Quand t'as l'désert à traverser, il y a rien à faire sauf d'avancer (Ciàwana)

Ces derniers temps, son monde s'écroulait. Même si l'arrivée de Maddie dans sa vie était un véritable souffle, tout s'était subitement enchaîné : revoir Leewana, affronter sa froideur (dans ses textos, parce qu'il était aussi une dramaqueen qui ne comprenait pas tout héhé), voir Ariane à Bowen, enceinte. De jumeaux. C'était de grosses charges sur ses épaules. Ciàn avait gardé la tête haute, masquant son désarroi, sa peur, ses craintes et ses doutes. Ajoutez à cela sa santé qui ne s'améliorait pas, la fatigue incessante et c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Alors, il avait fini la soirée dans les bars, ce qui était complètement stupide. Au lieu d'affronter les choses, au lieu de dire qu'il n'était pas aussi solide qu'il le pensait, au lieu de prendre soin de son cœur, il avait enchaîné les verres d'alcool fort, juste pour annihiler les pensées incessantes, juste pour que son cerveau se mette un instant sur pause. Quelques heures, juste quelques heures de répit. C'était tout ce qu'il demandait. Mais Ciàn qui buvait de l'alcool, c'était rare et quand le barman lui refusa le dernier verre, il commença à sortir les crocs, se faisant insistant. Il était donc évident qu'il allait finir sa soirée, là, dans la rue, après avoir été poliment mis dehors. « Pauvre con ! » avait-il lâché, sans même se dire qu'à cet instant, c'était lui le pauvre con ! Alors, il marcha, encore et encore, sans fin, croisant des groupes de jeunes qui terminaient leurs virées au bar pour rejoindre la boîte de nuit. La nuit était bien entamée et la fraîcheur se faisait ressentir. Ciàn respira longuement, les yeux fermés, l'équilibre un peu branlant. Quand il ouvrit les yeux, il vit une silhouette familière devant lui, une silhouette qui l'observait, l'air circonspect. « Heeeeeeeey Leeeeeeeeee ! » lâcha-t-il avec une joie outrancière. Il releva les yeux vers l'établissement devant lequel il se trouvait et constata qu'il était devant le Wojna's. Là où elle travaillait, là où elle finissait probablement son service. « Il faut croire que tous les chemins mènent au Wojna's... » rit-il bêtement. « Tu vas bieeeeen ? » Il s'éclaircit la voix, tout sourire, tentant de laisser croire qu'il était dans un état normal, parfaitement normal.« Tu es toute en beauté. » ajouta-t-il, voulant faire un compliment, comme si cela allait masquer son ivresse. Que c'était bête, un homme ivre...  

Il fallait croire qu'ils étaient destinés à se rencontrer par hasard, Leewana et Ciàn. En même temps, il fallait avouer qu'ils avaient du mal, beaucoup de mal à communiquer en-dehors de ces rencontres au hasard. Il marchait à tâtons, Ciàn, avec elle. Il avait la terrible impression d'empiéter sur son territoire, de l'embêter plus qu'autre chose. Mais ce soir, tout cela était loin, bien loin. Si elle affichait une moue dubitative, lui, en revanche, adressait un sourire à s'en décrocher la mâchoire. Il hocha vigoureusement de la tête quand elle parla de Rome, rebondissant comme si c'était le sujet du siècle : « Ouaiiiiis, mais les glaces, elles sont meilleures à Rome ! » Ne cherchez même pas à savoir ce qu'il se passait dans le cerveau de Ciàn pour parler de glaces à cette heure-là ! Il sourit de plus belle quand elle lui dit aller bien, en profitant pour lâcher un petit commentaire sur son attitude : « Aussi léger qu'un nuage ! » Il rit joyeusement, l'observant attentivement avant de la complimenter sur son apparence. Leewana, elle était toujours belle. La beauté en toute simplicité. Il montra derrière lui, comme s'il voulait parler de l'établissement où il était, alors qu'il se trouvait déjà à deux rues d'ici : « Oh j'avais besoin de me changer les idées ! Alors, je suis parti boire un verre ou deux, là-bas... » C'était plus qu'un verre ou deux, là. Et c'était cela qui était inquiétant. Jamais, ô grand jamais, Ciàn ne se laissait aller de la sorte. Même quand il était plus jeune, qu'il découvrait les premiers effluves de l'alcool et de l'amour avec Leewana. Il était toujours resté droit, sans trop d'excès. Et sa carrière de tennisman l'avait ensuite obligé à mener un train de vie des plus sains. Alors oui ce n'était pas normal de le voir ainsi. « Tu comptes rentrer ? Ou tu as le temps pour un dernier verre ? » A cet instant, cela lui semblait la meilleure idée possible. « C'est nul de se croiser comme on le fait. » se permit-il d'ajouter, en secouant encore la tête pour approuver ses mots.

