hope is a fast car, only takes you so far. (azlo)

hope is a fast car, only takes you so far

Le but au numéro 13, ces dernières semaines, avait été de faire autant d’activités que possible, selon l’emploi du temps de chacun. Que ce soit tous les trois ou à deux, l’idée était de distraire Milo de ses pensées moroses, dans l’espoir de laisser le temps et les passe-temps guérir les blessures qu’il portait dans son âme. Si au début, Az avait été confiant, à l’écoute avant tout, et prêt à épauler son meilleur copain autant qu’il en aurait besoin, il commençait à s’inquiéter. Le photographe pouvait certes être déjà bien fier de lui, parce que malgré les circonstances, il n’avait cédé à aucune tentation de rechute. Et ses deux colocataires comprenaient à quel point ça devait être dur. Ils faisaient mine de ne pas s’en faire de ce côté, histoire de ne pas donner l’impression au Français qu’il était fliqué ou baby-sitté, mais du coin de l’œil, ils veillaient au grain. Il n’y avait pas d’alcool à la maison, quand ils buvaient, c’était à l’extérieur, et la weed de l’Italien se trouvait chez Lys. De temps en temps, quand Milo n’était pas là, ils faisaient un tour des armoires et de potentielles cachettes. Azriel avait confiance en son meilleur ami, mais il aurait très bien compris qu’une rechute soit plus que tentante. Il faisait bonne figure, Milo, mais ses potes voyaient bien que ça ne s’améliorait pas. Il n’avait plus de plaisir à manger, plus tellement d’énergie à donner. Et Az ne voulait pas du tout le forcer à sortir de sa grotte, il était important qu’il se repose aussi, mais tout ça ne le rassurait pas. Aujourd’hui, il avait donc proposé au garçon d’aller faire un tour en forêt. Ils ne partaient pas pour un trek de six heures, mais faire un petit tour dans la nature, loin de la routine de la ville, et se poser tranquillement pour parler, ou même pour ne rien dire, lui paraissait une bonne idée. Az avait même pris le volant, chose extrêmement rare, pour les déposer confortablement à l’entrée d’un sentier moins fréquenté, plus tranquille. « J’ai l’impression que j’ai plus entendu le silence depuis des lustres. » commenta d’une voix douce et grave, l’Italien alors qu’ils marchaient depuis quelques minutes entre les feuillages.

Cette période était compliqué pour toi et tes troubles. Tu avais cette envie de plonger ta tête dans une pinte de bière ou de t’asperger le nez de cocaïne pour te faire du bien puisque tout allait mal. Heureusement, tu avais des colocataires d’enfer qui faisaient attention à toi. Azriel et Elias étaient parfait dans le rôle des sauveurs. Ils avaient nettoyés tout l’appartement d’alcool ou de drogue potentielle qu’on pouvait trouver habituellement chez vous. Ça t’avait évité plus d’un écart. Et puis, dès qu’ils le pouvaient, ils passaient une soirée avec toi pour pas que tu restes tout seul. Les fêtes n’aident pas un alcoolique. T’as envie de t’enfiler un bon verre de rouge avec le reps de Noël mais non, tu ne peux pas faire ça, tu n’as plus le droit de faire ça surtout ! Tu passais même des soirées avec Azriel au Hendrix quand il bossait là-bas, en buvant masse de coca pour étancher ta soif. Aujourd’hui, c’était sortie en plein air. Même si ça t’enchantait pas beaucoup, tu suivais les conseils de ton ami pour pouvoir être mieux dans ton corps. « Moi non plus » soufflas-tu en prenant le début du sentier. Les mains dans les poches, tu avais l’impression que cette journée allait te mettre à nu. T’avais besoin de t’exprimer, tu ne le faisais pas assez. Mais surtout, tu n’avais jamais remercier ton meilleur ami de prendre autant soin de toi. « Hey, Az’ » dis-tu à l’intention de l’italien. Tu baissais les yeux vers tes pieds ainsi que la route avant de reprendre. « Merci de faire tout ça pour moi » dis-tu sans vraiment le regarder, un léger sourire sur le coin de tes lippes.

