Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: It's time to rise up the silence. [Lee 2.0 ! ♥] Mer 29 Jan 2014 - 19:56
"If you just give me a sign... Say anything, say anything."
Il descendit les escaliers du hall un peu angoissé. L’heure de la fin des cours était pourtant arrivée, signe de la libération des étudiants (ou d’une moins d’une partie d’entre eux). Casey finissait à 16h30, ce n’était pas tardif, il aurait dû s’en réjouir. Mais la journée ne l’avait pas épargné, et elle était loin d’être achevée.
Casey Kennington devait rejoindre Emily Finch, son ex-femme, à la sortie des cours. Il l’avait croisée ce matin et ils s’étaient embrassés. Il l’avait embrassée. Quand il avait reçu un sms d’Emily lui demandant s’ils pouvaient se voir pour se parler, il n’avait donc pas été surpris. Mais à la différence de l’ancien Casey qui aurait complètement paniqué, le nouveau Casey prenait ses responsabilités. Il savait bien que son geste avait des conséquences quelques peu embêtantes. Et même s’il comprenait le pourquoi de son acte, il ne s’expliquait pas le comment. Il avait des circonstances atténuantes, cela dit. Il était à moins d’un centimètre de son visage. On l’avait bousculé et ses lèvres frôlaient celles de la jeune femme. Et elle était plus magnifique de jamais. Comment aurait-il pu résister ? Mais ce n’aurait pas dû être une question de pouvoir. C’était une notion de devoir. Il n’aurait pas dû l’embrasser. C’était embarrassant, cela remuait des tas de vieux souvenirs qui n’étaient agréables ni à l’un ni à l’autre. Et qui devait certainement raviver des tonnes de questions et questionnements. Mais il ne fuirait pas cette entrevue. Il comptait bel et bien parler avec Emily. Elle avait le droit de lui poser des questions, de lui demander de rendre des comptes. Sur ça, ce petit évènement, et tous les cauchemars dont il avait tissé sa vie ces dernières années. Il n’était plus le Casey fuyant et muet qui se retranchait dans son silence, tétanisé, pas assez fort pour prendre la responsabilité de ses torts sur ses épaules. Casey Kennington 2014 était quelqu’un qui s’assumait. Lui, sa personnalité, ses goûts, ses envies. Mais aussi ses erreurs et fautes, ses blessures – et ses blessés.
Toujours vêtu de sa banale veste grise et rouge, toujours décoiffé, un sac en bandoulière tapant contre ses cuisses au rythme de ses pas, il arriva au lieu convenu de leur rendez-vous. Emily n’était pas encore là. Cela lui laissait quelques minutes pour souffler – ou angoisser d’autant plus. Il ne savait pas bien ce qu’il pourrait lui dire. En fait, cela dépendrait évidemment de la façon dont Lee tournerait sa question. Et il ne savait pas bien non plus ce qu’allait lui demander la blonde. Il stressait comme s’il allait passer un oral. Mais il resterait. Il était bien plus mature que le Casey qu’avait connu Emily, il s’en voulait terriblement de ses actes passés, et si la jeune femme voulait parler de leur divorce, des causes de leur divorce, de son comportement, de son abandon, alors il accepterait la discussion, il était prêt à lui parler. Car le guitariste s’imaginait qu’inévitablement, cette épineuse question du baiser glisserait forcément sur le houleux sujet de leur passé. Si Emily lui demandait « Pourquoi m’as-tu embrassée ? », derrière il y avait nécessairement un « Pourquoi tu m’as embrassée maintenant et pourquoi avant tu ne le faisais plus ? » et donc viendrait « Pourquoi tu m’ignorais ? ». C’était une suite logique.
Appuyé contre un mur, les jambes croisées et une main le long de son corps, l’autre à triturer un médiator de guitare trouvé dans sa poche, il attendait. Le cœur en sursaut et la tête agitée. Enfin, la silhouette de la blonde se dessina au loin. Elle se rapprochait, découvrant les traits de la jeune femme, et ce fut son regard azur qui bientôt croisa les yeux caramel du jeune homme. Il se redressa à son arrivée et lui adressa un timide « Salut. » accompagné d’un très léger sourire. Il avait un peu peur. Mais ce n’était pas la peur paralysante qui l’étreignait autrefois. Il ne fléchirait pas face à ses démons. Il restera debout. Il parlera.
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Sujet: Re: It's time to rise up the silence. [Lee 2.0 ! ♥] Mer 29 Jan 2014 - 23:58
"If you just give me a sign... Say anything, say anything."
Se pressant de ranger ses affaires dans son sac, l'étudiante jeta un rapide coup d’œil à son téléphone. L'heure tant redoutée du face-à-face avec Casey avait sonné et elle ignorait si elle était prête à entendre ses explications. C'était idiot puisque c'était elle qui avait voulu le voir. Comme elle s'y attendait, ce baiser l'avait hantée toute la sainte journée et elle avait fini par craquer ; entre deux cours, elle s'était saisi de son téléphone portable pour proposer à Casey de le voir à la fin de la journée. Pour discuter et mettre les choses à plat une bonne fois pour toute. Seulement maintenant que le rendez-vous approchait, elle était morte de trouille. Elle ignorait quoi lui dire, elle ignorait quoi faire, elle ignorait où tout cela allait les mener... Mais il l'avait embrassée. Et elle avait répondu à son baiser comme si elle attendait ce moment depuis des lustres. C'était peut-être le cas, d'accord, mais elle ne pouvait pas se risquer à donner une nouvelle chance à Casey. Le pouvait-elle ? Non. Ou plutôt si. En fait, elle n'en savait rien. Tout ce dont elle était sûre, c'était qu'elle redoutait cette discussion.
Quittant l'amphithéâtre où elle avait passé les deux dernières heures, elle s'engagea dans les couloirs jusqu'à rejoindre le point de rendez-vous. Elle ralentit le pas en voyant que Casey était déjà là, l'attendait patiemment. Il était magnifique. Cette veste, cette coiffure, ce regard, cette attitude... Tout. Elle aimait absolument tout chez lui. Et cela rendait les choses encore plus difficiles. Comment était-elle sensée l'oublier alors que son cœur s'emballait à chaque fois qu'elle posait les yeux sur lui ? Inspirant un bon coup pour se donner du courage, elle parcourut les derniers mètres qui les séparaient d'un pas faussement assuré jusqu'à se poster près de lui - en prenant soin d'instaurer une distance raisonnable entre eux pour éviter que l'épisode du baiser recommence. Il la salua poliment et elle lui rendit son minuscule sourire. « Salut. » Puis un silence s'installa. Silence qui accentuant son malaise et qui la poussa à prendre la parole. Seulement, elle ne savait même pas par quoi commencer. Elle avait des tas de choses en tête mais aucune ne semblait être pertinente à ce moment-là. Arrête de réfléchir et lance-toi !« Pourquoi tu as fait ça, Casey ? » Voilà, la question était posée. Son ton était calme et une fois encore, elle ne lui reprochait rien, mais elle avait besoin de réponses. Pourquoi ? Pourquoi ce baiser ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi semblait-il enfin s'intéresser à elle maintenant qu'ils étaient divorcés et qu'elle commençait à l'accepter ? Seulement, la machine était lancée et elle ne pouvait plus s'arrêter de parler. La petite Emily qui accepte sans rien dire était morte et enterrée. À présent, elle n'hésitait plus à dire ce qu'elle avait sur le cœur - mais toujours en essayant de garder son calme au maximum. « Je veux dire... Je ne comprends pas. Est-ce que tu sais combien de temps j'ai attendu que tu fasses un truc comme ça ? Une éternité. Je passais mes soirées assise dans le canapé à attendre que tu rentres et à espérer que tu allais enfin avoir un geste gentil envers moi... Mais rien. Tu faisais tout pour m'éloigner de toi, comme si tu ne voulais plus que je fasse partie de ta vie. Et maintenant qu'on est divorcé et que je te laisse tranquille, tu m'embrasses au détour d'un couloir ? Comment est-ce que je dois le prendre ? C'était quoi ? Une erreur ? Un acte impulsif que tu regrettes ? Ou quelque chose que tu voulais vraiment ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Il faut que tu m'éclaires parce que je n'arrête pas d'y penser depuis tout à l'heure et ça me rend dingue ! » Elle avait parlé plutôt vite, lâchant phrase après phrase sans prendre la peine de respirer. Elle avait tellement de choses à dire qu'elle laissait sortir ses idées les unes après les autres, sans prendre la peine de les ordonner. Soupirant doucement, elle lui adressa un sourire mi-amusé, mi-désolé. La pression était retombée et elle pouvait reprendre son calme. Elle devait être ridicule à faire des monologues insensés mais elle avait arrêté de s'excuser d'être elle-même depuis longtemps. Elle était comme ça. Spontané, maladroite, plutôt bavarde... Et attendrissante aussi. « Je suis prête à tout entendre, tu sais », dit-elle le plus sincèrement du monde en plantant son regard dans le sien. Puis elle lui adressa un petit sourire. Il pouvait se confier à elle, que ce soit sur les raisons qui l'avaient poussé à agir comme cela pendant leur mariage ou sur celles qui avaient fait qu'il l'avait embrassée quelques heures plus tôt. Elle avait toujours été là pour lui, toujours prête à l'écouter, à le rassurer, à le conseille... Et les choses n'avaient pas changé. Elle avait toujours énormément d'affection pour lui et elle était persuadée qu'ils pourraient être amis s'ils repartaient sur de bonnes bases. Et pour cela, il fallait qu'ils parlent, qu'ils s'expliquent, qu'ils échangent leur ressenti. Ce n'était pas facile mais c'était le seul moyen d'aller de l'avant.