Encore une fois, c’est sans crier gare que Ciàn se retrouve devant moi, venant troubler la quiétude de la nuit et du moment. Cette fois, je ne suis pas aussi surprise que la première, sachant qu’il habite cette ville tout comme moi, puis c’est sans compter que maintenant il fait partie de la vie de notre enfant. Qu’il apprend peu à peu son rôle de père et qu’il prend sa place dans la vie de Maddie. Je suis heureuse pour elle, même si j’ai peur que maintenant son amour se divise en deux et de ne plus être son repère. Je suis légèrement jalouse de l’attention qu’il obtient de la part de notre progéniture, mais je ne lui en veux pas, j’ai eu vingt ans à l’avoir pour moi seule et ça… Jamais il ne pourra les récupérer ces vingt ans. Toutefois, je me suis fait à l’idée de le croiser de temps à autres, même si cette fois c’est dans un état auquel je suis loin d’être habituée de sa part. “Je n’ai jamais été à Rome je ne saurais dire.” Embarquant dans son délire, désignant le Wojna’s comme étant la Rome de Bowen. On y sert du Rhum ici, du coup c’est un peu pareil non ? Je ne peux m’empêcher de sourire en le voyant aussi joyeux et léger qu’en ce moment et j’hoche la tête alors qu’il confirme être aussi léger qu’un nuage, me rappelant bien évidemment l’épisode avec Rami quand il m’a fait fumer il y a quelque temps déjà. Sa phrase me rappelle aussi mon besoin de parfois perdre la tête et de changer mes idées. Sauf que je ne peux voir d’où il vient, même en me penchant pour voir derrière lui. Sauf que je ne voudrais pas le vexer, il a l’air tellement fier ! Donc je hoche la tête et fais semblant de voir d' où il parle, sans dire que je crois qu’il y a plus que deux trois verres derrière la cravate. “Oh oui, je vois un excellent bar, la boisson y est très forte aussi ! ” Je ris doucement, je range mon téléphone dans mon sac à main, me préparant pour retourner chez moi. Je ne sais pas si Maddie est à la maison ou si elle est encore sortie, mais maintenant elle me tient au courant, je m’inquiète moins. L’invitation, parce que je pense que s’en est une, qui vient me surprends et m’arrête dans mon élan. “Hé bien, j’ai le temps mais comme tu vois le Wojna’s est fermé, mais on peut aller s’acheter une bouteille si tu veux… ” Il a raison, on ne fait que se croiser, je ne sais pas ce qui me pousse a accepter de boire avec, mais je crois qu’on peut prendre le temps de se parler un peu non ? Autrement que par message ou de manière froide, je suis curieuse aussi de savoir comment ça va de son côté avec notre fille. On a pas vraiment parlé depuis. Je lui fais signe de me suivre, en espérant qu’il ne tombe pas par terre, il y a une superette non loin.

