L'appel de la forêt || Mercedes & Tyler

Mon apprenti à la ferme était prévenu de prendre en charge l’arrosage et la boutique pour la journée. C’était le baptême du feu, j’allais enfin pouvoir le tester pour savoir si je pouvais l'embaucher sur du plus long terme. Ces dernières années, l'exploitation  occupait tout mon temps disponible et je savais qu’il fallait que je ralentisse un peu. Au moins me ménager quelques heures comme celles-ci pour m’aérer l’esprit. Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. J’avais ouvert un compte sur l’application locale de rencontres Bowen Bow Tie sans trop y croire. Il était temps que j’aille de l’avant, après tout Bethany était partie depuis plus de trois mois maintenant, et j’avais besoin de nouvelles rencontres, surtout amicales. Rencontrer des personnes différentes de ma bande de potes qui écumait les bars et les excès, c’était parfaitement ce qu’il me fallait. Un suv de luxe aux vitres fumées franchit l’entrée du parking et je reconnu Mercedes d’après sa photo de profil alors qu’elle sortait de la voiture. Je me rappelais encore de ma surprise devant l’application sur mon téléphone alors que nous chations hier. Comment, une jeune femme aussi belle pouvait-elle faire un métier si… masculin… ? Une vraie pensée de macho. Comme quoi le hasard de la vie nous réservait toujours des surprises étonnantes.
— Enchanté, de te connaître ! C’était une bonne idée cette randonnée, il fait un temps radieux aujourd’hui. Dis-je alors que je venais à sa rencontre en déposant une bise sur sa joue.
Le corps svelte de la jeune femme ne trompait pas sur sa condition physique, elle n’avait pas mentit, elle était très sportive. Vu son métier, ça ne m’étonnait guère, bien que le milieu de la course automobile me soit totalement étranger. Etais-je en train de la reluquer sans m’en cacher ? Carrément ! Après tout, je n'étais qu’un homme et elle était splendide.
— Tu es prête ? Tu as bien pris de quoi boire ? la questionnais-je avec entrain.
Mon sac à dos était déjà prêt à l'arrière de mon pickup et j’avais tout prévu pour deux au cas où. J’emmenais souvent des amis novices en randonnées et ils n’étaient pas tous prévoyants.

Je me garais, avant de descendre de la voiture et refermais le véhicule. En tenue de sport, legging rouge, chaussures de marche, t-shirt long et sweat croc top à capuche. J'attrapais mon sac à dos dans le coffre de la voiture, avant d'aller vers lui. Différent. Brun et barbu, mais différent de Knox. La différence, c'est ce qu'il me faut, essayer d'avancer, c'est pas pour ça, qu'on swipe sur ces sites après tout ?

- Hey salut Tyler, pareil, ouais il fait beau et pas trop chaud. Dis-je en regardant derrière lui.

Il n'était pas mal, moins massif que Knox, plus fin et élancé aussi, et avait l'air plutôt. Il fallait que j'arrête de le comparer à Knox. Genre maintenant.

- Ouais allons y, j'ai pris kway, flotte, et barres de céréales, ce genre de choses.

Ce n'était pas première rando, par contre c'était mon premier date depuis des semaines de séparation avec K. Et encore, s'agissait il d'un date ? Nous ne nous connaissions pas du tout. Je savais qu'il était fermier, il me savait pilote de formule 1... pas assez pour dire qu'on se connaissait en fait.

Je marchais derrière lui, le laissant ouvrir la voix, posant de temps en temps, mon regard sur son postérieur, c'était humain en fait.

- C'était une chouette idée... je connaissais pas trop les randos dans le coin. Tu viens de Bowen toi ?

