Trying to feel what you felt for years

Frankie & Cooper

Voilà plusieurs jours que le policier n’avait presque pas fermé l'œil de la nuit. Depuis que Frankie était réapparu sur le pas de sa porte, à l’improviste, il n’avait fait que ruminer. Cet échange repassait en boucle dans son esprit, sans qu’il arrive à penser à autre chose. Il s’était mis en mode pilote automatique, s’occupant des enfants tout en essayant de ne rien laisser transparaître. Les enfants avaient beau être encore très jeunes, ils devaient se douter que leur père n’était pas dans le meilleur des états. Maya était devenue encore plus câline avec lui et Henry essayait sans cesse de capter son attention. Il prenait conscience qu’il allait devoir faire quelque chose avant que ça ne les impacte trop. C’est des éponges les enfants, en continuant comme ça, il allait juste empirer la situation. Puis, il ne pouvait pas faire l’autruche Cooper, ce n’est pas son genre. Il ne pouvait pas se résoudre à passer à autre chose et à continuer sa vie comme si de rien était en sachant Frankie en ville. Alors un matin, il s’était enfin décidé. Après avoir déposé les enfants à l’école, le père de famille s’était dirigé vers l’hôtel qu’avait mentionné Frankie lors de leur rencontre quelques jours plus tôt. Le courage, il l’avait, mais il redoutait un peu qu’elle ne soit pas là. Il se contenta de demander à la réceptionniste s’il était possible de la contacter avant d’attendre dans le hall. Les minutes qui s’écoulèrent semblaient durer des heures alors qu’il faisait les 400 pas, pas encore sûr de ce qu’il allait lui dire en la voyant.

Les retrouvailles avec Cooper avaient été comme tu l’avais imaginé même si secrètement tu espérais que ça se passe mieux. Mais non, il avait eu ce regard dur que tu avais imaginé, cet air détaché qui te brisait le coeur. Mais il avait tous les droits d’être comme ça, et de ne pas t’accueillir à bras ouvert de nouveau. Tu savais que ça allait être le cas. Le lendemain, tu avais vu Will, son petit frère. Qui, étrangement, t’avais accueillis avec le plus réconfortant des câlins. Et ça t’avais fait un bien fou. Aujourd’hui, tu étais entrain de tourner en rond dans la chambre de ton hôtel, tu voulais aller revoir ton mari mais tu ne pouvais pas débarquer comme ça. Et bizarrement, tu recevais un coup de téléphone de la réception, un appel d’Olive, à l’accueil, celle qui t’avais récupérer en larmes quand tu étais rentré de ton entrevue avec ton mari. Il était là, il était venu, il t’attendait. Alors ni une, ni deux, tu prenais la carte de ta chambre pour sortir de cette dernière et le retrouver dans le hall. En sortant de l’ascenseur, tu le cherchais du regard et rapidement tu le voyais entrain de faire les 100 pas. « Salut » dis-tu simplement en tapotant son épaule alors que tu étais arrivée dos à lui. Un léger sourire s’esquissait sur ton visage, heureuse de le voir. Mais aussi qu’il ait fait le chemin jusque là. Tu ne savais pas ce qu’il voulait mais qu’importe, au moins il était là.

Frankie & Cooper

Ça ne faisait que cogiter dans sa tête depuis plusieurs jours et se retrouver là, dans le hall de l’hôtel, ça ne l’aidait pas vraiment à tout mettre au clair dans sa tête. Il tournait en rond, attendant patiemment l’arrivée de Frankie, jouant avec l’alliance qu’il avait toujours au doigt. Sans savoir ce qu’il allait lui dire, il espérait simplement mieux contenir la colère qui semblait si facilement le contrôler en présence de sa femme. Une main tapota soudainement son épaule, alors il sursauta presque en entendant sa voix. Cooper se retournait vers sa femme, le regard complètement perdu. “Salut” Murmura-t-il, incapable de savoir comment réagir face à elle. Il restait silencieux quelques secondes, le regard posé sur elle, légèrement subjugué par cette femme qui avait su faire chavirer son cœur dès le premier regard. Il ne s’était pas permis de le faire lors de leur rencontre précédente, il ne devrait pas se permettre de le faire là non plus, mais la vérité, c’était qu’il se retrouvait à la trouver encore plus belle qu’avant. Comme si l’éloignement n’avait fait qu’amplifier le manque qu’elle avait créé en lui et qu’elle faisait à nouveau chavirer son cœur. “Hum… Je... On peut parler ?” Demanda-t-il en se raclant la gorge. Trouver de la contenance sans se faire prendre par ses émotions, c’est ce qui allait être le plus compliqué maintenant qu’il avait laissé redescendre la pression. “En privé, je veux dire.” Ajouta-t-il en regardant autour de lui furtivement. Les sujets qu’il voulait évoquer ne se discutaient pas au beau milieu d’un hall d’hôtel après tout.

