I've become a living apology, I am sorry -r.

Le soleil brillait de plus belle. Comme ils en avaient l'habitude, il ya plusieurs mois de cela, Axten avait invité Sunny à venir déjeuner à la maison. Les petites auraient tout l'après-midi pour s'amuser dans la cour arrière. Romy aimait bien Iris, et l'inverse était aussi vrai. Cette dernière prenait soin de la blondinette comme de la prunelle de ses yeux. Charlize et Axten étaient tombés en amour avec Iris dès le premier jour. Ils appréciaient tout autant la compagnie de la brunette, qu'Axten avait rencontrée après son accident, il y a quelques années. Cet accident qui avait failli lui coûté la vie, qui aurait dû le faire, selon les policiers et les premiers répondants. Comment s'en était-il tiré aussi bien? Tous en ignoraient la raison. Axten avait jugé que la vie lui avait offert une deuxième chance qu'il saisirait sans hésitation. La moto était un passe-temps qu'il adorait, même si sa mère et sa femme avaient toujour trouvé que c'était un peu dangereux. Aujourd'hui, il garde encore des cicatrices de l'accident sur ses côtes, son dos et ses jambes. Axten avait été épargné parce qu'il avait une femme à aimer et une petite fille à concevoir et à élever.

L'invitation qu'il avait lancée à Sunny n'était pas sans raison. Il était redevable envers elle et même s'il l'avait déjà remerciée à plusieurs reprises, il se devait d'éclaircir d'autres points. Sunny avait été assignée à Axten lorsqu'il fut prêt à faire de la réadaptation. L'accident lui avait tout de même tappé dans l'orgueil et il n'avait pas été très doux avec la jeune femme. Les premières semaines avaient été difficiles, se questionnant à savoir s'il avait mérité cette deuxième chance ou non, pourquoi tant de blessures ne l'avaient pas achevé, pourquoi s'en était-il sortit? Bref. Romy jouait dans son parc sur la pelouse, sous un grand arbre lui créant de l'arbre. Le pompier avait mis la table et avait rempli la petite piscine de plastique pour les filles, si la température ne cessait pas de grimper. Charlize avait dû quitté en vitesse, une urgence au boulot. On sonna à la porte pile à l'heure, midi et trente. Axten prit sa fille dans ses bras et se dirigea à la porte. «Bonjour Sunny! Entre.» Romy gazouilla en pointa Iris. «Coucou Iris! Tu as encore grandit dis donc!» Axten savait le faire avec les enfants, il faut croire qu'il était fait pour être papa. «Comment vas-tu?» dit-il avant d'inviter Sunny et sa fille à garder leurs chaussures, se dirigeant vers la cours extérieure.

Une invitation qui t'avait presque faite pleurer de joie, en l'apprenant. Tu le savais, elle t'avait appelé, mais c'est vrai que ces repas entre quatre yeux t'avaient un peu manqués. Même si avant son départ, vous n'étiez plus que trois. Tu avais enfilé une petite robe à Iris, et avec le soleil qu'il faisait, tu allais aussi te laisser tenter. Une fois prête, tu installais Iris dans son siège. La route jusqu'à la maison des Rose était paisible. Tu déposais un léger baiser sur la joue de ta princesse, avant de la faire descendre de la voiture et de rejoindre la porte d'entrée. Il semblait être sur le qui-vive puisqu'à peine le bouton de la sonnette enfoncé, il était déjà dans le cadran à te sourire et te saluer. « Bonjour à toi ! » Sans plus attendre, tu entrais, en tenant toujours la main de ta fille. Il refermait la porte derrière toi, avant de se pencher vers Iris, qui s'était glissée derrière ta jambe et qui la serrait de sa petite main libre. Tu eu un sourire amusée, par elle. Avant de reprendre doucement. « Ne fais pas ta timide, c'est Axten, tu te souviens de lui ? Et regarde, il y a Romy ! » Même si Axten avait disparu pendant six longs mois, tu avais gardé contact avec Charlize, l'épaulant dans les moments les plus durs, comme elle l'avait fait pour toi. Et même si c'était une surprise de revoir Axten, tu savais qu'il finirait par revenir. Tu ignorais tout du pourquoi ou du comment, et ce n'était pas tant les questions qui te venaient en tête, après tout ce n'était pas à toi qu'il devait rendre des comptes. Tu passais ta main sur les cheveux d'Iris pour les secouer et la rassurer. « Bien et toi ? Charlize a eu encore un client à satisfaire ? » avais-tu demandé en souriant, en ne la voyant pas dans les parages. Elle était souvent appeler à la dernière minute comme, ça mais c'était le métier qui voulait ça.

