| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas | |
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Auteur | Message |
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Invité | Sujet: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Mar 30 Mai 2023 - 0:01 | |
| Il refermait en silence la porte de la caravane de la vieille Nelly, sa fichue voisine que tout le monde détestait. Elle n’avait jamais un mot gentil, jamais un sourire, jamais elle n’a rendu service à qui que ce soit, pire… C’était une criminelle. Alors, ça n'étonne personne, que sa seule visite sur son lit de mort soit Manwë Druid. Pourtant, Manwë lui exprimait lui-même du dégoût envers cette gargouille. Cette vieille femme désagréable était un monstre, elle avait tué son nourrisson, jadis. Ouais… Un élan psychotique à ce qu’elle disait lorsqu’elle devait se justifier. Elle avait purgé sa peine, elle estimait qu’on devait la lâcher avec ça. Une vieille peau de vache selon le luthier, elle ne semblait même pas éprouver le moindre remord. Si ce n’était que lui, il achèverait ses souffrances… Puis finalement, il trouvait ça bien, de laisser la nature faire. Si elle devait souffrir des jours entiers, alors ainsi soit-il… S’il venait lui rendre visite, c’était uniquement parce qu’il y avait cette petite voix dans sa tête qui lui disait que tout le monde avait le droit de se repentir, à tout moment… Jusqu’à la dernière seconde. Il espérait qu’elle regretterait, dans un dernier souffle. Ouais… Alors il venait plusieurs fois par jour, lui donner à boire, éponger son front fiévreux, même essuyer sa pisse… Personne n’en saura rien, à part lui. Personne ne saura jamais qu’il avait parfois, de drôle d’espoir concernant l’humanité, lui qui avait pourtant déjà été confronté à un homme sans regret… Sans regret d’avoir drogué, battu et tué sa femme, d’avoir battu son gamin pendant des années. Il n’y avait rien à espérer… Mais il le faisait quand même, parce qu’il espérait aussi être capable d’accorder son pardon à une personne comme Nelly. Ça semblait impossible.
Il repassa chez lui, enfila quelque chose de léger et chaud à la fois pour aller courir. Il avait besoin de se vider la tête pour ne pas se jeter sur une de ces bouteilles d’alcool qui l’attendaient. Des problèmes, il en avait toujours. Pour lui-même, ou pour ceux dont il se souciait. C’était comme ça, un putain d’aimants à embrouilles. Ses poings s’étaient guéris, depuis sa dernière rencontre avec Maddie. Il regrettait tant de ne pas avoir tué cet homme, celui qui avait voulu la voler. Il regrettait une mort, il attendait celle de Nelly et il était rassuré de la survie d’une jeune femme qui aurait pu se faire exploser. Hazel… Dire qu’il s’était pointé ce soir-là, sur la plage, pour essayer de se réconcilier avec les feux d’artifice. Que du bruit et des boules de lumières. Les hurlements d’effrois et les sirènes de pompiers s’étaient joint au spectacle. Un sacré bordel… Tout ça pour quoi ? Bordel… Elle le stressait. Comme s’il n’y en avait pas assez comme ça. Pourtant, il aurait pu aller à sa rencontre, s’assurer lui-même de sa bonne santé, mais il n’était personne pour elle. Il devait juste… Oublier.
A défaut de casser les gueules, courir était un bel exutoire.
De bonne heure, il ne croisait que rarement du monde et le peu qu’il rencontrait baissait les yeux, s’éloignait de son chemin. C’était presque aussi bien qu’être Moïse pour s’ouvrir un chemin à travers la mer, lui fendait les foules avec talent.
Le brun ralentissait ses foulées, animé d’une envie de faire brusquement demi-tour. Parce qu’elle était là, Hazel. Posée sur l’un des bancs du sentier. Il pouvait partir, passer devant elle sans s’arrêter et puis… Finalement, il laissa son ombre s'immobiliser au-dessus d’elle. Il ne savait pas ce qu’il allait dire, jusqu’à ce qu’elle lève un regard vers lui… “ Content de te voir sur pieds… “ Il était sincère, mais il tiqua rapidement car elle semblait surprise. Pas comme l’on est surpris de voir de quelqu’un après un long moment, mais comme si cette personne était… Pas comme d’habitude ? “ Quoi ? “ Qu’il demande en haussant ce fameux sourcil de manière involontaire. Ce qu’il ne savait pas, c’était que cette doudoune sans manches qu’il portait n’était aucunement gris clair, mais elle était d’une couleur parfaitement saugrenue dans laquelle on ne s’attend pas à voir débouler le croque mitaine de Bowen en train de cavaler tranquillement à Mullers Lagoon.
Allez @Hazel B. Thomas on se fait un petit plaisir >>> outfit <<< exprès pour remonter le moral ! |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Mar 30 Mai 2023 - 12:34 | |
| Il y a des flash de cette soirée qui me reviennent. Mes souvenirs ne sont pas très clairs, même quand j’essaye de me concentrer, tout ce je vois, c’est un tourbillon d’images qui m’file le tournie. De la fumée, des flammes, la lumière dansante bleutée des gyrophares, des visages inconnus qui me parlent mais dont la voix ne me parviendrait jamais. Toute cette agitation devait être des plus bruyantes, j’imagine qu’il y avait des cris, des cavalcades, le hurlement des sirènes des pompiers mais moi, j’ai rien entendu d’autre qu’un long tintement strident. J’comprends pas trop ce qui a pu se passer, j’avais pourtant fait toutes mes vérifications deux fois, il n’y avait rien qui laissait présager une telle avarie. Mais quand j’enclenchai la séquence sur mon tableau électronique, au lieu d’illuminer le ciel, j’avais déclenché l’enfer.
Les premières fusées filèrent, c’était parti. A mon poste, bien à l’écart du public, j’étais fière de cette belle scénographie, j’avais un large sourire et je gardais un oeil professionnel sur l’ensemble de mon matériel de contrôle. Il venait de s’écouler quoi, peut-être deux minutes quand tout bascula. J’eus le temps d’avoir peur parce que j’avais tout vu ; Cette fusée qui s’enflamma, entama son décollage mais, au lieu de filer bien plus haut vers les nuages, retomba dramatiquement dans ma direction. L’inévitable se produisit, à une trentaine de mètres au-dessus de ma tête, j’eus juste le temps d’abattre ma main sur le bouton d’arrêt d’urgence de la séquence, me recroqueviller et de me couvrir vainement les oreilles avec les bras. Le bruit fut déchirant, douloureux. Une autre bombe explosa, enflammée par un débris incandescent et une réaction en chaîne fit s’éventrer une bonne partie de mes artifices dans une salve de détonation à vous faire saigner les oreilles. C’est d’ailleurs ce qui m’est arrivé quand je me suis écroulée par terre, terrassée par un vertige fulgurant et serrant les dents à cause d’une brûlure cuisante qui me dévorait le dos. C’est après que tout devient flou. J’imagine que les pompiers qui assuraient l’encadrement de l’événement ont rapidement appelé du renfort et sont venu me porter secours. Il y a une chose dont j’me rappelle distinctement, c’est la sensation du venin de la peur qui giclait dans mes veines.
J’avais été transporté à l’hôpital mais j’devais pas être coopérative, j’imagine aisément qu’il avait fallu me sédater pour pouvoir entreprendre quoi que ce soit. Encore une fois, j’ai pas les images, j’me souviens juste de la terreur, vaguement d’une aiguille qu’on m’a enfoncé dans le bras. Je me souviens de mon réveil le lendemain matin par contre, j’étais encore quasiment totalement sourde et complètement déboussolée. Qu'est-ce que je foutais dans ce putain de lit d’hôpital ? Pourquoi j’entendais plus rien ? Je vrillai totalement, suffoquée par la terreur que m’inspirait cet endroit, je hurlai, j’avais même arraché vigoureusement ma perfusion. Là, encore, y a eu un tourbillon de blouses blanches qui me maîtrisa pour finir par me shooter. Du coup, la tête farcie de médicaments, j’ai fait docilement les examens, j’comprenais rien à ce qui se passait, on pouvait rien m’expliquer, parce qu’à part un désagréable larsen, mes oreilles refusaient de fonctionner, mais j’avais même plus la force d’avoir peur.
L’après-midi, ma famille est venue me voir, ça m’a un peu rassérénée et j’ai pu remettre de l'ordre dans la chronologie des événements grâce à mon frère qui m’a tout expliqué en langue des signes. Pour mon plus grand malheur, j’suis restée quelques jours de plus dans cet enfer, le temps de récupérer un semblant d’audition et de panser la brûlure qui me mâchait la peau du dos. Les médecins, ils trouvaient que mon ouïe ne se rétablissait pas correctement alors ils m’ont fait passer des batteries d’examen supplémentaires, toujours droguée pour ne pas que j’devienne dingue. Y avait un terrain de surdité dans la famille, ‘fallait qu’ils vérifient un truc, j’avais pas la force de leur dire que c’étaient des gros cons, mon frère, s’il est sourd, c’est à cause de sa méningite. N’est-ce pas ? En fait c’est moi qui me trompait sur le coup…Le diagnostic tomba alors que je luttais pour ne pas m’endormir, explosée par le sédatif qui tombait au goutte à goutte dans ma perfusion. J’ai réussi à saisir que j’avais une dégénérescence auditive, un truc congénital, mon frère a la même chose mais sa méningite infantile a “précipité les choses” qu’ils ont dit. J’avais pas trop réagi, j’pouvais difficilement faire autrement que fixer vaguement le mur du regard. On m’a informé que, pour l’instant, j’avais de la chance, et j’pourrais ré-entendre normalement d’ici quelques jours mais que c’était une bonne chose que je parle la langue des signes, on sait jamais, ça pourrait m’être très utile dans un futur pas si lointain.
C’est là que j’en suis. Assise dans mon lit, ma chambre plongée dans une semi-pénombre, bien éveillée, alors que mon réveil n’indique que 6h30 du matin. J’ai des nuits un peu mouvementée depuis toute cette histoire, tourmentée par des cauchemars, taraudée par cette annonce des médecins, bousculée par le sevrage un peu violent des médicaments. Je soupire en plongeant mon visage dans les mains, j’ai dû dormir trois heures, c’est pas l’idéal mais c’est un record pour l’instant. Je dégage ma couverture d’un geste ample et j’décide de me préparer pour aller faire une petite promenade matinale. C’est pas du tout dans mes habitudes mais j’me dis qu’un peu d’air frais et de calme me feront du bien. Je vais discrètement dans la salle de bain pour me rafraichir et ordonner ma tignasse. Je repasse dans ma chambre pour récupérer mon téléphone sur la table de nuit et j’ai un instant de flottement. Et effet, sur celle-ci se trouve deux objets qui me posent question. Une lettre de l’hôpital, certainement le compte rendu de mes examens, arrivée la veille dans ma boîte aux lettres et que je n’ai pas eu le courage d’ouvrir. C’est idiot, j’sais bien ce qu’il y a marqué à l’intérieur mais le lire noir sur blanc, c’est au-dessus de mes forces. Et il y a aussi un petit briquet, un bête bibelot pour n’importe qui le verrait mais qui a toute son importance à mes yeux. J’suis idiote putain. J’prends ces deux objets et les fourre dans la poche ventrale de mon sweat.
