(#2312) so we rise, we kind of carry each other with some love sometimes (charlie&perry)

Même si t’aurais carrément pu flipper à vos six mois, décider que t’en avais marre d’attendre après Perry, t’avais décidé de prendre sur toi et de laisser passer les mois suivants. De l’attendre. Tu savais que c’était déjà un effort monumental pour lui d’être avec toi, seulement qu’avec toi, personne d’autre, alors tu ne pouvais pas lui demander la Lune en si peu de temps. Une journée à la fois, c’était ton mantra depuis un moment. Tu te le répétais à chaque fois que tu aurais eu envie de vivre votre relation de façon un peu plus officielle que ça, ou encore à chaque fois que Perry se défilait face à une question sérieuse en usant d’humour ou de sexe. Tu les connaissais ses méthodes, tu ne te faisais pas berner, mais tu jouais le jeu, pour ne pas le perdre. Il t’arrivait de te dire que ce serait plus facile avec quelqu’un d’autre, que t’aurais pas constamment cette boule au ventre parce que t’avais pas exactement ce que tu voulais. Mais tu te rappelais à quel point tu l’aimais, Perry, même si ces mots-là n’étaient jamais exactement sortis d’entre tes lèvres. Ce serait trop, trop vite, pour lui, et tu le savais. Ça te faisait quand même de la peine de te retenir de les lui dire, après plus de huit mois de relation, mais tu savais que c’était pour le mieux. Il fallait que vous preniez votre temps, c’est ce dont il avait besoin. Mais toi, tes besoins, vous en faisiez quoi ? À chaque fois que cette question-là s’enflammait dans tes pensées, tu te calmais, tu te ramenais, te disant que ça viendrait bien, un jour. Il fallait que ça vienne, un jour. Non ? Tu secouas la tête, t’étais à la cuisine en train de préparer le bol de popcorn qui serait sans doute laissé à lui-même, refroidissant pendant le film, film que vous ne regarderiez pas vraiment. Carter ayant déménagé avec Jamie, la maison se faisait plus souvent vide, vu que Charlie faisait souvent des heures de fou à l’hôpital. Tu ne savais d’ailleurs jamais vraiment quand elle rentrait, ses horaires n’étant pas très fixes, pas très respectés en tout cas. Tu revins au salon, Perry était sur son téléphone. « Y’a du drama sur les réseaux sociaux ? » Demandas-tu, puisque son cercle d’amis, plus que le tien en tout cas, avait tendance à toujours faire exploser les Insta ou les Write About Me.

Avec le temps qui passe et les choses qui avancent, Perry pensait qu’il serait davantage capable de se confier, de mettre des mots sur ses sentiments et être moins secret dessus. Avec ses amis il n’a aucun mal à leur dévoiler combien il les aime et combien il tient à eux, mais avec Jackson, ses confessions se font par petites touches, même après huit mois passés à se voir régulièrement, à être un couple, sans pour autant trop se montrer aux autres. Le jeune homme ne sait pas ce qui cloche chez lui, le fait qu’il n’ait jamais été vraiment en couple, avec un homme qui plus est, ne doit pas aider. Jamais il ne s’était imaginé ainsi. Depuis longtemps il se voyait continuer sa vie entouré de ses amis, faisant des rencontres pour un soir mais rarement plus. Mais avec le brun, il doit bien admettre qu’il y a eu quelque chose de différent qui fait qu’il a envie de passer des soirées avec lui sans ne penser qu’au sexe, même s’il y pense, pas mal quand même. Ces derniers temps ils profitent pas mal du fait que Jackson ne vive plus qu’avec Charlie pour se voir. La jeune femme travaillant parfois de nuit ou tard, ils peuvent être tranquille tous les deux, ce qui n’est pas vraiment le cas au 17 où il y a toujours quelqu’un. Tandis que l’acrobate prépare des pop-corn pour accompagner leur film du soir, Perry scrolle sur les réseaux, tombant sur un nouvel article des Writers qu’il s’empresse de lire. C’est un peu une commère le Peach, il aime lire des ragots même s’il n’est pas franchement quand ils concernent ses amis. « Ouais, un nouvel article des Writers qui parle des instas. » répond-il avant d’attraper le bol de pop-corn des mains de Jackson pour le poser sur ses genoux. Il vient lui glisser un baiser sur la joue avant de dire « Merci. » en souriant. « Ça parle de Lys d’ailleurs, mais c’est gentil. » dit-il puisqu’il sait que c’est une amie proche de son petit-copain. « Ah ça parle aussi de Freja et Tahlia que tu connais un peu, et puis Charlie aussi. J’crois qu’ils essaient de la caser avec son meilleur ami ! » ajoute-t-il en riant. Avec toutes ses connaissances Perry reconnaît la plupart des noms évoqués dans l’article mais il n’est pas sûr qu’un résumé complet intéresse le brun. Il n’évoque d’ailleurs pas ce qu’ont écrit les Writers sur lui, jugeant pas vraiment cela très pertinent.

