Friendship is a single soul dwelling in two bodies. (nono)

Friendship is a single soul dwelling in two bodies.
noël et maybelle

J’avais envoyé un message à Noël pour prendre de ses nouvelles et il avait répondu qu’Hendley était partie. J’imaginais très bien l’état dans lequel il devait être et je n’avais pas hésité à lui proposer de lui rendre visite, histoire qu’on discute de tout cela. Nous nous étions clairement éloignés ces derniers temps mais il restait l’un de mes amis les plus proches et il pouvait compter sur moi à n’importe quel moment. Même si j’étais au bord du gouffre, même si j’avais des tas de problèmes en ce moment, je me devais d’être là pour lui comme je l’avais toujours été. J’étais de ces gens extrêmement loyaux qui étaient prêts à tout pour leurs amis. Et malgré tout ce qu'il s'était passé entre nous, Noël demeurait l’une des personnes les plus importantes de ma vie. Il vivait un moment plutôt difficile et c’était mon devoir d’être là pour le soutenir. Je regrettais parfois que notre mariage soit tombé à l'eau. Au moins, si nous avions été mariés, cela nous aurait évité bien des peines. Enfin, à moi en tout cas. J'aurais sans aucun doute était heureuse et bien moins déprimée qu'à l'heure actuelle... Même si je savais que Noël méritait bien mieux qu'une épouse dans mon genre. Arrivée devant l'imposante maison, je sonnai à la porte et affichai un sourire quand mon ami vint m'ouvrir. « Livraison expresse de câlins et de bonne humeur ! » dis-je avec mon entrain habituel. Bien que ma bonne humeur soit feinte, j’étais sincèrement contente de le voir. Je l'attirai finalement à moi pour le serrer furtivement dans mes bras avant de déposer un bisou sur sa joue. J'espérais que nous arriverions à passer un bon moment comme nous avions l'habitude de le faire quand nous étions encore fiancés. J'espérais qu'il pourrait se confier à moi sans crainte comme il l'avait toujours fait. Et j'espérais que je pourrais oublier à quel point je me sentais lamentable pendant quelques temps.

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noël et maybelle

Je m'étais habitué à ce que la villa ne soit pas silencieuse, à ce que l'odeur féminine l'embaume et à ce que je ne sois presque jamais seul. En fait, j'avais jamais aimé être dans la solitude, c'est pourquoi avant Hendley j'avais le besoin de sortir tout le temps et d'être avec des gens. Seulement depuis qu'elle était partie de la maison, je n'avais pas trouvé le goût pour aller faire la fête. J'en avais marre de me poser des questions, et j'avais envie de laisser faire les choses, que si elle et moi nous terminerions ensemble - ce qui était mal parti - bah c'est qu'on était fait l'un pour l'autre. Sinon, c'était peut être qu'il était temps de tourné la page. Je repensais à ce que Emily m'avait dit un soir, elle avait peut être raison, mais je ne voulais écouter personne. J'écouterais seulement le destin, comme on dit qui vivra verra. Depuis quelques jours je n'étais pas sortis de chez moi, seulement pour aller dîner avec ma famille hier, et cela m'avait fait du bien de les revoir tous, ainsi que mes deux pestes de soeurs. Je n'avais pas encore osé dire à mes parents que j'allais arrêter médecine, et j'étais sûre qu'il mêlerait à Hendley tout cela. Bien sur que non je n'avais pas parlé de ma relation entre elle et moi, seulement, ils savaient qu'elle avait trainé beaucoup de temps chez moi. À Bowen tout finit par se savoir.

J'avais reu un message de Maybelle, et au départ je n'avais pas envie de lui dire, mais mes doigts avaient tapé tout seul. Sans douter parce que l'ennuie commencer à me saouler et que je savais qu'elle serait la première à venir se pointer devant chez moi. D'ailleurs c'est ce qu'elle me répondit en un message. Je me surpris en train de sourire à moitié, elle était vraiment quelqu'un sur qui je pouvais compter, même après tout ce qu'il s'était passé entre nous. La sonnerie de la maison ne mit pas longtemps à se faire entendre, et j'allais ouvrir. « Livraison expresse de câlins et de bonne humeur ! » Je la regardais un instant de haut en bas en souriant, et elle vint me prendre dans ses bras. Je l'invitais à entrer dans le salon, et n'eut pas la peine de lui dire de faire comme chez elle, car depuis le temps, elle connaissait la chanson. La villa venait de prendre une ambiance différente, c'était un petit soleil qui allait me remonter les batteries pour un certain temps. - Je suis content que tu sois là May, fais pas attention aux désordres.. on voit bien qu'il n'y a plus de femme ici. dis-je d'un ton macho en rigolant évidement mais cela me rendait triste au fond.

