Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
La journée avait été particulièrement longue pour Flore qui avait dû se faire violence pour tenir jusqu’au bout. Les clients, pour la plupart indélicats, n’avaient cessé de l’ennuyer, la draguant grossièrement –certains allant même jusqu’à jouer de mains baladeuses, avances que la jeune avait repoussée d’un calme olympien. Une fois qu’elle eût rangé les derniers verres et nettoyé le bar, elle passa un coup de balai dans la pièce, pour finir par rejoindre son patron dans son bureau. Comme elle le faisait à chaque fois, elle lui assura que tout était en ordre et promis de se présenter à l’heure le lendemain. Ce travail ? Flore le détestait, mais elle n’avait pas vraiment le choix. Si elle quittait son emploi, elle allait se retrouver sans ressources et étant donné que son père lui avait coupé les vivres lorsqu’elle avait décidé de quitter Cambridge, elle était bien forcée de prendre sur elle. Pourtant, les clients du café (pour la grande majorité) étaient de grossiers personnages sans aucun savoir-vivre. Quant à son patron, il était imbuvable. Quelques mois plus tôt, la jeune femme les auraient probablement envoyé sur les roses, se moquant bien des conséquences –mais la situation avait changé. Aujourd’hui, elle n’avait d’autre choix que de mettre son orgueil de côté. « Flore ? » l’interpella son employeur alors qu’elle était sur le point de rentrer chez elle. « Oui. Qui-y-a-t-il ? » demanda-t-elle, à la limite de l’exaspération. « Un client a oublié sa veste hier soir. Il a aussi laissé ses papiers dans la poche intérieure. Il s’agit d’un certain Baptist et selon tes collègues, vous êtes assez proches… » La jeune femme leva les yeux au ciel. Proches, proches, tout était relatif. N’oublions pas que cela faisait tout juste un mois qu’elle était en ville. Un peu rapide pour nouer des liens, non ? « Alors, vous vous êtes dit que je pourrais les lui rendre ? » Il acquiesça. « Très bien… je m’en charge » soupira-t-elle en saisissant la veste en question.
Une vingtaine de minutes plus tard Flore était devant l’appartement de Baptist. Ils ne se connaissaient pas très bien, mais le courant passait étrangement bien entre eux. Leur rencontre, basée sur un drôle de quiproquo, leur avait permis de faire connaissance et à force de se croiser au « café » ils avaient fini par sympathiser. C’était tout naturellement que le jeune homme lui avait donné son adresse. Evidemment, il allait sans doute trouver ça bizarre de la voir débarquer à une heure pareille, mais son boss ne lui avait pas vraiment laissé le choix.
« Salut ! Désolé de te déranger, mais t’as oublié ça au bar » dit-elle sans plus de cérémonie. « Bon allez, je ne vais pas t'embêter plus longtemps -à plus! » Flore était éreintée et pas vraiment d’humeur à discuter. Et puis surtout, elle ne voulait pas s’imposer.