Désolée pour ce pavé, je sais vraiment pas d'où il est sorti

Charlie passait finalement beaucoup de nuits ailleurs qu'à la colocation ces derniers temps, c'était même à se demander pourquoi elle payait un loyer. Et parfois, une pointe de culpabilité l'assaillait quant au fait de laisser Jacks seul dans cette grande maison vide, quoi qu'il n'y soit pas toutes les nuits non plus, mais sûrement plus qu'elle. Mais elle en avait besoin, Charlie. Elle avait vécu le départ d'Aelya et Niels comme une peine d'amour, et ne s'en était d'ailleurs pas encore totalement remise. Nova, son amie d'enfance, était partie, Gretchen aussi. Tout ça peu de temps au final après le passage angoissant de Jules à l'hôpital, bien que l'issue ait été plus qu'heureuse. Mais son séjour à lui dans ces murs blancs avait presque concordé avec celui d'Aelya, son overdose, son amnésie rétrograde. Et si Charlie, elle semblait être une tempête de bonne humeur inarrêtable, intérieurement, elle se sentait fragile, amputée de bouts d'elle-même, à devoir réapprendre la vie autrement. Alors elle passait son temps chez ceux qui étaient toujours là. Elle avait passé quelques nuits chez son meilleur ami, quelques-unes avec Emilia, d'autres soirées avec Hugo, Alba ou Maggie, des all night au Adam & Yves avec April. Parfois, elle restait à l'hôpital même quand elle n'était pas de garde, pour être avec ses collègues, se sentir entourée par ses compagnons de bataille. Elle passait donc son temps à voir du monde, à s'occuper au travail ou à la danse, pour soulager ce sentiment de perte et d'abandon comme elle le pouvait. Et même si elle était toujours contente de croiser Jackson et de partager des moments de rire et d'affection, elle devait reconnaître que ces derniers mois, elle était contente de partager un peu moins de quotidien avec lui, même si elle ne cherchait pas à l'éviter. Elle n'aimait pas trop se l'avouer, principalement parce que ce constat était dérangeant, mais elle percevait ce petit quelque chose en moins dans leur relation. Aucun rapport avec de l'intimité physique, non, c'était plutôt ce quelque chose de naturel et de simple qui semblait s'être bloqué quelque part dans les rails. Pourtant, Charlie avait eu largement le temps de s'habituer à l'idée de Perry et Jacks en couple. Il lui avait fallu un moment d'ajustement, mais elle n'avait aucun mot négatif à poser sur ce qu'elle ressentait à propos de cette relation entre ses deux amis. Elle avait même écrasé Perry au Monopoly il n'y avait pas si longtemps, lors d'une soirée rythmée de joutes de blagues nulles et d'allusions dignes de pré-adolescents. Et pourtant. Pourtant y avait ce petit malaise qui était venu s'insinuer quelque part, même si la jeune fille n'avait aucune idée d'où. Et elle n'aimait vraiment pas ça. Alors elle faisait semblant de rien, partant du principe que ça s'en irait tout seul – pas mal pour une médecin -, mais elle était contente de ne pas se retrouver avec le nez dans ces réflexions chaque jour. Ce soir en revanche, ça allait être le cas, bien qu'elle ne le sache pas encore. Elle venait de rentrer d'Italie avec Emi, une bonne semaine qui lui avait permis de se dorer la pilule pour ensuite laver sa peau de tout tracas. Elle était restée chez la belle blonde la première nuit de leur retour, angoissée à l'idée de trouver une maison vide, ou d'y trouver un couple. De se sentir livrée à elle-même. Une bonne douche, une nuit de sommeil et une journée de travail plus tard, voilà que la brunette poussait la porte de la maison, laissant sa grosse valise dans l'entrée. « Helloooooo ! » s'écria-t-elle sans limite de volume, pour être certaine que son retour résonnerait dans chaque pièce de la maison. Elle n'avait pas à chercher loin cependant, car alors qu'elle pénétrait dans le salon pour déposer son sac à main et sa veste en jean, elle tomba nez-à-nez avec non seulement Jackson, mais aussi Perry. Pas vraiment l'image qu'elle s'attendait à voir en rentrant de son voyage, mais il fallait se rendre à l'évidence que c'était le new normal. « Oh, euh, yo les copains ! » lança à nouveau la jeune fille, restant derrière les fauteuils sans trop savoir où se mettre. Elle avait travaillé son ton comme elle le pouvait pour cacher sa surprise, n'ayant aucune envie de laisser ressentir un quelconque malaise, elle ne voulait pas les interrompre non plus, et à la fois elle avait juste envie de se poser dans son canap'. C'était pourtant une bonne surprise, non, d'avoir deux personnes proches chez elle, à son retour ? La réponse qu'elle voulait donner était oui, mais elle ne pouvait totalement chasser cette gêne de débarquer comme un cheveu sur la soupe. Elle était pourtant à l'aise avec eux en toutes circonstances, for god's sake Charlie y en a un qui t'as vue à poil à maintes reprises et l'autre qui t'as déjà apporté du papier toilette quand t'étais sur le pot. Alors pourquoi est-ce qu'elle se sentait comme une ado à sa première soirée ? « J'peux me poser avec vous ? Enfin je veux pas me taper l'incrust' non plus hein... » reprit-elle en tentant un visage franc, mais toujours debout les bras ballants. La Charlie qu'on connaissait n'aurait même pas pris la peine de poser la question et aurait posé ses fesses sans hésiter. Mais là, son manque de gêne et de tact naturel était resté en vacances.

Heureusement que t’avais Perry qui venait te voir assez souvent à la maison, parce que sans Charlie, elle était bien trop grande, cette maison. Au départ il s’agissait d’une grosse colocation, vous y étiez cinq avec tout plein d’animaux. Peu à peu ses murs s’étaient vidés de ses âmes, et vous voilà à deux, avec tes deux chats, Pebble et Apricat. Même lorsque Charlie était là, t’avais l’impression que ce n’était plus tout à fait pareil entre vous. T’aurais pas su dire si c’était ce trop-plein d’espace que vous n’arriviez pas à remplir en duo, ou bien votre querelle au Yoga Space qui avait laissé ses marques, mais dans tous les cas elle te manquait, elle te manquait terriblement parce qu’un morceau de vous s’était envolé, dernièrement. Plus souvent qu’autrement tu te retrouvais tout seul à la maison, surtout que tu bossais maintenant de soir au Delirium et que le jour, tes amis étaient souvent occupés au boulot. Perry y comprit. Quand vous aviez une soirée de libre vous vous retrouviez donc ici, à rattraper le temps perdu, à feindre de regarder un truc sur Netflix quand clairement, tout ce que vous vouliez, c’était vous toucher. Tu revins justement au salon avec le bol de popcorn, trouvant Perry sur les réseaux sociaux, avec des ragots de la part des Writers. « Je leur ai pas trop donné de contenu ces derniers temps, je suis safe. » Tu souris. T’avais un peu délaissé ta page Insta depuis que t’avais recommencé les acrobaties au Delirium. Pourtant, t’aimais encore tellement te prendre pour un mannequin. « Faudra que j’aille lire ça. Mais Charlie avec son meilleur ami ? J’pense pas … » Dis-tu en fronçant légèrement les sourcils, te fourrant deux-trois popcorns dans la bouche. En tout cas, elle ne t’en avait jamais parlé. Mais tu ne lui avais pas parlé de Perry non plus. Serait-ce une vengeance de la part de Meers ? Tu ne l’imaginais pas comme ça, mais faut dire qu’au Yoga Space, t’avais aussi découvert une facette d’elle que tu ignorais jusque-là. Justement, quand on parle du loup, t’entendis la voix de ta colocataire s’élever dans la maison. « Heyyyyyyyyyy ! » Lanças-tu en te levant, heureux de l’entendre arriver. Elle arriva rapidement dans le salon. « Tu ne devais pas rentrer hier, toi !? » Elle était en Italie avec une amie, tu l’avais attendue un petit moment mais n’ayant pas de nouvelles, t’étais rentré te coucher. Tu t’étais dit que son vol avait été retardé ou un truc du genre. Visiblement hésitante aux premiers abords, Charlie vous demanda par la suite si elle pouvait se poser avec vous. Tu jetas un regard à Perry, vos plans de la soirée étaient de vous embrasser et de finir ça au lit, ça c’est sûr, mais en même temps tu ne pouvais rien refuser à Charlie, et surtout, tu voulais à tout prix que votre relation puisse demeurer intact, s’il n’était pas déjà trop tard. « Bien sûr que tu peux ! On s’apprêtait à regarder, euh … » Tu regardas l’écran mit sur pause. C’était The Gray Man qui débutait, sûrement parce que vous vouliez vous rincer l’œil devant Ryan Gosling. « Un film d’action. Du coup je préfère largement t’entendre nous raconter ton voyage. » Dis-tu en te rasseyant sur le canapé.

