Old things and new memories (polly)

Concho est sorti du coma depuis quelques jours, maintenant. Cet épisode a laissé quelques cicatrices, en particulier sur mon sommeil, que je ne suis pas parvenue à retrouver complètement. Malgré ça, j’essaye  de remettre un peu d’ordre dans ma vie. Autant qu’il est possible de faire avec ce petit être faisant son nid dans mon utérus qui est venu tout chambouler. L’annonce du marché aux puces sur laquelle je suis tombée, ce matin, sur mes réseaux sociaux vient me donner une parfaite occasion de me remettre sur des rails connues. J’adore chiner, j’adore arpenter les brocantes ou les vides-greniers et je crois avoir besoin, là, aujourd’hui, de faire une activité qui me fait du bien, comme pour reprendre contact avec mon quotidien. Un sms à Polly et dix minutes de bus plus tard, on se retrouve toutes les deux à arpenter les allées, nos yeux se baladant de stand en stand. Je m’arrête sur un miroir ancien, il est un peu tacheté mais c’est justement ce qui lui donne du charme. Je l’imagine très bien dans mon salon. Mon salon…mon appartement, ce lui que j’ai construit au fur et à mesure comme un parfait cocon. Je ne sais pas pourquoi je pense à ça tout d’un coup, mais il m’apparait clairement que les choses risque de changer à partir de maintenant. Concho et moi n’en avons pas encore discuter, néanmoins, il est certain que l’arrivée d’un enfant va chambouler notre quotidien, à commencer par notre lieu de vie. Allons-nous vivre ensemble ? Chez moi ? Chez lui ? Ailleurs ? Je m’éloigne du miroir, préoccupée par autre chose que de la déco. J’essaie de chasser cette pensée, et retrouve ma soeur non loin de là. Je viens enlacer son bras et pose mon menton contre son épaule, tout en souriant.
— Alors, tu trouves quelques petites trucs ?    

@polly burnett

La fin de l’année n’est pas des plus calmes pour la jeune femme. L’approche de Noël lui donne du baume au cœur, lui faisant oublier un peu le stress de ses études. Néanmoins, les récents événements avec sa sœur et Concho, son petit-ami, l’ont chamboulé. Du genre empathique, elle a été présente autant que possible pour sa grande sœur à travers les épreuves qu’elle a pu traverser, mais elle n’est pas resté insensible, ayant parfois elle aussi d’une épaule sur laquelle pleurer et n’arrivant pas toujours à contenir ses larmes devant Pippa. Depuis quelques jours les choses se sont calmées, notamment avec le réveil de Concho et les séquelles, qui si elles sont là, ne mettent pas ses jours en danger. Rien de mieux pour les deux sœurs pour se changer les idées, de déambuler entre les allées à la recherche d’objets de décoration ou de vêtements vintage. Si une bonne partie des objets de déco de la rousse sont issus d’Harry Potter et des autres lectures qu’elle peut faire, il lui arrive parfois de dégoter quelques objets ou meubles pour habiller un peu sa chambre ou empiéter un peu sur le salon commun de sa colocation. N’étant pas du genre trop maniaque, sa chambre ressemble souvent à une accumulation de choses dans tous les coins. Elle aime cette ambiance cosy faite de coussins et d’objets en tout genre qui viennent remplir son espace. Elle s’arrête un instant devant une lampe qui lui fait de l’œil tandis que Pippa continue sa route. Quelques instants plus tard, celle-ci revient vers elle pour lui demander si elle trouve son bonheur. Polly tourne la tête et lui sourit « Je sais pas trop...j’aime bien cette lampe mais je saurais pas trop où la mettre et elle est peut-être un peu chère, je sais pas trop. Et toi ? Tu as déjà ajouté combien d’objets à ta potentielle liste d’achats ? »

La fin d’année ne nous avait pas vraiment épargnées, Polly comme moi, et je me réjouissais de passer Noël avec notre famille. Cela faisait deux ans que cela n’était pas arrivé. J’avais grand besoin de ma famille en ce moment et la perspective de ce moment avec eux me mettait du baume au coeur. Exactement comme cette sortie avec ma petite soeur. Déhambuler parmis les antiquités me mettait en joie, j’adorais les brocantes et j’étais heureuse que Polly ait accepter de m’accompagner, même si c’était chez elle, une passion moins flagrante. Après mettre perdu dans les allées, je retrouvais ma soeur pour savoir si quelque chose avait capter son oeil. Elle me parla d’une lampe, que j’observai aussitôt, suivant ses indications.
— Elle est jolie, et ça donne du cachet tout de suite à une pièce, ce genre d’objets.
Mon appartement était truffé de trouvailles de ce style, et de plantes. Ma déco me rendait heureuse. J’accordais une attention particulier à faire de chez moi un cocon.
— Si elle te plait vraiment, je peux te l’offrir pour Noël.

