L'éboueur des montagnes (Jamie)

Parmi les joyeux habitants de cette charmante ville australienne, demeure le Grinch. Celui-ci ne se contente pas de ne pas aimer Noël, son aversion concernait un peu tout ce qui se passait ici et qui était à ses yeux trop bruyant, trop hypocrite et bien souvent inutile. Néanmoins, inviter les gens de la ville à faire une activité sportive figurait dans les animations de la ville qu’il jugeait pas si bêtes. Cela ne le poussait aucune à participer, il ne fallait pas non plus rêver ! Manwë avait pu profiter d’un Bowen bien tranquille ce jour là, vidée de la plupart des habitants, il s’était autorisé à flâner sans risque de se prendre des regards noirs ou des réflexions désagréables, non pas qu’il les craignait, mais il était parfois fatigué d’envoyer chier les gens, oui… Même ce genre de burn out était possible !

Deux jours après les festivités, les installations provisoires avaient disparu et une équipe avait nettoyé suite au passage de la foule. C’est après ça qu’il s’est décidé à se rendre sur les lieux de la randonnée, se disant qu’il n’y avait strictement plus personne sur les lieux. Certains l’avaient observé avec inquiétude quitter la ville avec un sac-poubelle à la main… L’imagination des gens était tellement florissante à son sujet depuis son arrestation récente pour le meutre de son propre père et relâché dans la foulée. Il ne cherchait pas à les rassurer, il s’en fichait pas mal de leur avis, il était le Grinch de la ville depuis si longtemps.

Qu’allait-il enterrer dans les montagnes ?
Rien du tout.

Le brun se contentait d’effectuer le chemin de la randonnée et ramassait les déchets oubliés par l’équipe de nettoyage, le vent avait le don de nicher les plastiques dans des endroits difficilement accessibles et qui ne lui faisaient pas peur. Il se moquait bien de tomber et de se rompre le cou, il fallait bien mourir de quelque chose après tout…

Pourquoi faisait-il ça ? Parce que contrairement à ce que l’on pouvait s’imaginer de lui, c’était quelqu’un qui aimait la nature telle qu’il la trouvait, il ne se qualifiait pas d’écolo, bien que son mode de vie faisait probablement de lui un écolo de fait. Pourquoi n’avait-il pas intégré l’équipe bénévole de nettoyage ? Parce que cela aurait imposé à sa personne de devoir faire la conversation avec les autres bénévoles et il avait surtout sérieusement douté que l’on veuille de lui. Alors, il est venu ici, trouver un semblant de paix intérieure.

" Qui est là ? Montre-toi si tu veux pas que j'te tombe dessus ! " Dit-il avec assurance en brandissant un peu au hasard son index. Les possibilités étaient infinies : quelqu’un de mal attentionné, un curieux, quelqu’un qui aurait pu avoir la même idée… Un randonneur perdu depuis deux jours ? Il priait pour que ce ne soit pas la dernière option….

