cotton eyed joe (elijah)

Comment Alfie s'est retrouvé à cette soirée dans cette maison ? Il n'en a aucune idée. Il a dû partir pour un bar quelconque, croiser en chemin quelqu'un qui l'a invité à venir avec lui/elle à une soirée chez une connaissance de cette personne. Ce qui explique pourquoi la plupart des gens ne lui disent pas grand chose, mais ce n'est pas ce qui va l'arrêter. Il a l'habitude d'arriver dans des soirées sans connaître la plupart des gens et devenir leur bff pour la soirée en cinq minutes. Enfin maintenant il connaît la majorité des fêtards de Bowen alors il lui arrive plus rarement de tomber dans des endroits remplis d'inconnus. De ce qu'il a compris, c'est l'anniversaire d'un des propriétaires de la maison qui pour l'occasion a invité du monde, le monde ayant lui même invité du monde pour rendre la soirée encore plus grosse. Parmi la foule, Alfie a malgré tout repéré Elijah, un ami, enfin un rival et un ami, leur relation est assez changeante. Il n'a pas encore eu l'occasion de lui parler mais ça viendra. En allant aux toilettes il remarque une porte ouverte, n'ayant pas vraiment de pudeur et de respect pour la vie privée des gens, il entre et découvre une chambre d'enfant dans le style chevalier, pirates, cow boys. Ça lui fait rouler des yeux un instant, est-il possible de faire plus cliché pour une chambre de garçon ? Parce qu'à moins que ce Jack soit une fille, il est plutôt sûr qu'il s'agit d'un garçon. Passé ce moment d'exaspération, soit deux secondes plus tard, il attrape les deux pistolets nerfs qui traînent dans un coin et un chapeau de cow boy trop petit pour sa tête mais qu'il fait tenir grâce au fil prévu à cet effet. Il revient alors dans le salon où la fête bat son plein, son chapeau sur la tête, deux fausses armes dans la main. Parmi la foule il retrouve Elijah devant lequel il se pointe pour dire « Je te défie en duel, il ne peut avoir qu'un mec trop cool à cette soirée et ça sera moi. »

Comme bien souvent, j'me retrouvais à des soirées dans des maisons ou des appartements de Bowen sans vraiment connaître le propriétaire. Parfois, je savais pas tellement chez qui j'étais, mais ça ne me posait aucun problème. C'était ce genre de soirée, où tout le monde était convié. Il suffisait de connaître quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui.. (oui ok, j'arrête là, c'est assez clair j'crois !). Toujours est-il que j'avais une bière dans une main et un joint pas encore allumé dans l'autre. C'était mon p'tit plaisir ça, d'savoir que j'allais fumer, mais laisser l'envie vraiment grandir en moi. Ca serait pour plus tard. Pour  l'instant, j'discute, avec quelqu'un que j'connais pas. Mais rencontrer des nouvelles têtes, c'est toujours un plaisir. Il n'y a pas trop de têtes connues ici. Cela dit, j'ai bien repéré du coin de l'oeil qu'il y avait Alfie. Ce p'tit zozo là. On s'entend vraiment très bien mais on passe notre temps à se chicaner. C'est un espèce de combat de coqs entre nous, mais ça m'amuse beaucoup et j'crois que lui aussi. Alors on ne risque pas de s'arrêter en si bon chemin. Intérieurement, j'me fais la promesse d'aller le faire chier à un moment dans la soirée. J'continues de discuter et finalement, j'attends derrière moi une voix que je reconnais tout de suite. C'est Alfie. J'me retourne et j'lui fais face. Bordel, qu'il est con. J'ai envie d'me marrer. Il est si drôle avec son chapeau trop petit et ses deux nefs dans les mains. Ah ouais? Il veut me provoquer en duel. Bon, moi j'ai pas de chapeaux ni d'armes (j'trouve qu'il a beaucoup de chance sur ce coup là) mais j'plante mon regard faussement sombre dans le sien. J'penche un peu la tête et j'me plante bien sur mes deux jambes, pour lui faire face. "Tu peux trembler, Baker." J'regarde rapidement autour de moi, faut que j'me trouve de quoi me faire une arme factice. Mais purée, à part des cadavres de bières, il n'y a pas grand chose. J'me résigne. "Si tu veux t'battre d'égal à égal, envoie moi un nerf et après on pourra causer." Bah ouais, moi aussi j'veux un gun. On est des vrais gamins. J'lui fais un signe d'la main pour qu'il me prête son joujou, un p'tit sourire amusé au coin des lèvres.

