Je te laisse deviner qui c'est... (+) Kaliska

Au début, je trouvais mon idée plutôt amusante, puis je me rendis compte qu’en fait, peut-être j’aurais dû m’annoncer ou un truc du genre avant de débarquer derrière mon époux pour lui faire goûter la sauce. Heureusement, le tout ne se termina pas en catastrophe dans le salon. Plus encore, ce fut avec enthousiasme qu’Alexis me fit part du fait que celle-ci lui plaisait, ce qui n’aurait pas su me rendre davantage heureuse. Je me permis même de rire doucement à son propos, acceptant le compliment sans passer davantage commentaire, parce que je ne pensais pas que je m’étais vraiment entretenue à proprement parler. Je n’avais pas vraiment eu le choix de continuer à préparer des repas pour Analeigh, Dillan et moi-même, du coup, c’était un peu normal et ce, même si j’avais passé du temps chez mes parents et que par conséquent, je n’avais pas préparé le repas à tous les jours. Enfin, l’essentiel pour moi n’était pas vraiment mes talents culinaires, mais plutôt le fait que cela plaise à mon mari et que nous puissions avoir un repas de famille plus que spécial pour son retour. N’attendant que cette approbation de sa part pour retourner dans la cuisine, mais je ne le fis pas tout de suite, raison étant qu’en le regardant plus attentivement, je me rendis compte qu’au final, cette histoire de dégustation n’avait pas été sans conséquences. Enfin, rien de dramatique, juste un peu de sauce au-dessus de sa bouche, là où il aurait pu avoir une moustache, mais où il n’en avait pas - et c’était parfait comme ça. Voilà pourquoi je lui dis:  « Attends, tu as quelque chose là. » et sans lui laisser le temps de réagir, je me penchai pour tendrement poser mes lèvres là où se trouvait la sauce, faisant bien sûr exprès pour prolonger ce baiser improvisé qui, soudainement, se trouvait à être rempli de promesses, pour moi, en tout cas. Sur ce, je me redressai, puis je retournai à la cuisine pour terminer la sauce, préparer les pâtes qui allaient avec et entre-temps, m’assurer que tout se passait bien du côté de notre fille aînée avec ses devoirs. Puis, au bout d’un moment, lorsque tout fut, me semblait-il, prêt, je pus me permettre de lâcher dans la maison:  « Le repas est prêt ! »

J’avais vraiment apprécié que ma femme fasse une petite apparition dans le salon alors que j’étais en train de m’occuper de Dillan. Ma petite famille m’avait tellement manqué durant tout ce temps où j’avais dû m’absenter, j’avais envie de passer du temps avec tout le monde en même temps mais en cet instant présent ce n’était pas encore possible puisqu’Analeigh devait effectuer ses devoirs pour l’école et Kaliska nous préparait un délicieux repas. Finalement, ce n’était pas plus mal dans le sens où je pouvais passer un petit moment privilégié avec mon fils que je n’avais pour ainsi dire pas vu depuis sa naissance, j’avais loupé tellement de chose, il avait tellement grandi, je ne voulais plus rien raté concernant ma fille, mon fils et même mon épouse. Vivre loin d’eux n’était tout simplement plus une option possible dans le cours de ma vie à présent, sans eux une fois encore et il me serait impossible de tenir le coup.

Je ne m’étais même pas rendu compte que j’avais eu de la sauce au-dessus de la bouche, ce pourquoi je fus surpris quand ma femme me fit remarquer que j’avais quelque chose là, sans même qu’elle ne m’indique aucun endroit, j’avais compris. De toute manière ça ne pouvait pas être ailleurs puisque je n’avais rien fait d’autre. Mais ce petit désagrément était en fait agréable au vu de ce que Kaliska avait entrepris pour m’enlever cette sauce que j’avais sous le nez. J’appréciais ce baiser qu’elle me donnait, si bien que j’avais trouvé qu’il n’avait pas duré assez longtemps et j’avais hâte de me retrouver seul avec elle pour que nous puissions chacun se laisser aller à ce que nous voulions faire chacun l’un avec l’autre. Trop rapidement elle s’était relevée pour retourner en cuisine, il fallait que je prenne mon mal en patience maintenant, mais avec tout ce que j’avais subis ces derniers mois, attendre quelques heures, ce n’était rien du tout.

