C'est quoi un crush ? Comme le jeu Candice crush ? Crush le morceau ! ft Polly Burnett

" Abruti en informatique cherche professeur pour apprendre les bases et ne plus avoir à poster des annonces merdiques en magasin. "

Une simple affichette sur la vitre de la caissière de la petite épicerie de son quartier, il a demandé à la dame de retirer le papier dès qu'elle verra quelqu'un noter le numéro. Il n'avait pas envie d'être harcelé par des petits boutonneux à lunettes en quête d'argent de poche. Quand une certaine Polly lui avait laissé un message, il lui avait demandé si elle était majeure, expliquant sa question par le fait qu'il ne supporte pas les mômes. A part ça, il avait fait l'effort de se montrer assez sympas, du moins pas trop grincheux pour convenir d'un rendez-vous dans un café de co-working, même s'il ne savait pas ce que c'était exactement comme genre de café...

Quelle ne fut pas sa surprise d'entrer dans les lieux et découvrir tout un cas de geek. Ses sourcils s'envolèrent avant même d'avoir poussé la porte d'entrée car tout semblait si calme, ce fut bien un silence assourdissant qu'il trouva dans les lieux. Ses yeux verts cherchèrent sans trop savoir ce qu'il était sensé trouver. Il sort son téléphone portable de sa poche, un engin pas de première fraîcheur, pour envoyer un message à son professeur du jour et ce avec une lenteur extraordinaire.

" Je suis arrivé, je suis le seul vieux selon toutes vraisemblance... Un tatoué qui ressemble à un mur de chiottes dans un lycée. "

Il n'a jamais aimé ça l'école, Manwë c'était le cancre de sa classe à l'époque. Le brun n'avait jamais été destiné à devenir un intellectuel, il s'en était malgré tout pas trop mal sortie, il a avant tout développé une intelligence pour s'attirer des ennuis mais également pour s'en dépêtrer.

Son message envoyé, il entendit derrière lui une sonnerie de portable et il pivota vers une jeune femme rayonnante aux cheveux ondulés " Polly, c'est ça ? Hmm... Pas la peine de lire le message... " Elle à l'air beaucoup trop sympa pour devoir son humour cynique, il lâche un soupire parce que c'est clairement pas son fort d'être agréable. Se concentrer pour apprendre et faire un effort de comporter comme un être humain socialement acceptable ça demande beaucoup d'energie. " Comment ça s'passe ? On s'installe dans un coin et on parle en chuchotant ? Comme dans une... Bibliothèque ? " Il grimace légèrement au mot bibliothèque, signifiant par là le fait qu'il n'a pas ouvert un bouquin depuis des années et aussi qu'il espère grandement se tromper sur le concept de cet endroit.

Polly a toujours été du genre à vouloir aider les autres. C’est comme si toute son enfance passée seule et marginalisée par les autres lui servait ensuite pour aider ceux qui a leur tour sont un peu laissés sur le bord du chemin ou juste ont besoin d’un peu d’aide. Elle prend souvent beaucoup de son temps pour les autres ce qui prend en partie sur son temps de sommeil car elle doit aussi travailler pour elle et pour ses études qu’elle n’a aucunement envie de sacrifier. Lorsqu’elle a vu la petite annonce de quelqu’un voulant un peu d’aide en informatique, elle a hésité. C’est son domaine, même si vu la tête de l’annonce même quelqu’un de vaguement compétent serait sans doute suffisant, mais elle n’était pas sûre d’avoir le temps d’accomplir la demande. Le caissier, qui la connaît bien puisque bavarde comme elle est elle ne peut pas s’empêcher de discuter avec tout le monde et de propager sa bonne humeur, l’a encouragé à le faire. Cela faisait déjà plusieurs jours que l’affiche était là sans que personne ne la remarque lui avait-il dit. Il n’en fallait pas plus à la jeune femme pour prendre le numéro et un peu de son temps pour aider cette personne en difficulté. Quelques messages plus tard, le rendez-vous était donné, dans un café où la jeune femme aime bien aller pour travailler. Elle arriva très largement en avance pour prendre une table dans un coin tranquille et travailler. Pour ne pas louper l’heure, elle avait laissé son téléphone en sonnerie pour l’entendre, sinon trop accaparée dans son travail elle ne l’aurait pas remarqué. Juste après la sonnerie et avant qu’elle n’ait pu lire le message, un homme fin trentaine début quarantaine se pointa devant elle en lui disant de ne pas lire le message. « Salut ! C’est bien moi. » répondit-elle toute souriante en rapatriant toutes ses affaires, composées de stylos à paillettes, de carnets pastels, de bouquins et de son ordinateur remplie de stickers mignons. L’homme lui demanda comment ils devaient faire, s’ils devaient chuchoter comme dans une bibliothèque. Vu son expression il n’a pas l’air d’apprécier passer son temps dans une bibliothèque comme c’est le cas de la jeune femme. « Tu peux t’asseoir là. On n’est pas obligés de chuchoter mais faut pas parler trop fort non plus. » lui expliqua-t-elle simplement. Entre eux il y a un sacré contraste, lui le type un peu perdu dans cet univers et pas des plus avenants et elle l’étudiante en informatique aux habits colorés et aux barrettes arc en ciel et cerises dans les cheveux. « Dis-moi tout ! »

