old friends feud ► charlie x julian

Assis confortablement sur sa chaise, le soleil en plein visage, cigarette à la main, Tommy fit signe au serveur de lui resservir la même chose. Pour le coup, l’Australien était ravi d’être arrivé en avance pour profiter de la douceur des soirées d’hiver de Bowen. Il avait quelque peu hésité sur le lieu après avoir proposé à Charlie de le rejoindre pour boire un verre. Ce bar, il n’y mettait pas souvent les pieds, mais avait le mérite de le changer de sa routine. Entre son lieu de travail et le bar de son cousin, il avait parfois besoin d’un nouvel air. Depuis un certain temps, maintenant, les journées passaient et avaient tendance à se ressembler. Un réveil dans le gaz, un peu de sport, le travail et quelques coups accompagnés de collègues ou de parfaits inconnus rencontrés au détour d’un comptoir. Une routine bien en place et confortable qu’il était nécessaire de briser durant son jour off. Un grand sourire pris place tout le long de son visage quand il aperçut son amie un peu plus loin. Naturellement, il se leva pour la prendre dans ses bras en guise de salutation. “Hey! J’espère que tu ne vas pas m’en vouloir, mais je ne t'ai pas attendu” Le brun ponctuait sa phrase d’un petit rire avant de se rasseoir. “Comment tu vas ? J’ai l’impression que ça fait une éternité !” Cette impression, il avait tendance à l’avoir un peu trop souvent. Alors qu’il voyait déjà beaucoup de monde, ça ne semblait jamais assez. Seuls des membres de sa famille échappaient à cette constante puisqu’eux, il les voyait presque chaque semaine sans faute.

@Charlie Keynes @Julian Bratford

Depuis qu'elle était sous la responsabilité de la quatrième boutique d'Imogen, Charlie redoublait d'efforts pour travailler en autonomie. Il y avait certaines choses dont elle avait plus de facilité à gérer et d'autres moins. Un épineux problème l'avait tracassé dernièrement, néanmoins elle osait espérer avoir pris la meilleure décision. Son ex Julian cherchait un job, elle le savait plus que qualifié pour intégrer Imogen, car lui-même lui avait appris les bases de la pâtisserie. Seulement son ancien mentor fut aussi un ancien amant dont l'histoire s'était plutôt très mal terminée. Alors pour éviter tout conflit potentiel, malaise ou rancœur, elle se dit qu'il était bien plus préférable de ne pas suivre sa candidature. En revanche, elle avait contact avec quelques personnes du milieu et lui avait proposé de lui transmettre leurs coordonnées. Bien évidemment Julian avait refusé, peut-être par fierté.

Ces derniers événements incita grandement Charlie à contacter son ami Tommy. Il connaissait Julian, tout comme il connaissait leur histoire passée. Mine de rien, cela lui pesait sur le cœur de voir à quel point Julian montrait son animosité envers elle. En dehors du fait qu'elle ressentait le besoin d'en parler, cela lui faisait toujours plaisir de le revoir. Les retrouvailles furent donc chaleureuse quand Charlie le retrouva au bar. La Cheffe Pâtissière vint l'enlacer. Elle se mit à rire à son tour lorsqu'il lui fit remarquer qu'il ne l'avait pas attendun T'as bien raison. Ça va toi ? demanda la blonde, qui prit ses aises en installant ses affaires à ses côtés. Mais oui! Surtout que j'ai trop de trucs à te raconter! confia Charlie d'entrée de jeu, se mordant la lèvre inférieure. Entre sa promotion, ses fiançailles, les retrouvailles avec Julian ; ils allaient devoir prendre plus d'un verre avant de faire le tour.