Avant de partir, j’ai préparé le petit-déjeuner à Maxine et j’lui ai dit de ne pas s’inquiéter, que j’ai besoin de m’aérer l’esprit. Perchée sur mon p’tit vélo rose délavé, mon casque audio sur les oreilles, j’file à travers Southern District, j’passe devant des maisons, des villas exagérément somptueuses, l’espace caravaning puis j’me dirige vers Mullers Lagoon. J’laisse l’air frais du matin me caresser le visage et se faufiler dans mes cheveux qui dansent derrière moi, j’sens déjà mon anxiété refluer, se terrer dans un recoin de mon esprit, certainement pour mieux ressurgir plus tard. Il y a des joggeur qui croisent ma route, j’leur adresse un signe de la tête auquel ils répondent par un bref signe de la main. J’finis par repérer un banc sur le sentier, en face d’un lac qui s’illumine de mille feux sous les premiers rayons du soleil. J’m’y arrête, j’pose mon vélo par terre - oui oui, je sais, j’ai toujours pas réparé cette foutue béquille - et je m’assois. J’me perde vite dans mes pensées, les notes d’Imagine Dragons m’attirant dans un ailleurs qui n’appartient qu’à moi. Une de mes mains, fourrée dans la poche de mon sweat, joue inconsciemment avec le fameux briquet. Puis une ombre passe devant le soleil, j’finis par lever les yeux. Oh bha merde…c’est comme une lampe magique ce truc ? Tu l’tripotes un peu et *pouf* t’as un Manwë Druid qui apparait ? Je fais glisser mon casque audio sur ma nuque pour l’entendre me dire qu’il est content que j’sois en un seul morceau. Il est au courant. Moi qui m’vantait auprès de lui, y a pas si longtemps, d’être hyper prudente dans mon travail. Putain. J’suis surprise de le voir, j’m’attendais pas à croiser quelqu’un de si bonne heure et encore moins cet homme. Outre cette rencontre impromptue, mon étonnement est décuplé par la couleur criarde de sa doudoune sans manche. “Rien, rien…” J’lui réponds en tordant la bouche pour tenter de dissimuler mon sourire “...C'est juste que, j’imaginais pas que le rose fushia t’allait si bien au teint.” J’ai décidé d’abandonner le vouvoiement avec lui, j’trouve que ça n’a plus sa place. J’détaille vite fait le reste de ses fringues, j’ai dû le freiner en plein footing matinal. J’me décale un peu sur mon banc, on s’est pas vu depuis l’attaque à la chantilly, il a peut-être pas envie de discuter, quand on s’est séparé l’autre soir, ça ressemblait vaguement à un adieu, peut-être fallait-il que s’en soit réellement un ? J’sais pas. J’m’en fous.
lumos maxima @Manwë Druid |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Mar 30 Mai 2023 - 20:20 | |
| Il aurait pu se moquer d’elle parce qu’elle avait fanfaronné être une pro de la sécurité incendie, mais il n’en avait aucune envie. Il avait vu cette boule de lumière partir dans un angle non adéquat, quelque chose prendre feu. Elle aurait pu mourir, curieusement, ça lui avait causé un pincement d’assister à cette scène. Il n’avait pas bougé, contrairement à toutes ces personnes paniquées, il était resté sur place, jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne. Des enterrements, il en avait fait beaucoup, ça avait commencé par celui de sa mère alors qu’il était bien trop jeune. Il faisait partie de ces gens qui n’ont pas vu leur jeunesse se dérouler de la même manière que les autres, de ceux qui ont grandi par la force des choses et qui malgré tout ont gardé le cap, du moins… Il l'espérait. Oh, il avait essayé d’être beaucoup de choses au cours de sa vie et il s’était avéré être particulièrement mauvais dans de nombreux domaines, il ne pouvait pas dire qu’il avait brillé dans tout ce qu’il avait entrepris, mais il avait fini par trouver ce qui lui convenait. Ce qui le défoulait, ce qui l’animait, mais aussi ce qui a le pouvoir de l’apaiser.
Le brun ne pensait pas retrouver la jeune femme de si tôt, d’un regard extérieur, elle semblait tout ce qu’il y avait de plus en forme. Rien ne laissait supposer des pansements sous ce sweat-shirt qui engloutissait sa silhouette.
“ Rose fuchsia… Très spécifique. “ Il détailla sa tenue quelques secondes, il ne savait pas si cet adjectif fuchsia était bien plus dommageable qu’un simple rose comme il avait déjà revêtu plus d’une fois. Il se mit à émunérer en observant les réactions de la rousse. “ Chaussures ? “ Il lève un pied. Non. “ Pantalon ? “ Pas de réaction ? “ Ça ? “ Qu’il demande avec léger rictus en relevant le col de sa doudoune. Bingo.
Le luthier accepte néanmoins l’invitation silencieuse à venir s’asseoir près d’elle, laissant quelques centimètres séparer leurs bassins, pas besoin de la coller, aucun d’eux n’était vraiment très épais. Alors qu’il posait ses fesses sur le fameux banc, il soupira et questionna la jeune femme “ J’ignore ce que vous avez tous avec cette couleur, c’est aussi ridicule que ça, hm ? “ Il savait qu’il n’aurait pas dû poser la question, faire comme d’habitude, c'est-à-dire se moquer de la réflexion en disant que toutes les couleurs lui sied bien. Il n’en avait aucune foutue idée de quoi il pouvait bien avoir l’air. Il ouvrait la fermeture de son sublime manteau pour venir chercher son paquet de clope dans la poche intérieure.
La dernière fois, il était parti parce qu’ils étaient bons, parce qu’ils n’avaient plus rien à se dire. Et voilà qu’en raison d’un simple vêtement, d’une simple couleur, il avait généré un regard chez elle qui l'invitait à s’expliquer, à avoir finalement encore des choses à lui dire… “ Ouais j’ai ce truc… Une dégénérescence de la rétine. J’vois pas les couleurs. C’est encore plus cliché hein ? Le mauvais gars de Bowen qui ne voit qu’en noir et blanc… Gris tout au plus… Et des foutues boules de lumières… “ Qu’est-ce qu’il y a de plus agaçant qu’un feu d'artifice ? Avec ces potes autour de lui qui s'écria : une bleue ! une rouge ! whaaa une verte et rouge ! lui… N’avait jamais rien vu d’autre que des boules de lumières qui faisaient beaucoup trop de bruit. Il pince une clope entre ses lèvres et tourne la tête vers la jeune femme pour la darder de ses iris couleur émeraude. “ Mais il parait que j’ai des putains de beaux yeux. “ Dit-il avec sarcasme, parce qu’il en avait aucune fichue idée et il ne passait pas son temps à se regarder, dieu merci. “ Les tiens sont clairs… Vraiment. Je peux distinguer le contour de tes iris, de tes pupilles noires. Alors c’est bleu ou vert, d’expérience. Enfin… D’expérience j’pensais que c’était gris clair, pas rose fuchsia. “ Il lâche un léger bruit de gorge qui se voulait être un rire retenu, puis il décrocha son regard pour tâtonner ses poches à la recherche d’une de ces nombreux briquets pour allumer ce bâton de nicotine qui roulait au coin de ses lèvres. “ Tu peux prendre une clope, si tu veux. “ Mourir de ça ou d’autre chose, pourquoi se priver ? Chacun choisi son poison.
@Hazel B. Thomas j'avoue que j'ai ris avec le génie qui sort du briquet |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Mer 31 Mai 2023 - 15:26 | |
| Manwë. J’peux pas dire que je le connais, j’peux même affirmer que je ne sais foutrement pas grand chose de lui. Après l’affaire Druid qui est venue secouer le train-train de Bowen, j’ai difficilement pu échapper au tapage médiatique qui déversait un flot continu de détails plus sensationnels les uns que les autres, destinés à faire gonfler l’auditorat et à repaître les foules, toujours avides des histoires sordides. Alors fatalement, j’ai entendu des choses qui le concernent, jamais élogieuses, pas vraiment rassurantes, parfois pathétiques, toujours méprisantes mais j’savais pas bien où se situait la vérité puis à vrai dire, je m’en moquais. J’comptais pas croiser sa route et lui, de son côté, s’était évaporé sans laisser de trace. “J’comptais pas croiser sa route”…ma pauvre fille, comme si c’était à toi d’en décider…Nos chemins, ils ont fini par se trouver, brièvement, le temps d’un à-côté. J’avais de très brèves informations à son sujet, à savoir qu’il est luthier et qu’il a la quarantaine, à ça, j’ai pu rajouter qu’il aime le punch planteur, les glaces mais pas les paillettes sucrées. Ca désacralise un peu le personnage. Parce qu’il faut avouer qu’il peut paraître intimidant et, pour peu qu’on s’attache un peu trop à ce qu’ont dit les journaux, il devient carrément effrayant. J’ai encore rien vu du monstre qu’on se complait à décrier, j’vais pas vous dire que c’est pas terrifiant ce qu’il a fait, mais j’me suis assise dessus en beauté. J’pense pas qu’un jour je saurais ce qu’il s’est passé, mais c’est pas ce que je recherche, de toute façon, quoi qu’il soit arrivé, j’me suis déjà rangée de son côté en taisant opiniâtrement son nom aux policiers. Est-ce que je vais le regretter ? J’me pose pas la question, ça m’paraît presque évident que non.
Le rose fuschia. Voilà. Après les paillettes multicolores. On a des conversations de poneys magiques. J’vous disais, dans l’genre effrayant, on a déjà vu mieux. Sa doudoune, elle contraste radicalement avec tout. Pas seulement avec le reste de ses habits, définitivement noirs, mais avec le personnage en général, avec son cynisme tranchant, son apparente froideur…ses poings abîmés. Ouai j’ai remarqué mais j’me tais, ça m’regarde pas des masses. J’suis un peu surprise qu’il ne sache pas de quel élément vestimentaire j’lui parle quand j’utilise le terme “rose fuschia” mais sans plus. J’me doute qu’il a truc qui tourne pas rond au niveau de sa vision, nos yeux se sont assez accrochés pour que j’remarque son nystagmus. Alors, non, j’suis pas allée chercher sur internet “mouvement chelou des yeux” pour vous sortir ce mot là, mais c’est un terme qui a refait surface, y a pas si longtemps, quand les médecins ont sorti le dossier de mon frangin pour comparer ses résultats aux miens, le nystagmus était un des symptômes de sa méningite. “Non, pas ridicule…c’est…heum…surprenant ? Curieux ? Non ! SINGULIER !” j’finis par m’écrier en claquant des doigts “Et carrément risqué vestimentairement parlant.” J’souris, ça m’fait du bien de m’laisser aller à dire des choses aussi insignifiantes. Puis, dans ce petit silence qui retombe, j’hausse ce même sourcil interrogateur qu’il a l’habitude de me renvoyer. J’voudrais qu’il m’en dise plus. Et il m’explique. Bordel, j’saurais pas dire c’que ça m’a fait, un joli cocktail entre l’émotion, l’empathie et la crainte. La crainte, oui, parce que le mot dégénérescence, il me redescend brutalement sur terre et me rappelle la présence brulante de cette lettre dissimulée dans la poche de mon sweat. Je serre instinctivement ce briquet entre mes doigts alors que mes lèvres se pincent. J’acquiesce et j’fais un “hm” pensif, j’voudrais pas avoir l’air de m’en foutre parce que c’est tout le contraire, ça remue juste des choses en d’dans.