Même s’il est bien content de lire les rumeurs, Perry aime aussi quand elles ne le concernent pas trop lui, ou ses amis proches. Avec Jackson ils y échappent pour l’instant. Il se souvient quand il commençait à se rapprocher d’Aisling et que les Writers s’en donnaient à cœur joie pour détruire leur relation naissante. Au final ils y ont plus ou moins réussis puisqu’ils ont fini par se séparer, peu de temps après qu’un article soit sorti pour étaler les autres conquêtes de sa copine, ce qui rendit pas mal le jeune homme jaloux. Sans ça ils se seraient séparés de toute façon, il n’en doute plus trop aujourd’hui. Dans des circonstances différentes mais il voit bien que maintenant il a encore du mal à vraiment se sentir à l’aise en couple, alors à l’époque il a un peu cherché une excuse pour retrouver son célibat bien confortable. Avec Jackson les choses sont différentes, il n’arrive toujours pas à s’ouvrir mais ils sont un couple bien plus sérieux que ce qu’il a pu connaître avec la blonde. Le jeune homme évoqua donc les diverses rumeurs, sachant certaines vraies pour en avoir discutées avec les concernées et d’autres dont il ignore la véracité. Par exemple la nature des sentiments de Charlie envers son meilleur ami, elle ne lui en a pas parlé et à Jackson non plus visiblement, il se dit donc que c’est sans doute faux mais il ne manquera pas de l’interroger à ce sujet. « En général les gens se réjouissent de pas apparaître là-dedans donc c’est pas plus mal ! » répondit-il en se disant qu’il n’a pas franchement envie d’y lire le prénom de son petit-ami un jour, parce que ça voudrait dire qu’il y a des choses à dire. Enfin, si c’est pour dire qu’il est trop canon sur ses photos, il est bien d’accord mais il n’a pas envie d’y apprendre ce qu’on peut y lire parfois avec des histoires d’infidélités ou de secrets inavoués. Perry n’a pas non plus envie de voir son nom, même si cette fois il y apparaît et ce qui y est dit n’est un secret pour personne, que ce soit ses photos ou ses commentaires. Les deux jeunes hommes n’ont pas le temps de lancer leur film que la porte de la maison s’ouvre pour laisser apparaître Charlie, bien décidée à se faire entendre. « Salut ! » lui dit-il en souriant, aussi enthousiaste que son partenaire. Il n’avait pas tout suivi mais de ce qu’il savait, elle était partie une semaine en Italie. « J’espère que tu m’as ramené des pâtes ! » dit-il d’emblée pensant davantage à lui et son estomac qu’au reste. Et les pâtes c’est à peu près le seul truc qu’il arrive à cuisiner même si un italien ferait sans doute une crise cardiaque en le voyant faire. La jeune femme leur demanda si elle pouvait s’installer avec eux. Perry est toujours content de voir du monde et il voit suffisamment Jackson pour sacrifier quelques soirées à deux, il répondit donc à son regard avec un sourire. « Et au pire on pourra toujours jeter un œil pendant les scènes importantes. » ajouta-t-il. Sachant que les scènes importantes pour lui sont celles où Ryan Gosling est torse nu ou dans un t-shirt plutôt moulant, même si maintenant question torse nu il préfère largement profiter de Jackson, en plus il peut toucher ! Il se déplaça un peu sur le canapé pour laisser une place à la jeune femme avant de lui balancer « Alors comme ça tu veux te taper ton meilleur ami ? »

Devant les expressions détendues et même enthousiastes de ses amis, Charlie parvint à se décrisper un peu, se rabrouant même mentalement de perdre son talent naturel pour s'incruster sans gêne où qu'elle aille et meubler l'espace de paroles. Elle rougit un peu quand son colocataire l'interpella sur le fait qu'elle n'était pas rentrée la veille de son voyage. Il était vrai qu'elle n'avait pas pensé à le prévenir, ni qui que ce soit d'autre, bien contente de continuer à vivre avec Emilia comme si elles étaient seules au monde, loin de tous leurs tracas du quotidien et de toute responsabilité. « Ah oui, euh, shit, pardon. Je suis restée chez Emi' finalement. » expliqua la brunette, venant s'installer d'un air guilleret à côté des garçons dans le canapé. « Oh, cool, des pop-corns. » commenta-t-elle quand ses yeux lorgnèrent le plat de maïs soufflé dans lequel elle se servit allègrement. Rien de tel qu'un peu de bouffe pour lui remettre les idées en place. « Je t'ai même ramené le cuisinier italien qui va avec ! » répondit-elle à Perry en riant, lui accordant un clin d’œil suggestif. « Et à Jackson. » compléta-t-elle rapidement, son cerveau ayant encore du mal à assimiler qu'aucun deux n'était plus célibataire. « Non mais sérieusement, je sais pas ce que j'ai préféré, les paysages ou les habitants. » commenta la jeune médecin en faisant référence au physique des Italiens, et Italiennes. Il allait s'en dire qu'elle en avait trouvé plus d'un à son goût. Pas qu'elle se plaignait du menu en Australie, loin de là. Elle en avait deux beaux exemples devant elle, même si elle devait s'efforcer de chasser ces pensées loin d'elle. Hop, un pop-corn de plus dans la bouche. Allez, on mange et on arrête de penser à des bêtises. Elle faillit en revanche s'étouffer avec son pop-corn quand son ami poursuivit la discussion en suggérant qu'elle voulait se taper Jules. Ou du moins, elle espérait que c'était bien de lui qu'elle parlait, et non d'une personne avec qui cette rumeur pourrait s'avérer vraie. « What ?! » fit-elle au milieu d'une quinte de toux, avant d'avaler correctement son pop-corn. Elle se racla la gorge, pour reprendre sa défense. « Mais qu'est-ce que vous avez tous à vouloir me caser avec Jules ? » reprit-elle en feignant l'exaspération, mais un sourire touché d'humour creusa ses joues. Elle ne comprenait pas d'emblée d'où venait cette supposition, mais Jules et elle avaient souvent entendu parler leur entourage – à commencer par la jumelle de ce dernier – d'à quel point ils iraient bien ensemble, et du jour où leur relation devrait forcément en arriver là. Les deux meilleurs potes en jouaient souvent, d'ailleurs, tournant en ridicule ces allégations.