Elles étaient toutes les deux aussi rayonnantes. Axten, lui, essayait de retrouver cette joie de vivre naturelle qui l'habitait autrefois. Ce n'était pas mission impossible, mais ce n'allait pas être aussi facile non plus. Et pour y arriver, il se devait d'escalader certaines montagnes qu'il avait laissé derrière lui. Sunny en faisait en quelques sortes partie. C'était une kinésithérapeute hors pair, mais surtout une amie qui avait prit une place bien importante dans sa vie et celle de sa famille. Sunny l'avait salué en retour, alors qu'Iris allait se réfugier derrière sa mère, probablement intimidée par celui qu'elle n'avait pas vu depuis plusieurs mois. «Ne fais pas ta timide, c'est Axten, tu te souviens de lui ? Et regarde, il y a Romy !» Il eut un sourire en coin. Axten avait bien changé, malgré tout, depuis les derniers mois. Il avait longtemps craint que sa propre fille ne le reconnaisse pas. C'était probablement le pire cauchemard qu'il avait pu s'imaginer. Si ça avait été le cas, il n'est pas certain s'il aurait été capable de continuer. Il aurait eu le coeur encore plus brisé. De la poussière, littéralement. Parce que les morceaux brisés se seraient casser à nouveau. Heureusement, ce n'avait pas été le cas. Romy l'avait observé un moment et avait tout de suite repris contact avec son père. Pour le plus grand bonheur de ce dernier. «Bien et toi ? Charlize a eu encore un client à satisfaire ?» Sa femme avait souvent des imprévus, des demandes de dernière minute ou simplement des clients qui ne s'y étaient pas pris au bon moment. Heureusement qu'elle aimait son travail, elle s'y dévouait. «Oui, elle aurait beaucoup aimé être présente. D'ailleurs, elle te passe le bonjour et te fait la bise» dit-il en souriant. Il invita ensuite la jeune femme et sa fille à passer derrière, où rapidement, Romy alla s'installer près de la petite piscine pour bambins. Elle s'agenouilla par terre et mit ses petites mains dans l'eau, qu'elle fit aller de tous les côtés en éclatant de rire. Le pompier sourit à la vue de l'émerveillement de sa fille. «Je peux te servir quelque chose à boire, Sunny?» Il avait pas mal de tout dans le frigo, il était certain qu'il pourrait satisfaire la jeune femme. «Et pour toi, Iris» débuta Axten en s'acroupissant. «Que dirais-tu d'une limonade fraîche?» Il avait joué le papa à la maison, ce matin.

Il confirmait ce que tu savais déjà à propos de sa femme, ajoutant qu'elle aurait aimé être là. Tu t'en doutais bien, ce n'était jamais facile de devoir faire face à ses obligations professionnelles surtout lorsque l'on avait décidé d'inviter des amis à manger, de sortir en amoureux ou autre encore. Mais c'était ce que tu admirais chez elle, elle ne laissait jamais tomber ses clients, elle était fidèle et dévouée, c'est ce qui faisait le secret de son succès. Et puis elle était charmante, amusante et gentille. Tu comprenais bien les raisons qui l'avaient poussés à partir et tu les acceptais. Certes, tu aurais aimé la voir toi aussi, mais ça se ferait une prochaine fois, il n'y avait pas le feu au lac après tout. « Tu lui feras la bise si elle ne rentre pas avant qu'on reparte ! » Tu l'avais suivi jusqu'à l'extérieur, où tu pouvais remarquer qu'il avait tout aménagé pour que les filles puissent jouer. C'était une attention adorable et même s'il l'avait fait en partie pour Romy, il l'avait aussi fait pour Iris. Il s'était abaissé à son niveau pour lui demander ce qu'elle voulait boire et elle était restée muette, te regardant, t'appelant à l'aide avec ses grands yeux bleus. Elle était adorable celle-là, à faire la fillette timide alors qu'elle ne l'était pas du tout. Tu laissais Axten se redresser avant de lui répondre. « Deux limonades mon cher ami ! Je crois qu'Iris a perdu sa langue aujourd'hui. » Tu glissais ton regard vers ton petit monstre, qui était à nouveau venu se cacher dans tes jambes. Tu ne comprenais pas pourquoi elle se comportait ainsi, ce n'était pas comme si elle ne connaissait pas Axten, à croire qu'il était un parfait inconnu pour elle alors qu'il avait été son ami l'an passé. Qu'il faisait parti de votre vie depuis sa naissance, c'était fou comment une disparition de six mois pouvait affecter un enfant. Et pourtant, quand tu regardais Romy, elle semblait bien le vivre, comme si son papa n'était parti qu'un jour. Tu l'invitais à jouer avec son amie pour rejoindre le tien qui s'activait dans la cuisine. « Alors, comment vas-tu ? » demandais-tu, un fin sourire sur les lèvres. C'était vraiment un plaisir pour toi d'être là aujourd'hui.

