H.& L. New York baby

Je lève les yeux au ciel alors que je l’entends se plaindre à propos de la taille de nos jambes respectives. Je suis un homme plus grand qu’elle, bien sûr que j’ai les jambes plus longues mais cela ne l’empêche pas de courir plus vite que moi si elle avait été une athlète de haut niveau par exemple. Bon, c’est pas le cas alors je m’arrête et on commence à prendre la dite photo. Je vous passe les détails qu’on vous a déjà expliqués. Et alors que la photo est enfin prise, j’observe ma partenaire qui se rue vers le pauvre photographe et qui l’embrasse. « Je suis jaloux de ne pas avoir droit à autant d’affection de ta part. » dis-je alors en faisant mine de bougonner alors qu’elle tentait tant bien que mal de s’envoyer la photo. « Mine de rien, ça c’est à garder pour les futurs dossiers ! A ressortir dans le diaporama de ton futur mariage moi je dis. » Oui, c’est tout à fait le genre de chose qui convient pour un diaporama et le pire, c’est qu’on n’est même pas ivre. Plus de touriste. On se retrouve de nouveau seuls. Je me débarrasse enfin de mon déguisement car il me semble qu’il ne m’est plus forcément très utile. Et enfin de retour dans un état plus ou moins normal, si on peut le qualifier ainsi, je m’exclame haut et fort : « Je pense qu’on a bien mérité notre Bretzel ! » Puis, on se dirige vers la boutique à bretzel à quelques pas. Je prends place, tout en faisant une révérence de gentleman à la demoiselle pour lui indiquer de s’asseoir en face de moi. « Alors, qu’est-ce que va prendre le petit soldat que tu es ? Parce que ça a dû te donner faim cette escapade ? »

La demoiselle m’indique alors rapidement qu’il m’aurait suffi de demander pour avoir un bisou, ce qui ne rentre pas dans l’oreille d’un sourd. Un large sourire s’étend alors des deux côtés de mon visage et je sais alors ce que je vais lui réclamer. Après tout, vaut mieux tard que jamais comme on dit, non ? « J’en réclame un maintenant alors ! Et un beaucoup mieux que celui du touriste ! Je te laisse même le choix de l’endroit où tu veux me le faire. » Arrêtez d’ouvrir grand les yeux comme ceci en me lisant, je ne pense à rien de sexuel ! C’est plutôt du style monsieur le dragueur qui espère que la jeune femme l’embrasse sur la bouche… Même si pour le délire, elle pourrait très bien choisir le bout de mon orteil de pied ou encore mon nombril… Je m’en voudrais presque d’avoir réclamé un baiser alors parce que ça serait vraiment ridicule pour moi et je passerais pour un débile… « En même temps, maintenant que tu as mon numéro, je compte bien être invité à ton mariage s’il a lieu un jour parce que… ce serait épique rien que pour la photo ! » Après tout, il n’y a aucune raison que je n’y sois pas invité puisque je suis un super jeune homme qui adore faire des bêtises. Bon, certains diraient que je suis le genre d’hommes à gâcher une cérémonie mais il ne faut pas les écouter, ce n’est que des calomnies…

La suite des événements est digne d’une comédie dramatique et franchement : « On ferait vraiment d’excellents acteurs si on nous demandait de jouer dans un film ensemble ! » me mis-je alors à rire en la voyant faire sa dramaqueen. Une vraie star ! Nous nous installons et lorsque la jeune femme me donne sa réponse, je m’adresse à la serveuse et demande deux bretzel saumon emmental. « Tu verras, c’est un peu bizarre, mais la meilleure nourriture que je n’ai jamais mangé ! » Le meilleur plat du monde même ! On se retrouve ensuite seul et la demoiselle pense déjà à la suite des événements. « Je propose déjà qu’on savoure notre repas comme si de rien n’était et qu’ensuite on s’en aille très vite en courant pour ne pas se faire démasquer. » Et à l’occasion sans payer…