Nos regards se harponnent de nouveau, c’est vrai c’qu’il dit, il a de putains d’beaux yeux, d’un profond vert émeraude à vous filer l’tournie, mais j’vais bien garder ça pour moi surtout. J’me contente de rapprocher très sensiblement mon visage, juste ce que la décence m’autorise, pour les regarder de plus près et j’lui lâche de nouveau un “Hm” assez vague tout en reprenant ma place initiale. Quand il parle de mes iris, la clope au coin de la lèvre, j’l’écoute religieusement et j’ai un petit rire, plus mélancolique que je ne voudrais, qui se joint au siens quand il reparle de cette doudoune, soit disant gris clair. Mon regard se perd dans la vague, quelque part sur la surface du lac. “J’te rassure, j’ai pas les yeux roses fuschia…t’as vu juste, ils sont bleus…et à titre d’info, j’suis rousse.”
Quand il me propose une clope, j’décline l’offre en secouant doucement la tête. Ca m’arrive de fumer, à l’occasion, en soirée généralement et plutôt des joints. Mais j’suis pas d’humeur, j’essaye déjà de me sevrer de mes médicaments, un poison à la fois. J’arrive pas à être à 100% dans l’instant, j’voudrais mais j’suis taraudée. “Punaise…” J’expire un coup “J’suis désolée, Manwë, j’vais te poser une question d’merde mais…tu...tu vas devenir aveugle...non ? Comment tu vis avec ça ? J’ai…j’ai vraiment besoin qu’on m’explique…c’que c’est la vie quand tu perds peu à peu un des tes ancrages ! ” Refoule tes putains de larme Hazel. Elles ont trop coulé ces derniers temps, j’supporte pas leurs sillons brûlant sur mes joues. J’supporte pas l’idée qu’il puisse les voir. J’vois qu’il cherche quelque chose à tâton dans ses poches, un briquet, certainement, mais j’le devance, sans y réfléchir, je sors celui que je serre dans la main depuis tout à l’heure. Je l’approche de son visage mais j’ai les mains qui tremblent, pas à cause d’une foutue émotion quelconque - ou peut-être que si au fond - mais à cause de ce sevrage qui me mène la vie dure. J’y arrive pas. J’laisse retomber mes mains sur mes cuisses et j’les serres, aussi fort que j’ferme mes yeux pour ne pas qu’ils déversent toutes les larmes qui s’y pressent. “Faut m’expliquer putain…”
lumos maxima @Manwë Druid |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Mer 31 Mai 2023 - 23:11 | |
| Singulier, elle avait dit ce mot avec cette énergie singulière. Elle lui arrachait encore un léger sourire par sa spontanéité rafraîchissante, quand tout le monde (ou presque) joue un personnage à son contact. Hazel lui procurait un sentiment d’avant… Avant que tout le monde ne le regarde comme un criminel, que même certains proches doutent désormais de lui… Pas de ce qu’il avait fait, mais de qui il était, dans le fond. Violent, il l’avait toujours été, ils avaient accepté cette part explosive de sa personnalité, mais c’était comme s’il avait franchi une ligne inadmissible. Le meurtre, la goutte de sang de trop.
Son regard se perdait dans la nuance de gris de ses cheveux roux, cette lumière, ces reflets qui rendaient ce gris irrégulier, il l’avait déjà observé chez Saoirse. L’irlandaise ne donnait plus signe de vie depuis des mois, il ne cherchait pas vraiment à la contacter en retour… Pourtant, leur amitié avait été sincère, assez pour qu’il accepte de l'héberger plusieurs semaines lorsque la violoniste atteinte de cécité s’était retrouvée seule chez elle. Dans son ancien appartement à lui, avant que son propriétaire lui demande de partir parce qu’il ne voulait pas de problèmes avec le voisinage. Bien sûr qu’il aurait pu forcer et obliger ce type à le laisser tranquille chez lui, mais le brun n’avait finalement pas souhaité rester dans cet appartement… Penser à Saoirse ne faisait pas du bien, pas le moins du monde. Il n’était pas du genre à se montrer nostalgique, les gens pouvaient lui manquer, il était humain, mais jamais il ne l’affichait, parce qu’il considérait que les gens s’en tiraient mieux sans lui et qu’il était heureux qu’ils aillent bien même si cela signifiait qu’ils devaient se tenir loin de lui. Ses amis venaient le chercher parce qu’ils avaient des problèmes, rarement pour passer du temps ensemble. C’était triste sans doute, mais ça lui avait toujours convenu ainsi. Bien sur ce n’était pas toujours le cas, parfois, sans qu’il ne sache pourquoi, on le prenait par le bras pour l’emmener boire un coup, aller à un mariage (jusqu’à se retrouver témoin un jour…), s’amuser, simplement… Bien qu’avec le temps, il commençait à oublier comment on fait.
Il s’apprêtait à décrocher son regard de la jeune femme qui regardait l’horizon lorsqu’elle refusa de lui taxer une cigarette. Tant pis pour elle. Il s’étonne de l’entendre s’excuser et annoncer la question de merde, pour la poser finalement dans la foulée, aussi sec.
Comment est-ce qu’il est censé trouver son briquet après une question pareille ? Elle tendait un briquet devant lui, pour allumer sa clope, d’une main tremblante, ça aurait pu être un geste terriblement charismatique… Si elle n’avait pas échoué. Il pince sa cigarette entre le pouce et l’index pour venir la caler derrière son oreille. Ça attendra un peu.
S’il y avait une chose que le luthier détestait voir, c’était les larmes d’une femme. Il avait passé son enfance à éponger celles de sa mère et il pouvait aisément se faire manipuler par le chagrin des femmes. “ Ouais… J’vais devenir aveugle. “ Il devrait la rassurer, mentir, mais il n’avait pas envie de lui mentir à elle, même si ça peut faire mal. “ Ce que je vais te dire ne va sans doute pas te réconforter, mais si je ne suis plus capable de me débrouiller par moi même un jour à cause de ça, j’suis au clair sur ce que je compte faire. “ Est-ce qu’il lui disait à demi-mot qu’il comptait bien se foutre en l’air s’il devait devenir dépendant ? Oui. Parce qu’il était seul, parce qu’il ne voulait infliger cela à personne comme Nelly le lui imposait à lui, parce qu’il avait trop d’ennemis de toutes manières pour survivre dès lors qu’il serait trop faible. La finalité de sa dégénérescence n’était guère joyeuse et il n’allait pas prétendre que la vie continuerait…
“ Mais… Pour l’instant, je vois. Et puis, j’ai connu pires galères hm ? “ Il n’avait jamais fait de projet dans la vie, ça ne lui changeait finalement pas grand chose.
Après une courte hésitation, il tendit la main vers la sienne, glissant ses doigts tatoués sur les siens sous prétexte de venir réquisitionner le briquet… Ce ne fut qu’à cet instant qu’il reconnut cet objet, la fameuse pièce à conviction. Le brun se sentit un peu étrange par ce contact, par la présence de cet objet qu’elle aurait pu mettre à la poubelle l’autre soir… “ Il n’y a rien à expliquer, Hazel. C’est juste comme ça. On ne peut rien y faire, alors pourquoi se torturer ? “ Il avait son lot de souffrances, pas besoin de s’en rajouter alors qu’il n’y avait strictement rien à faire pour remédier à la situation. “ Il faut accepter, sinon… Ça devient ridicule de lutter… C’est comme mener un combat contre la mer parce qu’elle est salée. C’est juste comme ça. “ C’est comme sa vengeance envers son père, il l’avait mise sur pause tout le temps que celui-ci a passé en prison, parce qu’il n’y avait rien à faire. Mais cet exemple, il ne pouvait pas le formuler. “ Ça fait partie de la vie, et c’est pas plus mal de ne pas tout contrôler. “ Control Freak.
Finalement, il laisse le briquet entre ses mains qui lui semblent un peu moins tremblantes. Il ôte sa main pour la reposer sur son propre genou en soupirant. Ce fut son tour de perdre son regard sur l’étendue du lac, la surface de l’eau était un entrechoquement intempestif d’éclats de lumières. Malgré tout, il s’était adapté à son handicap, mais si un jour ça devenait trop lourd, il n’aura aucun mal à y mettre fin. “ Je ne sais pas ce que tu veux que je te dise… Je ne sais pas faire ça : réconforter… De moins en moins. La vue n’est pas la seule chose que je perds peu à peu. “ Il savait qu’il perdait son humanité, du moins, c’était l’impression que ça lui donnait, ce profond isolement qu’il vivait, qu’il s’infligeait comme s’il était trop toxique pour être côtoyé, comme s’il adhérait peu à peu à ce que l’on pensait de lui. Il relève son regard vers elle pour lui dire “ Mais toi, ne perd pas ton sourire. Ou attends un peu que je devienne aveugle, hm ? “ C’est vrai qu’il l’aimait bien, son sourire, c’était étrange d’ailleurs. Il aurait pu lui demander ce qui lui arrive ou à qui, qui est malade et lui cause une telle peine ? Mais qu’est-ce que ça changerait à leur conversation ? Elle lui en parlera si elle en avait l’envie, le besoin.
@Hazel B. Thomas |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Jeu 1 Juin 2023 - 18:47 | |
| C’est flou dans ma tête, j’arrive pas à me fixer sur une pensée concrète. J’ai pas l’habitude de laisser mes émotions me submerger, j’m’applique plutôt à les refouler, à les museler pour ne pas qu’elles fassent trop de bruit. Mais là, là j’ai pas la force de me battre contre elles, elles sont trop ardentes et moi trop fatiguée. J’me sens comme un arbrisseau chétif en pleine tempête, qui s’fait malmener, qui prend des assauts, qui essaye juste de rester debout. J’suis un peu en colère aussi, contre moi, parce que j’me répand en jérémiades mais vu l’état de mes nerfs, j’imagine que ça devait fatalement lâcher à un moment ou à un autre. J’aurais juste apprécié que ce soit toute seule chez moi plutôt que sur ce banc avec Manwë. J’voulais pas qu’il soit spectateur de ça, j’voulais pas qu’il voit mes mains faiblir sous les tremblements, j’voulais pas qu’il entende la détresse résonner dans ma voix. Mais c’est trop tard, j’viens de lui servir tout ça sur un plateau d’argent. Et de rien, c’est la maison qui régale. On n’est rien l’un pour l’autre, j’vois pas c’qu’il peut faire des angoisses que je viens de lui balancer à la figure, en lui rappelant, de surcroit, qu’il va finir par ne plus rien y voir. Ouai, le tact, c’est pas vraiment ma qualité première. On n’est rien l’un pour l’autre. J’suis rien pour lui. Pour moi, c’est une autre histoire. J’veux pas m’épancher là-dessus, c’est assez gênant, et un peu effrayant, de s’être attachée avec autant de force à quelqu’un que j’ai croisé que deux fois dans ma vie.
J’suis toujours dans le noir, les yeux bien fermés, inutilement d’ailleurs vu que les larmes ont forcé leur passage pour venir se perdre à la pointe de mon menton et goutter sur mes cuisses. Alors je les rouvre, au moment où il me dit qu’il va devenir aveugle, tu parles d’un bel effet de style…Mes poings, en revanche, sont toujours fermement serrés, ça a au moins l’avantage de limiter leurs tremblements. J’suis au clair sur ce que je compte faire. Non, non, j’te le confirme Manwë, ça va pas me réconforter. Ca me créé une désagréable pesanteur dans l’estomac. Sur le moment, j’ai presque envie de lui en coller une, là, entre ses beaux yeux verts. J’me tourne vers lui, un peu brusquement, certainement avec le regard plus choqué que je ne le souhaiterais. J’voudrais articuler quelques mots, juste pour lui dire que…non. Mais j’me ravise. Ca lui appartient. J’peux pas me permettre et peut-être même que j’le comprend. Mais j’aurais beau jouer à fond la carte de la compréhension, j’pourrais pas m’empêcher de redouter le moment où ses mots deviendront une sale réalité.
