Girls Against God + Charlie K.

La journée avait été longue, la boutique n’avait pas désempli depuis l’ouverture jusqu’à dix-huit heure, Charlize était épuisée. Mais heureuse de voir que tout fonctionnait bien. Elle savait aussi que l’ouverture imminente de son quatrième magasin l’angoissait beaucoup, autant que ça la galvanisait. Tout était quasiment prêt, il ne manquait plus qu’un manager pour faire tourner la maison. La pâtissière avait observé Charlie toute la journée, sans que la jeune française ne s’en rende trop compte, du moins elle l’espérait ! Elle en avait fait du chemin depuis leur premier entretien où elle avait la voix un peu tremblante, ses premières plaques de biscuits brûlées et ses prouesses techniques qui avaient vite montré à Charlize qu’elle avait fait le bon choix en engageant cette fille-là, en reconversion professionnelle, plutôt qu’un gamin. Keynes avait un don, un vrai talent. Et au fur et à mesure elles étaient devenues plus qu’employeur, employée, c’était d’ailleurs pour ça que Charlize savait qu’elle pouvait faire confiance à son ancienne apprentie et qu’elle l’avait convoquée pour discuter avec elle en fin de journée. La jeune maman avait rendu son tablier, elle laissait ses employés terminer le ménage des vitrines et du labo tandis qu’elle retravaillait l’agencement de la salle de réception. Elle avait acheté quelques plantes à la jardinerie, Wojcik adorait les fleurs et elle avait trouvé ces magnifiques Cœur de Marie, d’un rose chatoyant, elle en avait pris trois, qu’elle disposait à différents endroits. Elle était entrain d’en arroser l’une d’elles lorsque Charlie arriva derrière. La brune se retourna et lui sourit. C’est joli comme ça ? J’adore ces plantes, les Lamprocapnos spectabilis, ma grand-mère paternelle en avait plein dans son jardin. Tu sais que ce sont des plantes qui viennent de Sibérie ? C’est peut-être pour ça qu’elles se plaisaient dans son jardin en Pologne. Ici, elles se plairont avec la clim, il ne fera pas trop chaud. J’adore leur forme de cœurs suspendus et leur rose vif. On les appelle généralement Cœur de Marie, c’est bien trouvé ! Et tu as vu leurs feuillage touffu et découpé ? Et ces longues tiges gracieusement arquées ! Il faut bien les arroser, ce sont des vivaces qui ont besoin d’eau, la terre doit rester humide et ne pas trop les mettre à la lumière, je le dirais à l’équipe. C’est assez fascinant parce que quand elles ont trop chaud elles entrent en dormance comme pour se protéger. C’est en remarquant l’air interdit de Charlie qu’elle s’arrêta, en se pinçant les lèvres. Elle avait trop parlé, ça lui arrivait lorsqu’elle était un peu stressée et il fallait dire qu’elle angoissait légèrement. Elle posa alors son arrosoir et invita la blonde à s’installer à une table. La journée s’est bien passée ?!

@Charlie Keynes

Tous ceux qui connaissaient bien Charlie savaient qu'elle mettait beaucoup de cœur à l'ouvrage, surtout lorsqu'il s'agissait de sa passion, la pâtisserie. Elle pouvait dire que la pâtisserie était un remède à ses maux, qui l'avait aidé à surmonter bien des épreuves ces derniers temps. Elle avait pris la décision de doubler les efforts en terme de travail, parce que d'une part, elle aimait ça, mais aussi parce qu'elle ressentait le besoin d'y épuiser toute son énergie pour panser à certaines cicatrices. Cela fonctionnait bien, du moins c'est ce qu'elle pensait, surtout que les clients ne faisaient que de bons retours concernant ses gâteaux. Charlize, sa patronne, l'avait demandé de passer la voir. Cela faisait 2 ans que les deux jeunes femmes travaillaient ensemble et Charlie ne cessait de lui rappeler de temps à autres qu'elle lui était reconnaissante de lui avoir donné cette opportunité de l'engager à Imogen. En deux ans, Charlize lui avait appris énormément de choses. Elles avaient partagés bien plus que des pâtisseries, et de confidences en confidences, est née une belle relation de confiance entre les deux femmes. Charlie appréciait le grand cœur de Charlize et si cette dernière avait besoin de quoique ce soit, elle ferait en sorte de le lui rendre. D'ailleurs quand elle lui avait demander de la voir pour discuter avec elle, elle s'était peut-être dit qu'elle avait besoin d'assurer quelques services supplémentaires, ce qu'elle ferait avec plaisir.

