and then there was her (aisling)

Aisling essaya de rire, mais elle se crispa alors qu'une contraction arrivait. Pourquoi est-ce que rien ne pouvait la détendre ?

-Peut-être que ça coûte cher !

En réalité, elle n'en avait aucune idée. Non, sûrement que ceux qui étaient électriques coûtaient chers, mais ceux-là... c'était juste une chaise à roue. Peut-être qu'Isaiah pouvait même en fabriquer une lui-même. Aisling prit un air pensif, mais serra les dents, alors qu'il lui demandait si elle voulait un "monte escalier". Le système faisait plutôt rêver.

-Et bien, ça pourrait être pratique ! J'ai juste peur que ce soit un peu lent... Mais les fauteuils roulants c'est mieux parce qu'on pourrait faire la course !

C'est vrai qu'on pourrait voir une vraie utilité à monter les escaliers sans effort, ce serait bien plus pratique avec le bébé. Peut-être qu'elle s'inventait des bonnes raisons, peut-être.

Mais les idées loufoques e amusantes n'arrivaient pas à masquer complètement l'inquiétude de la jeune femme à cet instant. Elle regarda Isaiah venir s'accroupir prés d'elle et elle hocha la tête de bas en mot. Elle posa ses mains sur celle d'Isaiah, jouant nerveusement avec ses doigts. Il finit par embrasser ses doigts, touchant doucement son ventre. Elle avait tellement besoin de lui. Il était tellement toujours... fiable. Solide. Bienveillant.

-Je... Je n'ai jamais imaginé être mère avant de l'être. C'est... compliqué.

Et son amoureux le savait parfaitement bien ça. Elle n'avait pas de doute sur lui, mais ce n'était pas pour cela qu'il ne doutait pas de lui-même. Mais sa position à lui devait être autrement plus compliqué, non ? Parce qu'il doutait de lui-même comme beaucoup d'être humains... et il devait douter d'elle aussi, à juste titre.

A sa question, Aisling secoua doucement la tête de droite à gauche. Il posait la question avec prudence. Probablement parce qu'il savait que la blonde se serait offusquée de toute erreur scientifique dite avec aplomb.

-Non ce n'est pas un mythe... C'est vrai que ça devrait être plus facile mais... Je ne sais pas, la première fois c'était plutôt atypique.

Elle ne serait pas contre un accouchement à peu prés normal cette fois-ci. D'ailleurs, une sage-femme vint finalement les voir. Elle vérifia l'ouverture du col d'Aisling et les mena vers une salle d'accouchement, leur disant qu'il n'était pas encore tout à fait le temps de pousser mais que ça risquait d'être le cas d'un moment un autre. Aisling priait silencieusement pour qu'elles ne soient pas quinze à accoucher en même temps et qu'un médecin soit disponible.

Au moins, ils arrivaient à plaisanter et à rire malgré le sérieux de la situation. Certes, c’était un moment heureux, mais c’était aussi un moment de grand stress et aussi de douleur pour Aisling. Douleur qu’Isaiah ne pouvait malheureusement pas prendre sur lui pour amoindrir ce que ressentait la blonde. De toute façon, il la savait assez forte pour affronter les heures à venir, là-dessus il ne se faisait aucun souci, mais ce n’était quand même pas juste que toute la souffrance ne repose que sur elle. Dans tout ce processus, les hommes avaient le beau rôle, il s’en rendait pleinement compte maintenant qu’il était à la place du futur papa. Alors, s’il pouvait mettre un peu d’humour dans l’attente, il s’en donnerait à cœur joie. « Ce n’est pas mon champ d’expertise … Mais je doute que ça se revende très cher sur le … le … comment ça s’appelle ? Le marketplace ? » Il évoluait, Isaiah, dans sa connaissance des réseaux sociaux et des outils disponibles sur le web ! En même temps, après dix années de sédentarité, à fréquenter les mêmes personnes et à discuter de ce genre de choses, inévitablement … il était un peu moins dans le néant. Il proposa alors à la blonde de lui installer les systèmes de remonte-escalier, même si clairement jamais il n’installerait un tel outil de paresse, à moins d’en avoir réellement besoin. « Ouais mais la course dans les escaliers ça me semble être une belle recette pour une mort tragique. T’imagines la une dans le journal de Bowen … » Dit-il avec un sourire aux lèvres. Cette discussion était complètement loufoque mais ça leur faisait du bien, à tous les deux, même si ce n’était qu’éphémère. Isaiah s’agenouilla aux côtés d’Aisling quand l’inquiétude les regagna bien vite. Il parla de son appréhension de la paternité, lui qui s’était toujours dit qu’il ne ferait pas les mêmes erreurs que ses parents, il espérait juste que cette promesse serait aussi facile à tenir que ce qu’il croyait. « En même temps, ça t’est tombé dessus sans trop prévenir. Et pourtant regarde-toi aujourd’hui. Ça n’a peut-être pas été facile au début, mais aujourd’hui, t’es … t’es une mère formidable, Ais’. Tu le seras pour Harper aussi. De mon côté, j’ai eu le temps de me préparer, j’ai moins d’excuses … » Il esquissa un sourire. Il n’avait pas besoin d’excuse. Personne n’en avait besoin. Personne ne naissait parfaitement père ou parfaitement mère. Ça s’apprenait. Et pour certains, c’était plus difficile, et il n’y avait pas de honte à avoir. Chaque être humain n’était pas parfaitement tricoté pour la parentalité. « Cette fois, t’as été suivie, tout est normal, alors …. Y’a pas de raison que ce soit un second accouchement atypique. T’as assez donné de ce côté. » Un sourire rassurant plus tard, Isaiah releva les yeux vers la sage-femme qui vint les voir et les guida vers une salle d’accouchement. « Veux-tu rester assise ou t’allonger tout de suite ? » Demanda Isaiah, ne sachant pas ce qui était le mieux – et voulant de toute façon qu’elle décide elle-même de ce qui était confortable ou pas.

