If I throw it all in the river, will it stay with you whenever (Alexis)

Alexis & Kay

Une grosse dose pour Kay et une grosse dose pour une personne normale, ça devait pas s'équivaloir. J'étais pas dupe non plus, il avait quand même pris de la coke ET de l'ecstasy. C'était déjà trop et même si j'voulais pas jouer à la petite-amie contrôlante ou chiante, j'pouvais pas m'empêcher d'être prise de court par cette info et par le fait même, de pas en être particulièrement contente. J'avais déjà vu Kay défoncé en fin de soirée, il devenait différent, plus tout à fait celui que je côtoyais au quotidien. Mais j'reconnaissais quand même toujours une partie de lui, j'reconnaissais les aspects qui faisaient que j'en étais amoureuse. Ou p'tête parce que justement, en fin de soirée, il redevenait un peu plus vulnérable et ça durait moins longtemps. Peut-être. J'saurais pas dire, j'étais pas assez habituée de le voir comme ça pour bien savoir. Ce dont j'étais sûre, par contre, c'est que ce soir, c'était loin des situations habituelles. C'était à des années lumières de ça. Encore plus alors qu'il tentait de m'inciter à en prendre moi aussi. Pourtant, Kay, il savait mon passif via la consommation de drogues. Il savait exactement par quoi j'étais passé parce qu'il avait été là, à côté de moi, pour la majorité de ces soirées difficiles, de ces courtes nuits. Il avait été là au pire moment et il savait à quel point ça avait été difficile. Il m'connaissait aussi, j'étais pas du genre à dire non, à résister à l'appel de faire la fête, de l'alcool et malheureusement, maintenant, de la drogue. J'luttais bien fort depuis mes problèmes avec l'oxy pour ne pas replonger même si parfois, j'avais juste envie de lâcher prise. P'tête bien que de reprendre quoi que ce soit ne me replongerait pas dans l'envie de prendre les petits comprimés à chaque instant plus difficile, mais peut-être que oui aussi. J'en savais rien. J'savais juste que j'étais pas du genre bien forte. Il devait bien le savoir aussi Kay, mais ce soir, ça ne semblait pas peser dans la balance ni avoir la moindre importance. Ce qui était important, c'était ce que lui voulait. Et normalement, j'ferais bien tout pour que ce qu'il souhaite se concrétise. Surtout ici, en Angleterre. Je l'avais bien dit que ce voyage était pour lui, que je m'adapterais à quelques trucs près. Sauf qu'il en demandait beaucoup là Kay et si j'avais eu la force de le repousser lui et son idée une fois, j'savais bien que s'il insistait trop, j'étais qu'à un pas de tomber. « Y'a bien une raison pourquoi on en a jamais fait ensemble, Kay. » lui dis-je doucement en le regardant. C'était malheureusement pas un regard rempli d'amour que j'posais sur lui. Il était rempli d'incompréhension et un peu de ressentiment même. Malheureusement, j'savais bien trop que ça ne quitterait pas mon esprit de sitôt ce qu'il venait d'me demander là. J'savais aussi que s'il continuait dans cette voie là, s'il jouait sur la culpabilité, s'il jouait bien ses cartes, il aurait ce qu'il voulait l'Anglais. Pour l'instant, par contre, la carte du petit qui boude et qui crache son venin, c'était pas la bonne. J'étais même plutôt décidée à lui offrir le choix suivant : me suivre à l'hôtel ou continuer sa soirée tout seul. Il ne rendait pas sa présence agréable en agissant ainsi. « Je m'amusais très bien avant que tu gâches tout, j'te ferais remarquer. » lui lançai-je sèchement. Il n'était absolument pas conscient de son comportement, c'en était frustrant. Comme j'me doutais, il n'avait pas l'intention de rentrer et j'avais pas l'intention de le retenir. Pourtant, il restait planté là alors que j'attendais qu'il se barre. Fallait croire qu'il n'avait pas encore terminé d'essayer de me convaincre vu son ton qui changeait. Je suivais généralement son mood, m'adoucissant quand il le faisait, me braquant quand il exagérait. « J'essaie pas de faire ma rabat-joie... » commençai-je doucement. J'savais bien que de lui expliquer mon point de vue ne servait à rien, mais fallait croire que j'aimais bien essayer dans le vide. « J'veux juste...» commençai-je alors qu'il m'interrompit pour me demander de pas lui faire la gueule, me demander de le laisser profiter. Évidemment qu'il jouait la corde sensible. Quand il s'agissait de Londres, je savais pas par quel bout le prendre Kay. Il devait bien savoir que je marchais sur des oeufs avec ce sujet. J'me sentis mal pour le coup, mal parce que j'arrivais pas à faire preuve de compréhension et d'indulgence. Il était dans le mal Kay, cette ville lui faisait mal. P'tête que sans alcool dans mon corps, j'aurais vu plus clairement la manipulation, mais là j'voyais juste mon petit-ami qui m'demandait quelque chose. Ça aurait été n'importe qui, ça n'aurait pas eu cet effet, mais lui, c'était différent. Probablement parce que j'osais bien croire qu'il me ferait pas ça. Je soupirai, faisant un pas vers lui. « J'voulais juste ton bien. J'veux juste ton bien. C'est un peu trop ce soir Kay, j'te reconnais pas. » lui dis-je presque dans un murmure. Il devait bien le voir que j'étais à deux doigts d'être exactement là où il voulait m'avoir. J'y étais pas encore parce que son incitation à prendre de l'ecstasy me restait en tête et j'me voyais pas lui pardonner ça de sitôt, malgré tout.

Alexis & Kay
tw: alcool & drogues

Plus vraiment conscient de ces mots ni de ces actions, Kay se laissait complètement porter. Le jeune Anglais dépassait complètement ces lignes rouges qu'il avait toujours pris soin d'éviter. Cette fois-ci, il s'est passé clairement les bornes avec Alexis et l'excuse d'être dans cette ville ne tiendrait pas longtemps à ses yeux si elle venait d'accepter ce qu'il était en train de lui proposer. C'est un peu comme s'il avait mis son cerveau complètement en pause, laissant ses propres démons impacter sa petite amie. “Ah ouais ? Et c’est quoi cette raison ?” Demanda-t-il, clairement pas motivé à faire des efforts dans cette conversation. Il jouait les innocents sans en avoir vraiment le droit. Lui, qui passait son temps à essayer de se rassurer sur ses consommations, était clairement en train de sombrer à ce moment-là et le pire dans tout ça, ce n'est pas forcément son état, mais bien le fait qu'il essaye de faire sombrer Alexis avec lui. En réalité, ce n'était pas vraiment son but. En fait, c'est plus comme si elle devenait un dommage collatéral dans son besoin de profusion. Le corps du jeune Anglais ne faisait que réclamer à la prochaine dose, que ce soit de l'alcool ou des drogues, il avait clairement ce besoin en lui de continuer sur sa lancée jusqu'à ne plus pouvoir. Pour lui, ça devenait impensable de rentrer à l'hôtel et tout ça impactait son comportement. “Ça va, je n'ai rien gâché, t’abuses. C’était juste un petit accrochage de rien du tout.” Dit il en levant les yeux au ciel. Pour lui, ce qui venait de se passer n’était même pas une vraie bagarre. Ils s’étaient fait virer, certes, mais ce n’est pas la fin du monde. Agacé par tout ça, il en venait à traiter Alexis de rabat-joie alors que tout ce qu'elle était en train de faire jusqu'ici demandait énormément de patience. Elle prenait de son temps en restant à ses côtés, tout ça pour faire face au petit con qu'il devenait au fur et à mesure. Il ne prenait même pas le temps d'écouter ce qu'elle avait à dire là-dessus, déjà en train d'essayer de l'amadouer en jouant la carte du pauvre petit qui ne va plus pouvoir profiter de tout ça bien longtemps. Les habitudes du brun revenaient au galop alors qu'il tentait clairement de la manipuler pour continuer à profiter dans le meilleur des deux mondes. Clairement, il voulait le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière, là. Il voulait continuer sa soirée, continuer de prendre tout et n’importe quoi et surtout, il voulait qu’Alexis s'adoucisse et qu'elle ne lui en veuille pas. Beaucoup d’objectifs pour un homme qui abusait depuis déjà un bon moment. Le pire, c’est qu’il pouvait sentir que son plan fonctionnait légèrement alors qu’elle tentait de justifier ses intentions. Loin d’être dupe, elle parlait tout de même du comportement de l’anglais, lui décrochant une petite grimace. “Ce n'est pas trop, t’inquiètes pas. Je gère. J’ai toujours géré et je continue de le faire.” Dit-il en se rapprochant doucement d’elle. Gérer, c’est un bien grand mot quand on voit la démarche qu’il avait. L’alcool jouait sur sa façon de se tenir debout, mine de rien, heureusement qu’il y avait encore de la cocaïne dans son système sinon il y a bien longtemps que ses yeux se seraient fermés. Ses gestes, qu’il voulait doux, ne l'étaient pas totalement, mais à ce stade, il n’en avait pas conscience. C’est comme ça qu’il attrapait la main d’Alexis pour réinstaurer un contact physique. Sa meilleure arme pour tenter de l’attendrir, en temps normal, c’est ça. Là, avec ses gestes saccadés et vif, pas sûr qu’ils aient le même impact, mais il tentait quand même. “Si je vais rejoindre les copains, tu vas m’en vouloir ?” Murmura-t-il en jouant d’une petite moue faussement triste. Il n’était pas en état d’être complètement impacté par tout ça, mais quelque chose en lui le poussait à assurer ses arrières pour le lendemain. Parce que chien échaudé a peur de l’eau tiède, il préférait tenter de se mettre à l'abri des reproches et de ne pas finir comme la dernière fois, à Bristol. “Juste quelques verres et je rentre, promis.” Ajouta-t-il en caressant du bout des doigts la paume d’Alexis comme pour mieux faire passer la pilule. Le problème avec Kay c'est que quelques verres pouvaient signifier deux comme dix. Impossible de prévoir avec lui et clairement, Alexis le savait.