Sunny avait rapidement prit une grande place dans la vie des Rose. Charlize comme Axten s'entendaient bien avec elle et appréciait particulièrement sa compagnie. La venue d'Iris n'y avait rien changé, ne serait-ce qu'ils lui accordaient autant d'importance qu'à sa maman. La petite fille était une vraie perle, tout comme sa maman. «Tu lui feras la bise si elle ne rentre pas avant qu'on reparte !» Charlize n'était pas du genre à s'éclipser des soirées ou des moments entre amis et famille pour le travail. C'est elle-même qui en organisait la plupart du temps. Toutefois, son boulot la forçait parfois à devoir faire marche arrière et s'absenter, malgré elle. Sa douce femme savait tout de même se reprendre et se faire pardonner. «Oui, évidemment!» Les quatre jeunes gens se dirigèrent finalement vers la cour arrière, où Romy, du haut de ses deux ans, s'empressa de rejoindre la piscine pour enfant remplie d'eau. Axten offrit à boire à ses deux invités. Iris était plutôt timide, aujourd'hui. Axten avait l'habitude de voir la petite fille parler, rire aux éclats et s'amuser avec Romy. Elle ne se gênait pas non plus de faire la conversation aux adultes. Il comprenait que l'absence ait pu paraître bien plus longue pour un enfant. D'ailleurs, il remerciait la vie que Romy n'ait pas eu autant de difficulté à recréer le lien avec son père. Il avait tant craint qu'elle l'ait oublié et qu'elle ne le reconnaisse plus. «Deux limonades mon cher ami ! Je crois qu'Iris a perdu sa langue aujourd'hui.» Axten sourit, comprenant que Sunny cherchait à dédramatiser la situation. Iris avait droit de vivre ses émotions, après tout. «Je vous apporte ça, mesdemoiselles! J'espère qu'Iris retrouvera sa langue à temps pour le dîner...» Axten quitta la cour quelques minutes, intégrant à nouveau la maison à la conquête de quatre limonades bien fraîches. Son amie le rejoint à la cuisine, alors qu'il pouvait entendre les fillettes s'amuser ensemble. «À croire que c'est moi qui lui fait perdre sa langue» souffla-t-il pour rire, mais conscient que ce devait être le cas. «Alors, comment vas-tu ?» Une simple question qui entraînait une réponse jamais tout aussi simple. Axten, pressant les citrons et les limes pour en faire sortir le jus, jeta un coup d'oeil à son amie. «Ça va... je suis content d'être à nouveau ici.» Il demeurait évasif sur la question, non pas intentionnellement, mais plutôt parce qu'il avait toujours de la difficulté à répondre à cette question depuis son retour. «Et toi ma belle, comment ça va?» Ils reviendraient plus sérieusement sur la question, une fois installés à l'extérieur. Le pompier prépara un verre à bec pour Iris ainsi que pour Romy - plus facile de s'amuser tout en trimballant un tel contenant. Il versa le jus frais dans des verres pour la jeune femme et lui.

