besoin de comprendre | Detlev

Le vent soufflait doucement sur la falaise surplombant la plage, apportant avec lui l'odeur salée de l'océan. Les vagues s'écrasaient contre les rochers en contrebas, leur rugissement apaisant résonnant dans l'air. Perché sur le promontoire, le vieux phare se dressait fièrement, ses murs blancs marqués par des décennies de tempêtes et de soleil. Tu te tenais près du bord, ton regard perdu dans l’immensité de l’horizon. Le soleil couchant teintait le ciel de nuances d’orange et de pourpre, jetant une lueur dorée sur tes cheveux châtains. Tu venais souvent ici pour réfléchir, trouver un peu de paix loin du tumulte de la vie quotidienne. Depuis quelque temps, tu avais besoin de calme, de solitude. Tu voulais réfléchir sur ce qui se passait actuellement dans ta vie. Beaucoup de changement, mais peu d’action. Le boulot te prenait la tête et tu avais déjà pensé à arrêter et te trouver autre chose. Déjà que tu avais du mal à aider une certaine personne. Justement, tu lui avais donné rendez-vous dans ton endroit secret, près du phare. La vue était tellement belle que tu y venais dès que tu le pouvais pour te vider l’esprit. Pour laisser tes pensées partir au large avec les vagues. Tu regardas ta montre afin de savoir l’heure. Il devait bientôt arriver. Tu ne savais pas encore de quoi vous alliez parler, mais tu voulais comprendre ce qui se passait entre vous. Tu ne rêvais pas, il y avait bien une attirance mutuelle, mais rien ne se passait. Tu avais beau lui ouvrir des portes, il les refermait aussitôt. Autant mettre les points sur les « i ».

Tw: mal-être, idée noire
Le retour à la vie normale n’est pas ce qu’il y a de plus doux. Retrouver sa place, retrouver ses marques, faire en sorte que tout aille pour le mieux et ne pas montrer ce mal qui s’empare de moi, cette douleur qui reste là, en permanence. Faire face à l’adversité… c’est d’apprendre à vivre avec le manque d’Agnes que la drogue me faisait oublier, qui me laissait dans un déni constant, dans une douce langueur. Depuis que je suis sorti du centre, je dois faire face et accepter, accepter qu’elle ne sera plus jamais là. J’ai peur aussi de me laisser aller avec une autre, de vouloir être avec une autre, comme si tout ça signifiait qu’au final, j’oubliais la femme que j’aime… que j’ai aimé plus que ma propre vie. Je ne peux accepter qu’un jour son image et même le son de sa voix ne soient qu’un songe, mais tant que je ne l’accepte pas, je ne pourrais pas être heureux, je ne pourrais jamais passer à autre chose. Maintenant, il y a Billie et je me sens mal de la repousser chaque fois, de faire comme s’il n’y avait rien ou qu’elle ne m’intéressait pas… Mes pas m’amène en direction de la falaise ou la jeune femme m’a donner rendez-vous, alors que mes songes ne cessent de tourner en boucle dans ma tête. Puis, avant que je n’ai le temps de prendre conscience, la brise souffle sur mon visage et un spectacle à couper le souffle se dessine devant mes yeux. Puis, mon regard se pose sur elle et mon coeur rate un battement… “Das ist wunderbar! C’est de cette place dont tu me parlais ?” La fois où elle est venue me voir au centre, ça c’est tellement mal terminé, toujours honteux de cette scène, je tente de l’effacer de ma mémoire…

Tu avais installé une couverture sur le sol afin d’être plus confortable dans l’herbe. Surtout en fin de journée comme ça, la température n’était plus la même que dans la journée lorsque le soleil est au plus haut. Tu avais enfilé un simple jean et une chemise. Tu n’avais rien à prouver de toute manière. Installer sur la couverture, le regard perdu, tu te laissais bercer par le son des vague qui s’échouait sur le rivage. Ce son t’apaisait. Tu fermes les yeux quelques instant afin de profiter de ce moment. Puis, une voix familière se fait entendre. «Das ist wunderbar! C’est de cette place dont tu me parlais ? » Tu souris malgré toi, mais il ne s’agissait pas de l’endroit en question. Au départ, tu voulais l’amener dans une salle de sport pour l’aide à trouver une solution pour se défouler. Frapper dans un sac de sable pouvait être bénéfique pour laisser sortir la colère. Tu ouvris les yeux, mais resta sur le sol. « Salut Detlev. Non ce n’était pas ici, mais je voulais qu’on discute un peu. » Depuis qu’il était sorti du centre, tu ne l’avais pas revu. Tu l’avais pris au mot et tu ne lui avais pas rendu visite, mais maintenant qu’il était sorti, tu voulais prendre de ces nouvelles. Heureusement, il répondait à tes sms.