Alexis & Kay

Avec Kay dans cet état, on passait par toute une gamme d'émotions là. Du moins, c'était mon cas. Chaque nouvelle réplique de sa part pouvait créer de la colère, du découragement, de la culpabilité, de la compassion ou de la surprise. Vraiment, ça partait dans tous les sens dans ma tête. Au fur et à mesure que la conversation avançait, j'me rendais compte que Kay, il savait utiliser ses cartes, il savait quoi dire et quoi faire pour détourner l'attention du réel problème : sa consommation. Enfin, me rendre compte c'était vite dit. J'aurais aimé m'en rendre compte plutôt, parce que sur le moment, c'était pas trop ça. J'prenais une phrase à la fois, m'énervant pour des détails et tentant d'apaiser les tensions quelques secondes après. J'voulais pas me prendre la tête avec Kay, pas dans cet état, pas ici à Londres. Ça compliquerait les choses et franchement, ça m'faisait bien chier. Sauf qu'il exagérait, il jouait un peu trop avec mes limites et y'avait certains trucs que j'pouvais pas balayer du revers de la main. Une chose était sûre, j'comptais pas l'accompagner dans cette descente aux enfers ce soir. Kay, il avait des démons, de gros démons d'ailleurs et j'me rendais bien compte que c'était pas moi qui y changerait quoi que ce soit. J'allais pas lui tenir la main et l'aider en plus, même si clairement il souhaitait m'voir y participer. Que ce soit bon ou pas pour moi, ça ne semblait avoir aucune importance pour lui. « Arrête de faire le con, tu sais très bien pourquoi. » lui répliquai-je en levant les yeux au ciel. J'avais aucune envie de discuter de ça là, surtout après sa proposition. C'était bien clair qu'il n'avait plus conscience de quoi que ce soit. Déjà que selon lui, la bagarre qui avait eu lieu au bar n'était qu'un petit accrochage. Essayer de le convaincre du contraire, ce serait comme discuter avec un mal entendant anyway. Ça ne valait pas trop la peine. Il devait bien se dire la même chose Kay, que de s'obstiner, ça ne valait pas le coup parce qu'il changea de tactique, misant plutôt sur la culpabilité que j'pourrais ressentir, sur mes sentiments, sur l'amour qu'il y avait entre nous. Pour agir de la sorte, cet amour devait bien être que d'un côté ce soir d'ailleurs, mais c'était pas ce qui me restait en tête. C'qui me restait en tête, c'était plutôt l'air piteux qu'affichait l'Anglais, son ton qui s'adoucissait, les petits éclats de douleur encore présents dans ses yeux lorsqu'il parlait de Londres. Il voulait continuer sa soirée, mais il voulait le faire sans que j'lui en veule. C'était ambitieux de sa part, mais j'commençais à en avoir marre de me battre et d'écoper. J'avais l'impression de marcher sur un fil de fer, prête à basculer d'un côté ou de l'autre : m'éloigner en gardant une certaine rancune ou capituler et le rejoindre dans son délire. La suite, elle était un peu entre ses mains, restait à voir comment il allait gérer ça. Selon lui, probablement comme un pro parce qu'il faisait ça depuis toujours. Il ne se considérait pas comme too much ce soir, mais en même temps Kay, il pouvait dire n'importe quoi pour sauver sa peau. Personnellement, j'voulais l'aider, mais ça commençait à être beaucoup pour une seule soirée. Surtout en ne sachant pas à quoi m'attendre au départ. « Si tu le dis. » lui répondis-je en baissant les yeux sur ses mains alors qu'il attrapait vivement l'une des miennes.  Ses gestes étaient tellement incontrôlés et rudes que l'effet n'était pas le même qu'à l'habitude, c'était loin d'être hypnotisant. Par contre, même si la tête qu'il faisait venait jouer dans la balance, le fait était qu'il avait bien l'intention de repartir, peu importe ce que j'pouvais dire. « Donc tu vas m'laisser rentrer seule? » relevai-je en ne répondant pas à sa question principale, mais en levant les yeux vers lui. J'savais pas quoi lui répondre parce que sur l'instant, j'savais pas comment me sentir. J'comprenais juste que c'était joins toi à moi ou débrouille toi , finalement. Il fit la promesse de ne prendre que quelques verres et de revenir direct, mais il savait autant que moi qu'une promesse de sa part dans cet état, ça ne voulait rien dire. Je soupirai, fixant du regard ses doigts sur ma paume avant de la retirer. « Fais ce que tu veux Kay. Ça m'est égal. » lui dis-je après un petit silence. Mon avis ne changeait rien, ma présence non plus, autant le laisser vivre son délire. J'savais pas comment l'aider de toute façon Je fis un petit sourire crispé en reculant de quelques pas. « Reste en sécurité, s'te plait. » lui dis-je doucement, j'étais quand même pas au point de pas m'inquiéter pour lui. J'lui aurais bien demandé de ne pas exagérer, d'pas risquer sa vie, mais encore là, ça n'apporterait rien de bon.

Alexis & Kay
tw: alcool & drogues

Les substances prisent tout au long de la soirée rendait le jeune Anglais complètement con. Il avait déjà prévenu Alexis qu’il valait mieux qu’elle ne le voie pas dans cet état et cette soirée en était le parfait exemple. Plus conscient de grand-chose, les paroles s’enchaînaient sans qu’il ne réfléchisse à rien. Voir Kay alcoolisé, c’était une chose, mais alcoolisé et sous l’effet de multiples stupéfiant s’en était une autre. Son cerveau allait sûrement faire son travail en lui faisant oublier la plupart des conversations qu’ils avaient, mais ses actes et ses paroles n’en étaient pas moins présents. Pas du tout représentatif de l’homme qu’il était au quotidien, encore moins de l’homme qu’il voulait être, mais bien celui qu’il était sous drogue. Il replongeait doucement depuis quelques mois, se mettant tout seul des œillères quant à ses motivations. Là, Alexis, elle n’avait pas devant elle le Kay qui prend de l’ecstasy pour s’amuser et vivre son moment encore plus fort. Il pouvait le dire autant qu’il le voulait, la réalité, c’est qu’il prenait tout ça pour s’éviter de ressentir certaines choses. Il prenait tout ça parce que son corps le lui réclamait comme si c’était devenu vital pour sa survie. Agissant comme un gamin face à sa petite amie, ça n’allait pas l’aider à aller de l’avant, mais il n’y pouvait strictement rien. C’était plus fort que lui et c’était loin d’être fini. Il avait beau tenter d’amadouer Alexis, sa motivation première était de continuer sa soirée et ses excès. Parce que la descente le guettait et qu’il allait avoir besoin de reprendre quelque chose assez vite avant de ressentir des effets indésirables. S’il essayait d’arrondir les angles avec Alexis, il n’en gardait pas moins son objectif en tête. “T’as vraiment besoin que je te raccompagne ?” Demanda-t-il sérieusement. Le chemin pour l’hôtel ne lui semblait pas bien compliqué à lui. Il avait déjà oublié sa question précédente. Il ne fallait pas trop lui en demander avec sa capacité d’attention de poisson rouge. Il tentait de promettre que ça n’allait pas durer longtemps, mais ils savaient tous les deux qu’une fois lancé, le jeune Anglais était bien incapable de s’arrêter avant de s’écrouler. Il regardait Alexis avant de lever au ciel quand elle capitula. Ce n’est pas la réponse qu’il aurait espérée, mais il n’avait plus l’énergie nécessaire pour argumenter sur quoi que ce soit ou essayer de la convaincre. Il sentait bien que tout était perdu d’avance de toute façon. Un sourire perça tout de même son visage quand elle lui intima de rester safe. Il s’approcha une nouvelle fois d’elle pour déposer un baiser sur son front, lui offrant un large sourire après ça comme si rien ne s'était passé. Il avait déjà en tête de retourner voir ses potes et c’était bien tout ce qui comptait à cet instant. “T’inquiètes pas pour moi, ça va le faire.” S’exclama-t-il, visiblement bien heureux de retourner faire la fête. ”Toi aussi, restes en sécurité, appelle moi si besoin.” Dit-il en souriant de nouveau. Autant lui retourner le commentaire. “J’t’aime, à tout à l’heure.” Lança-t-il avant de faire quelques pas vers l’arrière. Tout en marchant à reculons, il lui fait un dernier geste de la main tout en sortant son téléphone de sa poche. Pas bien long, il tourna les talons pour s’engouffrer dans une des rues, le téléphone collé à son oreille. Le Britannique ne mit pas longtemps à recevoir les instructions pour savoir où il devait aller, connaissant la ville comme sa poche, il n'eut pas besoin de grand-chose pour trouver les lieux et à peine en présence de ses amis, c’est aux toilettes qu’il se dirigeait pour un petit remontant tant désiré.