Tu le suivais jusqu'à la cuisine, tu le regardais préparer les deux limonades sans même penser à lui demander s'il avait besoin d'un coup de main. Tu étais trop occupée à rêver sur le fait qu'il était là. Tu te pincerais bien pour être sûre que c'était réel, mais tu le savais, pas besoin d'un petit pic de douleur pour ça. Tu fus sortie de tes songes, en l'écoutant parler d'Iris, la petite chipie quand même à faire sa grande timide alors qu'il n'y avait pas de raison particulière. Encore, s'il avait eu une apparence négligée, tu aurais compris, mais là ce n'est pas le cas. « Tu ressembles à un fantôme pour elle, mais elle va s'y faire, il faut lui laisser le temps de reprendre ses marques. Ce qui compte c'est que Romy elle, se souvienne de toi ! » ajoutais-tu avec un grand sourire. Il répondit à la question de manière évasive, peut-être avec un ton un peu las, mais tu étais trop heureuse de se retrouvailles, pour t'en soucier réellement, comme si tu mettais volontairement de côté cette information dans ton esprit. Après tout, tu venais de le retrouver, tu ne voulais pas que cet instant soit triste, ou étrange. Bien que la mauvaise nouvelle finirait bien par t'éclater à la figure, c'était un secret qui ne pourrait pas durer indéfiniment, mais le temps de ces retrouvailles, tu avais de l'espoir. « Oh, tu sais la vie, le boulot, Iris et puis Tom. Il refuse de signer les papiers du divorce et ça commence à être long à force. » Tu haussais doucement les épaules. On ne pouvait pas dire que ton ex-mari -même si tu ne pouvais pas encore le nommer ainsi de manière officielle - te donnait pas mal de fil à retordre. Comme s'il aimait te torturer, faire traîner les choses. Il voulait sa seconde chance et tu n'étais pas déterminée à lui offrir.

Axten pressait les citrons et les limes, un peu dans ses pensées. Il comprenait tout à fait qu’un enfant de si bas âge ne le reconnaissait pas tout à fait, ou demeurait timide après autant de mois sans contact. Iris n’était pas sa propre fille, après tout. Ça lui faisait un petit pincement au cœur, mais le pompier tentait de ne pas trop s’en faire avec cela, finalement. Maintenant qu’il avait presqu’entièrement rasé cette barbe trop longtemps négligé et qu’il n’avait plus sa tignasse de lion, il était beaucoup plus reconnaissable qu’il y a quelques semaines. «Tu ressembles à un fantôme pour elle, mais elle va s'y faire, il faut lui laisser le temps de reprendre ses marques. Ce qui compte c'est que Romy elle, se souvienne de toi !» Il tourna la tête vers Sunny, qui lui souriait de plus belle. Elle avait raison, l’important était que l’une de ses plus grandes peurs ne se soit point avérée vraie. Romy avait senti la tension entre ses parents, mais jamais elle n’avait douté de l’identité de son père. Ces derniers mots lui décrochèrent un sourire. «Ouais, je sais bien. Je dois arrêter de m’en faire pour un peu tout», dit-il doucement avant de reprendre les agrumes en main. La fameuse question qu’on lui posait à répétition fut soulevée, mais Axten profita plutôt de l’occasion pour renvoyer la balle à Sunny. Elle lui avait manquée, après tout, et il était heureux de pouvoir profiter du temps avec elle ainsi que de prendre de ses nouvelles de vive voix. «Oh, tu sais la vie, le boulot, Iris et puis Tom. Il refuse de signer les papiers du divorce et ça commence à être long à force.» L’homme versa les limonades dans les verres de chacun, écoutant son amie d’une oreille attentive. Les histoires de divorce l’attristaient toujours un peu, encore plus lorsqu’il s’agissait d’un proche. «J’imagine… Tu tiens le coup malgré tout?» Il s'en serait voulu d'avoir été absent aussi longtemps, durant un moment où son amie n'allait pas bien. Axten l’invita ensuite à retourner auprès des fillettes, qu’ils avaient tous deux gardé à l’œil par la porte vitrée. «Iris, Romy, votre limonade est servie» dit-il en souriant aux enfants. Les deux petites têtes enjouées courrèrent vers la terrasse, attrapant leur verre au passage avant de retourner s'amuser. Axten s'asseya dans l'un des canapés extérieurs, faisant signe à la brune de l'y rejoindre.

