soirée clandestine + julie (ft. Panda)

« Ah je crois que je vais regretter… » Elle lui flanqua un coup de poing dans l’épaule, prenant une mine excédée. « Blah, blah, blah. Tu dis ça mais je sais que tu es super content que je sois là pour te tenir compagnie. Je te connais par cœur, mon p’tit. » Et elle était sûre ce qu’elle avançait. Elle était persuadée qu’il était content qu’elle reste avec lui jusqu’au bout de la nuit pour l’aider à nettoyer le Café et le divertir un peu. On ne s’ennuyait généralement jamais avec une Julie Bennett dans les parages. Elle trouvait toujours quelque chose à dire ou à faire pour éviter de laisser le silence s’installer. « Alors, la tâche est simple, tu fais comme si on était à la maison : on rapporte les tasses, verres, assiettes, couverts sales derrière le comptoir, sans les casser si possible. Et on finit par un coup de chiffon pour faire briller la table. Tu vois ? Simple, non ? » Julie attrapa le plateau qu’il lui tendait en hochant la tête. « Simple, oui. Chiant, mais simple. » C’était plus fort qu’elle, il fallait toujours qu’elle dise ce qui lui passait par la tête… Elle leva les yeux vers Emrys, un sourire aux lèvres. « Comment tu fais pour faire ça toute la journée ? » Être serveur s’apparentait à être esclave des clients : on devait leur servir ce qu’ils voulaient quand ils le voulaient puis on nettoyait derrière eux une fois leur festin terminé. Ce n’était pas le plus cool des métiers. D’une certaine manière, Julie était elle aussi l’esclave de ses clients mais selon elle, ce n’était pas la même chose. Elle ne devait pas leur servir à manger et ranger derrière eux en s’efforçant de garder le sourire. Elle devait préparer le plus beau jour de leur vie de A à Z. C’était différent de leur préparer un café ou un sandwich. Laissant ses idées de côté, elle s’exécuta docilement, déposant les tasses et autres verres sales sur son plateau. Elle était très concentrée pour ne rien renverser et/ou casser. Elle ne voulait pas causer du tort à Emrys en éclatant la vaisselle sur le sol ! « Ben ouais ! C’est comme ça qu’on fait grimper le chiffre d’affaire du patron ! » Julie se mit à rire de bon cœur. « Je vois », fit-elle d’un air amusé avant de se lancer et d’emporter son plateau bien rempli vers le comptoir pour pouvoir le décharger. « Il te fallait que ça pour que tu viennes plus souvent ? » Son air vexé arracha un sourire Julie mais pour une fois, elle ne fit aucune remarque désobligeante. Elle se contenta d’un haussement d’épaule nonchalant, alors qu’elle regagnait à nouveau la salle pour continuer à ranger. « Ben ouais. Maintenant que tu es casé, faut bien que je me rabatte sur d’autres mecs ! », plaisanta-t-elle. Elle s’insulta intérieurement. Il fallait qu’elle arrête ce genre de réflexions. Non pas que cela la gêne mais Emrys, lui, risquait de finir par être mal à l’aise après la discussion qu’ils venaient d’avoir. Ou pas. En réalité, elle n’en savait rien. Cette soirée se déroulait comme le reste de sa vie : elle ne faisait qu'improviser, encore et toujours. Elle n'avait jamais rien su faire d'autre que de vivre le moment présent - et de profiter au maximum de chaque minute passée. Elle remplit une nouvelle fois son plateau avant de lever la tête vers son ami. « Je plaisante. Tu resteras toujours ma priorité, Emrys. Tu sais bien que je t’adore plus que tout et qu'aucun garçon ne prendra jamais ta place ! » Elle avait une voix étonnamment doucereuse, presque mielleuse, qui ne collait pas du tout à son tempérament. Et pour cause ! Elle voulait juste se mettre dans la peau d'une fille « normale » pour quelques secondes, histoire de voir ce que ça faisait… Elle détestait cela. Elle fronça le nez, prenant un air