drink first, think later (nora)

C’était une journée un peu tranquille aujourd’hui. Tu n’avais pas bossé dans l’après-midi, tu avais fais un peu de lèche vitrine. Oui, du lèche-vitrine mais pas du shopping parce que tu n’avais pas trop d’argent. Le voyage à Chamonix t’avait ruiné et tu avais gardé de l’argent seulement pour payer le loyer. Mikey t’aurai surement déjà tué si tu n’avais pas pu payer le loyer ce mois-ci. Mais heureusement que tu avais quelques économies. Tu faisais des heures supplémentaires pour pouvoir payer toutes tes factures en ce moment, ce qui veut dire que ce soir, tu faisais le service de nuit parce que ça paye plus de bosser la nuit que le jour. Le Hendrix est bien sympa pour ça. Alors tu te dirigeais vers le bar, pour aller bosser tout simplement. Une fois arrivé, tu allais poser tes affaires dans ton casier, et tu te dirigeais vers le comptoir du bar. Toi qui as fait beaucoup de petits boulots, c’est bien celui-là qui te plaît le plus. C’est pour ça que ça fait 2 ans que tu te tiens derrière ce comptoir. La soirée se passait bien, il n’y avait pas trop de monde alors tu pouvais discuter avec les gens qui étaient posés au comptoir de ton bar. Quelques bières par-ci, par-là et des cocktails de temps en temps. Une jeune femme venait se poser au comptoir juste devant toi. « Bonsoir » dis-tu poliment en t’avançant vers elle. Tu faisais une bière pour un client que tu emmenais à ce dernier avant de reprendre ta place. Son visage était très familier, tu avais l'impression de l’avoir déjà vu ou bien de connaître quelqu’un qui lui ressemble. « J’vous sers quelque chose ? » demandas-tu avec un sourire à la jeune femme.

@Nora Jenkins

Bowen était une charmante ville, six ans plus tard tu t’étais bien accommodée. Mais ça, c’était surtout grâce à la famille Gonzalez, qui t’avait hébergé les premières années et pour laquelle tu avais travaillé. Sans elles, tu aurai surement été perdue dans cette nouvelle ville. Mais heureusement, tu t’y étais habitué. Tu avais changé beaucoup de fois de boulot : tu étais passé de factrice à promeneuse de chien, sans oublier femme de ménage ou concierge dans un hôtel. C’était pas des jobs de rêve mais maintenant que tu avais le Hendrix, tu ne voulais pas le quitter. La preuve, ça faisait deux ans et tu y étais encore ce soir à travailler. Une jeune femme se posait au comptoir en face de toi et tu la saluais avec un sourire. Elle te demandait un verre de vin rouge. « C’est comme si c’était fait » répondis-tu avec un sourire. Tu prenais un verre à ballon et tu lui versais un des vins que vous aviez à la carte dedans. En lui donnant, tu lui donnais le prix. Son visage était familier mais tu ne savais pas pourquoi. « J’ai l’impression de vous connaître, mais je sais pas d’où » dis-tu simplement en récupérant sa monnaie. « Ou bien c’est une impression de déjà-vu, je sais pas » ajoutas-tu avec un léger rire. Ça t’arrivait souvent ce genre de choses, mais en même temps, tu côtoyais pas mal de monde. Que ce soit dans ta vie professionnelle ou dans ta vie personnelle d’ailleurs, tu avais pas mal de connaissances.

La jeune femme te remerciait de lui avoir servit son verre de vin et tu l’encaissais directement. Tu ne voulais pas faire ça plus tard, parce que tu oubliais. Et ton patron n’allait pas aimer que tu oublies d’encaisser des verres, il te le reprocherai ou te les ferai payer sur tes futurs salaires. Et c’est pas ce dont tu avais besoin. Même s’il était cool comme patron, il y avait des règles à respecter. Après avoir observer la brune, tu lui disais que t’avais l’impression de la connaître. C’était certainement une impression de déjà-vu mais tu étais persuadé de l’avoir rencontré quelque part. Tu connaissais peut-être quelqu’un de sa famille pour avoir tant l’impression de la connaître. « Oh, vous n’avez pas un visage commun, croyez-moi » dis-tu avec un sourire. Tu avais remarqué que plusieurs personnes s’étaient retournés vers elle quand elle était rentrée dans le bar. Surtout des hommes, on va pas se mentir. « Mais apparemment on se connait pas alors j’me présente, j’m’appelle Anna » dis-tu avec un sourire. Tu n’avais pas l’impression qu’elle était là depuis longtemps, c’est pourquoi tu trouvais ça bizarre de déjà la connaître. Tu prenais un torchon pour essuyer tes verres qui sortait du lave-vaisselle mais tu restais à proximité de la jeune femme pour continuer votre discussion. Il n’y avait pas de monde, et t’aimais bien discuter avec les clients quand tu avais le temps, ça faisait plaisir et surtout ça faisait avancer le temps. « J’vais arrêter de vouvoyer, je pense que tu dois avoir presque le même âge que moi » proposas-tu dans un rire. T’aimais pas les trucs formels tout ça, alors autant ne pas y aller par quatre chemin. « Ça fait longtemps que t’es à Bowen ? » demandas-tu curieusement à la jeune femme.