Ça faisait du bien, de s'éloigner de la routine bruyante de la ville, ne fut-ce que pour une heure ou deux. Le brun se doutait bien que ce n'était pas ça qui allait totalement métamorphoser l'humeur de son meilleur ami, que ça n'allait pas d'un coup magiquement le ressourcer, mais prendre un peu l'air ne faisait jamais de mal. Et au moins, ça le changeait un peu de tous les jours. Puis Azriel, il aimait bien la nature, il aimait le son des feuilles qui bruissaient au soleil, les craquements impromptus des branches perdues au loin dans la masse d'arbre, sans qu'on ne sache pourquoi. Un chant d'oiseau, les pas sur le sol terreux. Lui aussi, il avait besoin de prendre un peu l'air. Même s'il n'avait absolument pas à se plaindre de quoi que ce soit, il voguait dans des eaux calmes et amicales, contrairement à son colocataire. Néanmoins, ça lui faisait du bien aussi, cette sortie. Ils marchèrent encore un peu en silence, évitant une ou deux racines, laissant un regard accrocher un rayon de soleil, avant que Milo ne l'interpelle. « Ouais ? » répondit l'Italien en pivotant légèrement la tête, signe qu'il l'écoutait, alors qu'ils marchaient toujours. Il sourit, l'étincelle de son regard se faisant chaude et enfantine, quand son meilleur pote le remercia. Il percevait à quel point c'était sincère et emprunt de gratitude. « T'as pas à me remercier, bro'. C'est juste normal. » répondit-il à son tour après quelques pas, un sourire dans la voix, alors qu'il pressait l'épaule de son ami d'une main apaisante. Il voulait lui dire, qu'il voyait bien que c'était toujours difficile malgré le temps qui s'écoulait, et il voulait qu'il sache qu'il serait toujours là, le temps qu'il faudrait. Parce qu'il le pensait vraiment, que c'était normal, c'était une évidence même d'être là pour lui, et ça ne le dérangeait aucunement. Mais il préférait laisser Milo choisir les mots qu'il voulait expier, ou lui laisser le confort du silence, à son aise.

Depuis le départ de Niels, tu t’accrochais à Azriel comme une moule à son rocher. En même temps, il faisait tout pour t’aider à garder la tête haute, à ne pas replonger dans la drogue ou l’alcool. Sans lui, tu serai déjà sous un pont entrain de chercher à dénicher de la cocaïne pour te la mettre dans le nez. T’avais envie d’être high plus que jamais. Aujourd’hui c’était petite marche dans les bois. T’aimais pas ça mais au moins ça te permettait de te changer les idées. Sans le regarder, tu remerciais ton meilleur ami d’être là pour toi et t’aider. Un léger sourire se dessinait sur tes lèvres quand il venait poser sa main sur ton épaule. « T’en fais quand même plus que tu ne devrai » dis-tu en portant enfin un regard sur lui. Il faisait beaucoup trop de choses pour toi, à te surveiller sans cesse. Même si des fois c’était oppressant, tu savais qu’il faisait ça pour ton bien-être, comme le reste de ton entourage. Il était hors de question de retomber une fois de plus dans tes vices. Tu étais sobre depuis plus de 600 jours, presque deux ans. C’est pas beau ça ? « Je sais que tu passes plus de temps à t’occuper de moi que de voir Lys ou quoi, j’veux pas m’interférer entre vous ou quoi, hein… » dis-tu en haussant les épaules. Tu sais que t’es un boulet, c’est juste que tu trouves des plus beaux mots que de le balancer comme ça.

