#77 - run away , no sense of time

Invité

C’est trop pour moi, ses paroles résonnent dans ma tête, mais je ne veux pas y croire. Je ne veux pas les comprendre ou surtout, je ne veux pas qu’ils soient vrais. J’aimerais reculer le temps pour essayer de comprendre comment elle a pu me glisser entre les doigts de la sorte. Qu’elle puisse avoir besoin à ce point de se prouver qu’elle n’est plus une gamine. Comment c’est possible ? J’ai mal à un point que je n’aurais pu croire possible, la savoir en train de sombrer, de se détruire volontairement, c’est comme si elle piétinait sur tout ce que j’ai pu lui donner. Sur toutes les privations que j’ai pu faire pour qu’elle ne manque de rien, je le ressens comme une trahison et je ne savais pas à quel point ça pouvait faire mal de voir sa propre chair en train de se mutiler ainsi. Mes larmes coulent et pourtant, je dois me relever, faire face à ma fille. Mes paroles sont dures, elle me brise en mille miettes alors que je lui dis. AH ? Elle n’a plus douze ? Bon Dieu que je le sais qu’elle n’a plus douze ans, la Maddie d’il y a huit ans n'aurait jamais fait ce genre de conneries elle. “Tu veux que j’te félicite de foutre ta vie en l’air ? Maddie, tu as eu une chance incroyable et tu crois qu’il sait tout sur tout ? Il t’a ouvert les yeux ? Tu devrais me le présenter, un coup parti il m'ouvrira peut-être les yeux aussi ! ” J’ai haussé le ton, plus que je ne l’aurais voulu. Elle pense que ce p’tit con lui a ouvert les yeux ? Qu’il est si génial de foutre sa vie en l’air ? J’aurais tué pour avoir les chances qu’elle a eu et qu'elle les gâche comme ça en un claquement de doigts. Ça part en fumée de joint et de je ne sais quoi d’autre qu’elle ingurgite. J’ai besoin de quitter la pièce, je manque d’air, je sens que je vais étouffer. Une main contre mon coeur je vais chercher mes cigarettes et je sors pour prendre l’air que le vent voudra bien venir me porter. J’allume ma cigarette les mains tremblantes. Je l’entends près de moi, mais je préfère ignorer sa présence, j’ai besoin de reprendre mon calme. Je ferme les yeux quand elle me parle. J’aurais envie de lui crier de se taire, mais je n’ai pas envie que le voisinage tout entier nous entende. “Oh oui, tu restes ma fille, mais tu ne sais rien Maddie, tu ne sais rien du tout. J’ai tout fais pour que tu grandisses dans un environnement sain. Tu peux grandir, mais ça ce n’est pas grandir Maddie. ” Je fume trop vite, ma cigarette ne se consume pas bien. J’ai les nerfs à fleur de peau. “Non il ne t’aime pas, ne viens pas me faire croire qu’il t’aime. Parce que quelqu’un qui t’aime vraiment ne te laisse pas t’enfoncer dans la merde. Un homme qui t’aime t’aide à t’élever et à déployer tes ailes. ” J’écrase ma cigarette et je souffle doucement pour reprendre contenance. Je regarde cette enfant pour qui j’ai tout sacrifiée, cette enfant pour qui j’ai mis mon avenir en pause, pour laquelle je me suis battue, enfuie et quitter le confort familial pour la garder. Qui est cette inconnue devant moi à présent ? Vingt ans de ma vie qui s’est envolée pour elle, que me reste-t-il maintenant ? Pour la première fois depuis ma fugue je me demande comment mes parents ont pu se sentir quand j’ai décidé de partir. De vivre ma vie et de garder ma fille… J’aurais envie de lui dire de partir, mais j’ai peur qu’elle ne revienne jamais si je le fais. J’ai envie de lui dire de rester, qu’on va trouver quelque chose qui lui convient le mieux, mais j’ai peur qu’elle ne fugue. Je suis épuisée, j’ai l’impression d’avoir pris dix ans d’un seul coup. J’ai envie de hurler comme jamais… La douleur n’est pas une bonne compagne. J’aurais besoin de retrouver ce confort que j’ai ressenti avec Theo lors de cette soirée magique. J’aimerais pouvoir passer par-dessus cette rambarde et disparaître cette nuit. “Tu as encore tellement de choses à apprendre Maddie. Tu n’imagine même pas à quel point.” Je rentre dans l’appartement, je ne sais que faire d’autre à part aller m’écrouler dans mon lit.