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Dernière édition par Emily K. Finch le Ven 31 Jan 2014 - 11:07, édité 1 fois
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Sujet: Re: It's time to rise up the silence. [Lee 2.0 ! ♥] Jeu 30 Jan 2014 - 23:23
"If you just give me a sign... Say anything, say anything."
Elle était là, elle était arrivée. Il la regarda – ça lui fit mal. Elle était là, face à lui. Entre eux – silence. Lui attendait. Attendait qu’elle parle, qu’elle lui demande, qu’elle lui extorque explications et raisons, qu’elle le rende coupable, qu’elle le juge, qu’elle lui fasse son procès, qu’elle lui arrache sa honte, qu’elle le consume. Attendait l’instant de sa vérité. Le moment de leur défaillance.
Ça lui fit mal de la regarder, parce qu’elle était belle. Elle était belle et elle avait ce foutu sourire – minuscule – sur son visage et il savait, il savait bon dieu, que derrière il y en aurait eu des tonnes d’autres pour lui s’il avait été moins enfant, ça et aussi toute la douceur qui persistait dans ses traits et plus terrible encore, cette volonté maintenant qui fusait dans ses yeux, une volonté, une affirmation, un être, là dans ses pupilles à briller comme un joyau impérissable, tout ça qui se faisait sans lui, elle qui se défaisait de lui, lui se déliait d’elle, et ça lui fit mal enfin, cette vision ! Car elle lui était inaccessible.
Elle le lui demanda. Après du silence, sa question broya l’aphasie ambiante, se fichant dans sa cible. Il s’y attendait, mais il ne put s’empêcher de ressentir une vive angoisse. Il ne savait que répondre. Il n’en eut pas le temps : elle parla. Elle lui dit tout ce qu’elle avait toujours voulu savoir, tout ce qu’il n’avait jamais désiré écouter. Elle lui dit tout ce qu’il savait, tout ce à quoi elle n’avait jamais eu aucune réponse. Elle lui dit leurs douleurs, elle interrogea leurs maux.
Alors il écoutait, aujourd’hui. Il écoutait tout. Tout ce qu’Emily lui demandait et tout ce qu’il y avait entre les lignes. Tout ce qu’il lui avait infligé. Toutes les journées de désastre qu’il avait générées. Leur perte, la confusion, l’incompréhension. De jadis à maintenant. Ici, ce jour. Elle n’avait pas ce ton sec et plein de reproches que d’autres auraient sûrement eu. Elle était Emily, elle restait cette jeune fille qui cherche à comprendre avant tout, qui fait attention à ne pas faire éclater sa colère tant qu’elle n’a pas toutes les clefs en mains, pour s’assurer qu’il n’y aura pas d’injustice à agir ainsi. Mais elle était aussi Finch et son discours visait à obtenir des réponses. Elle avait cessé de se cacher, Emily Finch voulait exister. C’est l’impression que son monologue donna à Casey, et il aurait souri pour elle, souri de ce qu’elle était devenue, s’il n’était pas la cause de ses questionnements.
Son cœur lui faisait mal, il inspira fort. Ses yeux s’égaraient sur le sol, il cherchait des mots. Puis il la regarda – eut mal. Alors Casey baissa les yeux, se répéta les questions d’Emily. La première, la toute première. Pourquoi tu as fait ça, Casey ? Il réfléchit et il se dit qu’il devait être honnête. Que s’il parlait aujourd’hui à Emily, c’était pour qu’ils tirent au clair leur histoire. Ou tirent un trait indélébile, il ne savait pas trop où cela les mènerait – et n’était pas très optimiste. Alors il n’avait pas le droit de lui mentir, même sur une question comme ça. Il lui avait fait trop de mal pour encore lui cacher des choses. Il devait ouvrir la bouche et dire qui il était, qui il avait été, lui montrer la totalité de son visage et de son cœur, lui découvrir son âme et son cœur. Être vrai. Alors il leva ses yeux vers elle, les tempes battantes, et il s’engagea à s’expliquer.
« Parce que j’en avais envie, » déclara-t-il après avoir inspiré un bon coup, son regard tentant de soutenir celui de la jeune femme. Mais il ne le pouvait et ses pupilles rencontrèrent de nouveau le sol. « Et puis parce qu’on m’a bousculé, ça ne serait jamais arrivé sinon. » compléta-t-il en voulant ajouter une once de légèreté dans le sujet, un sourire lilliputien aux lèvres..
Il se mordillait les lèvres et avait le regard hagard, passant sa main sur sa bouche en signe de réflexion. L’angoisse le saisissait tout entier, il respirait beaucoup trop. Toutes les questions de Lee se bousculaient dans sa tête et serraient son cœur comme l’auraient fait deux mains autour de sa gorge. « Tu sais combien de temps j'ai attendu que tu fasses un truc comme ça ? Une éternité. » « À espérer que tu allais enfin avoir un geste gentil envers moi... Mais rien. » « Comme si tu ne voulais plus que je fasse partie de ta vie. » Il ne savait pas par où commencer, il ne savait pas ce qu’il devait dire en premier. Il avait des épines dans le cœur pour les coups qu’il avait portés à l’âme de Lee.
Il finit par relever la tête, se retrouvant face au regard de la blonde qui attendait sûrement plus que la simple phrase qu’il avait prononcée.
« Je… » essaya-t-il de commencer. Mais commencer par quoi ? Seulement, il le devait. Il ne voulait pas se défiler. Alors il rassembla tout le courage qu’il avait acquis au cours de ses voyages et le porta à son âme. Il devait de se raconter. Son regard trouble osa croiser l’azur des yeux de l’étudiante et il passa sa langue sur ses lèvres pour les humecter, s’appliquant à respirer plus lentement, une tension intérieure étirant ses traits. « J’avais un gros problème. J’ai toujours eu un grand, un énorme problème, avec moi-même. Je ne l’avais pas encore résolu. Tu te souviens des premières fois qu’on se voyait, au vidéoclub ? Je ne parlais pas parce que j’avais peur de dire des bêtises et que tu me trouves nul. »
Quitte à s’expliquer, il prenait tout depuis le début. Le début du début. Les premiers temps. Il voulait simplement démêler son comportement et lui donner un tant soit peu de logique. Durant ses années de déboire il avait eu le temps d’y penser, et après son divorce, plus encore pour y réfléchir. Parce qu’il avait toujours été conscient de ce qu’il faisait, et n’avait jamais cessé de chercher à comprendre pourquoi il agissait malgré tout ainsi de plus en plus – de pire en pire.
Il s’était arrêté pour essayer de mettre ses idées au clair, redressa ses épaules pour être droit et se concentra pour de bon, fixant Lee de ses yeux caramel.