Quelques heures plus tard.

Traînant son corps comme un zombie, toute énergie avait soudainement quitté le corps de Kay. Il n’avait pas arrêté de la soirée et maintenant que le soleil était bien levé, il se sentait défaillir. Cette situation, il l’avait cherché tout seul, comme un grand. Il ne pouvait s’en prendre qu’à lui. Après l’énergie et la bonne humeur débordante, venaient la fatigue et la tristesse. Il avait encore trouvé le moyen de s’engueuler avec un de ses potes et ça avait été le début de la fin pour lui. La bombe à retardement qu’il était, semblait sur le point d’exploser. Tombé plusieurs fois sur le chemin du retour, perdu à de multiples occasions ne sachant plus dans quel hôtel ils étaient, sans batterie dans son téléphone et aucune volonté à rentrer, il s’était simplement arrêté à plusieurs endroits pour tenter de reprendre des forces. Quand il passa finalement le hall de l'hôtel, la réceptionniste le dévisagea longuement avant qu’il ne lui montre sa clé. Clairement, il n’avait pas la force de parler, encore moins de s’expliquer avec Alexis, mais il devait bien rentrer à un moment donné. Il ne savait pas vraiment à quelle sauce il allait se faire manger avec elle. Tous les détails de la veille étaient flous, il se souvenait de quelques bagarres dont celle avec son pote, peut-être, avait il prévenu Alexis ? Puisque son portable avait rendu l'âme bien avant qu’il ne quitte l’after dans lequel il avait suivi ses amis, aucun moyen d’avoir des informations. Il ne savait même pas l’heure qu’il était et encore moins combien de temps, il était resté en ville, tout seul dehors. Ces quelques heures qu’il avait passé à ruminer, laissant les souvenirs et la tristesse l’envahir complètement, alimenter à foison par la descente qu’il vivait. C’est donc un Kay complètement épuisé qui passait la porte de la chambre, incapable de dire quoi que ce soit. Douloureusement, il lançant une grimace entre la moue désolée et le sourire forcé à Alexis. Il se contenta alors de retirer ses vêtements, les balançant nonchalamment dans un coin de la pièce avant de s’écraser royalement sur le lit.

Alexis & Kay

Demander à Kay s'il comptait me raccompagner, c'était un dernier essai un peu dans le vide pour qu'il change d'avis et me suive plutôt qu'il retourne avec ses potes. C'était raté, évidemment C'était aussi le moment de capituler, j'avais plus envie de m'obstiner, de me battre avec lui pour qu'il souhaite la même chose que moi : son bien. J'abandonnais pas pour toujours hein, juste ce soir. Il avait atteint ma limite, mais j'comptais juste reprendre des forces et insister un autre jour. J'étais tout de même déçue ce soir, de la tournure de la situation et... De Kay aussi. Il m'avait averti tellement souvent, il m'avait dit à maintes reprises que j'aimerais pas c'que j'verrais si j'avais à le voir sous les effets de drogues. J'avais souvent balayé tout ça du revers de la main, convaincue que ça ne changerait jamais rien. Convaincue qu'avec moi ce serait différent, qu'il arriverait à se contrôler, à se gérer. Tout le blabla de quelqu'un qui se met dans la tête dans le sable quoi. J'avais minimisé le problème pour ne pas avoir à m'inquiéter de la situation et là, j'me prenais tout ça en plein visage. Ça ne changeait rien à ce que je ressentais pour lui, deep down, mais ça créait p'tête une petite distance. Ça changeait ma façon de voir les choses. C'était surtout le choc de voir à quel point il était prêt à tout pour sa dose, même m'entrainer avec lui. J'avais naïvement pensé que la ligne se tracerait là, juste avant de se rendre là. De voir que c'était pas le cas, c'était un peu difficile à encaisser. J'l'avais regardé s'éloigner, bien content de plus être restreint dans ses envies, puis j'étais rentrée à l'hôtel. J'savais le chemin, c'était simple, puis avec Google Maps, impossible de me perdre. J'aurais bien aimé dire que je m'étais endormi sans problème, mais j'avais repassé la soirée sans cesse dans ma tête, me tournant d'un côté et de l'autre, espérant que Kay rentre après que quelques verres, comme promis. Même en sachant que ça n'allait pas être le cas, j'avais un petit espoir. Il s'éclipsa bien vite en voyant les heures passer et je finis par m'endormir tout de même. La nuit fut courte, marquée par un sommeil agité, des cauchemars et j'ouvris les yeux avec l'impression d'avoir dormi quelques heures à peine. Malheureusement, c'est également toute seule que j'me réveillai, sans nouvelles de Kay. J'eus le temps de prendre une douche, d'aller me chercher un café et un truc à grignoter en bas et de m'installer dans la chambre, sur mon téléphone. Après plusieurs minutes, c'est un Kay complètement arraché qui entra dans la chambre. Il avait l'air bien démuni, bien abîmé aussi. J'étais partagée entre le découragement, la colère et... La désolation. J'aimais pas le voir comme ça, j'en connaissais la cause en plus alors forcément, ça m'affectait qu'il se rende à ce point. Mais j'savais pas comment l'aider, surtout qu'il ne semblait pas en vouloir de mon aide. J'le regardai furtivement alors qu'il me lançait un regard mi-désolé mi-''c'est pas le moment''.  « Bon matin. » lui dis-je simplement, froidement, avant de poser à nouveau mes yeux sur mon téléphone. J'me sentais à des kilomètres de lui, de nous, me sentant pas très outillée pour gérer ce genre de situation. C'était facile de réagir de la mauvaise façon, d'empirer le tout. J'étais, en général, plutôt encline à le faire d'ailleurs. Là, j'essayais de garder mes pensées pour moi, d'me contrôler, de le laisser se reposer parce que... C'était effectivement pas le moment pour s'engager dans quoi que ce soit. Pourtant, ça bouillait un peu en dedans de moi, plus que je l'aurais cru. À cause de la veille, à cause qu'il n'avait pas respecté sa promesse. Même si en l'envoyant rejoindre ses amis, c'était me rendre à l'évidence que ça arriverait, j'lui en voulais quand même. J'déposai mon téléphone et soupirai bruyamment. Je passai ma main dans mon front, tentant de trouver les bons mots, tentant même de résister à l'envie de dire un million de trucs. C'était perdu d'avance ça. « Ça peut pas continuer comme ça Kay. Tu peux pas continuer comme ça. » dis-je finalement sans trop avoir réfléchi à la suite, à ce qui pourrait suivre mes mots. Clairement, le pauvre pensait qu'à dormir là, mais il m'avait privé d'une bonne nuit de sommeil en me laissant m'inquiéter comme ça alors... J'lui rendais un peu la pareille.

Alexis & Kay
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Rentrer dans cet état, ce n'était pas prévu, mais bon, qu’est ce qui était prévu de toute manière ? Avec le jeune Anglais, tout est possible et surtout le pire. Il aura fallu seulement un rail de cocaïne pour que tout ce qui était prévu de base soit balayé d’un simple geste de main. Il se savait incontrôlable pourtant, Kay, mais même lui ne savait pas se gérer alors comment pouvait, on faire des plans avec lui ? Il avait toujours été comme ça et jusqu’ici, il ne s’en était jamais trop plaint. C’est sa façon de faire et malgré tout ça, il s’en sortait toujours. Pourtant, ce matin-là, il avait une saveur différente. C’était comme si pour la première fois de sa vie, il prenait conscience de ses agissements. La deuxième fois en réalité. Il avait eu une prise de conscience il y a un an de ça, après un dérapage de trop dans cette même ville. Si cette fois-là, il avait pris les choses en main en fuyant la ville, se disant que tout irait mieux ailleurs, là, il était plutôt dubitatif, Kay. Peut-être était-ce l'effet de la descente qui le rendait aussi pessimiste sur son cas, mais ça ne rendait pas ce sentiment moins réel, au contraire. Les quelques heures qu’il avait passé seul à errer comme un déchet en ville ne l'avaient pas aidé à moins réfléchir à tout ça, empirant son cas à chaque minute qui défilait. Après tout ça, il se retrouvait à s’allonger dans le lit, sans un mot pour Alexis, bien incapable de gérer ses émotions. Elle tentait quelques mots, mais même pour la saluer, il ne semblait pas capable. “Mmh” Répondit-il simplement, sans vraiment répondre. Il s’était couché sur le flanc, sachant pertinemment qu’il n’allait pas réussir à fermer l'œil malgré la fatigue. Il avait beau être épuisé, dans sa tête, tout tournait en boucle, entre la tristesse, la culpabilité et l’énervement contre lui-même. La bonne chose à faire aurait été de s’excuser auprès de sa petite amie, il le savait au fond, mais il n’avait plus la force nécessaire pour quoi que ce soit. En fait, il en devait une flopée, des excuses. À Alexis, à son pote avec qui il s’était battu, aux autres qui passaient tous une bonne soirée avant qu’il ne fasse son cirque. Tout ça viendrait sûrement, en temps et en heure. Pour le moment, il se contentait de tourner le dos à Alexis en fixant un point dans le vide et en espérant trouver le sommeil assez vite pour se sortir de ce cercle vicieux de remords. Il s’en voulait de tellement de choses et la remarque d’Alexis ne l’aidait pas vraiment à se sortir de ça. Il soupira longuement en entendant ses mots, signe qu’il ne dormait pas encore, bien qu’elle semblait peu inquiète de ça. Il laissait un silence s’installer quelques instants, ne sachant pas vraiment comment répondre à ça ou même sans savoir s’il avait vraiment envie de commenter. “Tu crois que j’le sais pas déjà ?” Souffla-t-il, sûrement un peu trop froidement. Ce n’était pas juste de lui faire vivre ça à Alexis. Avec plus de sommeil, il aurait sûrement pris des pincettes, il aurait été plus doux ou bien, il aurait simplement sorti son sourire habituel pour tenter une énième fois de cacher ce mal qui le rongeait petit à petit. À vouloir tout faire tout seul, à montrer seulement les bons côtés, il se renfermait toujours un peu plus sur lui-même et à cet instant précis, ça ne lui venait même pas à l’idée de parler de tout ça à sa petite amie. Bien trop fier et bien trop coupable, il n’avait plus envie de se chercher des excuses. Pour lui qui n’a pas vraiment l’habitude de se confier, le faire maintenant paraissait semblable à se lamenter sur son sort. “J’t’avais prévenu de comment je suis ici Alexis, t’attend quoi de moi, là ?” Dit-il finalement. Instantanément, il se mordait l'intérieur de la joue, conscient que la repousser n’allait l’aider aucunement. Au fond, Kay, il aurait voulu être capable de parler de son mal-être à quelqu’un, mais ça prenait toujours tellement d’effort de sa part qu’il commençait à croire qu’en réalité, il n’était pas fait pour ça.