La vue achromatique de Manwë lui épargne la vue de ces associations de couleurs dans cet environnement inconnu, il n'a jamais eu à se rendre dans ce café, bien qu'il connaisse son existence depuis bien longtemps. Il n'y a pas grand-chose qui esquive son radar, il est comme ça Man', pas une commère, mais il garde l'oeil ouvert. Beaucoup le sous-estiment.

Elle à l'air vraiment gentille cette jeune il doit l'admettre, elle dégage une énergie qu'il n'a pas forcément l'habitude de côtoyer. Il n'arrive pas encore à déterminer s'il apprécie ça, elle semble mature malgré ses accessoires qu'il pense comme enfant. À moins que comme lui, ça lui arrive de se fringuer aux objets trouvés ?  (note de l'auteur : désolé pour ce manque de respect...) C'est bien comme ça qu'il s'est retrouvé à porter un t-shirt hello kitty et une chemise orange à vous brûler les rétines, chose que lui n'a pas vu mais qui lui a valu quelques moqueries.

" Ok. " Plutôt docile l'anarchiste, mais il sait mettre de la bonne volonté quand il le faut, ça ne dure jamais, mais il est à son maximum. Il s'assoit donc et pose son portable entre eux.

Tout lui dire, non... Il compte bien garder les détails les plus douteux pour lui même. " Ça sera pas long... Enfin j'espère. J'suis pas vraiment à la page, j'dis pas que j'vis dans une grotte, mais presque. " Ses proches essaient vraiment de la faire sortir de cette fameuse grotte, il aime bien être seul Manwë, il n'a pas grandi dans un cadre heureux, il ne se sentait pas en sécurité chez lui lorsqu'il était môme, alors être seul dans son safe space, c'est encore ce qu'il préfère. Bien sur, jamais il ne le dira à qui que ce soit. " J'ai un vieux téléphone, j'ai pas de compte Amstramgram, j'ai toujours pas compris pourquoi les gens prennent tout et n'importe quoi en photo, mais ça y est j'crois que j'ai assimilés cette histoire d'emojis... Cependant... J'suis pas encore sûr pour cette histoire d'aubergine. " Il pense que ça résume plutôt bien son niveau, bien qu'il se féliciterait presque de savoir ce qu'est Instagram... Même s'il n'en maîtrise pas encore le nom.

Il sort de la poche de sa veste une boite contenant un tracker gps - ce qui se fait de mieux - et la notice " J'ai vraiment essayé d'installer ce truc, c'est l'enfer... " Ses yeux verts se posent sur le jeune femme, il n'ose imaginer ce qu'elle peut penser en voyant cet objet pas spécialement légal en fonction de la situation... Il a la gueule de l'emploi pour être un psychopathe, il en a conscience. Même si elle n'a pas l'air de juger sur l'apparence, il a l'habitude des préjugés que l'on peut avoir sur lui, même dans des situations comme celle-ci où il est calme et pas désagréable. " C'est mon vieux père... Il a un bateau. J'veux juste pouvoir m'assurer de savoir où il est. " Et le pire... C'est que c'est vrai ! C'est bien à destination de suivre l'Isabella et savoir où la clique de son géniteur se trouve pendant que li sera occupé à lui faire la peau. Un mensonge n'est qu'encore plus crédible quand il est vrai.