« Quand je suis arrivé à la fac, j’étais complètement perdu. La promo de médecine est l’une des plus nombreuses et je me sentais totalement esseulé, comme je l’avais toujours été. En soi, ce n’était donc pas un grand changement et j’aurais pu m’y habituer. Au début, j’ai d’ailleurs fait avec. J’étais encore Casey l’intello, Casey le pauvre type, Casey le maladroit, le lourd. C’était pas grave, c’était ma vie. Je pensais que ce ne serait pas aussi dur qu’au collège et lycée, qu’à la fac les gens étaient plus matures. C’était vrai et faux. Alors je n’ai pas voulu que les autres aient de moi cette image-là toute l’année. Je devais m’intégrer. Pas seulement pour l’image que je renvoyais et ce qu’on pensait de moi. J’étais réellement habitué à être cantonné au rôle de bouc-émissaire, un peu plus un peu moins je pouvais encaisser tant que je poursuivais mes études et atteignais mon but. Mais c’était ça le problème. En médecine… En médecine si t’es bien vu, déjà, t’as du mal à rattraper des cours. Mais si t’es le pauvre type que tout le monde déteste, encore pire si tu l’un des meilleurs de ta promo – et je l’étais, alors t’as aucune chance d’avoir de l’aide le jour où t’en auras besoin. Parce que les gens arrachent les pages des livres de la BU quand ils trouvent des articles ou des textes sur les sujets qu’on étudie. Parce qu’on te spamme ta boîte mail jusqu’à ce qu’elle ne fonctionne plus pour que tu ne sois au courant de rien. Et tu pourras toujours courir pour savoir quand a lieu tel cours déplacé : parce que les informations que les autres te donneront seront fausses. Ils te diront un mauvais horaire, une mauvaise salle. Si tu loupes un cours, tu peux toujours rêver pour l’avoir. Ou alors faut payer, très cher, réellement payer avec de la monnaie ; ou réaliser un défi complètement stupide et humiliant. La loi de la compétition est plus forte que tout en médecine. L’écrémage y est tel que tous les moyens sont bons pour rester dans la promo. Je… Je pouvais pas me permettre de foutre en l’air mes études, alors que je savais que je pouvais exceller, à cause d’imbéciles. Alors j’ai été à une fête. »
Il fit une pause en se rappelant les premières fêtes auxquelles il avait été et son stress étouffant en y entrant. La peur chaque matin en allant en cours d’avoir mal compris et de louper une heure. Rien qu’une heure, en médecine, c’était fatal.
« À une fête, puis à deux, puis trois. Tout ça pour me familiariser avec ce monde qui m’était totalement inconnu. Je les observais. J’ai voulu les copier, m’habiller comme eux pour en être encore plus accepté. Ils étaient pas bien difficiles à cerner d’ailleurs. Puis j’ai commencé à boire un peu. Je me suis aperçu que c’était plus facile de parler dans ces cas-là. Donc j’ai continué d’y aller, parce que je voyais qu’en cours on me voyait un peu moins comme le type qui menaçait le pourcentage de réussite des autres et un peu plus comme un étudiant intelligent mais pouvant presque être sympa’. Donc pas trop détestable. Donc j’avais un peu moins à craindre. Alors ça a été quatre, cinq, six, sept soirées. J’ai bu un peu plus. Et… Et j’bougeais plus, j’faisais je ne sais quels trucs. C’est là que les autres ont commencé à me trouver sympa’ et drôle. J’voulais pas perdre ça, j’voulais avoir des amis, enfin. C’est pour ça qu’à partir de ce moment j’ai continué d’y aller. De plus en plus. J’ai fini par être vraiment apprécié. Par intégrer un groupe de type bien vus. Le genre de mecs qu’on dit cools et que tu rêves toutes tes putain d’années de collège et lycée d’aborder quand toi t’es dans un coin de la cour à pleurer parce qu’en classe on n’a pas arrêté de te balancer des papiers dans l’dos et bordel ça fait mal à la fin. J’ai pas su résister à ça, Lee. À soudain devenir quelqu’un qu’on aime bien. C’était mon rêve de gosse, mon vrai rêve de gosse, plus qu’être psychiatrique ou j’sais pas quoi d’autre. Ne plus être rejeté. »
C’était douloureux de se remémorer tout cela, non seulement parce que virevoltaient les souvenirs des brimades qu’il avait subies enfant, mais aussi parce qu’il voyait en perspective la stupidité de son comportement. Seulement, il ne pouvait pas savoir à cette époque que tout ce merveilleux n’était qu’une illusion. Pour lui, une belle vie, c’était une vie avec ces gens bien habillés et toujours entourés, qui se trémoussaient et buvaient, à qui on souriait quand on les croisait dans les couloirs et qui étaient connus et aimés de tous. Il pinça ses lèvres pour contenir les émotions qui commençaient à monter en lui afin de poursuivre.
« C’est pour ça qu’à partir du moment où j’ai été connu, j’ai pas voulu perdre cette popularité. Alors j’allais aux soirées, et j’y allais encore et encore. » Il baissa les yeux. Il avait tellement honte. Il avait gâché la vie d’Emily juste parce qu’il pensait que ne pas aller à une seule soirée lui ferait perdre tout ce qu’il avait construit. « Mais je… Je n’ai jamais voulu t’écarter de ma vie, Lily. C’est moi. Je voulais m’écarter de toi. C’était moi le problème, ça a toujours été moi le problème de toute façon, depuis que j’étais petit c’était comme ça. »
Il fit une pause, une vraie longue pause, parce qu’il savait ce qu’il voulait dire ensuite et cela lui faisait peur – car c’était plus douloureux que tout le reste. Il se sentait faiblir petit à petit. Il n’osait plus regarder Emily, il avait trop peur de ce qu’il pouvait comprendre dans son regard.
« Le jour… » Il pinça sa lèvre inférieure de ses dents du haut. « Le jour de notre anniversaire de mariage. Le deuxième. J’avais oublié, j’avais vraiment oublié. Mais quand je suis rentré… » Il sentait ses yeux s’humidifier, il lutta contre eux et leva les yeux au ciel pour empêcher des larmes de se former ; ses mains tremblaient. « T’étais… Bon sang. T’avais tout fait quoi. J’ai su, quand je suis rentré. J’ai senti l’odeur des cookies. Je t’ai vue. Et t’étais tellement adorable. En plus tu t’étais faite toute belle, et j’ai vu qu’il y avait une pile de DVD sur la table du salon, et ils avaient tous l’air d’être géniaux, et… » Cette fois-ci, il s’humecta les lèvres pour éviter de finir la gorge trop sèche. « J’ai pas pu. J’ai pas pu rester, Lee. À chaque fois que je partais, c’était jamais parce que je ne voulais pas te voir. C’était parce que je ne me sentais pas digne de mériter ton attention. Toutes tes attentions. J’me sentais vraiment pas en droit de mériter tout ce que tu faisais pour moi, tous les efforts que tu n’as jamais cessé d’accomplir. Alors je partais parce que j’avais trop honte de moi. Et quand je suis rentré là… Non j’pouvais pas, j’pouvais vraiment pas. J’avais été odieux toute la journée comme jamais. Je me souviens de m’être moqué de gens qui le méritaient pas, j’ai snobé des types qui n’avaient rien de méchant et je ne sais plus quels autres trucs. Mais toutes ces choses… Toutes ces choses faites dans la journée… Une fois rentré… Comment tu voulais que je reste avec toi alors que j’avais été si horrible toute la journée ? Tout ça pour continuer à parler à ces types. »
Il fixait le sol, l’âme en désarroi.
« Je suis parti. J’devais même pas à la base. Mais j’ai pas pu rester. T’étais trop adorable. Il aurait fallu que ce soit un autre que moi qui profite de tout ce que tu avais si bien préparé. Quelqu’un de gentil, quelqu’un qui prenait soin de toi, quelqu’un qui ne te faisait pas de mal. J’avais pas le droit de profiter de tout ça. J’ai passé ma nuit dans je ne sais quels bars miteux, j’ai fini à la soirée d’étudiants en histoires que je ne connaissais qu’à peine. J’ai bu, mais pas assez pour ne pas rentrer. J’suis pas resté longtemps à la soirée d’ailleurs. Je me suis dit que la seule chose que je pouvais faire de bien ce soir-là, c’était au moins de rentrer, de passer la nuit dans le même endroit que toi. C’était la seule chose petite chose que je me sentais capable de faire. Alors j’ai arrêté de boire et j’ai dormi sur le canapé. J’ai pas touché aux cookies parce qu’ils avaient l’air merveilleux, et qu’il n’était pas question que je souille cela. »
Il avait encore tellement de choses à éclaircir. Il avait l’impression que tout son squelette fléchissait sous le poids de ses aveux. Que soudain son âme se reliait à son corps et que le physique comprenait seulement maintenant combien il s’était montré minable et se mettait à souffrir en conséquence. Ses mâchoires tremblaient, maîtrisant les pleurs. Il avait encore un dernier aveu à faire, au moins un.
« Je buvais beaucoup. Trop. Boire, ça m’aidait à me mettre au même niveau que les autres. Alors j’arrêtais pas, j’en finissais pas de boire, je sais même pas comment j’ai réussi à jamais faire de coma éthylique. Les soirs où je ne rentrais pas… C’est parce que j’avais trop bu, que j’étais beaucoup trop saoul pour revenir. Ces soirs-là je te laissais toute seule et je passais ma nuit ailleurs, sans jamais te prévenir. J’avais trop peur de t’envoyer un message je crois. C’était stupide, je sais, bon sang je sais. On devrait pas être dominé autant par des peurs idiotes. Mais j’ai mis trop longtemps à comprendre ça. Alors en attendant je faisais couler l’alcool dans mes veines et j’allais m’allonger sur un divan dégueulasse pour pas que tu voies ma tête d’ivrogne. »
Parce qu’il ne voulait pas se montrer comme ça à Lee. Car il connaissait son passé, et il ne voulait pas lui infliger cela. Alors il ne rentrait pas. Il se cachait le temps de décuver. Quand il avait une attitude plus acceptable, il rentrait chez eux. Mais jamais, jamais il n’aurait osé se montrer complètement bourré à Emily. Il lui faisait du mal, il le savait, mais il ne voulait pas lui en faire à ce point, il ne voulait pas la replonger dans l’enfer de son enfance, il ne voulait pas qu’elle le voie dans cet état là.
