Don't want to miss a thing (malias)

Il va me tuer, je le sais…
Je sais pertinemment que Manny va vouloir m’étriper s’il sait que je suis là, ce soir. Mais comment résister ? Ca fait un mois maintenant que je sais qu’il performe en tant que drag, ici, au Adam & Yves. Si j’ai plutôt mal pris qu’il me cache cette facette de lui au début, on a longuement discuté depuis et on a réussi, comme d’habitude, à apaiser les tensions. Après plus d’un an de relation, on a appris à s’écouter l’un, l’autre, à créer notre propre fonctionnement. Le couple, avec Manny, c’est comme une rivière, il peu y avoir quelques tumultes, mais jamais suffisant pour faire chavirer le bateau. J’aime cet homme plus que je n’ai jamais aimé personne, et je sais que nous sommes fait pour durer. De mon côté, en tout cas, je n’imagine pas l’avenir sans lui. Alors, quand, après de nombreux quiproquo et quelques disputes, j’ai enfin fini par apprendre que mon beau scientifique ne passait pas ses vendredis soirs en compagnie d’un jeune éphèbe ou d’une jolie brune, je me suis sentie soulagé. Je l’ai écouté me raconter sa passion pour le drag, et les étoiles qu’il avait dans les yeux ont de suite touché mon coeur. Il m’a pourtant fait promettre de ne pas venir le voir en représentation, enfin…il m’a extorqué ces promesses, parce que j’avais envie de venir le voir, moi. J’avais envie de voir l’homme que j’aime s’ouvrir encore plus au monde de la scène. Il le faisait déjà avec brio avec son groupe de musique, chassant sa grande timidité pour éclore fasse au public. Je savais qu’il serait merveilleux en drag queen et j’avais envie d’assister à ce spectacle. Alors, sans lui dire, je me suis rendu ce soir au Adam & Yves. J’ai commandé un gin tonic au bar, et j’attends sagement que le show commence.  

@manny garcia

Tu voulais pas en parler à Elias au début, tu voulais garder ça pour toi, que ce soit ton petit secret. Et puis tu savais pas si tu aimerais ça au final, si tu t’en sortirais. Mais tu as vite compris, lors de ton premier makeover que tu aimerais le drag. Avec du maquillage, une perruque et tout le reste, tu te sentais être quelqu’un d’autre et surtout, tu avais plus confiance en toi, tu osais faire des choses qu’en temps que Manny tu n’osais pas faire. Tu as beaucoup travaillé sur ton numéro, tu voulais proposer quelque chose d’abouti, ton côté maniaque est pas mal ressorti. Mais à côté de ça tu voyais qu’avec Elias ça allait moins bien, jusqu’à ce que vous vous disputiez vraiment, tous les deux pensant que vous alliez voir ailleurs alors qu’il n’en était rien. Alors tu lui as avoué pour le drag, même si tu avais peur de sa réaction. Il a été enthousiaste et tes peurs se sont envolées. Mais tu lui as fait promettre de ne pas venir te voir, pas tout de suite. Tu n’étais pas encore prêt à ce qu’il te voit sur scène, tu voulais que cette passion reste encore un peu à toi et que tu lui montres vraiment au moment où tu voudrais, où tu aurais envie qu’il te voit. Tu as déjà fait quelques représentations en public avec d’autres drag queen que tu as rencontré au moment de ton entrée dans le groupe. Certaines font ça depuis des années, d’autres sont débutantes comme toi mais chacune trouve sa place dans cette petite troupe. C’est ton tour de monter sur scène, tu as choisi comme nom drag Nélia Lavender après de nombreuses hésitations. Tu sais que tu pourras changer si tu en as envie, rien n’est fixé. Mais tu aimes bien le fait d’avoir un prénom portugais pour rappeler tes origines. Tu montes sur scène avec une longue perruque châtains, un maquillage qui te rend méconnaissable, ta guitare acoustique et une tenue digne de Taylor Swift années country. Ton numéro commence par une musique acoustique que tu as composé, avec quelques traits d’humour dedans. Tu joues le jeu à fond de la chanteuse gentillette mais qui sort des horreurs dans ses paroles avant de lâcher ta guitare, retirer ta perruque et ton haut pour dévoiler une perruque beaucoup plus courte de cheveux violets et un haut à paillettes. La chanson part alors dans quelque chose de plus rock, tu continues à chanter dans un registre que tu as l’habitude de faire avec le monkey squad mais toujours avec des paroles de ta composition, tout comme la musique. Tu danses aussi même si c’est loin d’être ta spécialité et tu n’es toujours pas totalement à l’aise avec des talons alors la chorégraphie reste plutôt simple, même si tu espères t’améliorer. Avec les lumières projetées sur toi, tu ne vois pas le public, les entendant juste parfois réagir. A la fin de ton numéro, tu as tout donné, les lumières s’éteignent et tu vois les gens applaudir. Ton sourire se ternit lorsque tu remarques dans l’assistance Elias. Tu tentes de garder une contenance mais à l’intérieur de toi tu sens toute la joie du moment s’envoler. Tu lui as dit de ne pas venir et il l’a quand même fait. Tu quittes la scène pour laisser place au numéro suivant et pars en vitesse dans les coulisses. Tu retires ta tenue, ta perruque, ton maquillage le plus vite possible, tu sens les larmes monter et couler pendant que tu enlèves ton fond de teint. Les autres viennent te voir mais tu leur dis que ça va, tu as juste un truc à régler. Ils ne sont pas dupes mais ils te laissent tranquille tout en te redisant que tu peux compter sur eux. Tu es triste, énervé, déçu, trop d’émotions négatives pour toi. Tu sors ton téléphone pour envoyer un message à Elias et lui dire : "je t’avais dit de pas venir. Je veux pas te voir. Je veux plus te voir." Avant tu n’aurais jamais osé lui dire un truc pareil mais à présent tu te sens plus confiant et tu oses affirmer tes sentiments, qu’ils soient positifs ou non.

