expliquerait bien des choses : le fait qu’il soit froid et distant, qu’il s’emporte souvent sans raison apparente, qu’il n’apprécie pas plus que cela les contacts physiques… Puis, soudainement, elle sentit la main de son mari se poser sur son épaule et frissonna malgré elle. Elle ne savait plus quoi penser mais cette marque d’affection inattendue donnait un moment de répit bien mérité à son esprit qui n’en pouvait plus de se torturer constamment. « J'ai été un peu imprudent avec le four, ouais. Mais ça va, c'est passé, ça fait presque plus mal.» Elle se contenta d’hocher la tête, incapable de répondre quoi que ce soit. L’atmosphère s’était soudainement alourdie et elle avait l’impression d’étouffer. Elle tenta une ultime réplique pour détendre l’ambiance, ce qui semblait plutôt bien marcher si on en jugeait par le sourire de son époux. Il descendit sa main vers la sienne et Emily se figea. Elle n’était décidément plus habituée à ce genre d’initiatives… Lui non plus, visiblement, plus qu’il s‘emprassa de prendre la parole pour camoufler tout cela. « C'est pas gagné, tu vas avoir du boulot. » La jeune femme esquissa un petit sourire, ne parvenant pas à décompresser complètement. « C’est pas grave, je suis persévérante. » Cette phrase avait bien évidemment un double sens. Elle ne voulait pas seulement dire qu’elle serait prête à lui donner des cours de cuisine sans baisser les bras, mais aussi qu’elle ne voulait pas laisser leur couple sombrer. Elle refusait d’abandonner au premier problème et même si la crise qu’ils traversaient était sérieuse, elle comptait bien continuer ses efforts jusqu’à ce que tout s’arranger. Même s’il lui arrivait parfois de douter que les choses puissent redevenir comme avant… Mal à l’aise, elle lâcha finalement la main de Casey et s’approcha du fameux rôti qu’il avait essayé de préparer. « Tu t’es pas si mal débrouillé que cela, ça a l’air mangeable », s'exclama-t-elle d’un ton léger pour éviter qu'un silence ne s'installe. Elle s'en voulait d'être aussi gênée alors qu'il faisait un pas vers elle, mais elle n'y pouvait rien. « C'est gentil d'avoir préparé le dîner », dit-elle en levant les yeux vers lui.
Sujet: Re: nothing left to say —mr&mrs kennington #122 Mar 26 Fév 2013 - 23:11
I'm a fight with myself 'till I'm bleeding ; just a taste of your skin starts the healing ; anyone from my past get your ammo.
Les doigts de Lee glissèrent d'entre les siens avec une fluidité qui n'en était pas moins douloureuse. Casey eut un mouvement d'hésitation, avança à nouveau la main, avant de se rabrouer intérieurement, à contre-coeur. Crétin. Mâchoire contractée, il ne parvenait pas à se débarrasser du froncement vilan que lui faisaient ses sourcils au beau milieu du front. Une frustration constante, une sourde colère faisaient leur nid au creux de son estomac en multiples insultes dirigées contre lui-même. C'est gentil d'avoir préparé le dîner. Il n'eut qu'à laisser tomber son regard pour croiser celui d'Emily. Instantanément, les muscles tordant son rictus stressé se décrispèrent. Ces yeux même qui, quelques années plus tôt, l'avaient percé en plein plexus, soufflé sur ses gambettes à la simple force de leurs reflets noisettes. Sur le coup, il n'avait pu que maudire Adrien et ses plans d'agence matrimoniale à deux balles, persuadé qu'une nana de cet acabit ne lui accorderait même pas un second regard. Il s'était drôlement gourré. Ces yeux qui, maintenant qu'ils étaient censés vivre à deux leur happy ending forever after, ne lui lançaient plus que prières de réconciliation ou craintes d'explosions. Casey n'était pas un abruti. Du moins pas un abruti naïf aux espoirs délurés. Il avait conscience de ses plus gros défauts, restait à leur faire face. Il savait bien qu'un effort noyé dans une mer de bourdes et d'incompréhension était perdu d'avance, tant qu'il ne jouait pas la carte de la persistence. Mais s'il était prêt à tenter de se faire pardonner de temps à autre, il ne l'était pas encore à abandonner sa métamorphose et ses frasques. Il avait encore tellement à vivre et à expérimenter de son adolescence trop sage, trop ratée, que les complexes et le caractère de chien dont il se trouvait affublé en retour semblaient une maigre compensation. Un sacrifice qu'il n'aurait jamais pu prédire et qui s'acharnait en dommages collatéraux sur un mariage qui en devenait malheureux. Il ne savait pas trop ce qui le tenait éveillé sous les draps, quel reproche intérieur était le plus douloureux. S'être enfermé trop tôt dans une institution qu'il regrettait, ou avoir embarqué Emily dans ses déboires ? Ç'aurait été tellement plus simple s'il n'y avait pas ce pincement dans sa poitrine. Si ce n'était pas Lee. S'il n'était pas fou amoureux.
On n'a plus qu'à vérifier si c'est vraiment mangeable... Découvrant les incisives dans un sourire maladroit, Mr. Kennington s'empara du rôti plus-ou-moins-cuit et invita son épouse à migrer vers la table d'un mouvement de tête. Avant de s'autoriser une seconde de silence, le regard perdu dans la sauce de viande brunâtre tapissant le fond du plat, se surprenant à espérer. Qu'ils pouvaient avoir un instant de répit, ne serait-ce que pour une soirée. Qu'il parviendrait à poser ses pensées et ses folies le temps d'un dîner en tête à tête. Qu'Emily pourrait le supporter encore un peu plus longtemps.
Une dernière injure intérieure, et il inspira un grand coup.
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Sujet: Re: nothing left to say —mr&mrs kennington #122