Ce n'était pas facile. En effet, tu avais encore un peu de mal parfois avec Tom. Ce n'était pas que tu ne l'aimais plus, mais il avait déconné et tu ne voulais pas à nouveau souffrir. Déjà que tu faire tromper c'était limite, mais avec une des autres mamans, et amie de toi, c'était de trop. Tu ne voulais pas lui faire confiance à nouveau. Il avait été capable de le faire une fois, qu'est-ce qui te disait qu'il ne le ferait pas une seconde fois ? Rien ne pouvait te le garantir, raison qui te poussait à rester sur tes gardes, méfiante. « Oui, Tom est juste Tom. Tout va bien ! » Tu haussais les épaules. Il n'y avait pas tant à dire sur le sujet. Tu l'avais aimé, tu ne l'aimais plus, tu passais ton temps entre le boulot et Iris. Et parfois, tu en profitais pour voir Adrian. Rien de folichon dans ta vie, mais tu ne cherchais pas non plus à avoir une vie retournée dans tous les sens. Elle était simple et rangée, organisée et ça t'allait très bien. La routine, ça ne te faisait pas peur, au contraire, tu aimais peut-être un peu trop ça. Tu attrapais ton verre, le remerciant au passage et le suivit jusque dehors, où les deux petites jouaient ensemble. « Merci » Iris était venue prendre son verre, et même lui faire un bisou. Et toi, tu souriais de plus belle. Voilà, il suffisait d'être un peu patient, et elle retrouvait sa langue et sa bonne humeur. Son petit côté attachant aussi parce qu'elle adorait faire des bisous à tout va, sans forcément une raison particulière. Et Romy en profitait pour faire un bisou à son papa, avant qu'Iris fasse un bisou à Romy et qu'elles repartent comme deux petites chipies. « Tu as repris le boulot ? » demandais-tu doucement en portant ton verre à tes lèvres pour prendre une gorgée de cette limonade maison. Très rafraîchissant. Tu portais ton regard sur ton ami, un fin sourire sur les lèvres.

Axten pouvait difficilement s’imaginer comment un être qui avait pu autant aimer, pouvait tromper celui avec qui il partageait sa vie. Cette idée lui paraissait impossible. Il ne pouvait encore moins s’imaginer être infidèle à Charlize, ou même l’inverse. Pour lui, leur amour était indestructible. Ils se l’étaient involontairement prouvé, par les six derniers mois, qui sortaient de l’ordinaire et de l’attendu, qu’ils avaient traversés. «Oui, Tom est juste Tom. Tout va bien !» Sunny haussa les épaules, puis Axten lui envoya un sourire en coin. Il se doutait bien que tout n’avait pas du toujours aller, mais si son amie se portait bien à présent, c’était ce qui lui importait. Les deux jeunes parents retournèrent à l’extérieur, apportant limonade avec eux. Les fillettes les rejoignirent rapidement, Iris le remerciant et déposant un baiser sur sa joue, ce qui arracha un sourire à Axten. «Tu es adorable, Iris» lui souffla-t-il. Elle fit ensuite un bisou à Romy, puis Axten attrapa sa fille et la cajola quelques instants. Elle rit aux éclats, puis repartit à l’aventure avec sa copine. «Tu as repris le boulot ?» demanda-t-elle doucement. Axten goûta à sa limonade, puis posa son verre, posant son regard sur Sunny. «Non, pas encore. Je profite de chaque instant avec Charlize et Romy, mais j’y compte bien. Dès que ce sera possible.» Il aurait pu recommencer à travailler dès son retour, mais les moments passés en famille valaient beaucoup plus que des journées à la caserne. Axten se laissait aussi un peu de temps pour prendre du mieux, même s’il ne paraissait pas si mal aller. Chaque jour comptait, à présent. «Et toi, tout se passe bien au travail? Pas trop de patients récalcitrants?» dit-il, un sourire amusé sur les lèvres. Il n'avait pas toujours été facile avec elle, lorsqu'ils s'étaient rencontrés après son accident de moto.  

Parler avec Axten de ton mariage te rendait presque jalouse. Lui était parti six mois – et même si pour le moment tu ignorais encore tout de ses raisons – tu ne pouvais que constater que leur mariage était encore plus fort, encore plus beau. Il était rentré à la maison et avait repris sa place au sein de sa famille comme s'il avait été absent qu'une seule nuit. Tu étais jalouse de leur amour, de leur couple, de leur complicité, mais ce n'était pas leur faute s'ils avaient su trouver la bonne personne. Celle sur qui on pouvait toujours compter, « Tu as parfaitement raison, profites de ta famille autant que tu le peux ! » C'était les moments les plus importants, les plus sacrés. Au point que tu aimais finir plus tôt certaines journées pour aller chercher toi-même Iris à l'école, lui faire la surprise, aller manger une glace et passer un vrai moment de complicité mère-fille. Tu n'irais pas à dire que tu vivais rien que pour elle, mais tu essayais d'être assez présente, pour ne pas rater tous les grandes étapes de son enfance, de sa vie en général. « Des patients comme toi tu veux dire ? » demandais-tu en souriant à sa question. Des patients récalcitrants il y en aurait toujours, mais chacun avait un stade différent. Tu te souviens qu'avec Axten, après son accident ça n'avait pas toujours était une partie de plaisir. Il n'était pas méchant, mais il avait était un patient difficile, refusant presque parfois de passer par certaines étapes, les trouvant inutiles ou idiotes. Comme si tu perdais ton temps à lui faire faire des exercices sans intérêts. Il n'avait juste pas réussi à comprendre à l'époque l'importance de certains gestes. Aujourd'hui les choses devaient être différentes, s'il était debout, c'était en partie grâce à toi, l'autre venait de lui. « Les premières visites après un accident lourd sont toujours les plus difficiles. Certains ferment les yeux, refusent de voir la vérité en face alors que d'autres acceptent sans rechigner, ce qui facilitent le travail. » Tu te mordais la lèvre. Tu avais toujours un peu de difficultés à faire face à quelqu'un de fermer, à quelqu'un qui ne voyait pas l'intérêt de tout ça. Comme s'ils abandonnaient toutes leurs chances, comme s'il n'y avait pas d'espoir. Pourtant il y en avait toujours, tu ne pouvais jamais promettre une guérison complète, il arrivait qu'il y ait des complications, des rééducations plus difficiles, mais tu faisais toujours en sorte de rendre le plus de mobilité possible pour assurer l'autonomie du patient. « Mais en général, tous finissent par comprendre que je suis la seule lueur d'espoir et ils travaillent dur. » ajoutais-tu un fin sourire sur les lèvres.