La jeune femme ne peut pas vraiment compter sur sa sœur pour ne pas craquer. Elle n’est pas vraiment du genre à la raisonner dans ses achats, se serait sûrement Polly la plus raisonnable des deux, même si elle a tendance à toujours acheter des plantes alors qu’elles envahissent déjà l’endroit où elle habite. Pippa, telle une vendeuse voulant conclure une vente, trouve la lampe jolie et que ça apporterait quelque chose chez elle. La place dans la chambre de Polly manque déjà un peu, étant passée d’un appartement en colocation à deux à une colocation beaucoup plus grande, un peu particulière, où elle ne peut pas trop s’étaler en dehors de sa chambre, à part pour les plantes et les livres. Elle a eu l’autorisation des autres colocataires d’étaler ses plantes dans les parties communes du moment qu’elle se charge de leur entretient. Une grande bibliothèque, qu’elle partage également avec les autres, se trouve dans le salon. C’est souvent l’occasion pour elle de lire en compagnie de Rey, l’un de ses colocataires. Pour un peu plus convaincre sa sœur, Pippa lui dit qu’elle peut lui offrir la lampe pour Noël, si le prix la bloque. « Non, t’inquiète pas. Elle serait perdue au milieu du reste, ça vaut pas le coup. » élude Polly qui n’a pas envie que sa sœur lui offre un cadeau si important pour qu’il finisse au milieu de tout un bric-à-brac. « J’ai déménagé pour pas être trop tentée de mettre des choses partout, alors me tente pas ! » ajoute-t-elle en riant.

Quand on s’octroie un regard en arrière sur ma vie, il est assez étonnant de constater mon attrait pour la décoration d’intérieur, ou mon application à faire de mon appartement, acquis il y a maintenant quelques années, un véritable cocon. J’ai passé une grande partie de ma vie adulte à voyager, à quitter mon cocon en d’autres termes. Voilà pourtant trois ans que je suis plus souvent à la maison qu’à l’autre bout du Monde, et cela me va très bien. J’aime toujours autant la découverte, le voyage, l’aventure, mais j’apprécie aussi la douceur de mon foyer, la proximité des miens. Chez moi, cela a toujours été Bowen, mon ancre, l’endroit où j’avais toujours voulu revenir. Les choses, aujourd’hui, sont encore plus concrètes avec Concho, et ce bébé que nous avons fabriquer lui et moi. La décoration, donc, et par extension les brocantes avaient toujours été un centre d’intérêt. C’est donc tout naturellement que j’offre à ma petite soeur le choix de cette lampe qu’elle a remarquer, si par hasard elle souhaite que je lui en face un cadeau de Noël. Polly décline, au prétexte qu’elle a déjà beaucoup de chose et qu’elle ne veut pas être tentée d’en rajouter. Je lève exagérément les yeux au ciel, puis lâche un petit rire, avant de passer mon bras autour de celui de la benjamine Burnett. « T’es si raisonnable que j’ai parfois l’impression que c’est moi la petite soeur  ! » je la taquine, tout en marchant avec elle. « Oh ! » je m’exclame tout d’un coup. « ça sent les churros, non ? Tu en veux ? » je n’attends pas la réponse de ma soeur que je suis déjà en train de chercher mon porte monnaie dans le fouillis de mon sac à main, tout en tachant de me guider à l’odorat dans les allée de la brocante. Quelques minutes plus tard, on se balade avec un cornet plein de pâtisseries pleines de sucre et de gras. Le bon-heur. « J’arrête pas de manger sucré depuis que je suis enceinte…enfin, je veux dire, encore plus qu’avant. Mon bébé aura la dent sucrée, c’est sûr ! » je plaisante en croquant dans un churros qui se met à croustiller délicieusement.  

Peut-être que si elle avait voulu, Polly aurait pu caler cette lampe quelque part dans sa chambre, ou bien demander l'autorisation aux autres personnes partageant son logement de la mettre dans les parties communes. Mais elle connaît Pippa et son amour des beaux objets, elle trouverait toujours un autre truc à lui acheter histoire de se sentir moins coupable de dépenser de l'argent. Mais la jeune femme n'a pas envie que sa sœur dépense son argent pour elle et pour une simple lampe qu'elle trouve jolie. « Faut bien qu'il y en ait une de nous deux pour l'être sinon je suis sûre qu'on finirait à découvert tous les mois. » répondit-elle en riant. Le sujet de la lampe est vite oubliée quand Pippa sent des churros et décide de se mettre en quête de l'origine de cette odeur. Alors qu'elle se met déjà en route, Polly répond avec un sourire à sa sœur partie un peu devant « Oui, je vais pas dire non à tout. » Le stand est vite trouvé et le cornet acheté. La rousse attrape un churros qu'elle patiente un peu avant de manger, qu'il refroidisse un peu, faisant attention tout de même à ce qu'il ne se casse pas et finisse par terre. « Est ce que c'est parce que tu te mets moins de barrière internes pour manger ce que tu veux ou bien parce que ton appétit est décuplé parce que tu dois manger pour deux ? » demanda-t-elle, curieuse. Elle sait ce que c'est de se mettre des barrières au niveau de la nourriture Polly, même si elle arrive aujourd'hui à ne plus penser aux regards des autres. Parfois lorsqu'elle mange quelque chose qui n'est pas vraiment bon pour la santé, comme par exemple le churros qu'elle a dans la main et dans lequel elle se met à croquer, elle voit le regard de certains passant qui la jugent. Malgré toute la confiance en elle qu'elle a pu acquérir ces dernières années, ces simples regards accusateurs lui font parfois revenir à la cour de récréation de l'école primaire. « Ça faisait longtemps que j'en avais pas mangé mais c'est toujours aussi bon. »