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noël et maybelle

J'étais réellement contente de voir la bouille de Noël. Mine de rien, il me manquait un peu. Nous nous étions tellement rapprochés pendant les quelques mois où nous avions été "fiancés" qu'il m'était presque devenu indispensable. J'esquissais un petit sourire à sa remarque alors que je pénétrais dans le salon, baladant mes yeux un peu partout. Cela faisait une éternité que je n'étais pas venue ici. Je levais finalement les yeux vers Noël, le scrutant avec attention comme pour essayer de deviner comment il se sentait vraiment. « Si tu veux parler, je suis là. Si tu préfères qu'on fasse autre chose, ça me va aussi ! » Je lui adressais un sourire. J'étais mal placée pour le forcer à parler de ses problèmes alors que j'avais pour habitude de tout garder pour moi. S'il n'avait pas envie de me raconter ce qu'il s'était passé avec Hendley, je ne le forcerai pas. Le principal, c'était qu'il sache que j'étais là pour le soutenir. S'il préférait qu'on discute d'autre chose ou qu'on fasse une activité quelconque pour se changer les idées, j'étais partante. Je tenais simplement à passer du temps avec lui, à ne pas le laisser seul. « Je suis même prête à boire si ça peut te faire plaisir ! » dis-je d'un air amusé, espérant le faire sourire un un peu. Cela dit, j'étais sérieuse. Je n'avais plus vraiment peur de boire maintenant. Je n'aimais pas spécialement l'alcool mais apparemment, c'était un bon moyen pour oublier. Alors pourquoi pas ?

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Maybelle me dit alors que je pouvais en parler si je voulais, mais que sinon elle était prête à faire autre chose. Je crois que je n'avais pas très envie de parler, en fait, il n'y avait juste rien à dire, car entre Mikaëla et moi il n'y avait rien. Le peu de bonheur que j'avais pu ressentir avec elle s'était envolé quand elle avait claqué la porte de la villa. Puis après tout, nous étions dans une période de réflexion, l'un comme l'autre, nous devions nous concentré un peu sur notre vie et devenir plus stable. Et elle, elle devait retrouver la confiance après tout ce qu'il c'était passé. Je ne pensais pas rompre tout lien avec elle, car au fond je ressentais de l'amour, et j'étais triste de ne plus l'avoir à mes côtés. Mais il fallait pendant un certain temps que chacun fasse le point car à force de tout précipiter tout s'écrouler. - Je crois qu'il y a rien à dire. On doit chacun se concentrer sur notre vie, éclairé les problèmes, et après on verra ce qu'il se passera. dis-je sérieusement. C'est vrai, je devais penser à moi au lieu d'essayer de régler les problèmes de Mika ou de vouloir l'aider - même si j'avais envie d'aller buter le connard qui lui avait fait du mal - surtout que Mika ne voulait pas que je l'aide, et voulait que je passe au dessus et pour ça, il me fallait du temps. Je devais retrouver le goût de la vie, en profitant de ma famille, et en cherchant ce que je voudrais faire de mon avenir, construire mon projet professionnel. Un rire m'échappa lorsqu'elle me dit qu'elle était prête à boire. - Non, mais Nico te dévergondes ou quoi ? dis-je en lui tirant la langue. Je me levais alors, pour aller chercher de quoi boire, parce que j'avais pas trop bu ces derniers jours, sachant que je mettais fait une grosse cuite le soir où Hendley était partie. Puis c'était pas drôle de boire seul, ça déprimait encore plus. - Laisses moi te faire une Tequilla sunrise, tu vas m'appeler Dieu après ça ! Je commençais à m'agiter derrière le bar qui était dans le salon, en pressant des oranges, histoires que le jus soit frais. Puis après je mis la tequilla, le jus fraîchement pressé, et la grenadine. J'habillais le verre d'un petit parasol, et d'un bout d'ananas sur le bord du verre. J'avais pas mis beaucoup d'alcool histoire qu'elle sente plutôt la grenadine et le jus, parce que je savais qu'elle aimait pas trop. Je me fis le même en dosant fortement la tequila parce que moi j'en avais besoin :P. Puis j'arrivais vers le canapé en lui tendant un verre. - Tu m'en diras des nouvelles. dis-je d'un air tout fier.