Accoudé au comptoir, tu laisses tes pensées vagabonder. tu n'avais jamais été le genre de personne à baisser les bras ou à noyer ton désespoir dans un verre. bien au contraire. toi, tu étais de ceux qui se battaient, de ceux qui n'abandonnaient jamais, de ceux qui redoublaient d'efforts pour rebondir. et pourtant... pourtant, en cette fin de soirée, tu étais bien ici. assis là, derrière ce verre qui ne se vidait pas. ce verre qui restait désespéramment hésiter entre à moitié plein, et à moitié vide. pourtant, depuis que tu étais revenu à bowen, ce n'était pas la première fois que tu finissais derrière un comptoir, le regard perdu dans un liquide jaunâtre. un léger sourire cynique éclaira ton visage. le whisky, c'était la boisson de ton père. celle qu'il buvait le soir, quand le désespoir le rongeait. quand il réalisait combien sa vie n'était qu'une succession de regrets, toi et ta sœur y compris. alors, tu saisis le verre devant toi, réalisant que tu en es au point où il en était.
heureusement, toi, tu n'avais pas eu d'enfants.
toi, tu n'avais personne à blâmer pour tes erreurs. pour tes échecs. pour tes regrets. pour tous ces mauvais choix que tu avais un jour fait.

lentement, tu portes le verre à tes lèvres et bientôt le liquide vient rencontrer ton palais, te donnant l'impression de bruler l'intérieur de ta bouche. t'aurais bien tout recracher si une voix derrière toi ne t'avait pas donner envie de vider l’entièreté du contenant. en parlant d’échecs. de regrets. et d'erreurs, on avait là un combo gagnant. charlie keynes en personne, toujours à débarquer quand on n'a pas besoin d'elle. ni même envie de la voir. ou d'entendre sa voix de crécelle. sans t'en rendre compte, tu te retournes. d'instinct. comme poussé par une force intérieure. par cette envie de caresser son visage de ton regard. ou juste pour savoir si, aujourd'hui encore, elle apportait un plateau de madeleines, telle la bree van de kamp de bowen. mais quelle ne fut pas ta surprise quand tu réalises que la personne qu'elle enserre dans ses bras n'est autre que tommy o'brian. ton cœur se serre en pensant à cet ami que tu as perdu. les souvenirs qui te reviennent en mémoire. à faire les quatre cent coups avec lui. les jeux vidéos. les fausses bagarres. les parties de basket. les courses à vélo dans les rues de bowen.

alors, tu clignes les yeux, une fois ou deux, pour être sur de bien voir. entre la gorgée de whisky, le manque de sommeil et le soleil de l'hiver, il était possible que tu sois victime d'une hallucination après tout. ou pas. maintenant, tu en es sur. debout, devant leur table, il n'y a plus de doute possible sur l'identité de l'homme assis face à charlie. t'es pas bien sur de comment t'es arrivé là, ni pourquoi, ton mauvais whisky à la main et le cœur lourd et mal accroché.

laissez-moi deviner. t'as pas assez ruiné ma vie, du coup t'en es à demander à mon meilleur ami d'être le témoin de ton mariage ?! meilleur ami. il fallait le dire vite, les années ayant effacés cette amitié. mais, les faits et la rancœur restaient les mêmes.