Oh l’aguicheuse ! Oh la coquine ! Je suis presque surpris de voir son petit jeu, même si cela m’amuse plus qu’autre chose. Il fallait s’y attendre en même temps, après cette escapade mouvementée et ces plaisanteries que nous enchainons depuis un petit moment maintenant. « Mouais… » Répondis-je sur un ton peu convaincu. « Je m’attendais tout de même à ce que tu ais un peu plus de cran que cela mais je me rends compte que tu n’es qu’une petite joueuse au final. » Je renchéris alors, désireux de l’embêter. Voyons voir si elle va prendre le pari ou si elle va préférer passer à autre chose. Je ne doute aucunement de ses capacités mais va-t-elle me surprendre cette fois-ci ? Je lui fais un clin d’œil à sa réflexion sur le mariage. « Ce serait dommage de louper ça en même temps ! »

Un rallye autour du monde, mais ce serait carrément le rêve absolu ! « Le génie c’est toi là avec une idée pareille ! » Je lui balance alors, les yeux pétillants, imaginant toutes les belles choses qui pourraient se passer au cours de cette nouvelle aventure. Je nous vois très bien en train de parcourir le monde, et dès qu’on voit un inconnu seul, on s’avance vers lui pour partager notre expérience. Genre le mec il n’a rien demandé à personne mais il se retrouve avec deux zozos qui lui expliquent leurs théories diverses et variées. Il ferait une tête sans doute très drôle cet inconnu. « On serait les rois du monde, à répondre nos supers idées à travers le monde et on deviendrait de véritables célébrités. »

« Oui pas de soucis. Et moi, je ferais le mec pas au courant qu’on est censé payer. » Les propriétaires du restaurant n’y comprendrait absolument rien et finalement, totalement dépassés et désespérés par nos conneries, ils nous laisseraient partir. La nourriture arrive et je suis de nouveau aux anges. Je ne tarde pas à avaler une grosse bouchée de mon bretzel. C’est vraiment le meilleur truc au monde ! « Oui oui, je sais. » Je lui réponds bientôt, pas du tout vantard, comme vous pouvez le constater.

Je commence alors à imaginer un monde où je deviendrais l’idole des jeunes comme des vieux. Toutes les générations seraient à mes pieds, à genoux, à remplir la moindre de mes demandes. Je vivrais alors comme un prince, comme personne jusqu’à maintenant. C’est beau de rêver mais malheureusement, il faut se résigner car cela semble totalement irréalisable même si pour le fun, cela nous fait plaisir d’y croire. « Ils ont une île déserte ? Mais j’étais même pas au courant sérieux ! Elle est où ? Elle est comment ? Faut absolument qu’on trouve le moyen d’y aller ! » Je m’exclame alors dans une rapidité phénoménale. Je crois que je n’ai jamais été aussi enthousiaste, me prenant complétement au jeu comme nous le faisions depuis déjà plusieurs minutes.

Puis, on élabore notre futur plan et nos idées sont meilleures que jamais. Moi qui ne suis pas un grand habitué du restau-basket malgré mes dires, je suis persuadé que si l’on s’en tient à nos dires, ceci pourrait fonctionner. Mais à peine j’ai le temps d’y repenser deux fois que je suis embarqué par la jeune femme qui a mis le plan à exécution sans me donner le feu vert. Un des employés ne tarda pas à repérer le manège et mes jambes dévalèrent alors les lieux très vite. Nous nous retrouvons alors dans une ruelle, la jeune femme à mon cou, et je peux vous dire que je ne me fais pas prier pour jouer le jeu une fois de plus. Bientôt, je lui glisse à l’oreille, sans pour autant me détacher d’elle : « Je devrais ne pas payer le restaurant et m’enfuir plus souvent si le goût de la victoire est aussi délicieux que ce moment. Tu n’es pas une petite joueuse finalement, je dois reconnaitre mes torts. » Et bientôt, on pouvait entendre des pas de rapprocher et des voix se faire entendre. Aucun doute, il s’agit des employés. « Tu penses que même le patron est à notre poursuite ? »