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Je l'écoutais me parler sans l'interrompre, hochant simplement la tête pour lui montrer que je comprenais. Parfois, s'éloigner faisait du bien. Ils avaient sûrement besoin de temps pour faire le point mais ils finiraient pour se retrouver, j'en était persuadée. « Tout ce que je te demande, c'est de faire attention à toi » répliquais-je alors, plus sérieuse que jamais. Je voulais bien évidemment parler de son penchant pour l'autodestruction dès que quelque chose n'allait pas dans sa vie. Je savais qu'il était du genre à prendre des substances illicites et à boire des litres d'alcool pour oublier sa peine et je ne voulais pas qu'il se détruise. S'il le fallait, j'étais prête à passer mes journées avec lui pour le surveiller - je l'avais déjà fait par le passé, cela ne me dérangerait pas de recommencer. Quand il évoque Nick, je baissais les yeux malgré moi, murmurant doucement : « Non, y a pas de risque... » Je prenais conscience que Noël et moi ne nous étions pas parlé depuis un certain temps et qu'il ignorait tout de la situation entre Nicholas et moi. Ce n'était pas plus mal, je n'avais pas envie d'en parler de toute façon. C'était trop douloureux. Et puis, j'étais ici pour lui, pas pour parler de mes pseudos problèmes. J'esquissais donc un sourire de circonstance lorsqu'il s'éclipsa pour me préparer un cocktail. Quand il m'apporta mon verre, je l'examinais en souriant. Il l'avait décoré comme un vrai pro. J'étais gâtée ! « Merci, Dieu ! » plaisantai-je d'un air malicieux. Bah quoi ? Il avait dit que je pourrai l'appeler Dieu une fois qu'il m'aurait préparé une Tequila Sunrise et c'était chose faite alors... Je portais le verre à mes lèvres, avalant une petite gorgée de la boisson - qui était délicieuse, soit dit en passant. Puis je reportai mes yeux sur Noël. « Tu m'as manqué. » Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à dire mais c'était vrai. Il m'avait manqué. Surtout ces derniers temps. Je n'étais pas au meilleur de ma forme et j'aurais aimé qu'il soit près de moi. Je ne lui en voulais pas cela dit, je savais qu'il avait des soucis plus importants avec Mikaëla à gérer. Et je savais aussi qu'il ne pouvait pas me voir en étant avec elle sans risquer de déclencher la troisième guerre mondiale. L'air de rien, je reportais mon verre à ma bouche pour boire à nouveau.

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Je souris alors lorsqu'elle m'appela par Dieu, et en prenant un air de supériorité pour rire bien évidemment. Et je m'installais mon verre à la main sur le canapé d'en face, tout en la regardant déguster mon cocktail. Apparemment il était pas mauvais, car rapidement ses lèvres se retrempèrent dans la boisson. Elle me dit alors que je lui avais manqué, et c'est vrai que nous ne prenions plus vraiment le temps de se voir sachant qu'Hendley habitait à la maison, de plus je me sentais mal lorsque je fréquentais mon ex future fiancée. Mais à présent, nous pourrions nous voir plus souvent, et cela changerait mes idées, car avec Maybelle je me sentais bien et pas tracassé. Je m'en voulais un peu de ne pas avoir pu être là pour elle, ni d'avoir remarqué à quel point elle allait mal au point de vouloir se suicider. Mais je ne pouvais pas gérer deux femmes... D'ailleurs j'étais rassurée de la voir ici, encore en chair et en os. - Tu vas mieux ? lui demandais-je alors parce que j'avais besoin de savoir, c'était important pour moi. De plus j'espérais qu'elle avait tout raconté à Nick et qu'il avait su s'occuper d'elle au mieux. Je bus à nouveau mon verre de cocktail, sans me vanter c'était délicieux.  Je décidais de me relever pour aller m'en faire un autre tout en demandant - Encore un petit ? Parce que ça se boit trop vite ça ! dis-je en retournant vers le bar. - Au fait May, j'arrête les études ! balançais-je alors comme un ça.

