I'll be there and you'll be near and that's the deal my dear ı Aloy

I'll be there and you'll be near and that's the deal my dear

☾☾

— Merci d'être là... J'ai de la chance d'être bien entourée... Mais cette autre solitude, tu sais... Plus profonde... Ça me pèse un peu plus chaque jour...

Tu ne peux nier que tu as des amitiés parfaites. Gracelyn et Jordane sont comme des sœurs pour toi, celles que la vie n'a jamais cru bon de t'accorder. Tu les aimes d'un amour profond, sincère et tu ferais n'importe quoi pour leur bien-être. Gabriella prend également une place importante au sein de ton palpitant... Tu arrives à te confier à elle, chose qui n'est pas simple pour toi. Tu te sens écoutée, épaulée. Tu sais que peu importe ce qu'il se passe, elle répondra toujours présente pour te relever si tu venais à t’écrouler. Tu as tes collègues, des connaissances, des partenaires d'étreintes charnelles... Mais toutes ces personnes ne peuvent combler ce besoin plus profond, plus viscéral que tu ressens actuellement. Celui d'avoir cette personne qui marche à tes côtés, main entrelacée à la tienne, sur un chemin commun. Tu refusais il y a encore plusieurs mois de penser à tout ça, d’imaginer ne serait-ce qu’une seconde te donner entièrement à un autre en lui apportant la possibilité de te rendre heureuse ou de te briser en un instant. Pourtant aujourd'hui, tout semble si différent...

— Je n’ai jamais eu l’occasion de pouvoir aller au spa… Je pense que ça me ferait le plus grand bien de partager ça avec toi…

Elle se rapproche de toi et t’entoure de ses bras, passant en même temps une main dans tes cheveux pour les caresser. Tu fermes les yeux et profite de cette étreinte pour ravaler un peu plus tes larmes en prenant une grande inspiration. Tu sens la fibre maternelle de Gabriella, tu sens qu’elle a l’habitude d’apaiser les maux et de calmer les angoisses. Tu n’oses pas vraiment lui dire mais tu avais besoin de cette étreinte, plus que tu ne le pensais…

— Je ne manquerais pas de venir la voir dès qu’elle sera de retour...

La conversation se recentre sur Gabriella et les cauchemars incessants qui reviennent l'empêcher de profiter d'une nuit sans entraves. Tu ne connais que trop bien cette sensation... Le fait de se réveiller dans l'obscurité, le souffle haletant, le corps en sueur et les pensées emplies de ce terrible songe. Les traumatismes de ton enfance ne sont jamais partis et ne partiront sans doute jamais. Tu ne peux pas faire sans, ils font indéniablement partie de toi. Tu as l’impression d’être face à un miroir, que Gabriella est ton reflet, une copie de ce que tu es, de ce que tu dois affronter. Tu es pleinement consciente que c’est pour cela que tu prends autant soin d’elle, tu n’as simplement pas envie qu’elle finisse dans le même gouffre que toi. Dans un geste gracieux et réconfortant, tu replaces l’une de ses mèches de cheveux derrière son oreille avant de poser la main sous son menton dans le but de relever son visage et de croiser une nouvelle fois son regard.

— Je te promets que personne ne viendra te faire du mal comme il a pu le faire autrefois. Je suis là et crois moi, je plains celui ou celle qui osera encore poser une main sale sur toi.

Lanças-tu, avant de venir déposer un baiser sur son front...
         

I'll be there and you'll be near and that's the deal my dear

☾☾

— Sans doute que oui...

La solitude ne t'accompagne pas depuis ta naissance. Au contraire, le début de ta vie a été bercé par l'amour de tes frères et de tes parents, jusqu'au jour fatidique où tout a basculé. Tu n’étais jamais seule, toujours collée à un membre de ta famille, que ce soit pour une simple étreinte ou le temps d’un jeu. Pourtant, tu as l’impression que cette solitude est là depuis le début tant tu n’as plus conscience de cette époque où tout allait bien, de cette époque où tu étais entourée, aimée, dorlotée, protégée et où tu avais simplement une famille. Tu as juste l’impression d’être vide… D’être une âme qui erre dans un corps qui a subi trop de préjudices… D’être la moitié de qui tu es vraiment sans pouvoir trouver l’autre partie, celle qui te permettrait enfin de voir que non, tu n'es pas seule et que oui, quelqu’un t’aime comme personne n’a jamais su le faire jusqu’à présent.  

— Mes week-ends sont plutôt libres en ce moment alors, dis moi une date et je te réserve la journée entière !

Tu savoures l’étreinte de Gabriella comme si c’était la dernière. Tu as l’habitude pourtant d’être blottie dans les bras de tes meilleures amies et même dans ceux de ta filleule que tu chéries autant que tu le peux… Pourtant, tu as toujours besoin de cette étreinte si spéciale qui te fait comprendre que malgré tout ce que tu penses, tu auras toujours quelqu’un sur qui compter quelque part sur cette planète, et en cet instant, c’est ces bras qui te procure cette sensation bienveillante. D’ailleurs, il y a une autre personne qui pourrait également te faire éprouver cette sensation de bien-être, de protection, cette sensation qui te fait te sentir unique, spéciale… Tu désires ses bras plus que tout… Tu as besoin de lui, de sentir son odeur, ses lèvres collées aux tiennes… Mais il semble si inaccessible que tu sais au fond de toi, que c’est pour cela qu’aujourd’hui tu vas si mal…

— Tu sais... On oublie jamais vraiment les malheurs que l'on a connus. On ne peut pas nier tout ce qu'on a vécu, c'est ce qui nous définit, ce qui fait que nous sommes cette personne aujourd'hui. On ne peut pas s'en détacher, c'est notre passé, notre vécu, on apprend juste à vivre avec comme on peut. On peut en faire une force qui nous permet de surmonter toutes les épreuves que la vie met sur notre chemin. Une fois qu’on a compris ça, on a tout compris. Après… C’est tellement plus facile à dire qu’à faire… Mais… Avec tout ce que tu as vécu, tu es plus forte que tu ne le penses Gaby’... Et il y a un jour où tu arriveras à mettre tout ça de côté en te disant que tu es au dessus de ça maintenant, et que personne ne pourra plus jamais te faire du mal car tu sais comment te défendre, comment surmonter les pires douleurs. Crois en toi et tu verras, ma chérie, que ça changera beaucoup de choses...  

Tu aurais aimé que l’on te dise ces mots, que l’on te charge autant de paroles positives quand tu ne croyais plus en rien. Tu as l'impression de t'être parlé à toi-même, d'avoir essayé d'ancrer tout cela dans ton psychique autant que dans celui de Gabriella parce que même si tu lui dis tout cela, tu n'as jamais vraiment pu l'appliquer pour toi...
Tu n’as pas choisi ton métier par hasard, tu aimes être au service des autres. Tu aimes voir l’évolution de tes patients, les voir retrouver petit à petit goût à la vie, voir leurs lèvres s’embellir avec un sourire et leurs yeux quitter cet océan de larmes… Tu fais tout simplement ce que tu aurais aimé que l'on te fasse jadis et c'est en ça que tu te sens utile à présent.