Charlize qui arrosait de jolies fleurs, égale à elle-même, parlait avec douceur. Charlie observa de plus près les Cœurs de Marie.  Elles étaient vraiment très belles, d'un joli rose, en forme de cœur. Inexplicablement cela lui faisait tristement penser à Woody. Elles sont magnifiques. Très jolies. En forme de cœur, comme ça... Je ne connaissais pas. admit-elle avec un demi-sourire. Elle préférait 1000 fois passer de sujet et parler boulot.  Ça s'est très bien passé, la routine, tu sais.  répondit-elle avec un sourire, avant de hausser les épaules.

Tout à son arrosage, Charlize, bien trop heureuse d'avoir mis la main sur ces petites merveilles de plantes, en fit tout un laïus à la pauvre Charlie qui arrivait juste. L'invitant à observer ces fleurs délicates, sans savoir si ça l'intéressait ou non. Elle lui sourit pourtant, quand la blonde affirma qu'elles étaient jolies, seulement le ton n'était pas aussi joyeux qu'il aurait dû l'être et, en tournant le visage vers elle, Charlize vit cette ombre qui passait dans le regard de son employée. Evidemment, des fleurs en forme de coeur, quelle idiote. Charlize était bien placée pour savoir par quelle épreuve Keynes était passée, elle avait fait plusieurs fausses couches avant d'avoir Romy et c'était à chaque fois un nouvel espoir qui s'envolait, inévitablement. Elle avait voulu se blinder face à ces épreuves, mais pour elle ça avait été impossible. Elle avait également vécu l'abandon de la part de l'homme qu'elle aimait et même si ce n'était pas dans les mêmes circonstances que Charlie, ça aussi, elle le comprenait, elle respectait sa peine et ne cherchait pas à la brusquer. Les deux femmes avaient fini par devenir amies en dehors du travail alors elles en avaient parlé, de nombreuses fois, Charlize avait soutenue la française, comme elle avait pu, elle avait accepté ses absences après son hospitalisation, elle lui avait même interdit de revenir au labo tant qu'elle ne s'en sentait pas prête. Mais évidemment Charlie était revenue bien trop vite, parce que la pâtisserie était une forme de thérapie, n'en déplaise aux moqueurs, à ceux qui ne comprenaient pas, on se soignait comme on pouvait. Bien. La routine, Charlize n'aimait pas ce mot, mais elle le lui passa. On s'assoit quelques minutes ? Comment tu vas ? Elle n'attendait pas d'excuse, entre les deux femmes l'honnêteté avait toujours été de mise. Et puis, outre le fait que la brune s'inquiétait pour la blonde, elle voulait aussi s'assurer que cette dernière avait les épaules suffisamment solides en ce moment pour le rôle qu'elle voulait lui offrir.

Bien entendu Charlize, qui était devenue une amie, connaissait l'épreuve dont avait traversé Charlie. Elle lui avait accordé quelque temps de repos et dès lors qu'elle s'est sentie prête, Charlie lui avait fait la demande de pouvoir revenir et simplement d'éviter de reparler de ce qu'il s'était passé. Charlize lui apportait tellement de choses en sa compagnie, qu'elle ne voulait pas ternir ces beaux moments. Elle était un vrai petit rayon de soleil, Charlize. C'était tellement facile de l'apprécier, qu'elle ne sait comment, mais elle avait fini par se sentir proche d'elle. Ça va bien, je te l'ai dis un million de fois et je ne te le dirais jamais assez, mais travailler ici c'est ma thérapie. C'est vraiment ma thérapie... répéta la blonde avec un mince sourire. Elle chercha le regard de la gérante, et fronça les sourcils. Elle ne sait si cette question entrait dans le cadre professionnel ou privé. Il fallait qu'elle en ait le cœur net. Toutes deux optaient toujours pour la franchise, surtout depuis qu'elles s'étaient rapprochées et liées d'amitié. Qu'est-ce qu'il y a, Charlize? Il y a un grumeau quelque part? rigola Charlie qui s'attendait au pire. Avait-elle fait une boulette dans ses dernières pâtisseries? Pourtant elle se surpassait, et encore plus  ces derniers temps. La pâtisserie lui permettait de ne pas perdre pied, elle qui avait déjà perdu son bébé et Woody. Au moins à Imogen, elle devait se concentrer sur d'autres choses. Se surpasser était sa façon d'extérioriser sa peine. Et puis elle était passionnée, Charlie, et comme pour toute passion, elle se donnait à fond.

