| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| You look kinda familiar. (feat. Ian) | |
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Auteur | Message |
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Invité | Sujet: You look kinda familiar. (feat. Ian) Jeu 11 Avr 2013 - 19:06 | |
| La journée passait plutôt vite, pour le plus grand bonheur d'Emily. Le café était bondé et elle enchaînait les commandes à une vitesse folle. Elle préférait nettement courir partout plutôt que de passer des après-midis seule à attendre les clients. Au moins, là, son esprit était suffisamment occupé pour qu'elle oublie tous ses problèmes - et dieu sait qu'ils étaient nombreux. Grâce au Café, elle ne pensait plus à son mariage chaotique, ne se demandait plus ce que sa mère était devenue ni même s'il arrivait que son père pense à elle au fin fond de sa minuscule cellule. Travailler était une bonne thérapie (et c'était beaucoup moins cher que de se rendre chez un psychiatre) : même si ce n'était que pour quelques heures, elle arrêtait de se torturer les méninges inutilement, offrant une pause bien méritée à son esprit endolori. Alors qu’elle était en train de servir sa commande à une habituée qui se tenait près de l'entrée, un homme d'une quarantaine d'années poussa la porte du café. Elle leva machinalement la tête vers lui et le salua comme elle le faisait toujours dès qu’un nouveau client débarquait. Elle l’observa avec attention, ne pouvant décrocher son regard de ce visage étonnamment familier. Elle avait l'impression de le connaître mais elle était incapable de se souvenir où elle l'avait déjà vu. Emily était plutôt physionomiste et elle se souvenait sans mal du visage de parfaits inconnus croisés au coin d'une rue. C’était sûrement pour cela que ce type lui disait quelque chose. Cet homme était probablement un commerçant du coin ou quelqu’un qu’elle croisait régulièrement en se rendant à son travail. Bref, ce n’était pas si important que cela, dans le fond. Elle attendit qu’il s’installe et s’approcha de lui afin de prendre sa commande. Bonjour, dit-elle avec sa politesse habituelle. Qu’est-ce que je vous sers ? Elle lui adressa un petit sourire, cherchant dans ses souvenirs où elle avait bien pu le croiser. Elle détestait ne pas se souvenir et continuerait à faire marcher sa mémoire jusqu'à ce qu'elle trouve. |
| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Ven 12 Avr 2013 - 3:20 | |
| J’étais sortit de prison depuis bientôt deux semaines et pour l’instant je n’avais rien fait de très productif. Tout ce que j’avais réussi à faire c’était de glander dans la ville et de retrouver de vieilles connaissances qui m’avaient retapé le portrait d’une façon très peu amicale. Ce qui m’avait mit immédiatement sur le pied d’alerte. Malgré les années, on ne m’avait pas oublié et je ne pouvais pas compter sur l’ignorance de mes ennemis. La seule chose que je pouvais faire pour calmer le jeu c’était d’y aller doucement et de me remettre dans le bain. Mais pour l’instant je n’avais pas la tête à faire affaire avec ces crétins. Il y a de cela quelques jours, j’étais passé devant un Café au centre ville et en regardant à l’intérieur, il me sembla que l’une des serveuses m’était familière. Même extrêmement familière. Elle me faisait penser à… non c’était impossible. J’y avais repensé souvent et y avais réfléchi. Ma fille n’avait plus 5 ans, elle en avait 20. Comment être sûr ? Il y avait une énorme différence entre un jeune enfant et une jeune femme. J’y étais retourné le lendemain sans oser entrer et l’avais observé avec plus d’insistance. En superposant l’image plutôt floue que j’arrivais à peine à me souvenir de ma petite fille, j’y décelais de très grandes ressemblances. Et il y avait également les similitudes avec sa mère…
« Bonjour, qu’est-ce que je vous sers ? »
Je m’étais assis au comptoir et l’observais discrètement. Elle semblait faire la même chose de son côté.
« Un café noir s’il-te-plaît ma jolie. »
J’eu confirmation de mes doutes en remarquant son nom sur son chandail. Emily. J’abaissais rapidement le regard et tapotais nerveusement le comptoir. Qu’est-ce que je faisais ici ? Ne serait-il pas préférable que je me lève et que je parte ? Comme ça, sans un mot ? J’avais eu ce que je voulais, je savais qui elle était. Pourquoi étais-je incapable de partir ? C’était peut être cet envie d’en savoir plus sur elle, de savoir si elle était bien, de comprendre un tas de choses. Ce n’était peut être pas l’occasion idéale, mais c’était peut être ma seule chance d’entrer en contact avec elle. |
| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Ven 12 Avr 2013 - 14:17 | |
| « Un café noir s’il-te-plaît ma jolie. » La jeune fille hocha la tête, ne s'offusquant pas du fait qu'il l'ait tutoyée et appelée "ma jolie". Après quatre ans passés à travailler dans ce café, elle était habituée à ce que les clients se montrent familier. C'était comme si leur servir une boisson créait une complicité entre eux, un lien qui les autorisait à se parler comme de vieux amis... Ce qui était assez bizarre quand on y pensait mais elle avait depuis longtemps renoncé à comprendre le monde qui l'entourait. Elle prépara rapidement le café de Ian, continuant à chercher où elle l'avait rencontré. Sa voix lui était aussi familière que son visage mais elle ne parvenait toujours pas à se rappeler pourquoi. Peut-être qu'elle se trompait, après tout. Peut-être qu'elle ne le connaissait pas, qu'il ressemblait simplement à quelqu'un avec qui elle avait déjà discuté, au café ou ailleurs. Ce n'était pas improbable : elle voyait défiler des dizaines de personnes tous les jours, il était statistiquement possible que deux d'entre elles se ressemblent assez pour qu'elle les confonde. « Et voilà. » Elle posa sa tasse devant lui alors qu'il tapotait nerveusement le comptoir. « Ça ne va pas ? », demanda-t-elle en posant une nouvelle fois son regard sur lui. Il avait l'air anxieux, presque tourmenté. Et même si cela ne la regardait en rien, Emily n'avait pu s'empêcher de lui demander si tout allait bien. Elle s'inquiétait souvent pour ses clients et il s'avérait qu'elle était plutôt douée pour les écouter et leur donner des conseils. Et elle adorait cela. Prêter attention aux soucis des autres lui faisait oublier les siens et elle se rendait compte qu'au final, elle n'était pas si malheureuse que cela. Tout le monde a des problèmes. De plus ou moindre importance, mais des problèmes quand même. Elle avait l'intime conviction que personne ne pouvait être heureux à cent pour cent. Il y avait toujours des petites choses qui nous agaçaient, des habitudes qu'on aurait aimé changer, des personnes qui avaient le don de nous mettre en colère quoi qu'elles disent ou fassent... Bref, personne ne pouvait prétendre que sa vie était parfaite. Et c'était plutôt rassurant de constater qu'en définitive, elle était tout à fait normale. |
| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Ven 12 Avr 2013 - 17:49 | |
| Je la regardais préparer mon café, incapable de me décider sur ce que je devais lui dire ou pas. Pour elle je n’étais qu’un autre client. Mais de mon côté je détenais toutes les informations. Je ressentais à la fois de l’inconfort et un grand soulagement. Je ne la connaissais plus et elle ne savait même pas qui j’étais. C’était d’une tristesse… Elle posa la tasse de café sur le comptoir et je la tirais vers moi sans la prendre. Je fixais sans vraiment le savoir le liquide à l’intérieur, perdu dans mes pensées.
« Ça ne va pas ? »
Je relevais lentement la tête et fixais le mur derrière elle. Il serait peut être plus facile de parler sans avoir le regard rivé sur elle. Je fis pivoter ma tasse sur elle-même et souris.
« Tu sais parfois quand on pense à quelqu’un que l’on n’a pas vu depuis longtemps et qu’on se demande ce qu’il est devenu. On se dit que ça n’a pas vraiment d’importance parce que de toute façon, si la personne en question ne donne pas de ses nouvelles c’est qu’elle se fiche un peu de nous. »
Je restais extrêmement vague dans mes propos. Refusant qu’elle ne réagisse trop violemment. Je savais comment on avait réagit lors de mon incarcération. On m’avait traité de tous les noms, j’étais devenu un criminel que tout le monde connaissait. Les années avaient peut être effacé mon souvenir dans la plupart des esprits, mais je me doutais que pour Emily la situation avait du être difficile.
« Et je te parle de mes problèmes comme si c’était normal. Ça doit être lourd non écouter les problèmes de tout un chacun ? »
Être enfermé pendant 15 ans dans une prison où les êtres étaient tous plus troublés les uns que les autres, ça m’avait fait comprendre un tas de chose. Et la principale était que tout le monde avait ses problèmes. Certains pires que d’autres. J’apportais ma tasse à mes lèvres et bu une gorgée. Entre-temps, mon regard c’était posé sur elle, ne voulant pas rater ses réactions. |
| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Ven 12 Avr 2013 - 21:55 | |
| « Tu sais parfois quand on pense à quelqu’un que l’on n’a pas vu depuis longtemps et qu’on se demande ce qu’il est devenu. On se dit que ça n’a pas vraiment d’importance parce que de toute façon, si la personne en question ne donne pas de ses nouvelles c’est qu’elle se fiche un peu de nous. » Emily l'écouta d'une oreille attentive, hochant la tête lorsqu'il termina de lui expliquer ce qui le préoccupait autant. Elle ne pouvait que le comprendre : elle était dans la même situation que lui. « Je vois... Je connais ça, ce n'est pas très agréable de se dire qu'on n'a aucune importance aux yeux des gens qui comptent pour nous », dit-elle d'un air compatissant. Elle pensait souvent à ses parents, même si elle ne l'avouait jamais. Elle essayait de se persuader qu'ils ne comptaient pas, qu'elle était bien mieux maintenant qu'ils n'étaient plus dans sa vie et qu'elle ne voulait plus jamais entendre parler d'eux mais au fond d'elle, elle savait que c'était faux. Elle n'était pas sûre qu'elle les reverrait un jour - et c'était peut-être mieux comme cela après tout - mais elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'ils devenaient, même si eux ne s'inquiétaient sûrement pas pour elle. « Et je te parle de mes problèmes comme si c’était normal. Ça doit être lourd non écouter les problèmes de tout un chacun ? » Elle lui adressa un sourire. « Non, au contraire. J'adore ça », répondit-elle très sincèrement. « Si je peux aider les gens en les écoutant ou en leur donnant des conseils, c'est avec plaisir. » Elle savait qu'il était parfois plus facile de se confier à une parfaite inconnue. Au moins, on ne se sentait pas juger et on pouvait avoir un avis totalement objectif - ce qui était loin d'être le cas quand on parlait de ses soucis avec un proche. « Et puis, ça permet de réaliser qu'on a tous des problèmes et qu'au final, notre vie n'est pas si nulle que ça », ajouta-t-elle gentiment. « Tout ça pour dire que ça ne me dérange pas de vous écouter, alors si vous voulez me parler de vos problèmes ou de quoi que ce soit d'autres, n'hésitez pas. » Elle esquissa un sourire amical avant de nettoyer machinalement le comptoir pour s'occuper l'esprit. Bizarrement, cette conversation avec cet inconnu avait fait remonter des souvenirs douloureux à la surface ; voilà qu'elle repensait à son enfance, à ses parents et à toutes les choses qui s'étaient passées depuis que son cher et tendre paternel avait été envoyé en prison. |
| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Sam 13 Avr 2013 - 6:33 | |
| « Je vois... Je connais ça, ce n'est pas très agréable de se dire qu'on n'a aucune importance aux yeux des gens qui comptent pour nous »
Je me demandais si elle était toujours en contact avec sa mère. Vivaient-elles toujours ensemble ? Que c’était-il passé ? Qu’est-ce que cette idiote avait fait une fois que j’étais partit… Qui l’avait éduqué ? Avait-elle un copain ? Allait-elle à l’école ? Je détestais ne rien savoir sur elle. Je parlais avec une étrangère. Lorsqu’elle me dit qu’elle aimait écouter les gens lui parler, je ne pu m’empêcher de sourire. Elle était si différente de moi. Premièrement, elle était une bonne personne, ce qui nous différenciait totalement. Elle semblait gentille, attentionné. Sa mère ne l’avait sûrement pas gardé bien longtemps après mon incarcération. Cette dernière n’avait jamais été très maternelle. Je n’étais pas plus tourné vers la famille qu’elle, mais disons que dans le temps j’avais de nombreuses préoccupations.