Oui il voit encore, et j’le crois assez facilement quand il me dit qu’il a vécu pire. J’veux pas trop savoir ce qu’il entend par là, sauf si un jour, au détour d’une de nos rencontres impromptues, il veut bien m’en parler, mais j’irai certainement pas le chercher sur ce terrain là. J’ai un bref sourire drapé d’amertume et la voix un peu éraillée quand je reprends la parole “ J’voudrais que t’y vois pour toujours Manwë.” J’ai pas pu retenir ça. Ca venait de mon coeur, y a rien à rajouter. Justement, j’pense que des galères, il en a assez vu, la vie pourrait peut-être penser lui foutre la paix ? A arrêter de glisser des peaux de banane sur sa passage ?
Quand ses doigts glissent sur les miens, j’ose pas trop bouger. Ce serait idiot de remarquer que c’est la première fois que nos peaux se touchent et d’en ressentir une certaine gêne ? Ouai, sans doute…Il n’a pas les mains douces Manwë, elles sont rugueuses, elles ont un sacré vécu, elles portent d’ailleurs encore quelques traces que je détaille brièvement. Mais elles dégagent une force qui fait écho avec chacune de ses paroles. J’sens comme un rempart qui se dresse dans mon esprit, j’dis pas qu’il va être infaillible, que j’vais pas pleurer et paniquer de temps en temps, trop souvent, mais là…là j’me sens puissante. Quand le contact se rompt, je remets les mains dans les poches et je m’adosse au dossier du banc, silencieuse, pensive. “ J’veux pas tout contrôler…” Je lui jette un regard à la dérobée. “...j’vais laisser les choses arriver mais m’en veux pas, m’trouve pas idiote si tu vois que j’essaye de lutter…” Mes mains ont quasiment cessé de trembler, je me les passe sur le visage en soupirant. “ J’vais devenir sourde Manwë. J’sais pas quand, un jour, et pour l’instant, j’ai…” J’aime pas dire ça, il me faut quelques secondes avant que je puisse arracher les mots de ma bouche. “...j’ai peur. Tes mots, j’les ai entendu, mais j’suis juste…terrifiée en fait, alors j’vais certainement me torturer l’esprit, j’vais vouloir me battre, toutes ces conneries et il va falloir que j’me ramasse pour comprendre la leçon…”
Réconforter ? J’ai un rictus amusé. Non, c’est sûr, ce n’est peut-être pas lui le plus doué mais au moins, il n’a pas cherché à enrober la vérité dans un carcan sucré. Peut-être que c’est ce que j’aurais aimé, entendre que tout va bien aller, mais j’sais très bien que c’est pas vrai. J’vais être forte moi, pas bercée d’illusions. “ Hm, t’es carrément déprimant mais j’cherchais pas à être cajolée…” Et j’lui fais ce sourire, celui qu’il ne faut pas que je perde, j’ai encore une larme qui brille au coin des yeux. "J'te promets."
lumos maxima @Manwë Druid |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Jeu 1 Juin 2023 - 20:46 | |
| Est-ce qu’il voulait voir pour toujours ? Il ne s’était jamais vraiment posé la question, il fuyait les médecins qui l’avaient torturé à maintes reprises pour poser ce maudit diagnostic, sans parler des solutions miracles qui n’étaient en fait… Rien. Il n’y avait rien à faire. L'œil est une structure fragile. On lui avait proposé de faire des injections intraoculaires, tous les mois, à vie. Il avait refusé. On lui avait dit qu’il perdrait la vue à vingt-cinq ans. Il voyait toujours. Pas toujours clair, mais il compensait avec ses autres sens, entre autres. Il avait appris, les ombres, les lumières, les nuances de gris. Certes, il se plantait parfois… Pour les vêtements surtout, parce qu’il s’en foutait pas mal. Le sang était une eau foncée, certes. Mais il n’y avait pas que ça… Il y avait l’odeur ferreuse que personne ne distinguait, il y avait cette viscosité au toucher. “ Chaque chose a plus qu’une identité visuelle. Et elles ont plus qu’une identité acoustique. Ce sont… Des sortes de combinaisons, tu vois ? “ Elle ne voulait pas être réconfortée, dommage, il aurait pu essayer, ça ne l’aurait pas dérangé pour elle. Pourvu qu’on lui procure le mode d’emploi. Ça aurait été parfaitement ridicule ceci dit, il avait bien essayé avec la fille Reynolds, il pouvait ajouter les cajoleries à la liste des choses pour lesquelles il était tout à fait médiocre.
Il aurait pu la plaindre, c’est ce que les gens veulent en général, cette fameuse empathie. Manwë en éprouvait, bien plus qu’on ne pouvait se l’imaginer. Bien sur que ça le faisait chier qu’un truc pareil tombe sur une femme pour Hazel. Ça lui donnait envie de taper sur des connards qui mériteraient mieux son sort, mais qu’est-ce que ça changerait… Qu’il exprime sa peine ? Sa peine ne changera rien à l’issue qui attendait la rousse.
“ Quand t'arrêtera de lutter et que t'aura accepté… Tu apprendras tout ça. “ Elle ira à son rythme et elle sera sans doute entourée. Elle était le genre de fille qu’il imaginait avoir des amis, de la famille peut-être… Des gens sur qui elle puisse s’appuyer pour se préparer à un avenir tellement silencieux. Il était luthier, plutôt spécialisé dans le son, il connaissait les sensations des ondes sonores, des vibrations provoquées par les différentes notes, c’était un savoir qui l'apaise lui, sentir les notes dans leur ensemble, pas uniquement avec les oreilles. Bien sûr, il n’allait pas devenir sourd, mais la cécité était quelque chose qui à terme, allait le rendre trop vulnérable. Saoirse, la violoniste aveugle évoquée plus tôt, elle jonglait admirablement avec son handicape, mais il constate qu’elle ne pouvait pas vivre seule, alors que lui était un foutu solitaire qui ne supporterai jamais de devoir demander constamment de l’aide, surtout pour des choses simples de la vie. Il avait l’argent, l’héritage de son père, il pourrait se payer du personnel pour ça, mais à quoi bon… Si on lui ôte à lui, Manwë, son autonomie, son indépendance, il n’était plus rien.
Son regard observe la jeune femme, ce sourire un peu éteint, mais qui existait, comme pour lui faire plaisir. Il voyait cette lueur au coin de ses yeux clairs. “ T’as le droit d’avoir peur et de pleurer… “ Est-ce qu’il pleurait ? Il aimerait dire que non, mais récemment, il avait laissé quelques larmes s’échapper de ses yeux verts, cette nuit où il s’était franchement abîmé les mains, pour Maddie. Il n’avait pas pleuré pour elle, il avait pleuré de dépit de ce qu’il était devenu, de cette facilité qu’il avait à avoir recours à la violence et l’incapacité de s’arrêter une fois qu’il était lancé. “ D’être en colère… “ La colère, ça pouvait être sain, mais plus à son niveau à lui. Il se forçait souvent à être calme, c’était bien pour ça, qu’il s’isolait à ce point, qu’il se coupait du monde peu à peu. “Même si tu risques de finir par rivaliser avec moi, sur le côté déprimant. “ Il lui adressa un regard amusé avant de prendre la cigarette calée derrière son oreille pour la ranger dans son paquet de clopes, puis se redressa du banc. “ Tu devrais prendre ton vélo rouge, violet, bleu ou que sais-je… “ Il désignait du menton le véhicule laissé sur le côté, loin de se douter qu’il était plus ou moins assorti avec la bicyclette de la jeune femme. “ Roule comme une dératée, quitte à te ramasser… Tu crois que je cours uniquement pour entretenir ce corps d’athlète de rose vêtu, hm ? “ Non, il courrait pour épuiser son corps, pour retrouver une certaine forme de lucidité et vraisemblablement, il en manquait ce matin… A cause de Nelly, mais à présent à cause d’Hazel. Parce que son sourire allait lui manquer et qu’elle aimerait qu’il puisse la voir, pour toujours… Il devait se retirer ça de la tête, cette chaleur qui étreignait sa poitrine, ce drôle de bonheur de pouvoir effectivement encore la voir à cet instant. “ M’enfin, tu peux toujours rouler aussi vite que tu veux, tu ne me rattraperas pas avec tes petites cuisses de grenouilles. “ Gamin, ça il l’avait toujours été, pour ceux qui grattent derrière l’apparence austère. Ces amis connaissaient cette facette, son humour indécrottable et cette énorme dose d'autodérision, mais des nouveaux amis… Il n’en voulait pas. Il devait s’isoler, point.
Ouais… Il avait vraiment besoin de courir pour être lucide.
D’un geste sec, il remonta la fermeture de sa doudoune et il repartit sur le chemin, sans avoir la politesse de lui dire au revoir, il se barrait, littéralement. Après avoir balancé ce commentaire sur ses jambes pourtant tout à fait correctes. Lorsqu’il courait, il regardait le sol, jamais autour de lui au risque de provoquer son nystagmus, oh ça lui arrivait de tomber, de se prendre des branches, des arbres, des passants même (bien que maintenant, tout le monde s’écarte par magie de son chemin !), de se prendre les pieds dans la laisse d’un chien, mais à cette heure-ci et sur un parcours qu’il connaissait bien, il n’avait qu’à se vider la tête… Ne plus penser à ces yeux clairs -bleus, ces cheveux roux, ses lèvres souriantes, cette expression sur son visage…
Ouais, il avait vraiment besoin de courir pour être lucide.
“ Tu viens ? “ Bordel, il ne s’était pas barré du tout comme prévu après avoir fermé sa veste, pas le moins du monde. Il était resté planté là, face au banc, face à elle. Incapable de foutre le camp, de la laisser là, seule avec sa peine.
@Hazel B. Thomas |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Jeu 1 Juin 2023 - 22:46 | |
| Je me demande ce que sont les choses sans leur identité acoustique ou visuelle, j’imagine que ça aussi, ça fait parti des choses qu’il me reste à apprendre. Puis il me revient la sensation de sa main sur la mienne, de la chaleur que dégageait sa peau ainsi que de cette rugosité, j’suis pas sûre que j’vais pouvoir l’oublier de sitôt, c’est un souvenir qui vient de se graver au fer rouge dans mon esprit, sans que je n’ai eu vraiment mon mot à dire et dans cette petit bulle, il y a juste mon toucher qui parle. Juste la mémoire tactile, et elle est incroyablement puissante. Alors j’acquiesce, j’crois que j’vois un peu de quoi il veut parler. J’apprendrai Manwë, c’est une promesse que je me fais, que je te fais. Mais il me faudra du temps. Parce qu’à l’instant où nous parlons, je vis le temps de la peur, de son emprise primaire sur mon esprit, ça bloque un peu tout ce qui peut ressembler à une pensée rationnelle mais il faut que je commence à croire dès maintenant que j’vais pas me laisser abattre. J’trouverai la force, de me relever quand je me serai ramassée, j’la trouverai auprès de toutes ces personnes qui comptent à mes yeux ; ma famille, mes amis…oserais-je dire qu’auprès de lui aussi ? J’pense oui. Parce que c’est c’qu’il vient de me donner, une force brute, enragée, que j’vais essayer de conserver précieusement.