Certes si c'était pour qu'on raconte des méchancetés sur toi, tu préférais largement que ton nom ne figure pas parmi les articles. T'aimais être le centre de l'attention, t'aimais qu'on te regarde, qu'on te connaisse, mais pas pour de mauvaises raisons. Tu voulais tellement être aimé, que s'il fallait que ta réputation soit ternie par des mensonges, tu le prendrais assez mal. « À moins d'être du genre parlez de moi en bien, parlez de moi en mal, mais parlez de moi. Tu sais à une époque j't'aurais cru comme ça. » Osas-tu lâcher avec un petit sourire moqueur. Perry aimait tellement être regardé, lui aussi, ce n'était pas pour rien qu'il avait sa propre chaîne YouTube d'ailleurs. Et ce n'était pas pour rien que jusqu'à tout récemment, il aimait draguer le plus de gens possible. Bon, sans doute le faisait-il encore, mais pas avec les mêmes objectifs derrière. Enfin, tu l'espérais, qu'il ne te jouait pas dans le dos. Tu n'eus pas trop le temps d'élaborer sur la question puisque Charlie revint enfin de voyage - avec une journée de retard selon tes calculs. La maison serait enfin un peu moins vide ! « Votre vol est arrivé tard ? » Demandas-tu, ce qui expliquerait aisément qu'elle ait décidé de rester chez Emilia à la place de rentrer à la maison direct. Tu lui tendis le bol de popcorn qu'elle sembla convoiter dès qu'elle prit place à côté de vous. Tout de suite, Perry pensa avec son estomac, ce qui te fit sourire. La réponse de Charlie l'agrandit un peu, ce sourire, et elle n'aurait même pas eu besoin de rajouter que le cuisinier italien était pour toi aussi. T'étais encore capable de prendre des blagues même si c'est vrai que t'avais pu être un peu jaloux du côté charmeur de Perry même alors qu'il était avec toi. « Et à toi, tu n'en as pas ramené un ? On peut partager si tu veux. » Lâchas-tu, absolument sérieux - enfin, aussi sérieux que tu pouvais l'être dans cette discussion qui n'avait rien de vrai. « T'as pris des photos ? Autant des paysages que des habitants, hein ... » Vous étiez pas possibles, tous les trois ensemble, là. Perry en rajouta une couche en lâchant, comme ça, sans prévenir, cette référence à la rumeur qu'il venait tout juste de lire dans les Writers. D'ailleurs Charlie manqua de s'étouffer avec son popcorn. « Ça vient pas de nous, ce sont les Writers qui le disent ! » Te défendis-tu en levant tes mains en l'air.  « Alors ... Ça sort d'où ? C'est vrai ? » Demandas-tu avec un intérêt un peu plus  marqué que t'aurais pu croire. Oh, Jackson, est-ce qu'à ton tour tu ne serais pas un peu blessé de savoir que Charlie s'intéressait autant à un autre ?  

Les Writers sont parfois un sujet de discorde dans les couples ou les amitiés, mettant fin à certaines de par les révélations qu’il peut y avoir dans leurs articles. Il ne fait pas bon être infidèle à Bowen ou alors faut-il être très discret pour ne pas voir son nom d’afficher sur leur site et devoir dire adieu à son couple. Pour Perry, parfois ça ne semble pas plus mal, lui n’étant pas franchement du genre à cacher des choses. Certes s’il apprenait que Jackson allait voir des gens derrière son dos, ça ne lui ferait pas plaisir mais il aurait tout de même préféré l’apprendre comme ça que de ne pas l’apprendre du tout. « Voyons honey, y’a rien de mal à dire sur moi. » répondit-il avec un sourire en coin en se passant une main dans les cheveux. Pourtant il y aurait sans doute bien des choses à dire de pas très glorieuses à son sujet mais contrairement à ce qu’a pu penser le brun par le passé, non il n’a pas envie de voir apparaître son nom en gros à côté d’un scandale. Leur discussion au sujet des Writers s’arrêta à l’arrivée de Charlie, revenant fraîchement d’Italie, enfin fraîchement de la veille ce qui semblait interroger Jackson. « T’es inspecteur de police toi maintenant ? » lui demanda Perry face à ses questions à leur amie, à peine le seuil de la porte franchie. Celle-ci vint s’installer avec eux et en profita pour taper dans les pop-corns tout juste préparés. Le jeune homme ne put s’empêcher de sourire quand elle affirma avoir également rapportée le cuisinier allant avec, celui-ci pouvant également être partagé avec Jackson. « J’espère qu’il a rien sous son tablier. » dit-il d’un air rêveur avant de rire et d’à son tour plonger sa main dans le bol de pop-corn. Le brun proposa même à Charlie de partager avec eux le cuisinier, qui risque d’avoir pas mal de pâte à pétrir avec eux trois. « S’il fait de très bonnes pâtes on va pas le garder pour nous. » ajouta Perry d’un air faussement innocent. Lui aussi était curieux de son voyage en Italie et ajouta ensuite « Moi c’est surtout les habitants qui m’intéressent. T’es tombée sous le charme d’un Roméo ? » Perry était en quête d’informations croustillantes et il ne manqua d’ailleurs pas de ramener Jules dans la conversation, Charlie manquant de s’étouffer ce qui le fit rire (c’est un très mauvais ami). « Il est plutôt pas mal, j’ai été check son insta. Si tu m’dis que t’as jamais eu des pensées impures sur lui, j’te crois pas ! » Parce qu’il s’imagine bien que si lui a l’esprit mal placé au moindre truc, il en est de même pour les autres.