« Tout ça pour dire que ça ne me dérange pas de vous écouter, alors si vous voulez me parler de vos problèmes ou de quoi que ce soit d'autres, n'hésitez pas. »
Je l’observais en souriant, incapable de détacher mes yeux d’elle. Elle c’était mise à frotter le comptoir qui nous séparait comme si quelque chose la troublait.
« Les problèmes ce n’est pas ce qui manque. J’ai parfois l’impression d’être un aimant à problème. Je dois avouer ne pas faire très attention à ce que je fais… Je cherche le pétrin parfois sans même m’en rendre compte. » dis-je en ricanant.
C’était une demi-vérité. J’avais cherché les problèmes et les avaient pourchassés en connaissant parfaitement ce qui m’arriverait. On m’avait avertit de nombreuses fois mais j’avais continué à faire l’idiot. Même maintenant que j’étais sortit de prison, j’avais l’impression que j’allais patauger de nouveau dans très peu de temps. Lorsqu’on me saura en liberté et qu’on me retrouvera, le cercle infernal recommencera.
« Et tes problèmes à toi, tout le monde s’en fiche ? Ne va pas me dire que tout va bien dans le meilleur des mondes, je ne te croirais pas. »
Je posais mon coude sur le comptoir et appuyais ma tête contre mon poing, attendant sa réponse.
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| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Sam 13 Avr 2013 - 10:51 | |
| « Les problèmes ce n’est pas ce qui manque. J’ai parfois l’impression d’être un aimant à problème. Je dois avouer ne pas faire très attention à ce que je fais… Je cherche le pétrin parfois sans même m’en rendre compte. » Cela lui rappelait étrangement quelqu'un. Enfin, deux personnes pour être exacte. Ses parents. Eux aussi passaient leur temps à chercher les problèmes et se retrouvaient dans des situations complètement grotesques. Elle n'avait plus que de vagues souvenirs d'eux mais elle se souvenait parfaitement qu'ils étaient irresponsables et inconscients. « Alors peut-être que vous devriez faire plus attention », conseilla-t-elle. « Vous auriez peut-être moins d'ennuis, comme ça ? » Elle n'était pas une donneuse de leçon. Elle ne l'avait pas jugé et encore moins sermonné. Elle se contentait de lui livrer sa vision des choses, de lui prodiguer quelques conseils - plus ou moins justes d'ailleurs - qu'il serait libre de suivre ou non. Elle ne connaissait pas sa vie ni même la nature de ses problèmes. Mais il avait indiqué ne pas faire attention à ce qu'il faisait et c'était peut-être cela, la clé de tous ses ennuis. « Et tes problèmes à toi, tout le monde s’en fiche ? Ne va pas me dire que tout va bien dans le meilleur des mondes, je ne te croirais pas. » Emily arrêta soudainement de frotter le comptoir, levant les yeux vers lui. Elle était nettement moins à l'aise lorsqu'il s'agissait d'évoquer ses problèmes à elle. Écouter ceux des autres ? Pas de problème. Elle faisait ça très bien ! Mais se confier et parler de sa propre vie, c'était beaucoup plus dur. Un peu gênée, elle passa une main dans ses cheveux pour se donner une contenance. « Oh, euh... » Elle baissa les yeux une seconde puis fronça légèrement le nez, comme à chaque fois qu'elle était contrariée. « Je crois que je préfère écouter les autres plutôt que parler de moi », dit-elle en souriant un peu. Que pouvait-elle dire, de toute façon ? Que rien n'allait comme elle le voulait ? Qu'elle avait des problèmes plus importants que la plupart des gens qui venaient se confier à elle ? Non, elle ne dirait pas cela. Parce que n'était pas du genre à s'apitoyer sur son sort. Elle garda le silence quelques secondes et soupira doucement. Les rôles pouvaient bien s'inverser une fois de temps en temps, après tout. « Je suis mariée », commença-t-elle. « Et ça ne va pas du tout avec mon mari. Je crois qu'on était trop jeune pour faire ça, on n'avait pas vraiment conscience que le mariage impliquait des responsabilités et que ce n'est pas un jeu... Enfin, moi j'en avais conscience. Pas lui. J'aurais bien aimé avoir mes parents près de moi pour me dire que je faisais une connerie monumentale, qu'à dix-huit ans on n'est pas assez mûr pour s'engager à ce point... L'ennui, c'est que mes parents sont encore plus irresponsables que moi. Je n'ai plus aucun contact avec eux depuis des années et même si j'essaie de me convaincre que c'est mieux comme ça, une partie de moi se sent horriblement