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Le fait qu'il ne réponde pas quand je lui dis qu'il m'avait manqué me blessa un peu mais je ne laissais rien paraître. Je prenais ça comme un "toi, tu ne m'as manqué" poli, le silence disait bien plus de choses que des mots parfois. Mais ce n'était pas grave. Je savais bien que j'étais beaucoup plus attachée à lui qu'il ne l'était à moi. Et je savais aussi qu'à la minute où Hendley reviendrait, il me rayerait de sa vie à nouveau. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Ce n'était pas si grave, dans le fond. J'avais pris l'habitude. Je passais mon temps à me préoccuper pour mes proches mais rares étaient ceux qui s'inquiétaient vraiment pour moi. « Oui, ça va » répondis-je avec un petit sourire. Oui, c'était un horrible mensonge. Mais je n'avais pas envie de l'ennuyer avec mes histoires, il avait déjà bien assez à faire avec ses problèmes. Avalant le reste de mon verre d'une seule traite, je hochai la tête lorsqu'il m'en proposa un nouveau. Ce n'était pas vraiment mon genre d'enchaîner les cocktails comme ça mais après tout, je pouvais bien me lâcher un peu. Et puis j'avais toutes les raisons du monde de me soûler. Il m'apprit soudainement qu'il arrêtait ses études et je le fixai d'un air choqué.  « Quoi ? Sérieux ? » Pour être une nouvelle inattendue, c'était une nouvelle inattendue ! Mais bien évidemment, je le soutiendrais si c'était réellement ce qu'il voulait. Je me demandais comment ses parents avaient réagi à cette annonce... Ils ne devaient certainement pas être ravis. Enfin, s'ils étaient au courant bien sûr. « Et tu comptes faire quoi alors ? » Oui, cela m'intéressait vraiment. Je me concernais concernée par tout ce qu'il lui arrivait.

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Elle me disait que ça allait de son côté mais je ne sais pas pourquoi j'avais du mal à la croire. Après tout, je savais bien que Maybelle n'était pas du genre à venir se plaindre et à déballer son sac, d'ailleurs c'était pour ça que personne ne s'était rendu compte de son état. Donc là, je savais pas trop comment je devais le prendre, si c'était sincère ou non, mais j'avais pas envie de me disputer avec elle, il manquerait plus que ça. Alors je mettais tout ça dans un coin de ma tête, pour plus tard et retournais derrière mon bar à faire des cocktails tout en lui disant que j'arrêtais les études. - Oui c'est officiel, enfin ça le sera quand j'aurais les couilles de le dire à mes parents. Je sais pas trop trop ce que je veux faire. La médecine c'était intéressant mais on va dire que cette année a été compliqué. Du coup j'ai perdu le pied dans toutes mes révisions... dis-je tout en remplissant les deux verres de jus d'orange. J'étais pas du genre à baisser les bras, mais je crois qu'il fallait que je fasse le point. Je faisais trop le con, et puis avec toutes ces histoires sentimentales, j'avais mis les études de côté. Sans doute que j'aurais du faire l'inverse mais c'était trop tard. Faute de stratégie. Je retournais vers le salon en posant un verre sur la table pour May et en gardant le mien que j'attaquais directement. - Et toi tu fais quoi de tes journées ? Ca se passe bien au boulot ?