Charlie se retrouva rapidement à devoir justifier pourquoi elle ne rentrait qu'aujourd'hui, point qu'elle aurait préféré éviter. « Non non, enfin on est rentrées en soirée, mais... Euh je sais pas on était encore toute saoules de soleil et on voulait comme prolonger le voyage. » Elle se perdait dan ses mots, son regard passant de Jackson à Perry. Elle ne voulait pas mentir, et sans doute que seule à seul avec chacun d'eux, elle aurait pu expliquer pourquoi elle choisissait de prolonger le temps passé hors de la coloc', quitte à dormir chez ses potes. Mais c'était difficile à expliquer, difficile à admettre aussi, et au fond elle ne savait même pas trop ce qu'elle ressentait, ni pourquoi elle le ressentait. Une part de vérité résidait dans le fait qu'elle ne voulait pas s'immiscer entre les deux garçons. Pas qu'elle s'en croit capable d'une quelconque façon, et elle ne faisait rien pour, mais elle avait cette sensation malaisante, même en cet instant où elle devait juste répondre à une simple question de Jackson, qu'être totalement transparente aurait été se glisser un peu trop dans leur relation. Elle avait - ou avait eu - ce lien particulier avec l'acrobate, aussi fort qu'étonnamment naturel, qu'elle n'osait plus approcher en présence de Perry. Et avec le jeune papa, elle avait cette facilité de communication et de faire des bêtises - qui avait un jour failli aller plus loin que de l'humour - qu'elle préférait étouffer également. Elle n'avait pas d'explication concrète à cela, si ce n'est le malaise qu'elle éprouvait à devoir l'afficher devant eux deux. Sans doute qu'elle ne voulait pas non plus avoir l'image de l'éternel second choix, au final. Toutes ces choses se déroulant dans sa tête, elle avait du mal à donner le change face au couple. Heureusement qu'ils alimentaient suffisamment cette conversation légère pur lui permettre de rebondir rapidement. « Non ça va, je me satisfais de ce qui s'offre à moi en Australie. Roméo, c'est dépassé. » répliqua-t-elle à Perry et Jackson en sifflotant, prenant l'air de celle qui se fait désirer de tous. Sauf que c'était jamais trop à elle qu'on s'offrait, fallait croire. « Évidemment, j'allais pas laisser mon appareil photo à la maison ! Y a beaucoup de photos de bouffe aussi hein, mais j'ai de quoi nous faire un diaporama humain plutôt agréable. » répondit-elle en se rassérénant, affichant une expression grivoise. Allez Charlie, on rigole. Et on lésine pas sur les blagues. C'est ce que tu fais le mieux - enfin, selon les blagues - et c'est aussi comme ça que tu connectes avec les gens. Jules revint sur la table, visiblement, personne n'allait les lâcher avec ça. Ça pouvait prendre une dimension exaspérante parfois, et Charlie aimait l'exagérer, mais principalement, ça la faisait beaucoup rire, tellement les gens étaient persuadés de quelque chose de totalement impossible à ses yeux. « Non mais toute la ville se tape un fantasme sur moi et Juju, ça devient malsain wesh. » fit-elle en balayant l'air de la main. « Oui, il est pas mal bg je te l'accorde. C'est un critère pour être dans mon cercle d'amis. » répondit la jeune fille après une seconde de réflexion, admettant sans mal que oui, Jules était canon, c'était indéniable, et ajoutant sa touche d'humour et un clin d’œil appuyé à ses deux potes ici présents. C'était faux bien entendu, elle n'avait aucune règle de ce genre, Charlie n'était pas superficielle, ou en tout cas certainement pas au point de choisir ses amis en fonction de leur physique. Même si en y réfléchissant, ça se vérifiait assez bien quand elle pensait à son entourage, rien qu'à commencer par Jacks et Perry. « Mais au point d'avoir des pensées impures ? Euuurk ! T'es en train de me demander si j'ai envie de me taper mon frère, là. » conclut la brunette avec une grimace.

Rien de mal à dire sur Perry ? Tu ne t'empêchas pas de rire un peu de cette réplique. Certes, il n'était pas un gars méchant sur qui on pouvait cracher allégrement, mais il n'était pas blanc comme neige non plus. C'était un sacré player, en tout cas avant que vous n'officialisiez votre relation. T'espérais que ce n'était plus le cas. Si tu lisais un jour un truc du genre dans les Writers, ça te détruirait le coeur. Tu ne développas pas davantage sur le sujet et de toute façon, Charlie venait de rentrer, ce qui changea évidemment directement le sujet de conversation. Toute l'attention était sur ta colocataire, désormais. Surtout la tienne, en fait, vu que t'avais l'air de faire une fixation sur la date de son retour. « Ouais, j'comprends. » Avais-tu répondu à Charlie avec un sourire, avant de tourner la tête vers Perry qui te demandait si t'étais devenu un inspecteur de police. « J'me demandais, c'est tout ... » Te défendis-tu en te laissant glisser vers le fond du canapé. Charlie vous rejoignit finalement sur le canapé, pour profiter du popcorn du même coup. T'en attrapas quelques-uns à ton tour pour ensuite la questionner sur son voyage, et sur les beaux italiens qui devinrent rapidement votre sujet principal. Étonnant ? Pas vraiment. « Moi j'espère plutôt qu'il a un sacré rouleau à pâte sous son tablier. » Renchéris-tu, fier de ton allusion, d'habitude c'était Perry qui excellait dans le domaine mais t'étais content d'y avoir pensé. Tu proposas de partager ce cher cuisinier avec Charlie, aussi, ce qui sembla être une bonne idée aux yeux de Perry aussi. Ta colocataire déclina cette fausse offre - parce qu'il n'y en avait pas vraiment de cuisinier, hein, au fond, et répondit à la question de Perry que Roméo c'était dépassé. « En même temps rien qu'ici t'as un beau mélange d'américain, d'espagnol et d'anglais. Pas besoin de l'Italie. » Tu souris en plongeant les yeux dans ceux de Charlie, ne réalisant qu'après coup que t'étais en train de dire que vous étiez parmi les choix s'offrant à elle en Australie. Mais plus vraiment, plus maintenant. Tes joues rougirent légèrement alors que tu détournas le regard, changeant de sujet en demandant à voir des photos de son périple. « Si la bouffe a l'air trop bonne on va devoir commander, je vais pas me satisfaire de ces popcorns après avoir vu des pâtes et de la pizza à profusion. » Te plains-tu. Les photos attendirent encore un peu puisque la conversation sur les Writers revint dans votre trio, alors que Charlie apprenait la rumeur sur elle et Jules. Tu ris quand Charlie mentionna qu'être beau gosse c'était un critère pour rentrer dans son cercle d'amis. « J'ferais bien un threesome avec lui, moi. »