Alexis & Kay

Ça n'avait pas toujours été rose entre Kay et moi. Nous n'étions pas toujours d'accord sur tout, on gérait différemment nos émotions et les épreuves de la vie en général. On avait eu plusieurs occasions d'se gueuler dessus, de verbaliser nos désaccords, d'être témoin des différences dans nos personnalités, surtout lorsque venait le temps d'agir et réagir. Autant on pouvait se ressembler sur plusieurs points et arriver à certains terrains d'entente, autant on pouvait être complètement à l'opposé sur certaines choses. Kay, il gardait ses émotions à l'intérieur, il était dans sa tête et j'avais rarement accès à ce qui s'y passait. Parfois, j'avais un peu l'impression d'pas avoir accès à qui il était, comme si je le ne connaissais qu'en surface alors que.. J'savais bien que je le connaissais. Même s'il trouvait toujours un moyen de me surprendre- souvent plus négativement qu'autre chose - même s'il trouvait le moyen de me décevoir, d'aller à l'encontre de ce que j'espérais ou de ce à quoi je m'attendais, j'avais tout de même l'impression d'le connaitre. C'était p'tête qu'une illusion aussi, je savais pas. J'aimais bien me dire que non, évidemment. Personne ne voulait penser qu'il n'avait aucune idée de qui était celui ou celle avec qui il sortait. C'était pourtant exactement ce qui me trottait en tête ce matin alors que j'regardais l'épave qui me servait de petit-ami s'écraser dans le lit à moitié mort, clairement en train d'essayer de se remettre du mélange d'alcool et diverses drogues consommées. J'étais pas dupe, il avait pris plein de trucs alors qu'on était encore ensemble hier, j'me doutais bien que ça n'avait fait qu'empirer une fois séparés. Kay, il n'avait certainement pas voulu continuer la fête avec ses potes pour boire de l'eau et manger des frites tranquilles. J'me doutais de l'état dans lequel il était là ce matin, j'le voyais en fait qu'il était dans le mal et cet état, il était déjà un peu plus familier que cette nuit, parce que je l'avais déjà vu un lendemain en pleine redescente. Disons juste que j'me doutais absolument pas de la tempête qui avait lieu dans sa tête à ce moment précis. J'savais juste qu'il était incapable d'me regarder et d'me répondre et ça, ça m'laissait un goût amer. J'pouvais donc pas m'empêcher de lui passer un commentaire, même en sachant pertinemment que j'aurais dû me la fermer et même, quitter la chambre. Ça allait certainement gâcher ma journée de rester là à le regarder dormir. Pourtant, je choisis en toute connaissance de cause de rester là et de provoquer la bête qu'était Kay Armstrong en lendemain de soirée. Le pire, c'est que mes mots n'étaient pas mal intentionnés. C'était sincère, c'était, encore une fois, dans le soucis de ne vouloir que son bien. Ce n'eut pas la réaction espérée, mais c'eut la réaction attendue : un Kay sur la défensive. Son ton était froid, bien plus froid que ça aurait dû, vu ce qu'il m'avait fait vivre la veille. Si mon commentaire s'était voulu bien intentionné, ce n'était clairement pas comme ça qu'il avait été reçu. Ça eut le réflexe de me faire taire instantanément et changer d'air. J'me refermai un peu, me sentant m'éloigner encore plus de Kay. À cet instant, j'me demandais bien si ces vacances allaient finalement avoir raison de nous, encore. Ça devait nous rapprocher, mais ça avait maintenant eu à deux reprises l'effet contraire. Sans savoir quoi répondre et sans avoir l'envie de même essayer de répondre à son commentaire, je restai silencieuse et ça lui donna l'occasion de renvoyer un autre commentaire bien glacial qui indiquait que j'aurais dû savoir à quoi m'attendre. « Non TOI t'attends quoi de moi?? » répliquai-je instantanément, bien piquée par ses paroles. « Parce que j'suis pas sûre de comprendre, j't'avoue, Kay. Tu t'attends à ce que je te regarde faire sans rien dire? Que j'reste là à sourire bêtement pendant que tu fous la merde? » lui demandai-je en levant un peu le ton. Clairement le moment était mal choisi pour cette discussion, mais tant pis c'était lancé. « Je ne le sais pas comment t'aider. J'en ai aucune fuckin' idée. Et j'essaie vraiment d'être là pour toi Kay, mais comment t'agis avec moi... Comment t'as agis avec moi hier, c'est pas ok. » lui dis-je finalement en plantant mon regard dans le sien. J'faisais allusion au fait d'me proposer d'me défoncer avec lui, au fait d'insister à le faire en fait. Je pliais beaucoup sous ses demandes, j'avais été patiente, mais y'a certaines choses qui ne pouvaient plus passer et fallait bien que j'apprenne à mettre mon pied à terre. C'était certainement plus facile quand il me repoussait et qu'il prenait son air détaché et son ton froid. Y'avait tout de même bien des côtés de sa personnalité auxquels j'pouvais pas résister, ça pouvait ne pas tenir longtemps cette volonté de stand my ground.

Alexis & Kay
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Sur trois semaines de vacances, le quota d'engueulades était resté plutôt correct. Le Britannique, avant le départ, n'aurait pas nécessairement parié sur si peu. Se connaissant et surtout en sachant son comportement en Angleterre, il s'était bien douté que des frictions allaient arriver. Sans trop savoir quand, ni comment tout ça allait péter, Kay ne s’y attendait pas moins. C'est le côté imprévisible de la chose qui rendait tout ça confus. À un moment, tout pouvait être raisonnable et amusant. À un autre moment, le point de bascule pouvait être atteint. Il suffisait généralement d'une fraction de seconde que l'engrenage soit lancé. La veille, c'est exactement ce qui s'était produit. Un peu d'ecstasy, un peu de cocaïne et l'effet boule de neige était lancé. Ces pertes de contrôle, elles devenaient de plus en plus présente, de plus en plus intense, de plus en plus néfastes. Il aura fallu que le jeune Anglais en vienne aux mains avec son pote pour s'en rendre finalement compte. Pendant ces quelques heures qu'il avait passé à traîner en ville, tout seul, tel un zombie, son cerveau s'était chargé de mouliner toute cette histoire. C'est comme s'il prenait finalement conscience de ses propres triggers et en même temps leur dangerosité. Il y avait un besoin en lui d'extérioriser sans qu'il ne s'en rende vraiment compte. Peut-être faisait-il ça pour se protéger, pour ne pas avoir à parler des choses qui fâchent et pour ne pas avoir à être blessé à nouveau. Peut-être faisait-il aussi ça dans un esprit autodestructeur, comme si c'est toute la culpabilité qu'il portait sur ses épaules qui le poussaient à détruire les choses qui comptent pour lui, comme si une part inconsciente de lui-même ne pensait pas mériter trop de moments de bonheur. D’ailleurs, c’est un peu ce qu’il était en train de faire à l’instant avec Alexis. Incapable de communiquer correctement, il se mettait automatiquement sur la défensive, repoussant la Brésilienne un peu plus à chaque fois. Depuis le début de leur relation, tous les deux avaient réussi à faire tomber quelques murs en s’ouvrant à l’autre, mais chaque redescente semblait faire remonter ceux de Kay un à un. Il ne tentait même plus de répondre à sa petite amie, se recroquevillant un petit peu plus dans sa coquille. Sans avoir la force ni la volonté de répondre, le Britannique choisissait le silence. Il faut dire aussi qu'Alexis, peut-être sans le savoir, elle appuyait justement là où ça fait mal. Il ne savait pas comment lui répondre, parce qu’il ne savait pas du tout ce dont il avait besoin. Incapable de se gérer, se culpabilisant de faire n’importe quoi, il ne pouvait pas légitimement attendre quoi que ce soit d’elle. Il s’en voulait de la mettre dans une situation pareille, parce qu’au fond, il le savait que cette relation, c’était la meilleure chose qui lui était arrivée depuis longtemps, parce que tout son cœur était entre les mains d’Alexis et qu’il aurait du mal à concevoir sa vie sans elle. Il s’en voulait d’être aussi paumé qu’il l’était, complètement incapable par moment d’être le petit ami qu’elle méritait d’avoir. Et malgré tout ça, elle était encore là. Elle tentait de lancer la discussion. Quand bien même ce n’était pas le meilleur timing pour le faire, elle avait le mérite de tenter Alexis, c’est toujours plus que ce que Kay était capable de faire à ce moment-là. La Brésilienne en arrivait à clamer haut et fort ses intentions : l’aider, mais là encore, le brun se sentit se recroqueviller un peu plus. Il enfouissait son visage contre le matelas pour cacher ses frustrations, ses poings se serrant automatiquement. Une réaction physique à la deuxième partie de sa phrase. Il n’était absolument pas en colère contre elle. Non, cette réaction physique, elle était dirigée contre lui. Les détails avaient beau être flous dans sa tête, il n’avait pas de mal à imaginer l’avoir blessée en disant n’importe quoi. “Owen, toi, le mec de la boite… J’ai fait le con avec combien de gens au juste ?” Grogna-t-il, prêt à s’énerver un peu plus contre lui-même. Il se souvenait de ses deux bagarres et d’avoir laissé Alexis rentrer seule, mais une soirée ça peut être long, parti comme il était, ça ne l'étonnerait pas vraiment d’avoir oublié des parties. Rien qu’en se forçant à refaire le déroulé de la soirée dans sa tête, un nouveau souvenir réapparaît. Il prenait peu à peu conscience de la discussion qu’ils avaient eue tous les deux avant de se séparer. Une nouvelle vague de colère le traversa alors. “Franchement, Alexis, j'comprends pas ce que tu fous encore ici.” Cette phrase, elle était sortie toute seule, elle était froide et sèche, emplie de colère. Tout pouvait être mal interprété dans sa façon de le dire, mais il restait stupéfait qu’elle fasse des efforts avec lui, alors que tout ce qu’il pensait mériter à cet instant, c’est d’être laissé seul. Qu’elle sauve sa peau avant qu’il ne l'entraîne avec elle. Bien évidemment, vu qu’il ne voulait pas avoir l’air de s’apitoyer sur son sort ou de chercher la pitié d’Alexis, il préférait se taire. À cet instant précis, il n’était pas capable de penser aux bons moments qu’ils avaient passés durant la majorité du séjour, bien trop focus sur ses dérapages et la patience immense de sa petite amie. “Tu me fais du bien Alexis, mais je sais que ce n'est pas vrai dans l’autre sens.” Murmura-t-il finalement, serrant sa mâchoire après cet aveu. Son comportement était bel et bien égoïste, parce qu’il s’acharnait à s’excuser après ses faux pas au lieu d’essayer sincèrement d’aller mieux.

