soirée clandestine + julie (ft. Panda)

Lessivé. Il était lessivé. Et puis qu’est ce qui lui avait pris aussi d’accepter de faire la fermeture ce soir ? Ce n’était pas parce qu’il était heureux, que tout se passait bien en ce moment, qu’il devait faire plus de travail. Mais il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. C’est lui qui avait accepté sans trop prendre le temps de réfléchir. Mais toute la journée au Café, ca commençait à être long. Et la journée aurait passé plus vite si Emily avait été là, mais ce n’était pas le cas. Vingt heures. Le dernier client sortit et il retourna la petite pancarte sur la porte derrière lui avant de ranger les chaises sur son passage et commença à nettoyer la salle pour le lendemain. Alors qu’il aperçut un homme franchir le seuil de la porte, il leva la tête pour lui annoncer que la boutique était fermée et bien qu’il ait insisté quelques secondes, il repartit sans trop broncher. Enfin c’est ce qu’il pensait. Il retourna à ses occupations, et finit de nettoyer le comptoir quand il entendit de nouveau la clochette sonner ce qui commençait à sérieusement l’agacer. Il aurait probablement dû refermer la porte au lieu de se contenter de tourner la pancarte pour annoncer la fermeture. Dès lors qu’un passant apercevait de la lumière et une personne à l’intérieur, aucune pancarte ne pouvait les arrêter. « On est fermé ! » criait-il sans prendre la peine de voir de qui il s’agissait. Il continuait d’astiquer pendant quelques secondes, s’attendant à entendre de nouveau la petite clochette pour s’assurer que l’inconnu était bel et bien parti mais rien. Quelque peu agacé, il lança le torchon sur le comptoir avant de se retourner en soupirant non pas discrètement « J’ai dit qu’on était fer… Julie ? » pouf ! un nouveau sourire se glissa doucement mais surement sur les lèvres du jeune homme qui quelque instant plus tôt semblait être sur les nerfs.

L’amour. Julie méprisait ce mot presque autant qu’elle méprisait le sentiment qui l’accompagnait. Elle ne faisait pas partie de ces filles qui prétendaient être célibataires et heureuses alors qu’au fond d’elles, elles rêvaient au Prince Charmant. Elle était réellement heureuse dans sa vie et étonnamment bien dans ses baskets. Elle était assez indépendante pour vivre sa vie sans avoir besoin d’un mec. Elle avait même fondé un véritable mouvement : la secte des célibattants. Accompagnée de ses plus proches amis, elle prêchait la bonne parole et essayait de convaincre toutes les personnes qui croisaient son chemin qu’être en couple était une abomination. Elle avait des tas d’arguments plus ou moins valables qu’elle se plaisait à répéter, encore et encore. Étant organisatrice de mariages, elle savait de source sûre que la majorité des unions qu’elle organisait se terminait par un divorce (et elle n’y était pour rien !). L’amour existait peut-être, oui. Mais ce n’était rien de plus qu’un sentiment éphémère. Qui était assez stupide pour vouloir s’enfermer pour le restant de ses jours dans une vie plate et affreusement monotone… avec une seule et unique personne, qui plus est ! Il fallait être dingue. Bref. Ces temps-ci, elle se sentait étrangement seule. Ses proches semblaient tous trouver chaussure à leur pied et elle, pauvre malheureuse, restait là à les regarder se bécoter sans relâche. Une vraie torture. Même Emrys, l'un de ses plus fidèles (et séduisant, il fallait bien l'avouer !) associé, s'était lui aussi éloigné du droit chemin. Une jolie blonde lui avait fait tourner la tête et il avait fini par se caser. C’était désespérant de voir le pouvoir qu’une jolie femme pouvait avoir sur un homme… Quoi que. Elle était persuadée qu’il n’était pas trop tard pour remettre Emrys dans les rangs. Elle n’avait qu’à lui montrer qu’être en couple n’était pas si magique qu'il le pensait. Faire en sorte qu'il retrouve a raison et rompre le charme que cette Pandore à la noix avait jeté sur lui. Et quoi de mieux que de se servir de ses propres charmes pour y arriver ? Elle n’était pas sûre d’y parvenir mais elle ne s’avouait jamais vaincu avant d’avoir abattu toutes ses cartes. Elle ferait tout son possible pour montrer à son ami que cette vie d’homme fidèle et amoureux ne lui convenait pas. C'était décidé, elle allait tout faire pour charmer son ami. Ce n'était pas un plan très fair-play mais aux grands maux, les grands remèdes ! Elle allait commencer dès à présent. Elle sortait tout juste d'un rendez-vous tardif avec de futurs époux ennuyeux comme la pluie et elle n’avait pas le courage de repasser chez elle pour se changer. De toute façon, les vêtements qu’elle portait étaient parfaitement adéquats à la situation : une jolie robe qui mettait ses formes en valeurs sans trop en montrer, sa veste en cuir qu’elle parvenait difficilement à quitter – même lors de ses rendez-vous professionnels ! – et des escarpins peu confortables mais très jolis. Bref, c’était la tenue idéale pour espérer séduire Emrys. Elle jeta un rapide coup d’œil à sa montre. À cette heure-ci, il devait probablement être chez lui. Elle décida tout de même de faire un détour par le petit café où il travaillait. Il était tard et il avait probablement fini son service depuis longtemps mais elle préférait s’en assurer. On n’était jamais trop prudent, après tout !