Ainsi, pendant qu’elle terminait la préparation du repas, je restais au salon avec Dillan pour jouer avec lui. Sans savoir vraiment comment j’y étais parvenu, j’avais réussi à le faire rire et cela m’emplis totalement de bonheur, si bien que j’en ai eu les larmes aux yeux tellement cela me rendait heureux. Cela me prouvait que je n’étais pas un mauvais père malgré que je n’eusse pas vraiment eu le temps de remplir mon devoir, autant auprès de Dillan que d’Analeigh, mais je comptais évidemment me rattraper désormais. De plus, je voyais que mes enfants étaient vraiment bien et j’étais impressionné car mon épouse avait totalement su gérer mon absence et les enfants avaient pour ainsi dire plutôt bien vécu mon absence et cela me satisfaisait. Je m’en serai voulu que les enfants soient mal à cause de moi, mais j’étais certain avant de partir que Kaliska s’en sortirait comme un chef, cette femme était la mienne, ma reine, celle sans qui je serais totalement perdu. Heureusement que j’avais trouvé ma place auprès d’elle sans quoi je ne serais probablement plus là aujourd’hui car elle était une des personnes qui m’avaient permise de tenir le coup ces derniers temps quand ma vie avait été un vrai calvaire. J’espérais que j’allais me remettre de tout ça, il fallait que je cesse d’y penser même si je savais que cela serait difficile. D’ailleurs, alors que je me perdais dans mes sombres pensées, ma femme annonçait que le repas était prêt, ainsi je revins à moi cessant de penser à tout ça. « Chouette ! Je meurs de faim ! » annonçais-je en riant.

Je me relevais donc car je n’allais pas manger affalé sur le sol du salon. Je prenais ensuite Dillan dans les bras pour le mettre à table avec nous. Au même moment, Analeigh nous rejoignais dans la salle à manger pour le dîner. J’allais passer un vrai moment en famille, enfin ! Après avoir installé Dillan sur sa chaise, je ne pus m’empêcher d’aller voir Analeigh et de la prendre dans mes bras puis de me mettre à sa hauteur pour lui faire un bisou. « Tu m’as manqué ma chérie… Aller-viens, on passe à table. » Je me relevais donc et partis en direction de la cuisine rejoindre mon épouse et aussi lui épargner la tâche d’emmener le plat sur la table. Sachant que les enfants étaient assis à table, en arrivant dans la cuisine, j’en profitais un peu pour plaquer doucement ma femme contre le plan de travail et l’embrasser tendrement en glissant mes mains dans les siennes. J’avais envie d’elle, je ne pouvais pas le nier, mais il me fallait encore attendre un peu, toutefois ce n’était pas désagréable ce petit moment avec elle que je nous offrais. Lentement je fais glisser mes lèvres jusqu’à son cou puis jusqu’à son oreille. « Je t’aime mon amour, vivement qu’on se retrouve tous les deux ! » Je restais encore quelques instants à l’embrasser en posant mes mains sur ses hanches puis je m’arrêtais. « On va aller rejoindre les enfants, ils vont se demander ce que l’on fait… » dis-je en souriant. Je prenais donc le nécessaire pour ne pas me brûler en prenant le plat et je l’emmenais ensuite sur la table où je m’asseyais ensuite. « Mon ange, je te laisse l’honneur de servir… »