Aisling éclata de rire en entendant le mot "marketplace" prononcé par Isaiah. Non pas que le mot était incorrect, mais elle ne s'attendait pas à l'entendre sortie de sa bouche un jour. C'était presque comme s'il prononçait un mot dans une langue étrangère.

-Mon Dieu, mais qu'avez-vous fait d'Isaiah ? Etes-vous un extraterrestre qui a pris son enveloppe corporelle ?

La blonde fit la moue alors que son petit ami désapprouvait la course dans les escaliers. Certes, personne n'avait envie de faire ce genre de une. Et puis, Aisling avait déjà eu le droit à une tragique chute dans les escaliers. Aisling doutait, mais Isaiah doutait sûrement tout autant.

Elle se mordit les lèvres alors qu'il l'encourageait comme il le faisait toujours. Elle hochait doucement la tête, serrant sa main dans la sienne. Elle l'espérait. Elle l'espérait vraiment.

-Je crois qu'on ne peut jamais vraiment se préparer avant... avant que ça n'arrive vraiment.

Ils avaient peut-être lu plein de bouquins, appris plein de concepts, mais est-ce qu'ils étaient prêts à les appliquer ? Personne ne pouvait le savoir avant d'avoir essayé.
Elle hocha de nouveau la tête alors qu'il la rassurait sur l'accouchement à venir. Il n'y avait aucune raison... Elle avait envie de dire qu'il n'y avait pas forcément besoin de raison pour que les choses se passent mal.

-C'est vrai que j'ai donné mais bon, je ne suis pas sûre que le karma me demande vraiment mon avis...

Ou une quelconque autre force supérieure. Ils furent finalement emmené en salle d'accouchement, signe qu'elle était plutôt en bonne voie. Une fois arrivés, elle reprit la main d'Isaiah dans la sienne. Elle regarda autour d'elle. Que devait-elle faire ? Elle n'en était pas sûre...

-Je crois que je vais rester assise encore un peu, je vais attendre qu'une sage femme me dise que c'est imminent pour me coucher.

Elle avisa la table avec les étrier, resserrant légèrement sa main.

-Ca n'a pas l'air très confortable alors si je peux éviter encore un peu...

La respiration d'Aisling se faisait, à mesure que les minutes passaient, plus haletante. Les contractions se rapprochaient, c'était indéniable. Finalement, un gynécologue vint les voir pour une première auscultation, vérification du col, et demanda à la blonde de se mettre sur le lit avant de repartir. Elle leva ses yeux clairs vers son amoureux.

-Tu peux m'aider à monter ? Ca fait de plus en plus mal...

