Dealing with the past (rafaël)

Aujourd'hui, Rosemary avait décidé de prendre l'air, elle devait accueillir un nouveau patient, mais elle n'avait pas prévu de le faire dans son cabinet. Car elle l'avait déjà vu une fois, et elle connaissait les grandes lignes de ce qui l'avait fait venir jusqu'à elle : la perte d'un proche, de sa femme, un deuil impossible, qui le hantait, et l'éloignait même de sa fille. Une histoire pas simple, et une thérapie qui sera tout aussi difficile, mais c'était bien pour cela que Rosemary relevait ces défis, pour aider les gens à aller mieux, à avancer. Elle avait conscience que certaines personnes pouvaient avoir tendance à s'éloigner des autres suite à une épreuve difficile, et à se renfermer sur eux-mêmes. Le fait qu'ils viennent la voir signifiait sans doute qu'ils plaçaient un certain espoir en elle, et ainsi, elle ne souhaitait absolument pas les décevoir. Dans le cas de ce nouveau patient, elle avait eu une idée, munie d'un appareil photo, elle l'attendait patiemment afin de lui proposer un exercice, qui, elle l'espérait, allait lui faire du bien. Il n'avait pas perdu sa femme à Bowen, mais les lieux d'ici pouvaient être similaires à ceux qu'il avait vu, dans lesquels il était allé, avec sa femme. Ainsi prendre en photo des lieux similaires, et mettre des mots, parler des souvenirs qu'il conservait de ces lieux, pouvait l'aider à accepter d'avancer. Après tout, il fallait lui faire comprendre de manière détourner que les personnes que l'on aime souhaiterait nous voir heureux, et non malheureux, qu'il était important de chérir les moments vécus, sans qu'ils ne soient utilisés pour alimenter une peine toujours plus grande. Du moins c'était sa réflexion, et elle devait la transmettre, et l'expliquer à Rafaël.
Pour le moment, elle l'attendait dans la rue juste en face d'un petit café qu'elle avait mentionné en donnait rendez-vous à Rafaël. Ce quartier regorgeait de lieux qu'elle voyait bien être choisis par des couples, que ce soit des restaurants, des cafés, une mairie ou une église, en rapport évident avec le mariage. La jeune femme préférait laisser le jeune homme choisir, et elle n'avait donc pour le moment aucun itinéraire défini en particulier, elle préférait que cela lui vienne naturellement. Que cette séance s'achève avec une seule photo, aucune, ou au contraire qu'elle soit fructueuse, Rosemary avait confiance en son idée, et elle avait hâte de la présenter à son patient, elle pensait qu'il ne la manquerait pas et qu'elle était facile à repérer au milieu des autres, car après tout, son manteau d'un rose pastel et son béret de la même couleur l'aidait à se distinguer des autres. Une tenue moins... pro dirons-nous, mais qui reflétait sa véritable personnalité: pleine d'énergie, et de ressources.

@Rafaël Benítez

dealing with the past
w/ rosemary & rafaël
~ ~ ~

Rafaël avait accepté. Il avait accepté la proposition de Rosemary, celle qui consistait à faire la séance en dehors du cabinet. Elle était sa psychologue, enfin, il ne l’avait vu qu’une fois et n’avait pas énormément parlé, mais il l’avait trouvé très douce, à l’écoute et contrairement à d’autres, elle ne l’avait pas pressé à se confier. Et ça, Rafaël avait beaucoup apprécié. Depuis six ans maintenant, il consultait tout un tas de psychologue, thérapeute, avait rejoint des groupes de paroles. Pourtant, c’était toujours aussi compliqué de parler, d’expliquer. À nouveau raconter son histoire, son passé, l’armée, sa femme. Et maintenant sa fille qui le faisait complètement vriller. C’était un travail de longue haleine, ça, personne n’en doutait. Mais il n’avait jamais l’impression qu’il s’en sortirait un jour. Mais, avec Rosemary, il avait vu les choses différemment. Peut-être à cause de sa façon de ne pas l’oppresser ou à sa façon de s’exprimer. Il ne savait pas vraiment. Pourtant, il était là, prêt à lui faire confiance et à avancer. Elle ne lui avait pas vraiment expliqué pourquoi la séance ne se déroulait pas au cabinet, mais Rafaël n’avait pas non plus demandé. Elle savait très certainement ce qu’elle faisait. Après tout, c’était son métier. Le Mexicain devait avoir confiance, elle était là pour l’aider. Et puis au pire, si cela ne se passait pas comme prévu, il pouvait toujours prendre congé et retourner chez lui. Il espérait seulement qu’il allait arriver à faire mieux que la dernière fois. À un peu plus se confier peut-être. Du moins, il pouvait toujours essayer. Il n’allait pas l’avouer, mais il était un peu tendu, de ne pas savoir ce que Rosemary avait en tête. Pas habitué à ne pas tout contrôler. Le centre-ville grouillait de monde, northern District était connu pour être un quartier dynamique de Bowen avec tous ces commerces et ces devantures. Rafaël avait quelques minutes de retard, c’est pour cela qu’il pressait le pas. Il ne voulait pas faire attendre Rosemary plus que ça. Il trouvait déjà impoli d’arriver en retard alors il ne fallait pas qu’il abuse non plus. Il n’eut pas de mal à trouver la jeune femme, tout habillée de rose, elle était assez visible même au milieu de la foule. Lorsque Rafaël arriva à sa hauteur, il esquissa un léger sourire. « Bonjour. Je suis vraiment désolé, je suis complètement à la bourre. J’espère que je n’ai pas été trop long. », s’excuser était la moindre des choses. Bien vite, ses yeux se posèrent sur l’appareil photo que Rosemary tenait en main. Il leva un sourcil, interrogatif. « C’est pour la séance ? » Rafaël était quelque peu dubitatif, mais il était prêt à tenter de nouvelles thérapies. 