Après quelques minutes de marche, elle arriva à destination et aperçut son ami à travers la baie vitrée du Café. Un écriteau indiquait qu'il était fermé mais Julie ne s'en formalisa pas. Elle poussa la porte sans hésiter une seule seconde et Emrys réagit au quart de tour. « On est fermé ! » Quel accueil, pensa-t-elle alors qu’un sourire se dessinait sur son visage. Loin d’être impressionnée, elle continua son chemin jusqu’au comptoir. Elle ignorait s’il serait content de la voir ou non mais maintenant qu’elle était là, hors de question de tourner les talons. « J’ai dit qu’on était fer… Julie ? » Son agacement s’envola en une fraction de seconde et un sourire fendit ses lèvres. Surprise réussie ! Elle lui adressa son plus beau sourire. « Salut, salut », dit-elle avec entrain. « Je suis désolée de venir te déranger alors que ta journée se termine mais je passais dans le coin et je t’ai vu à travers la vitre du café alors je me suis dit que j’allais venir te faire un petit coucou. » Elle le serra rapidement dans ses bras pour le saluer avant de le regarder avec attention. « Tu as le temps de m’offrir un verre ou tu as rendez-vous avec ta copine ? » Un air parfaitement innocent placardé sur le visage, elle haussa les sourcils et attendit la réponse d’Emrys. Elle espérait qu’il aurait quelques minutes à lui consacrer… Voire plus. Après tout, depuis qu’il s’était amouraché de cette poupée blonde, elle ne le voyait plus aussi souvent qu’avant. Et cela lui manquait beaucoup.

« Salut, salut » Alors ça, pour une surprise… c’est une excellente surprise ! Julie, son entrain, sa mine joyeuse et revigorante envers et contre tout. Il avait l’impression d’avoir en face de lui un échappatoire à l’atrocité de la journée. Enfin ! « Je suis désolée de venir te déranger alors que ta journée se termine mais je passais dans le coin et je t’ai vu à travers la vitre du café alors je me suis dit que j’allais venir te faire un petit coucou. » Plus touché qu’autre chose, il se retenait tout de même de le lui faire savoir, du moins il le lui annoncerait à sa manière. Niveau sentiment/émotion, il gérait mal et pour ne pas risquer de bafouiller une phrase trop prise sur les sentiments, il fallait qu’il trouve un moyen de détourner l’obstacle. « Ca va. T’as de la chance d’être jolie sinon t’aurais pris la porte. » fit-il en prenant un air exagérément macho en battant l’air de son torchon en direction de la sortie. Ca aurait très bien pu être un lapsus jolie/Julie, au vue de l’heure tardive et de la journée éreintante qu’il venait de passer, mais ca ne l’était pas le moins du monde à cet instant. Il finit par sourire parce que oui, ca lui fait plaisir de revoir cette petite tête brune de Julie. Il l’accueillait chaleureusement dans ses bras pour la serrer rapidement avant qu’elle ne le questionne. « Tu as le temps de m’offrir un verre ou tu as rendez-vous avec ta copine ? »Il se mordit rapidement les lèvres pour dissimuler un sourire mi-gêné, mi-amusé. Il ne pouvait pas oublier leurs multiples conversations sur les relations amoureuses et couples qui ne duraient pas. Et oui, il avait été de cet avis. C’était facile quand on n’a jamais connu la chose, et que la seule chose qui nous faisait rêver était la liberté. Ils ne pouvaient qu’être d’accord sur ce point. Mais maintenant c’était très différent. Il regrettait de ne pas avoir pu passer autant de temps qu’avant avec la brunette, c’est pourquoi il ne pouvait pas lui refuser un peu de temps. Surtout qu’il le voulait aussi. « Un, deux, … même trois cafés si tu veux. On a la boutique pour nous ce soir. » il fit un clin d’œil avant de jeter le torchon sur une table et retourner aux portes pour les fermer à clés cette fois-ci ; au moins là, c’était sûr que personne ne passerait le seuil. C’était pratique finalement d’avoir les doubles des clés du Café et de faire la fermeture. « Alors les mariages, comment ca se passe ? » Il s’était toujours amuser du paradoxe qu’était Julie entre son métier et ses grands principes sur l’amour.

« Ca va. T’as de la chance d’être jolie sinon t’aurais pris la porte. » Elle se mit à rire devant son air macho. Elle le connaissait assez bien pour savoir qu’il plaisantait et qu’au fond, sa visite surprise lui faisait plaisir. Un point pour elle. Plus les secondes passaient, plus elle avait espoir de parvenir à ses fins. Contrairement aux apparences, Julie n'était pas une petite fille pourrie gâtée qui faisait toujours en sorte d'avoir ce qu'elle voulait. Elle n'était pas égoïste à ce point-là. Un peu garce et caractérielle sur les bords, à la rigueur... Mais elle avait un bond fond. Vraiment. Elle ne souhaitait pas séduire Emrys pour ajouter un nom à son tableau de chasse, elle voulait simplement lui rendre service en lui prouvant par A + B que la vie de couple n'était pas faite pour lui. C'était dans son intérêt, un service rendu à une personne qu'elle estimait beaucoup. « Un, deux, … même trois cafés si tu veux. On a la boutique pour nous ce soir. » Julie lui adressa un sourire espiègle. « Ouuuh, on va pouvoir faire des folies alors ! » Elle plaisantait, évidemment. Elle avait beau être une grande séductrice, elle n’allait pas lui sauter dessus sans ménagement. Elle aimait charmer, certes, mais elle avait un minimum de classe et de subtilité. Cela dit, elle espérait que ces petites remarques anodines le feraient réagir. Ce serait le signe qu’il n’y restait pas insensible et ça, ce serait un autre bon point. « Tu me sers un capuccino, s’il te plait ? », demanda-t-elle gentiment. Elle se surprit alors à l’inspecter de haut en bas, posant finalement ses yeux dans son regard profond. Elle ignorait comment s’y prendre lui plaire. À quoi était-il sensible ? Aux regards ? Aux compliments ? Aux sous-entendus ? Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle n’avait jamais essayé de le séduire auparavant. Elle l’avait toujours considéré comme un ami et rien de plus. Ce qui était assez étrange puisqu’il avait un physique plus qu’avantageux et qu’ils s’étaient toujours très bien entendus… Bref. Elle préférait ne pas penser à cela et se contenta de lui adresser son plus joli – et sincère, qui plus est ! – sourire, sans le lâcher du regard. Plan ou pas plan, elle était heureuse de pouvoir passer un peu de temps en tête-à-tête avec lui. Elle le considérait vraiment comme un ami. Un ami proche et fidèle qu’elle n’avait absolument pas envie de perdre, et encore moins à cause d’une blonde écervelée. « Alors les mariages, comment ca se passe ? » Elle se laissa tomber sur une chaise, plus dépitée que jamais. « Honnêtement ? Il ne se passe pas un jour sans que je me demande pourquoi je fais ce boulot de dingue… Je suis à deux doigts d’égorger mes clients. Je prépare le mariage de deux espèces de maniaques hystériques qui changent d’avis toutes les trois secondes et qui m’en font voir de toutes les couleurs. Tu sais ce qu’ils me répètent tout le temps ? », demanda-t-elle avant de prendre une voix nasillarde et extrêmement niaise pour imiter les clients en question : « Nous ne savons pas exactement ce que nous voulons mais nous savons ce que nous ne voulons pas ! C’est un bon début, non ? ». Elle leva les yeux au ciel et lâcha un soupir de désespoir. Comment une fille comme elle, qui ne croyait ni en l’amour, ni au mariage, avait pu finir là-dedans ? Malgré tout, et aussi contradictoire que cela puisse paraître, elle adorait son travail. Ce n’était pas tant les mariages qui l’intéressaient, mais le fait de devoir gérer seule toute l’organisation d’un événement important. Mine de rien, elle avait joué un rôle crucial dans la vie de bon nombre de couples et cela la rendait fière. « Désolée, j’avais besoin d’extérioriser. Le simple fait de penser à eux me donne des envies de meurtres ! », s’excusa-t-elle finalement, retrouvant le sourire. « Et toi, alors ? Comment ça se passe, avec… Pandore, c’est ça ? » Elle n’était plus vraiment sûre du prénom mais peu importe. Elle savait le principal : cette fille était blonde, belle et elle lui avait piqué son ami. C’était assez pour la détester, non ? « La vie de couple te convient ? »