Isaiah éclata à son tour de rire en entendant Aisling répliquer qu’il ne pouvait être Isaiah, qu’il avait certainement été pris d’assaut par un extraterrestre. La tête lancée vers l’arrière, il continua de rire un moment, avant de reporter son regard sur sa petite amie. « Quoi ? Je suis déjà démasqué ? Mais … comment ? J’ai tant essayé d’avoir l’air humain ! » Et comme la plupart des gens savaient ce qu’était Facebook et son lieu de vente et d’achat, forcément … ! Mais Isaiah avait longtemps été bien loin de la plupart des gens, en tenant absolument à être loin des réseaux sociaux et de toute forme de technologie. Avec le temps, et surtout avec la sédentarité, c’était devenu un certain besoin, même s’il avait encore bien du mal à l’admettre. Il devait reconnaître qu’en dépit de tous les points négatifs de ces engins, il pouvait en ressortir quelques utilités. Isaiah hocha la tête quand Aisling le relança, disant qu’on ne pouvait jamais vraiment se préparer avant que ça n’arrive. « T’essaies de me décourager, c’est ça ? » Puisqu’il venait de dire que lui avait eu le temps de se préparer, contrairement à la blonde à son premier bébé. Il sourit. « T’as tellement fait de belles choses dans les dernières années, avec Sio, avec tes recherches, entre autres. Si le karma a quelque chose à voir là-dedans, alors j’peux juste être optimiste. » Aisling continuait à se voir d’un œil bien négatif mais hormis être franche, directe, et parfois un peu froissable lors de mauvaises journées – uhuh -, elle n’avait rien d’une personne malveillante. Le karma ne pouvait que la récompenser. Isaiah se releva finalement, ses genoux de début trentaine craquant dans le mouvement, pour suivre la sage-femme jusqu’à la chambre d’accouchement de la blonde. « C’est plutôt rare que t’attendes qu’on te dise quoi faire. » Dit-il en souriant, doucement amusé. Quand elle ajouta que ça avait l’air plutôt inconfortable, ces étriers, Isaiah hocha d’un coup la tête. « Aaah, je comprends mieux. C’est vrai que ça n’a pas l’air très confo. » Il aurait aimé tester, mais ce n’était pas trop le moment de faire le clown. De toute façon, la gynécologue arriva rapidement après. Elle vérifia l’ouverture du col et avant de quitter, intima à Aisling de s’allonger sur le lit. « Oui bien sûr. Tu peux rester habillée comme ça tu crois ou faut absolument te mettre en jaquette ? On devrait tout fait d’un coup s’il faut … » Après tout, après son bain, elle avait enfilé une robe et pour Isaiah c’était la même chose que la chemisette, mais sait-on jamais.

Ces moments de rire avant un moment crucial dans leur vie à tous les deux faisaient du bien. C'étaient des moments où ils ne stressaient pas trop. Moins. Et des moments où ils se reconnectaient tous les deux. Elle lui sourit de nouveau, secouant la tête de droite à gauche.

-Mais non je ne te décourage pas.

Aisling eut un petit sourire, un peu timide, touchée, alors qu'il retournait le karma en sa faveur. Peut-être que ces dernières années elle s'était rattrapée, mais elle... Auparavant, il y avait plein de mauvaises choses qu'elle avait faite. Des gens qu'elle avait blessé.

-J'espère que tu as raison.

La blonde ne savait pas vraiment quoi faire. C'était peut être son deuxième accouchement mais le premier n'était pas passé par la case hôpital. Alors, oui, elle attendait les directives. Elle était stressée. Et si Isaiah continuait de le souligner, peut-être qu'elle deviendrait ronchonne.

-C'est rare que je sois dans ce genre de situation...

De devoir s'en remettre aux autres. Déjà qu'elle détestait aller à l'hôpital...
La gynécologue vint l'examiner puis reparti. Aux mots d'Isaiah elle opina doucement de la tête.

-Oui je pense que je vais mettre un truc d'hôpital, sinon j'ai peur que ma robe soit bonne à jeter.

Elle finit donc pas se lever du fauteuil roulant, aidée d'Isaiah, et se changea. Lentement, précautionneusement. Puis elle finit par monter sur le lit, demandant à Isaiah de l'aider à mettre ses pieds dans ce qui ressemblait à une machine de torture.

-Ca va bien se passer pas vrai ?

Elle prenait la main d'isaiah alors que la médecin arrivait de nouveau. Une machine avait été apporté également. C'était un respirateur au cas où. Au cas où elle commençait à avoir de la difficulté à cause de ses poumons. Mais ça n'arriverait pas, parce qu'Isaiah était là, parce qu'il l'encourageait, quoi qu'il arrive.