« Je t'y amènerai un jour. » dit-il avec un sourire songeur, se perdant un instant dans ces envies d'ailleurs qui avaient rythmé leur histoire. Il lui avait promis le monde. Il avait failli à sa promesse. Mais ce soir, il avait des envies de grandeur, l'alcool aidant. Il avait envie de croire que tout était possible, de s'échapper du quotidien et des barrières qui le retenaient, pieds et poings liés. Il avait envie de se sentir libre et vivant, pleinement vivant, le cœur battant et l'esprit léger. D'un geste de la main nonchalant, il montra le supposé bar d'où il venait, qui était déjà bien à quelques rues. Un bar où la boisson était très forte, disait Leewana. Ciàn se mit à rire légèrement et avoua : « Oui, un petit peu, je crois bien. » Il n'avait pas l'habitude de se laisser tant envoûté par les effluves de l'alcool - et sans doute demain il le regretterait – mais il avait ressenti ce besoin de mettre sa vie sur pause. Et il comptait bien grignoter encore quelques minutes... avec elle. Alors, il lui proposa un verre, un dernier verre. Mais l'heure n'était plus à la fête. Ciàn jeta un regard vers le Wojna's, grimaçant légèrement jusqu'à ce que Leewana apporte la solution sur un plateau. « Une bouteille dans une supérette, des gobelets en plastique... ça rappellera presque nos fêtes d'adolescents. » dit-il avec un sourire amusé. Mais ça lui allait. Alors, il lui emboîta le pas jusqu'à la fameuse supérette. Là, ils prirent leurs boissons et de quoi grignoter. La plage n'était qu'à deux pas. Aussi une fois qu'il eut tout réglé, il lui montra la grande plage de sable éclairée par cette pleine lune si brillante. Il retira ses chaussures déjà pleine de sable et s'installa à terre. Il uvrit le paquet de chips sur lequel ils avaient jeté leur dévolu et s'affaira à servir les deux verres. Il tendit le verre à Leewana, relevant son regard si sombre vers elle : « Faudra que ça reste entre nous, sinon on n'aura plus aucune crédibilité envers Maddie. » Un rire s'échappa de ses lèvres alors qu'il prit son verre en main qu'il leva légèrement pour trinquer avec elle. Puis, il but une gorgée de la boisson avant de demander : « Je suppose qu'elle t'a dit comment ça s'était passé pour elle et moi ? » Ils ne s'étaient pas revus, ni même parlés depuis que Maddie était venue le voir au domaine. Depuis, il s'en était passé des choses : la place qu'il laissait à Maddie dans sa vie, Ariane, la grossesse, l'article des Writers sur Lee et lui-même... Tant de choses. Trop de choses.

M’amener à Rome ? Ciàn, pourquoi il me dit ça maintenant alors qu’il y a longtemps que j’ai enfoui mes rêves et mes espérances. Pourquoi il m'amènerait à Rome alors que nous ne sommes plus un tout ? Nous sommes les parents de Maddie, mais c’est tout, il n’y a rien de plus, notre histoire s’est terminée il y a bien longtemps. Je me contente d’approuver d’un petit signe de tête, n’y croyant pas réellement, il a bu pas mal et il peut dire bien des choses, probablement que demain matin il ne se souviendra plus de rien. Ça me fait quand même sourire de le voir comme ça, aussi joyeux et léger, sans ce stress que nous avions eu lors de notre dernière rencontre. C’est encore aussi facile de se trouver près de lui, ça l’a toujours été, malgré nos échanges un peu plus houleux dernièrement. Je ris franchement à sa réponse, l’alcool n’était pas plus fort ailleurs, il devait juste en avoir pris beaucoup. “Ils auraient dû te prévenir, qu’elle idée aussi. Un verre ou deux et te voilà dans cet état ! ” Je secoue la tête légèrement et passe une main dans mes cheveux avant d’accepter la proposition de Ciàn, boire un verre, prendre le temps de le faire avec lui. “On est pas si vieux que ça encore, on pourrait encore faire la fête ! Allez, viens !” Nous n’avons pas long à marcher pour trouver la supérette, quelques achats plus tard on se retrouve sur la plage et je retire mes chaussure, le sable est froid quand il s’insinue entre mes orteils mais c’est pas grave je m’installe aussi confortablement que possible et prend le verre que me tends Ciàn, plongeant mon regard dans le sien, comme je l’ai fait si souvent