Emrys n’a aucune idée de se qui se trame en ce moment-même, ce qu’a la brunette derrière la tête. Et il valait mieux qu’il ne sache rien au final. Elle rit à son faux air de macho et il en était rassuré. Ils n’avaient pas énormément passé de temps ensemble ces derniers temps et il craignait avoir perdu le fil par la même occasion, mais il était heureux de s’apercevoir que ce n’était pas le cas, même après une journée fatigante comme celle-ci. Il comptait bien profiter d’un petit moment de répit, bien mérité, tant que Julie était là. « Ouuuh, on va pouvoir faire des folies alors ! » Faire des folies… Il n’avait pas pu dissimuler ce petit sourire en coin qu’il réprimait pour ne pas pouffer de rire. Il y a toutes sortes de folie que l’on pouvait faire (a) Il savait bien qu’elle plaisantait. Puis débarquer à son travail après s’être perdu de vue pendant un certain temps pour faire des folies… Puis d’un autre côté en y réfléchissant bien, il lui avait quand même tendu la perche, alors bon… Fidèle à elle-même. Elle n’avait pas changé d’un poil depuis la dernière fois, et c’était toujours agréable de voir que certaines choses ne changeaient pas malgré le temps. L’entrain et la vivacité communicative de Julie lui était précieux. Il trace sa route jusque derrière le comptoir en prenant en note la commande de la demoiselle. « Un capuccino tout de suite. » fit-il en levant le pouce avant de se pencher pour attraper une tasse propre tout en prenant de ses nouvelles. Notamment sur son travail d’organisatrice de mariage. Les mariages en soit ne l’intéressaient pas vraiment, mais il s’agissait plutôt du rapport mariage/Julie, Julie/mariage. Elle commençait son récit tandis qu’il préparait la boisson de celle-ci, et faut dire qu’en entendant son odyssée, il se rendit compte qu’elle semblait encore loin de se ranger tranquillement dans une vie de couple. D’ailleurs, il ne se souvenait plus vraiment comment elle l’avait pris en apprenant qu’il n’appartenait plus à sa secte de célibattant. Probablement un peu déçu, il ne savait pas trop. Il tira une grimace en entendant le ton qu’elle prenait qui lui irritait clairement les tympans. Elle parait tout autant lessivée que lui, dépassée par son travail, et pourtant elle persévérait dans cette voie. Il se demandait toujours pourquoi elle s’y accrochait tant, mais se laissait croire qu’elle essayait peut etre d’y trouver quelque chose … et c’était aussi un moyen de la faire changer d’avis. Ou bien la dégouter à tout jamais des couples. « Désolée, j’avais besoin d’extérioriser. Le simple fait de penser à eux me donne des envies de meurtres ! » Il haussa les épaules. Les envies de meurtres venaient à tout le monde non ? Puis en de telles circonstances, ce n’était pas surprenant. « Et ben ! Je ne savais pas que le monde matrimonial ressemblait à une tragédie… C’est tout à fait compréhensible, mais ce capuccino va te sauver la vie. » il lui sourit en hochant la tête pour se montrer plus convaincant avant de poser la tasse devant elle. « Et toi, alors ? Comment ça se passe, avec… Pandore, c’est ça ? » Il leva la tête vers elle avec une mine quelque peu curieuse, et un sourire qui naissait inconsciemment sur son visage. Oui oui, il avait bien entendu. Il ne devait pas être surpris d’un côté, il l’attendait au tournant cette conversation. Et il se demandait bien comment il allait pouvoir se justifier après tout ce temps où il avait partagé les même idées que la jolie brune. « La vie de couple te convient ? » Il finit par lâcher un petit rire. « C’est pas mal, tu devrais essayer. » commençait-il légèrement. Puis ajouta plus sérieusement « Il n’y a pas que des avantages c’est vrai, mais ce que tu en tires en vaux largement le coup. » comme une rafale qui balaie tout sur son passage… FIOUUU !