Le repas en soi avait beau être simple, aucune décoration, rien de tout cela ne pourrait signifier qu’il avait quelque chose de spécial, mais malgré tout, j’étais impatiente de me mettre à table avec Alexis, Analeigh et Dillan parce que je savais qu’il n’y avait pas besoin d’artifice quelconque pour que ce dîner soit mémorable et exceptionnel à mes yeux. En effet, ce serait le premier depuis le retour de mon mari de mission, le premier depuis trop longtemps où nous serions tous les quatre à table, à partager, comme une véritable famille. En gros, c’était ce que je pensais être le début, le renouveau de cette vie qui m’avait tant manquée, et évidemment, je ne saurais m’en montrer plus heureuse. Maintenant que je voyais Alexis jouer dans le salon avec Dillan, puis étreindre Analeigh avec bonheur au moment où celle-ci descendit pour venir s’installer à table, je réalisais plus que jamais à quel point il m’avait manqué, que pendant ces dix mois, je m’étais, en quelques sortes, contentée de vivre pour les besoins de nos enfants, sans jamais toutefois oublier de les aimer, mais qu’il me manquait quelque chose, quelqu’un; lui. En acceptant de l’épouser, en acceptant le fait qu’il se devrait de partir un bon moment, évidemment que je savais à quoi je m’attendais, mais je ne pouvais nier non plus que j’en avais souffert. Je n’allais pas m’en plaindre, j’allais simplement me réjouir de le retrouver, et encore plus de le retrouver sain et sauf, parce que maintes fois, j’avais craint pour lui, allant au lit dans l’espoir que le lendemain matin, je n’aurais pas un appel me disant qu’il avait été blessé, ou pire encore. Ce n’était pas arrivé, heureusement, parce que sinon, il était évident que je n’aurais su le supporter. Mais tout danger étant maintenant passé, mes craintes auraient tôt fait de s’envoler, et je pourrais finalement retrouver mon bonheur, les enfants et Alexis également, ce de quoi je ne saurais clairement pas me plaindre. Comblée à cette idée, ce fut sans rien dire que je regardai l’adorable spectacle de mon mari qui, en l’espace de quelques heures, avait repris son rôle de père de façon on ne peut plus naturelle, ce qui était, pour moi, plus qu’adorable, et surtout touchant. C’était à un tel point que cela ne m’aurait pas gênée de servir seule le repas, passer au second plan pendant un instant, sachant très bien que j’aurais mon homme tout à moi plus tard, mais visiblement, Alexis ne voyait pas les choses ainsi. Quelques instants après, ce fut à mon tour d’avoir droit à sa compagnie qui, je n’allais pas le nier, fut plus qu’agréable. C’était à un tel point que pendant un bref instant, lorsqu’il déposa des baisers dans mon cou qui m’arrachèrent de délicieux frissons, j’en oubliai le repas, me disant que là, j’avais envie d’être seule avec lui, que lui. Évidemment, ce n’était pas ainsi que les choses fonctionnaient, d’où le fait que je dus me faire violence, même si je ne sus lui refuser un second baiser que justement, je me risquai à prolonger aussi longtemps que possible. Sachant toutefois que c’était là plus une promesse qu’une séparation, je ne m’en fis pas trop, me permettant même de rire doucement quand il dit que les enfants allaient se demander ce qu’on faisait, ce qui n’était pas faux. Analeigh était maintenant assez vieille pour se poser des questions, et Dillan, lui, ne ferait que s’impatienter de ne pas avoir son repas, mais quand même. Voyant qu’Alexis s’occupait du plat, je me chargeai des breuvages pour les enfants et pour nous-mêmes, arrivant à table quelques secondes après lui, juste à temps pour l’entendre me dire que j’avais l’honneur de servir. Cela ne me dérangeant pas du tout, je pris quand même quelques secondes pour, debout, contempler la table de la salle à manger, maintenant complète. Le coeur rempli de bonheur, je soupirai de joie, puis avec un sourire, je servis le repas, en commençant par Analeigh, puis servant une généreuse portion pour Alexis, avant de finalement préparer une assiette à Dillan que je me devais de couper en petits morceaux en plus de souffler dessus pour m’assurer qu’il ne se brûle pas. Puis, je me servis en dernier, m’installant en face d’Alexis, les enfants de chaque côté de ma personne, et je lâchai:  « Bon appétit ! » avec une joie non feinte et non dissimulée, avant de finalement commencer à manger, avec toute ma famille réunie.