particulièrement dégoûté. « Eww. Y a vraiment des nanas qui sortent ce genre de trucs ? » Elle soupira doucement, se disant une fois de plus que l’amour rendait vraiment débile profond. Comment pouvait-on dire à quelqu’un qu’on l’aimerait pour toujours alors qu’on ignorait de quoi demain serait fait ? Quelle connerie ! Personne ne pouvait savoir combien de temps une histoire d’amour durerait. Parce qu’en réalité, il n’y avait pas d’amour. Ce n’était qu’une question de passion, une réaction chimique ou un je-ne-sais-quoi qui faisait que deux êtres étaient attirés l’un par l’autre. Ce n’était qu’une question de temps avant que cette petite flamme intérieure se consume et disparaisse complètement. Combien de mariées étaient venues la voir en hurlant que leur mari avait été voir ailleurs et qu’il n’était qu’un « sale type » alors qu’elles avaient juré devant témoins de l’aimer et de le chérir jusqu’à ce que la mort les sépare ? Le mariage n’était qu’une supercherie. Les gens pensaient qu’en se passant la bague au doigt, ils vaincraient la fatalité. Mais elle finissait par les rattraper tôt ou tard. Mieux valait ne pas s’engager du tout, cela évitait des crises de larmes à répétition, des prises de poids dues aux soirées passées à s’empiffrer tout en se lamentant sur son triste sort et des frais d’avocat astronomiques. « Enfin, désolée. Si ça se trouve, ta copine et toi vous aimez vous faire ce genre de déclarations ridi... » Elle s’interrompit en plein milieu de sa phrase, se rendant compte qu’elle avait encore une fois parlé trop vite. « Enfin, tu vois. J’espère pas, cela dit. C’est déjà dur de me dire que tu es en couple alors si en plus tu t’es transformé en une espèce de lover romantique qui sort des "mon cœur" et des "bébé" à toutes les sauces… Je me tais. », conclut-elle en se pinçant les lèvres, retournant immédiatement à son nettoyage de table pour éviter de faire une boulette de plus.

Il rit de bon cœur lorsqu’il reçut un coup bien donné dans l’épaule. Fallait s’y attendre, et puis il avait tout fait pour en arriver là donc bon. « Blah, blah, blah. Tu dis ça mais je sais que tu es super content que je sois là pour te tenir compagnie. Je te connais par cœur, mon p’tit. » Et elle lisait dans les pensées en plus ? Quand bien même elle pouvait être agaçante, on ne pouvait pas détester Julie. Enfin c’était sa vision à lui. Toujours aussi pétillante de jour comme de nuit, même s’il avait déjà eu l’occasion de la voir plus posée, elle était tout de même une boule d’énergie et ça faisait du bien d’avoir de sa compagnie. Alors qu’il lui expose l’étendue de sa tâche, elle attrapa le plateau qu’il lui tendait en rechignant un peu. « Comment tu fais pour faire ça toute la journée ? » Il haussa les épaules, cherchant réponse à sa question. « J’ai pas de recette miracle malheureusement, mais ce n’est pas si terrible que ça en fait. Du moins pas tous les jours. » Quand on avait vécu comme Emrys, on finissait par ne plus être douillet et difficile quant aux tâches qu’on nous donnait. Niveau boulot, il avait fait pire et plus dangereux, alors serveur … c’était plutôt un bon emploi. « Ben ouais. Maintenant que tu es casé, faut bien que je me rabatte sur d’autres mecs ! » Il arqua un sourcil. Amusé, surpris, touché, … en fait il ne savait pas vraiment ce qu’il était vraiment et peut être bien qu’il était de tout à la fois. Il remplit son plateau puis regagna le comptoir pour commencer à ranger la vaisselle dans le lave-vaisselle ou l’évier. « Je plaisante. Tu resteras toujours ma priorité, Emrys. Tu sais bien que je t’adore plus que tout et qu'aucun garçon ne prendra jamais ta place ! » Il leva la tête vers Julie. Est-ce qu’elle allait bien ? ou est-ce qu’elle