@Charlie Keynes &  @Tommy O'Brian

La soirée s’annonçait douce. Quelques verres partagés en terrasse avec une amie, Oliver ne demandait rien de mieux. Voilà d’où venait le sourire qui accrochait ses lèvres au moment de croiser son regard. “Comment ne pas aller bien quand je te vois” dit il en lui adressant un clin d’œil et un petit rire. À défaut d’avoir une réponse appropriée, depuis quelque temps, il trouvait toujours une petite parade pour ne pas répondre aux “ça va”. Peu à l’aise avec l’idée de mentir, l’option phrase mielleuse passait toujours mieux que la réponse complètement sincère. “Alors on devrait presque prendre direct une...” bouteille. L’Australien n'eut pas le temps de finir sa phrase qu’une voix masculine vint les interrompre. Tournant la tête en direction de cette voix, Tommy cru, l’espace d’un instant, apercevoir un fantôme. L’ombre d’une amitié perdue il y a bien longtemps. Le torrent d’informations déversé à ce moment-là laissa Tommy bouche bée quelques secondes. C’est la dernière phrase de Julian qui monta en premier au cerveau de Tommy. D’un coup, il tourna la tête vers Charlie. “Attends quoi ?” Au moins, il n’avait pas eu à trop attendre pour savoir ce qu’elle devait lui raconter. Un sourire sincère se forma quelques secondes sur son visage avant qu’il ne retourne la tête pour dévisager son ancien ami. C’était presque surréaliste de l’avoir là, en face de lui, à Bowen. Tellement surréaliste que Tommy se mit à rire. Un rire franc et les yeux qui montent vers le ciel…“C’est pas croyable !” Le culot du gars le fascinait presque. Il a des années de ça, il aurait sûrement essayé de le comprendre, de lui trouver des excuses pour cette animosité. Tommy avait toujours eu à cœur d’être loyal en amitié. Fut une époque où il aurait tout fait pour Julian, sans vraiment poser de question, juste pour tous ces moments qu’ils ont passés ensemble. Comprendre que ce sentiment n’est pas réciproque (à plusieurs reprises), ça vous laisse un goût amer. “Pauvre Julian, ça doit être dur d’avoir le monde qui tourne autour de toi” Une bonne dose de sarcasme, c’est tout ce qu’il était capable de fournir à ce moment précis. Un petit aperçu de la rancœur alimentée par des années de silence.

La douceur de Tommy était toujours un régal pour Charlie, qui se demandait souvent comment son ami parvenait toujours à sourire malgré son passé tragique. En tout cas elle faisait de son mieux pour trouver du temps avec son ami, lui apporter une fournée de madeleines faisait en effet partie de ses habitudes. Cette fois elle n'avait rien apporté mais ils allaient pouvoir trinquer. Et alors qu'elle était sur le point de lui annoncer de bonnes nouvelles, une voix familière vint les interrompre. Elle en eut l'estomac noué. Julian. Elle aurait dû s'en douter. Bowen étant une petite ville, elle allait donc à être amener à croiser Julian dans chaque coin de rue.

Fidèle à lui-même, Tommy n'hésita pas à prendre la défense de la pâtissière. Elle lui jeta un regard reconnaissant et posa sa main sur la sienne. Contrairement à Julian, il savait à quel point elle s'en était longuement voulu de l'avoir quitté ainsi. Deux ans s'étaient écoulées et pourtant la rancœur paraissait grandissante à chaque fois qu'ils se voyaient. Oui je vais me marier Coupée dans son élan, elle montra à Tommy sa bague de fiançaille avec moins d'entrain qu'elle ne le faisait habituellement. Elle n'était pas à l'aise d'étaler son bonheur face à Julian, au contraire, elle aurait préféré trouver un autre endroit pour être avec Tommy. Embarrassée, Charlie fuyait le regard de Julian. Depuis qu'ils s'étaient retrouvés, ils enchaînaient les rencontres fortuites où la tension entre eux ne faisait que de se décupler. Déjà qu'elle détestait être en conflit, elle le supportait encore moins l'être avec Julian. Il avait souvent des mots blessants, qui pouvaient faire sortir le pire en elle. Dans un premier temps elle se disait que le mieux à faire était de... fuir. Encore. On pourrait peut-être trouver un bar ailleurs ? suggéra Charlie à voix basse, l'appréhension qui se lisait sur son visage. Elle connaissait le tempérament de Julian et savait qu'il n'hésiterait pas à l'humilier devant tout le monde.