seule. J'ai des amis géniaux, des gens qui sont là pour moi et qui m'aident quand j'en ai besoin, mais ça ne remplace pas des parents. C'est sans doute pour ça que je me suis mariée si jeune... Je cherchais un garçon qui pourrait me rassurer et me donner des repères, vu que je n'ai jamais eu de figure paternelle pour me guider quand j'étais petite. » Plus elle y réfléchissait, plus elle était sûre de ce qu'elle disait. Si elle s'était mariée si jeune, c'est parce que cela la rassurait. C'était un moyen de se lier à vie avec la personne qu'elle aimait, l'assurance que son mari ne l'abandonnerait pas comme ses parents l'avaient fait quelques années auparavant. « Je sais que je ne les reverrai jamais mais je ne peux pas m'empêcher de me demander s'ils pensent à moi, parfois. Je crois que non. Ils n'en ont sûrement rien à faire, sinon ils auraient cherché à me contacter, vous ne croyez pas ? Enfin bref. Je me retrouve au bord du divorce à vingt ans, sans parents pour me sermonner ou me dire "je te l'avais bien dit", à travailler comme serveuse dans un petit café parce que je n'ai jamais eu l'occasion de terminer mes études... Ce n'était pas vraiment comme cela que j'imaginais ma vie. » Elle arrêta son discours, s'accordant une nouvelle pause pour réfléchir à ce qu'elle venait de dire. Elle comprenait maintenant pourquoi les clients se confiaient à elle : parler à un inconnu était libérateur. Un peu gênant, certes, mais libérateur quand même. « Désolée, j'aurais pas dû vous raconter tout ça », s'excusa-t-elle timidement. |
| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Dim 14 Avr 2013 - 5:09 | |
| « Alors peut-être que vous devriez faire plus attention. Vous auriez peut-être moins d'ennuis, comme ça ? »
Je baissais les yeux, un sourire aux lèvres. Elle ne savait pas à quel point elle avait raison. Pourtant, c’était beaucoup plus facile d’attirer les ennuis que d’essayer de les éloigner. Et comme je n’étais pas un combattant, je n’essayais pas de régler mes problèmes. Surtout, je n’osais jamais faire les premiers pas vers une nouvelle vie. Je savais que si je replongeais dans mon ancienne vie, il n’y aurait pas de retour en arrière. C’était ce qui m’avait séparé d’elle. Probablement la seule personne qui avait compté à mes yeux. Je la sentis perdre sa contenance lorsque je lui demandais à mon tour si elle avait des problèmes.
« Je crois que je préfère écouter les autres plutôt que parler de moi. »
« Oh allons, si tu peux me donner des conseils alors pourquoi est-ce que je ne le pourrais pas moi aussi ? »
Je voulais qu’elle me parle, qu’elle me dise ce que j’avais raté depuis les 15 dernières années. J’étais avide de savoir. Ma curiosité n’avait jamais été aussi grande. Entre mes doigts, mon café se refroidissait lentement sans que je ne le boive. Ma commande n’avait été qu’un prétexte pour entrer en contact, maintenant je me fichais de boire ou pas. Tout ce qui m’importait c’était qu’elle était devant moi, bien vivante et en santé. Mais lorsqu’elle commença à me raconter son histoire, je me demandais sérieusement si j’allais tenir jusqu’au bout, si j’allais pouvoir garder un air neutre. Je suis marié. Et ça ne va pas du tout avec mon mari. Je déglutis et la laissais continuer sans rien dire, incapable d’une quelconque réaction normale. Et ce n’était pas le plus pire, malheureusement. Il fallait bien que j’entende ma propre fille me dire à quel point j’avais été un père médiocre. Je cherchais un garçon qui pourrait me rassurer et me donner des repères, vu que je n'ai jamais eu de figure paternelle pour me guider quand j'étais petite. Si je pouvais donner un exemple visuel de ce que je ressentais présentement, se serait comme deux mains qui me serraient le cœur jusqu’à le broyer complètement, jusqu’à ce qu’il ne soit que poussière. C’était pire que n’importe quelle torture physique. C’était de la torture morale, la pire de toute. Et elle n’avait eu aucune hésitation en me disant tout cela. Ce n’était pas nouveau pour elle. J’étais supposé l’éduquer, lui apprendre les choses de la vie et la protéger. Mais alors que j’étais en prison en train de ruminer de vieilles histoires, elle était élevée par quelqu’un d’autre. Des inconnus qu’elle devait considérer comme sa famille. Les mains tremblantes, je délaissais ma tasse de café et posais les poings sur mes jambes.
