« Si tu pouvais seulement savoir à quel point tu me manques et que je suis perdue sans toi... » Aidan & Savannah

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Savannah & Aidan

« Salut... Je ne suis pas trop en retard ? » dit-elle en s'installant en face de moi. Je secouai la tête : « Non, du tout. C'est moi qui suis en avance... » J'osai poser un timide regard sur le visage de Savannah, un peu moins pâle mais toujours fatigué. Je ne savais pas si je devais me sentir rassuré ou rester méfiant, malgré tout. « Tu es belle... » Je me surpris moi-même à complimenter Savannah sans raison, ce qui me mit mal à l'aise. J'avais l'impression d'enfoncer le clou sans le vouloir alors je me repris aussitôt. « Enfin, tu es toujours belle mais... Tu as meilleure mine. Mh... Ça va mieux ? » demandai-je un peu hésitant. Je savais que ma question allait l'exaspérer parce qu'après tout ce qui s'était passé, elle ne pouvait pas aller mieux en deux jours. Mais elle n'était pas obligée de me mentir. Elle pouvait se confier un peu, aussi...

Quoi qu'il en soit, l'anxiété était toujours là bien que Savannah soit postée en face de moi depuis bientôt dix minutes. En fait, elle ne se dissipait pas. Elle me tordait l'estomac. J'avais dû changer de position dans mon siège une bonne demi douzaine de fois. Les questions me tourmentaient. Je voulais dissiper tout ce mystère fait autour de cette grossesse. En fait, je souffrais de jalousie. C'était vraiment en train de me démolir parce que je ne cessai d'imaginer Savannah avec un autre type, avec qui elle avait tenter de se consoler et de qui elle était, apparemment, tombée enceinte. De toute façon, elle n'avait jamais démenti alors ma paranoïa s'en donnait à coeur joie.

Après avoir réfléchi quelques minutes dans mon coin, le regard vide fixant fébrilement un point inexistant sur la table, j'avais fini par relever les yeux. Je me raclai la gorge, sachant pertinemment que Savannah n'allait pas apprécier ma question. « Tu as besoin d'en parler ou pas ? Comme ça, je suis fixé et j'évite les maladresses. » murmurai-je, essayant de me montrer subtil. Bien entendu, je faisais référence à sa grossesse et tout ce qui l'entourait. J'avais du mal à cacher ma curiosité et ma jalousie malsaine. En plus, Savannah, elle me connaissait comme personne... Je regrettai déjà mes mots.

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« Si tu pouvais seulement savoir à quel point tu me manques et que je suis perdue sans toi... » Aidan & Savannah

Apparemment, je n'étais pas en tard. Tant mieux, je n'avais pas envie de partir du mauvais pied. Surtout que je ne savais pas vraiment comment me comporter. Je voulais être ici, avec Aidan, mais je voulais en même temps être loin, très loin. Parce que plus je le regardais, plus j'avais envie de craquer. « Tu es belle... » Mes joues se teintèrent alors de rouge. Ça faisait longtemps que je n'avais plus eu droit à un compliment et ça me touchait d'autant plus qu'il venait d'Aidan. « Enfin, tu es toujours belle mais... Tu as meilleure mine. Mh... Ça va mieux ? » Si j'avais meilleure mine, c'était que le maquillage avait fait son effet. S'il ne voyait pas mon air fatigué, tant mieux. J'esquissai un léger sourire « Merci... Je remange un peu, mais je reste assez fatiguée... » A force de pleurer tous jours, du matin au soir, ce n'était pas étonnant. Mais je n'avais pas envie d'entrer dans ces détails. Je voulais juste profiter d'un café avec Aidan.

Le serveur vint prendre notre commande et je pris un latte au caramel. J'avais souvent envie de sucré et c'était à peu près la seule chose qui passait. Je scrutais Aidan, j'avais envie qu'il parle, parce que je ne savais pas quoi dire. Le silence entre nous se faisait pesant, je sentais l'angoisse monter. Je n'aimais pas du tout cette situation, ce silence entre nous, c'était difficilement supportable...