Elle avait l’air perdue dans ses pensées, tout en ne se privant pas, elle aussi, de balayer mon corps de haut en bas. J'espérais qu’elle aimait ce qu’elle voyait. Je n'entretenais pas vraiment mon corps, comme on pouvait l’entendre d'un grand sportif, mais mon métier manuel me conférait bien assez d’exercice au grand air pour sculpter mes muscles au quotidien. Etait-ce un date de toute façon ? Je n’en savais foutrement rien et j’appréciais au contraire cette petite étincelle de l’inconnu.
— C’est parfait alors, allons-y ! Répondis-je avec le sourire après avoir récupéré mon sac à dos.
L’accent dans la voix de la jeune femme était charmant et ce je ne sais quoi de familier dans ses paroles. Les gens ne devaient probablement pas s’attendre à cette attitude au premier abord, pourtant cela lui donnait beaucoup de charme.
— Je suis australien, mais je ne suis pas originaire de Bowen. Je suis né près de Perth, dans le Grand Est. Je viens ici depuis des années, par contre. J’ai étudié à l’université de Mackay tout près et mon meilleur ami est d’ici. J’ai emménagé il y a quatre ans et comme j’adore la randonnée j’ai rapidement appris à connaître les environs comme ma poche. Et toi ? Tu viens d'emménager d’après ce que j’ai compris, tu viens d’où ?
Quand il s'agissait de parler, on ne m'arrêtait plus. Nous avancions à bon rythme et je me retournais de temps en temps vers Mercedes pour vérifier qu’elle suivait bien.
— Pardon si… ma question te parait déplacée mais… comment on en vient à rêver de devenir pilote quand on est une petite fille ? Rassure toi, je ne fais pas non plus le métier auquel on me prédestinait. Mes parents sont avocats, à mille lieux de ma ferme, d’ailleurs ils n’y ont jamais mis les pieds. L'interrogeais-je en lui tendant une main alors que le prochain passage rocheux me paraissait compliqué.

- Beaucoup d'informations en une seule fois, j'essaierais de retenir, si je bute sur une info il ne faudra pas m'en vouloir. Dis-je en souriant.

Il parlait avec confiance, sans filtre, et avec une simplicité rafraichissante en fait.  Je posais les mains sur les bretelles de mon sac à dos, suivant à un bon pas, sans pour autant le coller de trop près.

- Je suis canadienne, née à Ottawa... mais j'ai vécu la grande majorité de ma vie aux USA. Je suis à Bowen depuis un an, quelque chose comme ça, et j'apprécie l'Australie, la mentalité est tellement différente ! répondis-je avec enthousiasme.

Il se tournait vers moi, en venant au sujet de la F1, forcément, on y arrive pas dans ce milieu là, sans avoir été entrainé par quelconque famille ou autre.

- Heum... c'est par hasard en fait. J'ai... et bien... j'ai été en couple avec le champion de F1, Knox Hendrix, et je me suis prise de... passion pour le défi que représentait ce sport pour une femme de 26 ans. La portée et l'impact, que cela pouvait être dans ce milieu sportif machiste par excellence... et avant d'être pilote, j'étais mannequin, fille au pair, et je suis diplômée  d'Harvard en management international. Bref, un parcours chaotique. Concluais-je en arquant mes sourcils, consciente que rien que ces quelques phrases en disaient bien long sur moi.

Déjà, s'il connaissait un peu le milieu sportif, il se dirait que j'aime donc les bruns barbus plus âgés que moi. Que j'étais challengeuse dans l'âme, et malgré tout assez paumée dans ma life.

- Tes parents t'auraient vu médecin ou avocat ? Les miens sont ingénieurs aéronautiques, ils ne me voyaient pas vraiment pilote de F1...

Je tendis la main, pour prendre la sienne, acceptant son aide dans ce passage pour le moins caillasseux, et glissant sur une roche humide, je le percutais légèrement, tombant nez à nez avec lui, très très proches.

- Oups... pardon et merci...

