because it's not you, it's just a dream, it's only fake (ella)

tw : mention d’harcèlement

Une vague de courage s’est emparée d’Ella. Elle est certes toute timide, hésitante face à cette nouvelle sensation qu’est l’affrontement. C’est tellement inhabituel pour elle qu’elle ne saurait comment bien réagir si Woody le prend mal. Elle ne savait même pas vraiment à quoi s’attendre face à cet acte. Le premier, le seul, depuis tout ce temps. Lorsqu’ils étaient enfants, Ella était bien trop timide (et bégayer beaucoup trop) pour pouvoir le faire. Puis adulte, elle ne l’a plus jamais revu. Enfin, si, quelques fois par-ci et par-là, dans des évènements. Bowen reste une petite ville où on croise forcément toute la population. Mais Ella a toujours évité la conversation. C’est seulement aujourd’hui grâce, ou à cause, de son chat qu’ils se font réellement face. Pour la première, la seule et sûrement la dernière fois. Alors il ne fallait pas rater ça. Sûrement l’unique raison qui l’a poussé à demander des excuses. Elle écoute par la suite le discours de Woody. Elle est surprise, il s’excuse et se rend même compte que c’était peut-être pas le fun pour elle. Elle fronce les sourcils. Elle ne s’attendait pas à ça, en réalité. L’image d’un Woody très moqueur est resté gravé dans sa tête. Comme s’il avait toujours 10 ans. Pourtant, il a grandi. Comme elle. Comme elle a pu changer, supprimer ce bégayement suite à des leçons orthophoniques, construire une vie stable. Woody aussi. Et c’est logique. Pourtant ses excuses blessent. Assumer ne pas la connaitre alors que le visage d’Woody est resté longtemps dans sa tête, dans ses cauchemars. Alors, oui, ça fait mal. « Tu n’as peut-être pas l’impression de me connaître mais pour moi, c’est pas le cas. » souligne-t-elle. « Mais.. merci pour tes excuses. » finit-elle avec un petit sourire gêné. Le fait qu’il s’excuse lui permet de faire une croix, finalement. Peut-être un premier pas vers la paix totale, la libération. Certes, Ella est une femme plus sûre d’elle mais quelques démons viennent la hanter. Avoir subi du harcèlement ne part jamais tout seul, et souvent laisse bien trop de séquelles. Elle s’apprête à partir maintenant qu’elle a entendu ces quelques mots, toujours avec Max dans les bras. Puis elle entend ses derniers mots. Et elle s’en veut. Elle n’a jamais souhaité ça. Jamais souhaité le sort du karma. Elle se sent mal, maintenant. A nouveau. Et pas pour les raisons du début. Elle se trouve même compatissante pour Woody. « Ca ne me fait pas plaisir Woody. » prononce-t-elle. « Je suis désolée pour toi. J’espère que tu vas mieux. » répond-elle. Elle ne peut pas se réjouir de ce genre d’information. Elle ne sait pas de quoi il s’agit, et elle ne demandera jamais les détails, elle le laisse se livrer à elle s’il le souhaite.

tw : mention d'harcèlement (point de vue du bully)

Pour lui, ce n’était pas qu’une impression, il ne jugeait vraiment pas la connaître, Ella. C’est justement pour ça, au fond, sans doute, qu’il avait été aussi facile de la ridiculiser, de la traiter comme plus bas que terre. Pour lui, à l’époque, elle n’était pas grand-chose (et c’était terrible, comme idée). S’il s’était attardé à elle, s’il avait pris le temps d’apprendre à la connaître, à réaliser qu’elle était humaine et qu’elle avait une vie, des passions, des qualités, une gentillesse sans fin, il est probable qu’il l’aurait laissée tranquille. Ça n’avait pas été le cas. Dans le temps, Woody se prenait pour le roi de la fac et tous ceux qu’il considérait en-dessous de lui, ne méritaient pas son attention à moins que ce soit pour rabaisser. « Je ne pense pas que tu me connaisses non plus vraiment. Tu connais une partie de moi seulement. » Et c’était tout à fait normal. Pourquoi Ella aurait-elle voulu apprendre à connaître ce qui se cachait sous ce monstre ? Sous son bourreau ? Woody ne s’était pas forcé à montrer quoi que ce soit d’autre que le pire de lui. Il ne pouvait reprocher à personne de ne pas être en mesure de voir le beau. Le peu de beau qu’il avait. La vie le lui rendait bien, tout le mal qu’il avait fait aux autres, il avait un peu l’impression que ça lui était revenu comme un boomerang en plein visage. Il souffrait, maintenant, quotidiennement. Il souffrait physiquement autant que mentalement. Ça n’excusait rien, bien sûr, et ça n’allait certainement pas lui attirer de la compassion et le pardon (et il n’en voulait pas), mais au moins il payait, d’une certaine manière. Il fut surpris de voir qu’Ella affirmait que ça ne lui faisait pas plaisir. Pas même un peu ? Il l’aurait méritée, sa danse de la victoire. « Non, la sentence est là pour rester. Mais peu importe. » Il n’avait certainement pas envie de se confier davantage à Ella. Il avait déjà mis bien du temps à pouvoir en parler à ses proches, il ne se livrerait pas à une femme à qui il avait fait du mal il y avait, pour lui, fort longtemps. « Well then, bonne fin de journée, Ella. » Conclut-il, prêt à reprendre son chemin.