auparavant. “On a bien le droit de vivre un peu, elle n’a plus treize ans, c'est une adulte maintenant. ” Pour lui le rôle parental est encore récent, il n’a pas eu à traverser aucune étape dans le développement de notre fille, maintenant que je sais qu’il a tenté de nous retrouver ça me brise le coeur qu’il n’ai pas eu la chance de le vivre. Je trinque avec lui et prends une gorgée avant de hocher la tête. “Elle m’a dit que ça c’était bien passé, je suis contente pour vous deux que vous ayez cette chance d’apprendre à vous connaître. ” Je prends une autre gorgée avant de pencher ma tête un peu sur le côté, l’observant avec un petit sourire. “Tu sais, la dernière fois je n’ai pas pensé à te le dire, mais… ” Je prends une autre gorgée et m’approche pour prendre sa main dans la mienne. “Merci, en m’offrant Maddie tu m’as donné le plus beau cadeau du monde. Je sais que ça été difficile pour toi, pour nous… Sauf que Maddie reste la plus belle expérience de ma vie et c’est grâce à toi que je l’ai eu. ” Je fais un petit sourire avant de baisser la tête, prenant une grande inspiration, de cette manière j’espère qu’il comprendra que je ne lui en veux pas. “Venir ici n’aura pas été une mauvaise chose pour elle, elle complète sa photo de famille maintenant. ”

Etrangement, pour Ciàn, parler de Rome, de voyages et d'envies d'ailleurs n'étaient pas loufoque, dans sa tête. Oui, ils n'étaient plus rien pour l'un et l'autre – de ce qu'ils voulaient croire – mais Leewana connaissait Ciàn mieux que quiconque. Elle devait se souvenir de ces moments hors du temps où le jeune Australien mettait le contrôle de côté, sa vie si carrée, son quotidien si strict, pour se laisser aller vers ses véritables envies. Pendant ses jeunes années, il avait quelque fois séché les cours ou fait le mur à l'internat, juste pour se retrouver devant la fenêtre de Leewana, paquets de chips et sodas en main, pour une soirée à refaire le monde. Maintenant, il était adulte, les lâchers-prise pouvaient dépasser les frontières, maintenant. Et pourtant, ils préféraient retrouver un goût de déjà-vu, avec cette proposition de soirée sur la plage, le dernier verre qui leur permettrait de s'octroyer un peu de temps en commun. « On n'est plus si jeunes, non plus. » s'amusa-t-il à dire, néanmoins. Mais oui, ils avaient encore la possibilité de faire la fête, de mettre de côté leurs soucis pendant quelques minutes précieuses. Une fois les provisions achetées, ils prirent rapidement place sur la plage. Ciàn tenta le trait d'humour en parlant de Maddie, du secret de cette fin de soirée entre eux. Il esquissa un sourire en coin à la réflexion de la jolie brune, répondant avec bien plus de sérieux : « C'est étrange de me dire que je suis père d'une adulte. Je pense qu'il me faudra un temps d'adaptation. » Il ne savait pas comment agir, quelle posture adopter. Il ne se sentait pas crédible en tant que père. Il ne se voyait pas comme une figure d'autorité, ni comme un bon ami et il allait devoir gagner en légitimité avant d'être une figure de soutien pour elle. Ils avaient beaucoup de chemin à parcourir. Mais au moins, elle lui laissait une place. « Je suis surtout content qu'elle ait accepté de me donner une chance. » Aurait-il pu rester à Bowen en sachant que sa fille était là, tout près, mais qu'elle refusait de le voir ? Sûrement pas. Il but une gorgée de son verre, songeur, relevant ses yeux noirs quand Leewana reprit la parole. Sa main dans la sienne, qu'il serra doucement, il l'écouta attentivement, ses lèvres s'étirant en un sourire. « Je n'ai pas fait grand chose, tu sais. » dit-il d'abord. Il fallait remercier ce préservatif oublié ! Mais ces mots, malgré tout, avaient une autre saveur. Il ne sentait pas de rancoeur venant de Leewana et c'était quelque chose qui apaisait ses nombreux remords. « J'aurai aimé faire plus, bien plus. » murmura-t-il, avec sérieux. Mais cela, elle le savait déjà. « Mais je suis heureux qu'il y ait quelque chose qui reste de nous. » continua-t-il, parlant peut-être trop avec le cœur. Alors Ciàn se ressaisit. « Je suis heureux de voir la jeune femme formidable que tu as élevé, Leewana. Je te reconnais en elle. » C'était à Leewana qu'ils devaient tout. Il hocha la tête à sa dernière phrase, sur cette photo de famille complétée. Oui, Maddie avait peut-être gagné. Ciàn aussi. Et Leewana ? « Et pour toi, ça a été une bonne chose de venir ici ? »