— Ne t’en fait pas, je parle beaucoup on me le dis souvent ! Disais-je en riant conscient que je parlerai à un mur. Tu as beaucoup déménagé. Un peu comme moi. J’ai vécu aussi quelques années en Californie.
Ces années d’insouciance aux États-Unis me revinrent en mémoire et je ne pus m’empêcher de sourire intensément. J’appréciais que Mercedes se livre autant que moi, sa vie avait dû connaître beaucoup de tumultes ces derniers temps.
— Tu as dis « était en couple », j’imagine que vous êtes séparés, ça fait longtemps ? Vivre en couple sous les feux des projecteurs ne doit pas être évident. Déjà que même sans ça, ça ne l’est pas non plus. Grattais-je ma gorge en finissant ma phrase. Je viens de me séparer depuis trois mois de ma copine, enfin si on peut donner encore ce diminutif à la personne avec qui on est resté six ans.
J’étais peut-être sensé déjà connaître la réponse à ma question en lisant la presse people. Le nom de son ancien petit ami me disait vaguement quelque chose. La vérité c’était que je m’intéressais peu à ce genre de choses et surtout je préférais entendre sa réelle version plutôt qu’une vulgaire mascarade qui ne m’en apprendrait rien sur elle.
— Tu as un parcours passionnant en effet ! Tes parents doivent être fiers au final non ? Du moteur d’un avion à celui d’une F1, il n’y a pas bien loin on va dire ! Riais-je de ma totale incompétence en la matière. Les miens auraient voulu  que j’emprunte la même voie “royale” qu’eux… la justice. Mais j’ai arrêté mon cursus de droit en deuxième année, ils m’ont coupé les vivres et tout contact par la même occasion. La dernière fois que je les ai croisés c’était à l’enterrement de mes grands-parents et ils ont fait comme si on était pas de la même famille ces chiens.
J’étais encore surpris du naturel avec lequel je parlais avec la jeune pilote. Mes bavardages étaient souvent nombreux, mais finalement pas sur ces sujets douloureux pour moi. Et avant même que la situation devienne gênante, je me retrouvais à passer mes bras autour de la taille de la blonde pour la retenir d’une mauvaise chute. La glace était brisée on pouvait dire et je ne pouvais m’empêcher de trouver le contact de son corps chaud très agréable.
— Ne t’excuse pas, te sauver de toute situation périlleuse m'épargnera bien des tracas. Tu vois… je vois d’ici les gros titres “Une jeune pilote prometteuse et talentueuse, attirée dans les bois par un fermier pervers, a périt au fond d’un ravin”. Je préfère éviter, tu veux qu’on fasse une pause ? J’ai apporté des carnets à dessin. Plaisantais-je le regard plein de malice en sortant les deux carnets que j'avais apportés de mon sac à dos .

- Qu'as tu fait en Californie ? Demandais-je simplement.

Je ne connaissais que Los Angeles et Hollywood un peu, pas franchement plus. Je n'aimais pas particulièrement les endroits côtiers, n'appréciant pas de me retrouver sur un bateau, ou encore dans l'eau. J'avais une toute nette préférence pour NYC là bas, où mon loft était occupé par une toute jeune riche, en phase d'indépendance.

- On... s'est quitté en mauvais terme, après de nombreux mensonges et ça fait quelques semaines tout au plus.

Même si personne n'avait réellement acté jusqu'alors que notre relation était belle et bien terminée. Il n'avait pas essayé de me retenir, et je n'avais pas essayé de recoller les morceaux. Il me manquait, c'est pour ça qu'il était temps d'avancer.

Je n'avais pas envie de m'appesantir sur Knox et la relation qui avait pris l'eau, je n'en ajoutais pas plus, et comme pour m'arranger, il se livra à moi, concernant ses parents.

- Charmant. Dis-je avec ironie. Tu es fils unique ?

Il passa un bras autour de mes hanches pour m'empêcher de me vautrer, et serrée contre lui, comme ça, je le trouvais alors plus "fort", qu'au premier regard. J'hochais la tête, la bouche entrouverte, reprenant contact avec le sol de mes pieds, pour me séparer de lui.

- Le titre fait tout je crois dans cette proposition. Es tu un fermier pervers ?

Il sortit de son sac à dos, des carnets et je ris en en prenant un dans les mains.

- Crois tu mériter une œuvre de la grande Mercedes Berkeley ? Dis-je faussement hautaine et supérieure. Très bien...

Je sortis un crayon de mon sac, et gribouiller, à l'abris de son regard un sublime et parfait.... bonhomme en bâtons et le lui montrais avant d'éclater de rire.