Quand Olive avait appelé ta chambre pour te dire que quelqu’un t’attendait en bas, ton coeur loupait un battement. Il était là. C’était le plus important. Même si vous risquiez de vous engueuler, de pas dire forcément des belles choses, au moins, tu pouvais le voir et c’était lui qui avait décidé. Alors tu étais rapidement descendu de ta chambre, pour pouvoir le voir. Quand ut passais la porte de l’ascenseur et que tu le voyais, tu t’attardais quelques secondes à le regarder faire les 100 pas. Puis tu t’étais avancée vers lui, tapotant sur son épaule pour lui dire que tu étais là. Un léger sourire discret sur les lèvres, heureuse de le voir, tu le voyais te détailler comme il ne l’avait pas fait depuis longtemps. Ces secondes de silence étaient interminables mais vous vous regardiez tous les deux, et tu te rendais compte à quel point tu étais encore amoureuse de cet homme depuis toutes ces années. Il n’avait pas changé depuis ton départ, et tu le trouvais de plus en plus beau, de plus en plus charmant. « Bien sûr » dis-tu simplement quand il te demandait si vous pouviez parler tous les deux. Il voulait parler en privé, et oui c’était peut-être mieux de parler de vos problèmes en privé plutôt que dans le hall de l’hôtel. « On peut aller au bar de l’hôtel ou sinon dans ma chambre, c’est comme tu veux » proposas-tu au jeune homme en lui indiquant le bar qui n’était pas très loin. Tu voulais lui faire comprendre que tu étais prête à tout, que tu lui laissais le choix.

Frankie & Cooper

Avoir Frankie face à lui, forcément que ça le perturbait, Cooper. Il n’en avait plus eu l’occasion pendant un certain temps et, franchement, il pensait ne plus en avoir l’occasion du tout. Il avait fini par faire une croix sur son mariage ou du moins sur l’idée de la revoir un jour. Tout se chamboulait donc dans sa tête, alors qu’il restait silencieux face à elle. Il en oubliait presque la raison de sa venue. Ce n’était pas juste pour la voir, pour se convaincre qu’elle était vraiment de retour. Non, c’était bien pour parler et de préférence loin des regards indiscrets. Du regard, il suivait le doigt de Frankie qui proposait le bar de l'hôtel. Il hocha négativement la tête, pas certain de vouloir se mettre en public si une dispute éclate. “Dans ta chambre, plutôt, si ça ne te dérange pas.” Finit-il par dire en se tournant à nouveau vers elle. Cooper était bien plus calme que les jours précédents. À tout moment, il pourrait remonter dans les tours, mais pour le moment, il réussissait à avoir son tempérament naturel. Il était simplement plus silencieux qu’à l’habitude, laissant Frankie le guider jusqu’à l'ascenseur, puis jusqu’à sa chambre. Malgré la cordialité du moment, l’ambiance était bien lourde, chargée de non-dit et d’une gêne presque palpable. Et puis quelques secondes avant d’entrer, il se gratta nerveusement la nuque. “Je ne sais pas si c’était une bonne chose de venir.” Murmura-t-il, sachant pertinemment que Frankie entendrait ses paroles dans le silence de plomb qu’il y avait dans le couloir. Il était presque comme paralysé, incapable de se souvenir pourquoi il était là. “Je… Je peux repasser si…” Clairement, ça ne lui ressemblait pas d’être troublé de la sorte. La situation était surréaliste et l’empêchait de réfléchir correctement.