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J'écoutais ses explications avec attention, hochant la tête pour lui montrer que je comprenais. C'est vrai qu'avec l'année qu'il avait passé, se consacrer pleinement à ses études devait être mission impossible... C'était normal qu'il perde pied au bout du compte. « Tes parents comprendront » dis-je avec un petit sourire, voulant paraître sûre de moi. Dans mes souvenirs, Monsieur et Madame Wanderbrooke étaient tout de même plus ouverts d'esprit que mes parents. J'étais sûre qu'ils soutiendraient Noël et qu'ils comprendraient pourquoi il préférait abandonner la fac de médecine. Du moins je l'espérais. Il n'y a rien de pire que d'être lâché par ses parents, j'en savais quelque chose. « Prends un peu de temps pour toi, je crois que tu l'as bien mérité. Profite de la vie, réfléchis à ce que tu veux vraiment faire, pose-toi les bonnes questions. » Oui, comme d'habitude, je ne pouvais m'empêcher de jouer les mères poules et de donner des conseils même quand ce n'était pas nécessaire. Mais je m'inquiétais vraiment pour Noël et je voulais lui montrer que je le soutenais. Après tout ce qu'il avait vécu, il fallait qu'il pense un peu à lui. Il avait bien droit à quelques mois de répit. Il avait tout le temps de décider ce qu'il ferait, professionnellement parlant. Lorsqu'il revint à mes côtés, j'attrapai mon verre sans attendre pour en avaler une grande gorgée. Les questions qu'il venait de me poser me mettait mal à l'aise mais comme d'habitude, je gardais mon sourire pour ne rien laisser paraître. Ce que je faisais de mes journées ? Je faisais en sorte de m'occuper suffisamment l'esprit pour ne pas me laisser ronger par mes idées noires. J'essayais de me rendre utile pour retrouver un peu d'estime de moi-même. Et le reste du temps, je pensais et repensais à tous les gens qui m'abandonnaient. Je voulais comprendre pourquoi. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez moi pour que je finisse aussi seule ? « Ça se passe pas trop mal... Être serveuse n'est pas le boulot le plus passionnant du monde mais j'ai de quoi payer mon loyer, c'est déjà ça. » Ce n'était pas faux, cela dit. Même si j'en avais assez de devoir servir des commandes à longueur de journée, je ne pouvais pas dire que mon boulot se passait mal. C'était juste... ennuyant. Gardant mon verre dans mes mains, j'avalais une nouvelle gorgée de mon cocktail avant de lever les yeux vers Noël. « T'as jamais eu envie de quitter Bowen ? » Ma question était très sérieuse, cela se voyait dans mes yeux. Je ne disais pas cela à la légère, pour parler. C'était une vraie question. Qui sous-entendait que moi, j'en avais envie. J'y songeais même de plus en plus. Je me sentais étouffer dans cette ville, étouffer parmi tous ces gens que je n'avais plus envie de voir. Partir me semblait être la solution idéale. Je ne manquerais pas à grand monde de toute façon. Seulement, je savais très bien que je n'aurais jamais le courage de le faire. L'inconnu m'effrayait davantage encore que cette vie misérable dans laquelle j'étais ancrée.

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Je l'écoutais me dire que j'avais bien mérité le droit de me reposer. Et j'espérais qu'elle le pense vraiment parce que je savais que ça serait une des rares personnes à me dire cela. Beaucoup de monde me traiterait de con, mais si j'avais besoin de réfléchir, je préférais le faire maintenant, que gâchais tout après... Puis je lui demandais si ça se passait bien pour elle le boulot, et l'écoutait tout en buvant mon verre. J'étais bien content de ne pas avoir à penser à avoir un boulot pour arrondir mes fins de mois, parce que j'étais même pas fichu de finir mes études. Mais c'est vrai que j'étais plutôt bon derrière le bar... J'étais loin d'être le mec qui avait besoin d'argent, mais peut être que ça me responsabiliserait plus ? Puis au moins je passerais pas mes journées à rien faire. - Tu crois qu'il y a une place pour un débutant qui vient d'abandonner ses études ? lui dis-je en rigolant, d'ailleurs elle devait penser que c'était une blague, mais la réponse m'intéressait quand même.

« T'as jamais eu envie de quitter Bowen ? » D'un air étonné, je posais mon verre sur la table basse en réfléchissant. Est-ce que derrière ses paroles se cachait un message à décrypter ? En fait non, je n'y avais jamais songé parce que c'était comme ci ma vie avait été écrite pour être vécu ici. Enfin c'est ce que je pensais, parce qu'à chaque fois que je voyageais, j'avais beau adoré ça, mais dès que je retournais chez moi, j'étais bien. C'était vraiment l'endroit que je préférais, avec les meilleurs souvenirs tout comme les pires. - Pas vraiment... enfin si pour les vacances, pour vivre autre chose que la routine. Mais pourquoi partir si les personnes que j'aime le plus sont ici ? Je le montrait pas forcément mais j'étais très attaché à ma famille ainsi qu'à mes proches... - Tu veux partir May ? Pourquoi ? Il se passe quoi ? Si elle me posait cette question, il devait y avoir une raison non ?