Il fallut une quarantaine de minutes pour que l'enfant voit finalement le jour. Aisling avait poussé de son mieux, comme dans les cours de préparation à l'accouchement. Et Isaiah n'avait jamais lâché sa main. Elle avait eu peur, mais finalement, les choses s'était bien déroulées. Le petit être fut posé contre elle et elle le prit dans ses bras, un peu désarmée. Si elle le serrait trop fort, elle risquait de lui faire mal. Mais sinon, le bébé risquait de glisser. Elle sentit les larmes couler le long de ses joues alors qu'elle levait les vers Isaiah.

-Bébé... bébé est là.

Si Aisling avait blessé des gens au point que le karma s’en prenne à elle, c’était avant qu’ils ne se rencontrent, et comme ils s’étaient rencontrés en 2015, il y avait de cela plus de six ans maintenant, Isaiah se doutait qu’il y avait prescription. Personne n’est parfait en ce monde, lui le premier avait blessé des gens autour de lui, ses parents les premiers, mais il avait compensé en tentant de faire le bien autour de lui dès qu’il le pouvait. Aisling aussi aidait à rendre ce monde meilleur, à sa manière. Elle ne le voyait juste pas assez bien. « Je n’ai pas toujours raison, mais là-dessus, je suis plutôt confiant. » Il sourit. Il n’était pas du genre à penser qu’il détenait la vérité absolue, loin de là, Isaiah se remettait souvent en question et il considérait que c’était sain de le faire. De temps en temps toutefois, il avait quand même des convictions assez fortes, comme celle-là : la conviction qu’Aisling était une belle âme, un être bon.

Ils se rendirent à la salle d’accouchement où Aisling préféra demeurer assise, en attendant qu’on lui dise de s’allonger. Cela fit sourire Isaiah qui n’avait pas l’habitude de la voir attendre des directives, mais elle avait raison, il était rare qu’elle se trouve dans ce genre de situation. « Vrai. » Répondit simplement l’homme, acquiesçant totalement à la réflexion de sa petite amie. Une fois la gynécologue repartie après son rapide passage, ils commencèrent à se préparer au moment tant attendu. « Ok. J’imagine que ça, c’est pour toi. » Lâcha-t-il en se dirigeant vers la chemisette d’hôpital bien pliée au bout du lit. Il aida la blonde à se changer, lentement mais sûrement. Elle s’allongea sur le lit et Isaiah positionna ses pieds dans les étriers, les caressant doucement, quelques secondes à peine, avant de retourner aux côtés de la blonde. « Oui, ça va bien se passer. » Et il espéra, là-dessus, avoir raison sur toute la ligne, du début jusqu’à la fin. Il attrapa la main d’Aisling et la caressa doucement, essayant de cacher ses légers tremblements d’anticipation, de nervosité, surtout en voyant le respirateur positionné à côté de la jeune femme. Il avait presque oublié, dans l’excitation, que le problème pulmonaire d’Aisling pourrait engendrer des complications.

Heureusement, quarante minutes plus tard, quarante minutes d’encouragements, de baiser sur le front mouillé d’efforts de la blonde, quarante minutes qui furent à la fois si rapides et si longues, Harper vit le jour. Elle était dans les bras de sa maman, et papa n’était pas bien loin, la tête penchée au-dessus d’elle, la joue collée contre le front de la blonde. « Elle est magnifique. » Lâcha-t-il avec émotion dans la voix autant que dans les yeux. « Vous êtes toutes les deux magnifiques. » Il aurait voulu fermer les yeux pour tout prendre de ce moment, pour tout verser dans ses souvenirs, mais il ne pouvait détacher son regard de sa nouvelle famille.

Isaiah resta prés d'elle du début à la fin. Il l'encouragea, garda sa main dans la sienne alors même que parfois Aisling la serrait fort sous l'effort. Heureusement que la péridurale avait plutôt bien fait effet, sinon qui sait dans quel état on aurait retrouvé Aisling ? Chacun sait qu'elle aurait pu être infecte. Et certains diraient même qu'elle l'était tout le temps. Heureusement ce ne fut pas le cas, et Harper vit le jour, en un seul morceau, sans complication, sans danger. La blonde était une scientifique, mais elle qui avait un mauvais rapport à son corps à cause de ses poumons, le trouvait aujourd'hui merveilleux.