Parfois Jamie s’ennuyait. Pour des raisons médicales, l’avocate n’avait pas repris son activité à temps plein, lui laissant du temps pour créer du lien avec son fils. Ils avaient des mois à rattraper. Ce n’était pas facile d’être une mère rassurée et rassurante, paniquant au moindre pleur de son fils. Souvent, elle ne le montrait pas à Carter, prouvant sa force mentale de survivre à tout ça. Les médicaments et les médecins avaient réussi néanmoins à apaiser un peu les tourments de la jeune maman. Alors que presque tous les habitants de Bowen était partit en randonnée, Jamie était restée chez elle, avec Harry et Carter. Aujourd’hui, la grand-mère d’Harry se proposait de le garder, l’occasion pour l’écossaise d’aller se promener dans la nature. Elle en avait besoin, se retrouver parfois seule avec ses pensées. La nature avait une place importante dans la vie de femme qui avait à cœur de la protéger face aux gros industriels destructeurs. Cette randonnée improvisée était libératrice, permettant à Jamie se relâcher la pression de ces derniers mois. Un pas à chaque fois, comme pour remonter la pente des épreuves passées. Elle sentait l’effort, soufflant un peu plus fort qu’habituellement et qu’est-ce que ça lui faisait du bien. Peut-être devrait-elle se remettre plus souvent au sport, comme au surf. Ça lui manquait, elle qui passait sa vie sur l’eau. Il était peut-être temps de ramener un peu de l’ancienne Jamie et la remixer avec celle qu’elle était aujourd’hui. Après une bonne heure de marche, l’écossaise ressenti le besoin de se poser, écouter et observer la nature qui l’observait. Le vent léger venait crasser son visage, alors qu’elle sentait qu’un poids se libérait. Des bruits de pas la sortaient de sa contemplation, se retournant pour voir qui avait eu la même idée qu’elle. « Druid ! » Il y a quelques mois, elle aurait soupiré de voir cet homme. Mais depuis, cette tête familière la ramenait à des souvenirs aussi drôles que compliqués, un vrai challenge cet homme. Son dernier grand challenge avant qu’elle ne quitte les bancs du tribunal pour une longue durée. « Etonnamment je suis contente de vous voir. » Disait-elle en riant légèrement.

Il ne s’attendait pas à revoir la frimousse de son avocate, c’était déjà bien assez étrange pour lui de se dire qu’il avait fait appel à ses services. Ces deux-là étaient partis du mauvais pied, mais ils avaient appris au fil des épreuves à se connaître, à se faire confiance. Ils ne pouvaient pas parler d’amitié, mais ils avaient une affinité pour le coup, assez particulière. Le brun abandonne sa progression pour se tourner vers la jeune maman.

Depuis sa libération, le luthier avait vécu des jours sombres. Il était retombé dans ses travers, multipliant les bagarres et s’accordant le droit de consommer de l’alcool. Il était souvent en colère, sans vraiment savoir pourquoi… Il s’en foutait des conséquences, plus que jamais. Comme si rien n’avait plus le moindre but à présent qu’il avait fait ce qu’il avait à faire. Il se laissait porter, sans trop lutter. Vengeance était faite, enfin, il se sentait en paix pourtant, mais quand les souvenirs le hantaient, il souffrait encore.

“ Vraiment ? “ Pourquoi serait-elle contente de le voir ? Ses yeux verts l’observaient, elle ne semblait ni en détresse, ni perdue. Il ne voyait là aucune raison pour qu’elle soit enchantée de revoir sa tronche de délinquant. “ Et puis-je savoir ce qui t’inspire une telle joie ? “ Il était sincèrement intéressé par cette question qui dans sa bouche pouvait sembler ironique. L’homme profita de cette pause dans son périple écolo pour faire un geste tout sauf environnemental : s’allumer une clope. “ T’en veux ? “ Qu’il propose sans trop savoir à quoi s’attendre avec elle, après tout, elle n’est plus enceinte, tout est possible.