« Tu as besoin d'en parler ou pas ? Comme ça, je suis fixé et j'évite les maladresses. » finit par me demander Aidan. Mon cœur rata un battement. Je triturai ma tasse du bout de mes doigts, sans savoir quoi répondre. Je savais bien évidemment de quoi il voulait parler, de ce bébé... Et je savais que c'était en partie pour ça que j'étais là. Mais c'était encore au-dessus de mes forces. J'aurais du ne plus être enceinte à l'heure qu'il était, et pourtant j'avais fait marche arrière. Qu'est-ce qui m'avait pris...? « Non... » murmurais-je en baissant les yeux vers ma tasse. Non, je n'avais pas envie d'en parler. Même si je sentais Aidan rempli de question qui ne demandaient qu'à sortir. Mais je n'étais pas prête pour ça. Je relevai la tête en tentant de sourire. « En fait, je crois que ce petit passage à l'hôpital m'a fait du bien, je suis obligée de me reposer » ajoutais-je, en tentant de détourner la conversation. Je préférais parler de mon état de fatigue plutôt que ce bébé qui arrivait au mauvais moment.

Aidan ne semblait se douter de rien et c'était bien comme ça. Plus je le regardais, plus je me disais que c'était sans doute la meilleure solution. Qu'il ne sache pas. Je ne comptais de toute façon pas mener cette grossesse à terme, j'avais juste besoin de faire le point avant de prendre un nouveau rendez-vous pour une IVG. Heureusement, je n'en étais qu'au début, j'avais encore quelques semaines devant moi pour me décider. Je pris une gorgée de mon latte et relevai les yeux vers Aidan, en évitant toutefois son regard direct... « Et toi, comment ça va ? »

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Savannah & Aidan

« Merci... Je remange un peu, mais je reste assez fatiguée... » Les joues de Savannah s'étaient rosies suite à mon compliment. Pour une fois que je ne la rendais pas triste, j'étais plutôt... Content. Tellement que j'avais presque négligé la réponse Savannah à ma question. « Ah euh... Oui mais c'est normal. D'ici quelques jours, ça ira mieux et si c'est pas le cas, retourne chez le médecin. Ça vaut mieux... » Elle avait vraiment l'air ravagée, ce qui me peina sincèrement.

Après cette vague conversation, un silence, pesant, rompu par l'arrivée d'un serveur. Savannah prit un latte et de mon côté, je commandai un café noir bien serré. J'avais besoin de quelque chose de fort pour me redonner de l'aplomb alors que d'habitude, je préférai les boissons moins amères. Nouveau silence. Je le brisai par une question rassemblant toutes les interrogations qui me torturaient. Je demandai à Savannah si elle avait besoin de parler de sa grossesse. Comme je m'y attendais, elle me répondit : « Non... » Je soupirai. « En fait, je crois que ce petit passage à l'hôpital m'a fait du bien, je suis obligée de me reposer » Je souris maigrement face à ce subtil changement de sujet. Après tout, elle avait été franche. Elle n'avait pas envie d'en parler. « Tu vas devenir folle au bout de deux jours... Enfin, j'espère que ça te fera du bien, malgré tout... »

Nos conversations tournaient vite à la banalité. On osait plus entamer nos vieilles conversations parce que ça aurait ravivé un passé qui n'existait plus et on peut pas dire que les événements actuels de nos vies aient vraiment leur place dans notre discussion... « Et toi, comment ça va ? » me demanda-t-elle en évitant mon regard. J'étais incapable de m'en sentir soulagé. Je soupirai. « C'est la grande forme... » mentis-je en tournant la tête. Je bus une gorgée de mon café et un nouveau silence s'installa, entrecoupé de mes soupirs. Je finis par lâcher : « Non, en fait, ça va pas. Je... Je commence à avoir des remords pour... Pour nous. D'avoir tout gâché alors que c'était si bien parti... Et, maintenant que tu es... Enfin, que tu es enceinte, y a le type qui va avec. J'ai plus ma place au milieu de tout ça... » Après avoir dit tout ça, je me sentais... Vide. En fait, quand la culpabilité, les remords,... n'étaient plus là, je n'étais plus qu'une enveloppe de chair.