Alexis & Kay

Kay, j'avais bien du mal à le suivre. Les bons moments pesaient toujours davantage que les mauvais dans la balance, mais quand ces derniers surgissaient... C'était difficile de voir la p'tite lumière au bout du tunnel, de voir que ça pouvait changer et aller mieux. Il avait des passes où c'était facile de le comprendre, où il se confiait un peu plus, laissait tomber certaines barrières, puis après y'avait des moments où c'était complètement l'inverse. J'avais un peu l'impression qu'il ne serait jamais capable d'se laisser totalement aller avec moi, de s'ouvrir complètement et d'me laisser voir ce qui se passait dans sa tête dans ce genre de moments. J'en venais parfois à m'demander si c'était moi le problème ou encore s'il le faisait avec d'autres personnes. Même s'ils n'étaient pas si nombreux, les jours où ça dégénérait, ils étaient tellement intense que j'remettais souvent tout en question. J'étais comme ça anyway, c'était souvent tout ou rien, toujours un peu dans l'extrême alors forcément, quand ça allait moins bien avec Kay, j'avais l'impression que la fin était tout près, qu'il en avait marre, qu'il trouvait que ce qu'on avait là c'était pas assez, j'en venais parfois même à me dire que moi j'en avais assez. Il n'était pas toujours simple à vivre l'Anglais, il dépassait souvent les bornes, comme s'il faisait exprès pour que je m'éloigne. Puis le lendemain, c'était tout le contraire et j'en revenais à me dire qu'il ne pourrait absolument rien faire pour me faire fuir et que j'en aurais jamais marre. Ça faisait un peu le yo-yo dans ma tête tout ça, mais reste que l'émotion principale, c'était toujours l'amour et l'envie d'être avec lui. Il était spécial Kay, il avait réussi là où la majorité avait échoué. J'étais tombée amoureuse de lui, j'lui avais fait confiance et j'continuais de le faire à tous les jours. J'm'étais attaché à lui comme à personne auparavant. C'était probablement ce qui me déchirait autant à travers ses difficultés. J'voulais réellement son bien, mais peu importe à quel point cette envie était forte... J'savais pas comment l'aider et être là pour lui parce qu'il ne me laissait pas l'être. Et j'étais pas certaine qu'il le fasse un jour en fait. Puis plus il me repoussait, plus il m'blessait en fait. Son heure d'arrivée combinée à ses agissements ce matin en ne me disant même pas un mot n'étaient que deux exemples parmi d'autres. Malgré ça, j'étais encore là à essayer de lui parler alors que depuis quelques heures, j'me disais que j'aurais peut-être dû le prendre ce billet de retour après la première semaine à Bristol. Tout de même, Kay eut une première réaction verbale après l'une de mes phrases. Il était temps. J'haussai les épaules à son commentaire, convaincue qu'il n'y cherchait pas réellement une réponse. Pas besoin d'en rajouter de toute façon, il était déjà dans un sacré mood. J'savais pas à quel point d'ailleurs jusqu'à ce qu'il prenne la parole à nouveau. Son ton était froid, colérique. J'savais pas comment le prendre. Mal, je pense. Ça sonnait comme s'il voulait que je foute le camp. Comme s'il essayait de faire en sorte que j'parte. D'ici, d'notre relation. « Quand tu m'parles comme ça, j'me pose bien la question moi aussi. » lui répondis-je tout aussi sèchement. Paroles impulsives, un peu fausses même. J'avais beau être patiente, j'avais un peu de mal à tolérer ce genre de discours. J'avais aussi bien du mal avec le ton qu'il prenait en essayant d'me pousser bien loin. Je soupirai bruyamment, me passant la main dans le visage. J'aurais préféré, moi aussi éviter tout ça ce matin. J'aurais préféré éviter tout ça hier soir aussi, mais faut croire qu'on était dû. Ça avait p'tête trop bien été jusqu'à présent dans ce voyage, fallait que ça éclate. Je croisai les bras en écoutant Kay mentionner ne pas me faire du bien, puis sans même contrôler quoi que ce soit je secouai vivement la tête de gauche à droite. « Nan, fais pas ça Kay. C'est pas à toi de dire ce qui me fait du bien ou pas. J'ai jamais dit rien de tel. J'suis encore là, c'est bien pour une raison alors... » commençai-je en ravalant ma salive. « Alors si c'était ton début de speech pour rompre avec moi, faudra trouver mieux que c'est pas toi, c'est moi. » terminai-je difficilement. Ben oui j'le voyais venir là à se questionner sur pourquoi j'étais encore là et sur sa petite phrase à la con comme quoi il m'faisait pas de bien. Il allait devoir faire mieux que ça, il allait devoir assumer et pas me mettre ça sur le dos. Puis si vraiment, c'était ce qu'il voulait faire, ça expliquait un peu pourquoi il m'repoussait autant, pourquoi il était incapable de s'ouvrir à moi. Ça expliquait aussi pourquoi j'avais l'impression que mon coeur s'faisait arracher de ma poitrine en ce moment. Même si j'détestais certains de ses agissements, jamais j'le détesterais lui. Puis, j'saurais pas comment faire sans en fait.  