Il s’en fiche qu’Elijah soit en train de discuter avec quelqu’un, il coupe leur conversation comme s’il était attendu et qu’il fallait absolument qu’il lui parle. Il est plutôt sans gêne, malpoli diront certains, parce qu’il s’en fiche des règles, des conventions, de ne pas couper la parole aux gens. Mais d’un autre côté, il s’en fout aussi un peu qu’on vienne lui couper la parole, qu’on monopolise la personne avec il était en train de parler. Alfie, il s’adapte, la discussion s’arrête et il se retrouve tout seul ? Pas de problème il va trouver quelqu’un d’autre avec qui plaisanter dans la minute, ou bien partir, aller ailleurs, rentrer. Il se laisse complètement porter par le vent, par ses envies, par l’instant présent, quitte à avoir des problèmes plus tard, comme par exemple finir en garde à vue. Ca lui est arrivé plusieurs fois, à chaque fois il ressort avec une amende ou un rappel à la loi, parce que bon on va pas le mettre en prison parce qu’il a couru tout nu dans la rue ou qu’il a grimper sur les sièges du bus en chantant totalement faux chandelier de Sia, il y a des délinquants un peu plus dangereux que lui. Surtout qu’il ne ferait pas de mal à une mouche, à part avec un nerf, comme le duel qu’il propose à Elijah, afin qu’il n’y ait plus qu’un gars cool dans cette maison. Parce qu’évidemment, même s’il ne connaît personne, il estime qu’ils ne peuvent pas être aussi cools que lui. Elijah rentre direct dans son jeu. « Je tremble uniquement parce que tu m’fais d’l’effet Bishop. » Ce qui n’est pas totalement faux mais il sait qu’il ne pourra jamais partager son petit cœur d’artichaut avec celui du jeune homme alors il le défie dans un duel improbable. Il lui lance un pistolet, ce qui était l’idée de base, sinon ça n’aurait pas été drôle s’ils ne pouvaient pas se battre d’égal à égal. « Bon on recule chacun de cinq pas et ensuite on peut tirer. » Parce qu’à trente centimètres l’un de l’autre, il n’y a pas franchement de défi alors que là, avec le monde, s’ils reculent un peu, il y aura des obstacles, obstacles qui font sûrement être saoulés de se bousculer par des types qui font une bataille de nerf au milieu d’un salon.

A l'instant où mon regard plonge dans celui d'Alfie, je sais qu'on va pas être sages. Loin de là. Il s'tient devant moi, avec ce MAGNIFIQUE chapeau de cow-boy sur le tête. Et j'essaya au maximum de refréner mon rire. Parce que là, c'est du sérieux. C'est un duel qui va s'jouer là. Et lui comme moi, j'sais qu'on va se donner à fond. Alors j'mets pas longtemps à entrer dans son jeu. A nous voir de l'extérieur, on a l'air de deux timbrés. C'est peut-être d'ailleurs ce qu'on est. Alfie et moi, on passe notre temps à se chercher des noises. C'est comme s'il y avait une compétition entre nous. A celui qui serait le plus cool, le plus drôle, celui qui ira le plus loin. Alors forcément, j'peux pas reculer devant ça. J'me plante devant lui et sa réponse, elle est drôle. J'refrène encore un rire. J'empêche même le sourire d'venir s'inviter sur mes lèvres. "Pas l'temps d'être sentimental Baker." Mon regard, il est faussement sombre. Comme si on s'trouvait vraiment au milieu d'un village en plein Far-West. Autour de nous, les gens commencent à nous regarder, certains rigolent, d'autre lèvent les yeux au ciel. Mais, ça, c'est pas notre problème. J'récupère le nerf en plein vol, et j'la place correctement dans mes mains. J'acquiesce à ce qu'il dit. "Fais ta prière, Alfie." que j'lui lance avant d'me retourner. On recule chacun de cinq pas, lentement, histoire de faire monter la pression. Le silence s'installe, puis, comme dans les films, on s'retourne presque en même temps. J'essaye de viser, mais faut avouer que j'suis pas très bon dans ce domaine. Et puis, c'est moins impressionant que dans les westerns, parce que de toute façon, aucun de nos ne peut tomber à terre. Les nerfs voltigent dans tous les sens. L'un des nerfs d'Alfie me percute l'épaule. "Aaaaah, mais bordel ça fait mal!" Que j'me mets à hurler. Alors, j'me recule, tout en rigolant, en essayant d'le viser. Ca y est, on est devenu intenable et très vite, ça va se transformer en course poursuite dans le salon. On sait pas se tenir, il faut toujours qu'on se fasse remarquer et là pour le coup, c'est vraiment mémorable.