avait pris une substance illicite pour la faire délirer à ce point et changer du tout au tout ? « Eww. Y a vraiment des nanas qui sortent ce genre de trucs ? » Ah non, c’était bien elle. Il se mordit les lèvres pour s’empêcher de rire, mais n’y parvint qu’à moitié. Elle le faisait tellement à la caricature que ça en devenait ridicule en effet. « Enfin, désolée. Si ça se trouve, ta copine et toi vous aimez vous faire ce genre de déclarations ridi... » Il fronça les sourcils. Curieux de ne pas la voir terminer sa phrase, mais surtout pour la faire sentir un peu plus coupable encore.« Enfin, tu vois. J’espère pas, cela dit. C’est déjà dur de me dire que tu es en couple alors si en plus tu t’es transformé en une espèce de lover romantique qui sort des "mon cœur" et des "bébé" à toutes les sauces… Je me tais. » Il secoua frénétiquement la tête, offusqué d’avoir à répondre à cette question. « Non je ne suis pas de ce genre. Moi c’est plutôt des "mon petit sucre d’orge" ou "mon rayon de soleil" tu vois ? C’est plus recherché je trouve et je préfère. » Si elle ne mourrait pas sur le coup de la nouvelle, il le serait probablement dans les quelques secondes à venir. Non, ce n’était définitivement pas son genre ce type de surnom. Pour lui c’est un véritable tue-l’amour ce truc. Et encore, il se trouvait parfois niais quand il y repensait lorsqu’il s’agissait de Pandore. Il avait toujours détesté ça et pourtant, il aimait ce sentiment qu’il éprouvait.. enfin bref. Niais comme je disais. Il déposa son plateau sur la table une seconde pour faire face à Julie avec un air inquiet, en la tenant par l’épaule. « Attends Julie … t’es jalouse ? » c’était le genre de chose qu’il était obligé de sortir à un moment donné de la conversation et ce moment était parfait.

Julie voyait bien que son attitude troublait le petit Emrys et elle adorait cela. Quoi de mieux que de semer le doute dans son esprit pour parvenir à ses fins ? Elle était persuadée qu'il ne tenait pas tant que ça à cette Pandore. Sinon, il ne réagirait pas comme cela lorsqu'elle lui faisait des avances à peine masquées. Elle se lança dans un discours anti-couple, comme à son habitude, et Emrys répondit aussitôt : « Non je ne suis pas de ce genre. Moi c’est plutôt des "mon petit sucre d’orge" ou "mon rayon de soleil" tu vois ? C’est plus recherché je trouve et je préfère. » Julie leva les yeux au ciel avant de porter les mains à son cou, faisant mine d'étouffer et de mourir dans d'atroces souffrances. Mon petit sucre d'orge... Pitié ! C'était encore plus ridicule que "mon bébé". D'ailleurs, elle n'avait jamais compris l'intérêt de ce surnom. Les bébés étaient insupportables. Ils ne faisaient que pleurer, dormir, râler et vomir, de temps à autre. Qu'y avait-il de mignon à appeler l'élu de son cœur de cette façon ? En réalité, ce n'était pas un surnom affectueux mais une insulte. « Argh. Arrête, tu vas me faire vomir ! », rétorqua-t-elle d'un air franchement dégoûté. Les mecs pouvaient être tellement débiles, quand ils étaient en compagnie d'une fille séduisante... Elle ne comptait plus le nombre de phrases profondément ridicules qu'on lui avait sorti dans l'espoir de la faire succomber. Entre "Tu ne t’appellerais pas Biscotte, par hasard ? Non parce que, tu es super craquante !" et autre "Tu n'as pas eu trop mal quand tu es tombée du Paradis ?", elle aurait pu faire un bouquin de répliques toutes plus niaises les unes que les autres. « Attends Julie … t’es jalouse ? » L’intéressée fronça les sourcils, parfaitement offusquée. Jalouse ? N’importe quoi ! Ce n’était tellement pas son genre. Elle prit toutefois quelques secondes avant de répondre, considérant la réflexion d’Emrys avec attention. « Jalouse, moi ? Tu délires, mon vieux. » Elle s’approcha de lui, un sourire narquois sur les lèvres. « Pourquoi, tu aimerais que je le sois ? » Elle était sûre que oui. Cela flatterait sûrement son égo de savoir qu’outre sa petite Pandore adorée, d’autres filles crèveraient d’envie d’être avec lui. Mais Julie était bien trop fière pour avouer ce genre de truc. D’humeur joueuse, elle s’approcha encore un peu de lui, son visage n’étant plus qu’à quelques centimètres de celui d’Emrys. Elle regarda ses lèvres une seconde puis reporta son attention sur ses yeux.  « Je regrette juste de ne jamais t’avoir embrassé quand j’en ai eu l’occasion », dit-elle d’une voix particulièrement enjôleuse. « Histoire de voir si tu vaux vraiment le coup ou si tu te vantes un peu trop. » Elle fit mine de s’avancer davantage, comme si elle allait l’embrasser, puis elle recula au dernier moment, un large sourire aux lèvres. Elle s’en voulait un peu de jouer de cette façon avec ce pauvre Emrys mais aux grands mots les grands remèdes. Elle voulait lui faire ouvrir les yeux et tous les moyens étaient bons pour y arriver.

« Argh. Arrête, tu vas me faire vomir ! » Il se mit à rire, mais au fond, lui aussi s’auto-flagellerai s’il se mettait à sortir de telles choses. Déjà qu’il lui arrivait de penser comme un vieux lover, de s’en rendre compte et ça lui faisait parfois peur. Oui ça faisait peur, mais ça, personne ne le sait, et puis il le gardait pour lui hein. Puis finalement, il voulait taquiner sa petite Julie, et puis pour ça, il n’y avait pas trente-six mille solutions. Puisqu’ils parlaient couple, amour et compagnie. « Jalouse, moi ? Tu délires, mon vieux. » Oui, c’est ce qu’il pensait aussi. Mais il pouvait toujours rêver être autant apprécier de Julie non ? Quoique non, ca reviendrait à des triangles amoureux et c’était déjà assez compliqué de mener une relation avec sa copine. Plus compliqué qu’il ne le pensait, étant donné qu’il ne se connaissait pas jaloux. « Pourquoi, tu aimerais que je le sois ? » Bonne question. Il haussa doucement les épaules. « Honnêtement oui… et non. Mais je pense que tu l’es un touuuuut petit peu. » fit-il en mimant le ‘tout petit peu’ avec sa main. Il finit par afficher un sourire mutin avant de récupérer les dernières tasses et assiettes sur la table et continuer sa tâche tranquillement. C’était sans compter sur la brunette qui se rapprocha discrètement de lui et le charmer comme elle savait si bien le faire. « Je regrette juste de ne jamais t’avoir embrassé quand j’en ai eu l’occasion. Histoire de voir si tu vaux vraiment le coup ou si tu te vantes un peu trop. » Il lui semblait qu’elle se rapprochait davantage, mais il ne bougea pas d’un millimètre. Il l’a regardait, attentif. Comme s’il était lui-même spectateur de la scène. En fait, sa raison lui aurait dicté d’être clair et de ne pas jouer à son jeu, mais c’était Julie, et il l’a connaissait assez pour savoir qu’elle se jouait de lui. Et puis, il était curieux de savoir jusqu’où elle pouvait aller. « Je t’assure que tu peux regretter … » fit-il en redéposant à l’aveugle la tasse encore remplie qu’il tenait dans sa main. Manque de chance, il a mal évalué la distance qu’il y avait entre son bras et le plateau, et la tasse finit sa chute sur le sol, sans pour autant rater la pauvre brunette qui avait eu la malchance de s’être retrouvée dans sa trajectoire. « Et merde… Désolé Julie chérie, je vais arranger ça. » il se mordit les lèvres pour se retenir de rire. Qu’est ce qu’il pouvait y faire en fait ? Passer un peu d’eau peut être… C’était du café. C’était le genre de tâche à laver de suite ou alors le passer à la machine. Il s’en retourna derrière le comptoir pour aller chercher un torchon imbibé d’eau.