@Rosemary Hepburn

Suite à quelques minutes d'attente, Rosemary fut soulagée de voir son patient la saluer tandis qu'il arrivait finalement. Après tout, il aurait très bien pu décider de ne pas venir au dernier moment, elle avait déjà connu des patients dans ce cas, mais elle ne leur en avait jamais voulu. Se confier, se mettre à nu et faire face à ses fragilités, c'était une épreuve à ne pas sous-estimer. Ce dernier s'excusait de son retard, mais la jeune femme secoua immédiatement la tête, le rassurant dans un grand sourire. «Ne vous excusez pas, vous n'êtes pas si en retard que ça, et puis l'important c'est que vous soyez là, c'est déjà un grand pas.» Comme prévu, le jeune homme avait l'air un peu déconcerté par la présence de l'appareil photo dans les mains de celle qui était censée être sa thérapeute, pas photographe. Rosemary esquissa un petit sourire amusée par l'air dubitatif de Rafaël. Il allait falloir lui expliquer, parce qu'effectivement, sans doute ne s'était-il pas attendu à ça en venant à une séance d'art thérapie. « Exactement ! Ne vous en faites pas, je vais tout vous expliquer. En gros, j'ai eu une idée, que vous n'êtes évidemment pas dans l'obligation d'accepter, mais si vous le voulez bien, vous allez prendre cet appareil photo, et vous allez vous en servir tout au long de cette journée.» La jeune femme lui tendit l'appareil photo afin qu'il en prenne possession, et elle continua de lui expliquer en détail, afin qu'il ne soit pas surpris lorsque la séance commencera par la suite. «Vous n'êtes pas obligé de faire des photos parfaites, mais je vous demanderai de vous balader avec moi dans le quartier, et de prendre une photo dés qu'une rue, une devanture, ou même un lieu, vous rappelle les lieux dans lesquels vous avez été avec votre épouse. Bien sûr, ils ne seront jamais complètement similaires, mais c'est la symbolique du lieu qui compte. Si vous voulez marcher sans prendre de photos, vous le pouvez également, si vous souhaitez aller jusqu'à visiter l'intérieur des endroits afin de les capturer, c'est parfait aussi. L'objectif, c'est que nous ayons suffisamment de matière pour la prochaine séance, donc des photos développées, pour que vous puissiez parler de vos souvenirs un par un. Vous pourrez me raconter le déroulement de la journée comme vous vous en souvenez, ou des sentiments que vous avez ressentis durant ces moments-là, de votre histoire plus globalement, n'importe quoi du moment que cela vous convient. Ou si vous vous sentez prêt maintenant, vous pouvez aussi commencer à mentionner certaines choses, je vous écouterai attentivement.» Rosemary espérait ne pas avoir perdu Rafaël avec toutes explications, mais elle préférait en dire trop que pas assez. Elle était également d'une nature telle qu'il lui était possible de parler pendant des heures sans se fatiguer, mais elle se maîtrisait, pour ne pas faire fuir un homme qu'elle tentait de convaincre. On commence quand vous voulez. Ajouta-t-elle.