Jamie faisait partie de ces personnes qui ne voyaient pas le monde en blanc et en noir. Il y avait dans chaque personne une zone d’ombre et une zone de lumière. Et que parfois la nécessité obligeait à faire quelque chose de moralement condamnable. Si elle avait tant aimé le droit c’était pour cette raison, cette ambivalence entre ce qui était juste et ce qui était légal. Les règes servaient à vivre ensemble, à ne pas s’entretuer, à respecter l’autre, mais la violence était parfois nécessaire voir légitime dans certains cas. Jamais elle n’aurait défendu Manwë si elle le pensait coupable. Oui il était par ces gestes, mais n’était-ce pas qu’une réponse violente à des années de traumatisme ? Peut-être était-elle devenue folle Jamie, mais combien de fois avait-elle vu des histoires de légitime défense. Oui, la droit actuel encadrait fortement cette notion, mais pour l’avocate il fallait prendre toute l’histoire en considération. Manwë il était un dernier souvenir de sa vie avant la dépression. Rien ne pouvait laisser présager qu’elle finirait par l’apprécier, un tout petit peu. « Oui vraiment. » Répondait-elle avec un léger sourire, avant de détourner son regard vers l’horizon. Druid s’approchait d’elle. Elle n’avait pas peur de lui, il avait même peut-être sauvé des tas d’autres personnes en tuant son père. Jamie se souvient très bien du regard dur de Keynes, de ces manies de mafieux. Elle se souvenait aussi de l’agression qu’elle avait subi dans son bureau. Sans Manwë, elle aurait peut-être plus morflée, même si elle lui en avait voulu pendant un long moment. Il était curieux finalement ce Manwë, ne se contentant pas de simple mot. « Tu me ramènes à quelques mois en arrière, quand j’étais folle de justice. » Répondait-elle avec honnêteté. C’était son passé heureux qu’elle essayait de retrouver et Manwë lui rappelait un peu cette époque. « Non merci ! » Aucune addiction était bonne, et Jamie essayait d’aller mieux. Une cigarette ne l’aiderait pas. « Alors on fuit Bowen ? » Lui demandait-elle puisqu’il était là quelques jours après l’expédition de la ville.

Manwë observait la jeune maman qui lui expliquait pourquoi elle était contente de le revoir, c’était bien rare qu’il soit associé à de bons souvenirs. Cela arrivait bien sûr, mais en général, il apparaissait dans la vie des gens quand ils ont des problèmes, pas pour faire la fête ou passer des moments joyeux comme la plupart des gens font pour se sentir vivant. “ Je laisse la justice aux gens comme toi, il n’y avait que la vengeance qui comptait pour moi. “ Il mentait, parce que s’il avait voulu se venger, il avait aussi souhaité protéger les autres de cet homme monstrueux. Son père avait le bras long, même après toutes ces années de taule. La vengeance avait néanmoins primé, il ne voulait pas qu’on le prenne pour un justicier, un héros. Il était ce qu’il était, un assassin. Il était au clair avec ça, dans sa tête. Il devait vivre avec ce qu’il était, il n’allait pas se mentir à lui-même.

Il s’alluma une clope, peu surpris de la voir refuser. La question de la brune l’étonna, il laissait son regard vagabonder sur le paysage qui s’offrait à eux bien qu’ils ne soient pas encore au sommet. “ Et Bowen m’en remercie. “ Personne ne court après sa compagnie, à part peut-être ce pot de colle d’Elijah, mais le gamin n’avait pas la lumière à tous les étages. “ D’ailleurs… J’n’ai pas vraiment eu l’occasion de te remercier de m’avoir fait sortir de taule. “ Ses yeux verts se reportent sur l’avocate. Ils s’étaient revus peu après l’accouchement de celle-ci, comme si elle avait laissé tomber sa petite famille pour le sortir du pétrin avant de s’effacer à nouveau des tribunaux. Il ne savait pas pourquoi elle avait fait ça pour lui. “ J’apprécie être dehors, mais j’commence à me dire que c’était sûrement une connerie de me laisser en liberté. “ C’était la première fois qu’il verbalise un truc pareil… Ce sentiment d’impunité était à double tranchant. Il exhala la fumée de ses poumons avant d'enchaîner pour changer de sujet : “ Toi par contre… Je me demande bien ce que tu fuis… “