Le ciel se chargeait tandis que son âme s’assombrissait au même rythme. L’orage pour l’instant n’éclatait ni dans les cieux, ni dans ses yeux, chacun contenait ses flux – mais pour combien de temps ?
« Ce matin tu m’as demandé pourquoi j’avais changé de filière. C’est parce que… Parce que quand on a divorcé j’ai voyagé. » Son cœur s’était serré au mot « divorce » et il avait dû l’arracher à sa bouche pour l’exprimer. « J’ai passé un semestre aux États-Unis. C’était fantastique. J’ai rencontré des gens de cultures différentes, des gens qui ont commencé à m’apprendre à m’accepter. Quand tu es un étranger, tu suscites forcément de l’intérêt. Alors j’ai même pas eu besoin de boire pour parler à des gens, là-bas. Il a suffi que j’arrive dans la classe et qu’on échange. Là, en cours, comme ça. Pour la première fois de ma vie j’avais un échange spontané en cours. Grâce à eux j’ai commencé à me rendre compte que les grosses fêtes n’étaient pas le principal. Qu’on n’avait pas d’amis comme ça. Que les véritables liens, on les créait en dehors d’un brouhaha assourdissant, quand on pouvait vraiment échanger et se découvrir. C’était les États-Unis mais curieusement, j’y ai trouvé des gens bien plus raisonnables qu’en Australie. Après le semestre, je suis parti. J’ai été en Italie dans ma famille, puis j’ai voyagé dans divers pays. Mais surtout… Surtout, j’ai été en Inde. »
Penser à l’Inde l’aida à retrouver un souffle plus calme et à s’apaiser. Il commença à sourire doucement.
« J’y ai passé un mois, auprès d’enfants orphelins. C’était le meilleur mois de toute ma vie. Ils étaient fantastiques. Il y en a un… Tu l’aurais adoré, je suis sûr. Il était adorable. Il s’appelait Sharma. Oui, le prénom de mon chien. On a parlé de toi. Il… Il m’a fait promettre de m’excuser auprès de toi. Je me doute bien que c’est complètement inutile et dérisoire en comparaison à tout ce que je t’ai fait, mais je veux tenir ma parole. Je te présente mes excuses Emily. Vraiment. J’ai compris plus de choses sur moi et sur la vie avec ce petit bonhomme qu’en vingt-trois ans de mon existence. C’est pour ça qu’en rentrant, je n’ai pas voulu continuer la médecine. Même si ça faisait quatre ans que je l’étudiais. Je ne pouvais pas retourner avec tous ces gens, voir les visages de ceux qui avaient… » Sa gorge se serra, il déglutit et préféra ne pas terminer sa phrase en des termes plus explicites. « Je ne pouvais pas tout simplement pas les revoir. Et je me suis aussi rendu compte qu’être psychiatre ça ne me suffisait pas. J’avais envie de voyager encore, de découvrir d’autres cultures. Alors j’ai décidé de faire de l’anthropologie, pour étudier les mœurs. Celles des autres et peut-être les miennes par ce biais également. » Au fond, il faisait le même projet que Lee dans ses études, mais dans une matière différente. « Et puis, comme l’anthropologie ce n’est pas très concret niveau travail, j’ai choisi de coupler ça avec de la géographie. Ça me fait découvrir des pays en même temps que des cultures, et c’est vraiment intéressant de comparer les deux filières. »
Parler de l’Inde et de son changement l’avait aidé à reprendre une certaine constance. Les larmes s’étaient un peu résorbées dans ses yeux, il avait tout fait pour les contenir. Ce n'était pas à lui de pleurer, d'être celui que l'on doit réconforter. C'était Emily la victime, lui n'était que le sale type coupable, il n'avait pas le droit d'éclater en sanglots face à Lee. Alors il maîtrisait ses larmes de toute sa force. Mais quand il fixa son regard sur Lee, il sentit sa poitrine le brûler. Comment avait-il pu lui faire autant de mal ? Pour des broutilles. Pour une foutue peur qui l’avait trop étreinte. Une étreinte mortelle, qui l’avait conduit à la destruction de ce qu’il aimait. À la destruction de lui-même. Par chance il avait réussi à souffler un nouvel air, mais à quel prix ? Désormais Emily ne l’aimait plus, elle avait divorcé de lui, et il avait pris tant de soin à la blesser qu’elle devait l’avoir en horreur au fond d’elle-même. Le baiser de ce matin l’avait rendue folle toute la journée, elle voulait comprendre pourquoi un type qui l’avait ignorée avait osé poser ses lèvres dégoûtantes sur les siennes, trop douces pour un individu aussi abject. Le tremblement le reprenait et le ciel grondait.
Il ne voulait pas la regarder, il avait trop honte de lui. Il ne savait même pas comment Emily faisait pour poser ses yeux sur sa personne. Il avait l'impression que ses fautes glissaient sur lui en même temps que les nuages déchargeaient leur peine, mettant à nu ses impairs. Les gouttes sur son corps étaient autant d'erreurs qu'il avait commises, inscriptions sur sa peau, lisibles par tous, le couvrant de honte. Il se sentait tout sauf estimable en cet instant.
« Ce matin… » recommença-t-il en se passant une main sur le visage, ne sachant si c’était de la sueur ou des gouttes de pluie qui doucement perlaient des nuages qu’il essuyait. « Je t’ai embrassée parce que… On était si proche et puis… Puis je l’ai voulu. Mais… T’en fais pas avec ça. Oublie. Oublie-moi » déclara-t-il en haussant les épaules, détournant le regard pour cacher ses yeux qui se brouillaient. « T’inquiètes pas. Je t’embêterai plus, plus jamais. » bredouilla-t-il le cœur au bord des lèvres tremblotantes, le ventre tordu par une géhenne vicieuse, née de la honte et de ses torts, les yeux humides, de discrètes larmes se mêlant à la pluie qui, doucement, commençait à tomber au rythme de son chagrin.
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Sujet: Re: It's time to rise up the silence. [Lee 2.0 ! ♥] Ven 31 Jan 2014 - 1:39
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L’étudiante attendait beaucoup de cette discussion. Beaucoup trop, sans doute. Elle voulait des réponses. Des réponses à toutes ses questions. Elle voulait comprendre. Elle voulait arrêter de se torturer l’esprit, elle voulait savoir pourquoi leur si belle histoire s’était transformée en cauchemar sans qu’elle ne s’en aperçoive. Et, alors qu’elle pensait qu’il refuserait une fois de plus de parler, Casey lui déballa tout ce qu’il avait sur le cœur. Pourquoi il l’avait embrassée, ce qui l’avait poussé à se rendre aux fêtes organisées par la fac de médecine, pourquoi il s’était mis à sortir de plus en plus souvent, à l’abandonner chaque jour un peu plus jusqu'à finir par n'être qu'un véritable fantôme… Il avait même évoqué leur second anniversaire de mariage, qui était un épisode particulièrement douloureux pour Emily, et son penchant pour les boissons alcoolisées dont elle ignorait tout. Elle avait l’impression que le sol s’ouvrait sous ses pieds et que son monde s’écroulait. Comment avait-elle pu être aussi aveugle ? Elle le laissa terminer sans oser l’interrompre, portant attention à chacun de ses mots. Elle était dévastée. Anéantie, même. Et une vague de culpabilité s'empara de tout son être en l'entendant lui présenter ses excuses.