Julie remarqua le sourire en coin de son ami. Comme elle l’avait espéré, sa remarque ne l’avait pas laissé de marbre – et cela l’encourageait à continuer. Alors qu’il lui préparait sa boisson, elle se lança dans un récit énergique, racontant une fois de plus à quel point elle détestait les couples dont elle s’occupait. Paradoxale, elle ? Absolument, oui. « Et ben ! Je ne savais pas que le monde matrimonial ressemblait à une tragédie… C’est tout à fait compréhensible, mais ce capuccino va te sauver la vie. » Julie le remercia gentiment, prenant la tasse dans ses mains. Elle leva les yeux vers Emrys et haussa nonchalamment les épaules. « Promets-moi que si un jour tu te maries, tu ne me demanderas pas de m’occuper de la cérémonie. Je vais finir par te détester et je n’en ai pas envie », dit-elle en souriant un peu. Elle avait peut-être l’air de plaisanter, mais ce n’était pas vraiment le cas. Elle était très sérieuse. Jusqu’ici, elle avait toujours refusé d’organiser le mariage de ses proches. Mélanger travail et vie privée n’était pas une bonne idée ; c’était le meilleur moyen de créer des conflits et elle ne voulait pas se brouiller avec tous ses amis. Elle doutait qu’Emrys se marie un jour mais comme le disait l’adage populaire, il ne fallait jamais dire jamais… Cela l’emmena à prendre des nouvelles de sa relation avec Pan-quelque chose. Elle nota bien évidemment le sourire qui s’empara des lèvres d’Emrys au moment où elle avait abordé le sujet, mais elle se retint de faire le moindre commentaire. C’était officiel : il faisait partie de ces vendus qui trouvaient que l’amour était une chose merveilleuse et qui mettaient leur "moitié" sur un piédestal. Eurk. « C’est pas mal, tu devrais essayer. » Pour toute réponse, Julie leva les yeux au ciel, feignant de mettre un doigt dans sa bouche pour se faire vomir. La simple idée de se mettre en couple lui donnait la nausée. « Il n’y a pas que des avantages c’est vrai, mais ce que tu en tires en vaux largement le coup. » Elle reprit son sérieux. Son regard était posé sur le visage de son ami, qu’elle observait avec une grande attention. Elle laissa un court silence s’installer avant d’enfin répondre : « Ben dis donc… Elle t’a carrément retourné la tête, on dirait. » Bizarrement, elle n’avait pas dit ça sur un ton de reproche. Ni avec ironie. C’était une simple remarque, un constat obligé vu la façon dont il évoquait sa nouvelle vie. Elle lui adressa un petit sourire, se décidant enfin à boire une gorgée de son cappuccino. « Je suis contente pour toi », dit-elle sincèrement. Wait… what ? Être contente pour lui ne faisait pas du tout partie du plan. Elle était censée lui montrer qu’il se trompait et que sortir avec Miss Blonde – ou n’importe quelle autre fille d’ailleurs – n’était pas bien. Pas le complimenter pour s’être rangé et l’avoir abandonnée à son triste sort ! Elle ne tournait vraiment pas rond. Elle posa son regard sur sa tasse, essayant de rassembler ses esprits. « N’empêche, si j’avais su que tu allais te caser et trouver la perle rare, je t’aurais fait des avances plus tôt », déclara-t-elle finalement, un sourire charmeur sur les lèvres. « Je me disais que j'avais le temps, vu que tu partageais mon point de vue sur les couples, et tout ça... Mais maintenant que tu n'es officiellement plus célibataire, je n'aurais plus jamais l'occasion de voir ce que tu vaux. Dommage. » Elle planta son regard particulièrement enjôleur dans le sien. C’était généralement le genre d’attitude qui faisait flancher les garçons qu’elle souhaitait attirer dans ses filets. Elle ignorait si son comportement aurait un quelconque effet sur Emrys mais elle ne tarderait pas à le savoir. Faisant comme si elle n’avait rien dit d’inhabituel, elle porta une nouvelle fois sa tasse à ses lèvres et but quelques gorgées de cappuccino en regardant autour d’elle. Ce qu'elle avait dit n'était pas totalement faux. Si elle n'avait jamais pensé à Emrys autrement qu'en ami, c'était probablement parce qu'elle se disait qu'elle avait tout le temps de changer d'avis. Il avait partagé son point de vue sur l'amour pendant tellement longtemps qu'elle ne se doutait pas qu'un jour, il se ferait mettre le grappin dessus. C'était dommage, d'ailleurs.