Visiblement la question de la date du retour de Charlie en Australie semble être une problématique de la plus haute importance, du moins pour Jackson. Perry ne capte pas la moitié de ce qu’il se passe entre eux ni pourquoi ça semble être si important. Il faut dire qu’il a plutôt du mal à voir les choses quand on ne lui présente pas explicitement. La preuve, il a mis des mois à capter que le brun avait envie d’un peu plus qu’un coup de temps en temps en fin de soirée. Le déni a sans doute son rôle à jouer dans l’histoire aussi, Perry ne voulant pas franchement admettre qu’il tenait à lui un peu plus que comme un coup d’un soir ou de plusieurs soirs classiques. Mais pour ce qu’il y a entre son petit-ami et Charlie, ça lui passe complètement au-dessus de la tête. Il essaie seulement de faire une blague car il a l’impression que la tension monte un peu entre eux et il trouve ça complètement stupide de se questionner autant sur un point aussi insignifiant. Surtout quand il y en a d’autres bien plus intéressant, comme par exemple les beaux et belles italiennes. Forcément la blague de cuisinier fut détournée par les deux hommes qui s’en donnèrent à cœur joie sur les sous-entendus sans aucune subtilité. « Il peut venir me pétrir quand il veut...bon ok j’arrête. » dit-il en riant. Il aurait été prêt à poursuivre les métaphores sur la cuisine un peu plus mais il a aussi envie d’en savoir un peu plus sur le voyage de Charlie. Celle-ci semble d’ailleurs bien plus prête à trouver son bonheur en matière de belles personnes en Australie plutôt qu’en Italie. Jackson ne manqua pas l’occasion de les venter, lui et Perry, ce n’est pas ce dernier qui ira le contredire. « Le meilleur mélange...les italiens n’ont aucune chance avec nous. » répondit-il avec un sourire charmeur, toujours prêt à se venter un peu. S’il doute bien de ces capacités à être un bon petit ami, pour le physique et le charme, Perry a beaucoup moins de doute même si Charlie lui a mis un sacré coup à l’ego il y a un bon moment maintenant, soit disant qu’il est trop vieux pour elle maintenant. Heureusement que tout le monde ne pense pas ça sinon il aurait été bien déprimé. « Je dis jamais non à une pizza ! » Il ne manque jamais une occasion pour en manger une et forcément quand on parle d’Italie, la pizza revient souvent même si Perry pense davantage à la pizza américaine avec laquelle il a grandi. « Et si les humains sur les photos ont l’air trop bons tu vas faire quoi ? » demanda-t-il d’un air faussement innocent avant de faire aller la conversation vers le meilleur ami de Charlie, la questionnant sur les intentions qu’elle pourrait avoir à son égard. « Donc tu admets que je suis bg, mais un vieux bg c’est ça ? » Il ne la lâchera jamais avec cette histoire, elle peut en être sûre. Quand Perry est blessé dans son ego, il ne l’oublie pas si facilement. Si l’idée de faire quoi que ce soit avec Jules dégoûte la jeune femme, ce n’est pas le cas de Jackson qui lâche qu’il ferait bien un plan à trois avec lui, si l’occasion se présentait. Perry se tourna vers lui en souriant avant de dire « Très étonnant de ta part. » Rapidement il ajouta « J’espère que je serais le troisième mec ! Tu sais s’il pourrait être intéressé ? » Il se tourna vers Charlie pour avoir une réponse, vu que c’est son meilleur ami elle doit bien savoir s’il est un minimum branché mecs.