« Honnêtement oui… et non. Mais je pense que tu l’es un touuuuut petit peu. » Julie se contenta de lui adressa un sourire amusé, préférant ne pas répondre. Si elle était jalouse ? Oui. Un tout petit peu. Mais elle était incapable de l'admettre - le simple fait de le penser la rendait malade. Alors qu'elle commençait son petit jeu de séduction (qui semblait plus ou moins porter ses fruits, d'ailleurs), Emrys eut un mouvement maladroit et fit tomber une tasse. Tasse qui se renversa sur sa jolie robe avant de finir sa course sur le sol, évidemment. « Et merde… Désolé Julie chérie, je vais arranger ça. » Loin d'être offusquée, Julie se mit à rire de bon cœur. « Tu sais, tu n'avais pas besoin de faire tout ça pour que j'enlève ma robe... Il suffisait de me le demander, je l'aurais fait avec plaisir », répliqua-t-elle en lui faisant un clin d’œil complice. « T'embêtes pas, va. C'est qu'une petite tâche de rien du tout, ça va sécher. » Puis elle enleva sa robe sans crier gare. Elle n'était pas pudique pour un sou et se retrouver en sous-vêtements devant Emrys ne la gênait pas le moins du monde. Cela pouvait même servir son opération séduction. « Passe-moi ta chemise en attendant. Sauf si tu préfères que je reste comme ça, évidemment. » Julie, la seule et l'unique. Elle restait fidèle à elle-même quoi qu'il arrive, peu importe les situations. Elle observa son ami pendant de longues secondes puis elle pencha un peu la tête, comme pour essayer de percevoir ses pensées. « Tu ferais quoi si je t'embrassais vraiment ? » Elle avait dit cela avec un sérieux qui ne lui ressemblait pas, gardant tout de même le sourire aux lèvres. Il allait sûrement lui sortir le baratin habituel des mecs sérieux et fidèles. Lui dire qu'il la repousserait parce qu'il était amoureux de sa copine, qu'il ne voulait pas lui faire ça et blah, blah, blah. Pourtant, elle était sûre qu'il se laisserait faire. Et ce n'était qu'une question de minute avant qu'elle ne tente sa chance.

Julie remarqua bien évidemment le regard qu'Emrys posa sur elle lorsqu'elle enleva sa robe. Et sans aucune prétention, elle savait qu'il aurait du mal à se concentrer sur ses yeux. Elle ne faisait pas partie de ces filles qui savent qu'elles sont belles mais qui passent leur temps à dire "mon dieu que je suis moche !!" pour recueillir des compliments forcés, ni même de celles qui n'ont réellement pas confiance en elles. Elle était sûre d'elle. Elle savait ce qu'elle valait, elle savait qu'elle était plutôt jolie et qu'elle plaisait aux garçons. C'était pour cela qu'elle avait opté pour ce stratagème, d'ailleurs... Pour faire craquer Emrys. Il enleva finalement sa chemise et Julie le remercia d'un sourire éclatant avant de l’enfiler... sans se gêner pour le regarder avec insistance, évidemment. Ce n'était pas tous les jours qu'elle voyait le jeune homme dévêtu devant elle, après tout ! Puis elle lui posa une question plutôt directe et la réponse d'Emrys fut pour le moins décevante. Elle avait perdu la partie, pour de bon. Il ne "pouvait" pas la laisser faire ça, avait-il dit... Et elle savait qu’il la repousserait si elle faisait quoi que ce soit pour se rapprocher de lui. Elle était déçue. Déçue que cette Pandore lui ait autant tourné la tête, déçue  qu’il se soit laissé embobiner par cette fille. Elle avait l’impression qu’il avait changé – et pas en bien. L’amour rendait vraiment, vraiment débile. Ne cherchant même pas à masquer son agacement, elle soupira doucement et enleva rapidement la chemise d’Emrys et renfila sa robe tâchée. « T’es vraiment pas drôle », fit-elle d’un air boudeur. Elle resta immobile quelques secondes, puis elle attrapa finalement son sac. Finalement, cette soirée ne l’amusait plus du tout. « Je vais y aller. Tu passeras le bonjour à ta super Pandore de ma part. Et tu la remercieras de t’avoir retournée la tête, au passage. Elle a fait du bon boulot. » Son ton était légèrement amer mais il restait tout de même posé. Elle ne voulait pas faire un scandale ou lui hurler dessus – de toute façon, cela n’aurait rien changé. Elle était simplement déçue et elle avait l’impression qu’on lui avait « volé » son ami. Comme si leur relation ne serait plus pareille maintenant que Miss Blonde était entrée dans la vie d’Emrys. Dieu qu’elle la détestait.

