#1234 - She puts the color inside of my world - Cameron

Je patiente dans ma voiture. Garé dans le coin de la rue résidentielle, je trouve le temps long. Cameron m’a donné rendez-vous au domicile des Lawson (sauf moi) à seize heures trente. J’ai trente minutes d’avance et ne peux me pointer devant la ma maison aussi tôt. Alors je reste dans mon véhicule, guettant l’activité de loin. Je dois ressembler à un tueur en série, vêtu d’un pull noir, d’un pantalon souple et de lunette de soleil : je suis le cliché parfait du mec suspect. Je n’ai même pas fait exprès en plus ! Je n’allais pas me rendre dans une boutique de sport vêtu d’un costume de travail. Ce n’est pas très pratique quand on veut essayer un vélo. Or, c’est ce que j’étais en train de faire lorsque ma fille m’a téléphoné. J’ai donc réglé mes achats, calés ça dans le coffre et suis venu directement. Je n’avais pas le temps de repasser par chez moi de toute façon. Depuis des mois, elle m’évite, comme ses frères d’ailleurs. Alors j’ai sauté sur l’occasion pour passer du temps avec elle. Je ne suis pas très doué en histoire, pourtant elle m’a demandé de l’aide pour un devoir. Je sens qu’il y a baleine sous gravillon ou anguille sous roche. Peu importe. L’adolescente me cache quelque chose et je sais même quoi. Jude m’a prévenu pour son renvoi temporaire du lycée. J’espère pouvoir en parler avec elle, aborder les choses calmement, mais pour le moment : je joue le père crédule. Je me demande jusqu’à quel point elle va tenter de me mener en bateau. Pour me divertir pendant cette attente, je réponds à des mails sur mon mobile. Mes clients sont insistants et je sais que je vais devoir préparer une défense en rentrant ce soir. Trop de documents à remplir et je n’ai pas la tête à ça. Ma famille me manque et depuis la demande de divorce, je tourne au ralenti. Comme une machine défectueuse, j’ai perdu des pièces essentielles à mon fonctionnement. Je marche mal et je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Je lâche un grand soupir. 16h20, je ne tiens plus et sors de la voiture. J’avance doucement jusqu’à la porte d’entrée et frappe. J’espère que ma femme n’est pas présente, sinon elle va encore me crier dessus d’être dans ses pattes. Il n’y a personne de garé dans l’allée, alors je ne me fais pas trop de soucis. « Bonjour ! » Je m’exclame en souriant quand le battant s’ouvre finalement. Cameron me fait entrer et je dépose un rapide bisou sur sa joue avant qu’elle ne râle. « Tu vas bien ? » Je prends de ses nouvelles, comme je peux.
@Cameron Lawson