« Oh mais non, ne t’excuses pas va » dis-tu avec un léger rire. C’est sûr qu’on voyait pas souvent quelqu’un boire un verre de vin aussi rapidement mais bon, après tout c’était un bar. On voyait des choses peu communes tous les jours. Et puis, tu aurai pu être ce genre de personne à dégommer son verre en l’espace de deux secondes si tu avais eu une sale journée. C’est ce que te confirma la cliente, elle avait passé une dure journée. « Boulot ? » demandas-tu simplement. Toi quand tu passais une dure journée au travail, tu traversais la rue et tu allais dans un autre bar pour décompresser. Alors tu comprenais ce qu’endurait la jeune femme. « Enchanté, Nora » répondis-tu avec un sourire. Tu serais sa main, qu’elle te tendait, pour officialiser cette rencontre. Elle semblait avoir ton âge, ou du moins à peu près. Alors vous seriez peut-être enclin à vous rencontrer souvent. C’était une bonne idée, surtout qu’elle venait d’arriver en ville d’après ce qu’elle te disait. « Oh d’accord ! T’es revenu pour quelque chose en particulier ? » demandas-tu en arquant un sourcil. Tu riais légèrement. « Désolé si je suis trop curieuse, t’es pas obligé de me répondre » ajoutas-tu toujours dans un rire. C’est vrai que tu aimais bien tout savoir sur les gens mais les gens n’avaient pas forcément envie de tout te dire. Tu comprenais, t’avais pas envie de raconter ta vie non plus, même si tu allais en donner une petite partie. « Pas du tout, je suis née en Russie, j’ai vécu à Londres et j’suis à Bowen depuis… 6 ans à peu près je dirai » avouas-tu à la jeune femme. « J’étais jeune fille au pair quand je suis arrivé et j’suis jamais reparti » ajoutas-tu avec un sourire.

La curiosité est un vilain défaut, Brodie ! Mais pourtant, tu ne peux t’empêcher de poser des question indiscrète à ta nouvelle future amie. Oui, après tout pourquoi ? Tu te faisais facilement des amis, alors pourquoi Nora n’en deviendrait pas une. Quand elle te demandait un nouveau verre, tu lui servais rapidement car la bouteille n’était pas loin de toi. T’allais la garder à côté, elle en aurait surement besoin vu la tête qu’elle faisait. « Donc familial et professionnel » dis-tu avec un sourire en coin. « Master dans le stylisme ? Whoa, c’est super impressionnant » ajoutas-tu avec un sourire, toujours. Toi tu n’avais pas de diplôme supérieur. T’avais juste fini le lycée à Londres et tu n’avais pas poursuivi tes études vu que tu étais venu travailler en Australie. Et finalement, tu ne sais pas ce que tu aurai pu faire. Ton rêve de faire de la musique s’était un peu envolé depuis, et tu n’avais plus trop d’idéaux. « Tu le fais où ton stage ? » demandas-tu curieusement. Peut-être le faisait-elle avec ton ancienne patronne, Valentina. Et là, tu trouverai ça vachement drôle quand même parce que c’était un grand hasard que vous vous rencontriez tous les deux. Elle venait ensuite te confier quelque chose de plus sérieux. C’était peut-être le vin qui la rendait aussi confiante, et surtout prête à se confier à toi. Après tout, on se confiait souvent aux barmen. « Oh… je vois… Tu as besoin d’aide pour ça ? » demandas-tu sur un ton bienveillant. Peut-être qu’avec toutes les connaissances que tu avais dans la ville, tu serai apte à l’aider.

