Mauvaise idée ~ Max&Sash

Aujourd'hui était un peu particulier car j'allais devoir passer ma journée dans un endroit qui est loin de ce dont j'ai l'habitude ou de ce que j'ai déjà connu. La fac m'avait demandé de représenter établissement et sa section "beaux arts" dans laquelle j'intervenais de temps à autre auprès de petits groupes qui souhaitais développer un style dessin plus moderne. Cela faisait classe pour eux d'avoir pour intervenants un dessinateur de BD plutôt reconnu dans le milieu. Je devais donc faire quelques choses dont je n'étais pas très fan : me sociabiliser. Heureusement la plus part du temps la conversation portait sur le dessin et les ateliers que j'animais ou alors sur mes BD parfois même on me demandait de dédicacé un album ou deux. Sinon le reste du temps je dessinais des planches ou des croquis en attendant les questions des potentiels futurs inscrit. C'était étrange pour moi de devoir représenter quelque chose que je ne connais pas et pire de devoir le vendre comme un truc génial parce que bon… on va pas se mentir ce genre d'endroit est loin d'être ce qui m'a permis d'en arrivé là. En fait, je n'ai jamais foutu les pieds à la fac avant d'être intervenant parce que mon dossier scolaire était plus que catastrophique en fait j'ai toujours été un élève un peu moyen pas vraiment intéressé par le modèle scolaire.

Je suis donc là en plein dessin entre deux futurs élèves alors que le stand de musicologie passe des prods plutôt modernes qui me font bouger la tête malgré moi. J'en oublie presque que je ne suis pas tout seul dans mon bureau ou ma chambre et je commence à rapper un truc au pif sur la prod pour moi même.

- Han, si tu souffles dans l'ballon t'es mort
Si t'accélère ils pourront peut-êt' pas t'attraper ? mauvaise idée
T'as l'impression qu'ta petite copine veut s'barrer
Tu cherches à lui faire un enfant pour la garder ? mauvaise idée
Tu veux faire marrer ton beau-père
Tu fais des allusions sur la nuit dans sa fille que t'as passé ? mauvaise idée

Soudain un grand silence s'installe hormis la prod qui continue de tourner. Je me stoppe et remarque des tas de regards sur moi qui provoquent une surchauffe au niveau de mes joues. Je m'enfonce dans ma chaise priant pour disparaitre sous ma casquette.

@Maximilian Stappord

Enfin, quelque chose se passait dans ta vie. Enfin, quand tu disais que « quelque chose » se passait dans ta vie, soyons plus précis : quelque chose de cool, et qui te touchait particulièrement. Depuis la naissance des jumeaux, tu tentais d’aider ta mère autant que faire se pouvait. Mais entre les sorties avec tes amis, Mak dont tu n’avais plus de nouvelles et les fricotages de ta mère… oh, tu n’étais pas jaloux, mais tu avais du mal à trouver une véritable place dans tout ça. Et puis, tu n’avais plus de nouvelles de cette fille, avec qui tu étais allé boire un café. Comme quoi finalement, tu avais eu raison de n’attendre rien d’elle. Pourtant, même si tu ne te l’avouerais probablement jamais clairement, tu aurais sans doute bien aimé que quelque chose, sérieux ou non, ne se passe.
Un peu démoralisé et perdu dans tes pensées, tu ne savais pas si tu étais triste, en colère ou si tu te sentais seul. En fait, c’était sans doute un mélange de tout ça, qui t’avait poussé à faire une prod aussi brute et moderne. Tout le contraire de ce que tu pouvais avoir l’habitude de faire, avec ton petit ukulélé. Et pour être tout à fait honnête, t’étais assez fier de ce que tu avais pondu : comme quoi ce qu’on disait n’était peut être pas si faux que ça : les génies étaient souvent torturés. Et puis, fierté ultime : elle passerait à cette fameuse journée portes ouvertes où tu animerais, le temps de quelques heures, le stande de musico. Que demander de plus ?
***
Cela faisait quelques heures maintenant que tu étais là, à surveiller le stand. Oh, bien sûr, tu ne t’étais pas attendu à avoir foule, mais quand même ! Là, il y avait des limites ! Tu t’ennuyais comme un rat mort. OK. Changement de technique : tu passais tes prod pour attirer du monde. Les petits kikoos fans de rap, au moins. Ça commençait à mar...merde. Non. Un groupe te demandait où étaient les toilettes, et ça commençait clairement à te gaver. Saoulé, tu te rasseyais dans ton siège ; tirant la tronche. C’est à cet instant, que tu entendis cette voix, qui venait du stand d’à côté. Bordel, c’était du génie. Tu écoutais, subjugué, sans même réaliser que tu étais en train de dévisager le type, qui semblait se figer en réalisant que tout ton stand l’écoutait. Tu sautais sur l’occas’, et de ton siège par la même occasion : « nom de dieu, c’était génial ! Tu peux la refaire ?? me dis pas que t’as improvisé, j’te croirais pas ! » nan, bien sûr que non tu ne le croirais pas : ça ferait bien trop mal à ton con d’égo.