« Désolée, j'aurais pas dû vous raconter tout ça »
Elle s’était prêté au jeu sans savoir que son interlocuteur était cette personne qu’elle accusait de tous ses maux. C’était la situation la plus ridicule dans laquelle je m’étais retrouvé. Je ne pouvais plus faire des comme-ci et faire semblant que tout allait bien. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir lui dire ? Je pianotais des doigts sur mes jambes et levais le regard sur elle. Est-ce que j’avais les yeux embués de larmes ? Oh par pitié…
« Je ne crois pas qu’ils n’en aient rien à faire. Un père n’oublierait jamais sa fille. Même pas après 15 ans dans une foutu prison… »
Je ne réussis même pas à en dire plus, incapable de continuer. Je fermais les yeux et prenais une grande inspiration. Je serrais les dents avec force, passais ma main derrière ma nuque et laissais les quelques secondes de silence s’écouler lentement. |
| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Dim 14 Avr 2013 - 21:39 | |
| Plus elle y pensait, plus elle trouvait cet homme étrange. D'habitude, les clients ne cherchaient pas à savoir si elle avait des problèmes. Ils déballaient les leurs, l'écoutaient les rassurer du mieux qu'elle pouvait et partaient sans demander leur reste. Mais ce client n'était visiblement pas comme les autres. Au fur et à mesure qu'elle lui racontait ses soucis personnels, il semblait se décomposer. C’était comme s’il se sentait concerné par ce qu’elle racontait, comme s’il était peiné pour elle. Comme s’il avait un quelconque lien avec son histoire. Ce qui était parfaitement ridicule puisque même si son visage lui disait vaguement quelque chose, elle était sûre de ne pas le connaître plus que cela. Une fois son récit terminé, elle leva les yeux vers son interlocuteur. Rêvait-elle ou avait-il réellement les yeux embués de larmes ? Cette situation était aussi étrange qu'irréelle. « Je ne crois pas qu’ils n’en aient rien à faire. Un père n’oublierait jamais sa fille. Même pas après 15 ans dans une foutu prison… » Emily fit un pas en arrière, comme si cela pouvait suffire à la protéger. Jamais elle n’avait mentionné que son père était en prison. Comment pouvait-il le savoir ? Était-il l’un de ces foutus tordus qui venaient la menacer à cause d’une dette que son cher papa n’avait pas honoré ? Il avait peut-être choisi cet exemple-là au hasard, mais la coïncidence était bien trop forte pour être anodine. Il connaissait son histoire. Incapable de parler, elle fixait cet inconnu sans rien dire, sentant sa respiration s’accélérer malgré elle. Ses pensées allaient et venaient à une vitesse folle, essayant de trouver une explication valable à tout ça. Il y avait d’abord eu son visage étonnamment familier. Puis le fait qu’il s’intéresse à elle de cette façon. Et cette réponse pour le moins surprenante qui laissait entendre qu’il connaissait son père. Se pourrait-il que… Non, impossible. Cet homme ne pouvait pas être son père. Son père dormait derrière les barreaux d’une prison et qu’il ne risquait pas d’en sortir après ce qu’il avait fait. Il ne pouvait pas être là, devant elle, en train de la questionner sur sa vie en se faisant passer pour un client tout à fait normal. Et pourtant, l'air accablé qu'il affichait ne faisait que la conforter dans son idée. Non, son esprit devait lui jouer des tours. Il n'avait rien à voir avec cet inconnu, tout cela ne devait être qu'un malentendu. « Comment est-ce que… », murmura-t-elle sans terminer sa phrase. Elle inspira profondément pour se donner du courage. « Qui êtes-vous ? Vous connaissez mon père ? », parvint-elle à demander sans le lâcher des yeux. |
| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Lun 15 Avr 2013 - 4:10 | |
| Je m’attendais à cette réaction. C’était plus que prévisible. Ce que je ne savais pas c’était ce qui se déroulait dans sa tête. Allait-elle appeler la police ? Savait-elle que j’étais même sortit de prison ? Je savais que je n’avais pas été un bon père, même lorsqu’elle était toute petite et que j’avais encore le choix entre prendre soin de ma famille ou continuer mes activités illicites. J’avais fait le pire choix de tous et avais perdu la totalité de ce que je possédais ou plutôt, ce que je croyais posséder. Maintenant elle était adulte et ne me connaissait même pas. Elle avait prit du recul suite à ce que je lui avais dit mais ne semblait pas comprendre. Pour l’instant, ce qui occupait toutes mes pensées c’était le fait qu’elle était mariée, à vingt ans. Bon, je n’étais pas un exemple pour ce qui était du meilleur âge pour se marier. À 22 ans j’étais père sans même être marié. J’avais rencontré ma copine quelques années plus tôt mais nous n’avions jamais eu l’intention de nous unir devant le saint seigneur. Ma fille que j’avais quitté alors qu’elle n’avait que 5 ans était aujourd’hui mariée. Si j’avais été à ses côtés pendant toute sa vie, est-ce que la situation aurait été la même ? Je l’avais imaginé heureuse et vivant dans les meilleurs conditions possibles, j’y avais cru et l’avais espérer. Je ne voulais pas qu’elle vive comme moi et sa mère avions vécu. Comme deux idiots qui ne savent même pas se qu’ils font. Qui sont en amour mais qui peuvent passer de longues heures à se disputer.
« Comment est-ce que… »
Je la regardais, n’arrivant pas à détacher mon regard du sien.
« Qui êtes-vous ? Vous connaissez mon père ? »
Je lui souris tristement puis hochais la tête.
« Personne ne le connait mieux que moi. Je vis avec lui depuis 42 ans, je crois que c’est suffisant pour bien apprendre à connaître quelqu’un. Tu ne l’as connu qu’au début de ta vie, c’est bien normal que tu ne me reconnaisses pas. »
J’avais abandonné cette stupide couverture d’inconnu dans un café. Rien ne servait de la laisser se torturer l’esprit plus longtemps. Je n’avais pas eu l’intention de lui révéler mon identité comme ça aujourd’hui, mais j’y avais été contraint. Je savais que je ne tiendrais pas le coup… Encore une fois, j’agissais en lâche. Je venais à peine de sortir de prison que déjà je foirais tout. Et s’il elle n’avait pas envie de me revoir ? Et si elle essayait de nous oublier depuis tout ce temps ? Il était déjà trop tard pour les regrets.