La surprise sur le visage de tommy que tu ignores, naviguant entre la honte d'avoir été celui qui le lui avait annoncé, et la fierté d'avoir coupé l'herbe sous le pied de la blondinette. T'en arrives même à faire comme s'il n'était pas là, ton regard, sombre, rivé sur elle.
Pourtant, tu sens son regard à lui, sur toi. Un regard interloqué. Une expression mêlée de surprise et de colère. “C’est pas croyable !” T'as pas besoin de le regarder pour le savoir que c'est ce regard là qu'il pose sur toi. Tommy avait été ton meilleur ami pendant bien trop d'années. Il avait été ce frère que tu n'avais jamais eu. Il avait été le témoin à tes cotés quand tu avais prononcé tes vœux. Celui qui t'avait dit que tu faisais une erreur. Celui que tu n'avais pas écouté, mais qui ne t'en avais pas tenu rigueur, même quand tu lui avais donné raison, à peine quelques mois plus tard, quand tu avais divorcé. Il avait été l'épaule sur laquelle tu avais honteusement pleuré. Celui qui t'avait si souvent soutenu. Celui que tu avais voulu appeler, quand Charlie t'avait quitté. Et, aujourd'hui encore, malgré toutes ces années, tu savais que c'était avec ce regard là qu'il te regardait. Et c'était bien de la honte que tu ressentais. Sentiment que tu décidais d'ignorer, trop concentré sur elle. Elle que tu dévisageais. Elle que tu méprisais.

“Pauvre Julian, ça doit être dur d’avoir le monde qui tourne autour de toi” la honte. un peu plus palpable. t'hésites à poser les yeux sur lui, cette fois. mais tu n'en fais rien. tu risquerais de t'écrouler. sous le poids de la culpabilité. sous le poids de la honte. sous le poids de la solitude. sous le poids de toutes ces années passées à l'ignorer. même durant ces tristes journées où tu aurais eu bien besoin d'un ami. Le reproche te blesse plus qu'il ne le saurait jamais. Plus qu'aucun d'entre eux ne pourraient jamais le deviner. Tu te contentes de rester là, impassible, ton regard rivé sur elle. Mais elle, c'est toi qu'elle ignorait, feignant de ne pas te voir, ne posant pas même l'ombre d'un regard sur toi. Montrant son diamant à celui qui avait été le témoin de ton mariage. Puis, comme si de rien n'était, elle ajouta simplement "On pourrait peut-être trouver un bar ailleurs ?" léger rire qui s'échappe à tes narines. Cruelle ironie. "Charlie Keynes, semblable à elle même. Toujours dans la fuite."

La situation était presque surréaliste. En-tout-cas, pour Tommy ça l’était, pour les deux autres, il sentait bien que ce n’était pas la première fois qu’ils se revoyaient. Surtout avec l’info que Julian venait de balancer. La surprise avait pris le dessus avant une certaine rancœur. De base, Tommy aurait préféré rester en dehors de leurs histoires. Bien évidemment qu’il aurait été là pour écouter Charlie. Julian aussi si la situation avait été différente. Un ami qui sait prendre du recul, voilà ce qu’il aurait voulu être. À la place, en venant les interpeller de la sorte, Julian l’avait obligé à s’impliquer. Trop impulsif pour rester à l’écart. Il aurait voulu avoir le temps de féliciter dignement Charlie, à la place, il se contentait de sarcasme. Un brin de satisfaction passait sur son visage alors qu’il sentait le poids de ses mots sur l’homme en face de lui. Il avait beau faire le fier devant Charlie, il n’osait pas regarder Tommy dans les yeux. Ce dernier laissa s’échapper un long soupir après la dernière remarque de Julian. Les yeux se levant au ciel une nouvelle fois, Tommy se tourna doucement vers Charlie. “Je ne vois pas pourquoi ce serait à nous de partir." Malheureusement pour elle, Tommy était bien trop fier pour s’en aller. Il se doutait bien que ça ferait trop plaisir à Julian s’ils venaient à changer de bar. Alors qu’au fond, le seul qui avait vraiment le droit de l’ouvrir dans cette situation, c’était lui. La fuite d’une relation, ce n’était pas quelque chose d’inconnu pour lui. À sa façon, il était aussi coupable que ses deux compères, seulement lui, n’avait pas son ex femme dans le bar. Ça lui permettait, pour une fois, de pouvoir faire le donneur de leçon. “Julian va simplement arrêter de se comporter comme un gamin et ça ira mieux. Pas vrai Julian ?” Dit-il en tournant la tête vers l’homme devant eux. En plantant sur lui un regard insistant, il espérait détourner son attention de Charlie. "Au moins toi t’as eu le droit à des excuses. Enfin, je présume.” Il n’avait pas vraiment envie de mettre son amie mal à l’aise si ce n’était pas le cas. Cette phrase était sortie toute seule. La surprise du moment l’empêchait de réfléchir à l’impact de ses mots sur elle. C’est pourquoi il finissait en tournant légèrement la tête vers elle, espérant voir une validation sur son visage.  