La peur. La colère. J’montre pas ça en règle général, j’y ai pas été habituée, j’sais pas trop quoi faire avec. J’ai trop tendance à croire que ça me rendrait trop faible, trop vulnérable. J'ressens aussi d’autres choses tu sais, qui m’empoignent les entrailles et c’est saugrenu. Ca n’a rien à faire là. Ce mélange de joie et de stupide légèreté. Est-ce que j’peux m’autoriser à ressentir ça aussi ? Hm ? Non, j’suis pas vraiment sûre que ça ait sa place. Alors j’vais ranger ça, le cadenasser avant que ça ne me submerge totalement. J’saurais vraiment pas quoi en faire. Et ça aussi, ça aussi ça fait peur. “ Pitié non !” Que j’lui rétorque en faisant une grimace quand il me dit que j’pourrai finir par être aussi déprimant que lui.
Mon vélo ? Pour quoi faire ? J’regarde cette pauvre bicyclette rose qui git par terre et je remarque au passage qu’il va encore falloir que je remette la chaîne correctement si j’veux espérer pouvoir rouler avec. Il me met au défi ? J’hausse un sourcil, il est sérieux ? J’vais le battre à plate couture, il va connaître l’amertume de la défaite. Momentanément, toute la gravité et la mélancolie de notre échange s’évapore, comme si, enfin, un petit rayon de soleil s’était décidé à nous percuter. J’ai un sacré esprit de compétition, qui sommeillait tranquillement depuis les récents événements, mais que le brun vient de titiller. J’suis jamais la dernière à relever un challenge et plus c’est risqué, plus j’fonce. “ Haha ! Hé l’athlète, j’suis une vraie pro avec cette bécane ! Prépare un mouchoir pour essuyer ta défaite !” Petites cuisses de grenouilles ? OK. Il a déclaré la guerre. J’le pousse de l’épaule et j’bondis du banc pour attraper mon vélo. Je l’enfourche avec détermination sauf que…”Et merde.” Je jure entre mes dents. J’ai oublié de remettre la chaîne. Faux départ. Je fronce les sourcils, j’lui jette un de ces regards qui veut dire “no comment” et j’remets mon bolide en état. “Oui, oui, j’arrive ! Cette fois, j’suis prête à te faire pleurer !”
J’décris un petit cercle autour de lui et je me positionne à sa hauteur. “ On va jusqu’au lampadaire tout là-bas !” J’lui montre notre objectif de l’index, positivement convaincu que la victoire va me tomber toute cuite dans la bouche. “A vos marques…prêts…le dernier arrivé a un PUTAIN de gage ! ” Ouai, ouai j’sais, j’ai quinze ans d’âge mental. Et j’file, j’file comme si ma vie en dépendait, comme si j’avais un kangourou enragé à mes trousses. J’me sens tellement vivante, tellement bêtement heureuse. C’est quoi son pouvoir sur moi ? C’est quoi qu’il m’a fait ? Y a dix minutes, c’était les grandes eaux, on parlait de cécité, de surdité, de l’éventualité funeste d’un suicide et là…j’vous jure, ça existe plus. Ca appartient à une autre dimension, dans laquelle j’compte pas retourner tout de suite. J’fais l’erreur de regarder où en est Manwë en me retournant. Ca m’fait un peu dévier et je manque de m’éclater lamentablement par terre “Hoooolaaa bordel de-” J’arrive à stabiliser mon vélo mais j’me suis faite salement rattraper. C’est pas pour autant que j’m’avoue vaincu…ou qu'il me viendrait à l'idée de fermer modestement ma gueule ; “Allez l’bel athlète ! J’vais m’endormir !”
lumos maxima @Manwë Druid |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Ven 2 Juin 2023 - 18:15 | |
| Il n’a pas vraiment bougé à son coup d’épaule, Manwë n’était pas l’homme le plus épais du monde, mais il ne pliait pas face au vent. Il l’observe manquer son départ à vélo, il se pince les lèvres pour ne pas rire devant tant de maladresse. Elle ne manque pas de confiance en elle, elle veut relever le défi et ça l’amuse. Le brun fait mine de s’étirer après qu’elle l’eut menacé de défaite. Bien sûr qu’ils ne sont pas à armes équitables, mais il est prêt à prendre tous les risques ! Il patienta puis il releva le regard vers le dis lampadaire, évidemment à cette distance, il ne le voyait pas, mais il fit mine que c’était bon pour lui. L’habitude.
“ Tu parles trop. “ Dit-il pour la provoquer alors qu’elle lui annonce même qu’il va pleurer ! Incapable de réellement garder son sérieux, il souriait de manière assez franche. Un putain de gage, c’était le top départ. A pieds, il partait beaucoup plus vite qu’elle à vélo pour lancer son petit bolide, elle prend de la vitesse avec les mètres, la synergie tout ça. Le quarantenaire était en bonne forme physique, il courait très vite parce qu’il était léger, mais il était aussi très endurant dans la vitesse bien qu’il finisse forcément par baisser le rythme au bout de quelques centaines de mètres. Il n’eut pas besoin de parcourir autant de distance pour se faire dépasser par la rousse qui filait à toute vitesse.
Lorsqu’il courait, il était dans sa bulle
Il y avait cette colère qui passait à travers les pores de sa peau alors qu’il ressassait tout ce qui lui mettait franchement la haine. Ça pouvait passer de son père, à la crédulité de Marcus, aux gamins qui avaient osé frapper à trois contre un Elijah, au mec qui manipule Maddie et fout sa vie en l’air, à ceux qui lui tournaient désormais le dos, à Nelly qui lui tapait sérieusement sur le système… À Hazel… Hazel qui devient sourde.
Lorsqu’elle le dépasse, il n’y a pas de colère. Il lève ses yeux verts sur sa silhouette et il n’y avait que le plaisir de courir, un plaisir qu’il ne ressentait jamais. Probablement parce qu’il n’avait encore jamais couru après une fille comme elle, hm ?
Elle dérappe pour le regarder, il sourit même si elle manque de tomber, elle se relève. Il ne parlait pas, il ne répondait pas à ses provocations. Courir demande du souffle, c’était incompatible avec le fait de discuter. Seulement à trop regarder autour de lui et pas assez au sol, les pupilles du brun commencent à s’agiter, tout tangue autour de lui et même s’il tente de river son regard sur le sol, c’est trop tard. Sa trajectoire se dévie, c’est un drôle de vertige qui le prend et il tombe au sol. Amorti par sa chouette doudoune rose.
Il pensait avoir son compte avec cette belle gamelle… “ Oooff…” Ce fut un soupir douloureux lorsqu’il reçut un premier coup dans les côtes. Il ouvrit les yeux pour essayer de voir ce qu’il se passe, c’est là qu’il se prit un coup de sac à main dans la gueule. Il émit un grognement de gorge avant de tendre la main pour attraper le sac qui s'apprêtait à s'abattre de nouveau sur lui. Il tenait le tissus, une femme de la soixantaine bien passée tenait la lanière du sac en s’écriant à Hazel qui avait été ainsi poursuivit par un homme inquiétant.
- Sauvez-vous Mademoiselle ! J’appelle la police !
Brutal retour à la réalité.
Elle tirait sur le sac, alors il en profita pour se relever en grimaçant. Son regard un peu fou, complètement instable, tente d’accrocher celui de la vieille femme. Sombre, colérique, il affichait ce visage que tout le monde craignait, il saignait du nez, légèrement, à cause du deuxième coup reçu. “ Frappe encore une fois, et tu vas sérieusement le regretter. Pas comme : 'oh mince j'aurai pas dû' mais vraiment... Vraiment regretter. “ Sa voix glace le sang, il lâche le sac et la laisse faire son choix. Évidemment, elle prit la fuite en promettant d'appeler la police, poussant des petits cris apeurés, elle qui avait fait preuve de tant de courage pour venir le frapper, à moins qu’elle ne l’ai pas reconnu avant ça ?
Deuxième retour à la réalité.
Il essuie sa moustache d’un revers de la main, il ne saigne déjà plus, la marque rouge sur son visage, la douleur de ses côtes, il n’y fait pas attention, il a l’habitude d’avoir mal, son cerveau met sur off la douleur. Il pourrait être en charpie qu’il se battrait encore, il l’a prouvé. Mais ce qui fait plus mal, c’est de croiser le regard d’Hazel, ou plutôt qu’elle ait vu tout ça.
“ C’était ça mon putain de gage ? “ Son humour sonne faux à cet instant, même pour lui. Il soupire, dévie son regard pour s’ancrer sur un point fixe moins perturbant. “ J’lui aurais rien fait, j’voulais juste qu’elle ait peur… Comme tous les autres. “ Il aurait pu ajouter sauf toi, mais il ne savait pas ce qu’elle pensait, ce qu’elle ressentait désormais. Il se contente de hausser les épaules, comme si de toute manière, même s’il disait qu’il n’aurait pas fait de mal à cette femme, personne ne le croit. Pourtant, il avait ses limites, il en avait encore.
@Hazel B. Thomas |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Ven 2 Juin 2023 - 20:15 | |
| Cet instant. Il me dynamite le coeur de joie. Est-ce que vous voyez ce que je veux dire quand j’parle de ces moments, où la vie vous paraît tellement éblouissante que plus rien ne semble réel autour de vous ? Ni le ciel, ni le vent, ni les nuages. J’cavale simplement, sur mon p’tit vélo pourri, dans un p’tit coin d’mon paradis. J’me sens juste absolument bien, y a rien, rien qui interfère avec ce condensé de bonheur. Et jamais rien n’aurait dû interférer avec. J’voulais simplement qu’on me laisse croire que parfois, la vie savait r’garder ailleurs. J’voulais croire à ce p’tit bonheur. Ce p’tit bonheur que j’partageais avec Manwë. Bordel. J’suis d’une naïveté à pleurer.
Le lampadaire, il se rapproche à toute vitesse. Et autant vous dire que mes pronostics ont l’air d’être corrects ; j’suis bien partie pour rafler la victoire. J’ai fait la maline quand le brun m’a lancé d’enfourcher mon vélo et d’essayer de le distancer, j’ai fanfaronné parce que c’est ce que j’fais toujours quand on me lance un défi. Beaucoup d’gueule mais tout autant de ténacité derrière. J’paye pas d’mine comme ça mais j’pourrais vous étonner…Quand on a commencé la course, j’vous avoue, j’ai eu comme un doute. J’pensais pas qu’il serait aussi rapide et pourtant, il a commencé à avaler la distances avec une étonnante célérité. Une chose est sûre, moi, à pied, j’aurais relevé le défi pour la forme mais j’aurais jamais parlé de gage parce qu’il est clair qu’il m’aurait laissé loin derrière. Il finit quand même par perdre la cadence et c’est à ce moment que j’ai pu le dépasser, volant ainsi la première place de notre petit jeu puéril. J’rigole, enivrée par cette joie sauvage dont j’vous parlais tout à l’heure, j’aurais sincèrement aimé la savourer un peu plus longtemps. Mais tout s’est brisé à cet instant.