Quand le pseudonyme de Nelia Lavender est annoncé, mon coeur commence à tambouriner dans ma poitrine. Je n’ai aucune idée de ce que cela fait, mais j’ai la sensation que c’est moi qui vais monter sur scène. J’ai le trac par procuration. Les lumières s’éteignent et plongent le public dans le noir, tandis que la scène, au contraire, s’illumine. Mais ce jeu de lumière n’est rien comparé au moment où Nélia apparait sur scène. Manny, il y a quelques semaines, a commencé à me parler de sa nouvelle passion pour le drag. Il m’a parlé de la troupe, sans me proposé de les rencontrer encore, m’a décrit son personnage, son costume. À chaque fois qu’il évoque le drag, ses yeux brillent d’une façon si singulière que ça me donne le sourire à chaque fois. Comme j’aime le voir heureux ! Nélia Lavender…j’ai l’impression de découvrir une idole en chair et en os, alors que je ne l’aurais jamais vu qu’en photo. À la différence que je ne l’ai même jamais vu en photo. Manny me l’a beaucoup décrite, il m’a parler de ses choix de couleurs, d’association, de ses tests maquillages mais je n’ai jamais rien vu de mes yeux. C’est magique de voir le personnage se dévoiler sous mes yeux ce soir. Je me sens comme un enfant à Disneyland, j’ai l’impression de ne pas savoir où donner de la tête. Le spectacle est à la fois drôle et remarquablement effectué. J’ai l’impression d’avoir des étoiles plein les yeux tout au long de la représentation, mais dès lors que le rideau se ferme pour laisser place à une autre performeuse, je déchante violemment. Manny a remarqué ma présence dans le public. Je ne comptais pas nécessairement le lui cacher, mais cela n’a pas semblé lui faire plaisir. Son sms me le confirme.
J’ai la sensation qu’une douche froide me tombe dessus et pendant un moment mon cerveau freeze. Je ne sais pas quoi faire, quoi dire. L’angoisse me saisit. Merde…j’ai fais une connerie. Je sais que Manny est très attaché à son rythme et je viens de faire un pas qu’il ne m’avait pas autorisé à faire. Je me sens mal. Une légère nausée me prend. Je marche un peu nonchallament dans la boite, jusqu’à atterrir devant le bar. La barmaid me demande ce que je veux boire, je lui fais signe que je n’ai besoin de rien, et reste ainsi un moment, le regard dans le vide.  Je soupire au bout d’un long moment, puis baisse le nez vers mon téléphone, qui n’a pas quitté ma main et qui est ouvert sur le sms de Manny. Ma gorge se serre en le relisant. J’inspire puis prend mon courage à deux mains. « Je suis désolé, Manny. J’ai pas réfléchis. Je suis trop con…on peut discuter ? » j’envoie alors.