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Ça semble si facile pour lui en ce moment de parler comme si de rien était, de parler de voyage, il a la facilité de le faire et il a passé tellement de temps à voyager pour sa carrière que pour lui c’est un pet de voyager. Je n’ai jamais eu l’argent de le faire, je n’ai jamais eu la chance non plus de sortir du pays, j’avais d’autres obligations et même si aujourd’hui je gagne mieux ma vie, il reste que je n’ai pas le moyen de faire des folies et je dois toujours compter pour arriver à la fin du mois. Maddie travaille maintenant, c’est déjà un peu plus facile, mais ça reste en moi, je ne peux pas dépenser pour n’importe quoi et encore moins les voyages. Pourtant, j’ai envie de voyager, j’ai envie de croire qu’il a vraiment l’intention de m'amener à parcourir le monde comme il me l’a promis avant que tout se brise entre nous. Nous ne sommes plus si jeunes, mais nous ne sommes pas encore si vieux non ? Notre vie ne s’achève pas ainsi encore, il me semble que nous avons encore tant à vivre, bien souvent j’ai du mal à me dire que je suis pleinement une adultes, je vois bien mon visage qui change et qui vieillit, mais j’ai encore parfois cette impression d’être une adolescente en pleine ébullition. C’est encore amplifié en ce moment pendant que je fais les courses avec lui, qui me rappelle tant de souvenirs. Je le revois encore à ma fenêtre avec tout ce qu’il fallait. Assise dans le sable à boire au son des vagues, seulement éclairée par la lune, j’ai l’impression de rêver un peu, comme si ce moment n’était pas réel. “Je veux bien le croire, j’ai encore du mal à le réaliser et pourtant je l’ai vu grandir… Pour moi, elle est encore cette mignonne petite gamine douce et si curieuse… ” Ma petite fille, mon petit bébé qui est maintenant une femme, qui souhaite voler de ses propres ailes, combien de temps l’aurais-je encore juste à moi ? En fait, elle est de moins en moins à moi, je dois apprendre à la partager, elle a un père maintenant aussi… “Il nous en faut tous un, on doit tous s’adapter à cette nouvelle situation.” Lui présent, Maddie adulte et possiblement amoureuse, est-ce moi qui perds quelque chose en ce moment ? L’attention que Maddie avait pour moi doit maintenant se diviser. Puis, je prends la parole doucement, le remerciant pour m’avoir fait cadeau de notre fille, tout en lui serrant la main. Ça fait étrange de tenir sa main comme ça à nouveau, mais ce n’est pas désagréable. Puis je bois un peu de vin avant d’aller appuyer ma tête contre son épaule. “Je sais, maintenant je sais que tu aurais voulu que les choses se passent différemment. Elle me ressemble beaucoup oui, mais il y a beaucoup de toi en elle aussi.” Répondis-je pensivement tout en continuant de siroter le contenu de mon verre. Toujours bien loin de l’état alcoolisé de Ciàn. Je relève la tête de son épaule pour le regarder dans les yeux, je pince les lèvres en réfléchissant à ce que ma vie est depuis que je suis ici. Je remplis mon verre de nouveau avant de hocher la tête. “Oui, j’ai l’impression que j’ai trouvé une certaine stabilité ici. Je me suis même fait quelques amis depuis que je suis en ville. Comme si tout était possible ici… ” Avant son arrivée en ville, je n’avais plus rien du passé qui me revenait, je n’avais plus de jugements comme j’en avais eu par le passé, Maddie s’est fait sa place aussi, vivant comme il se doit la vie de jeune adulte. J’ai même rencontré Theo ici. “Tu crois que la vie aurait ressemblé à quoi si tout ne s’était pas terminé comme c’est arrivé ? ” Est-ce qu’on serait encore ensemble ? Est-ce qu’on aurait continuer de s’aimer au travers des années et des épreuves ? Je laisse sa main, mes doigts allant se poser sur son visage que je connaissais par coeur autrefois. “Tu crois qu’il est possible d’aimer une seule personne toute notre vie ?”