Même si j’ai faillis tomber tout à l’heure en gigotant comme une girouette sur ma bicyclette, je retente la malheureuse expérience. Bhin, il est où Manwë ? J’ai un hoquet un peu inquiet quand j’le vois par terre et je réagis automatiquement en pressant brutalement mes freins. La force d’inertie manque de me faire passer par dessus mon guidon mais j’tiens bon. On a assez d’un homme à terre dans cette histoire. Vous savez, quand vous êtes un peu pressé par la situation et que vous ne prenez pas forcément les décisions les plus rationnelles ? Bon. Voilà. J’ai laissé mon vélo par terre, en plein milieu du chemin et j’me suis mise à courir à la rencontre du bonhomme en doudoune rose. Dans ma tête, tout ce qui va se passer maintenant, c’est que j’vais aller l’aider à se relever, j’vais le vanner en puissance et puis on reprendra l’cours de notre journée. Sauf que c’est pas ça qui c’est passé. J’vois une dame, les cheveux grisonnant, qui s’approche de lui et sur le coup, j’peux pas imaginer qu’elle ait d’autres intentions que de lui tendre la main. J’m’arrête nette sous l’effet de la surprise, j’suis à une vingtaine de mètres, et elle vient littéralement de lui mettre son horrible sac à main dans les dents. Attendez, quoi ?! “Hé !” Non mais ça va pas s’passer comme ça ! J’me sens un peu choquée, j’comprends pas c’que je viens de voir. Est-ce que c’est ça ton monde Manwë ? Est-ce que c’est ça NOTRE monde putain ? On s’amusait juste…on s’amusait. V’là que j’ressens mes yeux picoter.
Le temps que j’arrive près d’eux, essoufflée, il s’est relevé. J’remarque, avec une certaine horreur, le sang qui a giclé de son nez sous le coup que lui a donné cette vieille sorcière. J’serre les poings. Mais pourquoi vous lui faites du mal ? J’suis derrière la sexagénaire et j’découvre l’autre visage de Manwë. Sa voix, elle injecte un froid désagréable dans mes veines, dans mon dos. Il a l’air plus grand, plus menaçant. J’ai du mal à croire que sur ce masque de marbre, j’ai réussi à graver des sourires. Est-ce que j’ai peur ? Peur de lui ? J’repense au “monstre de Bowen”, à cet homme qui est venu voler des fusées dans mon local pour maquiller le meurtre de son père, cet homme que j’connais à peine et qui menace une vieille dame ? Est-ce que t’as peur Hazel ? Tu devrais avoir les genoux qui tremblent, prendre les jambes à ton cou, le laisser là, lui, sa solitude, sa violence, ses démons. Mais putain non. Au moment où cette vieille conne part en courant, j’le regarde, interdite. Oui. Oui. La tu m’as fait peur Manwë. Mais j’me souviens aussi que tu m’as aidé à retrouver cette maudite chaussure, que t’as passé ta soirée avec moi, que tu souris quand j’te vanne, que t’as ce sourcil qui se lève tout le temps quand tu m’poses une question “hm ?”, que tu t’es arrêté pour me parler, que t’as posé ta main sur la mienne, que tu as trouvé des mots, pas des plus facile à entendre, pour me rendre plus forte…Alors, mon stupide coeur, il oublie.
“Non.” J’lui réponds quand il me demande si c’est ça son gage. J’ai pas trop envie de rire. J’sais être sérieuse dans certains moments, faut pas croire. Mes pas, d’abord pas très assurés, me rapprochent de lui. J'anéantie la distance qui nous sépare, j’la mets au tapis. J’me plante devant lui et je darde ses yeux verts. “On s’en fout d’cette conne…on s’en fout de tous les autres.” J’porte la main à son visage, elle est fébrile, elle retrouve la contact de sa peau mais c’est pas trop c’qui m’importe la. “ T’as pas mal ?” Puis j’me rends compte qu’il y a une vague d’émotion qui remonte de mes entrailles, encore. Je colle le sommet de ma tête à son torse et j’serre très fort les dents. “Putain mais merde !” J’cris un peu, ça m’fait du bien. “ Tu m’as dis que tu m’feras jamais d’mal et j’te crois, j’te crois tellement fort. J’voulais seulement qu’on passe un bon moment, qu’on oublie un peu tout c’bordel, et tu finis avec la gueule en sang…faut faire quoi pour que le monde te fiche la paix ?! Pour qu’il te voit comme moi j’te vois ! Pour qu’il sache à quel point c’est facile de…” T’aimer. Je me tais brusquement. Je me redresse et j’essuis mes yeux d’un revers de la manche. J’prends une grande inspiration pour essayer de calmer mon coeur qui joue un p’tit air de lambada. “ On devrait bouger, elle a p’t’être vraiment appelé les flics…” J’tente un sourire, mais mes avis qu’c’est pas convaincant.
lumos maxima @Manwë Druid |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Ven 2 Juin 2023 - 23:01 | |
| Si ce n’était pas Hazel, probablement aurait-il rit. Ouais, parce que se faire taper dessus par une mémé à coup de sac à main, ça ne lui était encore jamais arrivé. Les gens parviennent encore à le surprendre, souvent pour le pire. Il aurait aimé lui éviter ça, parce que c’était juste sympa d’avoir l’air… Normal ? À travers ses yeux. Est-ce que seulement il avait été normal une seule seconde ? Non… Certainement pas. Pourtant, elle était restée avec lui pour partager cette glace, elle s’était poussée sur ce banc pour qu’il prenne place près d’elle et qu’ils discutent, le plus naturellement du monde.
Non.
Non quoi ? Non. Ça pouvait dire tellement de choses dans cette situation. Il ne la quitte pas des yeux, du moins il essaie parce que ses pupilles font encore un peu ce qu’elles veulent, mais il a les pieds bien ancrés dans le sol, il ne se laissera pas déstabiliser. Il y avait bien assez d’elle pour le déboussoler. Elle qui s'approche beaucoup, beaucoup trop près. Il devrait être dérangé par cette proximité, mais il se surprend à seulement constater que son parfum était agréable. Parce que les choses sont bien plus qu’une identité visuelle.
Il s’en foutait des autres, mais qui était ce ‘on’. Il n’avait toujours été que lui.
“ Si, mais… “ Mais la douleur c’est juste une bonne vieille compagnie à laquelle on finit par s'habituer ? Si il a mal, mais on s’en fou, non ? Il aurait fini cette phrase, si elle ne l’avait touché de cette manière, son visage et puis elle est venue contre lui, crier une rage qu’il n’avait plus. Il ne se laisserait pas tabasser sans se défendre, mais il avait cessé depuis fort longtemps de se demander pourquoi la vie était aussi violente. Son cri avait vibré à travers sa cage thoracique, il ne se souvenait pas avoir ressenti ça par le passé… Quelqu’un qui puisse être éprouvé à l’idée de le voir souffrir, lui, Manwë.
Ses paupières se referment alors qu’il l’écoutait, cette voix qui disait qu’elle le croyait. Il avait posa la main avec laquelle il n’avait pas essuyé son sang sur l’épaule de la rousse, il la laissait déverser, sans savoir ce qu’elle n’avait pas dit, sans pouvoir s’imaginer que cela puisse être facile de l’aimer, parce que ça n’a jamais été le cas. Jamais ça n’a été facile, pas même une évidence pour sa propre mère. Ce mot qu’elle ne disait pas, il n’y songeait même pas et même si elle l’avait dit, il n’aurait jamais su comprendre.
Lorsqu’elle se redresse, qu’elle formule la nécessité de lever le camp, il ne lâche pas son épaule, son regard sondait ce sourire qu’elle lui envoyait. Toute cette peine, cette compassion pour lui, il ne savait pas comment réagir. “ Mais c’est juste comme ça. “ Comme l’eau de la mer est salée. Sa vie est une plaie ouverte sur laquelle chacun balance sa pincée de sel et ça l’avait rendu si dur et lui-même violent. C’est juste comme ça. “ J’te ferai jamais de mal, mais j’en ai fais… À d’autres. “ Alors, ça leur donnait le droit d’avoir peur, de le malmener, de le haïr, de briser ce moment d’amusement. Il méritait. “ J’suis pas un homme de bien. “ Elle méritait de savoir, même s’il ne pouvait pas tout lui dire. Elle pouvait deviner ce qu’il voulait dire, ce qu’il a pu faire, aux fusées qu’il avait dérobées et bien plus encore. Beaucoup plus. “ C’est même plutôt réconfortant de se dire que des gens sont encore capables de me défier pour protéger des personnes comme toi… Tu crois pas ?“ Le réaliser atténuait tellement la douleur.
Doucement, il retire sa main de son épaule, il n’en avait pas vraiment envie, mais elle l’avait dit, il ne fallait pas traîner ici. Quel beau prétexte, n’est-ce pas ? “ Eh bien, je crois que j’ai perdu cette course par forfait. Ne mentionne jamais à personne que j’me suis fais mettre KO par une petite mamie, hm ? “ Encore un haussement de ce fameux sourcil amuseur, puis il pointe son joli minois de son index tâché de sang avant de lui adresser un sourire. Il ignorait si elle voulait rester davantage en sa compagnie, après cette douleur qui s’était dégagée d’elle, il avait la curieuse impression que ça valait la peine d’oser s’imaginer que si. “ On va pas passer la matinée à se lamenter sur cette histoire. “ il a vu pire, tellement pire. Elle n’avait pas idée de savoir à quel point ce n’était rien pour lui. Ceci dit, il n’avait pas vraiment envie de se faire coffrer par les flics, alors il commença à orienter leurs pas, c’est là qu’il remarqua ce pauvre vélo abandonné au sol. Il se penche pour le redresser, il plisse les yeux sous la douleur de ses côtes, c’est du béton armé les sacs à main de grand-mère ! Il attendit que la jeune femme vienne récupérer son bolide, les mains sur le guidon qui s’effleurent encore. Il se rendit bien compte qu’il cherchait un peu trop à provoquer le contact, il ne comprenait juste pas pourquoi elle y répondait. Alors finalement il ne lâche pas le guidon, son regard dans celui de la rousse. “ J’ai pas fais de vélo depuis des années, tu veux prendre le risque ? “ Qu’il lui demande en regardant le guidon qu’il lui proposait comme un siège, ils allaient clairement pas rouler droit et risquent franchement la chute, lui, il s’en foutait de tomber, il n’y avait de rien qu’il ne puisse se relever. Mais elle ? Moins sûr.
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| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Sam 3 Juin 2023 - 15:28 | |
| C’est juste comme ça. C’est implacable. Qu’est-ce que vous voulez que je réponde à ça ? Cette journée me réserve décidément son lot de sentiments dérangeant et absolument désarmant. J’ai un rictus résigné et j’tourne les yeux sur le côté. J’veux pas le regarder parce que j’pourrais pas supporter son regard en écoutant les mots qu’il prononce, ça me retourne les entrailles et j’pourrais recommencer à pleurer. J’crois qu’aucun de nous deux ne veut voir ça. Ca m’colle un petit vertige quand il me dit qu’il a fait du mal à d’autres, qu’il n’est pas un homme de bien. Pourquoi j’arrive à le croire aussi facilement alors que, paradoxalement, j’lui ai offert toute ma confiance ? Est-ce que tout ça n’est qu’une illusion ? Est-ce que j’suis juste une petite gamine stupide, tellement en recherche de sensations que j’veux juste flirter avec le danger, avec le type le plus honni de cette ville ? Est-ce que c’est ça ? Est-ce que j’suis de cette espèce ? J’me dégouterai tellement putain. Mais alors allez, venez m’expliquer comment j’ai fait ça, comment je fais pour qu’à chaque minute qui passe, j’m’accroche encore un peu plus au grand brun et à sa fichue dégaine dans cette doudoune ? J’le connais pas, j’ai pas rencontré ses démons, j’ai juste aperçu leurs sourires narquois briller au fond de ses yeux, un instant plus tôt. Ca m’a glacé. Ca m’a rappelé qu’il y a ce fossé, abyssal, entre nous, qu’il ne pourra jamais le franchir, toujours retenu par…le mal qu’il a fait.