« C’est pas à toi de t’excuser, c’est à moi », murmura-t-elle en baissant son regard vers le sol. Oui, elle s’excusait. Elle s’excusait parce qu’elle se sentait coupable de tout ça. Elle se sentait responsable du mal-être de Casey et se détestait de n’avoir rien vu. Quel genre d’épouse avait-elle été ? Elle était supposée le soutenir et l'épauler dans les moments difficiles. Mais elle avait été incapable de déceler quoi que ce soit. Regardant au loin pour ne pas avoir à croiser son regard, elle reprit la parole : « C’est ma faute. Tu n’aurais pas dû avoir besoin de te sentir exister aux yeux des autres parce qu’au fond, cela n’aurait pas dû avoir d’importance. Tu m’avais moi, Casey. J’étais là pour toi. Et moi je t’aimais. Je t’aimais vraiment, pour ce que tu étais. Mais apparemment je n’ai pas su te le montrer suffisamment… » Elle marqua une courte pause pour essayer de maîtriser les tremblements de sa voix. Elle se sentait terriblement mal. Nulle. Dépassée par les événements. Triste, aussi. « Ces types, tes… anciens copains de fac. Ils sont nuls. Depuis quand on doit changer pour être accepté par les autres ? Je veux dire, les amis, les vrais amis, ils t’acceptent comme tu es. Ils ne te poussent pas devenir quelqu’un d’autre pour t’intégrer dans leur bande. C’est tellement… » Elle laissa sa phrase en suspens, ne trouvant aucun adjectif assez fort pour exprimer ce qu’elle ressentait. Elle en voulait à la Terre entière. À elle-même pour avoir été aveugle, à ses abrutis de copains pour l’avoir entraîné toujours plus bas, à Casey pour ne pas avoir su leur dire non… Ils avaient tous leur part de responsabilité dans ce triste chaos qu’avait été leur mariage. Malgré tout, elle n’avait pas envie de se mettre en colère contre son ex-mari. Elle n’avait pas envie de le blâmer ni de lui rappeler tout ce qu’elle avait enduré. Parce qu’elle ne lui en voulait pas. Elle en était bien incapable. « Le problème ce n’est pas toi. Ça n’a jamais été toi et ça ne le sera jamais. C’est eux ! Tous ces putains d’abrutis qui t’ont rejeté sous prétexte que tu valais mieux qu’eux ! Parce que c’est de ça qu’il s’agit, en réalité. De la jalousie. Dans le fond, je suis sûre qu’ils crevaient tous d’envie d’être comme toi. » Elle s’emportait sans le vouloir mais l’intention était louable : elle était remontée contre tous ceux qui avaient, un jour ou l’autre, fait mal au garçon qu’elle aimait. Elle aurait pu les étriper un à un pour avoir fait naître un tel désir d’acceptation dans la tête du jeune homme. S’il avait seulement pu réaliser à quel point il les surpassait tous… Elle avait échoué. En tant qu’épouse aimante et dévouée, elle aurait dû parvenir à le rassurer. À chasser ses angoisses, à lui faire prendre conscience qu’il valait bien mieux que ce qu’il croyait. Mais ses efforts n’avaient pas suffi et elle n’avait rien remarqué. Elle était déçue. Déçue d’elle-même parce qu’elle s’était visiblement surestimée. « Je croyais que c’était nous deux et personne d’autre. Je croyais que tant que tu savais ce que tu représentais à mes yeux, rien d’autre ne comptait… Mais je me suis trompée. J'aurais aimé être là pour toi, pour te rassurer, pour te faire voir à quel point tu es génial. Tu aurais dû m'en parler... » Elle était obligée de constater qu’en définitive, les sentiments de Casey à son égard avaient dû être beaucoup moins forts que ceux qu’elle éprouvait pour lui. Elle aurait été capable de n’importe quoi pour lui. Elle était fière de pouvoir dire qu’elle était sa femme et tout ce qu’elle voulait, jour après jour, était de passer du temps avec lui parce qu’il était tout ce dont elle avait besoin. Mais ce n’était pas réciproque. Il avait ressenti le besoin d’exister ailleurs que dans ses yeux à elle. Il voulait exister aux yeux du monde et était prêt à la renier pour cela. Il avait préféré se taire, tout garder pour lui plutôt que de se confier à elle. Il l’avait éjectée de sa vie petit à petit jusqu’à ce qu’elle en disparaisse pour de bon, et ce parce qu’elle n’en valait pas la peine. En prendre conscience était douloureux, peut-être même encore plus que toutes ces soirées passées en tête-à-tête avec elle-même à se demander ce qui ne tournait pas rond. Au final, c’était elle la cause du divorce. Elle et son incapacité à garder Casey près d’elle. Il avait dit ne pas se sentir digne de mériter son attention mais c’était tout le contraire. C’était elle qui n’avait jamais mérité un garçon comme lui. Et elle l’avait toujours su ; comment une jeune fille aussi misérable et sotte pouvait-elle espérer rendre heureux un être comme Casey Kennington ? À cette pensée, son cœur se pinça et ses yeux s’humidifièrent presque instantanément. Elle prit sur elle pour contenir ses larmes au maximum avant de planter son regard embué dans celui de l’étudiant. « Je suis désolée de ne pas avoir été à la hauteur. » Elle ponctua ses excuses d’un sourire empreint de tristesse avant de passer une main dans ses cheveux blonds.
Le temps avait changé au gré de son humeur et à présent, le ciel était couvert. Des gouttes de pluies ne tardèrent pas à s’écraser sur son visage, masquant parfaitement les larmes qu’elle essayait de dissimuler tant bien que mal. Elle regrettait de l’avoir fait venir. Finalement, cette conversation n’était pas une bonne idée. Elle se sentait encore plus mal et l’ancienne Emily, celle qui manquait cruellement de confiance en elle et qui se trouvait toujours nulle en tout, venait de refaire surface.
Puis Casey lui demanda de l’oublier, assurant qu’il ne « l’embêterait plus jamais ». Emily secoua vivement la tête, essuyant le coin de ses yeux d’un geste discret. « Mais je n’ai pas envie de t’oublier, Casey ! Et même si je le voulais, je n’y arriverais pas. » Elle soupira doucement, épuisée. « On a été mariés. Mariés », insista-t-elle pour qu’il saisisse tout ce que ce mot représentait pour elle. Elle savait que dans le passé, il détestait ce terme presque autant qu’il méprisait leur vie de couple. Elle ignorait s’il avait changé d’avis mais pour elle, le mariage restait encore et toujours quelque chose de sacré. « Quoi que je fasse, tu feras toujours partie de ma vie et je ne pourrai pas t’oublier. » Il avait été son premier amour, le seul et unique garçon avec qui elle était sortie, le seul et unique garçon de qui elle était tombée amoureuse. Elle se souviendrait de lui toute sa vie et elle était persuadée que sur son lit de mort, ce serait à lui qu’elle penserait. On n’oubliait pas quelqu’un qu’on aimait à ce point. La pluie tombait de plus en plus fort. Elle commençait à avoir froid mais elle s’en fichait éperdument. Plus rien n’avait d’importance.
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Sujet: Re: It's time to rise up the silence. [Lee 2.0 ! ♥] Ven 31 Jan 2014 - 22:30
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Casey pensait qu’il était prêt à tout entendre, exactement comme Emily l’était quelques minutes auparavant. Tout, oui. Tout sauf ça. Il en resta tellement sidéré qu’il n’essaya même pas d’ouvrir la bouche pour répliquer. Il savait qu’il n’en sortirait rien. Elle s’excusait. Emily. S’ex. Cu. Sait. C’était lui qui avait tous les torts, et c’était elle qui s’excusait. Cette simple réponse de la jeune fille lui fit l’effet d’un ballon qui aurait percuté son visage avec violence. Il était décontenancé et ne savait pas quoi dire. Mais quand il s’apprêtait à essayer de formuler son ébahissement, la jeune femme poursuivit son discours. Il la laissa parler, ne l’interrompant pas jusqu’à ce qu’elle ait terminé. Et tandis que les mots d’Emily déchiraient la pluie, il se liquéfiait sous ses paroles.
Quand la voix de son ex-femme se tarit, Casey secoua la tête, et ses yeux étaient écarquillés en rencontrant ceux de la blonde.
« Emily. Emily… » murmura-t-il, stupéfait de la gentillesse intarissable de l’étudiante en psychologie. Ce n’était plus de la gentillesse. Elle prenait à son compte, sur ses épaules, des choses pour lesquelles elle n’était en rien responsable. Casey n’en revenait vraiment pas. « Tu n’as rien, tu n’as absolument rien, à te reprocher. Tu… Tu es bien la dernière personne au monde qui soit coupable de quoi que ce soit dans cette histoire ! » Son regard était de nouveau hagard, mais de trouble plus que de peine cette fois.
Il devait absolument lui faire comprendre qu’elle n’avait rien à voir avec cela. Absolument. S’il y avait bien une chose à faire, c’était ne pas rendre Lee coupable.