Tu ne t’y attendais pas aujourd’hui, de voir Cooper ici, ça te faisait tout drôle. Mais tu étais heureuse. Il faisait le pas suivant, celui qui menait vers d’autres retrouvailles. Peut-être plus joyeuses ? Non, surement pas mais au moins c’était un pas en plus. Tu lui montrais le bar pour savoir s’il voulait aller là-bas ou bien s’il préférait aller dans ta chambre pour que vous soyez seuls. Il préférait la chambre et c’était bien mieux. « Alors allons-y » dis-tu en lui montrant le chemin vers l’ascenseur. Le trajet jusque’à la chambre se faisait dans le calme le plus complet, le plus grand des silences. Et quand tu mettais ta carte pour ouvrir la porte, tu sentais qu’il avait peut-être finalement plus envie de te suivre. « Tu ne me déranges pas, tu sais » dis-tu en te tournant finalement vers lui, tes yeux noisettes dans les siens. Puis tu ouvrais la porte, en laissant place à ta chambre un peu bordélique puisque tu n’étais là que depuis quelques jours et tu cherchais tes repères encore. « Restes, s’il te plait » soufflas-tu en entrant la première dans la chambre avant de te retourner vers lui. C’est comme si tu le suppliais de rentrer dans la chambre avec toi. Tu ramassais tes affaires pour les cacher dans ta valise et glisser cette dernière dans le lit. « C’est un peu le bordel mais je te jure que tu ne me déranges pas » soufflas-tu simplement en arrangeant rapidement la pièce. Tu voulais que tout soit parfait pour ton mari, tu voulais qu’il se sente à l’aise surtout.

Frankie & Cooper

La réalité du moment était bien frappante pour le policier. Il se retrouvait face à cette femme qu’il avait tant aimée, mais aussi celle qui l’avait brisé en mille morceaux. Ce n’est pas le Cooper sûr de lui, sûr de ses valeurs ou sûr de ses paroles qui la suivait dans cet ascenseur, mais bien un Cooper perdu comme pas possible. Il n’avait aucune idée de ce qu’il allait pouvoir lui dire ou lui demander, tout ce qu’il savait, c’est qu’il se trouvait à présent devant la porte de sa chambre d'hôtel. Ça le fit douter un instant, encore plus quand elle l’implora presque de rester. Si les larmes de Frankie l'avaient énervé quelques jours plus tôt, il sentait en lui quelque chose de différent cette fois-ci Cooper. Il sentait bien qu’il ne pourrait pas bloquer son côté empathique. C’est bien ça qui lui faisait peur au moment d’entrer dans cette chambre, parce qu’il n’y a pas de possibilité de revenir en arrière après. Il s’exposait à Frankie, lui donnant la possibilité de le blesser à nouveau. Bien trop fébrile, il n’aurait pas la force de se protéger comme il devrait le faire, et ça, il en avait parfaitement conscience. Silencieux face aux paroles de Frankie, il se décida tout de même à rentrer. Son regard se posait un peu où il pouvait, fuyant Frankie. Finalement, il alla se placer face à une fenêtre pour observer l’extérieur. “J'sais pas trop pourquoi je suis venu en fait...” Dit-il en se grattant nerveusement la nuque. Il brisait enfin le silence qu’il avait lui-même laissé s’instaurer, ajoutant encore plus de tension à cette pièce. Il soupira avant de se tourner vers Frankie. “Je crois que je suis prêt à écouter tes explications.” Son ton n’avait pas plus de joie que la dernière fois, son visage n’était pas plus souriant non plus, mais au moins il était calme. Il n’y avait pas d’animosité dans sa voix, seulement un semblant de détermination.