Axten avait eu de la chance, si on pouvait appeler cela ainsi. Il n’avait pas eu à vivre le pire qu’il s’était imaginé, tous ces mois où il était à des kilomètres de chez lui, de sa famille. Il profitait donc de chaque instant avec ses proches, de chaque seconde qu’il lui était offert. Puis le reste viendrait en son temps. Romy fréquentait beaucoup moins le jardin d’enfants, ces derniers jours. Axten passait la majeur partie de ses journées à la maison et il était inconcevable pour lui de déposer sa fille aux soins d’une autre personne, alors qu’il était là, prêt et disponible. Il se retrouvait tantôt à se faire coiffer par la fillette, ou encore couché sur le ventre à jouer aux voitures. Elle avait grandi, elle évoluait si rapidement, Axten regrettait parfois d’être parti et d’avoir vécu ces six mois de traitements loin d’elle, loin de la lumière qu’elle seule savait apporter dans sa journée, dans son cœur. Et sans la chaleur et l’amour de Charlize non plus. Heureusement, cet épisode de sa vie était à présent derrière lui, tout comme l’époque de sa rééducation, où il avait rencontré Sunny. «Des patients comme toi tu veux dire ?» Axten ne put s’empêcher de sourire, en souvenir de cette époque où son orgueil avait, une fois de plus, pris le dessus. «Mais moi je suis unique», souffla-t-il en laissant échapper un petit rire. Sunny avait été d’une grande patience avec lui et il ignorait comment elle avait fait pour le tolérer aussi longtemps. C’était une femme dévouée pour ses patients, autant que pour ses proches. L’homme l’écoutait justement parler de ses clients, de sa vision de son métier. «Les premières visites après un accident lourd sont toujours les plus difficiles. Certains ferment les yeux, refusent de voir la vérité en face alors que d'autres acceptent sans rechigner, ce qui facilitent le travail.» Ce ne devait effectivement pas être facile tous les jours, et s’il avait l’intention de revenir sur le sujet, Axten avait soudainement une pensée pour son oncologue et tous ces spécialistes qui s’étaient appuyés sur son cas, avec qui il n’avait pas toujours été doux, damné par ce foutu cancer. «Mais en général, tous finissent par comprendre que je suis la seule lueur d'espoir et ils travaillent dur.» Axten posa son verre de limonade, qu’il avait tranquillement siroté en écoutant parler son amie. Il jeta un coup d’œil aux deux enfants qui semblaient bien s’amuser, puis posa son regard à nouveau vers celui de la brune. «Une vraie lueur…» Il marqua une pause, comme pour donner du sens à ces quelques mots. «D’ailleurs, Sunny, pardonne-moi encore pour ces longues semaines de travail où je t’ai fait la vie dure. Je n’arrivais pas à en saisir le sens, à comprendre cette seconde chance qu’on m’offrait, mais qui n’était pas sans obstacles à surmonter.» Le coin de ses lèvres s’étira en un petit sourire, discret. «Aujourd’hui j’en comprends le sens et je ne peux que te remercier. Sans toi, cette petite tête blonde ne serait pas parmi nous», finit-il en désignant du regard sa fille. Il était conscient que son discours éveillerait des questions, mais cela ne servait à rien de repousser encore et encore le moment où son amie tenterait de percer son armure à nouveau, où elle tenterait de découvrir la raison de son absence.