Sa toute petite fille était dans ses bras, et Isaiah tout prés d'elle. Elle leva le regard vers lui. Il avait des étoiles dans les yeux. Aisling sourit, elle avait légèrement appréhendé qu'il regrette finalement à cause du début de sa grossesse. Heureusement, ce n'était pas le cas. Il était vraiment heureux. Elle caressa, du bout des doigts la joue de son bébé. Elle était si petite. Siobhan était-elle si petite elle aussi ? Elle ne s'en souvenait pas.

-Est-ce que tu veux la prendre ?

Elle lui sourit tendrement. Elle n'avait pas spécialement envie de la lâcher, mais elle ne pouvait ignorer la joie d'Isaiah.

-Tu crois qu'elle gardera ses yeux bleus ?

Isaiah avait été prêt à tout, il n’avait aucune attente par rapport aux réactions d’Aisling c’est-à-dire qu’il s’attendait à à peu près tout de sa part. Dans un moment d’immense douleur comme un accouchement, il aurait été plus que justifié qu’elle ressorte son côté plus irritable, plus colérique, qu’elle déverse sa hargne sur le personnel hospitalier ainsi que sur son petit ami. Il n’en avait rien été. Elle avait écouté à la lettre les conseils et les ordres du gynécologue, elle avait poussé quand il fallait pousser, elle avait retenu et respiré quand il fallait retenir et respirer. Elle avait été merveilleuse, et si Isaiah avait toujours été impressionné de ce que la blonde entreprenait, à partir d’aujourd’hui il serait éternellement en admiration, et reconnaissant. Il avait peut-être assisté, de loin, à son premier accouchement. Mais ça n’avait rien à voir avec ce qui s’était passé dans la dernière heure. Et surtout, cette fois, c’était son enfant à lui aussi. Sa petite Harper. Sa petite Harper qui était désormais collée contre la peau de sa maman, juste en-dessous de leurs visages émerveillés par ce petit être. « Oh, oui, oui j’aimerais beaucoup. » De gestes prudents et lents, parce qu’elle était actuellement si fragile et précieuse, Aisling transféra le bébé dans les bras du papa, qui s’assit sur la chaise qu’une infirmière lui tira. Il remercia la dame avant de reporter son regard sur sa fille. Sa fille. Son cœur allait exploser de joie à force de se répéter ça. Son sourire ne quittait pas son visage. « J’espère. Ils sont magnifiques comme les tiens. J’espère que ma génétique ne sera pas venue gâcher la sienne. » Il sourit. Il contempla Harper pendant quelques minutes encore, avant de relever les yeux vers Aisling. « Comment tu te sens ? » Demanda-t-il doucement.

Aisling sourit, tendant leur fille à Isaiah avec plaisir. Il avait l'air si heureux. Le bonheur dans ses yeux la réconfortait dans la direction qu'avait prit leur vie. Ils n'auraient jamais imaginé ça quelques années plus tôt. Elle qui ne voulait ni relation stable, ni enfants, avait l'impression que tout avait changé avec Isaiah. Non pas parce qu'elle était destinée à avoir une famille, mais parce qu'elle en voulait une avec lui.
La blonde avait reposé sa tête sur son oreiller alors que son petit ami s'asseyait sur une chaise et n'avait d'yeux que pour leurs filles.

-Ne dis pas de bêtises...

Elle sourit et se redressa pour venir déposer un baiser sur la joue d'Isaiah.

-Moi j'aime beaucoup tes yeux.

Se couchant sur le côté, elle vint poser une de ses mains contre le bras d'Isaiah pour garder un contact. Cet instant était beau mais un peu perturbant aussi. Ses émotions, ses hormones, tout était en train de jouer au yo-yo en elle.

-Ca va... Je suis juste incroyablement fatiguée. On dirait que j'ai couru un marathon.