Il n’avait pas l’air sur. Pas l’air sur de vouloir rester avec toi, ici, pas l’air sur de vouloir te parler. Mais tu avais initié la chose, tu l’avais un peu presque supplier de rester. Vous aviez besoin de parler, vous aviez besoin de communiquer et de parler de vos problèmes et surtout de ton départ. Ce que tu as ressenti mais aussi ce que lui a vécu. Parce qu’en partant, tu ne t’étais pas trop posé la question, t’avais un peu fait l’égoïste. Il était entré dans la chambre Cooper, se plaçant devant la fenêtre en regardant l’horizon pendant que tu t’étais assise en tailleur sur le lit. Tu jouais avec tes doigts, nerveusement, t’avais l’impression d’être une enfant. Une enfant ou une ado devant le garçon dont elle est amoureuse, celui qui fait chavirer son coeur mais qu’elle ose pas faire le premier pas. C’est lui qui brisait le silence. Cooper se retournait vers toi, pour te dire qu’il était prêt à écouter tes explications. Il était plus calme que la dernière fois, pas non plus enchanté d’être avec toi mais plus tranquille, moins de colère dans son regard. Tu prenais une grande inspiration avant de commencer. « Déjà, je veux pas que tu crois que j’suis partie parce que je ne vous aime pas, bien au contraire, je suis partie parce que je vous aime trop » dis-tu pour commencer. C’était peut-être pas ce qu’il voulait entendre mais au moins tu étais transparente et tu lui disais la vérité. « Quand Maya est née, j’ai commencé à avoir des idées noires, à penser que je n’étais pas une bonne mère, que je n’allais jamais y arriver, que j’allais faire plus de mal à mes enfants que du bien » soufflas-tu en baissant les yeux vers tes doigts avec lesquels tu jouais encore. Tu n’osais pas lever les yeux vers ton mari, tu te disais qu’il était entrain de te juger, de penser que tu avais fais ça par simple peur. « J’ai voulu me faire du mal un jour, j’ai voulu en finir. Mais j’ai regardé Henry qui était à côté de moi et j’me suis dis que c’était vraiment horrible. Alors je sais que fuir n’était peut-être pas la meilleure des solutions, mais j’me sentais tellement mal que c’est la seule idée que j’ai eu » finis-tu par dire, levant finalement les yeux vers le policier.

Frankie & Cooper

C’était perturbant de se retrouver là, tous les deux dans une chambre d'hôtel. À la fois complètement impersonnel et surréaliste. Il avait eu le temps de repenser à la situation, Cooper, mais il était tout aussi perdu qu’il y a quelques jours. Heureusement pour eux deux, il était bien plus calme, prêt à écouter les explications de sa femme. Silencieux dans son coin de la pièce, il tentait de jauger les réactions de Frankie. Fut un temps, il pensait sincèrement pouvoir la comprendre mieux que personne, aujourd’hui, c’est comme s’il était face à une inconnue. Toutes les certitudes qu’il avait sur leur relation s'étaient effondrées un peu plus chaque jour où elle n’était pas là. Alors il l’écoutait sagement, bras croisés contre son torse. Les mots de Frankie, ils l’anéantissaient encore un peu plus, comme un coup de massue qu’il recevait en pleine tête. Si elle avait eu la force de le regarder à cet instant, elle aurait vu toute la tristesse qui s’emparait de lui, mais avant qu’elle ne finisse, il s’était de nouveau tourné vers la fenêtre, incapable de se montrer vulnérable devant elle. Ça lui brisait le cœur de savoir qu’elle n’avait pas su lui parler de tout ça, que son seul recours avait été la fuite au lieu de se confier en lui. Il ressassait encore ses mots d’il y a quelques jours. Jamais il ne l’aurait pris pour une folle si elle lui en avait parlé sur le moment… Jamais. Et qu’elle ait pu penser ça, c’était comme un coup de poignard qu’il recevait en plein cœur. “Et maintenant ?” Souffla-t-il, finalement. “Si t’es revenu, c’est que ça va mieux j’imagine.” Là, il n’avait pas la force de lui dire tout ce qu’il avait sur le cœur. Il préférait se concentrer sur les faits et surtout savoir dans quel état d’esprit elle était si un jour, il venait à la laisser reprendre contact avec les enfants. “T’es revenu, je ne veux pas priver les enfants de leur mère. Mais tu comprends bien que je ne peux pas te laisser rentrer à nouveau dans leur vie s’il reste encore la moindre chance que tu les abandonnes de nouveau, n'est-ce pas ?” Dit-il en se retournant vers elle une nouvelle fois. Le policer posait son regard perçant sur sa femme, comme s’il était en plein interrogatoire.