Tw:
Le passé… le passé est une plaie et elle nous reste collée à la peau, traçant sans qu’on le veuille véritablement, un avenir. Même si je tente d'avancer j’ai l’impression de toujours me frapper au même mur,sans cesse. Cette souffrance qui ne me quitte pas, sa présence qui s’estompe et la douleur qui ne fait que grandir. J’aimerais ne plus être ce que je suis, arrêter de me poser ces questions. Qui suis-je ? Qu’est ce que je mérite ? Est-ce que le bonheur m’est interdit ? Pourtant, c’est l’image d’un paradis qui se dessine devant moi. Je rejoins la jeune femme et sans demander l’autorisation, je prends place sur la couverture, non loin d’elle, tout en gardant une distance respectable. « Il y a quelque chose qui ne vas pas ? » Que je demande en sortant mon paquet de cigarettes de mes poches. Les sourcils froncés, je lui jette un regard furtif avant de reprendre la contemplation du paysage. Puis laisse échapper un soupir discret, cette vue me rappelle Agnès, elle aimait qu’on se cache en hauteur pour observer la vue… Elle est peut-être non loin de moi en ce moment, à observer chaque faits et gestes que je pose ? « Parler de quoi ? » Au fond de moi, j’ai l’impression de déjà le savoir, je ne suis pas complètement aveugle, je ressens cette petite tension entre nous, les portes qu’elle tente d’ouvrir. Sauf que je ne sais pas si je suis prêt ou assez solide, j’aurais l’impression de précipiter les choses… Et il ne faut pas pousser mémé dans les orties non plus ! « [b]J’ai l’impression de savoir ce que tu veux le dire, mais j’ai peur de ne pouvoir te répondre à tout … Mais tu mérites des réponses…. [/i] » Je finis par allumer la cigarette, le regard perdu dans l’horizon, je suis pas un peu idiot moi ? Elle est belle et douce et… un peu trop comme Agnès par moment….

Le bord de l’eau était tellement reposant pour toi. Il était facile de te laisser allée au bruit des vagues. Maintenant que Detlev était présent, tu pouvais laisser libre court à tes pensées. Tu pouvais lui parler de ce que tu ressentais, de ce que tu aimerais qu’il se passe entre vous.... Enfin, tu le voulais au plus au point, mais il avait cet effet la sur toi. Cet effet qui te met mal à l’aise, petite dans tes souliers. Si tu avais eu assez de courage, tu lui aurais carrément dit que tu ressentais quelque chose pour lui, mais tu n’en avais pas. Tu préférais tourner autour du pot encore un peu afin de savoir si lui aussi avait remarqué que quelque chose se passait entre vous. Alors que tu prenais ton courage à deux mains, il te demandait si quelque chose clochait. Oui quelque chose clochait. Lui. Toi. Vous. Tu le regardas allumer sa cigarette. Il avoue toujours ce petit geste qui te plaisait. Non pas la cigarette, mais la manière qu’il la fumais, la cigarette entre ces lèvres... Tu secouas la tête et te décida enfin à parler. « Si tu as l’impression de savoir ce que je vais dire, alors je ne tournerai pas autour du pot. » Tu te tournas vers lui afin de lui faire face. « Depuis des semaines que je me pose la question. Depuis des mois que je veux savoir ce qui se passe entre nous. Je n’sais pas ce qui cloche chez moi, mais pourquoi me rejette tu à chaque fois. Si tu ne veux plus me voir, alors dit le. Ignore-moi, mais arrête de me tendre la main pour ensuite me repousser. J’en ai marre de cette situation. » Après ça tu repris ta respiration. Tu avais finalement dit tout ce que tu avais sur le cœur au du moins en partie.

@Detlev Schröder