Mal à l'aise, prenant conscience de ce que je venais de sortir, une pellicule de sueur recouvrit ma peau. J'ouvris ma bouche puis la refermai avant de pouvoir articuler des mots concrètement. « Je... Je suis désolé. Je sais pas ce qui m'a pris... » Je me relevai nerveusement. « Je vais prendre l'air deux minutes. » Je sortis du café sans un regard à Savannah pour aller m'installer sur la terrasse. J'y restai de nombreuses minutes. Il n'y avait personne et c'était apaisant. Personne pour me juger, pour me traiter d'égoïste. Je me plaignais de souffrir mais je ne pouvais que m'en prendre à moi-même. Savannah ne se plaignait jamais, elle.

eden

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« Si tu pouvais seulement savoir à quel point tu me manques et que je suis perdue sans toi... » Aidan & Savannah

Aller mieux, je n'étais pas prête à y arriver. Mais je faisais quand même des efforts. Je m'efforçais de sourire pour ne pas montrer la détresse qui m'habitait. Et ça me faisait du bien de partager un café en compagnie d'Aidan, comme avant. Même si rien ne serait plus jamais comme avant, mais j'avais l'espoir que les choses s'améliorent entre nous. Mais je n'avais pas envie de parler de ce bébé, même s'il semblait avoir envie d'en savoir plus. C'était normal, en tant qu'ami... Il n'imaginait sans doute pas à quel point il était concerné et j'étais décidée à ne pas trop chambouler sa vie. Pourtant, une partie de moi mourrait d'envie de lui dire... « Tu vas devenir folle au bout de deux jours... Enfin, j'espère que ça te fera du bien, malgré tout... » Devenir folle... Je l'étais déjà. Je préférais ne pas préciser que je passais toutes mes journées à pleurer et mes nuits à espérer que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve... « Ca faisait longtemps que je n'avais plus pris de vacances, donc ça me fait quand même un peu de bien... »

Un peu, c'était quand même déjà ça. Je m'inquiétai ensuite de savoir comment allait Aidan, c'était la moindre des choses. Parce que je voyais qu'il n'était pas au mieux. « C'est la grande forme... » Bien sûr qu'il me mentait, je le savais. Je le connaissais si bien. Et puis, le morceau finit par tomber. « Non, en fait, ça va pas. Je... Je commence à avoir des remords pour... Pour nous. D'avoir tout gâché alors que c'était si bien parti... Et, maintenant que tu es... Enfin, que tu es enceinte, y a le type qui va avec. J'ai plus ma place au milieu de tout ça... » Une nouvelle fois, mon cœur se serra. Aidan n'avait jamais envisagé qu'il puisse être le père de mon enfant et je ne comprenais vraiment pas pourquoi. A l'entendre, je m'étais déjà casée avec un autre et on était prêts à fonder une famille. Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Je ne lui avais pas suffisamment fait comprendre que c'était lui que je voulais. J'ouvris la bouche pour dire quelque chose mais aucun son ne sortit. Je me contentai de soupirer. « Je... Je suis désolé. Je sais pas ce qui m'a pris... Je vais prendre l'air deux minutes »