Parler à coeur ouvert de tes sentiments à Cooper, c’était difficile. Tu aurai pu en parler plus tôt, il est tellement adorable qu’il aurait pu t’aider et être là pour toi mais tu ne voulais pas être un fardeau pour lui. Ça avait été trop compliqué pour toi de lui en parler, de dire quoi que ce soit sur ton mal-être. Alors même quand tu en parlais maintenant, tu n’étais pas à l’aise, tu jouais nerveusement avec tes doigts, assise en tailleur sur le lit. Pendant toute ta fuite, tu n’avais pas vu de psy, t’avais essayé de gérer ta peine toute seule mais tu te disais que c’était peut-être le moment. Alors tu en avais cherché un, pour aller mieux, pour parler à quelqu’un d’inconnu. Quand il te demandait si maintenant ça allait mieux, tu levais les yeux vers lui. « Mieux, je sais pas, mais je sais que je ne pouvais plus rester aussi loin de vous » dis-tu simplement en te mordant les lèvres. Tu savais que ça passerai surement pas mais tu étais transparente. « J’ai envie d’aller mieux, de revenir dans votre vie même si ça sera pas si facile, je le sais. Mais je compte me faire aider, Coop, j’te promets » ajoutas-tu en continuant de jouer avec tes doigts, toujours le regard sur ton homme. Il semblait insensible, tu voyais bien qu’il était entrain de tout bloquer pour ne rien faire transparaître. Il était fort pour ça, tu le savais. Quand il te disait qu’il ne pouvait pas te laisser entrer dans la vie des enfants alors que tu pouvais disparaître de nouveau, tu te levais et tu t’avançais vers lui. La distance entre vous était infime. Tu plantais ton regard dans le sien, et tu le suppliais du regard. « Je comprends, je veux juste tout faire pour aller mieux, pour m’excuser, pour être une mère digne pour Henry et Maya mais aussi… pour être une épouse exemplaire envers toi… » soufflas-tu en ne quittant pas son regard des yeux. Tu ne savais pas si tu avais droit à une deuxième chance avec lui, mais tu en crevais d’envie. T’étais toujours amoureuse de Cooper, même folle dingue de lui. Mais ce n’était peut-être pas son cas et dans ces conditions-là, ça te briserait le coeur.

Frankie & Cooper

Cooper ne pouvait pas vraiment se mettre à la place de Frankie. Il découvrait seulement maintenant le mal-être de sa femme. Même s’il se doutait que quelque chose comme ça était à l’origine de son départ, il n’avait pu faire que des suppositions Cooper. Il fut surpris de l’entendre dire qu’elle n’avait pas réussi à tout régler. Elle était rentrée, sans avoir vaincu ses troubles, et si en soit, Cooper pouvait le comprendre, ça soulevait en lui d’autres questions. “T’as fait quoi pendant tout ce temps alors ?” Ce n’était pas un ton agressif qu’il employait, il cherchait juste à comprendre. Est ce que ça avait vraiment servi à quelque chose qu’elle les abandonne ? Il avait besoin de savoir, même si la réponse lui ferait sûrement du mal. Elle disait vouloir revenir dans leurs vies, mais du coup, il avait besoin de se rassurer et de savoir qu’elle n’était pas partie pour rien. Quand elle se leva pour s’approcher de lui, le premier réflexe de Cooper fut de faire un pas en arrière. Bloqué près de la fenêtre, il ne put même pas faire un pas avant de sentir le mur derrière lui. Il était si peu à l’aise dans cette situation qui se retrouvait comme un animal sans défense, coincé dans un coin d’une pièce.Il baissa les yeux assez vite, pour ne pas croiser le regard de Frankie. Tout dans son langage corporel indiquait une lutte interne. “Il faut que tu te focalises sur toi Frankie. Les enfants ont besoin de toi, mais pas si tu n'es pas encore remise.” Souffla-t-il. Il s'enlevait totalement de l’équation. À ses yeux, leur mariage n’était pas le plus important à présent, il passait clairement derrière les deux petits êtres qu’il tentait de protéger au maximum. La clé du cœur de Cooper de toute façon, ce sont ses enfants. “Henry commence juste à arrêter de te demander après ses cauchemars, il aurait du mal à vivre une deuxième déception.” Ajouta-t-il pour qu’elle comprenne bien l’impact qu’elle avait eu sur eux. Sur eux tous, si Cooper parlait des enfants, lui aussi aurait du mal à vivre une nouvelle déception. La différence avec lui, c’est qu’il est adulte et qu’il peut encore construire des murs pour se protéger. “S’il faut t’aider pour que tu ailles mieux Frankie, je le ferai comme je peux. Pour eux.” Sur ces mots, il relevait les yeux vers elle. Il parlait de le faire pour les enfants, c’était bien évidemment sa motivation première, mais il omettait de dire qu’il serait bien incapable de tourner les talons et de la laisser comme ça. L’aider, ce n’était pas vraiment une option pour lui, il le ferait aujourd’hui, comme il l’aurait fait avant son départ.