Un peu plus détendue une fois la session de blagues pas très fines entamée, Charlie éclata de rire à la remarque de Jackson qui utilisait des mots de pâtisseries pour se faire comprendre, rit de plus belle quand Perry en rajouta une couche. Elle se mordit la langue quand son colocataire enchaîna en suggérant que, étant bien d'accord avec elle, elle avait de quoi faire avec le mélange de nationalités devant elle. On respire, Charlie, et on ne s'étrangle pas avec son popcorn. Elle n'arrivait pas à dire si elle était foncièrement mal à l'aise, en croisant le regard de son colocataire sans savoir si elle devait y lire plus que nécessaire, ou si quelque part, elle avait surtout un peu chaud. Si elle n'était guère attentive au langage corporel de ses interlocuteurs en général, elle capta cependant la teinte rosée qui se peignit sur les joues du brun, et elle aurait pu se sentir défaillir si l'intervention toujours humoristique de Perry la sauva de ce destin peu glorieux. Faudrait qu'elle pense à se décapsuler une bière aussi, ça la refroidirait. Mais damn it Charlie, qu'est-ce qu'il te prend ? Tu rentres d'un voyage en Italie avec ta meilleure pote pour te laver de toute potentielle pensée impure, et voilà qu'à peine revenue, débarquant en plein milieu d'une soirée couple, couple qu'elle avait mis un petit temps à assimiler, elle se prenait des vagues de chaleur incongrues qui agitaient ses hormones. Elle avait passé ces derniers mois à se tenir à l'écart de toute potentielle histoire de cœur, de tout risque de crush inopportun, désirant surtout se recentrer sur elle-même et se rappeler qu'elle était aussi entourée qu'elle le souhaitait, et qu'elle avait bien de la chance. « Ah oui, je confirme. » finit-elle donc par dire, d'une façon moins détachée que ce qu'elle aurait voulu, s'enfonçant un peu plus dans ce qu'elle cherchait à éviter. Elle s'embarquait mal, si elle voulait éviter toute once d'ambiguïté et préserver une fausse paix intérieure. Elle sauta tout de suite sur le changement de sujet quand l'acrobate suggéra qu'ils feraient mieux de commander des pizzas, le popcorn n'offrant pas une satiété suffisante pour eux trois. Le jeune papa fut tout aussi conquis par l'idée, sans surprise. « Adjugé, ce soir c'est repas de fête ! » adhéra tout de suite Charlie en sortant son téléphone. Elle choisit rapidement la sienne, avant de tendre l'écran à ses deux amis pour qu'ils choisissent à leur tour, puis envoya la commande. « Tant qu'on y est, quelqu'un veut à boire ? » s'enquit-elle ensuite, parce qu'elle, elle allait définitivement avoir besoin de boire un truc si elle voulait se rafraîchir les idées. Et idéalement de l'alcool, histoire de se détendre au milieu de ces discussions qui prenaient vite une tournure croustillante. « Je sens que tu vas continuer à me remettre ça dans la tronche même quand on aura quatre-vingts piges et qu'on sera vraiment vieux pour le coup. » répliqua la jolie brune en décochant un regard blasé, mais touché de malice quand Perry revint à la charge avec cette blague qu'il ne lui avait jamais pardonnée. « Déjà, j'ai jamais dit que t'étais pas bg, donc par définition j'ai rien à admettre. Ensuite, étant la plus jeune ici présente... J'oserais pas me permettre le moindre commentaire supplémentaire sur l'âge, j'suis en sous-effectifs là. » commença-t-elle par démontrer, sans se départir de ce regard joueur et taquin, alors qu'elle se levait pour aller chercher une bière. Clairement, elle ne considérait ni Perry ni Jackson comme vieux, malgré les moqueries qu'elle pouvait lancer, c'était toujours bon enfant et absolument pas fondé. Le sujet repartit sur Jules, la proposition de Jacks faisant hausser les sourcils à la jeune femme. « Non mais si vous voulez, je l'invite et je vous laisse entre vous, hein. » commenta la jeune Australienne en revenant avec sa bière, prenant un air volontairement boudeur. Elle faisait semblant de s'offusquer, exagérant toujours tout pour principe de l'humour, mais quelque part... Ouais, c'était jamais elle qu'on aurait invité pour un plan à trois. Bien que jusqu'ici, l'idée ne lui ait jamais effleuré l'esprit, sinon elle en serait devenue rouge homard.

Maintenant que t'avais enfin arrêté de poser trop de questions à propos de la date de retour de Charlie, vous aviez pu passer à autre chose et déconner sur les italiens et les italiennes. Tous les jeux de mots sexuels avec le champ lexical de la pâtisserie te firent bien rire. Comme quoi, pas mal n'importe quoi pouvait être interprété de cette façon-là quand on tournait différemment une phrase. Et le ton de voix y était pour quelque chose, aussi. Vous étiez tous hyper suggestifs alors forcément, en mettant le paquet comme ça, il n'y avait plus de doute possible. Tu rigolas quand Perry ajouta qu'il voulait bien se faire pétrir par le cuisinier. « Tu veux te faire pétrir les Profiteroles ? » C'est Perry qui avait dit qu'il arrêtait, pas toi. Tu continuas à rire, manquant de t'étouffer avec un popcorn au passage, d'ailleurs. Tu toussas un peu et t'arrivas à décoincer le morceau, respirant à nouveau. « Merci de vous être inquiétés hein j'ai surtout pas failli décéder, ici. » Et du coup, t'avais pas remarqué toi non plus que Charlie avait elle aussi failli s'étrangler avec son popcorn un peu plus tard, quand vous aviez parlé du mélange de nationalité qu'il était possible de faire ici-même, avec Perry et toi. T'étais peut-être trop concentré sur tes propres joues qui avaient décidé de rougir, juste comme ça, out of nowhere. « Torréfaction suprême. » Avais-tu ajouté à propos du meilleur mélange que vous faisiez comme l'avait souligné Perry. « Ça marche moins, hein, les jeux de mots avec les mélanges de café ? » Surtout que torréfaction suprême c'était pas trop un type de torréfaction. T'avais jamais été barista et tant mieux. Déjà qu'avec le thé après plusieurs années aux Jardins de Circé, t'avais rien compris aux Rooibos et compagnie. Charlie confirma quand même que vous étiez effectivement le meilleur mélange, et tu lui lâchas un regard encore une fois ambigue. C'était sûrement votre discussion dans le hamac, même si elle remontait à plusieurs mois, qui créait ce malaise des plus bizarres, cette confusion dans le coeur quand il était question de Charlie. Heureusement que tu pensas à proposer une pizza. Ça semblait détendre tout le monde - sauf Perry, Perry il était déjà très détendu, il ne captait rien du tout. Y avait-il quelque chose à capter de toute façon ? T'en étais même pas certain. Tu attrapas le téléphone de Charlie et tu fis ton choix de pizza tout en songeant à la question des boissons. « Y'a encore pas mal de bières au frigo. Sinon, ici, c'est rendu qu'il y a toujours de quoi faire des mojitos, présence de Perry oblige. » Et t'allais pas t'en plaindre, t'étais rendu dépendant à ses mojitos. Tu tendis le téléphone à Perry pour qu'il choisisse à son tour. Toi t'avais pris une pizza végé alors tu ne lui proposerais même pas de partager. « Si les humains ont l'air trop bons j'vais peut-être disparaître dans la salle de bain pendant quelques minutes. » Et tu les laissas à leur imagination, tous les deux, un sourire aux lèvres. Ils revinrent assez rapidement au sujet de l'âge de Perry, comme quoi cette pilule était encore bien difficile à avaler. Tu ne t'en mêlas pas, préférant te mêler de la discussion à propos de Jules, avec qui tu ferais certainement un threesome. « Bien sûr que tu serais le troisième ... Tu feras toujours parti de mes threesome, peu importe si c'est Jules ou si c'est ... » Tu râclas ta gorge. « Quelqu'un ou quelqu'une d'autre. » Si seulement Charlie savait les images qui te traversaient la tête, elle ne bouderait peut-être pas autant. Elle te manquait, sur ce plan-là aussi, Charlie. Vous aviez arrêté de coucher ensemble du jour au lendemain en raison de ta relation plus exclusive avec Perry. T'avais pas arrêté de la désirer pour autant. « Nan mais invite-le pas. Ce soir, c'est nous trois. » Avais-tu répondu quand la jeune femme avait lancé qu'elle allait vous laisser entre vous. « Enfin, pour la présentation des photos de voyage et tout. » Te rattrapas-tu.