Le regard méprisant de Julian était lourd à porter. Entre sa rencontre hasardeuse à Imogen, celle chez Avery et maintenant ici avec Tommy, cela devenait trop pour Charlie qui en avait assez de mettre de l'énergie à se justifier dans cette bataille, perdue d'avance. À croire que l'amour qu'il lui portait il y a deux ans, s'était transformé en un nuage sombre de haine. Alors pourquoi était-ce à eux de partir? Parce que Julian n'allait sûrement pas partir et continuerait d'humilier Charlie. Elle regarda Tommy d'un air coupable, d'autant plus que Julian en rajoutait une couche en lui. Julian 1, Charlie, 0. Charlie Keynes, toujours dans la fuite. Dure mais triste vérité. Elle soupira, levant les yeux au ciel mais ravala ses injures pour elle-même. Si elle était dans cette situation à présent, Charlie ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Tommy, dans un élan de loyauté, n'hésita pas à prendre sa défense. Et quand il tourna son visage interrogateur vers elle, elle ne put s'empêcher de lui lancer un regard attendri et ampli de reconnaissance. Oui, je me suis excusée assura-t-elle, en haussant les épaules, mais visiblement lasse d'être considérée comme une ennemie aux yeux de Julian.   Elle s'adressa ensuite à son ex, et le ton de sa voix ne trompait pas, elle supportait de moins en moins ce fossé qui se creusait de plus en plus entre eux. Je regrette d'être partie comme ça, je n'aurais pas dû.  admit-elle dans une premier temps, avec une pointe d'agacement. On ne pourrait pas... oublier... et avancer? lui demanda-t-elle naïvement, dans l'espoir qu'il abandonnerait son comportement hostile envers elle. 

le soupir d'exaspération de tommy. la remarque qui s'échappe à ses lèvres. sous entendu à peine masqué. c'est à toi de partir, julian. une nouvelle chope de plombs qui tombe sur tes épaules. mais tu n'en laisses rien paraitre, trop habitué à ce visage impassible et détaché qui est devenu le tient au fil des années. Julian va simplement arrêter de se comporter comme un gamin et ça ira mieux. Pas vrai Julian ? cette fois, tu ne peux pas ignorer la réplique et tes yeux glissent instantanément vers lui. sombre. mais tu ne réponds pas. tu ne sais que trop qu'il a raison. t'aurais simplement pu continuer à boire ton verre, en les ignorant. t'aurais simplement pu partir, comme si de rien n'était. mais ça, t'en étais incapable. le gamin fier qui fonçait toujours tète la première sans se soucier des conséquences n'avait pas vraiment disparu. il n'avait jamais vraiment appris de ses erreurs, son égo prenant chaque jour un peu plus le dessus. t'avais pas voulu rester assis là, comme si de rien n'était, à les écouter parler comme... ils étaient devenus quoi d'ailleurs ? meilleurs amis ? la jalousie t'aurais presque étreint à la gorge si la simple idée d'écouter ton ex petite amie raconter à la seule personne que t'avais un jour considéré comme ton meilleur ami combien elle était heureuse avec son nouveau mec ne t'avait pas filé la gerbe. toujours est-il que non, rester assis là au bar, comme si de rien n'était n'était pas envisageable pour toi. parce que tu ne pouvais, tout simplement, pas les ignorer. comme tu n'aurais pas pu partir en feignant de ne pas les connaitre, comme si tout cela ne t'atteignait pas. parce qu'au contraire, malgré le poids des années qui s'étaient écoulées, tout cela ne t'atteignait que trop. et peu importe si tu donnais l'impression de n'être rien d'autre qu'un sale adolescent jaloux.