L’affaire Druid avait été sa bouée de sauvetage avant de sombrer définitivement. Quelques jours après la naissance d’Harry, elle avait été appelé à la prison pour la garde à vue de Manwë. Jamie aurait dû rester chez elle, à se reposer, mais elle savait qu’elle n’aurait pas pu laisser Druid derrière les barreaux. Ç’avait duré quelques mois cette affaire, assez pour que Jamie ne ressente pas cette tristesse intérieures mais trop court pour qu’elle trouve une équilibre. Une fois l’affaire terminée, elle se retrouvait chez elle, avec son bébé qu’elle n’arrivait pas à apprivoiser. Tout avait été douloureux à cette période. Elle ne se sentait pas mère, se rendant compte que ses peurs durant la grossesse étaient légitimes. Elle s’en voulait de ne pas réussir à s’épanouir avec la maternité, comme toutes ces femmes qu’on pouvait voir. Non, Jamie, n’était pas née pour être mère, et l’instinct maternel qu’on encensait, elle ne l’avait pas. Aujourd’hui, elle voulait juste se retrouver un peu avec elle-même, réalisant tout le chemin qu’elle avait parcouru. Sa relation avec Harry était au beau fixe, et elle l’aimait ce petit brun à la tête d’ange. L’instinct maternel, il n’était toujours pas là, mais Jamie était une personne qui aimait apprendre. Alors, chaque jour elle découvrait une nouvelle facette du rôle de mère. Revoir Manwë la ramenait quelques mois en arrière, quand l’avocate avait pendant quelques heures oubliée qu’un fils l’attendait à la maison et qu’elle avait lâché une de ses plus belles plaidoiries. Elle fronçait les sourcils, pas convaincu de la vérité de Manwë. « Si tu le dis. » Répondait-elle évasive, se souvenait de la fois où il était revenu la sauver des sbires de son père. S’il n’y avait eu que la vengeance, il aurait attendu qu’ils ressortent pour les suivre. Jamais, il n’aurait pris le temps d’aller aider cette avocate irritante. « Tu sais, je n’ai fais que mon travail. » Elle lui souriait, le remerciant quand même du compliment. Elle savait qu’elle avait fait le bon choix de défendre Manwë, persuadé de son bon fond. Au contraire, lui pensait qu’il méritait sa place en prison. « Pourquoi ? Déjà, estimer qu’on ne devrait pas être libre montre qu’on est pas si mauvais que ça. » C’était si complexe la criminologie, et pas aussi binaire que ce que laissait penser les médias ou l’opinion publique. Il n’y avait pas un côté victime et un côté coupable, c’était un mélange de circonstance qui engendrait à une situation dramatique. Elle comprenait que Manwë s’éloigne de Bowen, les regards et les messes basses ne devaient pas être simple. « Je ne fuis rien du tout ! » Répondait-elle précipitamment. C’était juste une promenade pour se ressourcer. « Bon ok, je fuis peut-être les pleurs de mon fils pour une journée. » Disait-elle en riant, imaginant Carter gérer les larmes d’Harry.

Avec l’avocate, ils n’avaient jamais vraiment eu l’occasion de discuter en dehors des ennuis qu’il avait causés ou plus tard dans ce magasin où elle était en bien piteux état avec son ventre gigantesque. Le brun n’était de toutes manières pas du genre à faire beaucoup la conversation avec qui que ce soit. Pourtant, Jamie était la seule personne avec qui il pouvait parler de ce qu’il s’était passé, s’il se sentait réellement digne d’exprimer ses émotions, ses pensées vis à vis de ça. Il n’avait pas réfléchit, mais il regrettait déjà d’avoir exprimé ses doutes sur le fait que lui avoir permis d’être libre après ce qu’il avait fait soit une chose judicieuse. Elle soulevait sa question avec une autre, laissant entendre qu’il avait plus de conscience qu’il ne l’imaginait, pourtant… Rarement il s‘était montré aussi violent.

Il décide d’orienter la conversation sur la brune et ce qu’elle fuit.
Les cris de bébé. Il n’ose imaginer en effet.