Charlize évitait de trop s'inquiéter pour Charlie, elle en était déjà passée par là et elle savait à quel point le comportement anxiogène des autres pouvait être néfaste dans ce genre de situation. Elle avait vécu le fait de passer par la case enceinte puis nullipare à nouveau, comme si rien ne s'était passé, entre la froideur du corps médical et la surprotection de l'entourage, il fallait réussi à s'y retrouver. Et encore, à cette époque, elle pouvait compter sur son mari, son soutient sans faille dans chaque épreuve, chose que Keynes n'avait malheureusement pas. La pâtissière sourit et déposa une main pleine de tendresse sur celle de son amie. C'est la meilleure des thérapies, je suis d'accord. Ca a été la mienne aussi, tellement de fois ! Les autres ne comprennent pas, mais nous on sait à quel point ça fait du bien. Dès qu'elle n'était pas bien, Wojcik s'enfermait dans son labo, elle passait des heures à imaginer de nouvelles recettes, à retravailler celles qui ne lui convenaient pas encore, ici elle oubliait tout, c'était son exutoire. Elle sentait que la blonde était nerveuse, elle se demandait bien à quelle sauce elle allait être mangée. Et sa question en était la preuve, certes teintée d'humour, mais inquiète quand même. Aucun grumeau non ! Elle allait lui répondre quand un camion se gara face à la devanture, Charlize observa distraitement le chauffeur en sortir et faire le tour pour se diriger vers le labo, elle réalisa ainsi qu'elle attendait une livraison. Excuse-moi, je crois que ce sont mes gouttières à bûches qui arrivent ! Elle se leva précipitamment et sorti dehors pour courir après le livreur, elle tenta d le héler mais il n'entendit rien, elle s'arrêta alors sur le pas de la porte, dos à Charlie et frappa des mains, presque en rythme, on aurait dit une danseuse de flamenco en pleine démonstration de palmas. L'homme se retourna, ahuri. Faut pas vous mettre dans un état pareil ma ptite dame, je vais le bouger mon camion ! Charlize, piquée, s'approcha de lui. La petite dame c'est celle qui attend la livraison. Et ni vous, ni moi, n'avons de temps à perdre je crois. Il lui tendit son carton, un peu stupéfait, la jeune femme l'inspecta puis signa le bon de livraison. Elle revint, les bras chargés, vers son employée et sortit les moules à gâteau. Je sais qu'il est encore tôt pour les bûches de Noël, mais je voulais faire quelques essais dans les mois qui viennent. Tu as vu comme ils sont beaux ?! Elle resta un instant à les regarder, heureuse de sa commande. Puis elle posa le carton. Bon, on est pas ici pour parler de ça. Je voulais te parler de quelque chose d'important. Tu sais, la quatrième boutique va ouvrir d'ici quelques semaines. Et j'ai besoin d'une cheffe pâtissière là-bas. Elle lui sourit, la fixant avec curiosité, pour voir sa réaction, si Charlie comprenait où elle voulait en venir.