Je regardai Aidan se lever et sortir. Et moi assise là, sans rien faire, les yeux dans le vide. Je triturai la anse de ma tasse et finis par me lever à mon tour. Je ne pouvais pas laisser les choses comme ça, on était partis sur un malentendu. Et il avait le droit de savoir. Je voyais à quel point le fait que je sois enceinte lui faisait mal. Je lui devais la vérité, c'était la moindre des choses que je puisse faire. Je sortis à sa rencontre et glissai ma main dans la sienne. « Aidan... » Ma voix était rauque à cause du stress et je plantai mon regard dans le sien. Je me mordis la lèvre, prenant mon courage à deux mains. « J'avais rendez-vous à l'hôpital il y a deux jours... Pour une IVG... Mais je n'ai pas eu le courage d'aller jusqu'au bout... » Jusque là, je savais que ça ne l'aiderait pas à aller mieux. Je sentis une larme couler sur ma joue, mes vue se troubler. Je lâchai sa main. « J'ai pas pu aller jusqu'au bout parce que... » Je sentis ma voix me faire défaut. Je lâchai sa main et détournai le regard. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine « ... parce que ce bébé, c'est le tien... » finis-je par articuler dans un murmure. De nouvelles larmes se mirent à couler le long de mes jours, je tournai la tête pour regarder ailleurs. « Le seul homme dans ma vie, c'est toi... » Et je fondis carrément en larmes. Des sanglots commencèrent à sortir de mes lèvres. Là, je vivais vraiment un cauchemar et j'avais l'impression que je n'en sortirais jamais... Je craignais tellement sa réaction, j'avais peur, je n'osais même plus le regarder. Lui qui ne voulait plus de moi, je portais pourtant son enfant... Sans doute plus pour longtemps...

Voilà, j'avais enfin craché le morceau mais je ne me sentais pas mieux pour autant. Au contraire, je me sentais encore plus mal. Soulagée de ne plus devoir mentir mais encore plus angoissée maintenant...

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Savannah & Aidan

Vide. Je ne regardais rien, je n'entendais rien. Puis la voix de Savannah appelant mon prénom parvint jusqu'à mes oreilles, suivie de tous les bruits aux alentours. La circulation, les klaxons, les rires des gens,... Qu'est-ce que j'avais fait..? Je sentis sa main, chaude, se glisser dans la mienne et je me décidai à tourner la tête. J'avais l'impression de rêver. Non, de cauchemarder. Cette réalité était trop atroce pour être vraie. J'allais me réveiller. Pas vrai ? « J'avais rendez-vous à l'hôpital il y a deux jours... Pour une IVG... Mais je n'ai pas eu le courage d'aller jusqu'au bout... » Je baissai les yeux sur la main de Savannah quittant la mienne. Pourquoi elle me racontait tout ça ? Elle croyait que je lui en voulais de me cacher des choses ? Non, au point où on en était, ça n'avait plus aucune importance. « J'ai pas pu aller jusqu'au bout parce que... parce que ce bébé, c'est le tien... » Il me fallut plus de trois secondes pour percuter. J'en eus le souffle coupé. En fait, je n'avais jamais envisagé l'évidence... Depuis le soir du réveillon, j'étais convaincu que Savannah prenait la pilule. Pour moi, il était impossible que je l'aie mise enceinte. Non, c'était impossible. Si cet enfant était vraiment de moi, elle n'aurait pas osé s'en séparer sans m'en parler. Si ? Elle en était capable ?

« Le seul homme dans ma vie, c'est toi... » Et elle fondit en larmes. J'étais incapable de la prendre dans mes bras, de la serrer contre moi et de lui dire que tout irait bien. J'étais paralysé, à bout de souffle,... Je la regardai sans la voir. Je ne savais pas comment je devais prendre la nouvelle. C'était quoi l'information la plus importante ? Qu'elle soit enceinte de moi ? Qu'elle ait voulu avorter dans mon dos ? Qu'elle m'aime ? Que si elle était dans cet état, c'était de ma faute ? « Pourquoi tu ne m'as rien dit..? Tu comptais m'en parler, au moins ? Ou tu avais l'intention de me le cacher ? » J'avais dit ça d'une voix éteinte. Je n'arrivais même pas à m'énerver tellement j'étais... Troublé. Puis, je n'avais pas envie de l'achever plus qu'elle ne l'était déjà.