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Sourcils haussés, je le regardais d'un air surpris alors que sa question résonnait dans ma tête. J'ignorais s'il était sérieux ou non mais je le connaissais assez bien pour savoir que généralement, il n'était pas du genre à demander des trucs pareils pour plaisanter. Même s'il rigolait, j'étais persuadée qu'il envisageait sérieusement de se trouver un boulot. « Oui, peut-être bien ! Surtout si c'est un de mes amis et que j'explique au patron à quel point il est génial » ajoutai-je en souriant. Oui, j'étais vraiment prête à faire l'éloge de Noël auprès de mon patron s'il souhaitait réellement se trouver un boulot de serveur. Cela ne me dérangerait pas le moins du monde. Depuis le temps, il devait savoir que j'étais prête à tout pour mes amis. j'avais même été jusqu'à me brouiller avec mes parents pour lui.

Sa réponse à ma question me confirma que je ne tournais franchement pas rond. J'étais dingue de penser à quitter Bowen, dingue de penser que ma place était ailleurs. Avais-je seulement une place quelque part d'ailleurs ? Je n'en savais rien. Mais plus les jours passaient, plus je mourrais à petit feu et j'étouffais réellement dans cette petite ville qui m'avait vue naître. Noël avait argumenté qu'il n'avait aucune raison de partir car tous les gens qu'il aimait étaient ici mais moi... Moi, pas grand chose ne me retenait. La plupart des gens auxquels je tenais se fichaient bien de savoir où j'étais et ce que je faisais. Et c'était ce qui me faisait le plus mal. Me dire que mon départ ne toucherait pas grand monde. La voix de mon ami me tira de mes pensées et je levai la tête vers lui, soupirant doucement. « Je ne sais pas, je... » Je marquai une pause, cherchant mes mots. J'aurais mieux fait de me taire. « Y a pas grand chose qui me retient ici... Je me dis que je devrais peut-être partir pour prendre un nouveau départ ailleurs et oublier tout ce qu'il s'est passé ces derniers temps. » Ma voix tremblait un peu mais je faisais mon possible pour ne pas paraître affectée. Je ne voulais pas jouer la dépressive de service qui se plaint de tout et n'importe quoi et qui clame haut et fort que personne ne l'aime. Noël me connaissait assez bien pour savoir que je détestais parler de moi. Et me plaindre de ce qui n'allait pas. Je préférais éluder les questions, sourire et faire comme si tout allait bien dans l'espoir que ça passe. Sauf que ça ne passait jamais. Ça ne faisait qu'empirer, encore et encore. Et je n'avais plus grand chose à faire à Bowen, plus grand monde sur qui compter.

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Je ne savais pas trop dans quoi je m'embarquais réellement, parce que même si je savais servir des cocktails je ne me voyais pas faire le pingouins dans un bar. Mais à vrai dire, c'était sans doute un bon compromis pour rassurer mes parents en leur prouvant que j'étais capable de faire quelque chose en attendant l'année prochaine pour recommencer les études. Au moins, je ne glanderais pas chez moi et me transformerais pas en larve, vu que je serais obligé de sortir de chez moi pour bosser. - Je t'en remercie May, tu me tiens au jus ! lui dis-je en lui faisant un clin d'oeil.