- Je peux le signer si tu veux !

Mercedes n’avait pas l’air de vouloir s’étendre sur les lambeaux de sa vie de couple et à vrai dire moi non plus. Je m’étais bien assez plaint ces derniers mois, à moitié ivre en compagnie de mes potes. Bethany voulait des enfants. Moi pas. Fin de l’histoire.
— Des petits boulots, sauveteur en mer, barman, livreur, éleveur de chèvres, si si je t'assure. J’ai vécu quelque temps dans une communauté qui vivait en autonomie, un peu genre amish en plus bobo et le charabia en pseudo allemand en moins. En fait. J’ai fuis surtout… mes parents, ma vie de bourge… tout… Je suis fils unique et heureusement. Je n’aurais souhaité l’enfer de mon enfance à personne.
Le mot était fort, je n’avais jamais vécu de violences. Mais n’étais-ce pas tout aussi grave de ne jamais donner une once d’amour à son enfant ? Heureusement la conversation avec la pilote se fut plus légère, j’aimais son humour piquant et je caressais doucement de bas de sa mâchoire de mon index. Nous nous étions assis sur une roche plutôt étroite pour faire une pause et la position périlleuse nous obligeait à nous rapprocher bassin contre bassin.
— Ça… il faudra tester pour le savoir, dis-je avec un sourire énigmatique et charmeur.
Mon crayon glissait soudain tout seul sur le papier, la nature et l’humeur légère m'inspiraient toujours. Je dessinais les grands épicéas devant nous, l'horizon à perte de vue, mais je faillis en casser ma mine en découvrant le dessin de la blonde.
— Oh oui signe, je suis sûr que ton autographe doit valoir cher sur Ebay. Éclatais-je de rire en même temps.
— Allez, on redémarre ? Proposais-je en lui tendant à nouveau la main.
Cette situation était plutôt plaisante. Flirter avec Mercedes était simple et sans conséquence. Je me doutais bien que j’étais à mille lieues de son monde et que je n’y ferais pas long feu. Mais danser entre les flammes avait toujours été un de mes vices et je comptais bien en profiter. Alors que nous grimpions à nouveau, je ne me gênais pas pour lui jeter quelques regards séducteurs de temps en temps.

Rire avec sincérité, flirter sans trop se poser de questions, profiter de la vue, apprendre à connaître un autre humain, accepter son aide, poser ma main dans la sienne, me rapprocher de lui, et chercher à être satellisée quelque part ailleurs que dans ma propre réalité. Un moment suspendu, tout fait de simplicité et de spontanéité. Le présent seul compte, et l'oubli des larmes, des plaintes et de cette manie terrible qu'est de regarder sans cesse son portable, en attendant un message qui n'arrivera pas. Je me mordis la lèvre, un large sourire sur le visage, j'ai le sentiment de revivre un instant, de ne pas faire que vivoter dans l'attente d'un verdict qui sera fatal à mon cœur. Est ce tromper ? Non, c'est suspendre la course du temps, c'est user de frivolité, et chercher l'étincelle chez l'autre, qui nous manque. Nous marchons, tantôt moi devant, tantôt lui, tantôt côte à côte, et nous ne parlons presque plus, c'est nos regards qui s'échangent des mots silencieux. Arrivés en haut, après plus de deux heures de marche, je me tourne vers lui, agrippe sa chemise et colle ma bouche sur la sienne. Un baiser avide de bien des choses, collant mon front contre le sien, séparant nos bouches, les mains toujours agrippées à sa chemise... je prononce quelques mots.

- Merci... soufflais-je contre sa bouche.

Je fermais les yeux, et passais une langue sensuelle sur sa bouche, me laissant happer une nouvelle fois, par la découverte de cette bouche inconnue, de ce goût non familier, plongeant dans la délectation de cet instant. Une bouche fine mais tonique, une langue aventureuse, et une barbe courte qui gratouille ma peau. Je me hisse sur la pointe des pieds, pour accentuer notre échange, collant mon corps sans retenue au sien. Mes mains glissèrent vers sa nuque, entourant son visage.