Alexis & Kay
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Beaucoup trop d'émotions traversaient présentement le Britannique. Lui qui avait déjà de base des difficultés à gérer les vagues d'émotion, là, la redescente n'était en rien. Un mélange de tristesse, de culpabilité, d'énervement contre lui-même, mais aussi de frustration. Rien de bien positif en somme. C'était comme s'il n'était même plus capable de voir les rayons de soleil, se concentrant simplement sur les nuages. Une bombe à retardement qui n'attendait qu'une chose, c'est d'exploser. Ce n'était pas franchement juste de faire vivre ça à Alexis, elle qui restait aux premières loges de la consumation de Kay. Il brûlait à petit feu, sans savoir comment se reprendre. Il était clairement plus dans le même état d'esprit que les jours précédents. À un moment, tout allait bien, il profitait de ses vacances avec sa petite amie sans se soucier de rien, et l'autre, c’est comme s’il remettait toute sa vie en question. En l'espace de quelques heures, seulement, il s'était laissé emporter, enchaînant mauvais choix sur mauvais choix. L’autodestruction par Kay Armstrong. Il s’en voulait d’autant plus qu’il ne se sentait pas légitime d’agir comme ça. Sur le papier, tout allait bien dans sa vie. Il partageait sa vie professionnelle entre deux métiers liés à sa passion, dans le cadre idyllique qu’offrait l’australie et par-dessus tout, il était fou amoureux. Que demander de plus ? Il ne savait même pas. Ça l’énervait encore plus de ne pas savoir. Enfin… Il fermait surtout les yeux pour ne pas avoir à admettre ce qui n’allait pas chez lui. Parce que le problème, il est flagrant et qu’il n’a vraiment aucune excuse pour ça. Le problème, ce sont ses addictions, ce qu’elles lui font faire et dire. Kay, il se laissait consumer par elles sans faire aucun effort pour que ça s’arrête. Pire que ça, il aggravait son cas, pris dans son énervement contre lui-même. Parce qu’il est clair pour lui que s’il perd Alexis, ses consommations vont s’empirer. Parce qu’elle va créer un manque en lui qu’il ne sera capable de combler qu’avec une seule chose. Ce n’était pas dans son intérêt de la perdre et de la repousser comme il le faisait. Pourtant, à l’entendre, les questions étaient légitimes et à force de lui parler comme ça, elle allait bien finir par plier bagage la Brésilienne. Kay, il en était au point de se dire que ce serait peut-être mieux pour elle. Il n’avait pas envie de l’embarquer avec lui et qu’ils coulent à deux. Les mots d’Alexis à la suite de ça le brûlaient un peu plus. La sensation de ne pas la mériter était bien vive en lui. Elle faisait clairement plus d’effort que lui dans toute cette histoire et clairement, ce n’était pas bien juste. “C’est pas ce que j’essaye de faire…” Souffla-t-il difficilement. Dans sa tête en tout cas, il n’arrivait pas à se dire qu’il était en train d’essayer de rompre. C’était presque inconcevable que ça vienne de lui. Il n’essayait pas de le faire, mais il parlait de ça comme pour se préparer au jour où l’idée de rupture viendrait d’elle. À cet instant, ça lui paraissait inévitable. Après tout, elle avait beau avoir beaucoup de patience Alexis, y a un moment où elle allait arriver à sa limite. “C’est juste que…” Commença-t-il avant de soupirer longuement. Avant de trouver ses mots, il se tourna pour faire face à la Brésilienne. “C’est juste que je perds pied Alex…” Dit-il en serrant sa mâchoire le plus fort possible. Il se décidait enfin à être un peu honnête envers elle. Envers lui aussi. Il n’avait pas encore osé prononcer ces mots à voix haute et ça le décontenançait légèrement. “Tout ce que je sais là, c’est que j’sais pas comment arrêter.” La douleur de cette réalité, elle était présente en lui comme jamais. Il allait finir par foutre sa vie en l’air avec ces conneries, mais tout son corps le réclamait, toute son âme aussi. Il sentait que ça le dévorait et malheureusement, à cet instant, il ne voyait pas comment tout ça pouvait rester compatible avec leur relation. Il soupirait une dernière fois avant de se laisser retomber sur le dos. Ses mains venaient frotter son visage, comme pour essayer de mettre un peu de sens dans ce qui se passait dans sa tête. “J’suis un putain d’idiot et un putain de mess et… et ce n'est pas juste envers toi, mais j'sais pas comment arrêter…” Tout se bousculait dans sa tête après cet aveu. Il savait bien ce qu’il devait faire pourtant. Au lieu de s’excuser à chaque fois de faire les mêmes erreurs, il devrait apprendre de ses dernières. C’est comme ça qu’il réussirait à rendre cette relation saine. La communication et l’apprentissage. Sur le papier, ça semblait plutôt simple. Honnêtement, ça le serait s’il n’y avait pas dans tout ça le facteur drogue. Ses addictions, ce sont elles qui lui pourrissaient la vie, mais il en arrivait à un point où il ne pouvait plus se cacher derrière le deuil ou derrière l’amusement parce que clairement, c’est juste son corps qui lui réclamait ses doses. C’est juste lui qui n’avait pas assez de force pour s’arrêter.

Alexis & Kay

Pour moi, c'était clair ce matin que les agissements et les paroles de Kay, ils étaient pour entamer une rupture. Enfin, pas si clair parce qu'il avait quand même fallu qu'il prononce ces derniers mots pour que j'comprenne. Je trouvais ça tout de même hallucinant qu'il essaie de faire ça alors qu'on était bien loin de la maison et qu'on avait un vol de retour à faire ensemble. Après tous les efforts que j'avais fait pour m'acclimater à son monde, à son mode de vie, pour lui faire confiance, pour m'ouvrir à lui. Si j'étais pas assez pour lui, j'savais pas ce qui le serait parce que j'avais sincèrement l'impression de tout faire pour que ça marche. J'étais pas la personne la plus simple à vivre, mais il ne donnait certainement pas sa place. Et donc, son petit discours, il ne prenait pas avec moi ce matin, j'pouvais pas l'accepter. J'acceptais bien des choses de sa part, clairement un peu trop d'ailleurs, mais ça non. « On dirait pourtant. » répondis-je mécontente en croisant les bras. Il avait cette tendance Kay à être tellement dans sa tête que de lire quoi que ce soit sur son visage était presque impossible. Enfin, j'lisais la frustration, le mal être dû à sa soirée, mais c'était difficile d'interpréter le reste et surtout de savoir ce qui était lié à quoi. Alors évidemment, je sautais sur la première raison plausible qui pouvait expliquer ses paroles, ça me semblait logique sur le coup. Et pourtant, pour une rare fois, p'tête même l'une des premières alors qu'on était encore bien à vif, Kay il ouvrit la bouche pour ce qui semblait être une explication. Et cette démarche, elle semblait bien sincère puisque ça semblait lui coûter beaucoup. Il se tournait vers moi, enfin un premier eye contact et j'pouvais voir l'étendu des dégâts, à quel point Kay il avait l'air dans le mal. Automatiquement, mon corps bien raide jusqu'à présent se détendit un peu, juste assez pour faire preuve d'ouverture face à ce qu'il s'apprêtait à dire. Je décroisai mes bras et je posai mon regard dans le sien, plus aussi en colère maintenant, juste.. Inquiète et concernée aussi. Les mots qui sortirent de sa bouche, ils n'aidaient en rien à me rassurer. J'restai un peu bouche bée d'ailleurs face à cet aveu. J'le savais sincère, Kay il n'avouerait jamais un truc pareil par pure manipulation ou pour se faire pardonner. Et à ce moment-ci, j'aurais préféré mille fois qu'il essaie de me manipuler plutôt que cette détresse soit réelle. Évidemment que ça me brisait le coeur de le voir comme ça. Juste de l'entendre, j'sentais les larmes monter dans mes yeux.  Kay, il était bien plus complexe que ce qu'il laissait voir aux autres, que ce qu'il tentait d'me laisser voir. Mais y'avait des moments où l'honnêteté, elle se forçait d'elle-même et j'connaissais certaines parties de lui à cause de ça, à cause de moments comme celui là où il craquait un peu et m'laissait voir un peu de vulnérabilité. Et normalement, j'savais un peu comment l'accueillir, je pense, mais ce matin, j'en étais pas certaine. C'était bien plus grand que moi, que nous, ça m'dépassait. Mais j'savais que j'voulais au moins essayer alors je soupirai doucement, comme pour me donner du courage et je fis un pas vers Kay. J'allai m'asseoir sur le lit, à côté de lui et j'lui tirai les bras pour qu'il se relève vers moi. J'posai mon regard dans le sien et ma main sur sa joue pour la caresser doucement. « Hey... J'suis là, Kay. Si tu veux de mon aide... J'suis là pour toi, ok? » lui dis-je doucement. Admettre son problème c'était une chose, accepter l'aide d'autrui c'en était une autre et ça, y'avait que lui qui pouvait décider s'il en voulait. Clairement, il n'y arrivait pas tout seul l'Anglais, fallait juste qu'il décide de se battre maintenant. « On peut te trouver des ressources et du support, quelqu'un qui saura te guider. » proposai-je en réfléchissant à ce qui pourrait faire une différence. Même si j'voulais pas le presser, lui dire quoi faire ou lui imposer quoi que ce soit, j'espérais qu'il la prenne cette aide. J'avais peur en fait qu'il décide de ne pas se battre, qu'il se dise que ça ne valait pas la peine. J'savais pas exactement il en était où dans son cheminement dans sa tête et ça aussi, ça m'faisait peur. « S'il te plait laisse-moi t'aider, j'te laisserai plus perdre pied. » lui dis-je en pressant ma main dans la sienne. C'était probablement un peu bold comme promesse, sans en être réellement une. J'savais bien que lorsqu'il avait quelque chose en tête, l'anglais, c'était difficile de le faire changer d'idée, mais j'me promettais d'au moins essayer, de tout faire pour l'aider et lui garder les deux pieds bien au sol. J'savais pas comment, mais s'il avait la volonté, on trouverait bien. Ensemble.