Rien de ce qu’Emrys pourrait dire ne la faisait rester. Julie était vexé et elle n’avait qu’une envie : fuir. Sa fierté en avait pris un sacré coup mais au fond, ce n’était pas à son ami mais à elle qu’elle en voulait. Qu’avait-elle espéré, en venant le voir au café ? Il s’était entiché de cette potiche de blonde et il l’avait dans la peau. Elle ne pouvait pas rivaliser. Alors qu’il s’apprêtait à dire quelque chose, quelqu’un fit irruption dans le café. Julie tourna la tête et ricana nerveusement. « Quand on parle du loup », dit-elle, une pointe d’ironie dans la voix. Elle croisa les bras, regardant Pandore de haut en bas alors qu’elle se mettait à piailler. Une scène de ménage, manquait plus ça ! Elle regarda Emrys essayer de se sortir de cette situation grotesque en soupirant. Cette idiote n’attendait même pas qu’il s’explique, elle préférait lui dire de récupérer ses affaires directement… Radical. Débile, mais radical. La jalousie lui brûla la gorge mais bizarrement, elle ne voulait pas jeter d’huile sur le feu. De quoi cette Pandore de pacotille se plaignait-elle ? Elle avait un copain en or qui ne la tromperait pour rien au monde. Aucune raison de venir lui faire une crise, avec son air hautain et ses pseudos-répliques assassines. « On se calme, ma jolie », dit-elle, un sourire étonnamment faux sur les lèvres. « Je lui ai rien fait, à ton mec. C’est pas l’envie qui me manque mais on dirait bien que tu lui as suffisamment retourné la tête pour le rendre fidèle. Il est complètement accro à ta langue de vipère ! Respect, vraiment. » Sa voix trahissait à quel point elle se sentait vexée et humiliée mais il était hors de question qu’elle le reconnaisse. C’était la première fois. La première fois qu’un garçon lui résistait, la première fois qu’elle se sentait aussi stupide, la première fois qu’elle regrettait d’être elle. Elle n’avait pas pour habitude de s’attacher aux garçons qu’elle côtoyait mais apparemment, le beau serveur comptait plus qu’elle ne l’aurait pensé. « Tu peux dormir tranquille, il ira pas voir ailleurs. C’est dommage, cela dit, parce qu’il mérite bien mieux qu’une fille dans ton genre. » Elle soutint le regard de Pandore pendant quelques secondes, histoire de lui montrer qu’elle ne l’impressionnait pas. Se battre avec elle ne lui faisait pas peur et s’il la situation avait été valable, elle se serait battue sans hésiter. Mais là, ça n’en valait pas la peine. « Sur ce, j’me casse. Je vous laisse entre amoureux, vous avez des trucs à régler, apparemment. » Elle adressa à peine à regard à Emrys, puis esquissa un sourire hypocrite à Pandore avant de récupérer ses affaires pour partir. Elle ne comptait plus jamais mettre les pieds ici – et elle ne reparlerait pas à Emrys de si tôt, parole de Bennett.