« C’est moi Emily. »
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| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Lun 15 Avr 2013 - 12:16 | |
| « Personne ne le connait mieux que moi. Je vis avec lui depuis 42 ans, je crois que c’est suffisant pour bien apprendre à connaître quelqu’un. Tu ne l’as connu qu’au début de ta vie, c’est bien normal que tu ne me reconnaisses pas. » Alors elle avait raison ? Cet homme était réellement son père ? Elle n'en croyait pas ses yeux. Elle espérait que tout cela n'était qu'un mauvais rêve et qu'elle allait se réveiller rapidement. « C’est moi Emily. » La jeune fille fit un autre pas en arrière, se retrouvant contre le plan de travail où elle avait l'habitude de préparer les cafés. Cette situation était insensée. Elle comprenait maintenant pourquoi il lui avait semblé si familier lorsqu'il était entré au café... Son père. C'était son père. Elle ne gardait qu'un vague souvenir de lui mais maintenant qu'il lui avait avoué son identité, elle n'avait plus aucun doute : c'était bien lui. Avec quinze années de plus et le visage marqué par son séjour en prison. Elle avait des tas de questions à lui poser. Pourquoi était-il là ? S’était-il évadé ou avait-il fini de purger sa peine parfaitement légalement ? Comment avait-il fait pour la retrouver alors qu’elle avait tout fait pour s’éloigner de lui et de son enfance chaotique dont elle ne gardait que très peu de souvenirs ? Que voulait-il ? Elle était sûre qu’il n’était pas venu pour lui faire la causette mais pour quelque chose de bien plus précis. Il n’avait jamais été un bon père, pourquoi débarquerait-il dans sa vie après quinze ans d’absence pour prendre de ses nouvelles alors qu’il n’en avait sûrement rien à faire ? Toutes ces interrogations lui donnaient mal à la tête. Mais elle ne lui demanderait rien. Elle n’avait pas envie de lui parler. Sa vie était déjà bien assez compliquée comme cela, pas besoin d’en rajouter en y faisant entrer son père.
Après avoir gardé le silence pendant une longue minute, le temps de se remettre du choc émotionnel qu’elle avait subi, elle baissa les yeux et essaya tant bien que mal de maîtriser ses émotions. Elle n'était pas très sûre de ce qu'elle ressentait. De la colère mélangée à de la rancœur mais aussi le soulagement de voir que son père allait bien. C'était idiot mais elle avait passé quinze ans de sa vie à se demander ce qu'il devenait, s'il allait bien, s'il était toujours en vie... Maintenant qu'il était là, devant elle, elle était rassurée. Mais elle n'était pas prête à tirer un trait sur le passé pour autant. « Dites-moi que je rêve », dit-elle à voix basse, plus pour elle-même qu'autre chose. Elle leva les yeux vers lui, ne sachant pas vraiment comment réagir. Elle ne se sentait pas prête à rattraper le temps perdu et elle n'était pas sûre de pouvoir lui laisser une place dans sa vie non plus. « Qu'est-ce que je suis censée dire ? "Salut Papa, je suis contente de te revoir" ? » Elle soupira doucement. Jamais elle n'avait vécu pareille situation. Elle était complètement perdue. « Qu'est-ce que tu veux ? », demanda-t-elle d’un ton calme. Il ne pouvait pas venir la voir comme cela, sans raison, après tout ce temps. Il venait forcément dans un but précis et elle voulait savoir à quoi s'en tenir dès le départ. Elle lui donnerait ce qu'il voulait, il partirait et elle retrouverait sa vie sans chercher à renouer des liens. Ils n'avaient aucune espèce de relation. Il lui avait donné la vie, certes, mais ça s'arrêtait là. Il n’avait jamais été là pour elle et elle n’attendait rien de lui. Elle avait grandi seule et c’était mieux ainsi. Elle ne devait rien à personne. |
| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Mar 16 Avr 2013 - 7:10 | |
| Toute ma vie je m’étais dit que je n’aurais jamais d’enfant. Je les trouvais agaçant. J’étais un homme impatient et colérique. Je savais que je ne tiendrais jamais le coup avec un enfant. Mais lorsque ma copine était tombé enceinte, j’avais du me faire à l’idée. J’avais eu plusieurs mois pour me préparer mentalement. J’avais eu plusieurs mois pour me décider à arrêter mes activités et me trouver un vrai emploi, ce que je n’avais pas fait. Mais lorsque tous ceux que tu connais font la même chose que toi, qu’est-ce que tu sais faire d’autre ? J’étais jeune et je me disais que rien ne pourrait m’atteindre. On se le dit tous. Rien ne peut m’affecter, je suis invincible. Je fais de l’argent facile sans me forcer et sans me faire coincer. Mais on finit tous par payer le prix de notre ignorance. La justice se fiche de ta famille, elle se fiche de ta fille de 5 ans. Si tu agis comme un con alors tu n’as aucune chance. J’avais tenté de cambrioler une banque avec un ami, la pire erreur de ma vie. J’avais pensé prendre l’argent et sortir mais il y avait eu des complications. Je l’avais entrainé avec moi jusque là. Au début il avait même refusé. Je l’avais poussé à m’accompagner. Et il avait fait feu sur des civils. Cette scène me fait encore frémir aujourd’hui. Même après 20 ans l’image est toujours aussi claire dans ma tête. C’est le genre de chose qu’on n’oublie jamais. Enlever la vie à des étrangers, des gens avec une histoire, une famille.
