beers as a payment. (thad)

Ce matin déjà, tu pensais avoir assez mis ta vie en danger. Alors tu ne peux pas t’empêcher de loucher face au vélo, le regard un peu vitreux. Il était sérieux pour te ramener. Il était sérieux pour le vélo. Tu t’exécutes sans rien dire. Trop fatiguée, trop de bière pour te battre. Tu rêves de ton lit, là tout de suite (et non, tu ne comptes vraiment pas tâter la marchandise comme il te l’a proposé). Tu déglutis, puis grinces des dents quand vous commencez à avancer. Ça tangue, mais pas encore de quoi vomir. Ouf. Pitié, faites que l’on ne finisse pas par terre, est la seconde chose qui te vient à l’esprit. Tu resserres un peu ton emprise sur son tee shirt. Et tu finis par sentir la brise sur ton visage, détail qui te change déjà les idées et qui éloigne toute possibilité d’avoir la nausée. Et une fois qu’il te demande où tu vis, tu as une sorte de doute. Ton sens de l’orientation semble s’être fait la malle. « Continue tout droit, je te dirai quand on y sera. » Il ne te reste plus qu’à garder les yeux ouverts et rester concentrée sur la route. Tu lâches Thad pour essayer de faire comme dans Titanic. Ou presque. T’es bras ne sont pas grand ouverts, faut pas déconner non plus, mais tu apprécies les quelques secondes de libertés – ne tentons pas trop le diable aussi. Et tu ris, toute seule derrière, trouvant la balade agréable. Limite vivifiante. « Stoooooooop. On y est. »

Ah, c’est qu’en plus il est persuadé de te faire tenir sur une planche. Le pire dans tout ça, c’est que t’es tentée de recommencer l’expérience, parce que tu ne t’étais pas amusée de cette façon depuis un moment, bien que les bleus ne soient pas très attirants. Tu attends pendant qu’il s’en va. Pas longtemps, mais juste assez pour qu’il fasse déjà demi tour alors que tu n’as pas encore franchi l’entrée de l’immeuble. Tu ouvres la bouche, mais aucun son ne sort. Un souci ? Tu souris quand il s’explique. C’est juste… Non pas super mignon – quoique, mais c’est avant tout inattendu comme comportement. Surtout la suite. Est-ce toujours votre jeu de toute à l’heure ? S’est-il pris un coup, genre un caillou sur la tête, en chemin ? Parce que si ça ne tenait qu’à toi, oui tu l’embrasserais sans hésiter. Soyons claires : Thad est tout sauf repoussant et vos deux petites expériences précédentes n’ont pas été désagréables. Loin de là. Là, encore, tu te laisses tenter. Tu te rapproches lentement. Assez pour lui faire croire que tu peux toujours tourner les talons. Et puis, tu glisses tes bras sur ses épaules et poses tes lèvres sur les siennes. C’est un peu (beaucoup) innocent, mais t’es comme ça quand tu te montres un poil sincère. Et les bonnes choses doivent enfin prendre fin. « Bonne nuit, mon amour. », quatre petits mots un peu ironique que tu murmures sans le lâcher, peut-être pour qu’il ne te trouve pas aussi sérieuse que tu l’as été. Et non, tu ne l’inviteras pas à monter. Pas ce soir, alors que vous vous êtes rencontrés ce matin. Ce serait une bonne blague. Tu laisses encore passer quelques secondes avant de tourner définitivement les talons et gagner l’immeuble. Un regard derrière. Un sourire.