@Rafaël Benítez

dealing with the past
w/ rosemary & rafaël
~ ~ ~

Il a longuement hésité, Rafaël, il ne peut pas le nier. Parce qu’il a vu des milliers de psychologues, thérapeutes, psychothérapeutes qui ont essayé des milliers de méthodes sans qu’aucun résultat n’apparaisse. Alors il s’est interrogé un long moment, mais avec Rosemary, il sent que c’est peut-être la bonne thérapie. Certainement une intuition. Certes, il s’est posé des questions lorsqu’elle lui a donné l’adresse du rendez-vous. Il n’a pas très bien compris pourquoi elle souhaite que la séance se déroule en extérieur, mais soit. Il s’adapte. Il est enfin arrivé à l’endroit du rendez-vous et la jeune femme le pardonne instantanément pour les quelques minutes d’attente. Rafaël lui adresse alors un sourire, reconnaissant. « Ce serait mentir si je vous disais que je n’avais pas hésité et que j’ai gambergé un moment sur les possibilités de la séance. C’est un peu effrayant, mais allons-y. », il doit lui aussi y mettre du sien s’il veut aller mieux. Rafaël se montre attentif aux explications de la jeune femme, et prend dans ses mains l’appareil photo qu’elle lui tend. Il l’examine sous toutes ses formes et se rend compte à quel point il semble bête à cet instant. Comme s’il n’avait jamais vu un appareil photo. Il fronce légèrement les sourcils à ses explications. Ok, il ne s’attendait définitivement pas à ça. À bien y réfléchir, il ne savait pas à quoi s’attendre avant d’arriver. Et maintenant qu’il possède toutes les explications, il ne peut s’empêcher de réfléchir, encore. Il n’a pas pour habitude de se remémorer les souvenirs, parce que c’est douloureux et trop difficile. Il n’a d’ailleurs aucune photo de son ex femme chez lui, parce qu’il ne parvient pas à la voir sourire. C’est un crève-cœur, un sentiment de rage que Rafaël n’a pas réussi à surmonter. Il pousse un soupir comme pour se donner du courage. Ok, il peut y arriver. Il relève son visage vers Rosemary. « Je ne vous promets rien en ce qui concerne la matière pour notre prochaine séance. Je ne peux pas vous promettre d’utiliser cet appareil, mais je veux bien essayer. », dit-il. Il ne veut pas faire de promesse qu'il n'est pas sûr de tenir. Déjà, parce qu'il n'est pas du genre à faire cela et ensuite parce qu'il ne sait vraiment pas s'il va parvenir à faire cet exercice. Il espère que oui, parce qu'il ne veut pas décevoir Rosemary qui met tout en œuvre pour essayer de l'aider. Et puis pour lui aussi, cela signifierait qu'il commence à avancer. Il tourne son visage vers la jeune femme. « C'est parti... », il n'est pas du tout sûr de lui Rafaël, mais il rassemble tout son courage et se met en route, remontant la longue rue passante. Il observe autour de lui, attentif à la moindre chose qui pourrait lui rappeler un quelconque souvenir.

@Rosemary Hepburn

Comme Rosemary l'avait suspecté, son patient avait hésité à venir et à se prêter au 'jeu' de la séance d'art thérapie, et c'était bien normal, sans doute les méthodes de Rosemary étaient-elles trop... originales pour ne pas décontenancés. Et au delà de ça, le principe d'une thérapie pouvait véritablement faire peur aux concernés. Il fallait faire confiance à la personne face à soit, et surtout lâcher prise, et c'était parce qu'elle avait conscience de cette difficulté que la thérapeute utilisait autant de moyen détournés pour que ses patients n'aient pas l'impression de se dévoiler. Le principal, c'était que son Rafaël aille à son rythme, et cela même il n'y avait pas de résultat à la fin, ce que lui non plus ne pouvait pas garantir. Rosemary souhaitait alors le rassurer encore une fois.
«C'est ça qu'il faut ! Essayer, c'est le pas le plus important, et si au final il n'y a rien, c'est pas grave, on essaiera autre chose.» Dés lors qu'il commençait à avancer, la jeune femme lui emboîta le pas, le suivant gentiment, sans presser. Elle avait prévu de suivre ses pas, qu'il hésite, s'arrête ou qu'il accélère, elle allait le laisser mener la cadence, car elle avait bien conscience qu'elle lui en demandait déjà beaucoup, et que par conséquent, elle se devait de lui laisser une grande part de liberté afin qu'il ne se sente pas étouffer par ses demandes. «Pour tout vous dire, c'est bien la première fois que je sors de mon cabinet pour essayer quelque chose de nouveau, alors dites-vous que je suis certainement aussi stressée que vous l'êtes.» Lui avoua-t-elle dans une esclaffe afin de détendre l'atmosphère. Après tout elle ne mentait pas, il était vrai qu'elle était stressée à l'idée que son idée tourne à la catastrophe, parce qu'elle ne l'avait jamais fait avant, et qu'il y avait une possibilité pour que cela soit une fausse bonne idée. La jeune femme croisait évidemment les doigts pour que cela ne soit pas le cas, mais elle connaissait sa capacité à penser qu'elle avait subitement une idée de génie, pour qu'au final tout retombe comme un vieux soufflé, elle préférait donc être prudente à ce sujet. Elle avait également cette manie de trop se dévoiler à ses patients, à parler d'elle et de sa vie, pour qu'ils n'aient pas l'impression d'être les seuls à se montrer vulnérable. Mais elle savait que c'était une bien mauvaise habitude qu'elle se devait de corriger, elle était thérapeute, et elle ne pouvait évidemment pas devenir l'amie ou la confidente de tous ses patients. Elle devait rester professionnelle, et elle reprit d'ailleurs son sérieux, en interpellant Rafaël une nouvelle fois.«Pour commencer, il y a-t-il des endroits qui seraient pour vous plus 'faciles' à appréhender que d'autres ? Par exemple, peut-être des endroits qui vous rappelle le quotidien, qui ne sont liés à aucun souvenir fort ou important dans l'histoire de votre couple ? Ce n'est qu'une idée bien sûr, faites comme vous le sentez, je vous suis.» ajouta-t-elle ne gardant son sourire sur les lèvres.

@Rafaël Benítez