“ Hm… Ça tape sur les nerfs. “ Il ignorait quel genre de bébé il fut, mais probablement pas trop chiant, sans quoi il aurait sans doute été un de ces fameux bébé secoué. Il ne fallait pas trop compter sur la patience de sa mère ou l’amour de son père pour le réconforter. Fort heureusement, l’on ne conserve aucun souvenir de cette époque, au moins, ils ne l’avaient pas laissé crever. “ Tu sais… C’est pas un crime. “ Tout le monde a le droit d’en avoir marre et personne ne lui a demandé d’être parfaite, enfin, c’est ce qu’il suppose, parce qu’il ne connaît rien à sa vie. Ce qui était un crime, c’était de tuer son père, mais ça, c’est une autre histoire. “ J’y connais rien en môme, ni en parent. J’sais seulement qu’on fait la différence entre un parent qui fait de son mieux avec ce qu’il est et ce qu’il est capable de donner et un bourreau. “ Si ça pouvait le consoler d’avoir besoin de souffler, son gamin ne lui en voudrait pas, il imagine, lui n’en a jamais voulut à sa mère d’avoir été minable, elle n’avait pas pu faire mieux, c’était comme ça. S’il n’avait pas eut ce connard comme père, il s’en serait pas si mal tiré et elle aussi… “ Est-ce qu’on va toujours être aussi dramatiques ou dans la merde quand on se verra ? “ Il plaisantait, bien que c’était assez le reflet de la réalité. Il esquisse un sourire amusé.

L’affaire Druid l’avait tenu hors de l’eau quelques semaines avant de se noyer. Elle ne doutait pas de la culpabilité de l’homme qui se tenait en face d’elle, et pourtant, elle n’avait pas peur. Ils avaient plaidé pour la non culpabilité, mais elle avait également les arguments pour le défendre s’il avait décidé de plaider coupable. Jamie, elle croyait à la légitime défense préméditée, quand elle répondait à une violence systémique. Keynes, elle l’avait rencontré. C’était une erreur dans la carrière de Jamie d’avoir défendu cet homme. Malheureusement, elle était assez douée pour qu’il ressorte sans rien. Keyne fut le seul et le dernier homme corrompu qu’elle défendrait. L’idéaliste Jamie préférait les grandes causes perdues et les combats pour les libertés et l’environnement. Pour l’instant, Jamie se concentrait sur son fils et sa santé mentale.

Elle ne fuyait pas vraiment à cause des pleurs d’Harry, quoique. Non, elle avait besoin d’être seule, un peu éloigné du centre-ville. Ça faisait partie de sa reconstruction, accepter les moments plus durs et prendre du recul. Jamie avait toujours vécu dans une grande effervescence. Aujourd’hui, elle aspirait peut-être à un mode de vie plus calme, et en même temps, elle adorait son métier et son mode de vie. Elle riait à la remarque de Manwë. « Parfois, enfin j’imagine. » Elle se souvenait des deux premiers mois avec Harry, ça n’avait pas été simple. Mais de ses deux mois à six mois, elle n’avait pas été présente pour lui. Ça lui brisait le cœur à Jamie, d’avoir retrouvé son fils à six mois, loupant trois mois de la vie de son fils. Les paroles de Manwë était réconfortante, à la grande surprise de Jamie. Ces deux-là, ils avaient mal commencé, et pourtant ça lui permettait de déculpabiliser face à tout ce qu’elle pensait. « A la base, je ne voulais pas être mère. » Elle ne savait pas pourquoi elle lui disait ça. C’était sortit assez spontanément. Elle soupirait légèrement avant de rire à sa remarque. « Je ne vois rien de dramatique là. » Enfin elle l’espérait. « A moins que tu comptes m’avouer quelque chose qui rendrait la situation dramatique. » Elle ne pu s’empêcher de rire.

Elle ne voulait pas être mère, il comprenait, parce qu’il ne souhaitait pas avoir de famille non plus. Seulement, elle l’était devenue. Man’ pensait bien que sa propre mère n’avait pas voulu de lui, mais Jamie ne pouvait clairement pas être comparé à elle. “ Et maintenant, tu veux ? “ Est-ce qu’elle avait changé d’avis ou est-ce qu’elle n’avait pas le choix ? Il connaissait ça, cette obligation, pour l’avoir vécu en tant qu’enfant, en tant que fardeau. Il ne blâmait pas Jamie, parce qu’il n’avait jamais blâmé sa mère d’avoir été aussi médiocre avec lui. “ On fait pas toujours c’qu’on veut… “ Il nuance sa question, mais elle n’était pas obligée de répondre. Ils n’étaient pas obligés d’être dramatiques cette fois.


