Nobody's perfect [Leanne]

NOBODY'S PERFECT

leanne&julian

Leanne venait de dire au revoir à sa fille. Comme tous les autres parents venus accompagner leurs enfants à l’école, la jeune femme avait embrassé sa fille et lui avait souhaité une bonne journée juste à l’entrée du bâtiment, au niveau de la grille. Les parents ne pouvaient franchir cette grille sauf s’ils avaient de bonnes circonstances. Des circonstances comme un retard, un enfant malade à venir chercher ou un rendez-vous avec la direction. Condamnée à rester devant la grille, Leanne regarda donc sa petite Maëlys s’éloigner dans la cour de récréation afin de rejoindre ses camarades de classe. Un dernier signe de la main et la jeune femme retourna à sa voiture. Certains parents n’hésitaient pas à attendre la sonnerie pour partir, comme pour s’assurer que leurs enfants rentraient bien en classe. Leanne n’était pas comme cela. Quoi que, elle pourrait très bien le faire mais Maëlys lui dirait que cela ne sert à rien, elle en était certaine. Sa fille, elle la connaissait bien, voir même par cœur. Une fois dans sa voiture, elle souffla une bonne fois avant de démarrer. Elle devait se rendre sur son lieu de travail.

Son travail, Leanne avait eu de la chance de l’obtenir. Son cv n’avait rien de mauvais, il était bien mais, souvent, les employeurs potentiels devenaient un peu plus réticents en apprenant qu’elle avait une fille à charge. A croire que cela était une tare d’avoir un enfant à son âge. Ce genre de pensées, de remarques, Leanne s’en passerait volontiers. Heureusement, elle avait fini par être embauchée dans un bar/restaurant. Un endroit qu’elle avait autrefois côtoyé un peu durant sa jeunesse. Mais des choses avaient changé bien évidemment. La décoration déjà, le personnel,… Bon nombre de choses avaient changées depuis qu’elle était partie de la ville il y a sept ans. Elle savait que beaucoup de personnes étaient à présent au courant de son retour en ville. Les nouvelles allaient tellement vite ici. Bah, de toute façon, elle se moquait pas mal de ce qu’on pouvait bien dire sur elle. Si elle était de retour ici, c’était pour sa fille. Elle n’avait de compte à rendre à personne. Arrivée à son lieu de travail, Leanne s’empressa de déposer son sac dans le petit vestiaire et enfila son tablier. Elle commença directement saluant au passage le barman qui lui donna un verre à porter à l’une des tables. Ce qu’elle fit de suite. Alors qu’elle retournait vers le comptoir, elle fut bousculée. La jeune femme fut quelque peu refroidie par les excuses de la personne qui l’avait percutée. Un homme. Et à entendre le ton de sa voix, il n’avait pas vraiment l’air aussi désolé qu’il ne le disait. Elle allait lui lancer une remarque cinglante mais se stoppa net en découvrant l’identité de la personne.

Julian.

Un simple prénom. Un prénom qui franchit ses lèvres douloureusement. Pourquoi était-il ici ? Pour boire un verre, la réponse était évidente. Mais pourquoi avait-il fallu qu’il vienne alors qu’elle était en service ? La remarque qu’il lui fit avec son éternel petit sourire ne la surprit pas. Du moins, c’était surtout le sourire. Un sourire qui ne lui plaisait guère, mais elle ne pouvait rien y faire. C’était Julian, on ne pouvait pas le changer, encore moins elle.

Ben maintenant tu le sais.

Le ton de sa voix était contrôlé. Il n’était nullement joyeux. Un peu sec mais c’était l’effet voulu.

J’ai un loyer à payer. J’ai ma fille à élever, je dois prendre soin d’elle. Alors, oui, je travaille ici. Le salaire est suffisant pour les fins de mois.
 
Oui c’était largement suffisant pour payer les quelques factures et aussi se nourrir. Leanne ne pouvait cependant se permettre des excès, des petits écarts. La jeune femme croisa alors les bras. Elle n’avait pas d’autres clients à servir pour le moment et elle n’avait pas l’intention de laisser Julian se barrer avec son verre aussi vite.