C’est vrai ça, si t’allais pas mieux, qu’est-ce qu’il s’était passé pendant tout ce temps loin de ta famille ? « J’ai voyagé, j’ai mis mon cerveau sur off, j’ai… travaillé à droite et à gauche, j’me suis occupée l’esprit pour penser à autre chose » dis-tu en haussant les épaules. Tu te sentais comme une enfant qui se faisait gronder, qui n’avait pas vraiment de réponses aux questions qu’on lui posait. Pour toi, ce voyage avait été bénéfique, tu étais revenue ressourcée, tu étais beaucoup plus clair dans ta tête même si tu avais quand même quelques difficultés. Mais tu voulais revoir tes enfants, c’était le principal. Déjà, tu revoyais ton mari et ça c’était vraiment important. Quand tu te levais, tu voyais qu’il faisait un pas en arrière et ça te rendait folle de le voir faire ça. Alors tu te tournais, et tu reculais pour éloigner la distance entre vous vu que Cooper n’était pas à l’aise avec ça. « J’ai contacté une psy, j’suis déjà aller à un groupe de paroles, je fais tout pour me faire aider, j’te jure » dis-tu alors que tu étais dos à lui. Quand il te parlait d’Henry et ses cauchemars, ça te brisait un petit peu de le coeur, puisque tu étais tout le temps là, avant quand il avait un mauvais rêve et tu t’endormais même à côté de lui. « Je veux aller mieux, je vais tout faire pour aller mieux pour eux » dis-tu en te retournant finalement. Mais il n’y a pas que pour eux que tu voulais aller mieux. « Pour toi, aussi » soufflas-tu en baissant les yeux, fuyant le regard du brun. Tu avais bien compris que ce n’était pas la priorité pour lui, qu’il n’y avait que les enfants dans son coeur. Et il avait toutes les bonnes raisons. Mais tu voulais essayer, tenter, de voir si tu avais toujours ta place avec lui.

Frankie & Cooper

Le contrôle, une notion importante pour Cooper, pour le père qu’il était, pour l’homme en général. Il avait besoin d’avoir tous les détails d’une situation pour tout analyser. Sans ça, il ne se sentait pas en contrôle et donc, pas apte à gérer. C’était donc important pour lui de savoir ce que Frankie avait fait de cette année et demie d’absence. Il aurait préféré qu’elle lui dise qu’elle avait pris ce temps pour travailler sur elle, mais non, tout ce qu’il voyait, c’était une coupure nette avec eux. Forcément, il se sentait coupable qu’elle en soit arrivée à ce point. Qu’elle ait eu besoin de ne plus les voir pour arrêter de penser. Elle le rassurait un peu en disant avoir commencé une thérapie. “T’as pas besoin de m’le jurer Frankie, je te crois.” Dit-il calmement en prenant son visage entre ses mains. Avant tout, elle devait faire ça pour elle, pas pour lui, théoriquement, elle n’avait donc rien à lui prouver. Du moins, c’est ce qu’il pensait sur le moment, mais il aurait tout de même besoin de certitude avant de l’exposer aux enfants. “T’as pas à le faire pour moi, Frankie.” Dit-il en relevant le regard vers elle. “Tu dois le faire pour toi et pour eux, mais pas pour moi.” Encore une fois, il se sortait totalement de l’équation. Pas parce qu’il fermait totalement la porte à une réconciliation, mais par soucis de légitimité. “Tu n’as jamais eu à le faire pour moi et tu n’auras jamais à le faire. Ça me tue que tu penses ça.” Il n’avait pas l’impression de faire sens, tout se bousculant dans son cerveau, il perdait un peu le fil de ses attentes. “Je suis désolé que t’aies ressenti le besoin de t’éloigner, le fait que tu n'aies pas réussi à m’en parler, je pense que ça en dit long sur notre relation.” Souffla-t-il. Il n’y avait aucun reproche dans sa voix, juste de la tristesse. Il le sait, Cooper, qu’il peut être étouffant parfois avec son besoin de tout contrôler et son besoin de perfection. Malgré son amour débordant, il prenait conscience qu’il faisait partie du problème et ça lui faisait plus mal que ce qu’il aurait imaginé.