A chaque mal son remède. Et aussi longtemps qu’il s’était penché sur celui de Julie et ses occupations d’organisatrice, même si ce n’était pas réellement un problème, il n’avait jamais compris la voie qu’elle avait choisie quand bien même c’était son truc à elle d’organiser de grands évènements comme ceux-là, d’avoir sur le dos une lourde responsabilité, devoir contenter des clients … S’il avait appris quelque chose sur la gente féminine en débarquant à Bowen, c’était bien le paradoxe qu’elle pouvait bien être à elle seule. Il se prépara un café à son tour. « Promets-moi que si un jour tu te maries, tu ne me demanderas pas de m’occuper de la cérémonie. Je vais finir par te détester et je n’en ai pas envie » S’il l’avait ingurgité sa boisson à ce moment-là, il y avait des chances que tout ressorte la seconde suivante. Heureusement pour eux, il n’avait pas encore sa tasse entre les mains. Néanmoins il n’avait pas pu s’empêcher de tousser, manquant presque de s’étouffer après avoir raté une inspiration. Il tourna la tête vers elle avec une petite grimace en secouant la tête doucement pour reprendre sa respiration. Ne serait-ce que l’idée de s’imaginer au milieu de tout ça … il venait à peine de se mettre en couple pour la première fois, c’était déjà un grand pas. Lui passer la bague au doigt de quelqu’un, ce n’était pas un pas qu’il lui fallait faire. « T’en fais pas pour ça ! Je suis pas sûr que ça arrivera un jour. » il recula d’un pas en faisant des gestes approximatifs des mains pour regrouper toutes les activités dont s‘occupait Julie. Elle pouvait être certaine qu’il lui éviterait ce tracas. Il avait déjà misé à sa totale liberté en se mettant avec Pandore, et il ne le regrettait pas non. Mais un mariage … pfiouu ! Oui il était conscient qu’il avait dû dire la même chose pour les relations amoureuses sérieuses, mais tout de même, ce n’était pas pareil quoi … Et puis il ne valait mieux pas se projeter aussi loin comme ça. Vivre au jour le jour, c’était ce qu’il savait faire de mieux même s’il s’était promis de faire des efforts pour Pandore. Ben oui, il ne pensait plus qu’à lui maintenant. « Ben dis donc… Elle t’a carrément retourné la tête, on dirait. » Il sourit (ou plutôt tirait une petite grimace) presque gêné et mal à l’aise de savoir que d’autres pouvait le lire sur son visage, ou à ses manières d’agir ou de parler. C’est vrai quoi, ce n’était pas si flagrant que ça, si ? Il aurait aimé pouvoir réagir ou répliquer de suite qu’il controlait parfaitement la situation, mais ce n’était pas vrai et ca lui faisait peur. Il savait bien que convaincre Julie ne serait pas simple, mais s’il parvenait à lui faire comprendre ne serait-ce que ce qui aurait pu le pousser à changer de camp, serait un bon début. « Je suis contente pour toi » Ben ca alors, il ne s’y attendait pas du tout. Il l’entendait presque essayer de lui retourner le cerveau pour qu’il change d’avis dès qu’elle passait le seuil de la porte du Café, mais au final, rien. Elle était contente pour lui. Ah s’il savait quel plan elle manigancait tout en subtilité… « c’est gentil Julie. » Il se pencha au dessus de son café pour en boire une ou deux gorgées qu’il finit bien avant qu’elle ne dise les derniers mots de sa phrase. Décidement, il allait de surprise en surprise ce soir… « N’empêche, si j’avais su que tu allais te caser et trouver la perle rare, je t’aurais fait des avances plus tôt » « Pfff… Raconte pas n’importe quoi Julie » fit-il en riant doucement. Ben oui, parce que c’était une blague hein ! Il aimait bien ce genre d’humour, mais il y avait quelque chose qui sonnait faux dans son raisonnement, ou dans la façon dont la brunette l’annonçait. Il en aait presque l’estomac noué. « Je me disais que j'avais le temps, vu que tu partageais mon point de vue sur les couples, et tout ça... Mais maintenant que tu n'es officiellement plus célibataire, je n'aurais plus jamais l'occasion de voir ce que tu vaux. Dommage. » Elle se jouait de lui c’était évident. M’enfin ca ne pouvait être que ça ! Alors pourquoi diable se sentait-il mal à l’aise à ce moment là ? Ca ne pouvait pas être vrai. Quelques secondes passaient et il tentait de décrypter les pensées de Julie à travers son regard. Il plissa doucement les paupières pour mieux analyser ses expressions, il aurait aimé être mentaliste oui. Il se contenta de la regarder l’air sceptique, avant de lâcher dans un rire, subitement plus décontracté « Tu me fais marcher là Juju. » Il donnait un coup sur le comptoir. Julie qui s’intéressait à lui ? Non, impossible. Enfin après tout ce temps qu’ils passaient ensemble… Quoique maintenant qu’il y pensait, il se demandait pourquoi l’idée ne lui avait pas traversé l’esprit non plus. Peut être que l’amitié l’avait aveuglé ou quoi ? S’il n’y a pas que l’amour qui rendait aveugle. « Et puis de toute façon, tu n’as pas besoin de me tester, je fais un très bon rapport qualité/prix, il y a pas à dire »

La jeune fille lui adressa un sourire amusé lorsqu’il lui assura qu’il n’était pas certain de se marier un jour. L’occasion était bien trop belle pour ne pas la saisir et elle ne pouvait pas se taire. « Tu veux que je te rappelle ce que tu disais sur les histoires exclusives et sérieuses peu de temps avant de t’enticher de ta super copine ? », demanda-t-elle en souriant. Moralité de l’histoire : ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. On ne pouvait pas savoir de quoi demain serait fait et si Emrys avait fini par se mettre en couple malgré ses grands principes, rien ne disait qu’il ne finirait pas par se marier. Bien sûr, elle voulait plus le taquiner qu’autre chose. Elle ne se permettrait pas de le juger puisqu’elle était consciente qu’elle n’était pas un modèle de vertu… Et qu’elle était par conséquent bien mal placée pour faire la morale à qui que ce soit. « Pfff… Raconte pas n’importe quoi Julie » La brunette prit un air offusqué pour lui montrer qu’elle ne plaisantait pas. Elle enchaîna avec un argument bien pensé mais une fois de plus, Emrys resta de marbre. « Tu me fais marcher là Juju. » Deuxième tentative, deuxième échec. Peut-être était-ce le signe qu’elle devait-elle abandonner ce plan totalement débile ? Elle ne parviendrait pas à ses fins. Quelles fins, d’ailleurs ? Que cherchait-elle à faire, exactement ? Briser son couple ? Se prouver qu’elle plaisait à Emrys même s’il était entiché de cette fille qu’elle détestait sans même la connaître ? C’était d’un puérile… « Et puis de toute façon, tu n’as pas besoin de me tester, je fais un très bon rapport qualité/prix, il y a pas à dire. » Elle haussa un sourcil malgré elle, éclatant d’un rire enfantin. « C’est ça ! Généralement, les garçons prétentieux sont les moins performants », déclara-t-elle d’un air amusé avant de reprendre son sérieux. « Cela dit, j’étais très sérieuse. » Autant être honnête et lui faire comprendre clairement qu’elle ne plaisantait pas, non ? Elle risquait de plomber l’ambiance pour de bon mais elle en prenait le risque. Plus elle y pensait, plus elle était perdue. Elle ne savait plus vraiment ce qu’elle faisait là. Ni ce qu’elle cherchait à faire. Une chose était sûre : son cerveau était en ébullition et elle détestait cela. Elle agissait d’abord et pensait ensuite. Pas l’inverse. Elle devait s’en tenir à ce qu’elle avait convenu et arrêter de se poser des questions, ce serait bien mieux pour tout le monde. « J’espère que ta copine se rend compte de la chance qu’elle a, au moins », dit-elle finalement avant de porter sa tasse à ses lèvres comme si de rien n’était.