« Tu pensais vraiment pouvoir oublier tout ce qui s'était passé en mettant fin à ta grossesse, Savannah..? Eh bien, ça n'aurait pas fonctionné, tu vois, parce que moi, j'ai besoin de toi. J'ai tellement besoin de toi que je serais incapable de me retirer de ta vie, même si ça devait te rendre le bonheur. C'est égoïste mais c'est ça, la dépendance. Je suis pas prêt à renoncer à toi. Et si garder cet enfant m'avait éloigné de toi, j'aurais accepté que tu mettes fin à ta grossesse, même si je devais le regretter plus tard... » J'avais balancé tout ça d'une traite, sans réfléchir et après un discours comme celui-ci, j'étais à bout de souffle. Je n'étais pas certain d'avoir dit les choses comme il le fallait mais j'avais été sincère. Je voulais Savannah, à tout prix, même si je devais me comporter en égoïste. J'étais incapable de me passer d'elle.

Je soupirai. « Mais je ne veux pas que tu sois malheureuse. Je ne veux pas t'imposer cet enfant si tu n'en veux pas. Mais on va pas se voiler la face... tu crois que si tu vas au bout de l'IVG, on va se relever cette fois ? Tu crois qu'on arrivera à faire semblant après ça..? » J'avais à nouveau glissé ma main dans celle de Savannah, serrant mes doigts sur les siens pour qu'elle ne m'échappe pas. Je ne voulais plus qu'elle parte. J'étais fatigué de la voir partir... Pourtant, je savais que, quelle que soit la décision de Savannah, elle bouleverserait nos vies...

eden

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« Si tu pouvais seulement savoir à quel point tu me manques et que je suis perdue sans toi... » Aidan & Savannah

Voilà, je venais de tout avouer, tout ce que j'avais sur le cœur. Et je craignais la réaction d'Aidan plus que tout. Je m'étais sans doute comportée comme une idiote en ne le lui disant pas quand j'avais appris la nouvelle, mais je n'aurais jamais cru qu'il puisse penser que j'étais avec un autre homme que lui. Et j'étais partie dans un mensonge, ou plutôt un non-dit, donc je n'arrivais pas à me dépêtrer. En tout cas jusque maintenant. Je ne savais pas ce qui m'avait pris de lui dire tout ça maintenant, juste que j'avais eu la sensation qu'il devait le savoir. Après tout, il était aussi concerné que moi par cette histoire.

« Pourquoi tu ne m'as rien dit..? Tu comptais m'en parler, au moins ? Ou tu avais l'intention de me le cacher ? » Quitte à lui avoir tout dit jusque maintenant, autant être honnête jusqu'au bout. Je n'avais plus envie de lui cacher à présent... « Je ne sais pas... Je... Tu avais l'air tellement convaincu que j'étais avec quelqu'un d'autre... Tellement convaincu que j'avais refait ma vie que je te voyais détaché... Comme si tu n'étais pas concerné... Pas une seconde, tu n'as envisagé la possibilité que... Que ça puisse être ton enfant... » Je me mordis les lèvres pour tenter de ne pas pleurer davantage. « Je ne sais pas ce qui m'a pris... J'avais tellement mal de te voir si distant... Tellement peur que je ne savais pas quoi faire... Alors j'ai préféré alors dans ton sens... » Et ça avait été une erreur, je sais. Il était trop tard pour revenir en arrière mais j'étais honnête avec lui en tout cas.

« Tu pensais vraiment pouvoir oublier tout ce qui s'était passé en mettant fin à ta grossesse, Savannah..? Eh bien, ça n'aurait pas fonctionné, tu vois, parce que moi, j'ai besoin de toi. J'ai tellement besoin de toi que je serais incapable de me retirer de ta vie, même si ça devait te rendre le bonheur. C'est égoïste mais c'est ça, la dépendance. Je suis pas prêt à renoncer à toi. Et si garder cet enfant m'avait éloigné de toi, j'aurais accepté que tu mettes fin à ta grossesse, même si je devais le regretter plus tard... » Mon cœur se serra quand il me dit qu'il avait besoin de moi. Tout ce qu'il me disait, c'était ce que j'avais eu envie - et besoin - d'entendre depuis des semaines. Et il me le disait maintenant. Un peu tard peut-être, mais il me le disait quand même. De nouvelles larmes coulèrent sur mes joues. « Mais je ne veux pas que tu sois malheureuse. Je ne veux pas t'imposer cet enfant si tu n'en veux pas. Mais on va pas se voiler la face... tu crois que si tu vas au bout de l'IVG, on va se relever cette fois ? Tu crois qu'on arrivera à faire semblant après ça..? »