Nous étions revenus à notre petite discussion autour de nos tequila sunrise dans le salon. Elle me demanda alors si j'avais jamais songé à quitter Bowen, et sincèrement je lui répondais que je ne me voyais pas vivre ailleurs. Sans doute que j'étais trop attaché au gens, et que l'étranger pouvait m'ouvrir de grandes portes. Mais je faisais le choix de rater cette expérience, parce que cette ville me correspondait et me satisfaisait. Je ne pouvais pas partir et laisser derrière moi les souvenirs mais aussi toutes ses personnes dont j'avais besoin - même si je me l'avouerais pas. Je pouvais comprendre que May' ait envie de voir d'autre paysage, parce que elle n'avait pas eu une année facile, et à vrai dire sans doute qu'elle respirerait mieux si elle était loin de ses parents. - Je sais qu'on est pas ta famille, mais tes amis sont là May, et puis Nick... il supporterait pas que tu partes. dis-je alors tout d'abord en pensant plutôt pour notre part, sans doute que c'était mon côté égoïste qui prenait le dessus. - Enfin, si tu sens le besoin de t'évader... C'est à toi de suivre ton coeur, penses pour toi avant tout. C'est vrai qu'en la voyant, je me disais que les choses ne s'arrangeait pas forcément, son père l'avait littéralement laissé tombé et sa mère n'avait aucunes commandes. Ce qui comptais c'était que Maybelle aille mieux, et si elle devait aller mieux en étant très très loin de Bowen, limite j'étais près à lui offrir un billet d'avion sur un coup de tête. - en fait ce sont les Maldives qui te manquent ! lui dis-je en lui tirant la langue, faisant allusions à notre voyage entre futur marié. J'essayais de l'embêter pour la faire sourire... - Peut être que tu devrais partir en vacances avec Nick ? Tu aimerais partir où ?

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Je me contentais d'un petit hochement de tête lorsqu'il me demanda de le tenir au courant. J'en parlerais à mon patron dès le lendemain matin. Noël savait qu'il pouvait tout me demander. La conversation tourna vite sur mon désir d'évasion et Noël ne semblait pas comprendre. Mes amis ? Quels amis ? Je n'avais personne. Hormis mon cousin qui avait bien d'autres choses en tête en ce moment, je ne pouvais pas compter sur grand monde. Je ne m'étais jamais sentie aussi seule de toute ma vie. « Arrête Noël. » Je n'avais pas dit cela méchamment, au contraire. Mais je ne voulais pas me voiler la face. « On sait tous les deux que quand Hendley reviendra - et elle va revenir -, on ne se verra plus. » Une fois encore, je ne disais pas ça méchamment, au contraire. Je ne lui en voulais pas, c'était parfaitement normal et je le comprenais très bien. Mais au final, je ne pouvais pas vraiment le compter parmi mes amis. J'étais toujours là pour lui, oui. Je venais dès qu'il avait besoin de moi, je répondais toujours présente pour l'écouter et l'épauler. Mais ce n'était pas réciproque. J'avais l'impression d'être un genre de bouche-trou. Je le consolais quand Hendley n'était pas là mais dès qu'elle revenait dans les parages, il m'oubliait et je pouvais affirmer qu'il n'avait pas été là pour moi quand j'en avais eu besoin. Je n'avais aucune rancœur. C'était la vie, c'était comme ça. Mais je ne pouvais pas le laisser dire qu'il était là pour moi. Sa phrase sur les Maldives ne parvint pas à me faire sourire, bien trop préoccupée pour être réceptive à son humour. Nick, Nick, Nick... Il n'arrêtait pas d'en parler. Et ça me rendait dingue. Il remuait le couteau dans la plaie sans le vouloir. « Non. Nick et moi, c'est fini. » Je soupira doucement, sentant que j'étais sur le point de pleurer. Il fallait que je me ressaisisse, je n'avais pas envie de passer pour la fille qui passe son temps à se plaindre. Ce n'était pas le cas. J'exposais juste les choses comme elles étaient mais je ne m'en plaignais pas. Nicholas et moi n'avions pas vraiment rompu mais il n'était pas là pour moi, lui non plus. Il me regardait sombrer sans rien faire et c'était douloureux. Me rendre compte que toutes les personnes pour qui j'étais là ne l'étaient pas en retour me faisait mal. Avalant mon verre d'une seule traite pour me donner une contenance, je plantais mon regard triste dans celui de Noël. « Bref, c'est pas important. »

