Mauvaise commande (Anton)

Matinée plus ou moins chargée, au niveau professionnel, non car le pédiatre ne commençait son boulot aujourd’hui que en tout début d’après-midi. Il avait donc la matinée devant lui et pouvait la savourer un peu. Il avait pu amener Kelsie à l’école lui-même pour le plus grand plaisir de la petite (et le sien d’ailleurs) car il savait que les jours avant qu’elle ne rentre chez ses grands-parents étaient comptés. Une fois la petite ramenée, il pu rentrer pour aller remplir de la paperasse administrative comme il devait le faire chez lui. Le temps passait tranquillement et il appréciait grandement. C’est vrai qu’il avait très rapidement petit-déjeuné en préparant la jolie princesse car il se préoccupait en priorité qu’elle mange convenablement. Lui faire une omelette avec un visage qui sourit, lui préparer un bol de céréales avec des fruits frais mélangés, lui donner un grand verre de jus pressé… la tranche de pain complet avec ce qu’elle voulait au dessus… bref, il s’en occupait du mieux qu’il pouvait. Anton n’avait pu à ce moment qu’avaler une tasse de café et prendre une tartine de pain complet avec de la confiture d’orange amère.

En lisant un article de journal, il se souvint de quelque chose qu’il devait faire…. trouver un cadeau pour Anna. Il était invité à son anniversaire le samedi de la semaine suivante et il savait éperdument que ce weekend qui venait, il n’aurait absolument pas le temps de lui prendre quoique ce soit car il avait promis à Kelsie de l’emmener avec une de ses camarades de classe à un parc d’attraction à plusieurs kilomètres de là le lendemain puis de leur faire un peu découvrir la nature dimanche. Or l’anniversaire de Anna était le samedi suivant. Bon, petite douche extrêmement rapide, le pédiatre se vêtir avant de mettre un ‘pshit’ de son parfum ‘gentlemen only’ et il était parti.

Balade en ville mais à pas de course quand même. Le pédiatre s’était arrangé pour y aller à pieds et il ne s’arrêtait que devant des boutiques dont la vitrine lui tapait à l’oeil. Il fut déçu par ce qu’il trouva dans deux d’elle et décida de faire une petite pause quand il passa devant un café pâtisserie dans la rue. Un où les chocolats chauds avaient bonne réputation d’ailleurs. Pourquoi pas. Il y entra et sans surprise vit beaucoup de monde. S’appuyant au comptoir, on lui demanda au bout de 5 minutes sa commande. Il indiqua vouloir un chocolat chaud à l’ancienne aux épices. Rien de tel qu’un chocolat mélangé à des saveurs comme la cardamome, l’anis, le clou de girofle, la badiane, le poivre, la vanille et la cannelle. S’il avait la coup de main nécessaire, il le ferait lui même mais le mélange était un peu technique.

Regardant autour de lui une fois qu’on l’ait prévenu qu’il y aurait un peu d’attente, il voyait à une légèrement plus loin une femme à la chevelure rose. ça l’intrigua forcément mais il ne resta pas la fixer. Quand il croisa par hasard le regard de la jeune femme, il lui sourit. Jetant un œil à sa montre, il regarda où en était la serveuse qui avait pris sa commande mais ne la voyait plus. L’équipe du café était dispersée et s’agitait. Il y avait beaucoup de commandes en même temps. Vint alors un type qui lui apporta un chocolat chaud ressemblant à un chocolat liégeois avec une tonne de chantilly. « Excusez-moi ce n’est pas… » trop tard. Il n’avait pas le temps de dire que ce n’était pas ce qu’il avait demandé, le gars était déjà reparti. Impossible d’en attraper un ou une pour expliquer qu’il y avait erreur. Mince, il était déçu. Il regarda de nouveau autour de lui se demandant si c’était arrivé à d’autres personnes, de ne pas recevoir ce qu’ils voulaient mais visiblement l’homme à côté de lui était satisfait et partait s’installer à une table.

Il remarqua la jeune femme aux cheveux rose loucher discrètement sur le gros tas de chantilly.
« Leurs chocolats font la fierté de la maison » dit-il à la jeune fille. « Enfin là j’ai bien l’impression qu’ils ont eu la main lourde sur la chantilly, il y en a plus que de chocolat ! ».
Un serveur apporta à la jeune femme un chocolat sans la moindre pointe de chantilly mais duquel de bonnes odeurs émanaient bien que les épices se sentaient davantage au goût qu’à l’odorat.
« Vous avez choisi quoi ? » demanda t-il par simple curiosité.

© Gasmask