accept no defeat, surrender, retreat (oskár)

Tu hochas la tête avec un sourire mêlé à une moue. T’étais pas forcément le poster child des belles relations, en fait t’avais pas vraiment eu de relation sérieuse at all, mais au moins t’étais honnête dès le départ quant à tes intentions. Enfin … jusqu’à Sahar. Sahar elle avait un peu tout défait ce que tu connaissais de toi, parce que c’était la première fois que tu ressentais une telle attirance, un tel besoin d’être auprès de quelqu’un d’autre. Plus qu’une simple histoire d’une nuit sur ton voilier, elle hantait maintenant tes pensées même en plein jour, alors que vous ne vous parliez même plus depuis quelques mois. Heureusement qu’elle était dans ta team des Pamplemousses et que tu savais donc qu’elle n’était pas de la partie aujourd’hui. Aucun risque de la croiser en train d’essayer de voler ton drapeau, ou ton cœur. À la place ce fut un mec pas très brillant qui essaya de prendre possession de votre repère, sans vérifier ses arrières. Et dans son dos il y avait Vega et toi. Il fut éliminé assez rapidement et vous voilà de retour seuls tous les deux, à vous demander quelle était la position optimale pour défendre la base. « Bon, accroupie tu vois un peu moins loin, mais tu risques aussi moins de te faire repérer … C’est pas mal. » La position n’avait cependant pas l’air des plus confortables. « On n’aura qu’à échanger quand t’en pourras plus. » T’étais plus vieux qu’elle et tes articulations te maudiraient de cette proposition mais quand même, t’allais pas la laisser s’tuer les jambes pour autant. Tu resserras tes mains autour de ton fusil à peinture et tu écoutas les bruits autour, essayant d’analyser un peu la progression du jeu et la position des joueurs. Si t’avais été en offensive, t’aurais déjà le drapeau des mandarines entre les mains. C’était long pour rien, bordel.

J’essaie de tenter des stratégies et de me mettre dans le jeu même si ce n’est clairement pas mon élément. Et je n’ai pas non plus envie de me mettre mon partenaire à dos, lui qui semble apprécier ce jeu. Je l’ai contrains à rester en défense, ce qui n’est pas le plus palpitant alors je peux bien faire quelques efforts pour m’impliquer. On essaie de trouver un coin un peu à l’abri pour guetter les environs. Je ne connais pas notre niveau en attaque mais il se peut bien que l’équipe adverse finisse par arriver jusqu’à notre base et il faudra être prêts pour ça. Je trouve un petit coin en hauteur mais avec la corde qui nous relie, je n’ai pas vraiment une grande liberté de mouvement. Je me retrouve accroupie. Clairement moi qui suis pas sportive pour deux sous, je ne risque pas de tenir longtemps dans cette position. Et au moment où il faudra bouger je sens que mes articulations mettront du temps à se réveiller. Pour autant on n’a pas vraiment de meilleure solution. « Ça risque d’arriver assez vite. » Je le préviens. Au pire je peux toujours m’asseoir mais quand il faudra bouger ça risque d’être pire et surtout je verrais encore moins au loin, si quelqu’un arrive. A présent, on attend, en tendant l’oreille. On entend un peu de bruit au loin mais difficile de savoir qui tire sur qui et qui a l’avantage. « C’est frustrant de pas savoir ce qu’il se passe là-bas. » Je lui dis en chuchotant.

T’avais rapidement proposé d’échanger les places dès que ta partenaire n’en pourrait plus, parce que tu voyais bien que sa position ne semblait pas très confortable. Ouais, t’étais prêt à te sacrifier pour que ta teammate ne souffre pas trop longtemps. T’allais pas forcément tenir jusqu’à la fin de la partie non plus, t’avais beau être assez musclé t’étais pas un mec de sports d’endurance. Tu ris quand Vega te prévint qu’elle risquait de demander assez vite de changer de place. « Pas de problème. » Lâchas-tu même si t’étais plutôt confortable, toi, en bas de cette petite butte. Pour la game, t’étais prêt à tout. Vous auriez effectivement pu trouver des positions plus confortables malgré la corde qui vous liait, mais ces positions-là n'étaient pas optimales pour le jeu et si on vous surprenait, vous ne seriez pas prêts à vous défendre. Vous étiez mieux que ça, tu le savais, Oz. « Me dis pas ça à moi. J’ai les jambes qui me démangent. » T’avais juste envie d’partir et d’aller voir où en était la progression des Pamplemousses, mais si tu faisais ça il fallait obligatoirement que Vega te suive – corde attachée oblige -, et il n’y aurait plus personne pour défendre votre base. Ce serait bien con. Les minutes passèrent, il n’y avait aucun bruit autour de vous. Il n’y eut pas d’autres tentatives de vous voler votre drapeau, pas pendant tout ce temps. Rien que les salons des fusils et des balles de peinture qui éclatent au loin, sur les murs ou sur d’la peau, ça dépendait de si un cri de douleur s’en suivait. Puis, t’entendis des pas rapides, quelqu’un courait dans le couloir menant à votre base. Tu te redressas les épaules, prêt à déglinguer la personne qui se pointerait aussi peu subtilement, encore une fois. Mais tu reconnus rapidement la personne. « C’EST MANWË ! » T’écrias-tu avec un grand sourire. « ET IL A LE DRAPEAU ORANGE ! » Vous aviez gagné, bordel, Manwë avait peut-être aucune idée de ce qu’il tenait dans sa main puisqu’il était à demi-aveugle mais il avait pris le drapeau de la bonne couleur et l’avait ramené ici, c’était l’important !

J’ai vraiment l’impression d’être le boulet du groupe. Déjà que j’empêche Oskár d’aller au front parce que cette activité de paintball ne m’emballe pas et qu’il s’est retrouvé avec moi, mais en plus je me plains de ma position. Certes elle n’est pas très confortable et il reste plutôt sympa avec moi malgré tout, mais je sais que je devrais prendre un peu plus sur moi. On entend des bruits de tir au loin sans savoir si c’est bon signe pour nous. Forcément il a envie d’aller voir, d’aller dans la mêlée mais accrochés l’un à l’autre, je l’en empêche. « Si tu te décides à partir en courant, préviens moi avant, que je tombe pas et que tu doives me traîner. » Positionnée comme je suis, s’il tire sur la corde, je risque de perdre l’équilibre et tomber en avant, en bas de la butte et de me faire pas mal mal je pense. Je sens mes articulations commencer à souffrir à mesure que je reste en position mais je ne dis rien, luttant pour tenir un peu plus longtemps, attentive aux bruits autour de nous. Pour l’instant rien qui ne se rapproche de nous. A un moment, on entend quelqu’un arriver en courant, vraiment pas discret, on n’est prêts à tirer jusqu’à ce qu’on voit apparaître quelqu’un de notre équipe, drapeau de l’équipe adverse en main, suivi par son coéquipier. Visiblement, on a gagné. « Ouii ! » Je dis plus de soulagement que ce soit fini que de réelle joie. Je tombe vers l’arrière pour pouvoir m’asseoir sur la butte et étendre mes jambes. « On aura fortement contribué à cette victoire. » Je dis en riant. Moi ça ne me dérange pas de ne pas avoir été le top player du match mais j’imagine que mon partenaire doit être un peu frustré de pas être celui qui arrive victorieux avec le drapeau de l’équipe adverse en main.