« Tu veux que je te rappelle ce que tu disais sur les histoires exclusives et sérieuses peu de temps avant de t’enticher de ta super copine ? » « Oui je suis au courant, merci bien. » coupa-t-il avec un sourire exagérément hypocrite. Ben oui, il se doutait bien qu’elle n’allait pas passer à côté de ce détail elle non plus. Il comme un gamin qui réagissait auprès d’une fille qui faisait trop la maline. Mais bon, un mariage c’était quand même nettement différent. C’est vrai qu’au début il prenait tout ça pour une blague, quand bien même il n’écartait pas le fit que ca puisse être vrai. M’enfin, faut le connaître le Emrys. Déjà d’une, les histoires d’amour et tout ça, c’était tout nouveau alors on va essayer d’éviter de lui faire peur aussi hein … Puis comme elle disait entre autre qu’elle ne saurait jamais ce qu’il valait, et bien il lui fit une courte description d’après son (trèèèèès) humble avis (a) « C’est ça ! Généralement, les garçons prétentieux sont les moins performants » Il lui tira une grimace, lui montrant clairement qu’il n’était pas d’accord avec ses dires, avant de sourire discrètement. « Cela dit, j’étais très sérieuse. » Alors qu’il dérivait légèrement la conversation comme il savait bien le faire, en prenant tout à la rigolade, il ne pouvait être que plus certain que Julie semblait sincère. Ca en était troublant. Non pas qu’elle lui dise la vérité non, mais la vérité elle-même plutôt. En fait, il n’avait aucune idée de ce qu’il devait dire à ce moment-là. Il était complètement paumé. Ce n’était pas lui qui saurait comment se sortir d’impasse telle que celle-ci. « J’espère que ta copine se rend compte de la chance qu’elle a, au moins » Sa remarque le surprit. Il haussa doucement les épaules. A vrai dire, il avait plus en tête les dernières révélations de Julie qu’autre chose maintenant. Puis peut être que c’était lui qui devait s’estimer chanceux après tout, m’enfin il ne se mettait pas du tout sur un piédestal. Il ne quittait plus des yeux la brunette, comme s’il risquait de louper un détail important dans toute cette histoire. Il aurait dû s’en rendre compte plus tôt quand même ! « Est-ce que t’es en train de me dire que tu envisageais sérieusement.. » Son index faisait des aller et retours pour désigner les deux jeunes gens présents dans la salle. Non il ne trouvait pas de mot pour définir ce qu’il avait en tête. Parce que c’était le truc improbable entre deux amis de toujours, sans rien d’ambigu jusque maintenant. C’était surprenant qu’il ne se soit rien passé plus tôt d’ailleurs, mais ça l‘était encore plus maintenant. Oui, ça paraissait complètement fou. « Tu aurais renoncé à tes principes ? »

Julie esquissa un rictus amusé en voyant le sourire hypocrite de son ami. Elle avait réussi son coup et elle n’était pas peu fière ! Elle ne loupait aucune occasion pour le chambrer et elle était dotée d’une répartie qui lui permettait de trouver quoi dire en toutes circonstances. « Oh allez, fais pas la tronche ! », dit-elle avant de lui adresser un sourire adorable dans l’espoir de l’attendrir. Puis la conversation redevint sérieuse et Julie lui avoua qu’elle ne plaisantait pas. Et c’était vrai. « Est-ce que t’es en train de me dire que tu envisageais sérieusement.. » Elle se contenta d’un hochement de tête. « Je l’ai envisagé, oui. Plusieurs fois. Mais je pensais que tu ne serais pas d’accord... Et je ne voulais pas risquer de compromettre notre amitié. » Julie Bennett et sa franchise légendaire. Elle disait toujours ce qu’elle pensait, peu importe le sujet ou la personne qui se trouvait devant elle. Elle avait des tas de défauts mais elle méprisait le mensonge par-dessus tout. Elle soupira doucement, détournant le regard. Elle se sentait étrangement vulnérable et elle détestait cela. « Tu aurais renoncé à tes principes ? » La petite brune reporta son attention sur Emrys, considérant sa question avec attention. « Va savoir », fit-elle en haussant un peu les épaules. En réalité, elle n’en savait rien. Elle était complètement paumée depuis qu’elle avait mis les pieds au Café. Ce qui ne devait être qu’un petit jeu au départ se transformait peu à peu en un désir bien moins innocent. Comme si elle était réellement attirée par Emrys et qu'elle souhaitait réellement le charmer. Elle ne pouvait même pas mettre cela sur le dos de l’alcool puisqu’elle n’avait rien bu. Elle soupira intérieurement. Mieux valait qu’elle parte avant de se laisser totalement submergée par ces pensées débiles qui n’avaient aucun sens – et qui disparaitraient sûrement dès qu’elle serait rentrée chez elle. Elle était simplement contente de le voir parce qu’ils ne s’étaient pas vus depuis longtemps, voilà tout. Et elle jouait tellement bien le jeu de la séductrice qu’elle avait fini par s’y perdre momentanément. Rien de bien méchant, en somme. « De toute façon la question ne se pose plus, maintenant. Tu as Pandore. Et c’est très bien comme ça. » Elle accompagna sa réponse d’un sourire mal assuré. Elle était sincère, une fois de plus. Au final, elle se demandait pourquoi elle cherchait tant à les séparer. Si Emrys était heureux avec cette fille, pourquoi ne pas le laisser tranquille ? Oh, oui. Au nom de leur pseudo mouvement de lutte contre l’amour. Foutaises ! Elle avait bien d’autres amis qui partageaient ses idées et qui avaient fini par trouver la personne qui leur convenaient. S’était-elle entêtée à vouloir briser leur bonheur pour autant ? Non. Ce qui voulait dire que… Que rien du tout. Il était hors de question que cette histoire de plan tordu veuille dire quelque chose de particulier. Elle aimait bien Emrys et elle avait peur de se le faire voler par Pandore. Amicalement parlant, évidemment. Elle aurait réagi de la même façon avec Léonard, Aaron et tous les autres garçons dont elle était très proche. Ce n’était qu’une crise de jalousie amicale. Au fond d’elle, elle avait peur de se retrouver toute seule. De se dire que tous ses amis avaient rejoint les « gens normaux », qu’ils étaient en couple ou mariés pendant qu’elle serait encore et toujours à l’écart, prétextant que l’amour n’était pas pour elle et qu’elle n’avait besoin de personne. Elle se demandait parfois si ce n’était pas elle, le problème. Et voilà qu’elle recommençait à penser. Si ça se trouve, c’était contagieux. À force de traîner avec des aimants à angoisses qui absorbaient toutes sortes d’émotions comme des éponges, elle allait finir comme eux : névrosée, à se poser mille questions à la minute plutôt que profiter de l’instant présent. L'horreur totale. Elle grimaça malgré elle et termina sa tasse, jetant un coup d’œil à Emrys. « Je vais peut-être te laisser, tu dois avoir des trucs à faire. » Trucs = voir sa petite-amie. Elle ne savait pas vraiment comment fonctionnait les couples mais ils se voyaient probablement régulièrement. Voire même tous les soirs. Il préférerait sûrement être avec Pandore plutôt que de rester la soirée à écouter sa bonne vieille copine Julie délirer. Cela dit, l'idée qu’il la retienne ne lui déplaisait pas. Cela flatterait son égo – et elle ne se lassait jamais de voir qu’elle était appréciée. Mais d'un autre côté, elle se disait que partir (ou fuir, pour être exacte) était la meilleure solution.