“ Je crois que je me suis assez confessé à toi, chère avocate. “ C’est encore mieux que d’aller se repentir à l’église. Bien sûr que non, la brune ne l’avait pas lavé de ses péchés, elle l’avait seulement libéré de la justice telle que les textes la définissent. Le brun n’avait jamais lu le code pénal, mais c’était bluffant, ce qu’elle était capable de faire avec le contenu de ce maudit bouquin. “ J’venais là pour être tranquille, ramasser ce merdier au passage… “ Il soulève le sac qu’il avait déjà bien rempli, on l’imaginait probablement difficilement faire de genre d’activité, en dehors d'éventuelles TIG auxquelles il serait condamné. “ Promis, y’a pas de tête ou que sais-je dedans. “ Humour noir du soir, bonsoir ! Il avait l’habitude de rire seul à ce genre de blague, alors il sourit, pour lui-même.

Le sujet de la maternité avait toujours été tendu du côté de Jamie. Harry, elle l’aimait de tout son cœur, il était son amour et elle était presque rassurée. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour qu’elle l’aime, c’était tout le reste qui compliquait sa vie. Les courtes nuits, le fait d’être jugée, la peur de ne pas bien l’élever. Toutes ces questions qui n’avaient jamais cessé d’angoisser la jeune maman. « J’aime mon fils ! Et je ne regrette pas de l’avoir. » Mais si on lui donnait une nouvelle chance, elle ne l’aurait pas gardé. La naissance d’Harry avait impacté sa santé mentale, son couple, la stabilité de sa vie. Jamie ce n'était pas cette wonder maman qui se battait sur tous les fronts. Non, elle était fatiguée, elle ne savait pas toujours quoi faire. Elle se confiait à Manwë assez facilement, alors qu’ils en avaient vécu des choses dramatiques lui et elle. Il était devenu presque son meilleur client, sa meilleure affaire. A chaque fois, ils se retrouvaient dans des situations compliquées, aujourd’hui c’était presque trop normal de se retrouver sur cette montagne. Elle riait à sa phrase. « Tant que c’est à ton avocate et pas à la police ça me va ! » Jamie, elle lui avait dit de ne rien dire, de clamer son innocence. Elle faisait partie du secret – peut être pas si secret que ça. Il n’était venu que pour ramasser les déchets et être tranquille. Elle le comprenait Manwë, ça ne devait pas être facile de sortir dans la rue avec une étiquette de tueur. Jamie, elle n’avait pas eu le temps de voir les retombées de l’affaire, puisque très vite elle s’était retrouvée à l’hôpital. « C’est dingue comment les gens sont sales ! » Disait-elle assez surprise de découvrir des bouts de papiers ou de plastique par terre. Ils en étaient encore loin de la conscience écologique. Elle riait à sa remarque. « Même venant de toi ça reste lugubre cette blague. » Mais elle avait apprécié l’humour noir.

« J’aime mon fils ! Et je ne regrette pas de l’avoir. » Il aurait aimé entendre une phrase de ce genre à son égard, juste une fois dans sa vie. Le gamin avait de la chance d’avoir une père comme elle, une femme qui tient la route et qui ne l’abandonnerait jamais des semaines pour de la drogue. Il avait beau lui avoir pardonné, ça le hantait. Jamie ne sera peut-être pas la mère de l’année, mais elle sera une bonne mère, il le sentait. Il avait suffisamment subi de mauvais parents pour savoir les flairer. Il n’avait pas eu de chance et ce qui se laissait faire à l’époque n’avait que rarement encore lieu aujourd’hui.