Et pour essayer de sympathiser, dans un effort qui lui demande beaucoup il désigne du menton l'un des accessoires Harry Potter " Ça serait plus simple de faire fonctionner tout ça par magie, enfin j'serais peut-être nul aussi pour jeter des sorts, en plus... J'aime pas les magiciens." Sorcier, magicien... C'est la même chose pour lui. Au moins, il prouve qu'il ne vit pas à 100% dans une caverne, il connait la célèbre saga !

Toujours bienveillante, Polly ne jugeait pas son élève sur son apparence même si au vu de celle-ci cela ne l’étonnait pas trop qu’il ne soit pas vraiment à la page question nouvelles technologies. Il n’est pas très vieux mais il n’a pas vingt ans non plus et il n’a pas l’air d’être le genre à poster dix trucs sur les réseaux sociaux tous les jours. Enfin elle se trompe peut-être, c’est peut-être un pro qui a besoin de conseils pointus qu’elle ne saura pas lui donner. Mais au vu de l’annonce, elle doute que ce soit le cas. Il lui explique ne pas vraiment être au point sur les nouvelles technologies. « Oh c’est pas grave. Des fois c’est pas plus mal de pas passer sa vie accroché à son téléphone. » Elle qui aime beaucoup lire, elle se planifie toujours des moments où elle laisse son téléphone de côté. Polly aime bien traîner sur les réseaux sociaux mais elle ne suit que des comptes de personnes qu’elle apprécie ou feel-good, pas des trucs anxiogènes qui ne lui font pas du bien. Lorsqu’elle travaille, elle laisse aussi son téléphone de côté, le passant en mode révision avec un minuteur pour faire des pauses régulièrement et un bloqueur d’applications pour l’obliger à rester concentré et à ne pas décroché pour scroller instagram pendant des heures. Justement Manwë semble connaître le réseau social même s’il ne semble pas encore bien en connaître son nom et il maîtrise les emojis, enfin en partie. La jeune femme ne peut s’empêcher de rire, un peu attendrie par l’ignorance de son élève sur ce qui lui semble pour elle être la base. Elle ne rit pas méchamment, pour se moquer juste elle trouve ça marrant qu’il lui sorte cette exemple. « Alors l’aubergine c’est rarement mis pour inviter les gens à faire une ratatouille. C’est plutôt un moyen détourné pour parler de sexe, y’a la pêche aussi. Enfin dès que y’a des fruits et des légumes méfie toi, y’a sûrement un sens caché. » Ça serait dommage qu’il y ait une incompréhension et que l’un pense naïvement à une bonne salade de fruit quand l’autre à plutôt en tête une soirée un peu moins tout public. Finalement il lui présente l’objet dont il n’arrive pas à se servir. Un tracker gps, pas franchement le genre de truc que tout le monde a sur lui. Naïve, Polly n’imagine pas quelqu’un utiliser cet objet à des mauvaises fins, surtout le type en face d’elle. Elle croit bien à son histoire de père à surveiller. Elle ferait sûrement pareil si ses parents étaient plus vieux. « Ah oui, ce serait dommage qu’il lui arrive quelque chose. » lui dit-elle en souriant avant d’attraper le mode d’emploi pour le lire. Les informations sont assez sommaires et pas franchement exhaustives. « Je suis pas sûre que la magie résolve vraiment le problème. » lui répond-elle en souriant. « Mais fais attention à ne pas te mettre les magiciens à dos, surtout quand ils doivent régler un tracker gps. » le prévint-elle. Polly ouvre le petit compartiment des piles. Elles sont bien là mais pas installées correctement dans l’emplacement, ce qui explique qu’il ne démarrait pas déjà.