Sujet: Re: #77 - run away , no sense of time Mar 21 Mar 2023 - 0:48

Je sais que j'ai déçu ma mère. Mais j'reste bornée. J'suis partagé entre tellement de sentiments différents que je ne sais plus ou donné de la tête. Je regrette de lui avoir dit la vérité, d'avoir mentionné l'existence d'Archie. Je sais à présent qu'elle ne me lâchera plus. Que je l'aurais sur le dos. Elle veut faire ça pour mon bien, mais je n'ai besoin de personne. J'en suis persuadée et j'sens que sa colère monte. Les moments de tensions, comme ça, aussi puissants, avec ma mère, c'est tellement rare que j'sais pas trop comment réagir. La weed que j'ai consommé juste avant d'arriver ne m'aime pas à avoir l'esprit très clair. Mais je sens bien la colère qui monte chez ma mère et elle ne tarde pas à la faire éclater. J'essaye de défendre Archie et l'amour qu'on éprouve l'un pour l'autre mais ça ne semble pas du tout marcher aux yeux de ma mère. Je prends sa colère de plein fouet. Jusqu'à présent, j'avais tenté de calmer les choses. J'voulais pas de cette engueulade. Mais elle est inévitable à présent. J'sens ma mâchoire qui se ressert un peu, les larmes continuent de couler sur mes joues. Je secoue la tête en signe de protestation. "T'en sais rien. Tu le juge sans le connaître. Il me rend heureuse." Je sais que ce n'est pas entendable pour ma mère. J'ai pas encore haussé le ton, j'essaye de garder mon calme mais je vois que ma mère est déjà partie chercher une cigarette. Elle est fébrile, j'aime pas la voir dans cet état mais j'ai la sensation qu'elle veut contrôler sa vie et moi, ça ne me plait pas. Elle fume sa cigarette frénétiquement, et je l'écoute me parler. Elle parle vite. Elle est sous tension. Même si elle ne crie pas, je sens la colère dans sa voix. Je plonge mon regard dans le sien et je sens cette fois que c'est ma colère qui devient inévitable. "Arrête de penser pour moi, de croire des choses pour moi. J'suis plus une gamine. J'ai vingt ans maintenant alors estime toi heureuse que j'viennes encore ici. J'vais grandir comme je l'entends. Que ça te plaise ou non. Je savais..." Je marque une pause, et j'secoue la tête. "Je savais que tu comprendrais pas, que tu essayerais d'me blesser en me disant qu'il n'est pas pour moi. Mais c'est pas toi qui décide, maman. Tu peux plus rien décider pour moi." J'avais la sensation d'avoir mis un gigantesque coup de pied dans tout ce qu'on avait construit ensemble, toutes les deux, contre le reste du monde. Et j'envoyais tout valser, pour les beaux yeux d'Archie. Je savais au fond que c'était mal, que j'étais dans le faux. Mais j'avais cette fierté mal placée, l'envie d'me dire que je pouvais aimer qui je voulais. Et personne ne pourrait décider pour moi. Mon regard était devenu sombre. Elle éteint sa cigarette, me lâche quelques mots cinglants et rentrent dans l'appartement, se dirigeant vers sa chambre. J'ai pas envie de rester là. J'peux pas rester là et aller dormir dans mon lit comme si de rien. J'ai besoin d'ailleurs. J'ai besoin de retrouver les bras d'Archie et d'me blottir dedans. J'ai besoin d'lui dire qu'il avait raison, que les autres veulent nous séparer. J'essuie une nouvelle fois les larmes qui coulent le long de mes joues. J'ferme la porte-fenêtre du salon, j'récupère mon sac que j'avais posé à l'entrée de l'appartement. Je m'arrête une seconde, je regarde vers le couloir, là où ma mère est partie se réfugier. La gorge serrée j'tourne les talons, je pose ma main sur la poignée de la porte d'entrée et je quitte l'appartement. Je claque volontairement la porte. J'rentrerais plus ici. J'descends les escaliers plongés dans le noir. J'vais retrouver Archie, m'envoyer quelques joints ou peut-être même un rail de coke, et j'vais tout oublier. Pour vivre ma vie comme je l'entends.

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