Alexis & Kay
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Kay ne savait clairement pas comment gérer cette situation. Pris entre ses émotions, la raison, la redescente et la fatigue, il enchaînait les phrases sans réussir à communiquer efficacement avec Alexis. Il ne fallait pas en attendre trop de lui non plus, si déjà rien ne faisait sens dans sa tête, comment pouvait-il en discuter sincèrement sans envoyer les mauvais signaux ? Lui, il n'avait pas l'envie de rompre, malgré ce qui pouvait en ressortir de ses mots. Le truc, c'est qu'entre ses envies et la raison, il y avait un gouffre. À ses yeux du moins. Pour Alexis, c'était différent. Elle ne pouvait se baser que sur les mots qu’il lui adressait et on ne peut pas dire qu’il soit très loquace le Britannique. Pourtant, même s’il paraissait froid envers elle, c’est surtout contre lui qu’il était énervé. Une frustration conduite par la culpabilité que cette soirée avait engendré en lui. Il finit tout de même par tenter d'expliquer un peu plus en détail sa façon de penser. Une tentative de sincérité peut-être inespérée vu son état. Il n'avait pas envie de s'apitoyer sur son sort, le Britannique, mais sur ce coup-là, il avait un peu l'impression de le faire. Tout ça ne faisait qu’accentuer sa colère contre lui-même, la réaction d'Alexis ne l'aidant pas non plus. Si le contact de sa main contre sa joue lui réchauffait un peu le cœur sur le moment, avec venait une certaine frustration. Sa première réaction aurait été de la repousser encore un peu plus, de lui dire de ne pas agir comme ça avec lui, qu'il devait bien s'en sortir tout seul et qu'il ne fallait pas qu'elle le prenne en pitié. Parce que c'était un peu ce qu'elle était en train de faire à ses yeux. Après la rancœur venait la pitié. Alors il serrait un peu plus la mâchoire pour contenir sa frustration, ne décrochant pas de son regard. Il l'écoutait essayer de proposer son aide, frustré de la pousser à en arriver là. "Alexis..." Tenta-t-il une première fois pour la couper. Sans succès, elle enchaînait, toujours déterminée à l'aider comme elle le pouvait. Il ne pouvait pas lui en vouloir d'essayer, sachant pertinemment qu'il aurait fait la même chose si les rôles avaient été inversés. Ils l'avaient été il n'y a pas si longtemps que ça d'ailleurs, à la différence près qu'Alexis elle avait vraiment envie de s'en sortir alors que Kay n'était pas forcément dans cet état d'esprit. Ça aussi ça jouait sur ce sentiment profond de culpabilité qu’il ressentait. Alexis tentait d’être là, elle passait outre son comportement de la veille pour lui tendre la main et lui, il était simplement capable de faire un constat de son état tout en sachant pertinemment qu’il n’était pas prêt mentalement à faire des efforts. Il finit par soupirer une nouvelle fois avant de laisser sa tête tomber sur l'épaule de sa petite amie. "Je..." Il sentait la honte monter en lui Kay. Les mots qui allaient sortir de sa bouche, là, l'emplissaient déjà d'une honte très forte, mais ils étaient nécessaires. Nécessaire pour elle, comme pour lui. Cet aveu lui faisait peur, mais il en était arrivé à un point de non-retour le brun et il se devait, au moins, d’être honnête envers elle. "J'suis juste pas certain d'avoir l'envie..." Souffla-t-il finalement. C'était dur de l'avouer à voix haute comme ça. Jusqu'ici, il s'était voilé la face, se pensant hermétique et plus fort que ses addictions, là, il s'avouait clairement vaincu. Son corps ne demandait qu'à recommencer, encore et encore, lui faisant un peu plus perdre la tête à chaque fois. Ce n’était clairement plus récréatif, mais un besoin viscéral. Jusqu’ici, il se cherchait encore des excuses, parlant des concerts et de l’amusement avant tout. Il était clair maintenant que tout ça n’était que des excuses pour se voiler la face tout seul. Et aujourd’hui, leur relation avec Alexis en était impactée, les relations avec ses potes commençaient à l'être aussi, ce n'était qu'une question de temps avant que son travail ne le soit également. Que ce soit pour elle ou pour lui, il n’avait plus vraiment le droit de se mettre la tête dans le sable plus longtemps. "Ou peut-être que je n'en ai pas la force surtout." Les deux devaient bien être liés. Se sortir de tout ça, ça demandait de l'envie et de la force. Deux choses que le Britannique ne semblait plus avoir en stock à ce moment-là. Peut-être qu'avec un peu de repos son discours serait amené à changer, mais là, en pleine redescente, ça lui semblait impossible. Tout ce qu’il serait capable de faire s’il n’avait pas tant envie de dormir, c’est de reprendre quelque chose pour repartir de plus belle. “Je ne veux pas que tu m’aides Alexis.” Dit-il finalement en relevant la tête vers elle bien sérieusement. “Je ne veux pas que tu m’aides parce que je n’ai pas envie de t'entraîner avec moi.” Il savait ne pas être une bonne influence pour elle. A ce stade, il n'était une bonne influence pour lui même, loin d'être le gars qui semblait avoir réussi à dompter ses consommations il y a de cela encore quelques mois. Dans un sens, il aurait été capable d’accepter son aide si elle n’avait pas été confrontée à des addictions elle aussi, et de l’autre, si elle n’était pas passée par là, il lui aurait sûrement reproché de ne pas savoir de quoi elle parlait… Tout ceci contrebalançait dans sa tête sans qu'il ne sache quoi faire, comme s'il était arrivé dans une impasse.

Alexis & Kay

Évidemment que mon attitude fasse à Kay avait changée du tout au tout. Ses conneries me mettaient en rogne, elles m'faisaient perdre patience et tout remettre en question. Mais ça c'était avant qu'il ouvre la bouche. Avant qu'il ne s'ouvre un minimum. C'était facile d'être en colère et d'être pleine de rancoeur alors qu'il disait rien et qu'il enchainait les conneries, c'était autre chose de le rester alors qu'il se montrait vulnérable et brisé. Donc, ça se fit bien naturellement d'oublier ma colère précédente et de switcher en mode solution, en mode compassion. J'voulais pas le laisser tomber, j'voulais être là pour lui comme il l'avait été pour moi quand j'avais eu le déclic que c'était assez. La seule différence là, c'est que Kay il n'avait pas eu ce déclic. Et bordel j'aurais aimé que ce soit le cas, mais il n'en avait pas assez. Il était juste au stade d'admettre les faits, sans avoir envie d'y changer quoi que ce soit en fait. Il ne l'avait pas dit, pas encore et ça m'donnait la chance de le faire changer d'avis, p'tête. En insistant un peu et en me montrant collaborative et en montrant qu'il y avait de l'espoir et des solutions à sa portée. C'était probablement d'me voiler un peu la face que de penser déjà aux remèdes disponibles sans même le laisser continuer sa pensée, sans le laisser placer un mot. Comme si j'avais peur que ce qu'il avait à ajouter ne me plaise pas. Et avec raison. Kay laissa tomber sa tête sur mon épaule et naturellement, mes bras se posèrent dans son dos. J'me sentis me raidir lorsqu'il prononça ses premiers mots. J'avais très certainement minimisé le problème de l'Anglais avec les drogues et ça me faisait beaucoup de peine, beaucoup de mal de le voir comme ça. À ce stade, on savait bien que j'étais du genre émotive alors de l'entendre dire qu'il n'avait pas envie d'aller mieux, de faire l'effort, ça m'serrait le coeur. J'comprenais que ça l'épuisait, c'était un cercle vicieux les addictions et même sans avoir vécu le quart de ce que Kay avait vécu, j'arrivais un peu à me mettre à sa place et c'est bien pour ça que j'étais pas prête de l'abandonner. « J'peux en avoir pour toi, d'la force. » lui murmurai-je en lui caressant doucement le dos. L'envie par contre, ça devait venir de lui à un moment, mais ça pouvait partir de moi aussi. J'étais prête à le supporter, à ne pas le lâcher. J'étais prête à bien des choses pour lui. Mais tout ça, ça valait rien s'il n'en voulait pas. Et ça semblait être le cas alors qu'il relevait la tête vers moi. J'le sentais me repousser, encore et encore alors qu'il disait ne pas vouloir de mon aide. Je fermai les yeux quelques secondes, tentant de bien respirer, de garder un certain contrôle sur mes émotions sans que ce ne soit ma force. « Et je suis censée faire quoi? Te regarder sombrer? » lui soufflai-je en ouvrant les yeux. « Je ne peux pas te perdre, Armstrong. Alors si tu peux pas le faire pour toi... Tu peux peut-être le faire pour moi? » demandai-je en sentant ma voix se briser un peu. C'était probablement bien égoïste de ma part de lui faire cette demande pour moi, mais j'étais pas connue pour être la personne la plus selfless non plus. J'pensais à mes besoins et mon besoin là, c'était que Kay fasse l'effort, qu'il tente d'aller mieux, qu'il reste en vie et qu'il reste près de moi. Si j'avais été choquée hier par sa proposition d'ecstasy, c'était bien la dernière chose dans ma tête en ce moment, prête à ce qu'il recommence des centaines de fois si ça voulait dire qu'il me laissait l'aider un peu. J'étais probablement même pas outillée un minimum pour être celle qui l'aiderait d'ailleurs, mais j'avais la plus grande motivation du monde en mes sentiments pour lui, ça devait bien suffire. « T'as souvent dit qu'on était une team toi et moi. On quitte pas une équipe quand l'un a besoin de l'autre. » dis-je finalement pour appuyer mes propos dits depuis quelques minutes. C'était valable et pour moi et pour lui. En fait à ce stade, j'avais probablement bien plus besoin de lui que l'inverse parce que jamais j'serais capable d'le pousser au loin.