Tu avais rigolé avec lui lorsqu'il s'était proclamé unique. Oui, il l'était, mais ce n'était pas le seul patient qui te repoussait, qui refusait de voir les choses en face, qui refusait de comprendre ce qui se passerait si tu ne l'aidais pas. Tu avais pris le temps de lui expliquer les choses, même s'il devait déjà le savoir, ce n'était pas la première fois que vous parliez de ton métier. Mais c'était une nouvelle chance pour lui de présenter ses excuses. Tu esquissais un sourire, haussant doucement les épaules. Pour toi, tout ça était de l'histoire ancienne. « Tu avais peur, tu étais en colère, il y avait une chance pour que tu ne remarches plus jamais. Ce n'est jamais facile à accepter surtout quand on a aucun contrôle sur la situation. » C'était toute une vie qui basculait du jour au lendemain et parfois c'était toute une famille qui se retrouvait détruite. Alors tu savais bien que les premiers jours ne se passaient pas bien, parfois ça prenait même des mois pour que les choses avancent, que la situation soit acceptée. Tout ce que tu devais faire toi, c'était de prendre ton mal en patience parce que tu ne pouvais rien faire sans eux. Mais une fois dans la même équipe, les choses allaient plus vite, les progrès pouvaient se faire ressentir et l'objectif visé était souvent atteint en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. « Et le monde serait sûrement moins beau sans Romy ! » ajoutais-tu en rigolant. Peut-être que le monde se porterait bien, mais il était évident que le tien aurait été chamboulé sans elle. Rien que pour Iris, parce que même si elle avait presque trois ans de moins, elle s'entendait à merveille avec elle. Deux petites chipies ensemble et ça te semblait important, surtout pour Iris. « Je suppose que tout le monde qui te revoit enfin à Bowen doit te poser une seule question : où étais-tu passé ? Moi j'veux juste savoir si tout va bien pour toi, pour vous ? J'en demanderais pas plus, je n'en ai pas besoin d'en savoir plus. » Après tout il était majeur, il avait le droit de prendre les décisions qui lui chantaient. Peut-être que sa façon de faire n'avait pas été des meilleurs puisqu'il avait laissé sa famille dans un silence pendant six mois, mais il était là, dans sa maison. Ce qui voulait dire que les retrouvailles devaient s'être bien finies. Tu ignorais juste que tu ne posais pas la bonne question, puisqu'elle allait soulever la vérité.

«Tu avais peur, tu étais en colère, il y avait une chance pour que tu ne remarches plus jamais. Ce n'est jamais facile à accepter surtout quand on a aucun contrôle sur la situation.» Axten glissa son regard vers son amie, hochant doucement la tête. Ces souvenirs dont il se remémorait, il ne pouvait les effacer de sa mémoire. À peine atteint la trentaine, fraterniser avec la mort pour la première fois, apprendre qu'il ne pourrait peut-être plus jamais marcher. L'homme ne s'était pas laissé abattre, il s'était retroussé les manches et il s'était battu. Même si cela n'avait pas toujours été facile. Sunny avait raison, l'orgeuil avait frappé un mur lorsqu'on lui avait prononcé les fameux mots. Il était impossible, à ses yeux, qu'il ne puisse marcher à nouveau. Axten aurait dû mettre fin à sa carrière de pompier, il aurait dû abandonner ses collègues, mettre fin à sa passion, celle où il risquait sa vie tous les jours pour en sauver d'autres. Et rayer de nombreux autres rêves qu'il chérissait, comme celui d'accompagner la petite tête blonde qui portait son nom. «Et le monde serait sûrement moins beau sans Romy !» L'homme rit à ses mots. Sa vie n'aurait jamais été la même sans sa fille. «Et sans Iris. Sans toi, aussi!» souffla-t-il. Axten n'avait pas vraiment de famille à Bowen, ni ailleurs d'ailleurs, son amitié avec Sunny en était une importante à ses yeux. C'était entre autres pour cette raison qu'il l'avait conviée ici, pour lui dévoiler la vérité. «Je suppose que tout le monde qui te revoit enfin à Bowen doit te poser une seule question : où étais-tu passé ? Moi j'veux juste savoir si tout va bien pour toi, pour vous ? J'en demanderais pas plus, je n'en ai pas besoin d'en savoir plus.» Axten appréciait sincèrement Sunny, pour de nombreuses raisons, mais particulièrement pour sa façon d'aborder les choses. Pour sa discrétion, son respect de l'autre. Elle n'était pas du genre curieuse, à vouloir tout savoir ni à être prête à tout pour découvrir des réponses. «Ouais, tu n'as pas tort», lui répondit-il, doucement. Axten s'était fait aux questions, aux réponses qu'il devait donner. Il s'était préparé à devoir rendre des comptes à ses proches, il avait prit le temps dont il avait eu besoin avant de retourner vers ceux-ci pour s'expliquer. «Charlize va bien, ses pâtisseries roulent, Romy grandit à vue d'oeil et elle ne cesse de nous surprendre.» Elle s'ouvrait tel les pétales d'une fleur au printemps, alors que lui s'éteignait doucement, un soir sombre et froid d'automne. «Je voudrais te dire que je vais bien, Sun', mais ce serait te mentir.» Un soupire accompagna ses mots. L'homme fronça les sourcils, se concentrant sur les mots qu'ils choisiraient pour lui annoncer. «J'dois encore me battre, Sunny», dit-il lentement, laissant échapper un rire teinté de sarcasme. «Je suis malade» finit Axten, simplement. Les lèvres closes, le regard braqué sur l'image des deux enfants qui jouaient ensemble, Axten ne bougeait pas, attendant la réaction de son amie.

