in darkness we rise, at twilight we sway -r.

Lennox éclata de rire en écoutant Effy crier qu’ils étaient en vie. Il cria, lui aussi. Puis imita un loup qui hurle à la lune. Il ne savait même plus s’il hurlait sa douleur ou sa liberté. En ce moment, Lennox se sentait libre, oui. Comme si plus rien ne pouvait l’atteindre. « T’es la seule à avoir su me délivrer comme ça, Effy. Même si c’est pour dix minutes ou deux heures. T’es la seule, Effy. » Lâcha-t-il avec enthousiasme, avant de replonger complètement sa tête dans l’eau, laissant tout le liquide et surtout toutes ses émotions le submerger. Son cœur battait tellement vide, il avait l’impression de sentir tout son sang circuler dans l’entièreté de son corps. D’ailleurs, son corps était engourdi tellement il avait besoin de bouger. Lennox avait l’impression qu’il pourrait courir pendant vingt kilomètres qu’il n’aurait pas encore achevé son corps. Il avait un surplus d’énergie, lui qui était toujours las et fatigué. Pour le moment, ses doigts se contentaient d’effleurer la surface de l’eau, parce que le feeling était étrange, drôle, divertissant. Il se concentrait sur toutes les sensations procurées par cette drogue. Il redécouvrait le monde. Il regarda finalement Effy. « Est-ce que t’as déjà couché avec quelqu’un sous les effets de l’ecsta ? » Demanda-t-il innocemment, et honnêtement sans arrière-pensée. Lennox avait entendu dire que c’était vraiment hallucinant, puisque tous les sens étaient décuplés. Il voulait entendre de la bouche d’Effy quelles émotions ça avait pu lui procurer.

Personne ne les comprendrait jamais, de toute façon. Alors à quoi bon essayer de s’expliquer aux autres ce qu’ils étaient, ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre, alors que pour eux-mêmes c’était encore flou, indéfini ? Ils ne pourraient jamais mettre des mots sur ce qu’ils représentaient l’un pour l’autre, et pour Lennox, cela avait présentement bien peu d’importance. Peut-être était-ce la drogue qui le faisait penser ainsi, aussi libre, aussi ouvert, face à ce qu’il aurait voulu qu’Effy soit et ce qu’elle n’était pas. Dans tous les cas, en ce moment, il ne ressentait pas le besoin d’aller plus loin que ce qu’ils étaient, au fond. Ça lui suffisait. Ça lui suffirait. Il lui dit alors à quel point elle était unique pour lui, et elle ne sembla pas le prendre au sérieux, dans ce murmure. Il secoua la tête. « Je dis bien peu de choses. Et quand j'en dis, ce ne sont jamais des bêtises. » Il était vrai que Lennox ne se confiait que très rarement sur ce qu’il ressentait, bien en lui, mais quand il le faisait, il était des plus honnêtes. Effy devait le savoir, elle ne voulait juste pas avoir à assumer le rôle de la seule personne qui mettait Lennox dans un pareil état. Pourtant, malgré ce sentiment d’autodestruction, c’était aussi la relation la plus saine, en un sens, qu’il vivait. Parce qu’il n’avait pas à lui mentir. Il n’avait pas à lui faire des promesses dans lesquelles il ne croyait pas. Quand il lui demanda alors si elle avait déjà eu une relation intime tout en étant sous les effets de l’ecstasy, Effy lui répondit que oui, bien sûr. Bien sûr. Il sourit. Parce que son sourire à elle voulait tout dire, et que Lennox aurait eu envie d’essayer. « Ça dure combien de temps ? … L’effet de l’ecsta, je parle. » Demanda-t-il ensuite. Il était tellement novice, sur le sujet. Tant de questions. Tant d’appréhensions, aussi ; il aurait voulu que ce bien-être ne s’arrête jamais.

Quatre, cinq, six heures. Ça les amenait au petit matin, ça. Il se faisait déjà quand même tard, et ça ne faisait même pas une heure que Lennox avait avalé ce qu’Effy lui avait offert. Il n’était pas sorti de ce moment. Tant mieux, parce qu’il y avait bien longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi léger et, honnêtement, il aurait préféré que ça ne se termine jamais. Cependant, il était bien conscient des effets que cela pourrait avoir sur son corps s’il en abusait. Il en était un peu trop conscient, d’ailleurs. À quelque part, ça le tentait. De ne simplement jamais arrêter. Jusqu’à ce que ce soit tout le reste qui lâche, le laissant paisible, tranquille. Il doutait que ça se passerait d’une façon aussi simple, mais Lennox n’avait pu s’empêcher de se l’imaginer. De le désirer. Mais son esprit était aussi bien trop embrouillé par quelques effluves de bonheur et de paix ; il n’arrivait plus vraiment à différencier les vraies émotions de celles chimiquement fabriquées. Quand Effy s’approcha de lui pour lui dire, ou plutôt lui demander, de nouveau, qu’ils ne s’abandonnent pas, Lennox sourit. Le regard brillant d’espoir. Les yeux explosant d’attentes envers ce monde qu’il voyait pour la première fois. « Jamais. » Il sourit, regardant les douces vagues les bercer dans cet océan qui, pour une fois, était plus sombre que leurs âmes. Ce n’était peut-être qu’une illusion éphémère mais, si Lennox pouvait s’accrocher à ça, et à Effy, alors peut-être. Peut-être.

THE END