Leur rivalité est à l’image de leurs mentalités : celle d’enfants. Il n’y a rien de vraiment méchant dans cette pseudo guerre qu’ils se font. Ils aiment bien se taquiner, s’embêter, mais rien qui aille trop loin, c’est juste l’occasion pour eux de bien se marrer en faisant les cons. Et c’est pour ça qu’Alfie adore Elijah, même s’il fait genre que non, pour maintenir un peu cette querelle aux yeux de tous, parce qu’il met une seconde à rentrer dans son délire, qu’il n’a pas besoin de le convaincre et qu’en moins de deux ils se retrouvent avec des armes, factices, en main, prêts à rejouer un duel de western. Quand son ami lui dit de faire sa prière, Alfie tente un signe de croix mais abandonne à la moitié en disant « En vrai j’sais pas comment on fait. » Il a bien vu ça dans des films ou quoi mais il n’a jamais retenu l’ordre et puis c’est pas comme si c’était son genre de prier ou d’aller à l’église. Vu son style vestimentaire, il se ferait peut-être recaler de toute façon. Leurs nerfs en main, le chapeau trop petit de cow-boy en plus pour l’un d’eux, ils se mettent dos à dos avant de faire cinq pas lentement, pour faire comme dans les films, même si la musique et l’agitation ambiante rend pas le moment si tendu, surtout que les gens s’en fichent un peu de leur délire à la con, il y a qu’eux que ça fait vraiment marrer. Puis ils se retournent en même temps et les hostilités sont lancées. Ils sont tous les deux plutôt mauvais mais comme ils n’ont défini aucune règle à ce combat, même s’ils étaient bons ça ne changerait pas grand-chose. Les projectiles fusent mais ils touchent davantage les autres convives un peu agacés et le mobilier qu’eux deux. Une des balles en mousse d’Alfie finit par toucher Elijah qui se plaint. « L’infirmière viendra te soigner après t’inquiète ! » lui lance Alfie avec un clin d’œil avant de se retourner pour fuir, se prenant au passage une balle dans le dos. Oui il a clairement une stratégie très pourrie. Il sort dehors et se retourne pour attendre son ami et tenter de l’avoir comme ça, mais il se loupe et commence à courir dans le jardin. « Mais il fait nuit, on voit rien ! » dit le génie le plus brillant de sa génération après avoir précédemment déclaré : l’eau, ça mouille.

Il ne me fallait vraiment pas grand chose pour sauter à pied joint dans la connerie. Et quand dans l'équation, il y avait des nerfs, un chapeau de cow-boy et Alfie, je n'avais même pas hésité une seule seconde à entrer dans son jeu. Au diable les autres invités. De toute façon, on n'allait pas s'arrêter en si bon chemin. On avait très probablement l'air de deux gamins immatures mais je m'en fichais royalement. J'étais bien content d'avoir Alfie dans ma vie. On était des rivaux, faussement ennemis et c'était ça qui était drôle. On pouvait rigoler tout en jouant à la guerre. Ce duel de cow-boy, c'était la représentation parfaite de notre amitié. Alfie avait tenté de faire une prière, ce qui m'arracha un rire. Et puis finalement, on s'était mis à dos à dos et la bataille avait commencé. Les nerfs voltigeaient dans tous les sens, c'était du grand n'importe quoi. On était pas des spécialistes de la visée et ça se voyait. En fait, quand on arrivait à se toucher, c'était davantage du miracle qu'autre chose. Je hurlais une fois qu'un nerf m'avait touché à l'épaule et Alfie ne tarda pas à répondre. J'répliquais dans la foulée. "C'est toi qu'aura besoin d'une infirmière Baker, j'vais pas te louper crois moi!" Alfie choisissait la fuite, une fois qu'il me tournait le dos, j'en profitais pour lui tirer un projectile en mousse en plein dedans. "C'est pas beau la fuite!!" que j'me mettais à crier en lui poursuivant vers le jardin. On s'retrouve vite enveloppé de la nuit, le jardin est partiellement éclairé par les lumières du salon. J'essaye d'le viser mais j'vois rien non plus. J'me mets à le poursuivre vers le fond du jardin. J'regarde pas où j'mets les pieds et je trébuche sur une chaise de jardin en plastique. J'me vautre littéralement par terre, mon pistolet factice m'échappant des mains. Purée, j'étais en position de faiblesse, Alfie, il allait pas me louper. J'crois que j'avais un peu cassé la chaise, j'm'étais certainement fritté le bras aussi, mais ça n'avait aucune importance. J'me relevais péniblement et j'allais essayer d'empoigner le nerf pour ne pas laisser une occasion à Alfie de me donner le coup fatal. J'étais toujours à fond dans mon personnage. "Jamais j'me rendrais, tu m'entends?!" C'était lui contre moi, au beau milieu de la nuit.