On peut dire que Manwë est l’opposé de la phrase : passer sa vie accroché à son téléphone. Son portable peut resté chargé plus d’une semaine tellement il ne s’en sert pas, juste pour envoyer des messages. Les conversations téléphoniques ça le saoule, déjà parler avec des gens face to face, ça l’use, alors pourquoi s’infliger ça à distance ? Il explique son niveau de maitrise avec cet humour qui lui est particulier, voir rire la jeune femme c’était assez positif pour lui. Il ne prenait pas ça pour de la moquerie et pour tout dire, il se ficherait bien qu’elle se paye sa tête. Il est nul, il est nul ! Il assume.

“ Sérieusement ? C’est un nouveau délire maintenant de se mettre des aubergines dans le cul ? “ Heureusement qu’ils parlent tout bas, soit dit en passant… “ Qu’est-ce qu’ils vont pas inventer… “ Il avait bien du mal à suivre tout ça. Par manque d’intérêt, il avait prit du retard dans bien des domaines et ça lui semble impossible de se remettre à la page un jour. Plus il en découvre, plus il y a de nouveautés dans l’absurde. Il a même entendu parler d’un réseau social qui s’appelle Tok-tok… Non vraiment, il a lâché l’affaire, c’est encore le plus simple à faire ! Pourtant il n’est pas si vieux.

“ Ouais… Ça serait dommage. “ Franchement, ça le ferait chier qu’il canne comme ça, perdu en pleine mer. Man’ voulait qu’il souffre, vraiment. Il voulait se charger de son cas. Régler ses comptes, tourner la page. Il a besoin de boucler cette vengeance pour envisager avancer vers autre chose dans la vie, même s’il ne s’est pas encore projeté dans l’après. Il ne dit rien, la laissant lire la notice avant de lancer dans une vanne pas particulièrement élaborée. Il arque un sourcil en la voyant changer de sens à la pile, il ne devait clairement pas être réveillé quand il a mis ça, ou déjà bien agacé. “ C’était déjà mal engagé apparemment… “ Très mal démarré. Le tracker allait peut-être enfin donner signe de vie. Man’ ouvre son portable, le déverrouille et le tourne vers la jolie rousse. Elle peut voir qu’il n’y a aucune application téléchargée dessus, pas de spotify, ni de facebook, encore moins de Candice Crush. Néanmoins, il avait réussi à télécharger l’application du tracker, qu’il ouvre en appuyant avec son index tatoué. “ Ça me demande toujours une saloperie de compte google pour me connecter… Du coup, c’est là que j’ai lâché l’affaire. “ Il soupire, bien que concentré, ça ne le passionne pas. “ J’vais te dire, quand ils ont inventé internet dans les années 90, j’me disais que ça marcherait pas… J’aurais mieux fait d’me pencher sur la question quand j’étais plus jeune. “ C’est pas qu’il a le cerveau ramolli et qu’il n’est plus en capacité d’apprendre, mais c’est vraiment pas son truc l’informatique… Un peu comme la bouffe chinoise et être aimable : pas sa came.