« Lee, tu aurais pu faire tous les efforts du monde, et tu les as faits, ça n’aurait rien changé. » déclara-t-il en la regardant dans les yeux. « Il y a la vie qu’on avait tous les deux, et qui était merveilleuse, et toi qui l’étais plus encore. Moi qui étais enfin aimé par une fille fantastique. Et puis il y avait les cours. Et ça a toujours été comme ça. Il y avait ma vie dans ma famille qui était tout ce qu’il y avait de plus agréable, et puis il y avait l’école. Deux mondes séparés, que je n’ai jamais su concilier. La sphère privée et le monde scolaire, des entités avec un poids différents. Ça n’aurait rien changé que je t’en parle, et le problème n’était pas qu’à tes yeux je ne me sentais pas important ou aimé. Je l’étais, je le sentais. »Mais à présent qu’en est-il ? Son cœur le piqua, il ferma les yeux l’espace d’une seconde. « Mais je devais l’être en cours. Je devais me faire accepter d’eux pour continuer à avoir ma place en médecine, et espérer vivre des années sans trop de sales coups. Ils n’avaient pas tes yeux, Lee. Ils ne me voyaient pas comme toi tu me voyais. Même si auprès de toi je me sentais bien, même si tu me montrais qu’à tes yeux j’étais génial et que je le ressentais, ça ne changeait rien, Emily. Si je t’en avais parlé, tu te serais inquiétée. Je sais qu’en ne te disant rien, je ne t’ai pas épargnée non plus. Mais si je t’avais expliqué comment ça fonctionnait, tu te serais culpabilisée comme tu le fais là, parce j’aurais fait exactement les mêmes choses, Emily. Exactement. Même en t’en parlant, même avec ton soutien. Car ça ne les aurait pas changés, eux. Et ce qu’il fallait, c’était que leur regard change. J’étais seul contre tous, il fallait donc que ce soit moi qui m’adapte. Ne pense pas que tu n’as pas su me montrer que tu m’aimais. Ça n’a tellement rien à voir, Lee. Ne te rend pas coupable de ce dont tu es la plus innocente ! Bien sûr que tu m’aimais et que je le savais, enfin ! Tu es la seule à m’avoir aimé, jamais je n’ignorerai pareil évènement, jamais. Il ne suffisait pas non plus que je sois important à tes yeux, ce n’était pas que nous deux, Lee. Je veux dire… C’était nous deux dans mon cœur, mais ça ne pouvait pas l’être dans ma vie, sans quoi c’est notre existence qui aurait été détruite. Je sais bien que le résultat n’a pas été brillant. Mais sans cela, tu te serais retrouvée avec un mari dépressif, incapable d’avoir un boulot, et je ne suis pas sûr que ça ait été mieux. Au moins… Au moins maintenant, tu es libre de moi. Je suis sûr que tu aurais tout fait pour me rendre heureux et que j’aurais été têtu à n’en plus finir, et ça t’aurait usée, je t’aurais fatiguée toute ta vie. » La pluie tombait de plus en plus fort, leurs vêtements s’humidifiaient. « Non. Non, ne t’excuse pas Emily, ne t’excuse plus jamais de quelque chose dont tu n’es pas responsable, surtout pas si ça a un rapport avec moi. »
Sa gorge était nouée et il sentait que des larmes forçaient la barrière de ses cavités. Il déglutit et plongea son regard dans l’azur d’Emily.
« Tu as été merveilleuse, Lee. Ne t’excuse de rien auprès de moi, je suis le seul responsable. Toi, tu as été vraiment, vraiment merveilleuse. D’accord ? » Disant cela, il approcha sa main du visage de la jeune femme et caressa sa joue de son pouce, essuyant pluie et larmes, pour lui assurer de la fermeté et de la sincérité de ses paroles par ce geste.
La pluie masquait ses larmes, et il remerciait le courroux du ciel d’éclater en cet instant. Les paroles d’Emily qui suivirent, surtout, le touchèrent. À plus forte raison parce qu’il savait que tout était perdu à jamais.
« Moi non plus… » murmura-t-il, presque inaudible, ses yeux se baissant tandis que les gouttes tombaient au sol. « Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas me détester. Moi, je me déteste. »
Il n’était pas près d’oublier Emily, il n’était pas près de ne pas regretter son comportement et son divorce. Tous les jours de sa vie il s’en voudrait, désormais. Le ciel se lamentait, achevant de mouiller définitivement leurs vêtements et couvrant le visage de la blonde ; la douceur persistante dans les traits, la voix, la compréhension et la gentillesse qui animaient encore son âme même envers lui et tous ses méfaits, achevèrent d’attrister Casey. Elle était adorable.
Il la vit frissonner sus les coups du temps, elle n’était en effet vêtue que d’un short et d’un haut léger recouvert par une veste qui ne devait pas être plus chaude que le T-shirt bleu qu’il portait sous sa veste entrouverte. Alors Casey retira sa veste, soulevant son T-shirt au passage dans un geste malencontreux, et la passa sur les épaules de Lee.
« Tiens, mets ça. La pluie n’était pas vraiment au programme de ta tenue ce matin j’imagine, il ne faudrait pas qu’en plus tu tombes malade. » lui dit-il avec un doux sourire.
Il était un peu tard pour prendre soin d’Emily, mais il n’allait pas non plus être un con toute sa vie.
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Spoiler:
Plan pour qu'Emily craque : ENCLENCHÉ !
Dernière édition par Casey Kennington le Sam 1 Fév 2014 - 0:22, édité 1 fois
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Sujet: Re: It's time to rise up the silence. [Lee 2.0 ! ♥] Sam 1 Fév 2014 - 0:17
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Elle ne détacha pas son regard du visage tourmenté de Casey alors qu’il parlait, encore et encore, lui expliquant pourquoi elle n’avait aucune raison de s’en vouloir. Même si elle comprenait très bien son point de vue, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait fait une erreur quelque part. Qu’elle n’avait pas été là pour lui, qu’elle l’avait laissé tomber. Elle ignorait pourquoi il avait préféré se murer dans le silence aussi longtemps plutôt que de lui parler. « Je les déteste », murmura-t-elle soudainement en désignant tous les pseudos-amis de Casey. C’était leur faute. C’était à cause d’eux que Casey avait changé, c’était à cause deux qu’il s’était éloigné d’elle et c’était à cause d’eux qu’ils avaient fini par divorcer. Puis elle soupira doucement. Son cœur était lourd, très lourd. Trop lourd peut-être. Elle n’avait pas l’impression que cette conversation l’avait été à tourner la page. Au contraire, elle était plus perdue que jamais. « En tout cas je suis contente de voir que tu as changé et que tu ne te préoccupes plus de l’opinion des autres. Ces personnes-là ne méritent pas qu’on s’attarde sur elles. » Elle lui adressa un sourire sincère. Il méritait d’être heureux. Il méritait de vivre sa vie sans avoir à se soucier de l’avis des autres. Le voir plus épanoui que jamais lui faisait réellement plaisir.
Lorsque le pouce de son ex-mari vint se poser sur sa joue pour en balayer les larmes et la pluie qui s'y mêlaient, Emily ferma les yeux. Retrouver la douceur du jeune homme dont elle était tombée amoureuse quelques années auparavant lui faisait du bien, même si son cœur battait tellement fort qu'il allait s'arrêter de battre. Elle posa à nouveau son regard sur le sien puis elle hocha légèrement la tête, se forçant à sourire un peu. « D’accord. » Elle lui était reconnaissante de lui dire tout ça. Il n’était pas obligé de la rassurer. Il aurait pu se contenter de lui balancer ses explications et la laisser s’accuser sans réagir. Mais Casey, le Casey qu’elle connaissait, celui dont elle était tombée amoureuse, n’était pas comme cela. Il n’était pas plus sans cœur que fêtard invétéré. C’était un garçon drôle, sensible et attentionné et c’est cela qui lui avait plu.