Elle semblait si loin l’époque de leur première véritable conversation, celle au zoo, celle où il ne s’agissait plus d’un simple échange de weed mais bien un échange entre deux humains qui avaient, au fond, eu soif de s’apprendre dès les premiers instants. Ça n’avait pas sauté aux yeux, aux premiers abords, ils menaient chacun leur vie et avaient leurs relations. Mais déjà à ce moment-là la conversation était si facile et si fluide. Sept ans plus tard, ils avaient bâti quelque chose de magnifique ensemble, une famille pas ordinaire mais qui leur ressemblait. Ils étaient heureux à deux, heureux à trois, maintenant heureux à quatre. Et cette petite quatrième était un bout de lui-même et ça, ça le remplissait de joie à l’heure actuelle. Il ne pouvait arrêter de sourire, en admiration face à sa fille et face à celle qui lui avait donné vie. Isaiah se contenta de sourire lorsqu’Aisling lui assura qu’elle, elle les aimait, ses yeux. Il la regarda s’allonger sur le côté, avant de lui demander comment elle se sentait. « C’est peut-être encore plus demandant qu’un marathon ce que tu viens d’accomplir. » Il n’aurait su dire, il n’avait ni accouché, ni couru de marathon dans sa vie. Courir pour aucune raison, courir vers une ligne d’arrivée, ça n’avait jamais eu beaucoup de sens pour lui. Il courait pour se rendre d’un point A à un point B, de manière pratique. Bref, là n’était pas la question. « Est-ce que tu veux dormir un peu ? J’resterai pas bien loin. » Sûrement sur cette même chaise, avec Harper dans les bras, en peau à peau peut-être, jusqu’à ce qu’on la lui reprenne.

Aisling sourit à la réponse de son amoureux, elle n'était pas sûre de vouloir réfléchir à sa remarque, parce qu'elle le ferait avec beaucoup de sérieux. Quels étaient les efforts fournis pour un marathon et pour un accouchement ? Ce qu'elle en savait, c'est qu'elle ne se sentait pas capable de sortir du lit. Mais qu'elle avait aussi un peu peur de dormir.

-Je suis fatiguée mais...

Elle les regarda, hésitante.

-Je ne veux pas me réveiller toute seule.

Quand elle ouvrirait les yeux, sans doute sa fille aura-t-elle été transporter jusqu'aux berceaux pour bébé. Cette idée l'inquiétait un peu, même si c'était dans l'ordre des choses. Elle tendit la main pour attraper un bout du T-shirt d'Isaiah.

-Reste prés de moi.

Il avait lâché cela sans trop réfléchir, Isaiah, avec lui c’était tout ou rien : soit une pensée simple, anodine et impulsive, soit une réflexion poussée, nuancée, compliquée. Là, il ne cherchait aucune analyse en retour, mais il aurait dû se douter que chez Aisling ce genre de remarque aurait pu générer une grande discussion. Mais fatiguée, elle l’était vraiment, la blonde, puisqu’elle ne releva rien. Elle répliqua simplement que bien qu’elle soit exténuée, elle ne souhaitait pas se réveiller toute seule. Isaiah esquissa un doux sourire et avança sa main droite vers celle de la jeune femme, sa main gauche demeurant dans la même position qui aidait à soutenir Harper, blottie contre lui et la tête reposant dans le creux de son bras. « J’pars pas, promis. Et si j’ai envie d’un café ou envie d’aller au petit coin je prendrai mon mal en patience, sinon, c’est sûr qu’à la première minute de mon absence, tu te réveilleras. C’est toujours comme ça. Je ne ferais pas un bon ninja qui part et qui revient, ni vu ni connu. » Déblatéra-t-il d’un coup, avant de sourire. « Harper et moi on est là. Pense à toi maintenant et dors un peu … » Ils avaient toute la vie devant eux.  

Elle attrapa sa main dans la sienne avec un sourire. C'était réconfortant de l'avoir prés d'elle. Elle n'imaginait plus vraiment sa vie autrement. Elle leva son regard bleu vers lui. Oui, qu'est-ce qu'elle ferait s'il décidait de la laisser ? Est-ce qu'elle saurait s'en sortir ? Est-ce qu'elle pourrait garder la tête haute ? Elle qu'elle pourrait un jour ressentir quelque chose d'aussi fort pour quelqu'un d'autre ? Elle n'arrivait pas à l'imaginer. Isaiah avait révolutionné sa vie, et c'est pour ça qu'aujourd'hui ils étaient ici, qu'Harper était là.

-Ne te pisse pas dessus non plus. Ni dans la chambre.

Elle esquissa un sourire, taquine, avant de remonter un peu plus haut le drap du lit. Elle finit par acquiescer d'un petit signe de tête à ses mots.

-Je t'aime.

Elle avait soufflé doucement avant de fermer les yeux. Elle avait toute confiance en Isaiah et elle savait qu'il s'occuperait bien d'Harper jusqu'à ce qu'elle se réveille. D'ailleurs, si elle voulait rester prés de sa fille, ce n'était pas parce qu'elle se pensait indispensable, mais bien parce qu'elle n'était pas sûre d'être prête à la laisser s'éloigner si vite d'elle.