Face à la bienveillance de Charlize, Charlie eut un sourire attendri. Cette femme lui avait apporté énormément depuis son arrivée, pas seulement professionnellement. Au-delà du fait qu'elle était une patronne empathique, Charlize et elle partageaient beaucoup de choses en commun. La première, leur passion pour la pâtisserie. Oui et quel luxe de se dire, "je fais quelque chose que j'aime". Mon métier, mon quotidien, c'est ça ; faire quelque chose que j'aime! répéta la blonde qui montrait à quel point elle était reconnaissante d'avoir cette chance-là. Puis en regardant l'air pensif de Charlize, elle s'interrogea. Tandis qu'elle était sur le point de lui répondre, l'arrivée d'un camion vint bousculer leur discussion. La gérante se précipita pour aller voir et après un échange un peu houleux, elle la rejoignit les bras chargés d'un carton. Il s'agissait apparemment de gouttières à bûches. Non mais tu as raison, on n'est jamais assez prévoyante... La qualité a l'air top. commenta Charlie qui inspectait un des moules. Lorsque Charlize changea de sujet, sur le coup, elle ne voyait pas du tout où elle voulait en venir. Imogen tournait bien, l'ouverture d'une quatrième boutique n'avait donc rien d'étonnant. Ah oui, t'es en phase de recrutement? demanda la pâtissière d'un air distrait. Elle leva brièvement les yeux. Charlize affichait un grand sourire qui fut contagieux dans l'immédiat. Est-ce qu'elle pensait à ce qu'elle pensait?! T'as trouvé quelqu'un? demanda la blonde, le cœur qui battait à une vitesse folle. Non, elle rêvait. C'était impossible. Cheffe pâtissière, elle? Cela ne pouvait être qu'un rêve!

Charlize se souvenait encore du cv de la blonde qu'elle avait laissé trainer sur son bureau durant quelques jours alors même qu'elle était en plein recrutement à l'époque. Elle l'avait lu en diagonal, cette fille souhaitait faire une reconversion professionnelle, elle n'avait pas forcément eu de coup de cœur en le lisant. Elle qui avait toujours eu la pâtisserie dans les tripes, qui n'avait jamais rien voulu faire d'autre de sa vie, elle avait presque émit un jugement sur Charlie sans la connaître, de peur que cette reconversion soit plus une lubie qu'autre chose. Et puis finalement elle l'avait rencontré et heureusement qu'elle avait laissé ses à priori de côté, parce que ce fut presque un coup de foudre lors de l'entretien. Depuis la jeune française n'avait jamais déçu sa patronne et en plus d'avoir une employée en or, elle avait aussi gagné une amie. C'est tellement bon d'entendre ça, c'est une bonne raison de se lever le matin, faire ce qu'on aime ! Elle partageait totalement cette vision de leur métier. Le camion de livraison vint un peu bousculer la jeune femme qui s'agaça rapidement, contre le transporteur, c'était dans son tempérament, heureusement, ça redescendait aussi vite que c'était monté et, face à Charlie, elle s'extasiait déjà en regardant ses gouttières. On fera quelques essais avec les équipes dans les semaines qui viennent. Mais là n'était pas le sujet de leur entretien. Charlize commença alors à parler de l'ouverture imminente du prochain magasin, ça lui prenait tellement de temps, d'énergie, de penser à tout, qu'elle n'avait pas encore recruté tout le personnel. La raison principale c'était aussi parce qu'elle ne voyait que Charlie pour être la future cheffe et qu'avec les récents événements elle voulait s'assurer que la jeune femme aurait les épaules assez solides pour se lancer dans cette nouvelle aventure. Et il fallait avouer qu'elle stressait aussi un peu, et si Charlie refusait son offre ? On peut dire ça oui. Même si je crois que j'ai trouvé depuis longtemps. Son sourire s'élargissait alors que la française semblait confuse. Arrête tu vas m'angoisser, on dirait que je m'apprête à faire une demande en mariage ! Est-ce que ça t'intéresserait, toi ? En vérité je ne vois personne d'autre pour le poste, il est fait pour toi. C'était une immense preuve de confiance de la part de Charlize que de confier ce nouveau bébé à sa salariée, mais elle le méritait tellement et elle savait qu'elle serait à la hauteur.