Tu lui en veux, beaucoup. Il t’a volé ton moment, il n’a pas respecté les limites que tu lui as imposé. Tu le connais Elias, tu sais qu’il est têtu et qu’il en fait toujours qu’à sa tête mais tu pensais qu’il respecterait ton choix. Tu pensais qu’il arriverait à réfréner sa curiosité parce que tu lui as demandé. Mais non, il était là, tu l’as vu et ça a ruiné toute ta soirée. Tu aurais préféré qu’il vienne un soir où tu te sentais vraiment à l’aise, prêt à ce qu’il te voit performer, à ce qu’il te voit en drag sur scène, tu voulais choisir ton moment, pas qu’on te le vole. Tu t’assoies dans un coin où personne ne te verra, les pensées se bousculant dans ta tête à toute vitesse. Tu lui envoies un message avec le fond de ta pensée. Avant tu aurais sûrement pris sur toi, laissé cette déception dans ta tête et être heureux qu’il soit là, mais plus maintenant. Tu n’as plus envie de faire les choses pour faire plaisir aux autres, tu as envie de te faire plaisir à toi, de suivre ce que tu ressens et ne plus le cacher. Tu n’as pas envie de le voir, tu n’as pas envie qu’il se trouve des excuses et que tu doives le pardonner alors que tu n’en as pas envie. Tu te sens dans une impasse. Tu laisses les larmes couler le long de tes joues. Le stress d’être monté sur scène redescend d’un coup mais le reste des émotions est là et te submerge complètement. Tu as besoin de temps pour te remettre. De toute façon il ne te répond pas, pas tout de suite, tu te dis qu’il a peut-être compris le message et que vous aurez une discussion à tête reposée plus tard. Tu te demandes où tu pourras dormir ce soir, tu n’as pas envie de rentrer chez toi. Tu sens ton téléphone vibrer mais tu ne regardes pas tout de suite sa réponse, tu attends de te calmer encore un peu. Son message ne t’étonne pas, c’est tout lui, Elias l’impulsif qui réfléchie après. Mais c’est trop tard, ses excuses ne servent à rien. J’ai pas envie de te parler. Tu lui envoies en retour. Tu sais qu’il ne va sans doute pas lâcher le morceau, qu’il va peut-être te chercher, pour parler en face à face. Alors tu ne sais pas quoi faire, tu te sens perdu, tu songes à partir sans lui dire où tu vas, à éteindre ton téléphone pour ne pas y penser. D’un autre côté tu aimerais lui dire ce que tu as sur le cœur, qu’il voit combien tu l’as blessé, qu’il se rende compte et qu’il ne fasse plus à nouveau la même erreur. Une des personnes de la troupe vient te réconforter un instant, discuter quelques minutes, ça te calme un peu et ça te convainc d’aller le voir pour lui parler. Faut dire que toi non plus tu n’es pas toujours très patient et tu sais que dans tous les cas tu ressasseras jusqu’à ce que vous parliez, que tu ne dormiras pas de la nuit. Tu te lèves et jettes un regard dans la salle, tentant de le trouver parmi la foule. Tu n’as pas un grand sens de l’observation mais tu finis par l’apercevoir au niveau du bar. Tu t’approches et sans un mot, tu l’attrapes par le bras pour qu’il te suive un peu plus à l’écart, dans un coin où il y a moins de monde. Tu ne le regardes pas, tu penses seulement à ce que tu veux lui dire. Tu t’adosses au mur mais tu n’y restes pas longtemps, trop pris par les émotions « Pourquoi t’as pas respecté ce que je t’ai demandé ? Pourquoi tu fais toujours ce que tu veux sans en avoir rien à faire de moi ? J’voulais attendre avant de te montrer ça, c’était important pour moi de choisir le moment, tu m’as volé mon moment. T’as tout foutu en l’air et c’est pas rien ! J’ai pas envie de te pardonner, de t’excuser, parce que t’as merdé et que ça m’fait vachement de mal. »

