Lela ∂ You can tell me everything

Lela & Kaliska

"You can tell me everything"

Tandis que je gardais mon étreinte sur ma petite sœur, la serrant même encore un peu plus contre moi, j’espérais au plus profond de moi-même que cette fameuse relation dont elle me parlait soit réciproque. Je savais parfaitement que nous avions eu nos hauts et nos bas, et que nous ne nous étions pas du tout parlées pendant deux ans, ne serait-ce que par politesse, mais malgré tout, Lela était ma sœur, je voulais le meilleur pour elle, et plus encore, je souhaitais qu’elle puisse connaître de quoi il s’agissait, le grand amour, et ce, de façon moins complexe que moi, bien que cela n’était pas gagné, vu comment la chose semblait compliquée, comment le tout semblait flou aux dires de ma sœur. À vrai dire, j’étais quelque peu confuse par rapport à ce qu’elle me disait, puisqu’une fois, je pouvais sourire, trouver ses réactions adorables, typiques d’une personne amoureuse, mais après, elle ne semblait pas être certaine, et cela me retirait mon sourire, le transformant même en une moue quelque peu triste. Puis, lorsqu’elle termina en affirmant ne pas savoir quoi faire, je ne sus pas quoi lui dire dans un premier temps, si bien que je me contentai de lui coller un baiser affectueux sur la joue, alors qu’à l’intérieur, je réfléchissais à ce que je pourrais dire pour la rassurer, la conseiller, et lui remonter le moral, bien que cela ne serait pas une tâche facile, j’en étais bien consciente. Toutefois, je savais aussi que c’était pire si je ne tentais rien du tout, et après avoir réfléchi quelques instants, je finis par demander : « Peut-être que tu pourrais essayer d’en apprendre un peu plus sur lui, sur ses sentiments ? Je sais que ça fait peur Lela, crois-moi, je le sais mieux que quiconque, mais ça veut peut-être le coup, non ? Peut-être que tu peux y avoir droit, à ta belle histoire, toi aussi ? » Je fis un petit sourire en coin, desserrant un peu mon étreinte sur ma sœur pour pouvoir plonger mon regard dans le sien en attendant une réaction de sa part.

Lela & Kaliska

"You can tell me everything"

Je fus soulagée de voir que ma sœur semblait esquisser un sourire à mon propos. Pendant un instant, j’avais eu peur que celui-ci soit peut-être un peu trop idéaliste, peut-être un peu trop inspiré d’un film d’amour à l’eau de rose ou quelque chose du genre. Pourtant, ce n’était pas mon genre, de croire au grand amour, plus maintenant. Tout ce que je pouvais faire dans ma situation, c’était espérer que les choses tournent pour le mieux en ce qui concernait mon divorce, ces vieilles histoires qui traînaient depuis trop longtemps et que, je le réalisais de plus en plus, j’aurais du clarifier bien avant aujourd’hui, ce que je n’avais pas eu le courage de faire, et je ne voulais certainement pas que ma petite sœur prenne exemple sur mes erreurs et ait les mêmes regrets que moi, entre autres parce qu’elle n’aurait pas agi et n’aurait pas pu découvrir les véritables sentiments que son professeur pouvait avoir envers elle. Heureusement, ce que j’avais dit semblait l’avoir satisfaite, si bien qu’en voyant ses yeux pétillants, me montrant ainsi qu’elle avait réellement des sentiments pour cet homme, je me surpris à sourire à mon tour, et espérer très fortement que le tout soit réciproque, afin que je puisse voir ma petite sœur heureuse. Pour le moment, je ne pouvais pas du tout savoir si c’était le cas, et de ce fait, tout ce que je pus répondre à Lela, c’est, au travers d’un haussement d’épaules : « Pourquoi ça ne serait pas possible ? En tout cas, si tu l’aimes autant que tu le dis, et que je peux le voir dans tes yeux, j’espère sincèrement pour toi qu’il saura te rendre heureuse, Lilou. » J’eus un petit sourire en coin, non seulement par rapport à mon propos, mais également parce que je m’étais surprise à appeler ma petite sœur d’une façon dont je ne l’avais pas fait depuis longtemps, bien trop longtemps, soit par le surnom que moi seule lui donnait lorsque nous étions plus jeunes.