Azriel était bien conscient des combats que son meilleur ami devait mener au quotidien. Et s’il l’épaulait du mieux qu’il le pouvait, il savait que ça ne résolvait pas tout, qu’il était un pansement dans certains moments, mais que certaines plaies avaient besoin de guérir par elles-mêmes. Et que certaines tentations seraient toujours là, prête à livrer une bataille perpétuelle. Il tentait d’emmener Milo aussi loin que possible de ses penchants toxiques, mais il ne l’aurait jamais blâmé non plus, s’il devait en arriver à craquer. Il ne pouvait pas mesurer l’ampleur de la difficulté de ce combat, il ne pouvait que se représenter à quel point ça devait demander des efforts puissants et une discipline à toute épreuve. Dans tous les cas, peu importe les choix et les faiblesses de Milo, il serait là. « Je suis pas d’accord, mais peu importe. Je suis là pour toi, bro’, et t’avises pas voir ça comme un excès de zèle. » répliqua-t-il, son ton chargé d’affection. Il n’avait aucune intention de jouer au flic, le but n’était pas de mettre encore plus de poids sur les épaules du photographe. Il essayait juste de faire au mieux, entre l’écoute et la prévention. Et il savait bien que Milo lui en était reconnaissant, même si aux yeux de l’Italien, il n’avait pas à le remercier, comme il l’avait souligné. « T’interfères entre rien du tout, j’t’assure. C’est pas parce que j’ai envie d’être là pour toi, que c’est forcément une charge pour moi. J’suis content aussi de passer du temps à chiller avec mon meilleur pote, tu sais. » sourit le brun, son expression joyeuse ne laissant aucun doute quant à la sincérité de ses mots. Le Français était son meilleur ami, et ça n’avait rien d’une charge de traîner avec lui, bien au contraire. Même s’il voyait souvent Lys, Azriel continuait à être présent à la coloc’, tout simplement parce qu’il aimait toujours autant être là, à partager des moments avec Elias et Milo, ou les gens qu’ils invitaient.

C’était rare que vous vous montriez que vous vous aimiez tous les deux. Mais vous êtes meilleurs amis et toujours là l’un pour l’autre, même si vous ne le dites pas. Et ces derniers temps, Azriel avait été tellement là pour toi. Tu en avais eu besoin. T’allais être père, tu venais de te séparer d’Effy, tu n’avais qu’une envie c’était de prendre un cachet, boire un verre ou bien fumer un pétard. Mais non, tu te contentais de jouer de la musique à t’en casser les oreilles, fumer des clopes jusqu’au petit matin parce que les insomnies étaient bien présentes et à pleurer dans ton oreiller. La réponse de ton meilleur ami te faisait sourire. Il était là, il était content de t’aider. Tu avais l’impression de l’empêcher de faire plein de choses, notamment de ne plus trop voir sa petite amie, qui était aussi ton amie. Mais non, l’italien te confirmait qu’il était ravi de t’aider et que tu ne l’empêchais en rien. « Merci, Az » soufflas-tu en baissant les yeux. Les larmes te montaient aux yeux. Tu te sentais un moins que rien, d’avoir besoin d’autant de gens pour t’aider à aller mieux, pour t’empêcher de faire des bêtises et de retomber dans la drogue. « J’ai tout fait foiré, Az, j’suis vraiment une merde » dis-tu la voix tremblotante, les mains dans tes poches parce que tu ne savais pas quoi faire de ces dernières. Ton regard était rivé sur le chemin, mais on pouvait te percevoir verser quelques larmes.