Bordel de merde ! Toi qui t’attendais à attendre toute la journée, tourner en rond à attendre la mort (ou à faire des courses de chaise à roulettes si vraiment personne ne décidait de bouger. Franchement, t’étais à deux doigts de proposer l’idée… et le pire de tout ça, c’était encore que t’étais convaincu que les trois quarts de tes collègues seraient pour!!) T’avais tout à coup trouvé mille fois plus intéressant. Ce type. Tu ne savais pas d’où il sortait, tu ne savais pas ce qu’il faisait dans la vie mais très clairement, tu crevais d’envie de discuter avec lui. De faire continuer ce qui ressemblait juste au délire d’un type qui s’ennuyait, mais qui, soyons honnête… était sacrément classe. Le plus marrant dans l’histoire, c’était que le mec semblait loin d’être à l’aise avec l’idée d’avoir été entendu parce que, tout de suite, il se défendait d’un « c’était fait à la zob » NON. Ca, tu ne pouvais pas l’entendre. C’était trop pour toi. Ouvrant de grands yeux, tu secouais la tête « mec, arrête ! T’as réussi à improviser en trente secondes ce que j’ai jamais été foutu de faire en cinq ans de compo ! » tu t’étais mis à rire, avant d’insister « sérieux, t’as du potentiel ! C’était trop bien ! » lui adressant un sourire, tu grattais sur ton ukulélé, arquant un sourcil « j’me dis même… que certains trucs sentent le vécu. » tu ricanais avant de lancer « bon, en même temps… qui n’a jamais ouvert la porte de ses darons après un cauchemar en mauvais timing ? » qui ? Toi. Mais tu faisais le bonhomme, par mesure de précaution. L’idée même que ça aurait pu arriver te dégoutait. Non. Ta mère avait toujours gardé son intimité, toi, t’avais pas eu cette chance. RIP La quête du plaisir solitaire. Mort de honte, t’avais disparu sous ta couette pour le restant de la journée, parlé à peine les jours suivants : t’avais eu envie de disparaître. Tu adressais un sourire amusé au type en face de toi, reposant ton ukulélé « moi c’est Max. Et toi ? »

Émerveillé. Ce type t’avait tout simplement émerveillé et il fallait que tu en saches plus. N’importe quoi. Son nom, pour commencer. C’était bien, son nom. Une fois que tu t’étais approché de lui, tu l’avais couvert de compliments. Pas pour lui faire de la lèche, tu détestais les gens qui passaient leur temps à en faire, mais tout simplement parce que ce qu’il venait de faire était, à tes yeux, incroyable. T’avais pris une vraie claque. Et voilà qu’en plus de ça, il continuait de faire le modeste ? Non mais sérieusement ? Tu secouais la tête « pas taillé pour faire du rap ?? sérieusement ? Mec, c’était le truc le plus génial que j‘aie entendu depuis longtemps ! Me dis pas que t’avais jamais rappé avant ? » t’aurais eu un sacré mal à le croire. Et pourtant, c’était ce qu’il semblait sous-entendre. Jeez. A ton affirmation, il se contentait de te lancer, d’un air détaché, presque blasé… que le type avec sa mère, c’était pas son père. Comme si c’était normal. Comme si… c’était le genre de trucs à balancer à un inconnu. Tu rougissais légèrement, et mordillais ta lèvre inférieure. Putain, quel con, t’avais clairement perdu une occasion de fermer ta gueule. « désolé. J’pensais pas… enfin… tu vois… je… déconnais. » et surtout, t’étais loin d’imaginer une telle réponse. L’air de rien, tu tentais de passer au dessus de la gêne, et reprenais, imperturbable, du moins en apparence : « enchanté Sash’. Oui, j’suis en musico… mais ça… j’crois que tu l’avais compris. » tu t’étais mis à rire, avant de poursuivre « j’m’appelle Maximilian. Mais… tu peux m’appeler Max. Tu fais quoi toi ici ? T’es prof ? »