Je regardai sa main dans la mienne, tentant de ne pas trop pleurer, ou en tout cas me calmer, mais j'y arrivais difficilement. La tête était en train de me tourner, mais Aidan avait des questions auxquelles je me devais de répondre. « Moi aussi j'ai besoin de toi, tu n'imagines pas à quel point... Cette nuit entre nous a tout changé, mais je ne m'étais jamais sentie aussi heureuse... Je ne peux pas être heureuse si tu es loin de moi... C'est toi que je veux, c'est avec toi que j'ai envie d'être... Que tu aies pu penser que je me sois remise avec quelqu'un si rapidement après nous... Après notre... Ça m'a fait mal... Te voir faire semblant, agir comme s'il ne s'était jamais rien passé, ça m'a brisé le cœur... » Je m'efforçais de ne pas pleurer mais c'était loin d'être évident. Je relevai mon regard humide vers lui « Je ne sais pas si on arrivera à se relever de tout ça... Mais je n'arrive pas à faire semblant. Je ne peux pas. Je n'ai jamais été aussi heureuse qu'avec toi. Et cet enfant... Je n'en sais rien, je ne sais pas si je veux le garder ou pas. Tu sais que ce n'était pas dans mes projets... Mais c'est ton enfant aussi... » De nouvelles larmes coulèrent le long de mes joues. « Crois-moi, je n'ai jamais été aussi perdue de ma vie... J'ai peur... Je ne suis plus certaine de rien... Sauf que je devais te perdre, je ne m'en remettrais pas... »

Si je devais perdre Aidan, je deviendrais folle, vraiment. Il était l'homme le plus important de ma vie, il était l'homme de ma vie. Je serrai ma main dans la sienne, des larmes silencieuses coulant cette fois. « Avec toi, j'ai découvert ce que c'était vraiment le bonheur... Tu m'as rendue heureuse comme jamais... Et je suis raide dingue de toi... »

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Savannah & Aidan

« Je ne sais pas... Je... Tu avais l'air tellement convaincu que j'étais avec quelqu'un d'autre... Tellement convaincu que j'avais refait ma vie que je te voyais détaché... Comme si tu n'étais pas concerné... Pas une seconde, tu n'as envisagé la possibilité que... Que ça puisse être ton enfant... Je ne sais pas ce qui m'a pris... J'avais tellement mal de te voir si distant... Tellement peur que je ne savais pas quoi faire... Alors j'ai préféré alors dans ton sens... » Je me mordis la lèvre et baissai les yeux. Le rôle que je jouais, je l'avais choisi le jour où nous étions restés coincés dans l'ascenseur. Un peu plus tôt, les paroles de Savannah m'avaient laissé entendre qu'elle me détestait. Enfin, c'est ce que j'avais cru comprendre... Alors forcément, j'avais préféré jouer la carte du meilleur ami plutôt que de ne rien faire ou de tenter de la provoquer en essayant de la reconquérir, au risque de la perdre. « Avant... Le réveillon, je m'étais habitué au fait qu'il n'y aurait jamais rien de possible entre toi et moi. Du coup... Je crois que j'ai gardé cette mauvaise habitude par la suite et que je l'ai appliquée à ta grossesse aussi... Puis, tu m'en voulais tellement... J'avais peur de retenter le coup. J'aurais peut-être dû ressortir la chantilly pour te séduire à nouveau. » répondis-je en lâchant un rire nerveux. Ça faisait longtemps que je n'avais pas autant parlé avec Savannah. Et aussi calmement.