Alfie sait qu'il peut compter sur quelques amis aussi inconscients, un peu débiles aussi, pour le suivre dans ses délires. Elijah en fait partie malgré leur fausse rivalité à l'image de celle de certains rappeurs, en réalité plutôt amis, mais ça leur permet d'alimenter leur histoire et de trouver des prétextes pour faire un duel de cowboys au milieu d'un salon et d'invités pour une part légèrement agacés. Ils plaisantent tous les deux sur le fait qu'ils auront besoin d'une infirmière à la fin de cette bataille, pour s'occuper de leurs blessures de guerre. Il n'est pas rare qu'Alfie en ait réellement besoin, ne mesurant pas vraiment le danger et se retrouvant un peu trop souvent dans des situations dangereuses où il finit plus ou moins blessé, parfois ayant simplement besoin d'un pansement et d'autres fois, plus rares heureusement, finissants aux urgences. Histoire de laisser les gens un peu tranquilles, enfin surtout pour rajouter un peu de challenge, le jeune homme décide de fuir vers le jardin, se prenant des projectiles dans le dos au passage. « Je suis toujours beau ! » lance-t-il comme réponse, comme si ça avait un quelconque rapport avec la phrase de son ami. Il s'en fiche du courage, il ne vit que pour le jeu et l'amusement. Il regrette cependant rapidement son choix de sortir dehors, remarquant qu'il fait nuit et que le jardin n'est pas éclairé. Proche du salon la lumière de celui-ci permet encore de se diriger, mais plus loin les choses se compliquent. Alfie se cale contre un arbre, au moins un repère fiable, et entend du bruit derrière lui, vu le raffut ça ne peut pas être un chat qui se balade, c'est forcément Elijah ou un mec bourré qui s'est perdu en voulant aller pisser, au choix. Il s'avance tout de même, au pire ça fera un peu d'animation pour la pause pipi du gars. Il cherche au son d'où vient le bruit et finit par repérer une forme au sol qui se relève, un nerf à la main. Alfie fait attention où il met les pieds et pointe son arme sur le jeune homme. « C'en est fini pour toi ! » dit-il d'un air solennel avant de tirer, sauf qu'aucune balle n'en sort, le chargeur est vide. « Quoi ?! Noooon ! » crie-t-il avant de se mettre à courir dans tous les sens, finissant sa course dans une marre qu'il n'avait pas vu. Il sent ses pieds s'enfoncer dans la vase et l'eau lui monter presque jusqu'à la taille. « Ah ! C'est quoi cette merde, j'vais mourir putain. » Il est légèrement paniqué. En plus il sent des poissons contre lui, des carnivores aux dents acérées, c'est certain !