Le brun ne voulant plus vraiment évoquer le sujet de la parentalité, qui plus est, cela devait sans doute rendre service à Jamie venue fuir ses responsabilités de jeune maman. “ Je ne dis rien à la police, c’est la nouvelle règle. “ Il se passe de lui préciser qu’il a quelques amis dans la police, mais ce n’était pas comme s’il voyait régulièrement ses amis ces derniers temps. “ Lugubre, mais hé, t’as rigolé ! “ Répondait-il avec un sourire dans la voix, il lui désigne la direction et le chemin fort pentu qui avait été emprunté par les coureurs. “ Tu te sens le courage de monter jusqu’en haut ? En ma lugubre compagnie. “ Ce n’était pas forcément pour faire la conversation, mais juste… Avoir quelqu’un à côté de lui, c’était déjà beaucoup pour lui. La solitude, même s’il la cherchait, la provoquait, elle était parfois pesante, trop imposante, même pour un gars comme lui. Il ne l’admettra juste pas, parce qu’il sait que c’est mieux comme ça. Se faire oublier et laisser ceux qu’il aime avoir une vie bien plus sereine, il sera toujours là pour eux, s’ils ont des ennuis quelconques.

Il n’y avait de rien de simple dans la vie de l’avocate en ce moment. Son enfant lui prenait tout son temps, sa charge mentale, ses angoisses. Elle avait profité de cet événement pour faire sa balade de son côté et se retrouver face à face avec la nature. Finalement, elle était contente de retrouver son ancien client. Manwë Druid c’était un spécimen, et après les longues thérapies elle avait finit par l’apprécier. Peut-être qu’il lui rappelait une époque pas si lointaine mais qui paraissait révolue pour Jamie. Elle ne doutait pas de la culpabilité de l’homme, mais elle avait sentit ça juste de le défendre. Jamie croyait en cette justice pure, où on n’enfermait pas les gens sans preuve. Manwë ne méritait pas d’un père comme ça, et même si tout avait été prémédité, il n’y avait pas qu’une logique. Le mafieux Keynes avait été le pire de tous, est-ce qu’il méritait de mourir pour autant ? Non ! Mais est-ce que Manwë méritait d’aller en prison pour ce crime libérateur ? Non ! Les policiers n’avaient pas respecté la procédure, rien n’allait dans cette affaire. Aujourd’hui, il était à l’écart de la population, alors qu’il avait été relaxé. Elle riait à sa remarque. « Je vois que je t’ai au moins appris un truc. » Dans le milieu, c’était assez connu que Jamie n’appréciait pas trop la police. Elle n’était jamais accueillie avec bienveillance et faisait en sorte de l’empêcher de faire son travail. Mais c’était une femme têtue et très patiente. L’humour noir de Manwë la fit rire Jamie, parce qu’elle avait connu son père. L’homme avait été menaçant avec elle, alors qu’elle avait réussi à le relaxer également. Peut-être devrait-elle demander une carte de fidélité pour cette famille, ils lui avaient offert ses plus belles plaidoiries. « Evidemment, j’adore l’humour noir ! » Manwë ne lui avait jamais raconté les circonstances de la mort de son père, Jamie n’avait pas eu envie de savoir. Elle n’avait pas besoin de savoir, ça lui permettait aussi de mieux le défendre. Si elle avait su que le stock de PQ qu’il avait acheté cette fois-ci où ils s’étaient croisés au supermarché, Jamie aurait moins rigolé. « Evidemment ! Cette petite montagne ne me fait pas peur et toi non plus. » Disait-elle en souriant, avant de commencer son ascension. Il y avait encore des déchets, alors que la veille le grand événement avait permis d’en ramasser beaucoup. « Ces australiens, ils n’ont vraiment aucune conscience de l’écologie. » Disait-elle en soupirant. Elle l’était australienne mais dans ce moment là elle préférait dire qu’elle était écossaise.