La jeune femme se mit à m'expliquer ses états d'âmes de ces derniers jours, ses ressentis, ses impressions,... Je crois qu'elle n'avait jamais parlé aussi longtemps en ma présence. Et moi je me contentai de l'écouter, me rendant compte, au fil des mots, à quel point je l'avais blessée. En fait, on s'était blessé mutuellement à coup de malentendus et de craintes stupides. Je caressai doucement le revers de sa main avec mon pousse, la laissant finir. « Je ne sais pas si on arrivera à se relever de tout ça... Mais je n'arrive pas à faire semblant. Je ne peux pas. Je n'ai jamais été aussi heureuse qu'avec toi. Et cet enfant... Je n'en sais rien, je ne sais pas si je veux le garder ou pas. Tu sais que ce n'était pas dans mes projets... Mais c'est ton enfant aussi... Crois-moi, je n'ai jamais été aussi perdue de ma vie... J'ai peur... Je ne suis plus certaine de rien... Sauf que je devais te perdre, je ne m'en remettrais pas... » Les larmes tombaient en cascade sur ses joues. J'avais pas envie de la voir pleurer plus longtemps alors je tirai ma chaise près de la sienne pour me rapprocher d'elle et la prendre dans mes bras. En fait, c'était cool qu'on ait pu discuter. Je pensais pas que ça se terminerait aussi... pas si mal. Enfin, mieux que prévu. « Si ça peut te rassurer, j'avais l'intention de t'emmerder jusqu'à ce qu'on soit tout ridés. On s'fera des courses de chaises roulantes à l'hospice, pour emmerder les infirmières. » murmurai-je en lui caressant le dos. Elle avait tellement pleuré que je craignis qu'elle se noie. Je préférai essayer de détendre l'atmosphère.

« Avec toi, j'ai découvert ce que c'était vraiment le bonheur... Tu m'as rendue heureuse comme jamais... Et je suis raide dingue de toi... » Je me mis à sourire bêtement avant de m'écarter légèrement de Savannah pour la regarder en face. Je remis un peu d'ordre dans ses cheveux et j'essuyai vaguement ses larmes d'un revers de main. « Arrête de pleurer alors, je vais finir par croire que tu dis des mensonges... » J'embrassai doucement son front, ça faisait longtemps... J'approchai ma bouche de son oreille pour lui souffler un « Je t'aime » qui, bien que furtif, avait toute sa valeur.

Mes yeux s'étaient humidifiés entre tout ce que nous nous étions dit. Normal. Qui n'aurait pas été ému..? Ma main, glissée à nouveau dans celle de Savannah, finit par quitter celle-ci pour aller se poser sur son ventre. Je fronçai les sourcils. « Sans le gros bidon, j'ai du mal à... réaliser. » Elle n'avait pas l'air enceinte - du moins, pour le moment - alors c'était difficile, pour moi, d'encrer cette idée dans mon esprit. Je levai les yeux vers le visage barbouillé de mascara de la jeune femme. « Pour le bébé, on en discutera un peu plus tard si tu veux. Je crois que la journée a été assez émouvante comme ça. Pas vrai ? »

eden

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« Si tu pouvais seulement savoir à quel point tu me manques et que je suis perdue sans toi... » Aidan & Savannah

Je tenais tellement à Aidan que je n'aurais pas supporté de le perdre. Et en l'espace de quelques minutes, je lui avais avoué ce que j'avais sur le cœur. Je n'étais pas une jeune femme expressive, j'avais tendance à garder mes sentiments pour moi, que j'aille bien ou pas. Que je sois amoureuse ou pas. Aidan était le premier homme que j'aimais vraiment et il m'avait fallu autant de temps pour le réaliser. Finalement, nous avions tous les deux eu la même peur : perdre l'autre. Ce bébé n'était peut-être pas une mauvaise chose finalement... « Avant... Le réveillon, je m'étais habitué au fait qu'il n'y aurait jamais rien de possible entre toi et moi. Du coup... Je crois que j'ai gardé cette mauvaise habitude par la suite et que je l'ai appliquée à ta grossesse aussi... Puis, tu m'en voulais tellement... J'avais peur de retenter le coup. J'aurais peut-être dû ressortir la chantilly pour te séduire à nouveau. » Ça me rassurait de savoir qu'il avait les mêmes peurs que moi, que je n'étais pas la seule. « Je t'en voulais de m'avoir repoussée... Mais pas de ce qui s'était passé entre nous... » Ça avait même été le meilleure chose qui me soit arrivée.