Tu avais surement instauré un petit cercle de confiance avec Nora puisqu’elle buvait son verre plus calmement que le premier. Mais bon, ta curiosité te faisait défaut et peut-être que tu insistais trop auprès de la brune en lui demandant toute sa vie. Gaiement, elle te répondait, ça te confortait dans l’idée que tu n’étais pas si curieuse que ça, du coup. « Oh mais oui ! Je connais très bien Valentina » dis-tu avec un grand sourire aux lèvres. « J’ai travaillé pour elle quand j’étais fille au pair et je la considère un peu comme ma deuxième maman » avouas-tu avec un sourire. Ou peut-être devrais-tu dire troisième maman ? En effet, tu es une enfant adopté et même si tu ne connais pas ta mère biologique, tu as une maman qui t’a donné la vie. Et il y a celle qui t’a élevé, en Angleterre. Mais celle-ci, tu ne lui parles plus depuis que tu as appris les méandres de ton adoption illégale. C’est un autre sujet. Quand Nora riait en te disant que tu lui rappelais ses amis de Sydney, tu riais avec elle. « Je peux devenir ta super amie de Bowen » dis-tu en lui faisant un clin d’oeil. T’étais assez ouverte et tu n’avais pas peur de te faire des amies. Et elle semblait tout aussi ouverte que toi, la future styliste. Quand tu la voyais hésitante, tu la rassurais de suite. « Oh non, je ne veux pas du tout te forcer, je te propose juste mon aide amicalement » dis-tu avec un sourire bienveillant. T’aimais bien aider les autres. Parce qu’on t’avait souvent aidé dans ta jeunesse, alors tu voulais rendre la pareille comme tu le pouvais. Et c’est pour ça que tu avais proposé ton aide à Nora. « Tu le dis si je suis trop indiscrète, je veux surtout pas te gêner » avouas-tu à la jeune femme en te mordant la lèvre inférieure.

Quand elle te donnait le nom de Valentina, ça faisait tilt dans ta tête. Elle était la femme qui t’avait accueille à Bowen quand tu avais fui l’Angleterre. C’est grâce à elle que tu avais une vie convenable ici. Et vous étiez toujours en contact en plus de cela. « C’est clair ! » dis-tu avec un léger rire quand elle te disait que le monde était petit. Elle semblait te faire confiance pour te raconter sa vie comme ça. Mais en général, c’est au gens qui tiennent un bar qu’on raconte les plus grands secrets. Elle te le confirmait en te le disant, même. « Oh oui, bien sûr, tu peux me faire confiance » ajoutas-tu avec certitude. Tu continuais d’essuyer les verres quand elle t’annonçait la nouvelle. Surprise, tu venais même à en casser un entre tes mains. Heureusement, plus de peur que de mal puisque c’était dans ton torchon. « Je… j’savais pas qu’elle avait une autre fille » dis-tu assez surprise. Mais elle se mettait à t’expliquer ce qu’il s’était passé. Valentina ne t’avait jamais confié ce secret. En même temps, c’est pas un truc que tu dis à tout le monde. Bonjour, j’ai eu un enfant mais je l’ai laissé à quelqu’un pour qu’il vive sa vie, non on dit pas ça à tout le monde ! Et puis, même si tu n’étais pas tout le monde, tu te doutais qu’elle ne t’en parle pas parce que c’est surement un souvenir difficile. La jeune femme t’expliquait alors les raisons de son adoption pendant que ramassais les bouts de verre que tu avais fais tomber par terre. « Et le stage avec elle c’est pour… c’est pour aller vers elle et lui avouer ou juste strictement professionnel ? » demandas-tu curieusement à la jeune femme. Tu te relevais et tu jetais les bouts de verre. « Avant tout, saches que je garderai ton secret » avouas-tu avec un sourire bienveillant à la jeune femme.

Dans la surprise, tu avais cassé un verre entre tes mains. En même temps, c’était un réel choc d’apprendre cette nouvelle. Tu ne savais pas trop comment réagir. « Non, t’inquiète pas ça va » dis-tu avec un sourire bienveillant. Tu commençais à ramasser les morceaux de verres qui s’étaient éparpillées pendant la casse. « Pardon, je voulais pas te faire peur c’est juste que… c’est un choc pour moi » dis-tu simplement en te relevant. Valentina était une seconde mère pour toi, apprendre qu’elle avait une autre enfant c’était quelque chose d’inattendu. Tu avais aidé la jeune femme à élever sa fille, Leila. Et là, tu apprenais qu’elle en avais une autre, qui était surement du même âge que toi. Tu lui demandais alors si elle avait pris le stage par pur professionnalisme ou simplement pour se rapprocher de sa mère biologique. Apparemment, c’était un petit mélange des deux. A croire que la passion de la mode s’est transmise par le sang et que Nora en a hérité. « Tu as bien raison, j’ai moi-même appris pas mal de chose en vivant avec elle pendant toutes ces années » dis-tu avec un léger rire. Valentina t’avait appris à aimer la mode, à aimer les belles choses. C’était quelque chose que tu avais avant, mais pas aussi fort qu’aujourd’hui. « Oui, Valentina a une fille… elle s’appelle Leila » dis-tu simplement avant de reprendre. « Je suis arrivée chez elles il y a 6 ans, quand le mari de Valentina, donc le père de Leila, est décédé. Je les ai aidé à remonter la pente… » avouas-tu à la jeune femme avec un air bienveillant.