Là, avec Alfie, on est en roue libre. On a lâché les chiens et je ne sais pas ce qui pourrait nous arrêter. On est lancé dans nos conneries et on vit notre aventure comme si on avait 10 ans. Comme si on était vraiment des cow-boys, comme si on était vraiment au far-west. De l'extérieur, c'est vraiment risible mais bordel, de le vivre, qu'est ce que c'est drôle. On s'court après, nos rires déchirent l'espace feutré du salon et finalement Alfie prend le chemin du jardin. Il est plongé dans le noir et sacrément profond ce jardin. On s'croirait dans une veste prairie. Une vaste prairie pas si sauvage que ça parce que je finis par me prendre les pieds dans une chaise en plastique. Je me vautre lamentablement par terre. C'est certain, j'aurais des traces de gazon sur mes genoux. Comme les enfants de huit ans qui jouent dehors. Le bruit du plastique qui craque m'indique que j'ai cassé l'un de ses pieds. Mais tant pis. C'est pas un drame. J'me relève et j'attrape mon nerf, toujours bien décidé à poursuivre ce qu'on a commencé avec Alfie. J'me frotte quand même le bras, j'pense que pas que j'me suis blessé, mais ça chauffe un peu. Mon t'-shirt à manche courte n'était clairement pas suffisant pour protéger mon avant bras. J'verrais les dégâts plus tard. Parce que là, je vois Alfie qui sort de derrière un arbre avec son nerf bien en place. Il pense que donner le coup fatal mais lorsqu'il déclenche le détente, rien ne se passe. J'me marre. "RECTIFICATION: c'en est fini pour TOI." Ma voix est lente posée et j'tire. Mais on est un peu trop loin et le nerf vient lamentablement tomber au pied d'Alfie. C'était un échec mais avant de pouvoir rire, Alfie, il commence à hurler. J'm'approche et j'remarque qu'Alfie est pris dans une espèce de marre. "Oh, c'est marrant, on voit plus tes jambes." C'est le seul truc qui sort de ma bouche avant de voir Alfie qui panique un peu. J'lâche le nerf qui tombe à mes pieds et j'prends garde en m'avançant. Le sol est meuble. J'lui tends la main. "Putain, obligé d'te sauver, c'était pas ça le programme, normalement!" J'tente de garder l'équilibre, mais en voulant hisser Alfie, j'fais un pas en avant et ma basket se retrouve elle aussi sous l'eau. "BORDEL ! je prends l'eau moi aussi!" Non mais vraiment, faut qu'on arrête tous les deux.. on est pas sortable.

Alors que la victoire lui tendait les bras, en position de force face à son ennemi, Alfie tente de tirer, mais son chargeur est vide, il n’en a pas d’autres. Une seule option : la fuite, à nouveau mais cette fois, sans fin. Sauf que dans le noir ça ne donne pas grand-chose et Elijah a presque l’air menaçant, un vrai méchant de film. Le jeune homme ne tarde pas à se retrouver les jambes dans une marre. Enfin il imagine que c’est une marre, il n’y voit rien en réalité, il sent juste des poissons lui passer entre les jambes tandis que son ami, peut-on vraiment le qualifier d’ami à cet instant ?, se moque ouvertement de lui, ne voyant plus ses jambes avec la pénombre et l’eau. « Ouais bah j’espère qu’elles seront encore là dans cinq minutes parce que j’en ai besoin moi ! » dit-il en paniquant un peu. Il a rien contre les poissons, quand ils sont dans un aquarium ou même dans la mer mais qu’il peut les voir. Mais là, à ne pas savoir ce qu’il y a autour de lui, ça a quelque chose de flippant. Elijah s’indigne de devoir venir l’aider mais il vient tout de même attraper sa main. L’envie d’Alfie de le tirer pour qu’il tombe dans la marre avec lui est tentante, mais après il se retrouverait comme deux cons dans l’eau à galérer pour en sortir. Heureusement qu’il ne s’agit pas de sables mouvants ! « Non, te ralentis pas pour moi, pars ! » dit-il d’un air dramatique, switchant de genre d’aventures pour passer du duel de cow boy au fil de guerre dramatique. Il attrape tout de même la main de son ami et tente de sortir de l’eau mais c’est plutôt lui qui commence à avoir les pieds dedans. « Attend ! » dit-il en lui lâchant la main et en levant son pied, sentant sa chaussure qui aimerait bien rester au fond. Il arrive tout de même à la retenir à son pied et en fait de même avec son autre pied. Il vient de faire un pas, le plus dur étant de ne pas perdre l’équilibre pour complètement tomber dans l’eau et finir encore plus trempé. Alfie se trouve à présent au bord de la marre, juste à côté d’Elijah, il doit seulement trouver un moyen de s’en extirper sans que son ami ne finisse à l’eau. Il se penche donc en avant, le torse contre l’herbe et les jambes toujours dans l’eau. « Maintenant tire-moi ! » Il y a moins de risques pour qu’il tombe à l’eau comme ça.