Je fixe mon téléphone jusqu’à l’apparition d’un petit « lu » sous mon message, un éternité après que je l’ai envoyé. Manny n’a pas envie de me parler. Je soupire et me pince le nez. Merde…je crois que j’ai vraiment déconné sur ce coup-là. J’ai rarement vu mon petit-ami en colère, mais là…là c’est différent. Je l’ai blessé, je le sais. Je m’en veux tellement. J’ai été con. Pourquoi a-t-il fallu que je n’en fasse qu’à ma tête ? Manny aurait fini par m’inviter de lui-même quand il aurait été prêt. J’aurais dû faire preuve de patience, seulement…
Perdu dans mes pensées, je n’ai pas vu Manny arriver. Quand il parvient à ma hauteur, j’en sursaute. Il est en colère, je le constate de mes yeux. Je n’ai jamais vu son visage aussi tendu. Il m’attrape par le bras pour que nous discutions un peu à l’écart. Je n’ose rien dire, je le laisse parler. Il ne me regarde pas dans les yeux, il parait perturbé. Il commence à m’expliquer ce qui l’a blessé, il me dit qu’il aurait voulu choisir son moment et que je le lui ai volé. Je me sens mal. Mais le pire est quand il me confirme que je lui ai fait du mal. Ses mots me heurtent, mais son expression est pire encore…je l’ai déçu, et j’ai l’horrible sensation qu’il y a quelque chose d’irréversible. A-t-il perdu toute confiance en moi ? « Manny, je… » ma voix tremble. Je ne sais pas quoi dire. Que pourrais-je bien avancer en réalité ? Je suis fautif sur toute la ligne. Mes poings se serrent, tandis qu’un goût amère s’infiltre dans ma bouche. « T’as le droit de pas vouloir me pardonner, je… » J’ai peur. Pour la première fois depuis le début de notre relation, j’ai la trouille qu’il me quitte. « Je me suis pas rendu compte. »

Tu te demandes ce que tu veux toi, ce dont tu as envie à cet instant et après, pour vous deux. Tu essaies de réfléchir mais ça tourbillonnes trop. Tu as envie qu’Elias sache que ce n’est pas rien qu’il soit venu sans que tu l’y invites, que ça t’a fait souffrir, ça te fait souffrir et que tu as l’impression que ton avis ne compte pas. Ce que tu as peur, c’est qu’il s’en veuille sur le moment mais qu’il refasse les mêmes erreurs plus tard et que tu souffres à nouveau pour les mêmes choses. Parce que tu le sais, tu vas lui pardonner, passer l’éponge parce que tu n’es pas rancunier, parce que tu l’aimes et que tu n’aimes pas les disputes. Mais là, tu ne peux pas juste lui pardonner en quelques secondes, tu as trop mal pour ça et tu ne veux pas refouler tes émotions et prétendre que ça va bien, que ce n’est pas grave. Il doit bien se rendre compte que ce n’est pas juste un petit truc comme ça parce que tu ne t’énerves pas souvent, même si ça arrive de plus en plus que tu affirmes tes postions et que tu hausses le ton, sans jamais t’énerver à coup de cris ou de paroles agressives. En voyant sa réaction, tu t’en veux un peu, parce que tu ne veux pas le faire souffrir à ton tour mais en même temps tu ne peux pas juste le prendre dans tes bras et lui dire que ce n’est rien. « Pourtant t’avais juste à m’écouter...normalement c’est moi qui écoute pas quand on me parle, pas toi. J’pensais que j’avais été assez clair là-dessus mais p’t’être pas…. » Tu as tendance à manquer d’attention et à louper une partie des infos quand on te parle mais à Elias tu lui as dit plusieurs fois que tu voulais attendre. Mais maintenant tu doutes, tu n’es plus si sûr, est-ce que tu lui as vraiment bien fait comprendre ? Ton assurance si durement acquise semble se fissurer avec des incertitudes qui se faufile et cette petite voix qui revient pour te dire que c’est de ta faute, que tu t’énerves pour rien.