« Oh allez, fais pas la tronche ! », trop tard c'était déjà fait (a) Il prit son café et le porta à ses lèvres quand le liquide lui brûla les lèvres. Il le reposa sur le comptoir afin qu'il refroidisse un peu alors que la conversation tournait en confessions. Trop sérieuse à son goût, d'ailleurs c'était bien lui qui avait tendance à les fuir en général, mais là, pas moyen d'y échapper. Et puis il tenait vraiment à savoir ce que Julie avait sur le cœur. « Je l’ai envisagé, oui. Plusieurs fois. Mais je pensais que tu ne serais pas d’accord... Et je ne voulais pas risquer de compromettre notre amitié. » Un petit sourire vint se glisser sur ses lèvres. Amusé ? Non. Plutôt touché. En fait, il l'a jaugeait encore pensant indéniablement à une blague, mais elle était allée beaucoup trop loin dans ses aveux pour que ça en soit une. Jamais il n’aurait imaginé un truc pareil. Rien qu’imaginer Julie pouvoir réellement s’enticher de quelqu’un, non pas qu’il pensait qu’elle ne le pouvait pas au contraire, mais qu’elle le réalise elle-même et qu’évidemment il soit là pour apprécier la révélation. Jamais il n’aurait imaginé être potentiellement cette personne là, alors qu'il ne s'était jamais vu caser avec quiconque jusqu'à Bowen. Il comprenait plus ou moins son état d'esprit, lui non plus n'aurait probablement pas tenté quoique ce soit, quand bien même il était du genre instinctif. Il aurait pris sur lui. « Va savoir » Julie qui proclamait son côté célibatair'attitude et fière de l'être... Il savait bien qu'un jour elle céderait elle aussi. Il hocha doucement la tête, engrainant les informations qu'il venait d'acquérir. Oui parce que quoi ? Est ce qu'il devait faire ou dire quelque chose en particulier ? C'est pas comme s'il s'était retrouvé auparavant dans ce cas de figure. Et si en tant normal, il aurait apprécié le fait de se sentir important pour des personnes, là c'était plus prise de tête qu'autre chose. « T'aurais dû essayer si tu voulais savoir. Et qu'est ce que tu fais là ? La faire regretter ? C'est pas parce que c'est évident qu'il faut dire ce genre de chose ! Il se racla la gorge avant de prendre une gorgée de son café pour s'empêcher de dire le mot de trop. Et puis quoi encore ? Il allait quand même pas l'inciter à le mettre dans une situation encore plus délicate quoi ! Mauvaise idée, très mauvaise idée Em' … Son couple tout frais tout neuf serait bien mis en danger s'il commençait à avoir donner des idées pareilles. Et puis c'était du passé maintenant, on n'allait pas remonter le temps. Il n'y avait plus qu'à vivre au jour le jour, tout ce qu'il savait faire en gros. Il releva les yeux sur elle, priant qu'elle prenne plus ça comme un conseil à l'avenir. Si au fond, dans sa tête ça lui apparaissait comme tel, il ne pouvait pas nier le fait qu'il aurait été curieux de savoir ce que ca aurait pu donner. « De toute façon la question ne se pose plus, maintenant. Tu as Pandore. Et c’est très bien comme ça. » Elle n'avait pas tort. Ils ne pouvaient rien changer à ça maintenant, et il tenait beaucoup trop à Pandore pour aller se risquer à tenter quoique ce soit avec d'autre. Il voulait que ça marche. Mais il ne voulait pas non plus perdre Julie. « Je vais peut-être te laisser, tu dois avoir des trucs à faire. » Bah voilà justement ...S'il y avait bien une chose qu'il ne désirait pas, c'était que sa relation avec Pandore affecte les autres. « compromettre leur amitié » pour reprendre ses termes. Il ne voyait plus aussi souvent la brunette qu'il ne le souhaiterait et pour une fois qu'il l'avait devant lui, il n'allait quand même pas la laisser partir comme ça. Et surtout pas sur une note aussi amer. « Julie, ramène tes fesses ici tout de suite. » lançait-il. Il se doutait qu'elle n'allait pas rappliquer de suite, mais espérait tout de même obtenir son attention. « J'ai effectivement des choses à faire et je me disais que tu pouvais me donner un coup de main en gentille fille que tu es ! » Il lui laissait à peine le temps de dire quelque chose, qu'il lui lançait un torchon propre (plus pour très longtemps) du comptoir derrière lequel il se trouvait.