Plus je me confiais à lui, plus je lui avouais ce que j'avais sur le cœur et ce que je ressentais, plus je pleurais. Je tremblais aussi, rien qu'à savoir qu'Aidan pourrait me tourner le dos après ça. Quand il me prit dans ses bras, je me laissai faire et me blottit contre lui. « Si ça peut te rassurer, j'avais l'intention de t'emmerder jusqu'à ce qu'on soit tout ridés. On s'fera des courses de chaises roulantes à l'hospice, pour emmerder les infirmières. » J'esquissai un léger sourire, sans doute le premier vrai sourire depuis longtemps. Est-ce qu'il savait à quel point il me faisait du bien ? Maintenant, il devait le savoir, après tout ce que je lui avais dit... Plus que je n'avais jamais dit à personne d'ailleurs. Je posai ma main sur la sienne quand il essuya mes larmes. « Arrête de pleurer alors, je vais finir par croire que tu dis des mensonges... » Mais je ne pouvais pas m'empêcher de pleurer, c'était plus fort que moi. « Je crois que je n'ai jamais été aussi sincère de toute ma vie... »

Me mordant doucement les lèvres, je le regardais, réalisant à peine ce qui était en train de se passer. Aidan et moi étions en train de nous réconcilier, non ? C'était l'impression que j'en avais, en tout cas. Après des semaines de malentendus, nous avions enfin trouvé le courage de nous parler. Mes yeux se perdirent dans les siens. Et un doux murmure vint ensuite me chatouiller l'oreille. « Je t'aime » Mon cœur explosa alors et de nouvelles larmes se mirent à couler le long de mes joues. J'avais espéré ces mots depuis tellement longtemps... Le cauchemar était en train de se dissiper. Je souris malgré moi quand Aidan posa sa main sur mon ventre. « Sans le gros bidon, j'ai du mal à... réaliser. » Je posai alors ma main sur la sienne, les yeux brillants. Non, je n'étais plus triste. Je crois que je n'aurais pas pu être plus heureuse. « Je te rassure, moi aussi j'ai toujours du mal à réaliser...» Même si ça devenait un peu plus clair dans ma tête maintenant. Peut-être que la suite n'allait pas être si terrible, même si nous marchions encore tous les deux sur des œufs. Notre relation restait fragile mais les malentendus s'étaient dissipés. C'était déjà ça. Nous devions apprendre à vivre autrement.

« Pour le bébé, on en discutera un peu plus tard si tu veux. Je crois que la journée a été assez émouvante comme ça. Pas vrai ? » Aidan lisait en moi. Il me connaissait si bien... Mais je crois que je n'avais encore jamais autant discuté de mes soucis avec lui. Même s'il était directement concerné. Mais cette fois, je n'avais pas fui. Il avait provoqué les choses mais j'étais allée dans son sens. Et je ne regrettais pas. J'approchai doucement mon visage du sien. « Si je tente de t'embrasser maintenant, est-ce que je risque un refus ou pas...? » Je ne voulais pas abuser non plus. Mais je mourrais d'envie de l'embrasser. D'être dans ses bras. Et de ne plus parler de ce bébé pour l'instant. Mes lèvres frôlèrent les siennes, comme si je voulais d'abord les apprivoiser. Et je finis par déposer ma bouche contre la sienne, lui volant un chaste baiser. « Je t'aime aussi, Aidan... » murmurais-je en mêlant mes doigts aux siens. Cette discussion m'avait épuisée, mes larmes aussi. Mais je me sentais plus légère, je me sentais mieux. Je souriais. Et je voyais enfin mon ciel s'éclaircir...

« On devrait rentrer... Ils vont finir par se demander si on n'est pas partis sans payer... » plaisantais-je en me redressant. Après tout, nous étions venus ici pour prendre un café et discuter, et nous avions discuté. Il ne nous manquait plus que le café pour que notre rendez-vous soit pleinement réussi

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