Si on m’avait dit hier que je me retrouverais dans cette situation avec une star des circuits, je crois que j’aurais rit à m’en faire mal au ventre. Pourtant les surprises avaient du bon. En particulier quand je me faisais prendre par le col par une sauvage. Les femmes entreprenantes me faisaient craquer et je sentais tout mon corps brûler alors que ses lèvres chaudes se posaient sur les miennes. L’altitude et le côté grisant d'être arrivés au sommet s’étaient mêlés à ces sensations qu’elle faisait naître en moi
— Mercy me dit merci… je ne peux pas m’empêcher de trouver ça terriblement sexy, répondis-je rieur en caressant sa joue doucement.
J’espérais que ce n’était pas une manière de me congédier sur le champ, mais elle happait mes lèvres encore en toute réponse, laissant un sillon de frisson dans ma nuque et le long de mon échine. Elle me couvrait de baisers exigeants qui s'emparaient de ma langue, auxquels je répondais avec plus d’ardeur encore, à m’en faire tout oublier. Ou presque. La tension dans mon pantalon ne laissait aucun doute. Nos sacs à dos tombèrent au sol presque simultanément et je passais mes bras autour de sa taille. Mes doigts glissaient dans son dos pour sentir les frissons de sa peau dénudée par le passage lent de mes doigts. Chaque parcelle de sa peau m’appelait, je me baissait pour écarter son haut et déposer des baisers sur le bombé de ses seins incroyables. L’odeur de sa peau était divine et je voulais en connaître chaque détail des saveurs et parfums.
— Je ne sais pas vraiment si l’endroit est approprié mais bordel, je ne peux pas m’arrêter de te toucher…
Ma voix était rauque, sombre et elle l’appelait encore.

pour protéger les yeux sensibles - sujet en hide

- Parfait... dis-je au bout de quelques minutes de silence. Tu crois que l'eau est glacée ? Lui demandais-je en tournant la tête vers la fameuse cascade. J'irais bien me rincer dedans...

Je roulais sur le côté, pour me remettre debout, nue comme Eve, sous le regard goguenard de Ty. Je posais la pointe du pied dans l'eau vive, et elle était effectivement gelée. Une rasade d'eau derrière ma nuque, et je finis par plonger dedans, remontant lentement vers la surface, le froid me transperçant de part en part.

- C'est vivifiant, c'est le moins qu'on puisse dire ! lui dis-je fortement par dessus le son de l'eau qui cascade.

Je remontais sur le rivage, pressant mes longs cheveux blonds, pour aller m'allonger sur une pierre au soleil, espérant ne pas attraper la mort de cette expérience nouvelle, en plein mois de Novembre.  

L’orgasme passé, elle s’échappait rapidement de mes bras pour aller se tremper dans la cascade. J’observais son corps, la danse sensuelle de ses hanches alors qu’elle disparaissait dans l’eau. Autant en profiter, ce rencard serait probablement l’unique. J’éprouvais une sorte de… pincement. J’avais voulu faire une rencontre différente, emmener Mercedes là où je me sentais bien. Un sentiment d’échec m'étreignit. La pilote n’y était pas pour grand-chose, mais elle était finalement comme toutes les conquêtes qui avaient fini dans mon lit ces derniers mois. Elles entraient dans ma vie et en sortaient aussi vite. Était-ce vraiment cela que je désirais ? Ce n’était pas vraiment le moment d’avoir ce genre de pensées et je la rejoignais pour tremper dans l’eau glacée également. Ma peau était parcourue de frissons et pas ceux qui m’avaient étreint quelques minutes plus tôt. Son corps de tentatrice était allongé sur une pierre et je l’éclaboussais de quelques gouttes pour me venger de m’avoir attiré là-dedans.
— Elle est fraîche, la vache… dis-je en riant.
J’en sortais rapidement pour sécher au soleil quelques minutes avant de me rhabiller. Machinalement, mon téléphone dans ma poche, je l’en sortais pour regarder l’heure et je vis plusieurs appels en absence ainsi qu’un texto de mon apprenti. Un souci de fuite d’eau, l’eau coulait depuis plusieurs heures. la facture allait être salée si je ne rentrais pas très vite.
— On redescend ? Il y a encore une bonne heure pour revenir au parking  et la réalité m’appelle malheureusement. Un problème à la ferme.
Mon regard doux enveloppait la jeune femme, j’avais vraiment passé un bon moment hors du temps en sa compagnie.