L’ancien Casey se rappela une nouvelle fois à elle lorsqu’il retira sa veste pour la passer autour de ses épaules. Elle se pinça les lèvres en apercevant son t-shirt se soulever légèrement et découvrir une partie de son ventre puis elle se força à regarder ailleurs. Elle ne pouvait pas avoir ce genre de pensées. Pas maintenant, pas là… Plus jamais, en fait. Ils n’étaient plus mariés. Et même s’il était terriblement beau et incroyablement séduisant, elle n’avait plus le droit de penser à lui de cette façon. Tout était terminé. Fini, over, définitivement cuit. Elle leva machinalement la tête vers le ciel pour reprendre ses esprits. Avec tout cela elle en avait même oublié la pluie et ses vêtements trempés… « Mais et toi ? J'ai pas envie que tu attrapes froid non plus. » Oui, malgré tout, elle continuant à prendre soin de lui comme s’ils étaient toujours mariés. C’était plus fort qu’elle, elle s’inquiétait toujours pour ses proches. Hésitant un peu, elle ouvrit la bouche puis la referma… Puis l’ouvrit à nouveau. Puisqu’ils étaient dans les confidences, autant jouer franc-jeu jusqu’au bout. « Tu me manques, Casey. » Voilà, le plus dur était dit. Pourtant, elle n’avait pas envie de s’arrêter là. « Tu me manques vraiment. Je croyais que divorcer rendrait les choses plus faciles, mais ce n’est pas le cas. Je sais qu’à la fin on ne se parlait plus et on ne faisait plus rien tous les deux. Mais ça n’empêche qu’on était quand même liés… Malgré tout. » Elle soupira doucement. Elle ne pleurait plus mais la pluie lui brouillait la vue. « Au début, j’ai cru que c’était le fait de dire que j’étais divorcée qui me dérangeait. J’ai cru que c’était ce mot qui avait du mal à sortir de ma bouche parce que j’ai seulement vingt-et-un ans et qu’être divorcée à cet âge-là, ça pousse les gens à porter un jugement. Mais ce n’est pas ça en réalité. Le truc qui me dérange, ce n’est pas tant d'être divorcée… C’est de ne plus être mariée avec toi. » Jamais elle n’avait fait de pareilles déclarations. Elle allait peut-être le regretter mais après tout, elle n’avait rien à perdre. La nouvelle Emily laissait s’exprimer ses émotions, comme le lui avait conseillé Ronald. Alors elle voulait lui dire. Lui dire que non seulement elle ne lui en voulait pas mais qu’en plus, elle était toujours aussi amoureuse de lui. « J’ai beau faire tout ce que je veux pour essayer de t’oublier, j’y arrive pas. Je sais pas si ça a quelque chose à voir avec le fait que tu sois mon premier amour ou si c’est parce que j’ai promis devant plein de gens de t’aimer pour le restant de mes jours mais… Mais je ne veux pas tourner la page. Je ne veux pas me dire que tu appartiens au passé et qu'il n'y aura plus jamais rien entre nous. Tu as bouleversé ma vie, Casey. Je ne crois pas que tu aies conscience, mais c'est vrai... T’es mon Baloo à moi et même si je sais que les choses ont été très compliquées et que plus rien ne sera jamais sûrement comme avant, je ne veux pas oublier tous les bons moments qu’on a passés tous les deux. Et je t'interdis de penser que je t'en veux ou que je te déteste. Parce que c'est pas le cas - et que ça le sera jamais. » Elle marqua une courte pause avant de lui sourire. Un joli sourire, un sourire plein de tendresse. Le genre de sourire qu'elle lui faisait tous les jours quand tout allait pour le mieux entre eux. « Voilà. Je crois que j'ai tout dit... » Elle s'approcha doucement de lui et se glissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue, juste au coin de ses lèvres. Elle n'était pas assez courageuse pour l'embrasser réellement. Elle avait peur des conséquences qu'un baiser pourrait avoir. Elle ignorait où ils en étaient tous les deux. Elle ne savait pas s'ils avaient une chance de continuer leur histoire ou s'ils seraient simplement amis. Tout ce qu'elle savait avec certitude, c'était qu'elle ne voulait pas qu'il sorte de sa vie.
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Sujet: Re: It's time to rise up the silence. [Lee 2.0 ! ♥] Sam 1 Fév 2014 - 1:16
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Ils s’écoutaient, ils se parlaient. Depuis combien d’années cela n’avait-il pas eu lieu ? Elle parvint à le faire sourire, s’exclamant qu’elle les détestait, eux tous là, ces anciens types avec qui il traînait. Il répondit à son sourire par un sourire aussi franc que celui qu’elle lui adressait. Un sourire comme elle n’en avait pas vu de sa part depuis bien longtemps.
« Toi aussi, tu as changé, n’est-ce pas ? » lui dit-il, un sourire encore aux lèvres. « Ça fait du bien de parvenir à être soi-même, hein ? » poursuivit-il avec un léger rictus. Leur divorce avait permis à chacun de grandir, au fond.
Casey laissa échapper un léger rire quand elle s’inquiéta pour lui. Emily restait Emily, elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter.
« T’en fais pas pour moi, prends soin de toi plutôt. Au pire j’aurai un rhume, je m’en remettrai. » lui assura-t-il en fendant son visage d’un sourire.
Et puis le ton de la conversation changea. Il passa de nouveau dans le grave, mais différemment. Casey sentait que son cœur s’affolait, sans pouvoir rien faire pour calmer sa course. Il ne répondait rien. Il la regardait. Il l’admirait, plus exactement. Elle parvenait à ne pas le haïr, elle avait encore de l’affection pour lui, qui d’autre avait un cœur aussi grand que le sien, qui d’autre réagirait de cette façon après avoir subi de telles infamies ? Emily se tut. Elle lui fit un sourire adorable, Casey ne put que jeter sur elle un regard attendri. Et puis, tout à coup, il sentit ses lèvres sur sa joue. Ce simple contact attaqua son cœur, il passa vivement un bras autour de sa taille alors qu’elle se dégageait et la maintint contre lui, posant sa tête sur la sienne, sa main au niveau de ses cheveux. Il resta là à ne rien dire et ne rien faire, la masse des étudiants sortait précipitamment des cours, courait sous la pluie pour rentrer. Ils étaient figés au milieu de cet assourdissant ballet scolaire, il ne voulait pas qu’ils s’en aillent. Alors il la serrait contre lui, pleurant dans son dos en silence, essuyant ses yeux humides de sa main gauche pour ne pas lâcher la jeune femme.
« Ti voglio bene. Ti voglio tanto, tanto bene. » lui murmura-t-il en italien, parce qu’il ne pouvait décemment pas lui dire qu’il l’aimait quand ils étaient divorcés, parce qu’il n’avait pas la force comme elle de lui dire qu’elle lui manquait, et que l’italien était ainsi la meilleure façon qu’il avait pour lui exprimer ses sentiments sans les mettre, tous deux, en situation plus périlleuse.
Il la relâcha en l’embrassant sur la tempe, et se laissa prendre à son regard azur. Ses yeux, elle avait toujours eu un regard hypnotique. Un silence allait s’installer. Il ne savait que lui dire après de tels discours. Alors il lui sourit. Un sourire grand et fort, un sourire de bonheur, puisé dans tous ses bons souvenirs avec Emily, un sourire pour qu’ils se raniment.
« Je ne sais pas si tu veux être psychologue. Mais quoique tu fasses, tu as un tel don de compréhension et une telle patience, une telle justice, Lee, qu’il est impensable que tu ne fasses pas de splendides études. Je suis sûr que tu auras une vie formidable. Une vie remplie de tout ce que tu mérites, de tout ce que tu veux. De tonnes de joies. »
Certains discours éclataient dans les airs, comme ça, sans frapper ni prévenir. Casey n’aurait su expliquer pourquoi ces mots, il savait seulement que c’était toute leur discussion, et toute la nouvelle volonté de Lee et aussi toute sa force, au fond, de caractère, qui avaient suscité ces mots. Il pensait certainement à la vie de la jeune femme. Partie de sa petite ville dans l’espoir de trouver mieux et d’avoir une vie qui lui plairait, une vie aux opposés de celle, atone, répétée, de ses parents. Et en la voyant là, telle qu’il était, il voulait que quelqu’un le lui dise, qu’elle réussirait, qu’elle vaincrait la lugubre prophétie de sa mère, qu’elle ne deviendrait pas comme elle, qu’elle serait Emily Finch, celle qui avait su épouser la vie.
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Tu vois, j'atteins un niveau de niaiserie-cliché assez haut. xD
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Sujet: Re: It's time to rise up the silence. [Lee 2.0 ! ♥] Lun 3 Fév 2014 - 10:54
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Casey se mit à sourire et le coeur de la petite Emily chavira. Elle ne l'avait pas vu sourire de cette façon depuis tellement longtemps qu'elle en avait oublié à quel point son visage s'illuminait quand c'était le cas. Elle aurait pu le lui faire remarquer. Elle aurait pu lui dire qu'elle ne l'avait pas vu sourire comme cela depuis une éternité, que le voir ainsi lui fait chaud au cœur parce qu'elle avait l'impression de retrouver le Casey du vidéoclub, le jeune homme amusant et plein d'entrain dont elle était tombée amoureuse. Mais elle ne fit rien. Elle restait là, muette et immobile, à contempler ses lèvres parfaites qui s'étiraient en un sourire franc et magnifique. Sa voix la ramena à elle et elle détourna machinalement le regard, comme si elle avait été prise en flagrant délit. Elle approuva la suite de son discours d'un hochement de tête, souriant un peu. Oui, elle avait changé. Et d'une certaine manière, elle le devait à son divorce. À leur divorce. Si les choses ne s'étaient pas passées comme cela, elle n'aurait jamais cherché à aller de l'avant ni à devenir une toute nouvelle personne. Elle serait restée ce garçon manqué renfermé qui a peur du monde extérieur et qui s'accroche un peu trop au passé.
Puis il se mit à rire et une fois de plus, son cœur se serra. Depuis combien de temps ne l'avait-elle pas entendu rire ? Des mois. Des années, même. Elle était bien incapable de dire quand ils avaient eu une réelle conversation pour la dernière fois, alors l'entendre rire... « J'avais oublié à quel point j'aime ton rire », lâcha-t-elle sans même en avoir conscience. Puis elle réalisa l'idiotie qu'elle venait de sortir et se pinça honteusement les lèvres. Que lui arrivait-il ? Elle était affligeante.
