Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Je cours. Je vole. Je marche. En fait, je me contente de continuer rue après rue, sans trop savoir où je vais. Matthew m’a chargé de faire des courses mais il n’a pas pensé une seule seconde que je ne les ai jamais faite de ma vie, sauf pour acheter de l’alcool à la supérette du coin. Pourtant, il parait qu’il faut bien qu’on mange ! Et comme en Australie, les coutumes sont différentes de celles des Etats-Unis, les plats à emporter sont loin d’être aussi fréquents. Bref, on s’est mis un peu à cuisiner. Enfin, Matthew mon colocataire et mon meilleur ami, parce que moi, je me contente d’acheter des plats surgelés et de les mettre au micro-ondes pour les réchauffer. Pas très bon pour ma ligne mais tellement simple ! Bref, il faut que je trouve un putain de magasin et cela fait presque une heure que je tourne dans la ville sans y parvenir. Je n’ai pas de voiture alors forcément, c’est tout de suite moins pratique… Une jeune femme marche devant moi depuis plusieurs rues déjà. Je me mets en tête de la suivre, de loin afin de ne pas lui faire peur. C’est une femme donc elle va peut-être faire des courses…
La journée avait été pluvieuse et les nuages super menacant. Je n'aimais pas marcher dans le brouillard, j'avais toujours un sentiment étrange qu'il y avait plus de décès que d'habitude dans ces journées comme ça. L'Australie était tout de même souvent ensoleillé alors ce sentiment je ne l'avais pas trop souvent. Je sortais de chez moi puisque je n'avais plus rien dans mon mini-réfrégirateur. J'avais bien envie de manger du Macdo, mais comme j'avais décidé d'être végétarienne depuis quelques mois ce m'étais impossible. Je parcourais une rue dont je n'étais pas très familière puisque je me contentais souvent de pas grand chose proche de la fac. J'avais par contre repéré quelque chose, un genre de super marché, plutôt bio. J'étais très probablement au mauvais endroit et je voulais rentrer avant l'orage. Aaaah, ce n'étais pas ma journée. Je regardai des alentours souvent, à chacun de mes pas presque, et j'avais fini par voir un mec. Il était toujours là, à une bonne distance tout de même, mais il restait dans les parages. Je n'aimais pas ça.
Je continue d’avancer, restant tout de même à bonne distance de la jeune femme mais le temps passe et nous n’arrivons devant aucun supermarché. Je me suis sans doute trompé sur les intentions de celle-ci. Je sens une goutte qui tombe sur le bout de mon nez. Je lève la tête vers le ciel où je remarque des nuages assez menaçants. Il va être temps que j’arrive à bon port. Encore une rue, puis deux. Toujours pas de boutique qui pourrait me correspondre. Il n’y a pas de magasin dans cette foutue ville ou quoi ? Je commence à avancer d’un pas plus rapide afin d’arriver au niveau de la demoiselle. Puis, alors que je suis encore à plusieurs mètres derrière elle, je me permets de l’interpeler.
Le jeune homme m'avait rejoint très rapidement et au moment où il me parla, je reconnut sa voix. Ce gars c'était Hayden. Je lui avais parlé une seule fois et ce n'avait pas été la meilleure des conversations. Je ne sais pas si c'était par jalousie ou seulement par stupidité mais lorsque je lui avais parlé de mes études un peu il s'était empressé de se moquer de moi et de cette passion. Des stupidités par rapport aux animaux et à mon amour envers eux. Bref, je l'avais évité comme la peste depuis. Mon intuition ne m'avait pas trompé en essayant d'éviter cette personne plus tôt. J'arrêtai alors lorsqu'il me parla. Est-ce que je me sauve en courant? Je me retournai vers lui.
« Humm, oui...? »
J'espérais vraiment qu'il s'en aille en voyant qui j'étais. Le pire pour moi serait qu'il ne se souvienne pas de moi et du pourquoi j'ai à ce point envie de m'enfuir en courant.
La demoiselle se retourne dès que je l’appelle et c’est alors que son visage me semble familier. J’ai dans un premier temps, un peu de mal à retrouver où j’ai pu voir la jeune femme. Puis, rapidement, je remets un nom sur le visage, ainsi que la situation de notre dernière rencontre. Ça n’avait pas été glorieux et je ne sais pas ce que j’avais fumé ce jour-là mais j’ai été le pire des cons ! Entre le non-respect dont j’avais fait preuve envers la brune et ses passions, et les paroles que j’ai pu dire ce soir-là… Vraiment, j’ai honte de moi encore aujourd’hui. C’est ainsi que dès que j’aperçois mon visage, j’ai envie de m’enfuir. Pourtant, il faut que je rétablisse la situation et que je m’excuse. C’est vraiment la moindre des choses.
« Kamille ?! » dis-je alors sur le ton de la surprise. « Je m’excuse, je ne t’avais pas reconnu de dos… » Cette fois-ci, c’est un petit instant de silence qui se place entre nous. Je m’avance de quelques pas vers elle. « Je ne t’aurais sans doute pas interpellé sinon vu comment je me suis comporté comme un idiot la dernière fois… »
Alors, il me reconnaissait. Par contre, il ne ressemblait pas exactement au même homme que j'avais vu la première fois. Il semblait moins agité et il semblait pas autant chercher de l'attention. Peut-être se sentait-il vraiment mal? Je n'étais pas une personne particulièrement rancunière, mais il avait tellement pousser le bouchon loin que je n'avais pas envie de lui rendre la tâche facile.
« J'espère que tu sais à quel point c'était déplacé les propos que tu as tenu envers mon futur métier. »
J'avais choisi mes mots les plus polis et officiels possible pour ne pas avoir aucune familiarité avec lui. J'étais vraiment fâchée, on ne me voyait pas souvent de cette façon, mais il avait touché une corde sensible. « Et finalement, que puis-je faire pour t'aider? »
Je me prends aussitôt une réflexion sur le comportement déplacé que j’ai eu lors de notre dernière rencontre. J’aurais dû m’en douter et m’y préparer mais autant dire que je me sans quand même encore plus idiot. Oui, je suis un homme assez fier avec le franc-parler qui me caractérise mais cela ne me donne pas le droit d’être un con et encore moins avec les femmes. Les hommes, c’est un peu moins grave. Alors il faut à tout prix que j’arrive à me faire pardonner pour repartir sur de bonnes bases.
« Oui, je m’en suis rendu compte peu de temps après. Je ne sais pas ce qui m’a poussé à être aussi… irrespectueux. »
Ces paroles me coutent malgré tout car ma fierté d’homme en prend un coup bien évidemment, mais je pense qu’elle a besoin de l’entendre et que moi, j’ai besoin de le dire à haute voix. D’un air plutôt penaud, je n’ose même plus lui poser la question qui m’a poussé à l’interpeler initialement. Si Matthew me voyait en ce moment même, il se ficherait certainement de moi et ne me reconnaitrait pas.
« Je… cherches désespérément un supermarché pour faire quelques courses. » finis-je par avouer.