« Qu'est-ce que tu veux ? »
Elle c’était reculée encore un peu. J’avais souvent entendu cette réplique. Tu veux quoi Reid, de l’argent, une place pour rester dormir ? Comme si je ne savais pas que j’étais un parasite pour tout le monde. Mais ce ne fut pas la tristesse qui me fit réagir. C’était la colère. J’aurais pu disparaître de la société pendant une cinquantaine d’année que j’aurais gardé la même réputation. On n’oublie pas facilement les conneries qu’on fait et les gens s’en souviennent également. Elle avait eu le bon réflexe. Elle ne me connaissait même pas mais savait déjà comment s’adresser à moi. Mes traits se durcirent et je m’asseyais sur le rebord de mon siège, les bras croisés posés sur le comptoir.
« Tu crois que je suis venu pour te demander un service ? Je dois être encore plus minable que ce que je pensais pour que ma propre fille croie que je sois venu à sa rencontre pour lui emprunter un peu de fric. »
Ma respiration s’était accélérée sous l’influence de la colère et je pris quelques secondes pour me calmer. Je me levais de mon siège, fouillais un moment dans mes poches de pantalon et en sortit suffisamment de monnaie pour payer mon café.
« J’ai été heureux de te revoir. Tu n’as peut être pas la vie idéale que j’ai souhaité pour toi mais au moins tu as l’air bien. Je n’aurai plus à m’inquiéter de ce que tu es devenu maintenant. »
Je ne voyais pas pourquoi je m’attarderais ici. Avec ce qu’elle m’avait dit plus tôt avant de savoir qui j’étais, je connaissais clairement son point de vu sur moi et sa mère. Et sa réaction en était la preuve. Je déposais l’argent sur le comptoir, la regardais une dernière fois avant de lui tourner le dos et me dirigeais vers la sortie. |
| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Mar 16 Avr 2013 - 13:41 | |
| Emily regrettait déjà ce qu’elle venait de dire. Elle détestait faire de la peine aux gens. Que ce soit son père ou un parfait inconnu, cela ne changeait rien. Ses paroles l’avaient visiblement touché et elle s’en voulait d’avoir parlé sans réfléchir. Elle avait beau essayer de se convaincre que ses parents n’avaient plus aucune importance à ses yeux, c’était faux. Et le fait qu’elle se sente aussi mal d’avoir rembarré l’homme qui lui avait donné la vie en était la preuve. On ne pouvait pas tirer un trait sur ses parents. On ne pouvait pas cesser de les aimer, peu importe ce qu’il se passait. On ne pouvait que prétendre qu’ils ne comptaient plus devant les autres sans parvenir à s’en convaincre soi-même. Elle s’était souvent dit que si sa mère ou son père cherchaient à la recontacter, elle leur claquerait la porte au nez sans hésiter. Mais maintenant que Ian était là, devant elle, elle ne se sentait pas la force de le repousser. S’il avait une place dans sa vie ? Elle n’en était pas sûre. Il n’était rien de plus qu’un étranger et elle ignorait s’ils pourraient rattraper le temps perdu. Mais elle savait qu’elle regretterait de ne pas lui avoir laissé sa chance s’il déguerpissait pour de bon. Elle était complètement tiraillée entre son cœur qui lui ordonnait de ne pas le laisser partir et sa tête, qui lui disait de se montrer prudente et de ne pas foncer tête baissée au risque d’être déçue. Après une courte réflexion, la jeune femme prit sa décision. « Attends », dit-elle assez fort pour qu’il l’entende avant de passer la porte. Elle délaissa son poste et quitta le comptoir pour rejoindre son père près de la sortie. « Je suis désolée. Je n’aurais pas dû te parler comme ça, c’est juste que c’est tellement… inattendu de te voir en face de moi après tout ce temps », déclara-t-elle en baissant les yeux. Elle avait l’impression d’être retournée quinze ans en arrière, quand elle n’avait que cinq ans et qu’elle se faisait gronder lorsqu’elle faisait une bêtise. Elle se décida enfin à le regarder. Elle était mal à l’aise de se retrouver dans cette situation si subitement, sans avoir eu le temps de s’y préparer. Elle avait maintes et maintes fois imaginé ses retrouvailles avec son père mais jamais un tel scénario n’avait germé dans son esprit. Qu’était-elle censée dire maintenant qu’elle l’avait empêché de partir ? Elle se pinça légèrement les lèvres et reprit la parole. « Il y a longtemps que tu as été libéré ? » Elle ignorait depuis combien de temps il était dehors mais elle était sûre d’une chose : retrouver sa liberté après quinze ans passés dans une minuscule cellule ne devait pas être chose facile. La vie avait suivi son cours sans se soucier de son absence et des tas de choses avaient dû changer autour de lui. Il avait sans doute perdu ses repères. Et si elle pouvait l’aider d’une quelconque manière que ce soit à s’adapter à cette « nouvelle vie », elle le ferait. C’était son père, après tout. |
| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Mar 16 Avr 2013 - 20:39 | |
| « Attends »
Je m’arrêtais alors que j’avais la main sur la porte. J’étais prêt à partir, je l’aurais fait si elle ne m’avait pas arrêté entre-temps. Je me retournais pour la voir quitter son comptoir et avancer vers moi. Le peu de clients qui étaient présent me regardaient d’un air étrange. Je lançais un regard noir à une femme assise juste à côté de la porte et ramenait mon attention sur Emily.