J’devrais raisonnablement lui tourner le dos tant que je le peux encore mais j’sais que c’est plus possible, que la terrifiante sincérité avec laquelle mon coeur vient s’écraser contre mes côtes est le signe que j’suis déjà perdue. “ T’as sans doute raison…” Je souffle tout bas alors que j’trouve la force d’affronter à nouveau son regard. “T’es pas un homme de bien. Mais pour l’instant, j’en sais pas grand chose. J’vois bien qu’il y a d’la violence chez toi, j’ai pas non plus échappé à c’qu’on a dit sur toi mais j’suis pas la fille la plus maline du coin tu sais,” J’étouffe un hoquet, un rire nerveux qui s’est coincé dans ma gorge. J’appuie la manche de mon sweat, déjà un peu humide, au coin de mon oeil pour éponger les dernières larmes qui se tarissent. “Et j’vois un peu trop les bons côtés des gens, tes bons côtés à toi. Les quelques pépites que tu planques là !” J’donne un coup d’index en plein sur son coeur. Manwë, effraye moi, montre moi toute ta noirceur, raconte moi toutes tes pires histoires, reconnecte moi avec la réalité, ta réalité, empêche moi de sombrer totalement pour toi, j’suis à la barre mais mon navire est en train d’couler. J’hausse vaguement les épaules. “Si, si, t’as raison…j’ai réagi à chaud…” Heureusement que, dans ce monde qui part en couille, on trouve encore quelque personne pour tenter, à leur modeste niveau, de garder un peu les choses en ordre. “Elle a vraiment cru que j’étais en danger…même si je riais aux éclats mais bon, passons. Mais là vache, ce coup d’sac ! T’es sûre que tu as encore toutes tes dents ?” Sa main glisse de mon épaule, j’m’étais pas forcément rendue compte de sa présence mais maintenant, je sais d’où m’est venue la force de sécher mes yeux.
Des larmes, Aux rires, Encore, Faudrait qu’on pense à descendre de ces montagnes russes à un moment, ça devient épuisant.
Victoire. Par forfait, mais victoire quand même. Je lance mes bras vers le ciel. Mon sourire sonne un peu faux, accroché là, sous mes yeux encore gonflés. “Avec ou sans elle, t’avais aucune chance, faut savoir se rendre à l’évidence mais soit…” J’fais une petite moue suffisante en rabaissant le doigt ensanglanté qui me fait loucher, ainsi pointer sur mon visage. “...J’dirai pas que tu t’es fait éclater par une mamie…ni que mes petites cuisses de grenouille t’ont donné autant de fil à retordre.” J’lui emboite le pas en enfonçant mes mains dans les poches. Non, on n’va pas se laisser abattre, j’vais pas faire comme si ça ne m’avait pas mâché cette histoire mais j’vais redresser la tête, refaire le point sur mon objectif principal ; l’instant présent. On marche silencieusement sur le chemin, il n’y a personne autour de nous, le calme a repris ses droits, juste un oiseau sur sa branche qui nous regarde passer et le bruit de nos pas. On finit par arriver au niveau de ma bicyclette, piteusement couchée par terre. J’vais pour la ramasser mais Manwë me devance. Et nos mains qui n’ont de cesse de se chercher, de se trouver, de jouer cette provocation. En appuie sur mon guidon, j’sens mon regard qui s’illumine. Son idée est stupide. Elle est géniale. Prendre le risque ? “ Tu sais comment m’parler hein…” J’hausse un sourcil en arrachant mes mains aux siennes pour qu’il s’installe sur la selle du vélo. J’pense qu’il y a moyen qu’on se ramasse, c’est même quasiment certain. Ouais, on va bien rigoler. Je viens m’assoir sur le guidon en me hissant sur le pointe des pieds. Je m’suis pas attachée les cheveux, il risque d’être gêné quand on va prendre de la vitesse alors je balaye ma nuque de la main pour rassembler ma longue chevelure et la passer par devant mon épaule gauche, c’est pas l’idéal mais c’est mieux que rien. “ Et on va où comme ça ?” Que j’lui lance en riant alors que le vélo commence à s’ébranler. C’est pas stable pour deux sous, j’suis pas sûre qu’on aille bien loin mais à choisir, j’aimerais qu’on puisse rouler jusqu’à c’que la mer nous arrête, jusqu’à ce qu’on soit si loin de tout qu’on n’ait plus à craindre les autres, ni les flics, ni les mamies. Que les seules personnes qu’on ait à craindre, ce soit nous-mêmes.
lumos maxima |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Dim 4 Juin 2023 - 23:26 | |
| Ce ne fut pas vraiment une étreinte, seulement… Il ne savait pas. Il n’avait aucune idée de ce qu’il se tramait à cet instant, mais il savait que ça ne devait pas se poursuivre. Pourtant, il se trouvait incapable de mettre un terme à cette rencontre. Il avait bien plus besoin de contact humain qu’il ne pouvait l’admettre ou ne serait-ce que l’imaginer. La solitude dans laquelle il se plongeait, ça lui rongeait le crâne. Il ne s’en rendait pas compte, il pensait que c’était pour le mieux, il chassait les gens qui s'approchent de lui, se méfiant de ceux qui s'intéressent de trop près à ses affaires, comme si plus personne ne pouvait de toutes manières avoir de la bienveillance pour un gars comme lui, puisque peu en avait eut avant tout ça. Pourquoi les choses changeraient tout à coup ?
Il n’est pas quelqu’un de bien. Elle méritait qu’il le lui dise. Le lui rappelle.
“ T’es pas un homme bien. “ Ça pique un peu, venant d’elle. Mais il l’avait dit lui même, ce n’était que la vérité. Il avait fait de mauvais choix, de mauvaises choses, le pire, c’était qu’il ne regrettait pas la plupart d’entre eux. Il avait de nombreux remords, oh oui, mais des regrets, très peu. Il voulut répondre, lorsqu’elle appuie son index sous son pectoral. Ça lui fait mal, d’imaginer qu’il n’y avait rien d’autre que de la noirceur dans son cœur. Il faisait certaines choses qui pouvaient avoir l’air charitable, comme s’occuper de Nelly, mais la vérité était qu’il n’était pas même certain de ressentir quelque chose face à la situation. Alors… Pourquoi courir ? Pour évacuer quoi ? Il classait toutes ces émotions dans la colère, mais il se trompait peut-être… Il ne trouvait pas les mots, alors il ne dit rien.
Ou si, mais il partait plutôt sur autre chose, sous prétexte qu’ils n’allaient pas se lamenter toute la matinée sur cette histoire idiote. “ Je crois oui. “ Il force un sourire pour montrer ses dents intactes, puisque la conversation prenait enfin un ton plus léger, plus respirable. “ J’apprécie pour la vieille, mais concernant les cuisses de grenouilles… Tu mérites bien de t’en vanter. “ Elle l’avait mérité, haut la main. Il était fair play, il acceptait l’échec avec facilité, mais ça ne l’empêchait pas de se battre, de se lancer des défis stupides, comme s’imaginer capable de courir plus vite qu’une jeune femme sur un vélo. Néanmoins, si des chiens féroces l’avaient poursuivi, il en aurait peut-être été véritablement capable ! Peut-être pour une prochaine fois, en attendant, il lui propose une balade des plus bancales. Il ne fallait pas vraiment compter sur lui pour marcher main dans la main, mais pour faire l’andouille, malgré ses airs rustres et froids, il n’était pas le dernier. Il avait seulement de moins en moins l’occasion d’exprimer cette facette de lui-même. Peut-être bien les fameuses pépites que la rousse avait évoqué plus tôt/
Leurs mains se séparèrent et ce fut un étrange soulagement. Pas que c’était désagréable, c’était à vrai dire… Trop agréable. Trop inhabituel. Il chevaucha à son tour cette bicyclette rose et la stabilisa pour qu’elle puisse prendre place sur le guidon. Quelle idée de merde hein. Elle se recoiffe et ses yeux vert observent quelques secondes sa nuque dégagée avant avant de reconcentrer et mettre un premier pied sur la pédale. “ T’as encore quelques secondes pour changer d’avis. “ Elle répondit par une question. Où est-ce qu’ils vont comme ça ? Alors il commence à pousser le vélo avec sa jambe au sol, pour s’habituer à la sensation, à essayer de rester droit, mais ça n’allait pas du tout comme il le voulait. La bécane tremblait beaucoup, il espérait ne pas donner à la jeune femme le mal de mer et que cette histoire finisse avec du vomi…
Ou est-ce qu’ils vont ? “ Droit dans le lac ? “ Ou droit dans le mur, avec leurs conneries.
Miraculeusement, il parvient à suivre le sentier, en fait : il fermait les yeux la plupart du temps, il ouvrait de temps en temps histoire de s’assurer qu’ils ne percutent rien de dangereux, mais la seule méthode pour aller à peu près droit, c’était de fermer les yeux. Ce n’était pas pour rien qu’il avait renoncé à conduire, bien qu’il avait dû prendre le volant en urgence quelques fois ces derniers temps… À éviter au maximum. “ Dis moi à droite ou gauche, tu es mes yeux. “ C’était un sacré jeu de confiance et au fil de leur progression, il se permettait d’augmenter en vitesse. La destination n’avait aucune importance, c’était juste marrant, il s’amusait et ça faisait un bien fou. Depuis combien de temps ne s’était pas récréé de la sorte ? Probablement la fête de la mangue 2022, bien que ce fut un leurre pour que personne ne remarque ce qu’il préparait en coulisse, entre autre, voler des fusées. Cette fois, il était juste sincère dans son sourire, ces légers rires lorsqu’il sentait le vélo pencher un peu trop et qu’ils menaçaient d’embrasser le sol, mais ils tenaient bon.
Cela dura un moment, avant qu’il ne ralentisse, il sentait que sa tête lui tournait furieusement, il avait beau être tenace, il y avait des maux contre lesquels il ne pouvait pas être plus fort. Le brun perdait la maitrise du vélo… “ Descend vite, descend ! “ Il ignorait si elle l’eut fait, mais l’engin fini par se coucher sur le côté avec le bonhomme dessus. “ Ooof… “ grognait-il. Voila qui va arranger ses douleurs, tiens. “ Tout va bien ? “ Qu’il demande à l’aveugle, gardant les yeux fermé pour s’épargner plus de souffrance, il avait l’impression que tout tournait à une vitesse folle autour de lui, comme s’il était une toupie.