« Ah non, ce n’est pas ce que tu as dit, je t’assure. Mais bon, si tu veux ‘mignon’ me va très bien aussi. » Julie leva une nouvelle fois les yeux au ciel, ne pouvant s’empêcher de sourire malgré tout. « La ferme, Augustine ! », fit-elle en plissant légèrement les yeux, histoire de se montrer (faussement) menaçante. Lorsqu’elle lança un « me tente pas » parfaitement innocent après lui avoir parlé ouvertement de son "attirance" pour lui, Emrys se mit une nouvelle fois à sourire. Et cette fois-ci, Julie ne fit aucun commentaire. Elle se demandait ce que cela voulait dire. Ce sourire n’était pas anodin. Il aurait pu l’être au milieu de n’importe quelle autre conversation, mais pas de celle-là. Ils avaient évoqué un sujet plutôt sérieux et le fait qu’il se mette à sourire de cette façon alors qu’elle lui faisait des avances à peine camouflées la laissait perplexe. L’encourageait-il vraiment à poursuivre sur cette voie ? Probablement. Sinon pourquoi l’aurait-il rattrapée alors qu’elle voulait sagement quitter le Café ? Il voulait qu’elle reste. Mieux encore, il voulait passer la soirée avec elle et il n’en avait pas honte : « Je te donne une super soirée en compagnie d’Emrys que tu vois tout le temps , et des cafés à volonté pour tenir jusqu’au bout de la nuit. » Une super soirée ? Intéressant. Julie croisa les bras, faisant mine de réfléchir à sa proposition, puis elle finit par sourire. « Okay, marché conclu. Mais je te prends au mot, tu vas m’avoir sur le dos jusqu’au bout de la nuit ! », fit-elle d’un air particulièrement satisfait. Une super soirée avec Emrys ne se refusait pas. Et surtout pas ce soir ! Elle s’approcha de lui, son torchon toujours en main, puis elle regarda autour d’elle. « Alors, qu’est-ce que je dois faire ? » Elle n’avait absolument aucune idée de ce qu’un serveur devait faire une fois le café fermé au public. Elle ne savait même pas s'il avait réellement besoin d'elle ou s'il s'était servis de cette excuse comme d'un prétexte pour la faire rester. L’air de rien, elle s'installa à côté de lui et frôla son bras par la même occasion... Tout en ayant l’air de ne pas le faire exprès, bien évidemment. C’était là toute la subtilité de l’art délicat de la séduction : faire son possible pour se rapprocher de l’autre sans en avoir l’air. Comme si tout cela était naturel, comme si c’était le destin qui le voulait. Frôler son bras de cette manière n'était pas la meilleure des approches et il n'y ferait sûrement pas attention, mais elle ne savait pas vraiment comme s'y prendre. Habituellement, elle était très douée pour trouver ces « petits trucs » qui faisaient tourner la tête des garçons. Mais ce soir, avec Emrys, elle n’était sûre de rien. Peut-être parce qu’elle le connaissait trop bien, peut-être parce qu’elle savait qu’il était en couple – et qu’il se plaisait avec Pandore. Cela dit, elle n’était pas encore décidée à abandonner la partie. « Au fait, j’ai oublié de te demander : les serveurs sont tous aussi sexy que toi, ici ? Non parce que si c’est le cas, je viendrais plus souvent ! » Ajoutez à cela un sourire espiègle et des yeux pétillants de malice et vous obtiendrez l’expression de la jolie brune à ce moment précis. Sauf que cette fois-ci, ce n’était pas vraiment pour lui faire passer un quelconque message mais plus pour le taquiner un peu – et espionner sa réaction, bien entendu.

« La ferme, Augustine ! » Touché ! Il en était pas peu fier. Après lui avoir annoncé le petit programme de la soirée qu’il lui proposait, elle se mit à croiser les bras et à maintenir un suspense qu’elle mit fin, avec un sourire. « Okay, marché conclu. Mais je te prends au mot, tu vas m’avoir sur le dos jusqu’au bout de la nuit ! » Il riait doucement, puis soupira. « Ah je crois que je vais regretter… » La fatigue le gagnait déjà, le mieux était d’en finir au plus vite avec cette corvée pour profiter plus tranquillement du temps qu’il leur resterait après. Fin prête et décidée à l’aider, elle s’avança vers lui pour qu’il lui indique les quelques directives du parfait employé. « Alors, qu’est-ce que je dois faire ? » Est-ce qu’il avait remarqué que Julie s’était aussi prêt rapprochée ? Oui évidemment. M’enfin ce n’est pas comme si ils ne s’étaient jamais effleurés avant sans qu’il y ait quoique ce soit d’ambigu la dedans, enfin il ne pensait pas. Il se mordait intérieurement la lèvre. Le temps que les quelques révélations d’il y a peu lui fassent tilt, il s’était déjà résolu à ne faire comme si de rien n’était, c’était le mieux à faire de toute façon. Rester concentré sur ce qu’il faisait… ce qu’il faisait… euh.. ah oui le Café ! Il réfléchit un moment en jetant un coup d’œil sur les tables dans la salle, attrapant un plateau sous sa main.« Alors, la tâche est simple, tu fais comme si on était à la maison : on rapporte les tasses, verres, assiettes, couverts sales derrière le comptoir, sans les casser si possible. Et on finit par un coup de chiffon pour faire briller la table. Tu vois ? Simple, non ? » fit-il en lui tendant un plateau qu’il venait de récupérer pour qu’elle puisse déposer la vaisselle. Oui il exagérait bien exprès, comme s’il avait affaire à une gamine, mais ça l’amusait. « Au fait, j’ai oublié de te demander : les serveurs sont tous aussi sexy que toi, ici ? Non parce que si c’est le cas, je viendrais plus souvent ! »Ah ça, c’était bien sa Julie ! Il sourit, surpris par sa question, mais pas du tout à la fois. « Ben ouais ! C’est comme ça qu’on fait grimper le chiffre d’affaire du patron ! » Il haussait les épaules comme si c’était évident. Ca aurait pu être une hypothèse valable après tout. Très probable même. Certainement que certains faisaient carrément parti de la vitrine. Il n’y a qu’à voir Jodie, tous les mecs se déplacent pour lui commander à toutes heures. « Il te fallait que ça pour que tu viennes plus souvent ? » fit-il quelque peu vexé.

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