Le décalage entre eux deux est plutôt marrant à voir. Ils n’ont globalement rien en commun, elle l’étudiante en informatique lui le….elle ne sait même pas ce qu’il fait pour gagner sa vie mais ça ne doit pas avoir grand-chose avec l’informatique ou alors il ne roule pas sur l’or. Polly fréquente toute sorte de gens, fréquentables ou non d’ailleurs. Sa naïveté et sa générosité la pousse parfois dans les mauvais plans avec les mauvaises personnes mais elle finit toujours par s’en sortir. Il faut croire qu’il y a un petit ange gardien qui veille sur elle en permanence et la sauve des mauvaises personnes. Mais là, elle ne se fait pas trop de soucis, si Manwë a l’air un peu en retard question nouvelles technologies, elle ne le trouve pas spécialement méchant ou menaçant. Elle rit lorsqu’il essaie de comprendre cette histoire d’aubergine. « Non c’est pas ça...c’est une façon de parler, enfin d’écrire. » Elle n’a pas franchement envie de rentrer plus que ça dans le détail de l’utilisation de l’emoji aubergine, surtout avec un type qu’elle ne connaît quasiment pas. La jeune femme replace ensuite les piles correctement dans le tracker, lui permettant de démarrer. La mission n’est pas encore accomplie mais elle a au moins résolu un problème. Elle lui sourit avant de regarder à nouveau le mode d’emploi. Son élève lui parle de l’application associée au tracker et du compte google nécessaire pour l’utiliser. « Ah. » dit-elle en prenant le téléphone. Elle observe la page qui lui est présenté, demandant effectivement un compte google. « En fait c’est pas obligé mais ils cachent bien le fait qu’on puisse contourner ça. Il y a un petit bouton écrit passer en bas à droite mais on le voit quasiment pas...ils font souvent ça. » Elle qui a l’habitude de ce genre de stratagème le voit du premier coup d’œil mais quelqu’un d’un peu moins expérimenté tombe dans le panneau et se connecte avec son compte. « Mais du coup si tu te connectes pas, tu pourras pas récupérer voir les informations ailleurs que sur ton téléphone. » le prévint-elle. Polly a un peu l’impression de donner un cours à ses grands-parents, ses parents s’en sortant plutôt correctement avec les nouvelles technologies. Heureusement qu’elle arrive à être patiente. « Effectivement, t’as pas été très visionnaire sur ce coup. Enfin comme pas mal de gens sinon il y en aurait eu beaucoup plus qui seraient devenus riches en pariant sur internet dès le début. Tu savais que la première image publiée sur le web c’était un groupe de musique du centre de recherches et qu’il s’appelait les horribles cernettes ? » Elle a de quoi ponctuer leur conversation de tout un tas d’anecdotes sur internet et l’informatique en général grâce à tous les cours d’introduction qu’elle a suivi à l’université.

Manwë a simplement hoché la tête en souriant - ça change beaucoup un visage un sourire, surtout le sien - il ne voulait pas mettre mal à l’aise la jeune femme avec cette histoire d’aubergine, elle a l’air plutôt ouverte d’esprit, mais tout de même… Et puis, il ne sont pas là pour ça. La plaisanterie était drôle, mais l’idée n’était pas de devenir un gros lourd. Même s’il prend bonne note de ce renseignement, ça peut toujours servir.

Pourquoi est-ce qu’ils cachent l’accès à l’application sans compte Google ? Manwë préfère ne pas poser la question, ça risquerait de le faire passer pour un conspirationniste. Il refuse d’adhérer à ce genre de compte qui permet le partage des données, surtout avec tout ce qu’il manigance. L’important, c’est qu’elle arrive à faire ce dont il a besoin et dont il n’est pas vraiment capable… Par manque de connaissance et aussi de patience. “ C’est ce qu’il me faut. J’ai pas besoin de le suivre sur autre chose. “ Pas besoin et puis il n’a pas. Man’ dans sa boutique, c’est le genre de mec qui fait encore des cahiers manuscrit de compatibilité, de quoi rendre fou les contrôleur du fisc lorsqu’ils viennent lui rendre visite…

Il regarde la jeune femme manier son téléphone avec habilité, il devrait vraiment s’y mettre, un petit peu tous les jours. Il essaie de justifier son manque de maitrise en la matière, on ne peut pas passer son temps à courir après les problèmes et se poser pour pianoter sur un téléphone… “ Non… J’en savais rien. “ Drôle d’anecdote, mais curieusement, c’est le genre de faits divers que Manwê aime et retient facilement. “ En fait… J’suis même pas certain de connaitre ce groupe. “ Il affiche un léger sourire, cette révélation ça la fou mal pour un expert en musique. Mais lui, il est expert en instrument de musique, alors ça peut nuancer son ignorance en sa faveur. “ T’es plutôt sympas pour une fille de ton âge, j’veux dire… T’aurais pas été la première à me traiter de boomer alors que j’ai que quarante ans. “ Oh que oui on le traite bien assez comme ça de vieux crouton ! Mais cette petite, elle est tellement sympa qu’il s’étonne de la complimenter… Rien que ça ! Un compliment de la part de monsieur le grinch en personne ! “ Enfin, tu te contentes peut-être juste de le penser. “ Nuancer le compliment, toujours… Il lui adresse un léger sourire, encore, miracle. “ Hm bref… Ça fonctionne ? “ Calibrer l'appareil, ça prend du temps, mais ça, il n'en sait rien. Cette parenthèse dans sa vie, cet endroit, c’est pas si désagréable, mais il ne se sent pas vraiment à sa place.