HJ : Avec mille retard et mille excuses. Désolée pour cette réponse pas ouf. :*-*

Manwë ne se rendait pas compte des difficultés rencontrées par l’avocate, le travail n’avait jamais eu de grande place dans sa vie. Bien sûr, aujourd’hui ça le ferait chier de devoir fermer sa boutique, même s’il prétend s’en moquer éperdument. Une part de lui aimait assez ce métier pour continuer, plus ou moins. Un peu plus de rigueur dans le travail ne lui ferait pas de mal. Un métier passion, c’était peut-être ça, mais à petite dose avec le brun. Ou plutôt à sa manière à lui de le faire. Il avait passé trop de temps à essayer de survivre, à s’battre avec lui même pour ne pas mal tourner, puis à chercher à se venger de son père. Ce qui aux yeux de beaucoup signifiait qu’il avait mal tourné… Quoi qu’il en soit, plus il se tenait loin des flics et de la justice, mieux il se portait. Désormais, il vivait presque reclus, il vivait comme un paria parce que c’était ce qu’il avait trouvé le plus simple à faire. Se racheter une conduite ? Pourquoi ? Aux yeux de qui ? De personnes qui ne connaissent rien à l’histoire ou qui pensent savoir… Il se fout de leurs avis.

“ Mais j’aimais bien l’idée d’avoir un pote procureur, tu vois ? “ Il riait faiblement à ce souvenir, quel piètre baratineur il fait, ou alors, elle était trop bonne menteuse pour qu’il puisse la duper. En tout cas, son petit coup de bluff avait fait un sacré plouf ce jour-là. Il aurait aimé que la journée se termine sur ça et non pas avec une agression dans son bureau. Parfois, son épaule lui rappelait la douleur de ce coup de couteau. Pas l’premier et sans doute pas le dernier. Il ne s’en plaignait jamais.

Cette petite montagne ne me fait pas peur et toi non plus.

Il glisse sur elle un regard comme pour s’assurer qu’elle est sincère dans cette affirmation. C’est qu’il n’avait plus vraiment l’habitude qu’on lui dise ça, le regard des gens parlait bien souvent. Les gens ont peur de lui, il ne peut pas leur en vouloir. Il l’a cherché. Il se dit, que c’est juste comme ça. “ J’en vois assez hurlé pour de simples araignées pour deviner que pas mal ici, ne sont pas du coin. “ Bien sur, lorsqu’il parlait de simple, il ne parlait pas de la taille de la bestiole mais du pouvoir vénéneux de la créature. Man vivait pas complètement dans la nature, mais il était au plus proche et des animaux sauvages il en a vu défiler un paquet. Bien sur qu’il a déjà été piqué, mordu et griffé, mais ça fait partie du charme de la vie australienne* ? “ J’aime bien cet endroit. “ Il se surprit lui même à dire à voix haute qu’il aimait quelque chose ou dire quelque chose de personnel tout simplement, dressant les sourcils avant d’ajouter “ Enfin… C’est juste que c’est pour ça que… J’fais ça. Hum ? “ En soit, il se donnerait jamais ce mal pour un endroit qu’il n’aime pas vraiment ou dont il s’en fout, en gros… En ville. Sans nul doute.

Il gravirent donc cette fameuse montagne, il marchait un peu moins vite que d’ordinaire, c’était le prix d’un peu de compagnie et ça ne lui déplaisait pas. Le point de vue en haut était toujours aussi magnifique et inspirait quiconque prendrait le temps d’observer un peu plus d’humilité. Il s’y assoit, comme prévu, bien qu’il était plus compliqué de réfléchir avec l’avocate à ses côtés, mais il ne dit rien, à vrai dire, cette présence humaine lui faisait du bien. Jusqu’à ce qu’il tourne la tête en sa direction… “ Ah… En parlant d’araignée. Bouge pas. “ Celle-ci était très belle, elle reflétait les lumières du soleil, s’il voyait les couleurs il pourrait y voir des reflets verts et jaunes comme une pierre précieuse. Posée là, juste sur l’épaule de l’avocate, il tira sa manche pour couvrir sa main qu’il avance avec prudence parce que si la morsure de celle ci n’est pas mortelle, elle était putain de douloureuse. Espérant que Jamie ne bouge pas d’un cheveu pendant l’opération…