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noël et maybelle

Elle ne souriait pas à ma blague, je devais vraiment être nul pour remonter le morale des gens, fallait peut être que j'arrête d'essayer ? Elle commença à me dire lorsque Hendley reviendrait, je n'accorderais plus mon temps à Maybelle, cela me retourna un peu. Parce que je lui disais qu'elle avait des amis ici, mais je ne parlais pas que de moi. Et certes je n'avais pas été là, mais ce n'était pas parce que je ne voulais pas, c'était bien plus compliqué que tout ça.  Et je m'occupais déjà des problèmes de Hendley avant de m'occuper de moi même, que je m'étais perdu dans tout ça, alors imaginez si je devais gérer les soucis de deux femmes... - Il n'y a pas que moi May. Et puis c'est plus compliqué que ça, tu sais très bien que ce n'est pas parce que j'en ai rien à faire de toi. Des fois je me disais que si nous nous étions marié et que Hendley ne serait pas revenu, tout aurait été autrement. Et cet "autrement" devait être mieux que la vie actuelle, car nous étions un peu tous malheureux et perdu. Puis je lui disais que Nick serait fou si elle partait, car je savais combien il l'aimait, et même si au départ j'avais du mal à accepter leur relation, à présent je leur souhaitais tout le bonheur du monde. Mais le monde s'écroulait à nouveau lorsqu'elle me disait qu'elle et lui c'était terminé. Je manquais d'avaler de travers mon cocktail, que je posais rapidement sur la table basse en faisant de gros yeux. Effectivement, j'étais plus que surpris. - T'es pas sérieuse ? firent les premiers mots qui sortirent de ma bouche. Je n'avais pas vu la rupture arriver... et je ne comprenais pas pourquoi Nick m'en avait pas parlé. - Enfin, qu'est ce qu'il c'est passé May ? Il t'a fait quoi ? Je voyais leur relation un comme un idylle mais je mettais trompé, finalement je n'avais vu que l'extérieur, mais peut être qu'entre eux cela se passait mal ? Ou alors Nick avait merdé ... C'était bizarre d'entendre May dire cela car elle avait été très amoureuse de lui... peut être qu'elle l'était encore mais qu'il fallait juste que je le lui rappelle ? - tu te trompes c'est important! dis-je d'un ton sérieux. J'étais un peu frustré, d'apprendre toujours les sujets importants d'une manière plutôt inattendue comme la dernière fois lorsque j'avais vu son bras.

Friendship is a single soul dwelling in two bodies.
noël et maybelle

Je soupirais à l'écoutant se justifier. Je savais tout ça. Je savais que c'était "plus compliqué que cela" et je savais qu'il avait des raisons de ne pas me voir lorsqu'il était avec sa copine. Je ne lui en voulais pas. Mais le résultat était le même ; je ne pouvais pas compter sur lui. Je ne doutais pas du fait qu'il tenait à moi mais il n'était pas là quand j'avais besoin de soutien et au final, Noël était plus un ami éloigné qu'autre chose. Notre amitié mourrait à petit feu. Elle s'éteignait un peu plus à chacune des épreuves que nous traversions. « Je sais tout ça, Noël. Et je ne t'en veux pas. » J'esquissais un sourire sincère. C'était vrai, je ne lui en voulais pas. De toute façon, j'étais incapable de faire preuve de rancune envers qui que ce soit. Je pris soin de pas répondre lorsqu'il affirma qu'il n'était pas mon seul ami et qu'il y en avait "d'autres". Ce n'était pas le cas. Les gens ne se rendaient pas compte d'à quel point j'étais seule et pourtant, ma plus grande amie était la solitude. Et ça faisait un mal de chien. La discussion devint encore plus inconfortable quand je fus contrainte d'évoquer ma relation tumultueuse avec Nick. Je n'avais pas envie d'en parler. Surtout pas. Je voulais juste oublier. « On n'est pas fait pour être ensemble, c'est tout. » Je lui lançais un regard insistant pour le dissuader d'insister. Je ne voulais pas lui expliquer ce qu'il s'était passé. Il y a des choses qui étaient trop douloureuses pour être évoquées librement et celle-ci en faisait partie. Après un petit silence, je baissais la tête et soupirais doucement. « Y a des fois où je me dis qu'on aurait mieux fait de se marier. Les choses auraient été bien moins compliquées. » Mes parents seraient encore près de moi. Mon amitié avec Nick serait intacte. Et je suis sûre que j'aurais été heureuse avec Noël. Plus heureuse que maintenant en tout cas, c'était une certitude. En même temps, on pouvait difficilement faire pire.