En même temps qu’elle essaie de faire fonctionner l’appareil, Polly lui explique un peu les étapes, histoire qu’il sache ce qu’elle est en train de fabriquer. Pour quelqu’un qui s’y connaît un minimum ce n’est pas bien sorcier mais Manwë ne semble pas franchement expert en la question. Elle lui explique pour le compte Google et comme il ne semble pas vouloir connecter tous ses appareils entre eux, si jamais il en avait d’autres, elle passe directement à l’étape suivante. Elle ne l’imagine pas avec vingt-cinq objets de nouvelles technologies ou alors il ne doit clairement pas beaucoup les utiliser. Comme la jeune femme n’est pas trop du genre à se taire et à laisser les blancs s’installer, elle ponctue son intervention avec une anecdote sur la première image d’internet, celle d’un groupe de musique constitué de membres du Cern, le centre de recherche au sein duquel le web a été créé. « Oh il est vraiment pas connu du tout ! C’est un peu un club de musique. J’imagine qu’elles devaient chanter pendant certains événements du centre de recherches ou des trucs comme ça. » Elle ne s’est pas plus renseignée que ça sur les horribles cernettes. Elle ne sait pas quel type de musique elles faisaient ni rien, elle a juste en tête cette image qui montre bien qu’elle date des années quatre-vingt-dix. Polly en a pas mal des anecdotes comme ça, pas sûr qu’elles plaisent franchement à son comparse ou qu’il les retienne. Malgré tout il lui fait un compliment, enfin un compliment de vieux à base de : les jeunes vous êtes tous nuls mais toi ça va t’es sympa. Elle sourit avant de lui répondre « Oui c’est ce que je me dis dans ma tête. » Avant de rire. Non elle est trop sympa pour se moquer intérieurement de Manwë. Certes il n’est pas très doué avec les nouvelles technologies mais ce n’est pas un drame. « Il y a encore des réglages à faire, il faut synchroniser l’appareil avec ton téléphone. C’est le genre de trucs qui met un moment à se faire en général. » Parce que les deux signaux ont toujours du mal à se capter. « Mais je peux occuper un peu le temps avec d’autres anecdotes ! » dit-elle avant d’enchaîner, sans attendre sa réponse. « Par exemple, la synchronisation des signaux, la base, ça a été inventé par une actrice, Hedy Lamarr, tu connais peut-être. Elle a eu l’idée de changer à intervalle régulier les signaux des missiles balistiques pour éviter qu’ils soient déviés pendant la guerre. Mais bon, tout le monde n’en a eu rien à faire de son invention mais aujourd’hui c’est ce qui a permis de créer le wi-fi. »

Il laissa échapper de ses lèvres un léger rire sardonique quant au fait qu’il ait tout d’un boomer avant l’age. Il est passé à côté de quelque chose, mais ça ne lui manque pas vraiment. Sa vie déconnectée lui convient parfaitement. Il avait lancé lui-même la moquerie, il sait s’auto critiquer et puis il se dit qu’il préfère qu’elle le prenne pour un vieux chnoque qu’un connard qu’elle n’aurait pas envie d’aider… Même si cette aide n’avait rien de gratuite.