Je sursautais en sentant les gouttes d'eau fraîche, avant de rouler sur le côté et d'aller chercher mes vêtements. Je regardais son corps à la dérobée, lorsqu'il remit ses vêtements, et reluquais plus qu'il n'en fallait, son sud. Détournant finalement le regard pour lacer mes baskets, je me redressais pour le voir regarder son portable... Okay... moyen comme style je trouve. On venait de s'envoyer en l'air, et il regardait son portable... dommage. Je me mordillais la lèvre, un peu déçue, hochant la tête lorsqu'il parlait de redescendre.

- Oui... redescendons.

La réalité... ou une autre nana. C'est ce que je reproche le plus à ce genre d'application, un instant furtif et bim, on en oublie d'être... je sais pas moi, amical au minimum ! Je m'en voulais d'avoir sauté sur lui, et d'avoir cru que... d'avoir cru je sais pas trop. J'attrapais mon sac à dos, souriait pour la vitrine et amorçait la descente, je ne remarquais pas franchement son regard doux, ou alors brièvement, et je le pris pour un regard que l'on lance à un chaton, et pas un être humain.

La descente était rude, après ça. De quoi me dégouter de faire le premier pas tiens. C'est en silence, que je descendais, qu'y avait il à dire ? Je ne voulais pas être célibataire, pas être papillonnante non plus bon sang ! Mal à l'aise, je n'arrêtais pas de regretter d'avoir sauté sur lui, comme un sauvage... non mais qu'est ce qu'il m'avait pris ?? Et lui avait trouvé ça presque normal, finalement je n'étais qu'un numéro... bon sang Mercedes, sérieux... arrêtes tes conneries.

J’avais horreur du moindre couac à la ferme, cette exploitation c’était mon bébé, ma fierté, chaque jour, elle grandissait et seulement à la force de mes bras. Pas parce que j’étais né avec une cuillère en argent dans la bouche, ni parce que mes parents avaient des relations. Ouais, à presque quarante ans, j’en étais encore là. Me comparer à eux, ressentir cette amertume de leur rejet. Il faudrait peut-être que je pense à consulter ? La colère d’avoir laissé mon apprenti livré à lui-même pour aller m’amuser flottait dans ma tête et je dévalais la pente à toute jambes, sans vraiment me préoccuper de Mercedes. J’agissais en vrai connard. La jolie blonde n’y était pour rien. Je réalisais en apercevant le parking au loin, que mon silence pourrait la blesser. Et effectivement, alors que mon regard se tournait vers elle, je rencontrais ses pupilles dans un mélange de colère et de déception.
— Pardon. D’agir comme un con. M’arrêtais-je en lui prenant la main.
Mes lèvres déposaient un baiser tendre sur le dessus de sa main, en même temps que mon regard cherchait le sien pour lui montrer ma sincérité.
— J’ai réellement un problème à la ferme, sinon nous serions encore là haut à nous dévorer le corps. Je ne suis pas rassasié de toi… dis-je avec un sourire évocateur.
Elle boudait encore, alors je lui montrais de la seule façon que je connaissais. J’écrasais mes lèvres contre sa bouche, la pressant contre moi en lui agrippant le dos. La valse de sa langue chaude me rendait encore fou et si je devais ne me servir que de mon deuxième cerveau, je l’aurais prise à nouveau sur le capot de ma voiture.
— Tu es libre… dans la semaine ? J’aimerais… dîner avec toi, au restaurant ? Hésitais-je.
Ma voix était traînante. Pas parce que je n’avais pas envie d’un autre rendez-vous loin de là, mais parce que je n’étais pas certain qu’elle veuille me revoir après ça.