Ça te faisait du bien d’avoir tout dit à ton mari, tu te sentais plus libre. C’est peut-être ce que tu aurai du faire dès le départ, tu n’aurai pas du partir et lui en parler et te faire aider. Certes, ce voyage t’avait fait du bien mais tu n’étais pas revenue totalement guéri et ça te tuais de te dire que tu étais revenue sans être vraiment mieux. Parce que tu avais quitté ta famille, ton monde pour essayer de t’en sortir et au final, tu avais eu tout faux, sur toute la ligne. Les yeux dans ceux de Cooper, tu essayais d’implorer son pardon. Tu savais que tout ne reviendrait pas comme avant, pas aussi vite en tout cas mais tu allais te donner les moyens pour le faire, ça c’est sûr. Tu écoutais le jeune homme parler, mais en l’écoutant, tu sentais que votre relation en avait pris un énorme coup. Même si tu t’y étais attendu, ça faisait encore plus mal de le constater. « J’ai envie de le faire aussi pour toi, comme pour les enfants » soufflas-tu après l’avoir laisser parler. Tu te mordais la lèvre en cherchant tes mots pour ne pas dire quoi que ce soit de travers. « Même si je suis partie, je t’aime et je t’aimerai toujours, quoi qu’il arrive et je ne veux pas te perdre. Tu es l’amour de ma vie, le père de mes enfants, mon repère dans cette vie, dans ce monde » ajoutas-tu, avec les larmes qui te montaient un peu aux yeux. Tu ne voulais pas pleurer, tu avais assez pleuré et tu ne voulais pas te montrer aussi sensible devant lui, qu’il ne croit pas que c’était une technique pour l’avoir parce que ce n’était pas le cas, loin de là. « Ce n’est pas à cause de toi que je n’ai pas su en parler, c’est ma faute, j’arrivai pas à mettre des mots sur ce que j’avais, j’avais tellement honte de moi. Et tellement pas confiance en moi » dis-tu pour terminer, levant les yeux au ciel pour ne pas pleurer. C’était si dur de lui confier ça, parce que tu ne voulais pas qu’il remette ta confiance en lui.

Frankie & Cooper

Être là, parler de tout ça, c’était plus dur que ce qu’il aurait imaginé, Cooper. La douleur que le départ de Frankie avait provoquée chez lui, elle était toujours là, elle l’avait suivie chaque jour. Pourtant, s’il pensait naïvement que ces réponses l’apaiseraient, elles n’en étaient que plus douloureuse. Pris dans sa routine, il avait pu enfouir sa peine sous ses responsabilités qu’elles soient professionnelles ou personnelles. Là, il ne pouvait plus vraiment se cacher derrière quoi que ce soit. Il ne pouvait surtout plus se cacher derrière la colère maintenant qu’il sait ce qu’elle a traversé. “Me dit pas ça Frankie, s’il te plaît…” Il l’implorait presque, la voix légèrement déraillante. “Ma priorité, ce sont les enfants. Je ne peux pas… Je n'ai pas le droit de me laisser distraire par tout ça, par nous.” Précisa-t-il avant de serrer la mâchoire. Il fuyait son regard, incapable de la regarder alors qu’elle venait de lui dire ce qu’il avait rêvé d’entendre depuis un an et demi. Il se devait de jouer son rôle de père, d’avoir la tête froide pour prendre les meilleures décisions. Clairement, il n’en serait pas capable s’il se laisse aller à penser à ses propres sentiments. Alors il luttait avec lui-même pour ne pas se laisser attendrir, pour ne pas craquer complètement alors que la seule envie qu’il avait à cet instant, c’est de la prendre dans ses bras et de retrouver son corps chaud contre le sien. “Franchement, je suis perdu là… Je crois que j’ai encore besoin de temps pour réussir à trouver la meilleure façon de gérer tout ça.” Par tout ça, il entendait son retour. Il était perdu dans ses propres émotions, mais aussi perdu face à ses obligations. Il aurait envie de le dire aux enfants, mais est ce que ce n’était pas encore un peu ? La précipitation n’apporterait rien de bon à personne. “Si on veut repartir sur des bonnes bases, il faut que tu travailles sur tout ça, sur ta confiance en toi, sur tes émotions. Je veux bien aider, autant que je pourrais, mais il faut que des règles clair.” Ajouta-t-il en relevant le regard vers elle. Il faisait un pas vers elle avec cette proposition de l’aider. Malgré toute la colère qu’il avait pu ressentir, ça reste sa femme, l’amour de sa vie, il était bien incapable de se fermer totalement.