« Oui, heureusement que tu es là pour maintenir l'équilibre » je ris doucement en coulant un regard tendre sur ma petite soeur. Je ne suis pas réputée pour être raisonnable, de plus, le sucre est mon talon d’Achille. Déjà en temps normal, j’ai bien du mal à resister à une douceur sucrée, mais j’ai l’impression que cette appétence est décuplé depuis que je suis enceinte. Moi qui pensait que les fameuses envie de femme enceinte était un mythe. On se dirige toutes les deux vers le stand de churros puis craquons pour un sachet que nous comptons partager. Rien que l’odeur est un délice, cela fait remonter tellement de souvenirs. Nous avions l’habitude d’en acheter avec nos parents, quelques fois, quand nous nous promenions sur le front de mer. C’est un peu une madeleine de Proust pour moi, la première bouchée, croustillante à souhait, me le confirme. Je souris à la question de ma soeur. « Aucune idée, c’est peut-être un mélange de tout ça » je réponds en haussant les épaules. En vérité, j’ai commencer à faire un peu plus attention à ce que je mange, depuis que j’attends un enfant. Enfin…disons que j’ai plus de scrupule à commander à emporter le soir, et que je me suis achetée quelques livres de recettes saines, sans pour autant me mettre trop de pression à ce sujet. En bonne épicurienne que je suis, je préfère prendre plaisir à manger. Moi qui ne suis pas un cordon bleu, ni qui me suis vraiment intéressée de près ou de loin à la cuisine jusque-là, je commence à m’y mettre gentiment. En toute simplicité pour l’instant. Ca ne m’empêche pas, bien sûr, de craquer pour quelques pâtisseries de chez Imogen, ou bien, comme ici, une poignée de churros bien gras comme on les aime. « Grave ! » je réplique la bouche pleine. « C’est dingue qu’un truc aussi simple soit si bon, non ? » Je croque à nouveau dans mon churros - même le bruit que ça fait sous les dents est exquis -, puis me tourne vers ma soeur en marchant. « Je peux t’avouer un truc ? » je demande, tout d’un go.

Polly tente d’être raisonnable, de maintenir l’équilibre entre toutes les personnes autour d’elle. C’est un peu la bonne fée pour tout un tas de gens, toujours prête à aider, à apporter un peu de joie, quitte à s’oublier elle même et à ne pas se rendre compte des angoisses qui montent à mesure que le temps passe. Elle sait que Pippa a beaucoup de choses à penser avec sa grossesse et elle ne veut pas l’embêter avec ses histoires, elle ne veut embêter personne avec en réalité, se disant qu’ils ont tous des problèmes bien plus importants que les siens à régler et que ça ne vaut pas la peine de les déranger avec, elle gère, jusqu’à ce qu’elle ne gère plus du tout. Elle sourit à sa sœur avant qu’elles ne partent en quête de churros et qu’elles échangent à propos des envies de femme enceinte de Pippa. L’esprit scientifique de Polly ressortant pour tenter de voir pour quelles raisons sa sœur ressent davantage l’envie de manger sucrée. N’étant absolument pas en biologie et n’ayant d’ailleurs jamais trop appréciée ça, elle ne sait pas quels mécanismes se cachent derrière les envies de femmes enceintes. Est-ce un mythe ou bien y-a-t-il une réalité derrière ? Son esprit curieux a envie d’en savoir plus et si elle y pense, elle ira faire quelques recherches une fois revenue chez elle. « Oui sans doute, ça doit venir de plusieurs choses. Il y a rarement une seule raison ! » approuve-t-elle avant de se retrouver avec un churros chaud dans les mains, qu’elle attend un peu avant de croquer, pour ne pas se brûler. « Je pense que le mélange gras plus sucre aide à faire un truc bon. » dit-elle en riant. C’est compliqué de se planter avec ces deux composantes ou alors il faut vraiment mettre des proportions aberrantes pour que ça soit écœurant, même si certaines personnes sont plus facilement dégoûtées par le gras et le sucre que d’autres. « Oui vas-y, dis moi. » répondit-elle curieuse, ayant envie de savoir ce dont sa sœur veut lui parler. Polly aime bien les potins et a même tendance à sauter à pieds joints dans le plat sans trop faire exprès.