La soirée avait pris une tournure inattendue. Déjà, elle s'était transformée en lieu d'un duel sans pitié au fin fond du far west. J'étais opposé à Alfie. Le gars avec qui je m'entendais super bien et avec qui subsistait toujours une compétition féroce. Cela dit, c'était un super pote et on était clairement sur la même longueur d'onde quand il s'agissait de faire des conneries. On s'était poursuivit, tel des gamins à travers la maison et le jardin avec nos nerfs. Et puis, le film de notre soirée avait viré plutôt film d'action dramatique en plein milieu de la jungle. Alfie s'était empêtré dans une marre, qui en pleine nuit semblait être un lieu de grand danger. Entre sables mouvants et étang infesté de piranas. Alfie, il hurlait dans la nuit, il semblait paniquer un peu. Faut dire que la lune n'éclairait pas tellement autour de nous, et on pouvait vite paniquer un peu dans une environnement qu'on ne connaissait pas. Après avoir fait remarquer qu'on ne voyait plus les jambes d'Alfie, sa remarque m'arracha un rire. "J'vais te sortir de là, t'en fais pas." Mais en fait, c'était sans compter mon manque certain d'équilibre - dut au nombreuses bières que j'avais bu. Alfie, il s'la jouait film dramatique, me demandant d'le laisser là. "Jamais j'te laisserais Alfie, si on doit y rester tout les deux, qu'il en soit ainsi." Ouais on était à fond. J'avais tenté de m'approcher, pour lui tendre les mains, mais j'avais moi aussi pris l'eau dans mes baskets. Finalement, Alfie tenta de se dépêtrer tout seul. Du moins, il tentait de d'extirper ses chaussures de la vase. J'me reculais un peu, retrouvant l'herbe sous mes baskets qui étaient déjà bien mouillées. Alfie termina à moitié allongé contre l'herbe autour de la marre. La scène était vraiment ridicule. Mais excessivement drôle. J'me penchais alors, attrapant les avants bras de mon pote et j'me mettais à tirer, de toute mes forces. Tout doucement, les jambes d'Alfie se mouvèrent en dehors de l'eau. "Accroche toi à tes pompes!" Ca aurait été fâcheux qu'il en abandonne une au fond de la marre. Dans un dernier effort, Alfie fut sauver des eaux troubles et j'me laissais tomber en arrière, sur les fesses, comme pour reprendre mon souffle. "Tu me dois une paire de basket Alfie!" J'voyais pas vraiment dans quelle état elles étaient, mais j'me doutais bien que ma paire de Vans autrefois beige devait certainement se rapprocher de la couleur marron. On s'retrouvait là, au bord de l'eau, un peu haletant de nos aventures. "Alors, c'est qui le gagnant dans cette histoire?!" J'souris, et j'me relevais tout en tendant une main à Alfie pour l'aider à faire de même. "J'pense que c'est moi. Vu que j't'ai sauvé la vie, c'est moi le plus cool." que j'lui lançais, histoire de remettre au coeur de notre conversation notre querelle de longue date.

Il force le trait Alfie mais pas tant que ça. Il a un peu bu déjà, il est dans la pénombre et il se retrouve dans un trou d’eau avec des poissons non identifiés qui lui passent entre les jambes, alors forcément il fait pas le fier et il a plutôt envie de sortir de là le plus vite possible. Sauf que visiblement cette mare personne la nettoie alors il se retrouve les pieds dans la vase, à galérer à bouger sans perdre ses chaussures. Au moins Elijah voulait l’aider à s’en sortir, il ne le laissait pas tout seul dans son trou d’eau. Sauf que le sol glisse et s’ils continuent comme ça ils risquent plutôt de finir tous les deux à l’eau. « T’es vraiment un pote putain. » dit-il avec une voix emprise d’émotions tel un acteur. S’il avait voulu il aurait pu faire du théâtre, s’exposer aux autres et jouer sur les émotions, c’est un truc qu’il fait plutôt bien, même si c’est pour rire. Doucement il avance vers le bord, qui se trouve à un mètre globalement, c’est pas le bout du monde non plus. Il sort aussi son téléphone de sa poche le balancer dans l’herbe, ça serait con qu’il prenne l’eau s’il tombe réellement dedans. Il n’a qu’une partie des jambes immergées mais vu la stabilité, il pourrait bien complètement tomber. Arrivé au bord, il essaie de s’allonger pour que son ami puisse ensuite le tirer. Celui-ci attrape ses bras et se met à tirer pour le sortir de l’eau. Suivant son conseil Alfie fait attention à toujours avoir ses chaussures aux pieds. Finalement le voilà extirpé et revenu sur la terre ferme. Il en profite pour récupérer son portable. « J’essaierai de t’les récupérer. » Les conneries il connaît plutôt et donc ruiner des vêtements et des chaussures aussi. Mais il tient à ses fringues, il est donc aussi expert en nettoyage d’affaires, même s’il n’arrive pas toujours à faire des miracles. Il en profite pour retirer ses propres chaussures et dire « Encore une tenue trop stylée que j’vais devoir rattraper. » Il ne porte pas ses vêtements les plus chers ce soir, mais il aime bien se faire plaisir niveau vêtements alors soit il sort ses créations persos, donc uniques, soit des vêtements qui viennent pas d’h&m pour la majorité, plutôt des boutiques de créateurs un peu plus chères. « Bon on peut dire que vu que tu m’as sauvé, c’est toi le plus cool, mais juste pour ce soir, faut pas exagérer non plus ! » Parce que lui aussi il est cool, il n’en doute pas. Même si cette pseudo-compétition n’a aucun sens et qu’elle sert juste de prétexte pour des conneries.