NOBODY'S PERFECT

leanne&julian

Leanne ne s’attendait pas forcément à croiser Julian ici, sur son lieu de travail. Le petit sourire qu’il affichait lui donnait envie de lui foutre une claque ou de lui lancer une bonne vieille remarque assassine. Pour ça, elle était douée. Du moins, elle pensait encore l’être. Car, autant ne pas se le cacher, elle avait changé. Depuis la naissance de sa fille, Leanne était une toute autre personne. Elle avait muri d’un coup, était passée de jeune adolescente à jeune mère célibataire. Elle ne pouvait plus être cette jeune femme à la limite du superficielle, cette femme qui ne pensait qu’à elle, égoïste. Elle ne pouvait plus être comme cela. Elle avait dû changer pour sa fille. Sa fille qui passait dorénavant avant tout le reste, même avant elle. Maëlys était devenu le centre du monde pour Leanne dès l’instant où ses yeux s’étaient posés sur le petit bébé qu’on avait placé sur sa poitrine. Une si petite chose ne demandait qu’à recevoir de l’attention et à être protégé coute que coute. Surtout en sachant que c’était la sienne, la chair de sa chair.

Généralement, quand une femme accouche, le petit ami ou le mari est là pour soutenir, pour aider en quelque sorte. Il veut être là pour voir la naissance de son enfant. Leanne, elle, n’avait eu personne pour lui tenir la main, elle n’avait serré la main de personne durant le travail. Oh, elle aurait pu prendre la main de l’infirmière mais elle ne le voulait pas. Ce n’était pas à l’infirmière de jouer ce rôle. La mère de Leanne aurait pu être à ses côtés mais la jeune femme avait refusé catégoriquement. Elle en voulait à ses parents et encore aujourd’hui, elle leur en voulait toujours. Elle n’avait voulu de l’aide de personne. Déjà qu’elle n’avait prévenu personne à Bowen de son installation à Melbourne. Personne sauf Liam. L’exception en quelque sorte. Le bon sens aurait voulu que Julian soit également mis au courant, étant donné qu’il était le père mais non. Il n’en avait rien su. Leanne fut d’ailleurs amusée de le voir lever les mains tel un signe de paix, bien qu’elle ne le montra pas.

J’emploie le ton que je veux avec toi. Jusqu’à preuve du contraire, tu n’es pas mon père hein.

Sous-entendu : tu n’as pas à me dire sur quel ton te parler. Surtout quand elle voyait le sourire avec lequel il lui avait répondu. Toujours le même Julian. Certaines choses changeaient, d’autres non malheureusement. Loin de se démonter, Leanne ajouta avec vigueur qu’elle travaillait car elle avait des responsabilités. Sa fille étant à la première place du classement. La sincérité avec laquelle son ex lui répondit la surprit. Elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre de propos de la part de Julian. Il était content qu’elle ait trouvé du travail… Ici.

Oh … Merci.

Elle ne savait pas quoi dire d’autre. Déjà le remercier lui semblait de trop. Or, elle venait de le faire. Mais Leanne n’était pas au bout de ses surprises. Sa bouche s’ouvrit légèrement alors que Julian lui parla de Maëlys. Elle nota sans peine qu’il avait buté sur le ‘ta fille’ avant se rattraper et de prononcer le prénom de la petite. Comment le prendre ? En ayant voulu dire ‘ta fille’, c’était pour Leanne, un signe qu’il ne voulait en aucun cas connaitre la petite, avoir à faire à elle. Comme pour lui rappeler que c’était SA fille à elle. A elle seule, pas à lui. Pourtant, ils l’avaient faite à deux.

« Elle va bien, merci de t’en inquiéter. Ses notes à l’école sont excellentes, comme toujours. »

Leanne se sentit sourire rien qu’à évoquer cela. Elle en était fière de sa fille. Tellement fière. Seulement, ici, dans l’immédiat, elle avait envie de mettre les choses à plat, de mettre un peu Julian face aux faits.

« Et tu peux le dire hein. Maëlys est MA fille oui … Mais c’est aussi la tienne je te signale. A moitié mais quand même. »