Il est rare que Manny réagisse de manière aussi virulente aux choses et c’est ce qui me fait peur. J’ai été trop loin, et il ne le supporte pas. Je m’en veux. Je sais que je ne peux pas revenir en arrière. J’ai merdé, et il y a des pots cassés. J’ai blessé l’homme que j’aime, et j’ignore comment réparer ça. D’habitude j’arrive toujours à trouver quelque chose, je sais comment chasser ses peines en un rien de temps. Je le connais par coeur et j’aime le voir heureux, alors je m’y emploie le plus souvent possible, mais là…j’ai l’impression d’être complètement démuni. « Je sais, tu me l’as dit… » Il doutait d’avoir été suffisamment clair, alors qu’il m’avait dit plusieurs fois qu’il voulait garder le drag dans son jardin secret encore un peu. « C’est moi qui n’ai pas fait attention. Je te demande pardon » Je ne sais pas trop quoi ajouter de plus, je me retrouve face à lui, pantois et désorienté. Je le regarde et hausse les épaules. « Tu…tu veux que je parte ? »  

Il s’excuse mais pour toi ça ne sert à rien, c’est trop tard. Tu sais que rien ne pourra changer ce moment, c’est passé, il n’y a rien à faire. Tu te sens perdu face à lui, Elias avait compris ce que tu lui avais dit et pourtant il n’en a pas fait qu’à sa tête. En vrai ça ne t’étonne pas vraiment, tu le connais, tu sais qu’il est du genre têtu et à ne pas toujours tenir compte de ce que disent les autres, mais là tu pensais qu’il t’écouterait, qu’il comprendrait que c’est important pour toi. Le fait qu’il ait jugé que ça n’était pas grand-chose et qu’il pouvait aller contre ton envie, ça te blesse, vraiment. Il te demande si tu veux qu’il parte, qu’il te laisse tranquille. Tu hoches la tête. Tu as besoin d’être un peu seul ou en tout cas sans lui, tu as besoin de digérer tout ça, de remettre les choses en ordre dans ta tête et penser à la suite. Tu iras peut-être demander quelques conseils à tes amis, parce que toi actuellement, tu te sens juste mal et tu as du mal à imaginer la suite pour l’instant.

Il n’y a rien de plus à dire. Je me sens comme une merde, et l’expression de Manny me brise le coeur. C’est ma faute, je le sais. Je pensais qu’il serait, heureux, au final, de me voir dans le public. Qu’il verrait ma présence pour ce que je pensais qu’elle était : un témoignage de mon soutien. Mais je m’étais trompé sur toute la ligne, j’avais suivi mon idée bille en tête, sans me soucier de ce que Manny pourrait ressentir. J’avais pensé lui faire plaisir et c’était tout l’inverse. Il ne dit rien, et se contente d’un hochement de tête, mais il ne m’en faut pas plus pour comprendre le message. Il veut que je m’en aille. Je me sens fébrile, mon estomac se serre, mais je hoche la tête à mon tour. « Ok…je…je m’en vais. ». Je n’en dis pas plus et fait demi-tour. Je pose mon verre dans le premier coin que je trouve et quitte aussi sec la boite de nuit, le coeur lourd.