ton regard sombre est désormais plongé dans celui de tommy. et tu restes là, silencieux, le défiant presque du regard, oscillant entre la rancœur, la jalousie et la honte. Au moins toi t’as eu le droit à des excuses. Enfin, je présume. tu laisses échapper un léger rire cynique, teinté d'amertume. Oui, je me suis excusée d'instinct, comme choqué, tu tournes la tète vers elle, sans prendre la peine de répondre à la question qui t'était destinée. Mais tu te fous de ma gueule ? que tu lances à la blonde, désormais plus énervé que mesquin. Je regrette d'être partie comme ça, je n'aurais pas dû. qu'elle ajoute, en s'adressant à toi, cette fois. alors, tu baisses les yeux, confus. mieux vaut tard que jamais. après tout, elle avait fini par s'excuser. par sms. après que tu lui aies arraché des explications après l'avoir croisée par hasard, un peu plus tôt.

tu réalises alors que toi, t'as jamais fait l'effort de revenir vers tommy, ni vraiment fait l'effort de répondre à ses appels. t'avais à peine répondu à quelques sms, plus par politesse que par réelle envie de garder contact. mais, t'avais jamais fait le mort. t'avais jamais été jusqu'à bloquer qui que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur ton téléphone. et lui, il avait su où tu étais partit, et pourquoi. non, il n'y avait là, rien de comparable, que tu cherches à te convaincre.

On ne pourrait pas... oublier... et avancer? rappel à la réalité. ton regard qui se pose, de nouveau, sur elle. oublier et avancer. malheureusement, t'étais pas de ceux-là, toi. t'étais de ceux qui aimaient tellement qu'ils quittaient la ville après un divorce. t'étais de ceux qui vivaient tout au maximum, y compris une rupture. de ceux qui ne savaient pas tourner la page. tu comptais parmi les personnes rancunières. alors oui, tu pourrais avancer, mais certainement pas oublier.

pourtant, tu lèves ton verre de mauvais whisky à hauteur de visage, un sourire faussement sincère sur tes traits. au fait d'oublier et d'aller de l'avant... parce que c'est tellement facile! tu fais mine de vouloir trinquer avec eux, tournant légèrement les yeux vers tommy. n'est-ce pas ?

Vu son comportement depuis le début, Tommy n’avait pas de mal à imaginer Julian en train de déranger une Charlie toute seule en terrasse. Mais, est-ce que Julian serait venu à cette table si Charlie n’avait pas été là ? Le doute planait dans la tête du cuistot. Pourtant, il n’en attendait pas trop venant de Julian. Il y a bien longtemps qu’il s’était fait une raison sur leur amitié. Tous deux avaient pris des chemins différents, et même s’il n’avait plus envie de faire d’efforts, Tommy aurait apprécié un geste aussi petit soit-il. En évoquant les excuses, c’est ce qu’il pointait du doigt assez ouvertement. Entendre Charlie confirmer tout ça le rassurait. Elle avait même réussi à rendre Julian silencieux et pour ça, Tommy lui adressa un sourire sincère. Un sourire rapidement remplacé par un rictus. Presque invisible, il traversa le visage de Tommy en entendant la proposition de Charlie. Oublier n’est pas le mot qu’il aurait employé. D’ailleurs, Julian le faisait remarquer assez vite avec une pointe de sarcasme. C’est le visage fermé que Tommy le regardait lever son verre, prêt à trinquer. Alors il se retenait de soupirer pour ne pas envenimer la situation. À la place, Tommy afficha un petit sourire presque provocateur quand Julian se tourna vers lui. “J’irais pas jusqu’au verbe oublier…”  dit il en faisant mine de chercher des mots qu’il avait déjà en tête. “Pourquoi pas, avancer et se comporter cordialement ? À ça, je peux trinquer.” Il leva lui aussi son verre sans lâcher Julian du regard.