Lela & Kaliska

"You can tell me everything"

Juste avant que ma petite sœur me saute dans les bras, j’avais remarqué que celle-ci avait les larmes aux yeux, comprenant alors que c’était moi avec mon discours qui avait provoqué chez elle une telle émotion. Ne voulant certainement pas la faire pleurer, je ne m’excusai toutefois pas, me contentant de resserrer mon étreinte sur elle, profitant de ce moment où Lela se blottissait dans mes bras de son plein gré, ce qui n’était pas arrivé depuis ce qui me semblait être une éternité. Adolescente, Lela avait passé l’âge de faire ce genre de chose avec sa grande sœur, et vu les évènements des années précédentes, je ne pensais jamais voir ce moment arriver de nouveau. Émue que finalement, je puisse retrouver ce lien que j’avais avec ma sœur, lentement, mais sûrement, je me surpris à renifler, au bord des larmes à mon tour, et à serrer Lela encore plus fort dans mes bras tandis que celle-ci affirmait que je lui avais manqué. D’une voix enrouée par l’émotion, je lui répondis : « Toi aussi, tu m’as trop manqué Lela… » Puis, après quelques secondes, je desserrai mon étreinte un peu, me décalant en essuyant maladroitement les larmes qui menaçaient de s’échapper de mes yeux. Ce fut le moment que Lela choisit pour me proposer de me raconter pourquoi elle avait quitté Tahiti, là où résidaient nos parents depuis leur retraite, considérant qu’elle ne m’avait jamais vraiment dit ce qui l’avait poussée à venir ici pour ses études alors qu’elle habitait dans un endroit paradisiaque. Je me mordillai alors la lèvre, supposant que si elle me le demandait ainsi, dans une conversation aussi délicate, c’était parce que justement, c’était plutôt délicat. Je pris alors la main de ma petite sœur dans la mienne, et je lui dis : « Écoute Lela, oui, je veux bien, parce que je suis là pour t’écouter, mais il faut que tu sois à l’aise. Je ne veux pas te forcer d’aucune façon… » Je fis ensuite un petit sourire timide, pour lui montrer que ce n’était pas là pour être malcommode que je disais cela, mais surtout parce que je voulais qu’elle le fasse de son plein gré et pas autrement.

Lela & Kaliska

"You can tell me everything"

Bien que je ne pensais pas vraiment que ce soit une possibilité que ma sœur se désiste à m’expliquer ce qui s’était passé à Tahiti, j’attendis qu’elle commence à parler pour être certaine que celle-ci allait réellement me raconter tout cela. Après tout, elle pouvait bien prendre la porte de sortie que je lui avais offert, et je ne pourrais pas m’en montrer offensée, compte tenu que moi-même, j’aurais voulu raconter certaines choses à ma cadette sans jamais trouver le courage de le faire, malheureusement. Peut-être qu’un jour je me devrais de le faire, mais certainement pas maintenant, puisqu’à cet instant précis, c’était à propos d’elle, et elle seulement. De ce fait, je l’écoutai attentivement lorsqu’elle commença à pleurer, sentant alors mon visage progressivement se décomposer tandis qu’elle progressait dans son récit. Déjà, savoir qu’elle avait été prise dans un attentat à la voiture piégée, c’était énorme à mes yeux, mais au fur et à mesure qu’elle en rajouta, je sentis mon cœur se resserrer de plus en plus, comme si je n’arrivais pas à croire que ma sœur ait pu subir un tel calvaire. À la fin, je me mordillai la lèvre, et la première chose que je sus faire, c’est reprendre ma sœur dans mes bras, et lui dire : « Oh Lela… » Cela me laissa le temps un peu de décanter l’information, prendre en considération la gravité de la situation, mais je ne voulais pas poser davantage de questions à ma petite sœur, considérant qu’elle avait probablement dû suffisamment en baver et qu’elle n’avais pas envie d’en parler. Je me contentai alors de dire, une fois que je me fus décalée d’elle : « Ça va aller maintenant, Lilou. Et si tu veux, je ne dirai rien aux parents, pas pour le moment, en tout cas… » Cela voulait laisser sous-entendre que peut-être, un jour, elle pourrait en parler d’elle-même, et je l’espérais sincèrement, bien que je ne voulais et je ne pouvais rien forcer.