J'crois que je ne saurais même plus redire exactement comment on en était arrivé là. Avec nous deux dans les parages, tout filait à la vitesse de l'éclair et de l'extérieur, on avait juste l'impression qu'on était deux gamins dans notre monde. On était passé d'un duel féroce entre deux cow-boys du far-west à une ambiance plus Indiana Jones à base de marécage et de piranas. Fallait réussir à nous suivre, mais j'crois que le plus important dans tout ça, c'est qu'avec Alfie, on savait exactement on où en était. Et les autres autours de nous n'avaient même pas chercher à nous comprendre. Ils commençaient à nous connaître, on s'était fait une petite réputation de gamins à Bowen, et on cherchait pas du tout à réfréner quoi que ce soit. Alfie, il était dans une mauvaise passe, en proie à une souffrance certaine, dévoré par les poissons, s'il j'le sortais pas d'affaire. J'avais flingué mes chaussures au passage, mais j'avais réussi à le hisser en dehors de la mare. J'crois que ça me ferait bien marrer de revenir là, demain, une fois le soleil levé, histoire de bien s'rendre compte que tout ça, c'était le fruit de notre imagination débordante. "Je sais que tu l'aurais fait pour moi aussi, si ça avait été nécessaire." Alfie, j'le suivrais jusqu'au bout du monde s'il le fallait, rien que pour qu'on puisse continuer nos conneries. On était de très bons acteurs quand il s'agissait d'en faire des caisses. Une fois sortie de l'eau, on restait un peu aussi, les fesses dans l'herbe fraîchit par la rosée de la nuit. On était en train de s'inspecter les fringues. Mes chaussures étaient marrons de vase, mon jean avait très certainement une trace de pelouse au niveau des genoux et de la hanche et mon hoodie blanc immaculé plus tôt dans la soirée ne ressemblait plus à grand chose. "Bordel, ça fait 30 ans que j'salie mes fringues, et j'sais toujours pas les nettoyer correctement. Faudra que tu m'apprennes." J'souris. Ouais, la plupart du temps, j'demandais conseil à Alexis. Ca la saoulait bien d'ailleurs quand j'lui disais avec un grand sourire que j'avais besoin d'elle et que j'm'en sortais toujours pour que ce soit elle qui mette bien le produit au bon endroit. Sinon, quand c'était moi, mes vêtements ressortaient de la machine toujours un peu tâchés. On s'relevait et j'lui tendais la main pour l'aider dans mon élan. "J'ai gagné une bataille, c'est déjà ça. Mais la guerre est loin d'être terminée!" J'me marre et on prend le chemin vers la terrasse de la maison. Au passage, je remets debout la chaise que j'avais fais tomber et je l'inspecte en grimaçant, constatant qu'elle est effectivement cassée. "J'ai p'tete gagné pour ce soir mais ça va me couter une chaise de jardin!" J'comptais bien rembourser l'hôte de la soirée pour ce désagrément. J'avais cette petite tendance bourrin quand j'étais dans une phase de connerie mais j'mettais un point d'honneur à réparer mes erreurs. J'espérais aussi au passage qu'on avait pas flingué trop de plantation durant notre ascension au coeur de la jungle - du jardin. "On va s'prendre un verre pour fêter ça?" J'lui souris, toujours bien amusé par cette soirée et j'me rendais bien compte que la compagnie d'Alfie était vraiment très agréable.