Alexis & Kay
tw: alcool & drogues

À ce stade, il était impossible pour le Britannique de voir les choses positivement. Il sortait d'une soirée compliquée et là, il n'était capable que de voir à quel point il avait merdé et à quel point il s’était enfoncé dans ses conneries. Ses vices il les avait toujours eu, du moins ça faisait un bon bout de temps qu'il les traînait avec lui, comme le fardeau de ses années adolescentes dont il n’avait jamais su se débarrasser. Il avait longtemps cru être en contrôle, Kay, mais la vérité aujourd'hui, c'est qu'il se retrouvait au pied du mur. La prise de conscience, elle était souvent liée à la ville visiblement puisqu'ils se retrouvaient presque dans la même situation qu'il y a un an. Dans le même environnement, avec la plupart des même personne autour, enseveli sous les souvenirs douloureux et incapables de faire la part des choses à partir du moment où il était sorti du train. La seule différence cette fois-ci, c'était à la présence d'Alexis. Elle, elle n'était pas là il y a un an. Kay avait dû faire face à tout ça seul. Il n’y a que comme ça qu’il savait faire de toute façon. Certes, il s'était souvent reposé sur son frère lorsqu'il vivait dans la même ville, mais Kay ça n'a jamais été le genre de gars qui s'ouvre aux autres et qui demande de l'aide quand il en a vraiment besoin. S'il n'a aucun mal à se reposer sur les autres pour des broutilles, quand il s'agit de quelque chose de plus dur, de plus concret ou simplement qui le touchait plus fortement, là, c’est comme s’il se refermait totalement. Et c'est exactement ce qu'il était en train de faire avec Alexis présentement. C'était presque un réflexe pour lui de refuser son aide. Au moins pour une fois, il avait l'honnêteté de lui expliquer pourquoi. De s'expliquer aussi à lui-même pourquoi. La Brésilienne était prête à prendre sur elle pourtant, mais ça lui paraissait impossible d’accepter. “Je ne peux pas te demander de faire ça, Alex.” Murmura-t-il en tentant de rester sur ses positions. Il avait toujours tout gérer tout seul Kay, ce n’était pas évident pour lui d’accepter qu’on s’investisse autant. Il apprenait tous les jours avec elle, comprenant peu à peu ce que c’était d’être dans une vraie relation, mais il n’était pas encore totalement prêt à partager tout et certainement pas ses douleurs. Pourtant, les mots qu’elle prononça par la suite eurent le don de le faire chavirer un peu. Elle appuyait à un endroit familier chez lui : son petit cœur. Il prenait ses mots en pleine face, comme un boomerang. Ces mots, il aurait tant voulu les dire à Mickey s’il avait eu le temps. Il les avait pensées si fort à certains moments. Sauf que c’est une chose d’y penser à postériori, une fois que le mal est fait et qu’on est énervé par la connerie d’une personne, s’en est une autre de se les entendre dire. Le regard plongé dans celui d’Alexis, Kay restait quelques instants un peu abasourdie par ses mots et par l’impact qu’ils avaient sur lui. Même si sa relation avec Alexis est totalement différente de celle qu’il avait avec celui qu’il considérait comme un autre frère, il savait très bien la douleur que pouvait provoquer la perte de quelqu’un à cause des addictions et clairement, il n’avait pas envie de faire vivre ça à qui que ce soit. “Je…” Il en perdait totalement les mots, incapable de process quelconque information constructive. Il aurait bien voulu lui confirmer, lui dire qu’il allait essayer pour elle. Sauf qu’il se ravisa. Alexis, elle lui donnait peut-être le seul objectif valable à cet instant précis, mais c’était beaucoup de pression à mettre sur une seule personne. Alors il préférait ne rien dire, même si elle l’avait impacté plus qu’elle ne le saurait. Il laissait donc Alexis enchaîner et encore une fois elle tapait dans le mile. Cette fois si par contre, la réponse lui semblait claire, au Britannique. Il posa son front contre celui de sa petite amie, fermant les yeux un instant. “On l’est oui...” Souffla-t-il, conscient de l’impact de ce mot équipe qu’ils avaient déjà utilisé à plusieurs reprises. “Mais là, je crois qu’il faut que je fasse ça tout seul. J’ai… J’ai juste besoin d’un peu de temps.” Ajouta-t-il en rouvrant les yeux pour les plonger une nouvelle fois dans ceux d’Alexis. Il ne semblait plus capable de s’en détacher, loin de la distance qu’il avait mis en rentrant dans cette chambre d'hôtel. “J’ai besoin de rentrer surtout… Et après, j’aviserais.” Dit-il finalement avec une voix légèrement plus assurée. Bowen avait été salvateur pour lui alors que Londres ne faisait que ressurgir les fantômes du passé. Il espérait sincèrement être capable de se couper autant à son retour, même si l’excitation et le dépaysement avaient dû jouer énormément l’an passé.

Alexis & Kay

Je l'avais essayé la technique de Kay. Celle de tout gérer par moi-même, d'repousser un peu les gens autour, de m'isoler pour m'enfoncer un peu plus dans cette grotte vers laquelle m'attirait ma consommation d'oxy. À un moment, y'a quelques mois, Kay c'était la seule personne de mon entourage que j'voyais encore. La seule qui avait su garder sa place parce que visiblement, j'arrivais pas à me passer de lui. Tous les autres, par contre, j'avais cessé de donner des nouvelles, j'les voyais rapidement pendant les soirées, prétendant que tout allait bien alors que je sombrais un peu plus chaque jour. J'avais tenté de faire ça toute seule et ça ne m'avait pas réussi. J'imagine que j'avais moins d'expérience dans le fait de repousser les autres. Kay, il semblait expert en la matière, des années de pratique à ne pas laisser personne voir qui il était vraiment au fond. J'pouvais comprendre cette peur d'être vulnérable, cette peur de laisser les autres voir les pires côtés de soi, mais j'avais eu espoir à un moment qu'entre nous, ce soit différent. Et pourtant, même après avoir déjà vécu pas mal de trucs, Kay il voulait pas m'laisser compenser, lui donner toute la motivation que j'pouvais avoir. Il voulait pas m'laisser l'aider en fait. Mais même s'il voulait pas m'demander de faire ça, j'comptais pas m'arrêter là, j'avais besoin d'aller jusqu'au bout, d'essayer de le convaincre encore un peu. Clairement, l'Anglais n'avait pas la force de faire cet effort pour lui-même, mais p'tête que pour moi, pour nous, il y arriverait. C'était, du moins, ce que j'espérais. Une genre de dernière tentative avec le tout pour le tout. Ce n'eut certainement pas le résultat voulu, Kay restant complètement silencieux. Ou bouche-bée, vu sa petite tentative de prendre la parole. J'saurais pas dire, j'arrivais pas à rien lire. C'était pas par manque d'essai, j'avais le regard planté dans le sien, tentant de déchiffrer quelconque expression qui voudrait bien y apparaitre. Je me sentais un peu seule là-dedans, celle qui voulait un peu trop, mais que c'était pas suffisant. En n'entendant toujours pas la réponse que j'voulais qui sorte de la bouche de Kay, j'lui rappelai ce qu'il me disait toujours: le fait qu'on était une équipe. C'était un peu ce qui nous avait fait traverser bien des épreuves depuis qu'on s'était lancé dans l'aventure d'être un couple ensemble. J'aurais aimé que ça suffise cette fois. J'l'aurais aimé tellement fort. J'pouvais sentir mon coeur battre comme s'il allait sortir de ma poitrine tandis que mes yeux se fermaient aussi au contact du front de Kay contre le mien. Mais vouloir quelque chose et la réalité, c'était parfois bien différent. Kay, il voulait pas de mon aide, il voulait faire ça tout seul et il voulait... Du temps. J'pouvais sentir mon coeur se briser un peu à ce moment-là. « Oh. » lâchai-je d'une petite voix, ne pouvant visiblement pas cacher ma déception. Pendant un instant, j'avais réellement cru qu'il me laisserait être là pour lui, qu'il me laisserait être cette moitié de notre équipe, celle qui pouvait prendre un peu de sa douleur. Et voilà qu'il souhaitait être seul, vivre ça sans moi. J'avais supposé plus tôt que son discours était pour rompre avec moi, mais je ne m'attendais quand même pas à cette finalité après la discussion qu'on venait d'avoir. Enfin, rompre ou prendre une pause... À ce stade ça sonnait pareil pour moi. Ça se ressentait aussi de la même façon, meaning : ça faisait très mal. J'avais tout dit ce que je pouvais pour le convaincre juste avant, autant garder un minimum de dignité, j'allais pas le supplier. C'était tout de même impossible de prétendre que ça ne m'affectait pas. « Du temps... Tout seul.. Mmh mmh. Ouais j'comprends. » dis-je après un silence. Je brisai ce eye contact, incapable de le maintenir plus longtemps, en me reculant un peu, puis en me levant du lit pour mettre un peu de distance entre nous à mon tour. Kay parlait d'avoir besoin de rentrer à Bowen pour aviser ensuite. Tout dans sa façon de parler m'indiquait que j'avais vu juste. J'savais plus trop où me mettre, j'me sentais bien ébranlée par tout ça, mais une partie de moi avait envie d'se mettre en mode survie. Fallait que j'sorte de là. « Bien sûr, tu verras en rentrant. On verra. » répondis-je en me forçant à me tourner vers lui, petit sourire crispé au visage. Crispé, mais triste quand même, c'était plus fort que moi. J'savais même pas si y'avait encore un on au final. « J'vais te laisser la journée pour te reposer et dormir. » déclarai-je en prenant ma veste et mon sac. La journée pour être seul. Puis moi, j'prendrais la journée pour digérer.