Charlize et Charlie se comprenaient en partageant cette même passion pour la pâtisserie. Conscientes qu'elles avaient la chance d'exercer un métier dont elles portaient une affection bien spéciale, un réel lien s'était créée entre elles. Charlize l'avait accompagné à ses débuts lui permettant de lui donner plus d'assurance et de précision dans ses compétences. Il y a bien longtemps que Charlie avait enterré ses études de physique cantique et il n'y a pas un seul jour, pas une seule seconde, où elle regrettait cette décision. Si son ex pâtissier l'avait initié à l'art de la pâtisserie, à côté de ça, Charlize, elle, l'avait fait grandir davantage dans l'art de la pâtisserie. En dehors du fait qu'elle adorait sa patronne, Charlie tenait particulièrement à l'enseigne. C'est à Imogen qu'elle avait tant appris et ce ne l'intéressait pas de quitter cette belle équipe surtout quand on avait un patronne aussi incroyable que Charlize.

Tandis que rien ne le prévisageait, elle ne s'était pas attendu à cette grande opportunité qui venait de s'ouvrir à elle. Les yeux ronds, la bouche grande ouverte, aucun son ne parvenait à sortir de la blonde. Puis soudain elle sentit reprendre le contrôle de son corps. Charlize! hurla-t-elle en lâchant des mains la gouttière pour la prendre dans ses bras. Elle était tellement reconnaissante par cette proposition. Charlize avait envisager à la promouvoir, elle, pour ce nouveau poste à responsabilité, quelle folie! C'est pas vrai! C'est pas vrai tu penses vraiment à moi pour le poste? répéta-t-elle au bord des larmes. C'était clairement la concrétisation de ses projets. Après ses mois difficiles, elle peinait à croire qu'une chose aussi formidable était en train de lui arriver. Les larmes coulaient à présent mais son regard était remplie de gratitude.   Tu sais que je ferais n'importe quoi pour me surpasser, je me donnerais à fond et c'est une promesse! assura la blonde dont la voix tremblait en parlant très vite. Débordée par l'émotion elle leva ses bras en sa direction pour l'enlacer chaleureusement. Merci... souffla-t-elle alors.

Avec Charlie, l'affectif prenait totalement le pas sur le professionnel. Jamais Charlize n'avait laissé ses sentiments jouer dans son entreprise, elle avait toujours fait preuve d'un grand professionnalisme. On la qualifiait même de dragon parfois, parce qu'elle pouvait être très exigeante, intransigeante avec la qualité des produits et du service rendus. Mais la jeune française avait gagné sa confiance et son amitié, elle savait qu'elle pouvait lui confier la boutique les yeux fermés. Alors pour une fois elle transgressait les règles. En d'autres circonstances, quand elle avait eu besoin de personnel, responsable ou non, elle faisait passer des entretiens d'embauche, même si c'était une évolution en interne, elle testait ses futures recrues. Mais elle ne le ferait pas avec Charlie, parce qu'en vérité elle l'avait formée à ce nouveau poste, elle la formait quasiment depuis le début à ça, même si Keynes l'ignorait. Elle lui laissait faire de plus en plus de choses, en pâtisserie, en gestion, en management, elle l'observait, elle corrigeait, doucement, dans l'ombre, avec douceur. Elle la formait à son image. Et le moment était venu de la laisser voler de ses propres ailes. Elle ne s'attendait cependant pas à une telle réaction de la part de sa protégée qui lui sauta littéralement dans les bras, non, on n'était pas du tout dans le cadre professionnel à ce stade ! Charlize sourit, heureuse de sa surprise, heureuse de voir un sourire sincère sur le visage de la jeune femme, il lui semblait qu'elle ne lui en avait pas vu d'aussi grand depuis un moment. A ton avis, pourquoi je t'ai fait faire des heures supp et pourquoi j'ai multiplié mes séances shopping en te laissant la boutique ces derniers temps ?! Avec Charlize, peu de choses étaient laissées au hasard. Mais la française ne lui avait pas encore donné sa réponse, bien que son embrassade ne laisse pas beaucoup de place au doute. Alors, c'est oui ? La commerçante se laissait gagner par la joie communicative de Charlie. Puis par l'émotion, en découvrant ses larmes. Arrête ça, tu vas me faire pleurer ! Je ne doute pas une seconde de tes capacités et de ton implication. J'ai besoin de tes idées, de ta créativité. Ensemble on va faire de grandes choses. Depuis que Jake était parti Charlize ne pouvait nier que ça lui avait mis un coup aussi, il était moteur, il avait été un véritable bras droit. Avec Charlie ce serait différent et c'était très bien, le changement avait du bon.