D’un signe de tête et d’un sourire toujours aussi confiant, le barman faisait signe qu’il n’y avait pas de quoi le remercier, même s’il prenait les mots de Milo avec grâce. Il n’y avait rien de plus à répondre. C’était pour ça qu’il était là, c’était pour ça qu’ils étaient amis : pour être là l’un pour l’autre, en toutes circonstances. Et comme il l’avait confié, ça ne représentait pas une charge pour Azriel, et le temps passé avec son meilleur pote, qu’il soit sous le signe de la joie ou de l’orage, restait du temps qualitatif. L’émotion du musicien le gagnait tout de même aussi, et tout dans le comportement d’Az témoignait qu’il était content d’être là pour lui, et de faire cette petite sortie à deux aujourd’hui. Il faisait son possible pour garder autour de lui cette aura bienveillante, dans l’espoir que cela apaise un peu l’âme blessée de son meilleur ami, dans l’espoir que ça lui rappelle qu’il avait de la valeur, celle que l’Italien voyait tous les jours. Mais malheureusement, il ne pouvait pas remplacer les ressentis de Milo, ceux qui le tourmentaient à l’intérieur. Le fait qu’il le dise à haute voix n’était même pas le pire, il pouvait lire en son ami à quel point ce dernier se sentait comme un moins que rien. Ça lui brisait le cœur, mais il ne rendait pas les armes pour autant. Il avait une tonne de mots à prononcer, qui pourraient potentiellement faire du bien, même si ce n’était que pour un court instant, à son meilleur pote. Il y avait pourtant quelques mots bien précis qu’il voulait lui dire maintenant. Qu’il ne dit pas tout de suite. « Viens, on se pose un peu. » répondit d’abord l’Italien, emmenant son ami dans une petite trouée dans les arbres, pour rejoindre un endroit où le feuillage se faisait moins dense et où ils pouvaient s’asseoir. Ce qu’Az fit, s’adossant contre un large tronc d’arbre et attendant que Milo l’imite. Il se roula une clope qu’il alluma, dans un silence toujours serein, paisiblement animé par quelques oiseaux qui passaient par là. Il reprit finalement la parole, après avoir expiré la fumée de la première bouffée de tabac. « T’es pas une merde bro’, et j’ai un très bon argument pour soutenir cette théorie. » Il chercha le regard du photographe, alors qu’un mince sourire se dessinait au coin de ses lèvres, creusant une fossette dans ses joues enfantines. « T’es tellement tout sauf une merde, que quand on a découvert Lys et moi qu’on allait être parents, une des premières décisions qu’on a prises c’est que t’allais être le parrain. » Voilà comment il annonça pour la première fois à quelqu’un qu’il allait être papa. Et s’il était normalement censé garder le secret encore un peu, il ne voyait pas de moment plus propice que celui-ci pour l’annoncer à Milo, ainsi que toute la confiance que le couple avait en lui.

Ce sentiment d’impuissance, d’être un fardeau pour tes amis et ton entourage, ça te rendait totalement dingue. Et ça sentait dans l’appartement en ce moment. Les histoires avec Effy, la grossesse de Freja, tout allait beaucoup trop vite, c’était trop dur à gérer et tu étais à deux doigts de retomber dans tes travers les plus sombres. Heureusement, Elias et Azriel étaient là pour t’aider, pour te monter vers le haut. Et pas seulement eux, mais aussi tout ton groupe de musique, tes amies comme Lys ou bien plus récemment Alma. Cette balade avec Azriel faisait du bien, t’en avais besoin, énormément. Il te proposait que vous vous posiez, chose que tu acceptais en hochant la tête bêtement. Il commençait un monologue ensuite pour te dire que tu n’étais pas une merde, ni un fardeau pour eux. Et là, il t’annonçait cette grande nouvelle. Ils allaient être parents avec Lys, et qu’en plus de ça ils te voulaient comme parrain de ce futur enfant. « Lys est enceinte ??? » demandas-tu en premier. Puis, tu prenais ton meilleur ami dans tes bras, une étreinte forte et émotionnelle. « Félicitations ! » ajoutas-tu avec un large sourire en te décalant de ton ami. Tu étais réellement fier d’eux, content pour eux parce qu’ils attendaient ça depuis longtemps. « On va être père en même temps, mec » soufflas-tu avec un sourire en coin. Freja n’allait pas tarder à accoucher, votre enfant allait bientôt naître à vous aussi. Comme quoi, les meilleurs amis font tout en même temps sans le vouloir. « Et je suis hyper honoré que vous me choisissiez comme parrain » finis-tu par dire avec un sourire toujours. Vous n’aviez pas parler de parrains et marraines avec Freja encore, c’était pas vraiment la discussion que tu voulais avoir mais ça arriverai surement bientôt.