« Je suis désolée. Je n’aurais pas dû te parler comme ça, c’est juste que c’est tellement… inattendu de te voir en face de moi après tout ce temps »
« Je sais… J’aurais préféré te contacter d’une autre façon mais je ne savais pas où tu étais et je n’ai eu aucun contact avec ta mère depuis que je suis entré au pénitencier. J’ai bien tenté de vous retrouver, mais c’était assez évident que vous ne seriez plus là où je vous avais laissé… »
Ou abandonné, c’était un terme beaucoup plus approprié. Ça avait été la première chose que j’avais faite en sortant. Avec me trouver un endroit où loger. J’étais retourné à l’endroit où nous habitions, mais des étrangers occupaient la place. Je leur avais demandé des informations sur les anciens propriétaires mais ça ne correspondaient pas à elles. En 15 ans, tout avait changé. La technologie c’était approfondi et étendu dans toutes les sphères de la vie quotidienne. Dans la prison où j’avais été incarcéré, nous n’avions pas d’ordinateur. La seule technologie que nous avions était une vieille télé couleur des années 90’. Ce fut un choc lors de ma sortie. Tout ces gens avec leur téléphone portable. Comment est-ce que tout avait pu changer aussi vite ? On en apprend un peu avec la télé et les journaux, mais ce n’est pas suffisant. C’est un véritable dépaysement lorsqu’on sort. Je m’étais mit en tête de comprendre comment ces machines fonctionnaient, mais je n’en avais pas encore eu le temps.
« Il y a longtemps que tu as été libéré ? »
« Ça fait presque deux semaines que je suis sortit. Je comprends pas vraiment ce qui s’est passé pendant toutes mes années en dedans, mais ce n’est plus du tout pareil. »
Les voitures, la mode, les technologies, les bâtiments, la température, les gens. Je n’avais pensé qu’à ma famille, pas au fait que le monde continuait de tourner dehors. Que ma fille grandissait sans ses parents et que les mentalités se transformaient alors que je ruminais constamment les mêmes vieilles histoires dans ma tête. Je lui souris tristement et enfonçais mes mains dans mes poches. C’était difficile de réaliser qu’elle était bien devant moi. J’avais attendu extrêmement longtemps pour la revoir, avec impatience parfois, mais j’avais tenu le coup jusqu’au bout. |
| | | Invité | Sujet: Re: You look kinda familiar. (feat. Ian) Mar 16 Avr 2013 - 23:06 | |
| « Je sais… J’aurais préféré te contacter d’une autre façon mais je ne savais pas où tu étais et je n’ai eu aucun contact avec ta mère depuis que je suis entré au pénitencier. J’ai bien tenté de vous retrouver, mais c’était assez évident que vous ne seriez plus là où je vous avais laissé… » Emily haussa un sourcil, quelque peu surprise par ses révélations. Elle était persuadée que sa mère était restée en contact avec lui. Qu'ils s'écrivaient, qu'elle allait lui rendre visite de temps en temps... Au début, du moins. Avant qu'elle ne refasse sa vie avec un sale type. Elle hocha légèrement la tête pour approuver ses propos. « Il s’est passé pas mal de trucs depuis ton… départ. » Elle n’avait pas vraiment su comment qualifier son arrestation. Ce n’était pas vraiment un départ. Plus un abandon forcé. Enfin, pas si forcé que cela puisqu’il savait très bien les risques qu’il encourait en se lançant dans ce braquage insensé. Incapable de soutenir son regard plus longtemps, elle baissa les yeux. Mine de rien, se replonger dans son passé et repenser à tout cela la chamboulait un peu. Elle avait l'impression de rêver. Et elle était tellement perdue qu'elle changeait d'opinion sur son père toutes les dix secondes. Tantôt elle se disait qu'il fallait lui faire confiance et que ces années passées enfermé l'avaient sûrement changé, tantôt elle se disait qu'il avait tué de parfaits innocents et qu'un meurtrier restait un meurtrier. Elle ne savait pas si elle devait lui tendre la main ou l’empêcher d’entrer dans sa vie. « Ça fait presque deux semaines que je suis sortit. Je comprends pas vraiment ce qui s’est passé pendant toutes mes années en dedans, mais ce n’est plus du tout pareil. » Elle lui adressa un triste sourire. « J’avoue que ça ne doit pas être facile », dit-elle d’un air compatissant. Il devait être complètement déboussolé. Tout évoluait vite, très vite même, et son absence avait été tellement longue qu'il avait loupé des milliers de choses. « Il va falloir que tu te mettes à la page rapidement ou tu vas passer pour un ringard et personne ne t'adressera la parole ! » Elle avait dit cela sur le ton de la plaisanterie, un sourire amusé sur les lèvres. Elle ignorait si cette "blague" le ferait sourire mais elle essayait de détendre l’atmosphère comme elle pouvait. Les ambiances lourdes et étonnamment froides, elle y était habituée à chaque fois qu’elle se retrouvait en tête-à-tête avec son mari, dans leur minuscule appartement. Elle ne voulait pas que ce soit la même chose avec son père. Elle l’observa pendant quelques secondes, essayant de s’imprégner de chaque parcelle de son visage. Quinze ans que ce visage la hantait. Quinze ans qu’elle tentait de se souvenir de ses traits sans y parvenir. Elle se jura de ne plus jamais les oublier. « Et… Où est-ce que tu vis ? », demanda-t-elle sans laisser le temps au silence de s'installer. Avait-il seulement eu le temps de trouver un logement ? Il lui avait dit n'être sorti que depuis deux semaines, ce qui était relativement court. Elle ignorait s’il avait assez d’argent pour louer un appartement ou une chambre d’hôtel. Peut-être vivait-il chez l’une de ces connaissances ? Si ça se trouve, il avait une petite amie qui l'hébergeait pour le dépanner. Elle avait vu un reportage là-dessus à la télé, une fois. Des femmes écrivaient des lettres à des prisonniers pour leur apporter du soutien. Dans certains cas, ils se rencontraient, finissaient par tomber amoureux et allaient même jusqu'à se marier. C'était peut-être ce qui était arrivé à son père, après tout. Décidant pour une fois de ne pas trop réfléchir, elle préféra attendre sa réponse avant de tirer des conclusions hâtives. |
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