Après réponse, il éclate de rire en essayant de dégager ses jambes. “ Je me demande bien quel est le con qui a eut cette idée de merde ! “ Une fois libéré du vélo, il resta étendu dans l’herbe. Il n’avait aucune idée de l’endroit où il se trouvait, il était incapable de s’orienter à cet instant. Ça n’avait rien d’angoissant, pas cette fois. Il calmait son souffle, sa tête en essayant bêtement d’imaginer à quoi ça ressemble, le bleu… Comme les yeux d’Hazel… Ce n’était pas concevable par l’esprit et pourtant, c’était le genre de réflexion qui le calmait en général. “ Bleu, c’est carrément ma couleur préférée. “
@Hazel B. Thomas |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Lun 5 Juin 2023 - 12:13 | |
| Droit dans le lac qu’il me dit. Alors…sur le moment, ça me fait rire bien que, très clairement, c’est une possibilité qui n’est pas à exclure. Pas que ça m’inquiète vraiment mais j’doute que l’infirmière soit très contente si je l’appelle pour lui dire que j’ai ruiné mes pansements en piquant une petite tête improvisée dans une eau somme toute relativement peu adaptée à des brûlures qui cicatrisent tant bien que mal. Puis j’ai pas envie de voir sa gueule à l’infirmière donc si on peut faire l’effort de rester sur la terre ferme, je serai infiniment reconnaissant à mon conducteur. Notre début de route, il est anarchique, le chemin cahoteux fait tellement trembler mon vélo que le paysage tressaute furieusement autour de moi, j’ferme rapidement les yeux parce que j’sens mon estomac se retourner. C’était peut-être vraiment une idée à la con finalement. C’est comme ça que je les préfère. J’me fais rapidement la réflexion qu’il ne doit pas y voir grand chose avec ma p’tite personne, plus ou moins confortablement installée sur le guidon puis j’pousse un peu plus ma pensée en me demandant si ses problèmes aux yeux ne vont pas le gêner. J’aurais pu y réfléchir avant, punaise…bon, ceci dit, ce n’est pas ce qui m’aurait fait reculer. J’me doute pas trop, à ce moment, qu’on est deux idiots à avoir les paupières bien fermées, vous savez, histoire d’être sûre d’avoir un accident. Alors quand il me dit que JE suis ses yeux, j’vous avoue, ça m’a collé une brusque suée “Attend QUOI ?! Parce que tu fermais les yeux là ?! MAIS MOI AUSSI ESPECE DE TARE !” J’gueule hein, mais c’est pour la forme parce qu’en réalité, je vis un pur moment de joie idiote, du genre qui rend votre esprit léger comme une plume. J’ouvre une paupière, puis une autre. Ha la vache…c’est un enfer, j’ai plutôt le coeur bien accroché en général mais là, il ne faudrait pas que ça dure éternellement. “ A droite ! Un peu à gauche mais pas trop…PAS TROP J’AI DIT !” Heureusement, nous avons quitté les sentiers les plus fréquentés, parce que, soyons honnêtes, on est de vrais dangers publics. “ Vas-y, tu peux tourner à droite là…surtout pas à gauche, sinon on va taper la bise aux poissons.” Finalement, on prend un bon rythme. Notre duo, il marche du tonnerre. Je nous ai orienté sur un petit chemin, une belle ligne droite, où les aspérités sont plus rares, nous roulons à une bonne allure maintenant et c’est vraiment agréable. J’écarte les bras, j’accueille le soleil sur mon visage et j’laisse mes éclats de rire se mêler à ceux de Manwë. J’pousse même la chansonnette, un p’tit air entêtant que j’ai entendu à la radio…mon cerveau doit vraiment être malade de bonheur.
Sauf que voilà. Ce qui devait arriver, bhin arriva. On finit par ralentir. Je me sens vite moins sereine parce que mon pilote là…il n’a plus l’air de piloter grand chose. Le vélo tangue, j’ai même pas le temps de lui demander si tout est ok qu’il me presse pour descendre. J’ai pas eu l’temps. On s’écrase lamentablement dans l’herbe, sur le bas côté. J’suis un peu sonnée mais j’ai l’air d’être entière. Je grogne en me redressant sur les avant-bras, allongée sur le ventre. Ouai…on a vraiment pas été très malins. J’me mordille l’intérieure de la joue en me redressant, parce que j’ai une furieuse envie d’éclater de rire mais ‘faut vraiment d’abord que je sache si Manwë ne s’est pas fait mal. Finalement, c’est lui qui prend la parole en premier pour me demander si tout va bien. “Ca va, j’crois que j’ai rien de cassé…et toi ?” C’est son rire qui me répond, il a l’air tellement sincère, j’vous jure, j’me dis que je voudrais l’entendre plus souvent, jusqu’à ce qu’il se grave de façon permanente dans ma tête, ne jamais l’oublier, qu’il raisonne encore quand le monde extérieur sera devenu silencieux. “ Tu plaisantes ?! Ca tenait du génie !” Je l’aide à se dégager du vélo et j’me laisse tomber à plat ventre à côté de lui, en appuie sur mes avant-bras, la tête légèrement penchée vers le sol, le temps de calmer mon fou rire. Je retrouve un semblant de calme et j’observe le visage du brun, il a les yeux fermés, il sourit…C’est pas une homme de bien. Il a fait du mal. Est-ce qu’il me fera du mal à moi ? Il m’a promis que ça n’arriverait jamais mais j’vais vous dire, le regard que j’coule sur lui à cet instant, il veut dire que le mal est déjà fait…
Sa phrase me fait redresser silencieusement la tête et presse mon coeur avec une telle force que s’en est presque douloureux. Le bleu Manwë, mais tu l’connais pas, ce bleu que tu préfères, parmi toutes les autres couleurs que tu n’vois pas, ce bleu qui brille dans mes yeux, qui te dis c’que ma bouche voudrait taire, qui porte l’étendard de tout ce que je ne devrais pas ressentir. Putain. J’sais pas comment agir, j’sais pas accueillir tout ça. Ma main revient trouver le visage du brun, elle est maladroite cette main, elle sait pas trop c’qu’elle fait là mais elle veut plus partir. “Hm, c’est pas mal le bleu…quoi que le fuchsia se défend aussi...” J’ai un léger rire de gorge. “...mais le vert, le vert il bat tout.” Mon pouce, rendu tremblant par la fébrilité du moment - et un peu par mon sevrage, mais chut j’veux pas penser à ça là - passe, avec tendresse, sur ses lèvres. J’suis à la fois tellement bouleversée et terrifiée par cet instant. Il est encore temps que tout ça s’arrête, que toute cette histoire ne reste qu’une brève bulle de bonheur, ce serait tellement plus simple, pour moi, pour lui. Il faut que ce soit la fin…n’est-ce pas ?
lumos maxima @Manwë Druid |
| | | Invité | Sujet: Re: We're not victims, we have a different way of living ft Hazel Thomas Lun 5 Juin 2023 - 19:02 | |
| Rire ainsi, sur ce vélo alors qu’ils avaient joué les kamikazes pendant un moment à fermer les yeux ensemble, puis à simplement filer sur le chemin à vitesse rapide et sans encombre, ensuite à se vautrer lamentablement dans l’herbe… Rire de cette manière, il ne l’avait pas fait depuis longtemps. Ce fut si rare qu’il avait même douté être capable de rire à nouveau de manière si légère… Tout comme il avait douté être capable de pleurer à nouveau un jour, certes, l’on ne pouvait parler de flots de larmes et poignants sanglots, mais il avait bien lâchés quelques larmes la dernière fois qu’il avait perdu pied et tabassé ce mec, ce putain de violeur en puissance. Oh oui, il avait eu ce qu’il méritait, il ne regrettait pas une seconde ses coups de poids et s’il le pouvait, il l’aurait achevé. Ouais… S’il n’y avait pas eu les sanglots de Maddie, il l’aurait fini. Il aimerait dire qu’en retour, il avait seulement pleuré de rage, mais ce fut bien de tristesse, de détresse qu’il s’était laissé allé quelques instants dans cette ruelle sordide. Pris de désarroi, face à l’immense colère qui le rongeait, résigné à l’idée de pouvoir un jour mener une vie normale, heureuse, tout simplement. Alors ce bonheur aujourd’hui, il ne se l’expliquait pas. C’était de sa faute à elle, Hazel, elle lui faisait percevoir des nuances de la vie qu’il ne connaissait plus, qu’il n’arrivait plus à voir. Elle le contaminait, avec son rire séraphique, cette chanson qu’elle dispersait dans les airs, son attitude imparfaite, triviale et sincère. Ce moment lui était mémorable. Ils avaient l’air de deux frappadingues. Bowen ne devait pas voir ça régulièrement.
Il l’entendait rire à ses côtés, elle était proche de lui, sans qu’il n’ouvre les yeux il pouvait la sentir, sa présence à ses côtés. Il devinait même qu’elle le regardait, il était calme, écoutant le rire de la rousse s’apaiser peu à peu. C’était ça, le son du bleu. L’odeur du bleu. Le toucher, du bleu… Lorsqu’il sentit sa main se poser sur son visage. La douleur avait disparu de sa peau, il ne sentait que la chaleur de sa paume de main sur son visage qui avait été giflé par le froid induit par la vitesse de leur périple.
Doucement, il a tourné la tête en sa direction et il ouvrait ses yeux verts dont les pupilles s’étaient enfin tranquillisées. Elle purent ainsi l’observer rire après avoir évoqué à nouveau ce fuschia qu’il portait. Man lui adressa un léger sourire empli de quiétude, il se sentait serein, à terre pourtant. Il ne savait où, mais il s’en fichait. Le vert battait tout. Il n’avait jamais été le meilleur pour rien, à part pour se battre, justement.
Cette caresse sur ses lèvres, il savait ce que cela voulait dire. Il savait surtout qu’il devait l’arrêter. Les arguments ne manqueront pas. Cela pouvait aller du plus futile en rappelant leur différence d’âge, au plus grave, en rappelant qu’il est un assassin. “ Le vert c’est pour l’herbe, les pommes, les chenilles et les petites cuisses de grenouille. “ Il esquisse un léger sourire sous son pouce un peu tremblant. Est-ce qu’elle avait peur ? Alors pourquoi, hein ? Il se rappelait des colères de son père, lorsqu’il ne comprenait pas les couleurs, lorsqu’il n’était pas fichu de relier les couleurs entre elles. Il s’en était pris des coups, jusqu’à ce qu’une instit demande à lui faire passer un examen de vision, avant qu’il ne soit diagnostiqué et qu’il prenne des coups encore, parce que les soins sont onéreux et qu’ils avaient pas besoin d’un gamin à moitié handicapé. Il avait appris bêtement des associations de mots et couleurs, sans savoir ce qu’il apprenait… Pas étonnant qu’il ait détesté l’école, il n’y trouvait son compte qu’en répercutant la violence de la maison sur ses petits camarades… “ Le bleu… “ Le bleu, bordel… C’est le ciel, la mer, les hématomes… (le nom d'un fromage qui pue, mais passons...)C’est tout bête, juste une putain de couleur, un simple concept, un mot. “ C’est quelques instants à oublier le reste, à arrêter de gâcher sa liberté… “ Après tout, sa place était en taule et il avait la chance d’être dehors, tout ça pour faire quoi ? Se transformer en ermite de Bowen ? Non… Il n’avait pas envie de ça, dans l’fond. “ Le bleu, c’est ce qu’il y a de mieux. “ Le bleu, c’est elle. Il n’avait jamais eu de conversation aussi passionnante sur les couleurs, c’était drôlement plaisant. Comme d’aventurer sa main à son tour sur sa joue, il était sans aucun doute moins doux qu’elle, mais il était loin d’être brutal. Il décolle son épaule opposée du sol pour tordre légèrement son torse en sa direction et franchir ces centimètres qui les séparaient pour venir l’embrasser. Oh, il risquait franchement de se prendre une tarte dans la gueule, ça sera toujours moins violent qu’un coup de sac à main, mais sans doute beaucoup plus douloureux dans le fond. Qu’importe, souffrir, il en avait l’habitude. Alors que ça… Ce qu’il ressentait en cette matinée pourtant si mal partie, ça valait la peine de se brûler un peu. Il ne pensait pas à demain, ni même à dans deux heures. Ils étaient seulement là. Il se sentait en vie, c’était ça être libre, être dans le présent.
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