Il n’y en a aucun pour rattraper l’autre parmi eux trois, chacun ayant l’esprit mal placé et très enclin à des blagues sexuelles. Ça semble être le thème de la soirée pour l’instant, ce qui n’est pas pour déplaire à Perry qui est toujours prêt à lancer des sous-entendus, à ne pas en comprendre la moitié s’ils ne sont pas assez évidents. Avec Jackson il est habitué à ce genre de choses, tous les deux appréciant parler de sexe de manière détournée, avant d’y passer de manière beaucoup moins détournée. Et avec Charlie, ils ressemblent toujours à deux ados plein d’hormones, à blaguer sur tout et n’importe quoi sans aucune maturité, mais ils n’ont toujours fait que blaguer, pour la plus grande tristesse de Perry qui n’est jamais contre mettre quelqu’un dans son lit. Le jeune homme ria à la phrase de son petit-ami avant que celui-ci ne mette à s’étouffer avec son pop-corn, ce qui fit davantage rire Perry que ça ne l’inquiéta. Un petit sentiment d’inquiétude l’avait tout de même traversé mais le brun semblait s’en sortir, même s’il se plaint ensuite du manque de réaction de ses comparses. « Oh ça va, je t’ai déjà vu avaler de travers. » répondit-il avec un faux air angélique, ne loupant pas une occasion pour avoir l’esprit mal placé. Jackson tenta de continuer sur les jeux de mots mais il semble que le café se prête moins aux sous-entendus. « On va s’en tenir à la cuisine, j’pense que c’est mieux. » approuva Perry avant que le repas ne soit décidé, une pizza, de quoi lui convenir parfaitement. « C’est vrai mais j’ai un peu la flemme d’aller en faire, et puis bon si j’vous laisse tous les deux j’sais pas comment j’vais vous retrouver ! » Il ne capte peut-être pas grand-chose à tout ce qui semble se passer dans la tête de ses comparses, mais vu l’ambiance de la soirée il ne serait pas franchement étonné que les sous-entendus deviennent un peu plus réels. Il choisit sa pizza et lança la commande. « Ah ouais carrément ? » répondit Perry, outré que Jackson songe à aller s’isoler dans la salle de bain en solo, sans doute pas pour se mettre un peu d’eau sur le visage. Perry ne manqua pas une occasion de rappeler à Charlie comment elle l’a blessé dans son ego, il y a des années à présent, lui faisant comprendre qu’il était trop vieux pour elle. « Oui je te le rappellerais toujours ! Parce que tu sais pas ce que tu loupes et c’est tout. » dit-il en boudant. Heureusement, rapidement Jackson lui fit partir son humeur boudeuse quand il affirma qu’il serait toujours le troisième dans ses threesome, enfin le deuxième parce que faut pas abuser non plus, il ne veut pas être la troisième roue du carrosse ! « Tout va bien alors. » dit-il, heureux. Mais ils n’allaient pas mettre Charlie dehors pour appeler un mec qu’ils n’avaient vu qu’en photo sur insta et qui n’était pas forcément trop penché mecs. Jackson détourna l’idée d’inviter Jules en faisant un sous-entendu, sûrement sans s’en rendre compte en le disant, avant de se rattraper en parlant des photos. « Ouais c’est vrai que maintenant qu’on a parlé de pétrir mes profiteroles et d’un plan à trois avec un mec canon, j’ai carrément envie de regarder des photos de montagne. »

Entre les joutes de sous-entendus touchés d’humour et sa bière, la jolie brune pouvait commencer à se détendre. « Boh, ça dépend de quel café on parle. Y en a des durs, avec du corps, ou plutôt longs en bouche… » commenta Charlie à mi-voix, explorant le champ lexical utilisés par les connaisseurs de café. « Posez pas de questions, j’ai visité une torréfaction de café un jour. » se défendit-elle directement sur un ton des plus candides. Heureusement qu’elle avait cette curiosité débordante et cette soif d’apprendre tout et n’importe quoi, pour justifier ses interventions les plus originales. Charlie reprit vite une gorgée de bière pour ne trahir aucune réaction, quand Perry affirma qu’il n’était pas certain de comment il allait les retrouver, Jacks et elle, s’il les laissait seuls. On arrête de penser à des choses insensées, ça suffit maintenant. On arrête d’être gênée comme à l’école secondaire, on rentre dans le jeu comme on le ferait avec n’importe qui. Et elle faisait bien de se rasséréner, Charlie, vu les allusions qui fusaient dans tous les sens, Perry n’étant jamais en reste pour répliquer avec la répartie qui était sienne, malgré son air bougon. « Oh bah si tout ce qu’il faut pour que tu me pardonnes, c’est que je sache ce que j’loupe… » sifflota la médecin en tapotant distraitement sa bière de ses doigts, avant de couler un regard entendu aux deux garçons, passant de l’un à l’autre. À la blague bien sûr, vu que c’était le thème de la soirée. Tout était sujet à interprétation dans cette conversation, et s’ils semblaient tous les trois en jouer facilement, la jeunette comptait bien pousser la rigolade jusqu’au bout. Tout en songeant qu’avec un p’tit mojito en plus après, ses palpitations nerveuses à chaque remarque équivoque s’estomperaient totalement. Charlie dissimula du mieux qu’elle put – c’est-à-dire très mal – son petit sourire satisfait quand Jackson répondit que ce soir, c’était juste eux trois. « Ah bon, on lançait pas un concours de pâtisseries ? » rebondit Charlie avec l’air le plus innocent du monde, quand son colocataire précisa bien qu’ils étaient là ce soir pour papoter voyage. Et faire des blagues. Des blagues très suggestives. Perry rétorqua lui aussi, presque au même moment, arrachant un gloussement à la brune. « Mais alors, de quoi as-tu carrément envie, Perry ? À part nous faire tes meilleurs mojitos pour nous envoyer au septième ciel ? » releva-t-elle en conservant cet air angélique qui ne semblait vouloir trahir aucun sens implicite.