Tu avais eu un grand sourire en l'entendant dire que le monde ne serait pas pareil sans Iris ou sans toi. C'était une preuve d'amour pour toi, tu savais ce que tu représentais pour lui et lui avait aussi l'idée de ce qu'il était pour toi. Avec les années vous aviez finis par forger une grande amitié, tu t'étais battu pour lui, pour qu'il puisse marcher à nouveau et ça, ça avait fait la différence. Peut-être que sans toi, il n'en serait pas là aujourd'hui, mais sans lui, tu ne le serais pas non plus. Il avait été ton premier patient vraiment difficile, celui qui t'avait remis en question, qui t'avait poussé à tout laisser tomber parce que tu avais eu le sentiment d'être bonne à rien. Celui qui t'avait obligé à te dépasser pour lui venir en aide en rusant. Il t'avait permis d'être une meilleure professionnelle. « Oui, je connais ça ! » A mesure qu'Iris grandissait, tu te sentais fière d'être sa mère. Elle était toujours plus drôle, toujours plus surprenante et son âme d'enfant la rendait tellement adorable. Pour elle le mal n'existait pas, pour elle il n'y avait pas de méchants, de préjugés. Elle était tellement candide qu'elle remettait parfois en doute tes actions et tes choix. Elle n'avait que quatre ans et parfois tu avais l'impression qu'elle faisait bien plus. La conversation venait de prendre un nouveau tournant. Ton sourire s'effaçait à mesure que tu l'entendais parler. Il n'allait pas bien. Tu avais l'impression que le monde allait s'écrouler autour de toi. Tu n'avais pas de famille en Australie, tu n'en avais jamais eu parce que tu avais toujours tout fait pour fuir la tienne. Axten était ta famille, il était comme ton frère, il prenait ta défense et te venait toujours en aide quand ça n'allait pas, prêt à te garder Iris pour te dépanner quand tu n'avais pas de nounou. Tu avais toujours pu compter sur lui alors tu ne pensais pas devoir vivre dans un monde où il ne serait plus là. « Axten.. » Tu avais les larmes qui te montaient aux yeux et à mesure que tu t'imaginais le pire, tu ne pu t'empêcher de jeter un regard vers les filles. Leurs rires étaient si présents, si beaux. Tu pensais à Iris, à Romy et surtout à Charlize. Mais la façon dont il le disait, te brisait le cœur. Comme s'il était résigné à se battre. Comme s'il n'avait pas d'autre choix que d'accepter la maladie et son sort. Ce qui te paraissait vraiment impensable. Pas après l'accident qu'il avait eu. Il n'avait pas renoncé à se battre. « Une maladie incurable ou difficilement soignable ? » demandais-tu à voix basse parce que tu avais peur que quelqu'un d'autre que lui puisse entendre. Peut-être que Romy était encore jeune pour comprendre, mais Iris elle, elle le pouvait. Tu ne voulais pas que ça vienne gâcher le beau sourire qu'elle avait sur le visage et lorsqu'elle t'appelait, tu faisais l'effort de sourire à ton tour. De te construire un masque, une façade parfaitement lisse pour qu'elle ne voit pas la tristesse qui venait de gagner ton cœur.