Le jeune étudiant répondit à son discours (pathétique) par une étreinte qui la surprit un peu. Néanmoins, elle ne le repoussa pas et se laissa aller contre lui en fermant les yeux. Tout semblait tellement simple aujourd'hui qu'elle se demandait si elle ne rêvait pas... Mais non. Dans un rêve, Casey lui aurait parlé. Il lui aurait dit qu'elle lui manquait aussi, il lui aurait exprimé ce qu'il ressentait pour elle - s'il ressentait bien quelque chose parce qu'au fond, elle n'était sûre de rien. Il ne se serait pas contenté de la serrer contre lui. Elle ne savait pas comment interpréter ce geste. Était-ce une manière de lui faire comprendre qu'il partageait ce qu'elle ressentait ou bien une façon de lui dire qu'il avait tourné la page ? Elle aurait aimé qu'il parle. Qu'il dise quelque chose, n'importe quoi. C'est là qu'il prononça quelques mots en Italien. Si cette langue sonnait très bien dans sa bouche, elle n'en restait pas moins incompréhensible. Mais elle n'eut pas la force de lui demander de traduire. Elle profita encore un peu du temps passé dans ses bras puis il lui rendit finalement sa liberté avant de lui dire qu'il était sûr qu'elle aurait une vie formidable. Ce n'était pas gagné mais malgré tout, elle restait positive et voyait les choses du bon côté.
« Ouais... Je ne sais pas. On verra bien. » Elle lui adressa un sourire reconnaissant. Ses mots l'avaient vraiment touchée. « Mais merci. Merci beaucoup. » Il savait mieux que personne que tout ce qu'elle avait vécu plus jeune l'avait atteinte et qu'elle repensait souvent à ce que sa mère lui répétait. Qu'elle n'aurait pas une belle vie. Quelle ne méritait pas une belle vie. Qu'elle n'avait aucun espoir de réussir quoi que ce soit. Casey disait sûrement cela pour la réconforter mais ses paroles lui avaient fait du bien.
Encore un peu hésitante, elle remit l'une de ses boucles blondes en place. Avec la pluie et tout le reste, elle ne devait plus ressembler à grand chose. La sonnerie de son téléphone retentit et elle sortit son portable de sa poche pour lire le SMS qu'elle venait de recevoir. Une copine de fac qui lui racontait les blagues idiotes faites par leur prof pendant le cours qu'elle avait manqué le matin même. Grand sourire aux lèvres, Emily répondit rapidement avant de reporter son attention sur Casey. « Désolée. » Elle regarda autour d'eux, remarquant que les étudiants se hâtaient de regagner les bâtiments les plus proches pour ne pas être trempés. Elle avait un peu froid mais elle s'inquiétait davantage pour Casey, qui n'avait plus qu'un t-shirt (d'un bleu magnifique qui lui allait très bien, soit dit en passant) sur le dos. « Ça te dit qu'on aille boire un café histoire de se réchauffer un peu ? J'ai pas envie que tu attrapes froid alors... Je t'invite ! » Elle lui offrit un sourire amical, espérant qu'il allait accepter sa proposition. Cela faisait si longtemps qu'ils ne s'étaient pas autant parlé qu'elle n'avait pas envie que ce moment s'arrête. Elle voulait qu'ils continuent à discuter, à plaisanter comme s'ils étaient de vieux amis qui venaient de se retrouver - ce qui était plus ou moins le cas d'ailleurs -, à rire et à essayer d'oublier leur passé chaotique. Elle avait bon espoir qu'ils repartent sur une bonne base, qu'ils réapprennent à s'apprivoiser et que tout finisse par s'arranger. Oui, au fond d'elle, elle espérait que leur histoire d'amour n'était pas terminée et qu'il restait un espoir pour qu'ils la reprennent là où ils l'avaient arrêtée. Elle était encore amoureuse de lui et le serait probablement toujours. Comme les contes qu'elle lisait petite fille le disaient, le véritable amour dure toujours, peu importe les obstacles qu'il rencontre.
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Spoiler:
Meuh non, ils sont juste TROP adorables ! et je suis influencée par Teen Wolf, c'est pas bien du tout
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Sujet: Re: It's time to rise up the silence. [Lee 2.0 ! ♥] Mer 5 Fév 2014 - 23:21
"If you just give me a sign... Say anything, say anything."
Il la regarda, touché – puis sourit doucement. C’était un compliment auquel il ne s’attendait pas et Emily semblait ne pas l’avoir vraiment voulu non plus, la jeune fille s’était aussitôt mordillé les lèvres.
Il n’osa pas répondre, et elle s’était lancée à ce moment dans un discours qui lui permit de ne pas le faire. Casey aurait aimé la garder dans ses bras plus longtemps, la sentir près de lui, mais il ne pouvait pas se permettre de le faire, d’engendrer une certaine confusion dans leur relation. C’était bien inutile, les changements en Emily montraient bien qu’elle était passée à autre chose. Elle était déjà bien gentille de continuer à lui parler comme ça, il devait s’en contenter et ne pas l’affliger plus qu’il ne l’avait déjà fait en montrant tout à coup qu’il l’aimait. À coup sûr, la jeune femme serait préoccupée par ce fait, ce n’était pas la peine de l’embêter.
Alors qu’elle le remerciait, Lee éclata de rire suite à un sms. Le cœur de Casey se serra, il ne l’avait pas fait rire ainsi depuis bien des années, lui. Quel imbécile. Maintenant, il aurait donné beaucoup pour renouer avec leur vieille complicité, pour se permettre de lui envoyer des sms et se l’imaginer rire grâce à lui, illuminer un peu sa journée. D’autres le faisaient à sa place. Qui, d’ailleurs ? Qui pouvait être cet autre ? L’image d’Emrys s’imposa à son esprit comme un vieux fantôme, mais il la chassa aussitôt. Emrys aimait Pandore, Casey avait assez d’esprit pour le comprendre à présent – et il n’avait pas croisé le jeune homme depuis quelques temps, était-il toujours à Bowen ? En revanche, ce pouvait être quelque amie de la fac. Ou ami. Peut-être même un peu plus qu’un ami. Peut-être qu’Emily avait un petit-ami. Ce qui pouvait expliquer pourquoi elle avait été si obsédée par le baiser qu’il lui avait donné, pourquoi elle était si coquette, pourquoi elle se sentait bien à la fac. Il déglutit. Il était pratiquement sûr que Lee avait un petit-ami. Peut-être que la personne qui lui avait envoyé ce message n’était pas son petit-ami mais tout le reste indiquait qu’elle en avait un. Elle avait pris une telle confiance en elle-même ! Comment sinon grâce à l’aide d’un regard positif, mélioratif, sur elle ? Il y avait forcément quelqu’un à ses côtés qui lui montrait qu’elle pouvait être forte, lui faisait prendre conscience de ses qualités. Qui d’autre sinon son petit-ami ? [Coucou Ronald] Elle faisait des études de psychologie, elle n’allait pas voir un psychologue.
Perdu dans ses pensées, il n’entendit même pas qu’elle s’excusait, seule sa proposition d’aller prendre un café parvint à ses oreilles. Sa gorge se serra. Non, non il ne voulait pas. Passer du temps avec Lee ne ferait qu’entretenir un espoir vain qui l’empoisonnerait de jour en jour, et il ne voulait pas vivre cela. Croire qu’il avait une chance avec Emily, l’aimer encore, plus même, rêver de leur réunion. Non. Il ne voulait pas.
« Non, je pense que… Je vais rentrer. Il faut que je travaille et puis, je crois que ma coloc' a oublié ses clefs, je vais éviter de la laisser à la porte sinon elle va me le faire payer, elle est plutôt douée pour ça. » répondit-il avec un mince sourire.
Refuser la proposition de Lee ne lui était pas agréable, il aurait voulu passer plus de temps avec elle, surtout qu’elle semblait lui demander cela de bon cœur, son sourire éclairant son visage. Mais à part se torturer un peu plus, accepter ne lui aurait servi à rien.
« Une autre fois, peut-être. » ajouta-t-il pour nuancer et ne pas dévoiler sa réticence – et ainsi ses craintes. « Bonne soirée, Lee. » souhaita-t-il à la jeune femme avant de s’en aller doucement vers la sortie, l’allure triste.
Il enfourcha son vélo et se laissa tremper par la pluie jusqu’à rentrer au chaud, chez lui, son chien et ses yeux doux le réconfortant par ses caresses de son âme vidée d’espoirs.
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Sujet: Re: It's time to rise up the silence. [Lee 2.0 ! ♥]