“ D’accord… “ Il maudissait cette histoire de synchronisation, parce qu’il avait déjà l’impression d’être à court de conversation. Elle vient cependant à son secours en proposant une autre anecdote… C’est là qu’il découvrit une jeune femme particulièrement bavarde. Ces yeux verts ne quittent pas la jeune femme alors qu’elle lui racontait l’origine de la synchronisation. “ Donc c’est grâce à elle qu’on a plein d’onde dans le cerveau ? “ Il la regarde quelques secondes avec sérieux avant de rire à nouveau et lui dire “ J’étais à deux doigts de te dire que j’pensais que la terre est plate, mais j’ai pas envie que tu t’en aille tout de suite en pensant qu’en plus d’être un boomer, je suis un complotiste. “ Il se rend compte que c’est un peu mal formulé, mais il n’aime pas vraiment bafouillé comme un ado à reprendre ses paroles. Ce qui est dit est dit, mais on peut toujours ajouter un petit complément d’information ! “ Pas de panique, j’suis juste un inculte qui passe sa vie dans son atelier…” Il ne peut même pas allumer la radio pour se cultiver un peu, puisqu’il doit entendre le bruit de son travail et des instruments. Il est bien dans sa bulle.

Son portable vibre sur la table, laissant afficher la notification d’un SMS reçu qui indiquait “ Pourquoi t’es parti, tu prépares quoi de louche encore ? “ Les nouvelles vont vite, pourtant il n’est qu’un consultant, techniquement il n’a jamais fait partie des effectifs de police mais quelques collègues ont l’air de se faire du souci pour lui, ou peur d’avoir un meurtre à résoudre bientôt dans la ville si paisible de Bowen... Manwë est trop loin de l’écran pour lire le message et ça ne le préoccupe pas plus que ça. “ Du coup… J’me demandais… Avec ce genre d’outils, y’a pas moyen que ça puisse s’inverser ? Tu vois… Que l’on me localise ? “ Ce serait tellement dommage de se faire pincer à cause de ça…

L’avantage avec Polly c’est qu’elle peut faire la conversation pour deux. Elle comble les moments de vide sans problème et a toujours quelque chose à raconter. Cette manie de toujours parler peut agacer les gens qui finissent bien souvent par lui faire remarquer, mais elle n’arrive pas à s’empêcher de blablater. Elle évoque Hedy Lamarr qui a été la pionnière du wi-fi mais qui n’a été que tardivement reconnue pour sa contribution au monde de l’informatique. La jeune femme aime bien ce genre d’anecdote et surtout montrer aux gens que si aujourd’hui son domaine est surtout composé d’hommes, à la base, il n’y avait quasiment que des femmes. Cette technologie n’intéressait personne et quand quelque chose n’intéresse personne, c’est les femmes qui s’y collent mais dès que ça a commencé à devenir un peu plus utile, un peu plus valorisé, hop, les femmes se font gentiment pousser vers la sortie. Et comme Polly a choisi ce domaine d’études en partie pour dire stop aux préjugés, elle a toujours à cœur de partager autour d’elle la vraie histoire de l’informatique. « Ça ferait beaucoup de cumuler les deux. » répondit-elle en riant. Autant un type un peu à la traîne sur les nouvelles technologies, elle peut gérer, mais un gars complotiste qui s’imagine que la terre est plate, pour la scientifique qu’elle est, c’est impossible. Malgré toute la bienveillance dont elle peut faire preuve, il y a certaines choses qui ne passent pas. Heureusement Manwë ne semble pas être dans cette catégorie. « On a tous des choses à apprendre. » le rassura-t-elle, toujours avec bienveillance. Elle-même, si sur les sciences et surtout l’informatique elle est plutôt calée, en bouquins aussi, il y a tout un tas de domaines où elle est complètement néophyte. Tandis qu’elle continue à paramétrer l’appareil, le téléphone de Manwë vibre sur la table. Il ne le regarde pas et la curiosité de Polly lui donne envie de savoir ce qu’il a bien pu recevoir, mais elle se retient. Au pire elle pourra toujours jouer les curieuses quand il faudra à nouveau qu’elle retourne sur son téléphone. Il lui demande alors si le système de géolocalisation peut se retourner contre lui et qu’on le géolocalise lui. « Alors, ça serait techniquement possible mais très compliqué de te localiser en utilisant le boîtier. Mais dans tous les cas ton téléphone te géolocalise déjà de toute façon. » lui explique-t-elle en haussant les épaules.